Voir la source de Jésus de Nazareth

{{Semi-protection longue}}
{{Confusion|texte=Cet article traite de l'aspect historique de Jésus de Nazareth. Pour l'état de la recherche sur ce sujet, voir [[Jésus selon l'exégèse contemporaine]] et pour les thèses contestant l'historicité de Jésus, voir la [[Thèse mythiste (Jésus)|thèse mythiste]]. Pour Jésus en tant que Christ, voir [[Jésus-Christ]]. Pour Jésus en tant que prophète pour les musulmans, voir [[ʿĪsā]].}}
{{Redirect|Jésus|Jésus de Nazareth (homonymie)|Nazareth (homonymie)}}
{{Infobox Biographie
 | nom                 = Jésus de Nazareth
 | image               = Good shepherd 02b close.jpg
 | légende             = Fresque du {{s|III}} dans la [[catacombe de Saint-Calixte]] à [[Rome]], [[Jésus-Christ dans l'art|représentant Jésus de Nazareth]] en [[Bon Pasteur]] [[wikt:criophore|criophore]]<ref group="n">Le Christ [[wikt:criophore|criophore]] (du grec {{grec ancien|κριός|krýos}}, « bélier » et {{grec ancien|φόρος|phorόs}}, « qui porte ») porte une brebis sur ses épaules. Un coq est placé à sa droite, et une autre brebis à sa gauche. Il porte dans sa main droite une ''{{Langue|la|texte=mulctra}}'', un vase à traire le lait de brebis. Dans l'[[iconographie]] paléochrétienne, certains savants comme [[Giovanni Battista de Rossi]] ont voulu faire de ces thèmes iconographiques des symboles spécifiquement chrétiens : le coq symbolise le [[reniement de Pierre]], le mouton la [[Parabole de la Brebis égarée|brebis égarée]] et le lait l'Eucharistie. L'[[art chrétien]] naissant a en fait remployé des motifs iconographiques païens tout en leur infusant un sens nouveau. Cf {{Ouvrage |auteur1=Alphonse Veyries |titre=Les Figures criophores dans l'art grec, l'art gréco-romain et l'art chrétien |passage=71 |éditeur=E. Thorin |année=1884}}.</ref>.
 | nom de naissance    = 
 | surnom              = 
 | date de naissance   = vraisemblablement vers [[7 av. J.-C.|-7]]/[[5 av. J.-C.|-5]]
 | lieu de naissance   = 
 | date de décès       = vraisemblablement [[30]] ou [[33]]
 | lieu de décès       = [[Jérusalem]], [[Judée (province romaine)|province romaine de Judée]].
 | nationalité         = 
 | pays de résidence   = 
 | diplôme             = 
 | profession          = 
 | activité principale = 
 | activités autres    = 
 | formation           = 
 | hommage             = 
 | ascendants          = [[Marie (mère de Jésus)|Marie]] (mère), [[Joseph (Nouveau Testament)|Joseph]]
 | conjoint            = 
 | descendant          = 
 | famille             = frères : [[Jacques le Juste]], [[Joseph (frère de Jésus)|Joseph]], [[Jude (frère de Jésus)|Jude]], [[Simon (frère de Jésus)|Simon]]
 | signature           = 
 | notes               = 
}}

'''Jésus de Nazareth''' est un [[Juifs|Juif]] de [[Galilée (région)|Galilée]], né entre l'an [[7 av. J.-C.|7]] et l'an {{date|-5}} Selon les [[évangile]]s, qui constituent la principale source d'information sur sa vie, il apparaît dans le cercle de [[Jean le Baptiste]] avant de s'engager, entouré de quelques [[disciple]]s, dans une courte carrière de [[Prédicateur|prédication]] itinérante de deux à trois ans, essentiellement en [[Galilée (région)|Galilée]], en pratiquant guérisons et [[exorcisme]]s. Il suscite engouement et ferveur, s'attirant la méfiance des autorités politiques et religieuses, avant d'être [[Arrestation de Jésus|arrêté]], [[Procès de Jésus|condamné]] et [[Crucifixion|crucifié]] vers l'an [[30]] à [[Jérusalem]] pendant la fête juive de la [[Pessa'h|Pâque]], sous l'administration du [[Gouverneurs romains de Judée|préfet]] [[Ponce Pilate]].

L'annonce de sa [[résurrection]] par ses disciples, qui le reconnaissent comme le [[Messie]] annoncé dans l'[[Ancien Testament]] et transmettent son histoire et ses enseignements, donne naissance au [[christianisme primitif]]. Pour les [[Chrétien|chrétiens]], celui qu'ils appellent [[Jésus-Christ]] est le [[Fils de Dieu|Fils de]] [[Dieu (christianisme)|Dieu]], envoyé aux hommes pour les sauver. Dans l'[[islam]], Jésus de Nazareth, appelé ''[[ʿĪsā]]'', est considéré comme un [[Prophètes de l'islam|prophète]] majeur.

Le retentissement de son message, transmis par les différentes [[Église (organisation)|Églises]] chrétiennes, et les interprétations auxquelles il a donné lieu, ont influencé différentes cultures et civilisations au cours de l'Histoire. Il a inspiré une importante production théologique, littéraire et artistique. L'année de [[Nativité|sa naissance]] est prise comme origine conventionnelle des calendriers [[calendrier julien|julien]] {{incise|depuis le {{s|VI}}}} et [[calendrier grégorien|grégorien]], et le [[dimanche]], jour de la célébration de sa résurrection, s'est imposé comme le jour de repos hebdomadaire au-delà même de la [[chrétienté]]. Cette importance contraste avec la brièveté de sa prédication et le peu de traces historiques conservées à son sujet.

{{Sommaire|niveau=3}}

== Étymologie et dénomination ==
=== Jésus ===
Jésus, en [[grec ancien|grec]] {{langue|grc|Ἰησοῦς}} / {{Langue|grc-Latn|''Iēsoûs''}}, vient de ''Yehoshua''<ref>''Dictionnaire de la Bible'', entrée « Jésus », Paris, éd. Robert Laffont, 1989.</ref>{{,}}<ref>Karel van der Toorn, Bob Becking et Pieter Willem van der Horst, ''Dictionary of Deities and Demons of the Bible'', Leyde, éd. Brill, 1999, {{p.|467}} : ''« Iesous is the Greek form of the Hebrew personal name ''yĕhōšūʿa'' stamped after its postexilic variant ''yēšūʿa'' »'' ; Amy-Jill Levine et Marc Z. Brettler, ''The Jewish Annotated New Testament'', éd. Oxford University Press, 2011, {{p.|4, 9, 167}}, [https://books.google.be/books?id=DZRJ5zXUI2QC&pg=PA4 extrait en ligne].</ref> ([[hébreu]] : {{langue|rtl|he|יהושע}}), à travers sa forme abrégée ''Yeshua''<ref>[http://cf.blueletterbible.org/lang/lexicon/lexicon.cfm?strongs=G2424 Voir l'article dans le ''Thayer's Lexicon'', in ''Dictionary and Word Search for Iēsous (Strong's 2424)'', Blue Letter Bible, 1996-2008] {{en}}.</ref> ([[hébreu]] : {{langue|rtl|he|ישוע}}). ''Yeshua'' signifie « Sauveur »<ref>Dictionnaire ''[[Brown-Driver-Briggs]]''.</ref> et ''Yehoshua'' est un nom [[wikt:théophore|théophore]] qui signifie : « Dieu ([[YHWH]]) sauve<ref>Le ''[[Brown-Driver-Briggs]]'', la référence des dictionnaires d'[[hébreu biblique]], rapporte que le sens de ''Yeshua'' peut également marquer l'« opulence » en plus de la salvation ; cf. Francis Brown, Samuel Rolles Driver et Charles Augustus Briggs, '' Hebrew and English Lexicon of the Old Testament'', Oxford, éd. Clarendon Press, 1939, {{p.|221}}, [http://commons.wikimedia.org/w/index.php?title=File%3AA_Hebrew_and_English_Lexicon_%28Brown-Driver-Briggs%29.djvu&page=245 article en ligne].</ref> ». La [[Septante]] (rédigée en grec) utilise également le nom de ''Iesoûs'' pour désigner [[Josué]], lieutenant et successeur de [[Moïse]]<ref>« Les Pères de l'Église ne manqueront pas d'utiliser cette homonymie : c'est "Jésus" (Christ) qui assure la victoire finale sur Amalek », in Cécile Dogniez et [[Marguerite Harl]] (dir.), ''Le Pentateuque. La Bible d'Alexandrie'', Paris, éd. Gallimard, « Folio Essais », 2003, {{p.}}731, note.</ref>. Le nom était généralement prononcé « Yeshua » mais vraisemblablement « Yeshu » dans la prononciation [[Galilée (région)|galiléenne]]<ref name=":3">{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=David |nom1=Flusser |titre=Jésus |passage=24 |éditeur=Éditions de l’éclat |année=2005 |pages totales=283 |isbn=978-2-84162-101-9 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=OQECGIWI1KMC&printsec=frontcover}}.</ref>.

« Jésus » est un prénom courant dans la [[Palestine (région)|Palestine]] du {{s-|I|er}}<ref name=":3" /> : il est le sixième nom masculin<ref group="n">1) Simon 10,2 %, 2) Joseph 9,2 %, 3) Juda 7,1 %, 4) Éléazar 7,1 %, 5) Johanan 5,1 %, 6) Joshua (Jésus) 4,1 %, 7) Hananiah 3,4 %, 8) Jonathan 3 %, 9) Mattathias 2,5 %, 10) Ménahem 1,8 %.</ref> le plus fréquent à cette époque<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Tal Ilan |titre=Lexicon of Jewish Names in Late Antiquity. Part I. Palestine 330 BCE - 200 CE |passage=54-58 |éditeur=éd. Mohr Siebeck |année=2002}}.</ref>. Il est par exemple attesté pour [[Ben Sira|Jésus Ben Sira]], l'auteur du ''[[Siracide]]'', pour un fils d'{{page h'|Éliézer}} dans l'[[Évangile selon Luc]]<ref group="v">{{BFR|Lc|3|28-29}}</ref>, ou encore pour [[Barabbas]], le chef de guerre libéré par [[Ponce Pilate]] selon certaines versions de l'[[Évangile selon Matthieu]]<ref>B. Feldman, [http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=12420084 « Barabbas and the Gospel of Yeshua the Galilean »], ''American Imago'', New York, vol. 39, {{numéro|3}}, 1982, {{p.|181-193}}, et Jean-Paul Michaud, [http://www.interbible.org/interBible/decouverte/comprendre/2003/clb_030926.htm « Barabbas »], InterBible, 26 septembre 2003.</ref>. L'historien juif [[Flavius Josèphe]] mentionne vingt individus prénommés de la sorte<ref name=":3" />, dont une dizaine à l'époque de Jésus de Nazareth<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Denis |nom1=Fricker |titre=Jésus |collection=Idées reçues |passage=6 |éditeur=éd. [[Le Cavalier bleu]] |année=2015 |pages totales=128 |isbn=978-2-84670-638-4 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=mA2IBwAAQBAJ&printsec=frontcover}}.</ref>.

Dans le [[Nouveau Testament]], Jésus est qualifié plusieurs fois en grec de {{langue|grc|Ναζωραῖος}} / {{Langue|grc-Latn|''Nazōraîos''}}, « [[Nazôréen (titre)|Nazôréen]] »<ref group="n">À six reprises dans les Évangiles, sauf Marc, par ex. {{BFR|Mt|2|23}}, et six dans les Actes, par ex. {{BFR|Ac|2|22}}.</ref>. Ce terme est discuté<ref>[[François Blanchetière]], « Reconstruire les origines chrétiennes : le courant "nazaréen" », in ''Bulletin du Centre de recherche français de Jérusalem'', {{N°|18}}, 2007, [http://bcrfj.revues.org/document229.html en ligne].</ref> et peut venir de l'hébreu ''nsr'' qui signifie « celui qui observe [la Loi] », ou de ''nzr'', « celui qui se consacre [à Dieu] », ou encore « rejeton » (d'Israël). Le nom de ''nazôréen'' servira par la suite à désigner un [[Nazôréens (secte)| courant juif en Palestine]]<ref group="n">Un passage des [[Actes des Apôtres]] rapporte que l'avocat Tertulle accuse l'apôtre [[Paul de Tarse|Paul]] en ces termes : « Nous avons trouvé cet homme, qui est une peste, qui excite des divisions parmi tous les Juifs du monde, qui est chef du parti [en grec {{grec ancien|αἵρησις}} / {{Langue|grc-Latn|''haíresis''}}] des nazoréens » ({{BFR|Ac|24|5}}).</ref> qui croit en la messianité de Jésus<ref>Simon Mimouni, « Les nazôréens descendant de l'Église de Jérusalem », in ''Les premiers temps de l’Église'', éd. Gallimard / Le Monde de la Bible, 2004, {{p.|386-387}}.</ref>. On trouve également parfois {{langue|grc|Ναζαρηνός}} / {{Langue|grc-Latn|''Nazarēnós''}}, « Nazarénien »<ref group="n">À quatre reprises dans l'Évangile selon Marc, et deux, selon Luc, par ex. {{BFR|Mc|1|24}}.</ref>, qui est « l'homme du village de [[Nazareth]]<ref group="n">Εn grec {{langue|grc|Ναζαρά}}, {{langue|grc|Ναζαρέθ}} ou {{langue|grc|Ναζαρέτ}}.</ref> », et qui, selon certains chercheurs, ferait référence à une naissance dans ce village<ref>[[John P. Meier]], ''Un certain juif Jésus. Les données de l'histoire. I. Les sources, les origines, les dates'', Paris, Éditions du Cerf, 2004, [http://observatoiredesreligions.fr/spip.php?article22&artsuite=0 recension en ligne].</ref>. D'autres théories existent encore<ref>Selon B. Gärtner, cette dénomination ne serait pas à rapprocher des mots évoqués précédemment mais de ''nesûrîm'', « sauvés » ou « rescapés » d'Israël, qui se trouve dans le [[Livre d'Isaïe]] ({{BFR|Is|49|6}}) ; « sauvés » se retrouve en {{BFR|Ac|2|47}}. Une dérivation de {{langue|rtl|he|נצר}}, ''neser'' (« descendant », « rejeton ») est moins convaincante.</ref>, comme celle faisant référence à son rattachement à une hypothétique communauté de [[nazir]]s<ref>Pour les différentes hypothèses, voir {{Ouvrage |prénom1=Jean |nom1=Zumstein |titre=L’Évangile selon saint Jean |sous-titre=(13-21) |passage=200 |éditeur=éd. [[Labor et Fides]] |année=2007}}.</ref>. Dans les Évangiles, aucune de ces dénominations n'est utilisée par Jésus lui-même ni par ses disciples<ref>Simon Mimouni, « Les nazôréens descendant de l'Église de Jérusalem », ''{{op. cit.}}'', {{p.}}387.</ref>.

=== Titulatures dans le Nouveau Testament ===
{{Article détaillé|Noms et titres de Jésus}}
Jésus ne semble pas s'être attribué de titres, à l'exception du mot « Fils », et paraît avoir gardé un silence absolu sur son identité{{Sfn|Mimouni|Maraval|5=2007|p=139-140}}. Il est néanmoins nommé de multiples façons dans la littérature [[Nouveau Testament|néotestamentaire]], chacun de ces [[Noms et titres de Jésus-Christ|noms et titres]] suggérant une façon dont ont pu l'appréhender ou le considérer ses différents interlocuteurs, puis, dans la mesure où l'essentiel de cette titulature a été composée après sa mort, les diverses communautés chrétiennes dont sont issus ces textes{{Sfn|Mimouni|Maraval|5=2007|p=139-140}}.

