Grande ciguë

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La Ciguë maculée, Ciguë tachetée ou Grande ciguë<ref>La réforme de l’orthographe de 1990 recommande cigüe.</ref> (Modèle:Lang L.) est une plante herbacée bisannuelle de la famille des Apiacées (Ombellifères). Très toxique, elle était à la base du poison officiel des Athéniens, pour les condamnés à mort<ref name=":0" />. La plus célèbre victime fut le philosophe Socrate.

Histoire

Socrate a été condamné à mort et a dû boire de la ciguë alors que Modèle:Mithridate VI s'est immunisé en absorbant régulièrement des doses croissantes<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Jadis, la ciguë Modèle:Lang était considérée comme une plante magique associée à la magie noire.

Dans l'[[Macbeth (opéra)|Modèle:Nobr de Macbeth]], les sorcières préparent toutes sortes de philtres magiques : Modèle:Citation

Dans l'œuvre de Jean Giono, Regain, on apprend que l'enfant de zia Mameche est mort très jeune en mangeant de la ciguë. Modèle:Citation

Description

La ciguë est une plante herbacée ronde, à tiges dressées, pouvant atteindre 1 à Modèle:Unité de hauteur<ref name=":0" />.

Les tiges entièrement glabres (sans poils), mais couvertes d'une pruine bleuâtre, détersile, cylindracées, creuses, cannelées, très rameuses, sont tachetées de rouge-pourpre notamment dans la partie inférieure. Elles se prolongent par une racine principale pivotante. La tige ne se développe que lors de la deuxième année de croissance à partir de la racine principale en forme de carotte grêle blanchâtre, donnant quatre rangées de racines secondaires.

Les feuilles sont alternes, molles, à limbe grossièrement triangulaire, très découpées (dont les folioles sont laciniées) et divisées (pennatiséquées trois à cinq fois). Également glauques, elles atteignent jusqu'à Modèle:Unité de longueur sur 40 de large. Leur pétiole engainant est creux et tacheté<ref name="Botineau">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Les fleurs, qui n'apparaissent généralement que la seconde année, sont petites, blanches, longuement pédonculées et groupées en ombelles, composées de 10 à 20 rayons d'ombellules d'inégale longueur (15-Modèle:Unité).

Les fruits sont des noix de Modèle:Unité sur Modèle:Unité, ovoïdes à sphériques, munis de dix côtes longitudinales saillantes.

La plante tout entière dégage une odeur désagréable, rappelant l'urine de souris ou de chat, surtout quand on la froisse<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Cette plante peut se confondre avec le cerfeuil des fous mais ce dernier a des feuilles velues et des pétales échancrés<ref name="Botineau"/>.

Distribution

Cette espèce est spontanée dans toutes les régions tempérées de l'Eurasie, en Afrique du Nord et dans le sous-continent indien, maintenant acclimatée en Amérique du Nord<ref name="Castells2005">Modèle:Article</ref>.

La plante pousse dans les endroits frais, les haies et les friches, au bord des chemins et des cours d'eau<ref name=":0">Modèle:Article</ref>. C'est une plante envahissante, que l'on retrouve quasiment dans tous les lieux.

Propriétés et utilisations

Toxicité

La plante contient dans toutes ses parties, notamment les fruits, au moins cinq alcaloïdes violemment toxiques, avec principalement la conine (encore appelée coniine, conicine ou cicutine<ref name=":0" />). Les quatre autres alcaloïdes sont le méthyl-éthyl-coniine, la pseudoconhydrine, la conhydrine et la pipéridine.

La teneur en alcaloïdes de la grande ciguë varie en fonction de la zone de localisation et change sensiblement selon la maturité de la plante et les conditions climatiques :

  • fruits verts : 30-100 %
  • fruits mûrs : 0,50 %
  • fleurs : 0,09-0,24 %
  • feuilles : 0,03-0,18 %
  • tiges : 0,01-0,08 %
  • racines : 0,05 %

Toxicité pour les animaux

La plante a des effets tératogènes chez le porc, le mouton et le bœuf<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Chapitre</ref>, où ses effets sont proches de ceux provoqués par l'ingestion de lupin, avec l'apparition de fentes palatines et de déformations du squelette<ref>Modèle:Chapitre</ref>. Les oiseaux semblent y être réfractairesModèle:Référence nécessaire. Les doses létales varient selon les animaux, allant de 3,3 mg/kg de poids corporel chez la vache, 15,5 mg/kg chez la jument, et 44 mg/kg chez la brebis. Elle provoque contractures musculaires, mâchonnements, écume, grincements de dents, spasmes musculaires, coma et mort<ref name=":2" />.

Toutes les parties aériennes de la plante fraîche peuvent être toxiques, mais la plante entièrement desséchée sur pied ou mêlée au foin a perdu quasiment toute sa toxicité<ref>Modèle:Lien web</ref>. De fait les intoxications sont très rares, car la plante exhale une odeur désagréable lorsqu’elle est froissée ou mastiquée.

Toxicité pour l'homme

La coniine est un perturbateur du système nerveux périphérique. Une dose de 0,2 g entraîne la mort d'un homme par paralysie respiratoire<ref name=":1" />,. Quelques grammes de fruits verts seraient alors mortels.

Chez l'homme, l'ingestion de ciguë provoque dans l'heure qui suit des troubles digestifs, des vertiges et céphalées, puis des paresthésies, une diminution de la force musculaire, et enfin une paralysie ascendante. Des convulsions et des rhabdomyolyses ont été rapportées, suivies d'insuffisance rénale aiguë et d'une paralysie respiratoire pouvant entraîner la mort<ref name=":2">Modèle:Chapitre</ref>.

La toxicité de la ciguë, plante bisannuelle, est variable selon le cycle végétatif et son lieu de développement. Ainsi, selon la latitude où elle croît, elle fabrique des alcaloïdes neurotoxiques dès la première année ou lors de la seconde année de croissance<ref name=":0" />.


Intoxications humaines accidentelles

Elles se produisent épisodiquement<ref>https://vigilanses.anses.fr/sites/default/files/VigilAnsesN8_Juin2019_Toxicovigilance_Confusionplantes_0.pdf</ref> à la suite d'une confusion de la plante et/ou de sa racine avec le panais, le céleri, le navet, le Cerfeuil des bois, la carotte et même avec la plantule avec le persil. Le risque de confusion avec le persil est faible en raison de la grande différence d'aspect, taille et odeur entre ces plantes. Le risque de confusion avec les autres plantes est nul si trois critères sont tous vérifiés :

  1. l'odeur de la Grande ciguë est toujours nettement désagréable (y compris dans la racine), rappelant celle de l'urine de souris ou de chat, surtout quand on la froisse (alors que le persil, le panais et la carotte sauvage ont leur propre odeur bien caractéristique)<ref name=ChemNat>Modèle:Lien web</ref> ;
  2. les pétioles et la tige de la Grande ciguë sont glabres (même à la loupe, aucun poil n'est visible, ce qui n'est pas le cas de la carotte cultivée ou sauvage dont les feuilles sont finement velues)<ref name=ChemNat/> ;
  3. les pétioles et la tige de la Grande ciguë et du cerfeuil des fous (également toxique) sont au moins sur une partie de leur longueur parsemés de petites taches rougeâtres (de couleur bordeaux, taches toujours absentes chez le persil, le panais ou la carotte sauvage)<ref name=ChemNat/>.

Autrement dit, si la plante est poilue, dépourvue de taches bordeaux et si elle sent la carotte, le persil ou le cerfeuil, alors il ne s'agit pas de la Grande ciguë, et elle est comestible (sauf pour la racine dans le cas du Cerfeuil des bois, racine non comestible car contenant des molécules antimitotiques)<ref>Modèle:Lien web</ref> L'odeur de la plante n'a cependant pas découragé certains de consommer cette plante. En France en 2020, lors d'un stage de survie<ref>Modèle:Lien web</ref>, ou en Ontario le 4 mai 1922, à L'Orignal où sept membres d'une famille sur neuf, périrent en quatre heures, après avoir mangé de la racine de ciguë bouillie. Seuls les deux plus jeunes enfants survécurent. Le Comité du Patrimoine de L'Orignal conserve le signet mortuaire commun pour les sept défunts, avec une photographie de chacun, ainsi que l'édition du 12 mai 1922 du Modèle:Lang de Vankleek Hill (Vol. XXIX, Modèle:Numéro avec majuscule) rapportant ce fait divers, incluant les rapports du médecin et du coroner, ainsi que les témoignages du médecin appelé sur les lieux et des voisins qui assistèrent à l'agonie des victimes ; La famille était celle de Charles Napoléon Langevin dit Lacroix et de Marie-Louise Charlebois<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Effets thérapeutiques