Parmi les différents titres appliqués à Jésus, on trouve le terme « Rabbi », ou le terme proche en [[araméen]] « Rabbouni »<ref group="n">Au radical ''Rab'' (« maître ») s'ajoute -''ou'' (« notre ») et -''ni'' (le ''[[Nun (lettre)|nun]]'' {{incise|le ''n''}} est euphonique et le ''[[Yod (lettre)|yod]]'' {{incise|le ''i''}} signifie « à moi »). Ce mot translittéré, et non traduit, dans l'appellation affective utilisée par [[Marie de Magdala]] en {{BFR|Jn|20|15-16}} pourrait se traduire par « notre maître à moi » ({{nobr|cf. J. Weingreen}}, ''Grammaire élémentaire de l'hébreu biblique'', Paris, éd. Beauchesne, coll. « Langues anciennes », 1988).</ref>, qui signifie au {{s-|I|er}} le « maître » [[pharisiens|pharisien]], au sens « maître et philosophe » d'un groupe pharisien<ref>[[Étienne Nodet]], o.p., ''La Crise maccabéenne – Historiographie juive et traditions bibliques'', Paris, éd. Cerf, 2005.</ref> ; on trouve également les titres de « Maître » — au sens d'« [[enseignant]] » —, de « Prophète attendu», de « Juste », de « Saint », de « Messie-Christ », de « Fils de David » — déjà employés pour des personnages de la [[Tanakh|Bible hébraïque]] —, de « Roi des Judéens », de « Juge eschatologique», de « Berger » ou de « Pasteur », de « Seigneur », ou encore de « Serviteur », qui semble être l'un des plus anciens de ces titres{{Sfn|Mimouni|Maraval|5=2007|p=139-140}}. L'[[Évangile selon Jean]] rapporte que la croix de son exécution était surmontée d'un ''[[titulus]]'' qui portait l'inscription <small>INRI</small> signifiant « Jésus le nazôréen, Roi des Juifs »<ref group="n">Dans le grec de l'Évangile selon Jean : Ἰησοῦς ὁ Ναζωραῖος ὁ βασιλεῦς τῶν Ἰουδαίων.</ref>{{,}}<ref group="v">{{BFR|Jn|19|19}}, cf. Claude Tassin, « Jean-Baptiste et les baptistes », in ''Aux origines du christianisme'', Paris, éd. Gallimard / Le Monde de la Bible, 2000, {{p.}}178.</ref>.

L'expression «[[Fils de l'Homme| Fils de l’homme]] » que s'attribue à plusieurs reprises Jésus lui-même dans les évangiles<ref>Les paroles que les rédacteurs des évangiles placent dans la bouche de Jésus ne représentent pas les « paroles mêmes de Jésus » (les ''ipsima verba'') mais seulement la manière dont au temps de la rédaction les disciples « ressentaient » Jésus ; cf Rudolf Bultmann, ''Jésus. Mythologie et démythologisation'', éd. Seuil, 1968 et H. Conzelmann et A. Lindemann, ''Guide pour l'étude du Nouveau Testament'', éd. Labor et Fides/le Monde de la Bible {{N°|39}}, 1999</ref> se trouve précédemment dans la littérature hébraïque, dans le [[Livre des Psaumes]]<ref group="v">{{BFR|Ps|8|5}}</ref>, où elle désigne l'homme ordinaire. Chez le [[Ézéchiel|prophète Ezechiel]]<ref group="v">{{BFR|Ez|2|1}}</ref>, le Fils de l'homme définit la fonction prophétique. Dans le [[Livre de Daniel]]<ref group="v">{{BFR|Dn|7|13}}</ref>, elle s’applique au statut messianique<ref group="v">Ainsi qu'on le suggère dans {{BFR|Mt|16|28}}</ref>.

Sa désignation comme « Christ » (du [[grec ancien|grec]] {{grec ancien|χριστός}} / {{Langue|grc-Latn|''christós''}}, traduction de l'[[hébreu]] : ''מָשִׁיחַ'' - ''mashia'h'', [[Messie]], signifiant « l’[[onction|oint]] [du Seigneur] ») a une forte connotation politique et religieuse dans l'[[Messie dans le judaïsme|espérance messianique]] de cette époque. De son vivant, Jésus interdit à ses disciples de dire à quiconque qu'il est le Messie<ref group="v">{{BFR|Lc|4|41}}, {{BFR|Lc|9|20-21}}, {{BFR|Mt|16|16-20}}</ref>.

Enfin, Jésus est aussi désigné comme « Fils de Dieu » par le tentateur<ref group="v">{{BFR|Lc|4|3}}, {{BFR|Mt|4|3}}</ref>, par les démons qui sortent des possédés<ref group="v">{{BFR|Lc|4|41}}, {{BFR|Mc|3|11}}, {{BFR|Mt|8|29}}</ref>, par ceux qui le découvrent comme tel<ref group="v">{{BFR|Mc|15|39}}, {{BFR|Mt|14|33}}, {{BFR|Jn|1|49}}, {{BFR|Jn|11|27}}</ref> ; et lors de son procès<ref group="v">{{BFR|Jn|10|36}}, {{BFR|Lc|22|70}}, {{BFR|Mt|26|63-64}}</ref>.

== Biographie ==
=== Sources ===
[[Fichier:Palestine in the time of Jesus.jpg|vignette|La Palestine au temps de Jésus.]]
La biographie de Jésus de Nazareth est très mal connue. La principale source d'information vient des textes rédigés vraisemblablement entre 65 et 110<ref>[[Michel Quesnel]], « Les sources littéraires de la vie de Jésus », (''Aux origines du christianisme'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, {{p.}}191) propose 65-95. La majorité des historiens pensent à une rédaction entre 70 et 110. Cf. [[Daniel Marguerat]] et alii, ''Introduction au Nouveau Testament'', Labor et Fides, et [[Raymond E. Brown]] [[p.s.s.]], ''Que sait-on du Nouveau Testament ?'', Bayard, qui donne la fourchette 68-110.</ref> qui seront appelés « [[Évangile]]s » vers 150<ref name="Christianisme 2000, p. XVII">[[Pierre Geoltrain]], « Les origines du christianisme : comment en écrire l'histoire », in ''Aux origines du christianisme'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, {{p.}}XVII.</ref>, textes dont le but n'est pas historique mais [[apologétique]], et dont l'interprétation en termes de biographie historique est souvent hasardeuse. [[Michel Quesnel]] souligne que « les Évangiles ont retenu de la vie de Jésus un certain nombre de scènes et de paroles qui sont avant tout témoignages de foi et dont l'historicité peut à bon droit être questionnée »<ref>[[Michel Quesnel]], « Jésus et le témoignage des Évangiles », in ''Aux origines du christianisme'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, {{p.}}199.</ref>.

Les éléments biographiques se résument à peu de choses, au point que théologiens et exégètes ont pu parler de « mystère de Jésus »<ref>{{Chapitre|prénom1=Élian|nom1=Cuvillier|lien auteur1=Élian Cuvillier|titre chapitre=Jésus historique dans l'exégèse francophone|auteurs ouvrage=Daniel Marguerat, Enrico Norelli et Jean-Michel Poffet (éds.)|titre ouvrage=Jésus de Nazareth|sous-titre ouvrage=Nouvelles approches d'une énigme|lieu=Genève|éditeur=Labor et Fides|collection=Le Monde de la Bible|année=1998|isbn=9782830908572|passage=82}}</ref>. Lorsque l'historien aborde la question de Jésus de Nazareth, il {{Citation|sait qu'il n'est nullement en mesure de révéler ce qui a vraiment été fait ou ce qui a vraiment été dit par ce personnage}}{{Sfn|Mimouni|Maraval|5=2007|p=45}}. 

Néanmoins, la documentation sur Jésus s'avère souvent plus riche que pour beaucoup de personnages importants de l'[[Antiquité]], même si une certaine unilatéralité des sources la soumet à une exigence de critique littéraire et historique{{Sfn|Mattei|2011|p=50}}. Le croisement des différentes traditions néotestamentaires permet ainsi de présenter des éléments épars qui proposent, mis ensemble, une approche biographique plus étoffée, un « Jésus de l'histoire » ou un « Jésus historique » « tel qu'on peut le découvrir, l'atteindre, le reconstruire au moyen des outils scientifiques de la recherche historique moderne »<ref>{{Harvsp|Meier|2004|p=11}}, cité par {{Harvsp|Mattei|2011|p=49}}.</ref> ; l'atteinte de ce « Jésus historique » demeure néanmoins une reconstruction et si le « Jésus réel » reste inconnaissable<ref>Sur le « Jésus ''historique'' » et le « Jésus ''réel'' », voir {{Harvsp|Meier|2004|p=27 et ss.}}</ref>, les chercheurs peuvent tenter de livrer un Jésus « possible »<ref>{{Chapitre|prénom1=Andreas|nom1=Dettwiler|lien auteur1=Andreas Dettwiler|titre chapitre=Jésus a-t-il bel et bien existé ?|auteurs ouvrage=Andreas Dettwiler (éd.)|titre ouvrage=Jésus de Nazareth|sous-titre ouvrage=Études contemporaines|lieu=Genève|éditeur=Labor et Fides|année=2017|isbn=978-2-8309-1642-3|passage=41}}</ref>, probable, voire vraisemblable{{Sfn|Marguerat|2019|p=11}}. 

=== Origines ===
{{Article détaillé|Généalogie de Jésus|Nativité}}
La vie de Jésus avant sa prédication est particulièrement peu accessible à l'histoire dans la mesure où « les sources qui pourraient […] permettre de dire quoi que ce soit sur [sa] naissance, sa famille, son éducation, peuvent être qualifiées au mieux de « très minces », sans qu'il soit nécessaire pour autant de tomber dans un scepticisme total<ref>{{Ouvrage |auteur1=John P. Meier |titre=Un certain juif : Jésus |sous-titre=Les données de l'histoire |volume=I |titre volume=Les sources, les origines, les dates |passage=127 |éditeur=Cerf |année=2004 |pages totales=495 |isbn=978-2-204-07036-2}}</ref>.

S'il est communément admis que Jésus est un Juif [[Galilée (région)|galiléen]] dont la famille est originaire de [[Nazareth]]<ref group="n">L'existence d'un tel village à cette époque est confirmée par l'archéologie qui trouve des traces à la période hellénistique, au plus tôt au {{-s|II|e}}, le village ne devant pas abriter plus de {{nombre|400|habitants}} à l'époque de Jésus ; Jacques Brien (dir.), ''Terre sainte, cinquante ans d'archéologie'', éd. Bayard, 2003, {{p.|845 à 855}}.</ref>, le lieu et la [[Date de naissance de Jésus|date de sa naissance]] ne sont pas connus avec certitude<ref>[http://www.cyberpresse.ca/noel/200912/23/01-933782-il-est-ne-ou-le-divin-enfant.php ''Il est né (où?) le divin enfant''], [[Cyberpresse]], 24 décembre 2009.</ref> et ne le seront probablement jamais, car les récits des [[Évangiles de l'enfance]] relèvent surtout de [[théologoumène]]s de la part des [[Évangélistes|auteurs bibliques]] qui ont plus une visée doctrinale qu'un souci historique<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Timothy Wiarda |titre=Interpreting Gospel Narratives |sous-titre=Scenes, People, and Theology |passage=75–78 |éditeur=B&H Academic |année=2010}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Brennan R. Hill |titre=Jesus, the Christ |sous-titre=Contemporary Perspectives |passage=89 |éditeur=Twenty-Third Publications |année=2004}}</ref>. Appartenant au [[Conte merveilleux|registre littéraire du merveilleux]] et à la théologie [[métaphorique]]<ref group="n">Selon [[Charles Perrot]], les [[Évangiles de l'enfance|récits de l'enfance]] de Jésus de Matthieu et Luc « posent de nombreux problèmes littéraires et historiques, tant leur écriture apparaît tardive, relevant plutôt du merveilleux à la manière des récits d'enfance du monde judéo-hellénistique ». Source : Charles Perrot, « [http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=1561362 Les récits de l'enfance de Jésus] », dans ''Les dossiers d'archéologie'', 1999 - 2000, {{n°|249}}, {{p.|100-105}}</ref>, les récits évangéliques de la naissance de Jésus — qui légitiment celui-ci dans l'histoire d'Israël en déroulant <ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Jens Schröter |langue originale=de |titre=Jésus de Nazareth |sous-titre=À la recherche de l'homme de Galilée |passage=71 |lieu=Genève |éditeur=[[Labor et Fides]] |année=2018 |pages totales=317 |isbn=978-2-8309-1673-7}}</ref> un arbre généalogique<ref group="v">{{BFR|Mt|1|1-7}}, {{BFR|Lc|3|23-28}}</ref> — sont des constructions tardives{{Sfn|Marguerat|2019|p=60}} qui se font l'écho, par leurs cortèges d’évènements miraculeux, des récits de naissance d'hommes exceptionnels de la littérature judéo-hellénistique auxquels les lecteurs de l'Antiquité sont familiers<ref group="n">Ainsi, [[Évangile selon Matthieu|Matthieu]] utilise par exemple le thème de l'infanticide que l'on retrouve dans le passage sur la naissance de [[Moïse]] présentée par [[Flavius Josèphe]] (''[[Antiquités judaïques]]'', II, 205-209) ; ou encore [[Évangile selon Luc|Luc]] fait par exemple référence à une [[églogue]] de [[Virgile]], bien connue à l'époque, où est annoncée la naissance d'un enfant divin né d'une vierge, allusion à la naissance d'[[Auguste]] ; cf. {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Jens Schröter |langue originale=de |titre=Jésus de Nazareth |sous-titre=À la recherche de l'homme de Galilée |passage=70-71 |lieu=Genève |éditeur=[[Labor et Fides]] |année=2018 |pages totales=317 |isbn=978-2-8309-1673-7}}</ref>.

Concernant la localité qui a vu naître Jésus, la majorité des historiens penchent pour le berceau familial de Nazareth<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Jens Schröter |langue originale=de |titre=Jésus de Nazareth |sous-titre=À la recherche de l'homme de Galilée |passage=69-74 |lieu=Genève |éditeur=[[Labor et Fides]] |année=2018 |pages totales=317 |isbn=978-2-8309-1673-7}}</ref>, où il passera toute sa jeunesse<ref>[[Michel Quesnel]], « Jésus et le témoignage des évangiles », in ''Aux origines du christianisme'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, {{p.|201–202}}.</ref>. Concernant les récits de Luc et Matthieu qui situent chacun la naissance de Jésus à [[Bethléem]] en [[Judée]]<ref group="v">D'après les évangiles selon Luc {{BFR|Lc|2|4}} et Matthieu {{BFR|Mt|2|1-}}.</ref>, les exégètes penchent généralement pour une rédaction plutôt [[Théologie chrétienne|théologique]] que factuelle<ref>{{Ouvrage |auteur1=[[Alain Houziaux]], [[Corina Combet-Galland]], [[Gérard Mordillat]], [[Michel Quesnel]] |titre=Jésus-Christ, de quoi est-on sûr ? |passage=52 |éditeur=[[Éditions de l'Atelier]] |année=2006}}</ref>, destinée à établir l'origine [[Maison de David|davidique]] de Jésus<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Jens Schröter |langue originale=de |titre=Jésus de Nazareth |sous-titre=À la recherche de l'homme de Galilée |passage=68, 73 |lieu=Genève |éditeur=[[Labor et Fides]] |année=2018 |pages totales=317 |isbn=978-2-8309-1673-7}}</ref>. En effet, la naissance à Bethléem, « ville de [[David (roi d'Israël)|David]] »<ref group="v">{{BFR|Lc|2|4-11}}</ref>, permet d’accomplir la prophétie de [[Michée]]<ref group="v">Prophétie de [[Michée]] sur la naissance du Messie à Bethléem {{BFR|Mi|5|2-4}}.</ref> selon laquelle le [[Messie dans le judaïsme|Messie]] sera issu de cet endroit<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Jens Schröter |langue originale=de |titre=Jésus de Nazareth |sous-titre=À la recherche de l'homme de Galilée |passage=68 |lieu=Genève |éditeur=[[Labor et Fides]] |année=2018 |pages totales=317 |isbn=978-2-8309-1673-7}}</ref>. Néanmoins, certains chercheurs considèrent une naissance à Bethléem plausible<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Armand Puig i Tàrrech |langue originale=ca |titre=Jésus, une biographie historique |passage=204-210 |lieu=Paris/Perpignan |éditeur=[[Éditions Desclée de Brouwer]] |année=2016 |pages totales=837 |isbn=978-2-220-07322-4}}</ref> ; d'autres encore ont évoqué le village de [[Capharnaüm]]<ref>Dans cette hypothèse, la localité de Nazareth y aurait été substituée, à partir de {{BFR|Mt|2|23}}. Source : {{Article |langue=en |auteur1=J. Spencer Kennard Jr. |titre=Was Capernaum the Home of Jesus? |périodique=Journal of Biblical Literature |volume=65 |numéro=2 |mois=juin |année=1946 |doi=10.2307/3262610 |lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/3262610 |consulté le=14 novembre 2018 |pages=131-141}}.</ref> qui apparaît dans les évangiles comme le centre de sa mission, voire la bourgade de [[Chorazeïn]], à laquelle Jésus semble particulièrement attaché<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=[[Raymond Edward Brown]] |titre=The Birth of the Messiah. A Commentary on the Infancy Narratives in the Gospels of Matthew and Luke |passage=513 |éditeur=Anchor Bible |année=1993}}</ref>.

L'année de sa naissance n'est pas non plus connue précisément. Les dates retenues peuvent osciller entre [[9 av. J.-C.|9]] et {{date|-2}}<ref group="n">Quelques historiens et exégètes placent la naissance et mort de Jésus entre les années mentionnées parmi lesquels les chercheurs anglo-saxons : [[D. A. Carson]], [[Douglas J. Moo]] et {{lien|Leon Morris}}. ''An Introduction to the New Testament.'' Grand Rapids, MI: Zondervan Publishing House, 1992, 54, 56 ; [[Michael Grant (historien)|Michael Grant]], ''Jesus: An Historian's Review of the Gospels'', Scribner's, 1977, {{p.}}71 ; [[John P. Meier]], ''A Marginal Jew'', Doubleday, 1991–, vol. 1:214 ; [[E. P. Sanders]], ''The Historical Figure of Jesus'', Penguin Books, 1993, {{p.|10–11}}, et [[Ben Witherington III]], « Primary Sources », ''Christian History'' 17 (1998) No. 3:12–20.</ref>. Les évangiles selon Matthieu et selon Luc la situent sous le règne d'[[Hérode Ier le Grand|Hérode {{Ier}} le Grand]] dont le long règne s'achève en [[-4|4 avant notre ère]]<ref group="n">Même si le recensement de la Judée, également évoqué dans l'évangile selon Luc, eut lieu après la déposition d'[[Hérode Archélaos]] en 6 de notre ère, quand [[Publius Sulpicius Quirinius]] était gouverneur de Syrie, cf. [[Ernest Renan]], ''Vie de Jésus'', Paris, Michel Lévy, 1864, tome 1, [https://books.google.fr/books?id=pzMAAAAAMAAJ&pg=RA2-PA232&dq=recensement+Jud%C3%A9e+4 {{p.|232–235}}].</ref>. L'estimation généralement retenue par les historiens actuels va de [[-7|7]] à [[-5|5 avant notre ère]]<ref>Cf. [[Michel Quesnel (théologien)|Michel Quesnel]], « Jésus et le témoignage des Évangiles », dans ''Aux origines du christianisme'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, {{p.}}201 ; Manfred Heim, ''2000 dates pour comprendre l’Église'', éd. Albin Michel, 2010, {{p.}}15 ; [[Pierre Geoltrain]], « Les origines du Christianisme : comment en écrire l'histoire », in ''Aux origines du christianisme'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, {{p.}}XVII ; [[Simon Claude Mimouni]] in {{Harvsp|Mimouni|Maraval|p=61|5=2007}} ; {{Harvsp|Mattei|2011|p=32}} ; [[Raymond Edward Brown]], ''Que sait-on du Nouveau Testament'', éd. Bayard 2011, {{p.|28}} ; [[Daniel Marguerat]] (dir.), ''Introduction au Nouveau Testament'', éd. Labor et Fides, {{4e|éd.}}, 2008, cité par ''Le Monde de la Bible'', Hors-série « Que sait-on de Jésus », printemps 2009, {{p.|7}}.</ref>.

[[Fichier:Meister der Palastkapelle in Palermo 001.jpg|vignette|Naissance du Christ, <br />Mosaïque de la [[palais des Normands|chapelle palatine de Palerme]], v. 1150.]]

Il est paradoxal que Jésus de Nazareth puisse être né « avant Jésus-Christ » : l'origine de l'[[ère chrétienne]] est en effet censée être la naissance du Christ. Mais cet ''[[Anno Domini]]'' qui ne s'est imposé progressivement en Europe qu'à partir du {{s-|XI|e}}<ref name="Quesnel_201">[[Michel Quesnel]], « Jésus et le témoignage des Évangiles », in ''Aux origines du christianisme'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, {{p.}}201.</ref>, a été fixé d'après les travaux du moine [[Denys le Petit]] réalisés au {{VIe siècle}}, que l'on sait à présent être erronés{{Sfn|Mattei|2011|p=61}} et, si le calendrier historique a été précisé depuis, son origine conventionnelle n'a pas été modifiée<ref group="n">Voir [[-1#Naissances|An -1]].</ref>.

La naissance de Jésus (la [[Nativité]]) est traditionnellement fêtée le [[25 décembre]], à [[Noël]], mais cette date est entièrement conventionnelle, et n'a rien d'un « anniversaire ». Elle aurait été fixée dans l'Occident latin au {{s-|IV|e}}, peut-être en 354<ref group="n">Première mention connue sans équivoque, dans le [[Chronographe de 354]], partie XII : {{langue|la|VIII kal. Ian. natus Christus in Betleem Iudeae}} (« Huit jours avant les calendes de janvier, naissance du Christ à Bethléem en Judée »). Mais, par divers recoupements avec des recensions plus anciennes, on peut penser qu'il existait une cérémonie de ce type dès 336. Source : {{Ouvrage |langue=en |auteur1=Susan K. Roll |titre=Toward the Origins of Christmas |passage=85 |éditeur=Peeters Publishers |année=1995}}.</ref>, pour coïncider avec la fête romaine de la naissance de [[Sol Invictus (religion)|Sol Invictus]]<ref>R. J. Zwi Werblowsky, « Hanouca et Noël ou Judaïsme et Christianisme. Note phénoménologique sur les rapports du mythe et de l'histoire », in ''Revue de l'histoire des religions'', 1954, vol. 145, {{N°|1}}, {{p.|30–68}}, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1954_num_145_1_6960 article en ligne]</ref>, célébrée à cette date à l'instar de la naissance du dieu [[Mithra]], né selon la légende un 25 décembre<ref>Christian Bonnet et Bertrand Lançon, ''L'Empire romain de 192 à 325 : du Haut-Empire à l'Antiquité tardive'', éd. Ophrys, 1997, {{p.}}127, [https://books.google.be/books?id=ywwoCbXNq4wC&pg=PA127 extrait en ligne] ; Desroche Henri. Halsberghe (Gaston H.), ''The Cult of Sol Invictus'', in ''Archives des sciences sociales des religions'', 1973, vol. 36, {{N°|1}}, {{p.}}176, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/assr_0335-5985_1973_num_36_1_2076_t1_0176_0000_2 résumé en ligne]</ref> ; le choix de cette fête permettait une assimilation de la venue du Christ {{incise|« Soleil de justice »}} à la remontée du soleil après le [[solstice d'hiver]]{{Sfn|Mattei|2011|p=63, n.35}}. Avant cette date, la Nativité était fêtée le [[6 janvier]] et l'est encore par l’Église arménienne apostolique, alors que l’Église catholique romaine y fête aujourd’hui l’[[Épiphanie]]<ref>Philippe Rouillard, ''Les Fêtes chrétiennes en Occident'', éd. Cerf, 2003, {{p.}}27, [https://books.google.be/books?id=RvMXLW3_LhoC&pg=PA27 extrait en ligne]</ref>, la visite des mages à Jésus peu après sa naissance, ou la « [[théophanie]] », le [[baptême]] de Jésus dans le Jourdain, événement que les plus anciennes Églises pré-romaines utilisaient comme acte de « naissance » du Christ. Les [[Pères de l'Église]] ne se sont pas opposés à ce [[syncrétisme]] à propos de la Nativité, considérant que ce choix calendaire ne pouvait donner lieu à des hérésies théologiques et qu'il confirmait la venue du Messie annoncé comme l'« astre levant »<ref group="v">{{BFR|Lc|1|78}}</ref> et comme le « soleil de justice » par le prophète [[Malachie]]<ref group="v">{{Réf Bible|Ma|4|2}} dans la [[Bible Segond]].</ref>. Noël s'est ainsi substituée aux célébrations de la fête païenne d'autant plus aisément que, les références bibliques aidant, s'est développée pour qualifier métaphoriquement le Christ nouveau-né toute une symbolique du « vrai soleil », du « nouveau soleil » resplendissant sur le monde<ref>{{Ouvrage |auteur1=Béatrice Bakhouche, Alain Moreau et Jean-Claude Turpin |titre=Les astres et les mythes. La description du ciel |passage=133 |éditeur=Publications de la recherche Université Paul Valéry |année=1996}}</ref>.

=== Famille ===
{{Article détaillé|Proches de Jésus|frères de Jésus|Jacques le Juste}}
Jésus est connu comme « le fils de [[Joseph (Nouveau Testament)|Joseph]] le charpentier »<ref group="n">L'évangile selon Luc lui trace une ascendance paternelle et le donne pour fils de Joseph fils d'un « Héli fils de Matthan » tandis que l'évangile selon Matthieu parle de Joseph « fils de Jacob fils de Matthan ».</ref> et « le fils de [[Marie (mère de Jésus)|Marie]] ». Les évangiles selon Matthieu et selon Luc professent une [[Fécondation|conception]] « par la vertu du [[Saint-Esprit]] »<ref group="v">{{BFR|Mt|1|18-25}}, {{BFR|Lc|1|26-38}}</ref> qui ouvrira plus tard sur des débats théologiques très disputés au sein des communautés chrétiennes concernant la [[Virginité perpétuelle de Marie|virginité de Marie]]. L'évangile selon Luc<ref group="v">{{BFR|Lc|1|27}}</ref> évoque Joseph, père adoptif de Jésus qui, en assumant sa paternité, rattache ce dernier à la lignée de [[David (Bible)|David]]<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Simon Claude |nom1=Mimouni |titre=Jacques le juste, frère de Jésus |passage=110 |lieu=Paris |éditeur=Bayard Culture |année=2015 |pages totales=200 |isbn=978-2-7470-6140-7 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=UGqVDAAAQBAJ&printsec=frontcover}}</ref>. Luc et Matthieu rapportent la tradition de la conception virginale probablement afin d'accomplir le texte prophétique et de répondre aux rumeurs et aux accusations lancées par des Juifs non chrétiens à propos de la naissance illégitime de Jésus (accusations qui se retrouvent notamment chez [[Celse (philosophe)|Celse]] et dans les [[Toledot Yeshou]]). Selon {{Lien|langue=en|trad=Bruce Chilton|fr=Bruce Chilton}}, comme pour [[Daniel Marguerat]]{{Sfn|Marguerat|2019|p=53-55}}, son statut au regard de la loi juive et de son entourage a pu être celui d'un ''[[mamzer]]'' (enfant illégitime) et {{Citation|a provoqué les interprétations disparates de sa naissance articulées dans le [[Nouveau Testament]] et la [[littérature rabbinique]]}}<ref>{{Article |titre=Jésus, le mamzer (Mt.1.18) |périodique=[[New Testament Studies]] |volume=47 |numéro=2 |date=2001 |pages=227}}.</ref>.