On attribue à la ciguë des effets thérapeutiques, malheureusement indissociables d'un dosage précis. Elle serait sédative et analgésique ; les parties utilisées sont les feuilles et les graines<ref name=":0" />.

Autrefois longtemps administrée par voie interne ou externe par de nombreux médecins, elle a été utilisée pour presque toutes les maladies, en phytothérapie comme en homéopathie<ref name=":1">Modèle:Lien web</ref>.

Phédon : Récit de la mort de Socrate

Fichier:Artgate Fondazione Cariplo - Canova Antonio, Socrate beve la cicuta.jpg
Socrate buvant la ciguë - Bas relief - Fondation Cariplo de Tommaso Piroli & Vincenzo Camuccini

Le philosophe grec Socrate, dénoncé par trois personnages en vue, fut condamné à mort par l'assemblée athénienne, l'Aréopage, par ingestion d'une solution à base de ciguë en 399 av. J.-C.<ref name=":1" />. On l’accusait de « corruption de la jeunesse » et de « négligence des dieux de la cité et pratique de nouveautés religieuses »<ref>Modèle:Lien web</ref>. Platon, malade, n'ayant pu assister aux derniers instants de son maître, a reconstitué la célèbre scène dans Phédon, d'après le récit de plusieurs disciples. Voici le passage décrivant les symptômes :

Modèle:Citation

Ce récit nous apprend aussi que la préparation était réalisée extemporanément, en quantité précise pour « une dose mortelle », et devait être bue jusqu'à la dernière goutte. Le condamné devait marcher après avoir bu afin de favoriser la diffusion rapide des toxines dans l'organisme<ref>Phédon 117a-e: "L'esclave sortit et mit un certain temps avant de revenir, suivi de celui qui devait donner le poison et qui l'apportait tout broyé dans une coupe. Quand il vit l'homme, Socrate lui dit: "Très bien, mon ami, c'est toi qui t'y connais, que faut-il faire? - Rien d'autre, répondit-il, qu'aller et venir après avoir bu jusqu'à ce que tu sentes une lourdeur dans les jambes; à ce moment, allonge toi: de cette façon, cela fera son effet" [...] "Qu'en dis-tu, fit Socrate, si l'on offrait une libation à un dieu avec ce beuvage? Est-ce permis ou non? - C'est que, Socrate, répondit l'autre, nous en broyons juste la quantité que nous croyons nécessaire de boire" [...] il porta la coupe à ses lèvres et tout tranquillement, tout facilement, il la vida. [...] il se mit à marcher de long en large, puis il nous dit que ses jambes s'alourdissaient; il se coucha sur le dos"</ref>. Les spasmes, les yeux exorbités et le faciès tragique des intoxiqués par la ciguë ne correspondent pas à l'état d'inconscience et de sérénité de Socrate dans le récit. Pour cette raison, on a avancé l'hypothèse que la boisson létale des Grecs contenait d'autres poisons comme le datura (mais actuellement, l'hypothèse la plus probable est que les daturas sont originaires de la Mésoamérique et sont parvenues dans l'Ancien monde après la découverte de l'Amérique) pour en renforcer la toxicité, et de l'opium pour en diminuer la conscience et neutraliser les convulsions. Une autre hypothèse est que Platon fournit un récit adouci de sa fin pour des raisons politiques et pour lui donner une « mort noble »<ref>Modèle:Article</ref>.

Notes et références

Modèle:Références nombreuses

Liens externes

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