Jésus est le « premier-né »<ref group="v">{{BFR|Lc|2|7}}</ref> de cette famille<ref>Dans un modèle antique éloigné de la conception moderne de la famille nucléaire et s'apparentant davantage à une structure communautaire clanique ; cf. Daniel Marguerat, ''Jésus, ses frères, ses sœurs'', in ''Le Monde de la Bible'', Hors-série printemps 2009, {{p.}}53.</ref>, appartenant à un milieu artisanal<ref group="n">Décrit comme charpentier ({{BFR|Mc|6|3}}) et lui-même fils de charpentier (gr : τέκτονος υἱός, {{BFR|Mt|13|55}}), le terme grec ''tektōn'' pouvant également signifier « menuisier », « maçon », « artisan » ou encore « constructeur » ; cf. {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Simon Claude |nom1=Mimouni |titre=Jacques le juste, frère de Jésus |passage=111 |lieu=Paris |éditeur=Bayard Culture |année=2015 |pages totales=200 |isbn=978-2-7470-6140-7 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=UGqVDAAAQBAJ&printsec=frontcover}}</ref> peut-être aisé<ref group="n">Il y a débat sur le degré de culture et la position sociale attachés à ces métiers que certains chercheurs jugent élevés (par exemple [[Michel Quesnel]], ''Jésus et le témoignage des évangiles'', {{op. cit.}}, {{p.}}202.), d'autres modestes ; pour l'état de la question voir {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Simon Claude |nom1=Mimouni |titre=Jacques le juste, frère de Jésus |passage=111 et 163-166 |lieu=Paris |éditeur=Bayard Culture |année=2015 |pages totales=200 |isbn=978-2-7470-6140-7 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=UGqVDAAAQBAJ&printsec=frontcover}}</ref>, traditionaliste, pieux<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Simon Claude |nom1=Mimouni |titre=Jacques le juste, frère de Jésus |passage=111, 113 |lieu=Paris |éditeur=Bayard Culture |année=2015 |pages totales=200 |isbn=978-2-7470-6140-7 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=UGqVDAAAQBAJ&printsec=frontcover}}</ref> et proche du [[Temple de Jérusalem|Temple]] {{incise|voire lévite<ref name="a">{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Simon Claude |nom1=Mimouni |titre=Jacques le juste, frère de Jésus |passage=165 |lieu=Paris |éditeur=Bayard Culture |année=2015 |pages totales=200 |isbn=978-2-7470-6140-7 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=UGqVDAAAQBAJ&printsec=frontcover}}</ref> ou peut-être même sacerdotale<ref group="n">« La parenté, à un degré indéterminé, du prêtre [[Zacharie (père de Jean le Baptiste)|Zacharie]] ou d'[[Élisabeth (mère de Jean le Baptiste)|Élisabeth]] avec Marie place Jésus dans un milieu très proche du Temple, ce qui conduit des historiens modernes à lui supposer une origine sacerdotale », cf. {{Harvsp|Baslez|2017|p=83}} ; les recherches de Simon-Claude Mimouni publiées en 2015 l'amènent a considérer l'appartenance sacerdotale de la famille de Jésus comme « de plus en plus évidentes, pour ne pas dire certaines », cf. {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Simon Claude|nom1=Mimouni|titre=Jacques le juste, frère de Jésus|lieu=Paris|éditeur=Bayard Culture|année=2015|pages totales=200|passage=258|isbn=978-2-7470-6140-7|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=UGqVDAAAQBAJ&printsec=frontcover}}</ref>}}, liée à un clan de [[Nazôréen (titre)|nazôréens]] qui attendent l'apparition d'un « [[Messie dans le judaïsme|fils de David]] » en son sein<ref>[[Étienne Nodet]] o.p., ''Qui sont les premiers chrétiens à Jérusalem'', in ''Aux origines du christianisme'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, {{p.}}242.</ref>. Les évangiles mentionnent l'existence de « frères et sœurs » qui « apparaissent<ref group="v">{{BFR|Mt|12|46-50}} et parallèles, cité par André Benoît.</ref> pour montrer que Jésus n'a rien d'extraordinaire puisque sa famille est bien connue »<ref>André Benoît, ''Les personnages de l'Évangile nommés Jacques'', in ''Aux origines du Christianisme'', éd. Gallimard/Le monde de la Bible, 2000, {{p.}}249.</ref>. Jésus, dont le nom évoque le [[Josué|successeur de Moïse]], compte au moins deux sœurs dont le nom est inconnu et quatre frères dont deux — [[Jacques le Juste|Jacques]]/[[Jacob]] et [[Joseph (frère de Jésus)|Josès]]/[[Joseph (fils de Jacob)|Joseph]]— portent le nom de [[Patriarches (Bible)|patriarches]] et les deux autres — [[Jude (frère de Jésus)|Jude]] et [[Simon (frère de Jésus)|Simon]] — celui de [[Maccabées|Judas et Simon]], héros de la [[Révolte des Maccabées|révolte des Macchabées]], semblant attester de la fidélité de la famille à l'identité religieuse et nationale d'Israël<ref>{{Chapitre |auteur1=Enrico Norelli |lien auteur1=Enrico Norelli |titre chapitre=Jésus en relation - des adeptes, des alliés et des adversaires |auteurs ouvrage=Andreas Dettwiller (éd.) |titre ouvrage=Jésus de Nazareth |sous-titre ouvrage=Études contemporaines |éditeur=Labor et Fides |année=2017 |isbn=9782830916423 |passage=91}}</ref>. Si Jésus semble avoir eu des tensions avec sa famille qui « ne croyait pas en lui »<ref group="v">{{BFR|Jn|7|5}}</ref> et dont il se sépare pour pratiquer l'itinérance et peut-être pour rejoindre Jean le Baptiste<ref>{{Chapitre |auteur1=Enrico Norelli |lien auteur1=Enrico Norelli |titre chapitre=Jésus en relation - des adeptes, des alliés et des adversaires |auteurs ouvrage=Andreas Dettwiller (éd.) |titre ouvrage=Jésus de Nazareth |sous-titre ouvrage=Études contemporaines |éditeur=Labor et Fides |année=2017 |isbn=9782830916423 |passage=94}}</ref>, il n'en demeure pas moins que la mère de Jésus et ses frères jouent un rôle particulier dans la première communauté d'adeptes dès après la disparition de celui-ci{{Sfn|Marguerat|2019|p=67}} et que [[Jacques le Juste|Jacques]] occupe une place prééminente bien attestée au sein de la communauté de Jérusalem<ref>{{Chapitre |auteur1=Enrico Norelli |lien auteur1=Enrico Norelli |titre chapitre=Jésus en relation - des adeptes, des alliés et des adversaires |auteurs ouvrage=Andreas Dettwiller (éd.) |titre ouvrage=Jésus de Nazareth |sous-titre ouvrage=Études contemporaines |éditeur=Labor et Fides |année=2017 |isbn=9782830916423 |passage=95, 99}}</ref>.

La question des liens de parenté de Jésus avec ses « frères » et « sœurs » a été disputée à partir du {{IIe siècle}}<ref name="Marguerat_freres.caches">Daniel Marguerat, ''Ces frères cachés de Jésus'', in ''Jésus'', ''Le Point'' Hors-série {{N°|1}}, décembre 2008, {{p.}}52-53</ref> avec l’élaboration du concept de [[virginité perpétuelle de Marie]]<ref group="n">Virginité perpétuelle qui est une doctrine catholique et orthodoxe, qu'il ne faut pas confondre avec la doctrine chrétienne de la [[Conception virginale]] de Jésus, ni avec le dogme catholique de l'[[Immaculée conception]] de Marie</ref> qui rend la présence d'une fratrie gênante : l'[[Évangiles de l'enfance |Évangile de l'enfance]] appelé [[Protévangile de Jacques]], aux alentours de [[180]], « tente astucieusement » de faire de la fratrie de Jésus des « demi-frères » et des « demi-sœurs » nés d'un premier mariage de Joseph<ref name="Marguerat_freres.caches" /> tandis que, à la fin du {{IVe siècle}}, [[Jérôme de Stridon]], est le premier [[Pères de l'Église|Père de l'Église]] à argumenter contre une fratrie au profit de « cousins »<ref name="Marguerat_freres.caches" />. Cette dernière option, qui mettra du temps à s'imposer dans la mesure où [[Eusèbe de Césarée]] au début du {{s|IV|e}} parle encore de « race du Sauveur » et que le dogme de la virginité perpétuelle n'est proclamé qu'au milieu du {{VIIe siècle}}<ref>{{Ouvrage |langue=en |prénom1=Florin |nom1=Curta |prénom2=Andrew |nom2=Holt |titre=Great Events in Religion : An Encyclopedia of Pivotal Events in Religious History |volume=I |titre volume=Prehistory to AD 600 |passage=186 |éditeur=[[ABC-CLIO]] |année=2016 |pages totales=1047 |isbn=978-1-61069-566-4 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=dgF9DQAAQBAJ&printsec=frontcover}}</ref>, est devenue la doctrine de l'Église catholique romaine<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Simon-Claude |nom1=Mimouni |titre=Jacques le juste, frère de Jésus |passage=146 |éditeur=[[Groupe Bayard|Bayard]] |année=2015 |pages totales=200 |isbn=978-2-7470-6140-7 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=UGqVDAAAQBAJ&printsec=frontcover}}</ref> tandis que les orthodoxes ont opté pour les « demi-frères et sœurs » issus d'un premier mariage de Joseph{{Sfn|Mimouni|Maraval|5=2007|p=528}} et les protestants, après avoir suivi la position hiéronimienne, reconnaissent tantôt des frères, tantôt des cousins{{Sfn|Mimouni|Maraval|5=2007|p=528}}.

À la suite des travaux de l'exégète catholique [[John Paul Meier|John P. Meier]]<ref>Celui-ci, après avoir passé en revue l'ensemble des passages néotestamentaires où le terme grec ἀδελφός (''adelphos'', « frère ») est utilisé de manière non métaphorique mais « pour désigner une relation biologique ou légale, veut seulement dire frère ou demi-frère biologique et rien d'autre ». cf. {{article |langue=en |auteur1=John P. Meier |titre=The Brothers and Sisters of Jesus in Ecumenical Perspective |périodique=Catholique Biblical Quarterly |numéro=54 |date=1992 |lire en ligne= |passage=1-28 }} cité par {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Simon Claude |nom1=Mimouni |titre=Jacques le juste, frère de Jésus |passage=131 |éditeur=[[Groupe Bayard|Bayard]] |année=2015 |pages totales=200 |isbn=978-2-7470-6140-7 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=UGqVDAAAQBAJ&printsec=frontcover}} ; et d'ajouter « qu'il est tout simplement faux de dire que la version grecque de l'Ancien Testament emploie régulièrement ''adelphos'' pour signifier “cousin” » {{Ouvrage|auteur1=John P. Meier|titre=Un certain juif : Jésus|sous-titre=Les données de l'histoire|volume=I|titre volume=Les sources, les origines, les dates|passage=196|éditeur=Cerf|année=2004|pages totales=495|isbn=978-2-204-07036-2}} cité par {{Harvsp|Marguerat|2019|p=66}}</ref> qui analysent l'argumentaire de Jérôme<ref group="n">Pour « ingénieuse » qu'elle soit, la position de Jérôme est considérée comme « complexe », voire « des plus farfelue » (Mimouni) dans la mesure « où elle aboutit à la neutralisation complète des quatre frères de Jésus » dont deux ont pour père [[Clopas]], le frère de Joseph, et les deux autres pour mère Marie, femme d'[[Alphée (Nouveau Testament)|Alphée]], qui épouse Clopas en secondes noces ; elle est également « inadéquate » (Marguerat) dans la mesure où , après examen des sources, jamais le terme « adelphos » n'est affecté à un champ de signification allant jusqu'au cousinage.</ref>, la plupart des exégètes critiques et historiens contemporains<ref>{{Chapitre |auteur1=Jonathan Bourguel |titre chapitre=Jacques le juste, la « colonne » (longtemps) ignorée |auteurs ouvrage=Dan Jaffé (dir.) |titre ouvrage=Juifs et chrétiens aux premiers siècles |sous-titre ouvrage=Identités, dialogues et dissidences |éditeur=Cerf |année=2019 |isbn=9782204113892 |passage=160-162}}</ref> considèrent que rien n'exige de comprendre les frères et sœurs de Jésus autrement que dans le sens le plus strict des mots<ref>{{Chapitre |auteur1=Enrico Norelli |lien auteur1=Enrico Norelli |titre chapitre=Jésus en relation - des adeptes, des alliés et des adversaires |auteurs ouvrage=Andreas Dettwiller (éd.) |titre ouvrage=Jésus de Nazareth |sous-titre ouvrage=Études contemporaines |éditeur=Labor et Fides |année=2017 |isbn=9782830916423 |passage=93}}</ref> ainsi que rien ne permet de soutenir que cette fratrie n'a pas été biologique<ref>« Pour l'historien [à l'instar de [[Maurice Goguel]]], contrairement au théologien, il n'y a aucun problème au sujet des frères et sœurs de Jésus », {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Simon-Claude |nom1=Mimouni |titre=Jacques le juste, frère de Jésus |passage=153 |éditeur=[[Groupe Bayard|Bayard]] |année=2015 |pages totales=200 |isbn=978-2-7470-6140-7 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=UGqVDAAAQBAJ&printsec=frontcover}}</ref> comme l’affirme unanimement la documentation canonique<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Simon-Claude |nom1=Mimouni |titre=Jacques le juste, frère de Jésus |passage=134 |éditeur=[[Groupe Bayard|Bayard]] |année=2015 |pages totales=200 |isbn=978-2-7470-6140-7 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=UGqVDAAAQBAJ&printsec=frontcover}}</ref>, ce qui n'empêche pas certains auteurs essentiellement catholiques de défendre l'explication de Jérôme<ref>L'exégèse catholique est encore partagée à ce sujet entre des auteurs comme le théologien (anglican) [[Richard Bauckham]] (1994) ou le dominicain John Mc Hugh (1977) qui défendent la position de Jérôme, d'autres plus nuancés comme le théologien [[Bernard Sesboüé]] (1994), les exégètes catholiques [[Charles Perrot]] (1976) et [[Michel Quesnel (théologien)|Michel Quesnel]] qui estiment que c'est indécidable ou enfin d'autres encore qui suivent Meier comme l'exégète [[Jean-Pierre Lémonon]] (1994) ou les auteurs Jean Gilles (1979) et François Refoulé (1995) que Jésus a bien eu des frères et sœurs ; cf. {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Simon-Claude |nom1=Mimouni |titre=Jacques le juste, frère de Jésus |passage=130, 152-153 |éditeur=[[Groupe Bayard|Bayard]] |année=2015 |pages totales=200 |isbn=978-2-7470-6140-7 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=UGqVDAAAQBAJ&printsec=frontcover}}</ref>.

=== Enfance ===
[[Fichier:Giovanni Bellini - La presentazione di Gesù al tempio.jpg|vignette|''La Présentation au Temple'', <br />[[Giovanni Bellini]], 1500,<br />Kunsthistorisches Museum, Vienne.]]
[[Fichier:Orazio Gentileschi - Jésus endormi sur la croix.jpg|vignette|''Jésus endormi sur la croix'', [[Orazio Gentileschi]], {{s-|XVII|e}}.]]
{{Article détaillé|Enfant Jésus}}
L'[[Évangile selon Luc]] raconte comment, huit jours après sa naissance, il a été nommé « Jésus » et [[circoncision|circoncis]]<ref group="v">{{BFR|Lc|2|21-24}}</ref> conformément à la loi juive<ref group="n">La lecture traditionnelle catholique veut que l'offrande présentée à cette occasion soit celle du rachat du premier-né. Cependant, l'offrande de deux tourterelles citée dans l'épisode de la [[Présentation de Jésus au Temple|présentation au Temple]] n'est que celle de la purification de l'accouchée ({{BFR|Lv|12|1-8}}).</ref> lors de la « [[Présentation de Jésus au Temple|présentation au Temple]] ». L'[[Évangile selon Matthieu]] expose un événement connu comme le « [[massacre des Innocents]] ». Né de l'imagination hagiographique du rédacteur matthéen<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=[[Raymond Edward Brown]] |titre=The Birth of the Messiah |passage=105 |éditeur=Bloomsbury Publishing Plc |année=1986}}</ref>, cet épisode met en scène [[Hérode Ier le Grand|Hérode]], prenant peur pour son pouvoir, qui décide de faire tuer tous les premiers-nés de son peuple. Il peut s'agir d'une réactualisation de l'histoire de [[Moïse]] persécuté par Pharaon, peut-être fondée sur une réminiscence historique<ref>cf. {{Harvsp|Baslez|2003|p=188}} & [[Paul Veyne]] ''Païens et chrétiens devant la gladiature'', in ''Mélanges de l'École française de Rome. Antiquité'', Tome 111, {{N°|2}}, 1999, {{p.}}895 [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1999_num_111_2_2101 article en ligne]</ref>. Les parents de Jésus fuient alors avec leur enfant dans une séquence appelée la « [[Fuite en Égypte]] » qui inspirera une importante production apocryphe<ref group="n">Cf. par exemple [[Pseudo-Matthieu]]</ref> et influencera la tradition [[Coptes|copte]]. L'évangile selon Luc rapporte encore un incident probablement légendaire<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=[[Géza Vermes]] |titre=The Changing Faces of Jesus |passage=131 |éditeur=Penguin UK |année=2001}}.</ref> au cours duquel, quand il a douze ans, ses parents cherchent Jésus qu'ils retrouvent en conversation avec les docteurs du [[Temple de Jérusalem]].

La biographie de Jésus avant le début de sa vie publique, telle qu'elle est relatée par les [[Évangile|évangiles]] canoniques, ne consiste qu'en très peu de faits, disséminés dans différents passages. Ces évangiles cherchant en effet à concilier les courants [[Docétisme|docétistes]] et [[Adoptianisme|adoptianistes]], ils ne peuvent admettre des {{Citation|outrances si ostensiblement contraires à l'[[Incarnation (christianisme)|incarnation]]}}<ref>{{Ouvrage |auteur1=[[France Quéré]] |titre=Jésus enfant |passage=10 |éditeur=[[Éditions Desclée de Brouwer|Desclée de Brouwer]] |année=1992}}</ref>, telle celle de Jésus enfant aidant ses parents, si bien que [[Luc (évangéliste)|Luc]] imagine qu'il {{Citation|croissait en sagesse et en grâce}}<ref group="v">{{BFR|Lc|2|52}})</ref> ; telle celle de Jésus apprenant à lire alors qu'il est le [[Logos (christianisme)|Verbe de Dieu]]. Ces récits privent Jésus de son enfance, ce qui donne l'opportunité aux [[Évangiles de l'enfance|apocryphes de l'enfance]]<ref group="n">Particulièrement le [[Protévangile de Jacques]], l'[[Évangile de l'enfance selon Thomas|Évangile de l'Enfance selon Thomas]] et l'[[Évangile du Pseudo-Matthieu]] ; cf. {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Jens Schröter |langue originale=de |titre=Jésus de Nazareth |sous-titre=À la recherche de l'homme de Galilée |passage=75 |lieu=Genève |éditeur=[[Labor et Fides]] |année=2018 |pages totales=317 |isbn=978-2-8309-1673-7}}</ref>, traités pédagogiques, livres de [[catéchisme]] et à l'[[iconographie chrétienne]] de combler les vides en imaginant de nombreuses scènes de l'enfance<ref>{{Article |auteur1=[[Enrico Norelli]] |titre=Avant le canonique et l'apocryphe : aux origines des récits de la naissance de Jésus |périodique=Revue de théologie et de philosophie |volume=126 |numéro=4 |date=1994 |pages=305-324}}</ref>. Ce sont des écrits apocryphes qui par exemple précisent le nom et le nombre des « [[rois mages]] »<ref>en l'occurrence, l’''[[Évangile arménien de l'Enfance]], datant du'' {{S-|VI}} ; cf. {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=François |nom1=Boespflug |lien auteur1=François Bœspflug |titre=Le Dieu des peintres et des sculpteurs |sous-titre=l'invisible incarné |passage=100 |lieu=Paris |éditeur=Hazan |année=2010 |pages totales=270 |isbn=978-2-7541-0459-3}}</ref>, ou décrivent les parents et la naissance de [[Marie (mère de Jésus)|Marie]]<ref group="n">[[Anne (protévangile)|Anne]] et [[Joachim (protévangile)|Joachim]], qui reflète peut-être une tradition plus antique, non attestée ailleurs.</ref>.

=== Premières années ===
{{Article détaillé|Vie cachée de Jésus}}
Il n'y a quasiment aucun élément entre les récits de la naissance de Jésus et sa vie publique, encore moins entre l'âge de douze ans et celui de trente ans, début de son ministère. Cette période lacunaire, appelée la « vie cachée de Jésus », a conduit à la composition d'un certain nombre de textes [[Apocryphes bibliques|apocryphes]] qui ont beaucoup brodé sur le canevas originel. Ces textes, non [[Canon (Bible)|canoniques]], participent pourtant de la [[mythologie chrétienne]]<ref group="n">La ''[[Légende dorée]]'' de [[Jacques de Voragine]] [[Ordre des Prêcheurs|o.p.]]</ref>, et ont inspiré une importante production littéraire et artistique.

Cette vie cachée est présentée comme un apprentissage de Jésus auprès de son père putatif Joseph : apprentissage spirituel, c'est-à-dire une formation religieuse mais aussi apprentissage manuel dans l'atelier de son père « charpentier » (''{{Langue|he-Latn|texte=tektôn}}''). Le terme grec qui désigne ce métier est ambivalent {{incise|pouvant également signifier « menuisier », « maçon », « artisan » ou encore « constructeur »<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Simon Claude |nom1=Mimouni |titre=Jacques le juste, frère de Jésus |passage=111 |lieu=Paris |éditeur=Bayard Culture |année=2015 |pages totales=200 |isbn=978-2-7470-6140-7 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=UGqVDAAAQBAJ&printsec=frontcover}}</ref>}} aussi est-il difficile de déterminer la profession de Jésus présenté comme « le ''tektôn'' fils de Marie »<ref group="v">{{BFR|Mc|6|3}}, {{BFR|Mt|13|55}} et {{BFR|Jn|6|42}}.</ref>. Cette période peut également avoir représenté pour Jésus plusieurs années où il a joué un éventuel rôle de chef de la famille après le décès de Joseph<ref group="n">« Jésus est connu comme fils d'une femme veuve. […] Dans un milieu de civilisation artisanale, on entrevoit, du point de vue pratique, son apprentissage du métier sous la direction de Joseph mais aussi, du point de vue psychologique, son adoption du mode de vie qu'il a vu réalisé chez son père » (cf. [[Pierre Grelot (théologien)|Pierre Grelot]], ''Joseph et Jésus'', Beauchesne, 1975, {{p.|2}})</ref>.

La bourgade de Nazareth ne compte à l'époque de Jésus que deux à quatre cents habitants. Étant trop petite pour assurer la subsistance d'un charpentier, il est possible que Joseph et [[Frères de Jésus|ses fils]] aient offert leurs services ou trouvé du travail à [[Sepphoris]], ancienne capitale de Galilée en pleins travaux de reconstruction, ou dans d'autres grandes villes galiléennes ([[Arraba]], [[Magdala (Israël)|Magdala]] ou [[Tibériade]])<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=[[John Dominic Crossan]] |titre=The Historical Jesus : The Life of a Mediterranean Jewish Peasant |passage=192 |éditeur=Harper Collins |année=1991}}</ref>. Pourtant, les évangiles ne mentionnent pas ces villes, ce qui pourrait suggérer que Jésus les ait évitées pendant son ministère, d'autant plus qu'il fuit généralement les grandes agglomérations. [[Flavius Josèphe]] rappelle l'hostilité des Juifs à l'encontre des villes jugées trop cosmopolites ou abritant des places fortes romaines, l'occupant méprisé<ref>{{Chapitre |langue=en |auteur1=[[Eric M. Meyers]] |titre chapitre=Sepphoris : city of peace |auteurs ouvrage=Andrea M. Berlin et Andrew J. Overman |titre ouvrage=The First Jewish Revolt: Archaeology, History,and Ideology |éditeur=Routledge |année=2002 |passage=110-120}}</ref>. La culture urbaine, friande de modernité, choque également la mentalité villageoise plus traditionnelle et il se peut que Jésus, issu d'une famille nombreuse du milieu semi-rural de Nazareth, soit imprégné de cette mentalité. S'il faut cependant se garder de l'image traditionnelle d'un Jésus pauvre paysan galiléen, la polysémie du terme ''{{Langue|he-Latn|texte=tektôn}}'' laisse la voie à de nombreuses interprétations : Jésus a pu tout aussi bien appartenir à un milieu modeste d'artisan charpentier<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=[[John Dominic Crossan]] |titre=The Historical Jesus : The Life of a Mediterranean Jewish Peasant |passage=26 |éditeur=Harper Collins |année=1991}}</ref> qu'à une moyenne bourgeoisie d'entrepreneurs qui a profité des grandes voies de communication romaines telle la [[Via Maris]], et des importants chantiers urbains entrepris par [[Hérode Antipas]] dans la région. Dans cette optique, Joseph aurait été un entrepreneur se chargeant, avec ses fils et quelques salariés, de la construction d'édifices entiers<ref>{{Ouvrage |auteur1=[[Pierre-Antoine Bernheim]] |titre=Jacques, frère de Jésus |passage=62 |éditeur=Noêsis |année=1996}}</ref>. 

En plus de leur activité principale, Joseph et ses enfants ont peut-être cultivé également un lopin de terre comme le faisaient, si l'on en croit [[Eusèbe de Césarée]], les petits-enfants de [[Jude (frère de Jésus)|Jude]] (frère de Jésus) qui ont pu hériter de la ferme familiale<ref>{{Ouvrage |auteur1=[[Michel Quesnel]], Philippe Gruson |titre=La Bible et sa culture. Jésus et le Nouveau testament |passage=75 |éditeur=[[Éditions Desclée de Brouwer|Desclée de Brouwer]] |année=2000}}</ref>, ce qui expliquerait les [[Parabole (Nouveau Testament)|paraboles]] de Jésus qui ont le plus souvent trait à l'agriculture (champs, semences, etc.)<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=[[Géza Vermes]] |titre=The Authentic Gospel of Jesus |passage=5 |éditeur=Penguin UK |année=2004}}</ref>.

L'hypothèse d'une jeunesse passée dans une communauté religieuse, peut-être proche des [[esséniens]], est parfois évoquée<ref>G. Mordillat et J. Prieur, ''Jésus aussi est allé au désert'' in ''Jésus illustre et inconnu'', éd. Desclée de Brouwer, 2001, {{référence souhaitée}}</ref> et reste peu probable<ref>« Bien des hypothèses avançant une influence directe de l'essénisme sur Jean-Baptiste (…), Jésus ou Paul de Tarse sont moins que probables et indémontrables », in [[Pierre Geoltrain]], ''Les origines du christianisme : Comment écrire l'histoire'', {{op. cit.}}, {{p.}}VI.</ref>.

=== Langue ===
À l'époque de Jésus, deux grandes [[Langue véhiculaire|langues véhiculaires]] se partageaient le monde gréco-romain, se superposant aux parlers locaux : le [[Koinè (grec)|grec]] sur les pourtours de la Méditerranée, jusqu'à Rome, et l'[[araméen]] en Syrie et en Orient<ref group="n">Même si la région faisait partie de l'administration romaine, le latin y était pratiquement inconnu comme langue administrative.</ref>. Ces deux langues se retrouvaient en Palestine : l'araméen était parlé en Galilée et vraisemblablement dans les campagnes de Judée. Mais le grec avait également pénétré la Judée depuis la côte et ses villes hellénistiques comme [[Césarée]] et les juifs hellénistes de la [[Diaspora]] avaient des synagogues à Jérusalem<ref>Pierre Grelot, ''Quelles langues parlait-on au temps de Jésus'', in ''Aux origines du christianisme'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, {{p.|55–59}}.</ref>. Ainsi le degré d'hellénisation de la Galilée, terre de passage où se croisaient marchands [[phéniciens]] et [[Grèce antique|grecs]], est diversement envisagé selon le degré d'urbanisation qu'y voient les chercheurs<ref>Pierre Debergé, ''La Galilée, une terre païenne ?'', in ''Les premiers temps de l'Église'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2004, {{p.|289–290}}.</ref>. Si on s'accorde pour dire que le grec était la langue de l'administration et de l'élite économique ou culturelle, certains pensent néanmoins que la majorité des Galiléens ne le parlaient pas, voire ne le comprenaient pas<ref>Pierre Debergé, ''La Galilée, une terre païenne ?'', {{op. cit.}}, {{p.}}292.</ref>.

L'[[hébreu]] était quant à lui la langue sacrée des juifs, dans laquelle on lisait les Écritures et chantait les psaumes. Il était peut-être encore vivace dans les familles liées au sacerdoce et les milieux cultivés. Pour ceux qui ne comprenaient plus l'hébreu, un « [[targoum]] » en araméen pouvait accompagner la lecture des Écritures<ref name="Grelot_55">Pierre Grelot, ''Quelles langues parlait-on au temps de Jésus'', {{op. cit.}}, {{p.}}55.</ref>. Si l'on retient une appartenance sacerdotale ou lévite de la famille de Jésus, ce dernier, par son père et par la fréquentation de la synagogue, a pu apprendre l'hébreu{{Sfn|Mattei|2011|p=54}} : des passages de la littérature canonique chrétienne suggèrent qu'il le lisait<ref group="v">{{BFR|Lc|4|16}}</ref> mais aussi, peut-être, l'écrivait<ref group="v">{{BFR|Jn|8|6}}</ref>{{,}}<ref name="a" />.

Ainsi, pour sa part, Jésus s'exprimait-il vraisemblablement dans un dialecte araméen parlé par les paysans de Galilée<ref name="Grelot_55" /> mais pouvait se servir de l'hébreu liturgique dans les discussions avec les scribes<ref>Pierre Grelot, ''Quelles langues parlait-on au temps de Jésus'', {{op. cit.}}, {{p.}}56.</ref>. Pour son usage du grec, il y a débat : certains chercheurs estiment que rien n'indique qu'il parlait cette langue<ref>[[Geza Vermes]] affirme que « dire que Jésus parlait grec relève de la pure imagination » ; Geza Vermes, ''Enquête sur l'identité de Jésus'', éd. Bayard, 2003, {{p.}} 228</ref> dans la mesure où certains de ses disciples semblent avoir dû jouer le rôle d'interprètes<ref group="v"> {{BFR|Jn|12|20-22}}, cité par Pierre Debergé, ''La Galilée, une terre païenne ?'', {{op. cit.}}, {{p.}}293. [[Philippe (apôtre)|Philippe]] étant un surnom grec, ce passage suggère qu'il était hellénisant.</ref> ; cependant un nombre croissant de spécialistes estiment probable qu'il l'utilisait au moins occasionnellement<ref>{{Chapitre |langue=en |prénom1=John E. |nom1=Porter |titre chapitre=Language and Translation of the New Testament |auteurs ouvrage=John W. Rogerson et Judith M. Lieu (éds.) |titre ouvrage=The Oxford Handbook of Biblical Studies |éditeur=Oxford University Press |année=2006 |passage=188}}</ref>.

=== La Galilée ===
[[Fichier:Province de Judée 1er siècle.gif|vignette|gauche|Province romaine de Judée au {{s-|I|er}}.]]

À la différence de la [[Judée]], qui, avec la [[Samarie]] et l'[[Idumée]], constitue une région de rang quasiment [[province romaine|provincial]]{{Sfn|Mimouni|Maraval|5=2007|p=24}}, la [[Galilée (région)|Galilée]] n'est pas directement administrée par les [[Romains]] mais fait partie des possessions<ref>[[Mireille Hadas-Lebel]], ''Rome, la Judée et les Juifs'', Paris, éd. Picard, 2009, {{p.}}69</ref> de l'[[ethnarque]] [[Hérode Antipas]], dont le long règne de quarante-trois ans, qui s'achève en [[39]], recouvre presque toute la vie de Jésus<ref name="Vermes Enquête">Geza Vermes, ''Enquête sur l'identité de Jésus'', éd. Bayard, 2003, {{pp.}} 224-231</ref>. Le territoire bénéficie donc d'une relative autonomie, tant que le tribut est payé aux autorités romaines. Les ressources d'une agriculture florissante y sont complétées par des activités de pêche dans le [[lac de Tibériade]], également appelé « mer de Galilée » ou encore « mer de Génésareth », dont les abords constituent le cadre des prédications de Jésus. Ce territoire est entouré de populations non juives : à l'ouest, la Galilée est bordée par le littoral hellénisé, au nord par la [[Syrie-Phénicie (province romaine)|Phénicie]], à l'est par la [[Décapole (Proche-Orient)|Décapole]] qui s'étend partiellement jusqu'au sud avec la ville de [[Scythopolis]]<ref>Geza Vermes, op. cit. 2003, {{p.}} 225</ref>, et la frontière méridionale de la Galilée jouxte l'inamicale [[Samarie]], ce qui pousse les Galiléens à emprunter le mince couloir judaïsé que constitue la vallée du [[Jourdain]] pour se rendre en pèlerinage à [[Jérusalem]]<ref name="Vermes Enquête" />.

Les Galiléens, réputés belliqueux, chauvins et courageux, y sont souvent moqués pour leur dialecte et leur accent, signe d'importantes différences culturelles avec les Judéens, qui se montrent méprisants à leur égard<ref group="v">Cf. par exemple {{BFR|Jn|7|41-42}}, cité par Geza Vermes, ''op. cit.'', 2003, {{p.}}230.</ref>. Entraînés à la guerre depuis leur enfance<ref>Geza Vermes, ''op. cit.'', 2003, {{p.}}226.</ref>, ils sont réputés pour leur bravoure et le nord montagneux et accidenté constitue un refuge idéal pour les fomentateurs de révoltes, à l'instar des [[zélotes]] ; la province est le théâtre de troubles pendant plus d'un siècle dès la seconde moitié du {{-s-|I|er}}<ref name="Vermes Enquête" />. Certains chercheurs font de la région un foyer du [[Pharisiens|pharisianisme]]<ref name=":2">voir par exemple {{Article |langue=fr |prénom1=Dan |nom1=Jaffé |titre=Entre Jésus et le judaïsme rabbinique |périodique=Pardès |numéro=38 |date=2005 |issn=0295-5652 |doi=10.3917/parde.038.0225 |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-pardes-2005-1-page-225.htm |consulté le=2018-04-10 |pages=225–240}}</ref> mais d'autres situent plutôt ce foyer à Jérusalem<ref>voir par exemple {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Odette |nom1=Mainville |titre=Écrits et milieu du Nouveau Testament |sous-titre=une introduction |passage=39 |éditeur=[[Médiaspaul]] |année=1999 |pages totales=290 |isbn=978-2-89420-177-0 |lire en ligne=https://books.google.be/books?id=tyDD0ZM-0zMC |consulté le=2018-04-10}}</ref>. Il est néanmoins vraisemblable qu'un prédicateur à la réputation messianique originaire de Galilée passe pour un personnage inquiétant à Jérusalem auprès de ceux qui sont soucieux de ménager les bonnes relations avec l'autorité romaine<ref name="Vermes Enquête" />.
{{clr}}

=== Judaïsme de Palestine ===
La Palestine du {{s-|I|er}}<ref>La Palestine, région à la mixité démographique extrême, englobe plusieurs groupes de territoires : à l'ouest du Jourdain, on compte la [[Judée]], au nord de celle-ci la [[Samarie]] et la [[Galilée (région)|Galilée]], au sud l'[[Idumée]], auxquelles il faut ajouter les cités grecques de la côte méditerranéenne. À l'est du Jourdain, on trouve au nord les territoires qui ont constitué un temps la [[tétrarchie]] de [[Philippe le Tétrarque|Philippe]] (la [[Batanée]], la [[Gaulanitide]], la [[Trachonitide]] et l'[[Auranitide]]), plus au sud la [[Galaad (Jordanie)|Galaaditide]], la [[Pérée (Palestine)|Pérée]] et à l'est de celle-ci l'[[Amman|Ammanitide]]. À l'époque de Jésus, les cités grecques de l'est du Jourdain sont en outre organisées en [[Décapole (Proche-Orient)|Décapole]]. En dehors de la Judée, c'est-à-dire la région autour de Jérusalem, les Judéens ne sont pas majoritaires, probablement pas même en Galilée ; cf. {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Simon Claude |nom1=Mimouni |lien auteur1=Simon Claude Mimouni |titre=Le judaïsme ancien du {{s-|IV|e}} avant notre ère au {{s-|III|e}} de notre ère|sous-titre=Des prêtres aux rabbins|passage=29, 213, 415-451 |lieu=Paris |éditeur=[[Presses universitaires de France]] |année=2012 |pages totales=960 |isbn=978-2-13-056396-9 }}</ref> connait une grande effervescence politico-religieuse où se croisent plusieurs courants témoignant d'une « extraordinaire explosion de créativité réformatrice et purificatrice »{{Sfn|Mimouni|Maraval|5=2007|p=33}} dans une société en proie aux bouleversements politiques et sociaux : la région connait à l'époque de nombreuses révoltes religieuses à connotation prophétique voire messianique, que les autorités romaines perçoivent plutôt comme des phénomènes politiques{{Sfn|Mimouni|Maraval|5=2007|p=37}} ; elles n'hésitent d'ailleurs pas à parfois déployer les troupes avec une « insensibilité dévastatrice »<ref name="Goodman 744">Martin Goodman, ''Rome et Jérusalem'', éd. Perrin, 2009, {{p.}} 744</ref>. Néanmoins, la présence du pouvoir romain reste relativement discrète et ne se fait ressentir qu'au moment de la collecte des impôts, de la construction des routes ou à travers la présence de forces de l'ordre cantonnées au [[Hérodion|palais d'Hérode]] ou à la [[Forteresse Antonia|forteresse d'Antonia]]<ref name="Goodman 744" />.

Le judaïsme « n'y est pas tant une religion […] [qu]'un peuple dont la particularité s'exprime par des pratiques et des symboles »<ref>Folker Siegert, « Les judaïsmes au {{s-|I|er}} », in ''Aux origines du christianisme'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, {{p.}}11</ref> mais qui n'a pas d'uniformité dans son expression religieuse et présente diverses tentatives d'actualiser les lois mosaïques et de vivre la Torah<ref>Folker Siegert, ''op. cit.'', 2000, {{p.}}13</ref>. De leur côté, à cette époque, les [[samaritains]] constituent un groupe très distinct du judaïsme{{Sfn|Mimouni|Maraval|5=2007|p=34}}.

Formés probablement depuis l'époque de la [[Révolte des Maccabées]]<ref>Ce point est toujours débattu sans qu'on puisse trancher ; cf. {{Harvsp|Mimouni|Maraval|5=2007|p=34}}</ref> vers le milieu du {{-s|II|e}}, trois courants {{incise|ou « sectes »}}<ref>Selon la traduction du latin {{latin|secta}}, rendant le grec ''{{grec ancien|haeresis}}'' qui donnera le mot français « hérésie » {{incise|qui désigne un parti ou une école philosophique ou religieuse ; cf. {{Harvsp|Mimouni|Maraval|5=2007|p=33}}}}</ref> dominent la vie religieuse au début de [[Ère commune|notre ère]], qui développent au-delà de leurs positions religieuses, des positions politiques : les [[sadducéens]], dont les membres sont généralement issu de l'[[aristocratie]] [[clergé|sacerdotale]], enclins aux compromis avec les puissances dirigeantes pour maintenir leur pouvoir ; les [[Pharisaïsme|pharisiens]], courant nationaliste non violent, piétiste, à connotation [[Eschatologie|eschatologique]]<ref>Folker Siegert, ''op. cit.'', 2000, {{p.}}17</ref>, traversé par de profondes dissensions et dont les membres se recrutent au sein de la [[bourgeoisie]], particulièrement dans les rangs des [[Scribe dans le Proche-Orient ancien|scribes]] ; enfin, les [[esséniens]] — que ne mentionnent pas les écrits néotestamentaires — une forme originale de judaïsme<ref>Probablement issus d'un schisme intervenu au sein du parti sadducéen au milieu du {{-s-|II|e}} ; cf. Folker Siegert, ''op. cit.'', 2000, {{p.}}15</ref> dont les membres vivent en communauté à l'écart de Jérusalem et du Temple, porteurs d'un radicalisme [[Eschatologie|eschatologique]] vécu dans l'ascèse et la pureté rituelle.

En sus de ces trois groupes, un courant plus politique, messianique et d'un nationalisme « exaspéré »<ref>Marcel Simon, « Qui était Flavius Josèphe ? », in ''Aux origines du christianisme'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, {{p.}}31</ref>, proche des pharisiens mais professant un interventionnisme actif contre l'occupation étrangère{{Sfn|Mimouni|Maraval|5=2007|p=37}} et n'admettant d'autre roi que Dieu est décrit par [[Flavius Josèphe]] sous le nom de « [[zélotes]] » comme la « quatrième philosophie »{{Sfn|Mattei|2011|p=33}} du judaïsme<ref>Les contours de ce parti et le moment de son apparition sont l'objet de débats parmi les chercheurs</ref>.

À côté de ces courants, il existe également un parti appelé « [[Généalogie des Hérodiens|hérodien]] » dans le Nouveau testament, composé d'élites {{incise|peut-être sadducéennes}} partisanes de la politique d'hellénisation et de la coopération avec le pouvoir romain<ref>Folker Siegert, ''op. cit.'', 2000, {{p.}}14</ref>. D'une manière générale, il semble que le bas-clergé était plutôt opposé aux Romains à la différence du haut-clergé{{Sfn|Mimouni|Maraval|5=2007|p=34}}.

L'époque connait également l'émergence de courants messianiques<ref>Groupes partageant l'espérance de la restauration d'un Royaume temporel, parfois par le ministère d'un ''messie'' envoyé par Dieu ; cf. {{Harvsp|Mattei|2011|p=28-29}}</ref> et prophétiques, ainsi que, parmi ces derniers, des groupes [[Mouvements baptistes antiques|baptistes]], probablement assez répandus dans les couches populaires à l'écart des villes et dont le prédicateur le plus connu est [[Jean le Baptiste]]{{Sfn|Mimouni|Maraval|5=2007|p=38}}.

=== Vie publique ===
[[Fichier:Meister des Hitda-Evangeliars 003a.jpg|vignette|redresse=0.8|Baptême de Jésus,<br />[[Évangéliaire de Hitda|évangéliaire de l'abbesse Hitda von Meschede]] (vers 1050),<br />Hessische Landesbibliothek, [[Darmstadt]].]]

La durée du ministère de Jésus<ref>{{Ouvrage |langue=en |prénom1=Craig L. |nom1=Blomberg |titre=Jesus and the Gospels |sous-titre=An Introduction and Survey |passage=224 |éditeur=B&H Publishing Group |année=2009 |pages totales=500 |isbn=978-0-8054-4482-7 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=U5rIPC1UgsgC&printsec=frontcover}}</ref> n'est pas précisément évoquée dans le Nouveau Testament mais celui-ci explique qu'il a débuté alors que Jésus avait « environ trente ans »<ref>{{Chapitre |auteur1=Jozef Naumowicz |titre chapitre=La date de naissance du Christ d'après Denys le Petit et les auteurs chrétiens antérieurs |auteurs ouvrage=Maurice F. Wiles, Edward Yarnold et Paul M. Parvis |titre ouvrage=Studia Patristica |volume=XXXIV |éditeur=Peeters Publishers |date=2001 |isbn=9789042909229 |passage=292}}</ref>{{,}}{{note|group="n"|[[Irénée de Lyon]], se basant sur un verset johannique ({{BFR|Jn|8|57}}) a pu considérer que c'est plus près de l'âge de cinquante ans que le ministère a débuté, âge canonique que Jésus n'aurait pas franchi dans une interprétation qui résiste difficilement à l'analyse philologique <ref>{{Article|auteur1=|prénom1=Édouard|nom1=Delebecque|titre=Jésus contemporain d'Abraham selon Jean 8, 57|périodique=Revue Biblique|volume=93|numéro=1|date=1986|lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/44088795|consulté le=2018-04-15|pages=85–92}} ; {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Harold W. |nom1=Hoehner |titre=Chronological Aspects of the Life of Christ |passage=43,46 |éditeur=[[Zondervan]] |année=2010 |pages totales=180 |isbn=978-0-310-87710-3 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=fS28b9GC1dcC&printsec=frontcover}}.</ref>. Cette approche d'un Jésus proche de cinquante ans, défendue par l'exégète Georges Ogg dans les années 1940, n'est plus retenue ; cf. John B. Cobb, ''Thomas pris de doute'', Van Dieren ed., 1998 qui fait un tableau des nouvelles réceptions de Jésus, y compris les réceptions ethno-théologiques.}}. Les traditions chrétiennes primitives se partagent à ce sujet généralement entre un ministère d'environ un an à environ trois ans<ref group="n">Des durées plus importantes sont parfois avancées : un manuscrit tardif parle d'un ministère s'étendant de 46 à 58 ; cf. {{Ouvrage |prénom1=George |nom1=Ogg |titre=The Chronology of the Public Ministry of Jesus |passage=94 |éditeur=[[Cambridge University Press]] |année=1940}}</ref>, déduites du nombre de montées à Jérusalem pour la Pâque : une seule pour les synoptiques mais trois pour Jean{{Sfn|Mattei|2011|p=64}}. La recherche contemporaine s'accorde, avec des nuances, sur un ministère compris entre un et quatre ans<ref name="geoltrain">voir : [[Pierre Geoltrain]], « Les origines du christianisme : comment en écrire l'histoire », in ''Aux origines du christianisme'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, {{p.}}XVII, [[Michel Quesnel]], « Jésus et le Témoignage des évangiles », in ''Aux origines du christianisme'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, {{p.}}205, {{en}} Charles B. Puskas et C. Michael Robbins, ''An Introduction to the New Testament'', Wipf and Stock Publishers, 2011, {{p.|163-164}} ; pour une revue des différentes approches, voir {{en}} Harold W. Hoehner, ''Chronological Aspects of the Life of Christ'', Zondervan, 1977, {{p.|45-60}}</ref>, avec un consensus significatif envisageant une période de deux à trois ans<ref>voir : (en) Charles B. Puskas et C. Michael Robbins, ''An Introduction to the New Testament'', Wipf and Stock Publishers, 2011, {{p.|163}} ;(en) Craig L. Blomberg, Jesus and the Gospels: An Introduction and Survey, B&H Publishing Group, 2009, {{p.|224}} ou encore {{Harvsp|Mattei|2011|p=64}}</ref>.

Les lieux cités dans les évangiles situent son action de part et d'autre du [[lac de Tibériade]], principalement en [[Galilée (région)|Galilée]] (dont il est ressortissant) et dans la [[Décapole (Proche-Orient)|Décapole]], avec quelques passages en [[Syrie-Phénicie (province romaine)|Phénicie]] ([[Tyr]] et [[Sidon]]) et en [[Trachonitide]] ([[Césarée de Philippe]]). Il semble qu'il soit à cette époque considéré comme un habitant de [[Capharnaüm]]<ref group="v">{{BFR|Mt|4|13}}</ref>. Il se rend également en [[Judée]], généralement pour aller à [[Jérusalem]] à l'occasion de fêtes juives ; mais on peut noter un séjour plus prolongé en Judée au début de sa vie publique, alors qu'il était considéré comme un disciple de Jean le Baptiste<ref group="v">{{BFR|Jn|3|22}}, {{BFR|Jn|4|1-3}}</ref>.

Les pays à population juive de l'époque étaient la Galilée et la Judée, séparées par la [[Samarie]] dont les habitants étaient considérés comme non-juifs. Jésus est perçu comme un étranger en Judée : l'accent des Galiléens les fait reconnaître<ref group="v">{{BFR|Mt|26|73}}</ref>, et il y suscite une franche hostilité<ref name="BFR|Jn|7:1" group="v">{{BFR|Jn|7|1}}</ref> de la part des Judéens (parfois désignés par le terme « juifs »<ref>Les deux termes ne sont pas différenciés. Voir en latin [http://www.perseus.tufts.edu/cgi-bin/ptext?doc=Perseus%3Atext%3A1999.04.0059%3Aentry%3D%2325277 Charlton T. Lewis, Charles Short, A Latin Dictionary] ; et [https://books.google.fr/books?id=bbMGAAAAQAAJ&printsec=titlepage#PPA355,M1 Edward Robinson] pour le grec.</ref> alors que les Galiléens sont également des pratiquants de la Loi de Moïse<ref>Au {{s-|I|er}}, le terme désignait l'ensemble d'Israël mais les Évangiles, en langue grecque, usent du même terme {{incise|''ioudaïos''}} pour désigner spécifiquement les juifs originaires de Judée, particulièrement de Jérusalem, les « judéens » dans les rangs desquels Jésus comptait de nombreux opposants. Ce problème d'approximation dans la traduction pose question jusqu'à demander s'il n'est pas à l'origine du jugement globalement hostile du christianisme pendant de nombreux siècles à l'égard des Juifs en général. Cf. J. Ratzinger, préface de ''Le peuple juif et ses saintes écritures dans la Bible chrétienne'', éd. Cerf, 2001, cité par Gérard Israël, ''Jésus au regard de son peuple'', in ''Le Point'', Hors-série {{N°|1}}, décembre 2009, {{p.}}61.</ref>).

La chronologie de cette période de vie publique est extrêmement confuse : les évangiles synoptiques présentent les épisodes parallèles dans des ordres parfois différents, et ils n'ont pas la même chronologie que celui de Jean, ce qui interdit évidemment d'interpréter le déroulement de l'un ou l'autre des récits comme celui d'une logique purement temporelle. On considère néanmoins que c'est le [[baptême]] de Jésus par [[Jean le Baptiste]] qui marque l'ouverture de son activité publique.

==== Jean le Baptiste ====
{{Article détaillé|Jean le Baptiste}}
[[Fichier:Jordan River.jpg|vignette|160px|gauche|redresse|Le Jourdain et ses rives, de nos jours.]]

Vers 30 ans, Jésus rejoint [[Jean le Baptiste]], un prédicateur populaire des milieux [[Mouvements baptistes antiques|baptistes]]<ref>Le baptême par Jean, dans le monde complexe des baptistes du {{s-|I|er}}, est peut-être original ; son lien avec les « [[sabéens]] » {{incise|ou « mandéens »}} est interrogé par les historiens, cf. Claude Tassin, « Jean-Baptiste et les baptistes », in ''Aux origines du christianisme'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, {{p.|177–178}}.</ref> qui dénonce la pratique formaliste des milieux sacerdotaux dont il est peut-être lui-même issu<ref group="n">Jean le Baptiste est le fils d'une famille sacerdotale de Jérusalem, où son père [[Zacharie (père de Jean le Baptiste)|Zacharie]] est grand-prêtre, avec laquelle il semble avoir rompu ; cf [[Émile Puech]], « Jean-Baptiste était-il essénien ? », in ''Aux origines du christianisme'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, {{p.}}172 ; {{Harvsp|Baslez|2017|p=83}}</ref>. Jean prêche en se déplaçant dans le désert de Judée, sur les bords du [[Jourdain]], et le Nouveau Testament l'identifie à un « nouvel [[Élie]] »<ref group="n">Sa tenue évoque les prophètes et évoque les vêtements d'Élie et il ne fait pas de doute que Jésus l'identifie au prophète qui devait « tout remettre en ordre » et préparer l'avènement de Dieu, cf. Simon Legasse, « Jean-Baptiste et Jésus dans les évangiles », in ''Aux origines du christianisme'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, {{p.|184, 189}}.</ref>.

Jésus reçoit le [[baptême]] que Jean administre pour le pardon des péchés à ceux qui reçoivent son message favorablement, en une immersion dans l'eau vive qui prépare au règne messianique et à l'imminence du Jugement divin<ref name="EP171">[[Émile Puech]], « Jean-Baptiste était-il essénien ? », in ''Aux origines du christianisme'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, {{p.|171–174}}.</ref>. Cette pratique diffère fondamentalement de celles des [[esséniens]], tant dans son aspect rituel que dans la doctrine qui la sous-tend : celle-ci, que l'on peut définir comme une idéologie propre, « n'occupe aucune place dans les manuscrits de Qumrân »<ref name=EP171/>.

Il est ainsi possible que Jésus ait été transitoirement le disciple du Baptiste quand, au tout début de sa vie publique, on le voit simplement « annoncer le Royaume de Dieu » comme le faisait Jean, qu'il a pu reconnaitre comme « maître » pendant un temps<ref>{{Chapitre|prénom1=Gerd|nom1=Theissen|lien auteur1=Gerd Theissen|titre chapitre=Jésus et Jean Baptiste – rupture ou continuité ?|auteurs ouvrage=Andreas Dettwiller (éd.)|titre ouvrage=Jésus de Nazareth|sous-titre ouvrage=Études contemporaines|lieu=Genève|éditeur=Labor et Fides|année=2017|isbn=978-2-8309-1642-3|passage=80}}</ref>. Si c'est bien aux côtés de Jean que Jésus mûrit sa mission, il apparaît des divergences{{Sfn|Mattei|2011|p=73}}, voire des tensions<ref group="v">{{BFR|Mt|11|2-20}} cité par Claude Tassin, « Jean-Baptiste et les baptistes », in ''Aux origines du christianisme'', éd. Gallimard/LeMonde de la Bible, 2000, {{p.}}181.</ref>, entre Jésus et Jean-Baptiste, notamment quant à leurs conceptions respectives du règne de Dieu<ref>Claude Tassin, « Jean-Baptiste et les baptistes », {{op. cit.}}, {{p.|177–182}}.</ref>, ce qui n'empêche pas le premier de conserver son aîné en haute estime<ref>{{Chapitre|prénom1=Gerd|nom1=Theissen|lien auteur1=Gerd Theissen|titre chapitre=Jésus et Jean Baptiste – rupture ou continuité ?|auteurs ouvrage=Andreas Dettwiller (éd.)|titre ouvrage=Jésus de Nazareth|sous-titre ouvrage=Études contemporaines|lieu=Genève|éditeur=Labor et Fides|année=2017|isbn=978-2-8309-1642-3|passage=82}}</ref>. Par ailleurs, bien que Jésus lui-même ne semble pas avoir baptisé<ref>{{Chapitre|prénom1=Gerd|nom1=Theissen|lien auteur1=Gerd Theissen|titre chapitre=Jésus et Jean Baptiste – rupture ou continuité ?|auteurs ouvrage=Andreas Dettwiller (éd.)|titre ouvrage=Jésus de Nazareth|sous-titre ouvrage=Études contemporaines|lieu=Genève|éditeur=Labor et Fides|année=2017|isbn=978-2-8309-1642-3|passage=72}}</ref>, la communauté chrétienne, qui envisage le Baptiste comme un précurseur, conserva le [[rite de passage|rite initiatique]] du [[baptême]] dans sa forme, mais non point son sens<ref group="v">{{BFR|Gal|3|27-29}} cité par Claude Tassin, « Jean-Baptiste et les baptistes », {{op. cit.}}, {{p.}}179.</ref>.

À la différence de Jean, Jésus va prodiguer son enseignement dans les contrées habitées<ref>{{Chapitre|prénom1=Gerd|nom1=Theissen|lien auteur1=Gerd Theissen|titre chapitre=Jésus et Jean Baptiste – rupture ou continuité ?|auteurs ouvrage=Andreas Dettwiller (éd.)|titre ouvrage=Jésus de Nazareth|sous-titre ouvrage=Études contemporaines|lieu=Genève|éditeur=Labor et Fides|année=2017|isbn=978-2-8309-1642-3|passage=74}}</ref>. Il s'entoure de [[disciple]]s dont la tradition veut qu'ils aient été douze<ref group="n">Les évangiles s'accordent sur le nombre ({{BFR|Mt|10|1-4}}, {{BFR|Mc|3|13-19}} {{BFR|Lc|6|12-16}} et {{BFR|Jn|6|67-71}}) mais ne rapportent pas les mêmes listes de noms, qui diffèrent sur des détails.</ref>, dont les premiers sont peut-être recrutés dans les milieux baptistes<ref>Simon Legasse, ''Jean-Baptiste et Jésus dans les évangiles'', {{op. cit.}}, {{p.}}183.</ref>.  On utilise également le nom d’« [[apôtre]]s »<ref group="n">On trouve le mot « apôtres » dans selon Luc ({{BFR|Lc|6|13}}) mais le seul passage des évangiles où on parle explicitement des « Douze apôtres » est dans selon Matthieu {{BFR|Mt|10|2}}</ref> pour les désigner. Ce groupe de « douze » disciples choisis par Jésus est sans doute une création relativement tardive, comme le montre l'existence d'apôtres extérieurs à ce noyau<ref name="Baslez p21">[[Marie-Françoise Baslez]], ''Les premiers temps de l'Église, identités chrétiennes'', in ''Les premiers temps de l'Église'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2004, {{p.}}21.</ref>. On parle généralement à leur sujet de « Groupe des Douze » ; le nombre 12 est en effet essentiel pour comprendre le rôle de ces disciples constituant autour de Jésus un cercle restreint à la forte signification symbolique : il figure la reconstitution de l'Israël biblique<ref group="n">cf.{{BFR|Mc||7-13}} et parallèles ; Albert I. Baumgarten, « Jésus de Nazareth », in Jean-Robert Armogathe (dir.) ''Histoire générale du christianisme'', vol I, éd. Quadrige/PUF, 2010, {{p.|28}}</ref>. Si leurs noms varient de livre en livre<ref name="Baslez p21" />, les disciples montrent pourtant une triple référence hébraïque<ref group="n">''Jacques et Jean, fils de Zédédée'', ''Matthieu'', ''Judas''… sont des patronymes sémitiques classiques</ref>, araméenne<ref>''Barthélemy'' (''Bar Tholomaios'') est un patronyme araméen (du moins dans son préfixe de filiation ''Bar''), cité par Pierre Debergé</ref> et grecque<ref>''[[André (apôtre)|André]]'', ''[[Philippe (apôtre)|Philippe]]'', ''[[Thomas (apôtre)|Didyme]]'' attestent de l'ouverture de la Galilée sur l'hellénisme, cités par Marie-Françoise Baslez</ref>, au cœur de la vie des Galiléens<ref>Pierre Debergé, ''La Galilée, une terre grecque païenne ? '', in ''Les Premiers Temps de l'Église'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2004, {{p.}}292.</ref>. L'un de ces disciples, [[Pierre (apôtre)|Simon]] dit Pierre ou Kepha, reçoit une importance plus particulière au sein du groupe tandis que [[Judas Iscariote|Judas]], auquel est attribuée la « trahison » de Jésus auprès des autorités, a une responsabilité attestée de « trésorier » de ce groupe.
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==== Le thaumaturge et les miracles ====
{{Article détaillé|Miracles dans le Nouveau Testament}}
[[Fichier:Bartholomeus Breenbergh 003.JPG|vignette|droite|''Jésus-Christ soignant un sourd à Décapole'', par [[Bartholomeus Breenbergh]], 1635,<br /> Louvre, Paris.]]

Jésus se fait connaître localement, dans un premier temps comme [[guérisseur]] [[Thaumaturgie|thaumaturge]]. Dans l'exercice de cette activité, sur laquelle il fonde la légitimité de son enseignement<ref name="Gérard Israël 12/2008">Gérard Israël, ''Jésus au regard de son peuple'', in ''Le Point'', Hors-série {{N°|1}}, décembre 2009, {{p.|60–61}}.</ref> et qui attirait les foules autour de lui<ref name="Marguerat miracles">Daniel Marguerat, ''Jésus guérisseur et faiseur de miracles'', in ''Le Point'', Hors-série {{N°|1}}, décembre 2008, {{p.|34–35}}.</ref>, on peut noter des modes opératoires variés, en comparant par exemple la guérison en trois étapes de l'[[aveugle de Bethsaïde]], et celle {{incise|à distance et d'une seule parole}} de Bar Timée à Jéricho<ref group="v">({{BFR|Mc|8|22-26}}) puis ({{BFR|Mc|10|46-53}})</ref>, ou bien celle qui s'effectue par une prière intense et le jeûne, dans le cas d'un démon particulièrement rétif<ref group="v">({{BFR|Mc|9|14-29}})</ref>.

Ces pratiques thérapeutiques, dont le fondement est d'ordre religieux puisque les maladies étaient alors perçues comme la sanction divine des péchés, étaient répandues dans le monde gréco-romain<ref>Cf. [[Apollonios de Tyane]] in [[Philostrate l'Athénien|Philostrate]], ''Vie d'Apollios de Tyane'', ch IV, 45, cité par D. Marguerat, ''Jésus guérisseur…'', {{op. cit.}}</ref> et parmi les rabbi juifs<ref>Comme les rabbis du {{s-|I|er}} [[Honi haMe'aguel]] ou [[Hanina ben Dossa]]; cf [[Talmud de Babylone]], traité Berakhot, 34b. cité par D. Marguerat, ''Jésus guérisseur…'', {{op. cit.}}</ref> dont Jésus reproduit parfois des gestes thérapeutiques connus<ref group="v">Cf. {{BFR|Mc|7|33}} cité par D. Marguerat, ''Jésus guérisseur…'', {{op. cit.}}</ref>. La pratique de Jésus se distingue néanmoins par le nombre de miracles rapportés et dans le refus par leur auteur de se les voir attribués : Jésus se présente comme le « vecteur » de Dieu, en opérant dans le présent les guérisons espérées dans le cadre [[eschatologie|eschatologique]] juif<ref name="Marguerat miracles" />. Outre les miracles thérapeutiques, Jésus pratique également des [[exorcisme]]s, des [[Miracle|prodiges]], des sauvetages ou des miracles illustratifs de son interprétation de la Loi juive<ref name="Marguerat miracles" />.

Les évangiles insistent souvent plus sur la confiance des bénéficiaires de miracles qu'ils ne s'attardent sur le détail des manipulations<ref>Michel Quesnel, ''Jésus et le témoignage des Évangiles'', {{op. cit.}}, {{p.|204–205}}.</ref>. Jésus présente les [[miracles]] comme une anticipation de l'accès au bonheur éternel auquel a droit chaque humain, y compris les plus pauvres. L'évangile selon Marc rapporte que c'est ce pouvoir d'opérer guérisons et prodiges qui aurait été transmis à ses disciples<ref group="v">{{BFR|Mc|16|17-18}}, cité par Gérard Israël, ''Jésus au regard de son peuple'', {{op. cit.}}</ref>, plutôt que la capacité de communication avec la divinité<ref name="Gérard Israël 12/2008"/>.

Les textes révèlent à cet égard un comportement général de Jésus fait de bienveillance, tourné vers les gens, particulièrement ceux plongés dans une situation personnelle ou sociale méprisée et difficile : les femmes, plus particulièrement les veuves ; les malades, les lépreux, les étrangers, les pécheurs publics ou les collecteurs de l'impôt romains<ref>Michel Quesnel, ''Jésus et le témoignage des Évangiles'', {{op. cit.}}, {{p.}}204.</ref>. Cette façon d'être, associée à une dénonciation de l'hypocrisie et de toute forme de mensonge, lui attirera inévitablement nombre d'admirateurs en provoquant simultanément de l'hostilité.

==== Son enseignement ====
Sur le plan de la [[morale]], l'enseignement de Jésus est centré sur les notions d'[[amour du prochain]] et de [[pardon]], que l'Homme doit observer pour se conformer aux commandements de Dieu. Cet enseignement est exprimé de manière synthétique dans les [[Béatitudes]], et plus développé dans le [[Sermon sur la montagne]] d'où elles sont tirées. Ces principes sont déjà présents dans la religion juive, mais Jésus leur accorde un rôle central, et privilégie une interprétation spirituelle de la [[Loi mosaïque]] au détriment d'une interprétation littérale et formaliste qu'il dénonce.

[[Fichier:Bloch-SermonOnTheMount.jpg|vignette|upright|220px|''[[Sermon sur la montagne]]'', [[Carl Heinrich Bloch]], 1877,<br />Museum of Natural History, [[Copenhague]].]]
Le message de Jésus semble prolonger celui de Jean-Baptiste en s'inscrivant dans la fièvre apocalyptique du monde juif au {{s-|I|er}} tandis que certains exégètes préfèrent voir Jésus comme un maître de sagesse populaire, la dimension apocalyptique relevant d'une lecture postérieure<ref>Hans Conzelmann et Andreas Lindemann, ''Guide pour l'étude du Nouveau Testament'', Le Monde de la Bible {{N°|39}}, Éditions Labor et Fidès</ref>, sous l'éclairage de la foi chrétienne. Ce message, original et varié, entre néanmoins difficilement dans les catégories socioreligieuses préalablement établies<ref>Michel Quesnel, ''Jésus et le témoignage des Évangiles'', {{op. cit.}}, {{p.}}203.</ref>. On peut cependant souligner plusieurs points de rupture avec Jean le Baptiste : Jésus n'est a priori pas un [[ascète]]<ref>voir par exemple {{Chapitre|prénom1=Robert L.|nom1=Webb|titre chapitre=John the Baptist and His Relationship to Jesus|auteurs ouvrage=Bruce D. Chilton et Craig A. Evans (éds.)|titre ouvrage=Studying the Historical Jesus|lieu=Leiden|éditeur=Brills|collection=New Testament Tools, Studies and Documents|numéro dans collection=19|année=1994|isbn=978-90-04-09982-1|passage=116-227}}, {{Chapitre|prénom1=Gerd|nom1=Theissen|lien auteur1=Gerd Theissen|titre chapitre=Jésus et Jean Baptiste – rupture ou continuité ?|auteurs ouvrage=Andreas Dettwiller (éd.)|titre ouvrage=Jésus de Nazareth|sous-titre ouvrage=Études contemporaines|lieu=Genève|éditeur=Labor et Fides|année=2017|isbn=978-2-8309-1642-3|passage=73-74}} ; ''a contrario'', pour un Jésus ascète voir {{Article|prénom1=Simon J.|nom1=Joseph|titre=The Ascetic Jesus|périodique=Journal for the Study of the Historical Jesus|numéro=8|éditeur=Brill|date=2010|doi=10.1163/174551910X504891|pages=146–181}}.</ref>, il présente un Dieu de grâce, de jugement et de l'amour sans limite<ref group="v">{{BFR|Mt|5|43-48}}, cité par Daniel Marguerat</ref> qui inverse l'exhortation de Jean à la conversion immédiate sur fond de colère divine<ref group="v">{{BFR|Lc|3|7-14}}, cité par Daniel Marguerat</ref> : ce n'est plus celle-ci qui domine chez Jésus mais l'avènement par le Jugement dernier d'un « salut joyeux » prodigué par un Dieu de pardon{{Sfn|Marguerat|2019|p=96}}. Enfin, Jésus est celui « par qui le jour vient » quand Jean « annonçait l'aube »<ref>Daniel Marguerat, ''Le projet de Jésus, une énigme non résolue ?'', in ''Dossiers d'archéologie'', {{N°|249}}, décembre 1999, {{p.}}60.</ref>.

C'est l'annonce du « [[Royaume de Dieu]] » qui constitue le cœur de sa prédication en des termes qui, s'ils reprennent l’attente des Juifs qui espèrent la venue d’un [[Messie]] qui restaurera l’indépendance d’Israël, déplacent cet espoir : le Royaume de Dieu selon Jésus inaugure le nouveau rapport avec Dieu qui se prépare à intervenir dans le monde pour le gouverner directement<ref>Régis Burnet, ''Qui est Jésus ?'', in ''Religions et Histoire'', {{N°|13}},05/03/2007, {{p.|82–89}}.</ref>.

Sa doctrine paraît d'emblée sûre et originale<ref>Christian Grappe, « Prolongement et subversion de la pensée du Temple » in Christophe Batsch, Madalina Vartejanu-Joubert (dirs.) ''Manières de penser dans l'antiquité méditerranéenne et orientale'', éd. Brill, 2009, {{p.|173}}. L'originalité de la doctrine est une question néanmoins discutée. Pour une vulgarisation, voir Mireille Hadas-Lebel ''Hillel, un sage au temps de Jésus'', éd. Albin Michel, 1999 ; et pour un approfondissement, voir [[Pierre Lenhardt]] et Matthieu Collin, ''La Torah orale des Pharisiens. Textes de la Tradition d'Israël'', supplément au ''Cahiers évangiles'' {{N°|73}}, 116 pages, 1990, et Dominique de la Maisonneuve, ''Paraboles rabbiniques'', supplément au ''Cahiers Évangiles'', {{N°|50}}, 64 pages, 1984.</ref>. Son enseignement est essentiellement connu à travers les [[Évangile|Évangiles]], qui en font le récit, et les commentaires qui en seront faits dans le reste du [[Nouveau Testament]]. Son enseignement et son action montrent une très bonne connaissance des textes religieux et de la loi juive<ref group="n">Les rédacteurs des évangiles lui donnent une connaissance des textes religieux dans les nombreuses polémiques qui émaillent les évangiles, notamment avec les [[pharisiens]], et dont il se sort avec virtuosité, toute… pharisienne, comme le montre la discussion sur le respect du [[shabbat]] quand une vache tombe dans le puits. La structure rhétorique est celle mise au point par les pharisiens au point que certains auteurs récents (eg [[Hyam Maccoby]] ''Jesus the pharisee'' (2003) et [[James DG Dunn]] ''Jesus, Paul and the Law: Studies in Mark and Galatians'', John Knox Press 1990) en font un pharisien. Les récits concluent que ses adversaires n'osent plus l'affronter (cf. {{BFR|Mt|22|46}}, {{BFR|Mc|12|34}}, {{BFR|Lc|20|40}})</ref>. La proximité, l'adhésion voire le rejet de Jésus vis-à-vis du [[Pharisiens|pharisianisme]] sont d'ailleurs toujours l'objet de débats au sein de la recherche{{Note|texte=[[Dan Jaffé]], par exemple propose « un Jésus souvent considéré par ses propres disciples comme un Rabbi (Mc 9, 5 ; 11, 21 ; 14, 45 entre autres) […], comme un maître juif, de surcroît pharisien », cf. {{Article |langue=fr |prénom1=Dan |nom1=Jaffé |titre=Entre Jésus et le judaïsme rabbinique |périodique=Pardès |numéro=38 |date=2005 |issn=0295-5652 |doi=10.3917/parde.038.0225 |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-pardes-2005-1-page-225.htm |consulté le=2018-04-10 |pages=225–240}} ; tandis que [[Simon-Claude Mimouni]] explique que « le Jésus réel n’a sans doute jamais été proche des positions pharisiennes de son temps comme le montrent certaines controverses qu’il a eues avec eux (voir par exemple Mt 15, 1-9 // Mc 7, 1-13), qu’elles soient de son temps ou de celui des évangélistes. », cf. {{Article |langue=fr |prénom1=Simon Claude |nom1=Mimouni |titre=Jésus et l'histoire. À propos des travaux de John P. Meier, Jesus and history. About John P. Meier’s work |périodique=Recherches de Science Religieuse |volume=99 |numéro=4 |date=2011 |issn=0034-1258 |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-recherches-de-science-religieuse-2011-4-page-529.htm |consulté le=2018-04-10 |pages=529–550}}}}.

Il utilise deux méthodes typiques des [[Tannaïtes|docteurs de la Loi]], ses contemporains : le commentaire des textes canoniques et l'usage de ''meshalim'' ou « [[Parabole (rhétorique)|Paraboles]] »<ref>[[Schalom Ben Chorim]], ''Mon frère Jésus''. Seuil, 1983</ref> dont il fait le ressort privilégié de sa pédagogie. Par cet usage de la parabole, Jésus laisse souvent l'auditeur libre de ses réactions, en ne le prenant pas de front.

Mais il n'en pratique pas moins un enseignement d'autorité<ref>Cette « autorité », notamment au sujet de la Torah, semble s'inscrire dans une tradition prophétique plutôt que celle des interprètes de la loi, cf. Pierre Geoltrain, ''Les origines du Christianisme : comment en écrire l'histoire'', {{op. cit.}}, {{p.}}XXIV.</ref> qui tranche avec les enseignements des [[scribe dans le Proche-Orient ancien|scribes]]<ref>Christian Grappe, « Prolongement et subversion de la pensée du Temple » in Christophe Batsch, Madalina Vartejanu-Joubert (dirs.) ''Manières de penser dans l'antiquité méditerranéenne et orientale'', éd. Brill, 2009, {{p.|173}}</ref>, qui se réclament toujours, quant à eux, de l'autorité d'une source<ref group="n">[[Étienne Nodet]] o.p. signale que la structure du groupe « Jésus + disciples » correspond à la structure « Maître + disciples » que pratiquaient seuls les maîtres pharisiens. Dans [[Étienne Nodet]] o.p. et [[Marie Françoise Baslez]] ''La crise maccabéenne : Historiographie juive et traditions bibliques'', CERF, recension et interview de Nodet dans « Le Monde de la Bible, {{N°|168}} »</ref>. Jésus est néanmoins respectueux de la [[Loi mosaïque|Loi de Moïse]]<ref group="n">Même s'il peut l'interpréter différemment : voir l'épisode repris dans {{BFR|Jn|7|21-24}})</ref> et, si la proximité de Jésus avec les pécheurs ou des épisodes comme son affirmation que les besoins de l'homme prévalent sur la prescription du sabbat<ref group="v">« Le sabbat a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le sabbat » ({{BFR|Mc|2|23-28}})</ref> ont pu choquer les pieux de son temps, « on ne peut pas dire que Jésus ait violé les lois de pureté chères aux pharisiens »<ref>Gérard Rochais, ''Jésus et les courants religieux de son époque'', in « Jésus au regard de l'Histoire », {{op. cit.}}, {{p.|33–34}}.</ref>, au contraire de ses disciples qu'il ne condamne pourtant pas.

Son action suscite des réactions fortes et contrastées. On trouve à la fois des témoignages sur de grandes foules qui le suivent et le cherchent, montrant un indéniable succès populaire, et d'autres le montrant vivant dans une quasi-clandestinité au milieu de populations hostiles. En effet, Jésus a pu être l'un de ces révoltés si fréquents à son époque, un prophète juif charismatique dont le message eschatologique, sapiential ou de réforme sociale a eu une portée politique sur le monde ambiant dominé par les Romains et leurs collaborateurs judéens<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Richard A. Horsley |titre=Jesus and the Spiral of Violence: Popular Jewish Resistance in Roman Palestine |passage=7 |éditeur=Fortress Press |année=1993}}</ref>.

=== Arrestation, procès et exécution ===
Bien que ce soit là le cœur de chacun des quatre [[Évangile]]s, il est assez difficile de mettre ceux-ci d'accord sur les récits de la « [[Passion du Christ|Passion]] », c'est-à-dire son procès et son exécution par [[crucifiement|crucifixion]]. Leur récit est bâti dans une optique d’« accomplissement des Écritures » plutôt que de reportage sur les événements<ref>[[Étienne Nodet]] [[Ordre des Prêcheurs|o.p.]], ''Le fils de Dieu, Procès de Jésus et Évangiles'', éd. Cerf, 2003</ref>. Pour les historiens, la reconstruction de ces événements est ainsi {{Citation|périlleuse, tant les récits sont surchargés d’interprétations confessantes du fait de leur composition et de leur utilisation pour et dans la liturgie des premières communautés chrétiennes}}{{Sfn|Mimouni|Maraval|5=2007|p=115}}. En effet, l'abondance des mentions géographiques ou topologiques présentes dans les [[Passion du Christ#Les récits de la Passion|récits de la Passion]] ont une visée liturgique, notamment dans le but d’accompagner une célébration ou un pèlerinage des premiers disciples sur les lieux du martyre<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=[[Étienne Trocmé]] |titre=The Passion as liturgy : a study in the origin of the Passion narratives in the four Gospels |passage=51 |éditeur=SCM Press |année=1983}}.</ref>.

==== Arrestation ====
{{article détaillé|Arrestation de Jésus}}
Jésus est arrêté alors qu'il séjournait à [[Jérusalem]] pour célébrer la fête de ''[[Pessa'h]]'' (la Pâque juive). Ce dernier séjour à Jérusalem se déroule dans une ambiance clandestine<ref group="v">{{BFR|Mc|14|13-15}}</ref>, où les disciples échangent des mots de passe et des signes de reconnaissance pour préparer le repas dans un endroit caché. Le contraste avec l'ambiance enthousiaste de l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem (célébrée le [[dimanche des Rameaux]]) est flagrant, ce qui suggère que ces deux montées à Jérusalem n'ont pas eu lieu la même année. Il est possible que cette clandestinité soit due à la crainte de l'intervention de la garnison romaine. En effet, la ville de Jérusalem compte à cette époque {{Unité|30000|habitants}} mais attire plus de {{Unité|100000|pèlerins}} au moment de la Pâque. Craignant les troubles provoqués par cet afflux, les autorités romaines auraient pu vouloir noyer dans l'œuf l'éventuelle agitation suscitée par l'arrivée de Jésus et de ses partisans Galiléens, réputés prompts à la bagarre, ainsi que de la radicalisation du groupe des [[hellénistes]]<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=[[Joachim Jeremias]] |titre=Jerusalem in the Times of Jesus: An Investigation into Economic and Social Conditions During the New Testament Period |passage=121 |éditeur=Fortress Press |année=1969}}.</ref>.

L'étude des évangiles ne permet pas une lecture très claire des causes et de l'historique de ce retournement d'opinion. On trouve la trace dans les évangiles de l'attente messianique d'une partie de la population, qui attendait un [[Messie]] politique, libérateur du joug des Romains. Cette attente se retrouve dans le qualificatif donné à Simon le [[Zélotes|zélote]] et à Judas l'Iscariote<ref group="n">Les apôtres sont nommés dans {{BFR|Mt|10|2-5}}, {{BFR|Mc|3|13-19}}, {{BFR|Lc|6|12-16}}. « Iscariote » vient du latin {{latin|[[sica]]}} qui donne « [[sicaire]] ». La présence d'un Zélote et d'un sicaire parmi les proches de Jésus a nourri un débat chez les exégètes sur la proximité de ce courant révolutionnaire avec les idées de Jésus mais cette approche est désormais frappée d'obsolescence ; voir « Jésus et les Zélotes » S.G.F. Brandon, 1967 et [[John Paul Meier]], '' Un certain juif : Jésus. Les données de l'histoire'', vol. III</ref> et dans l'activité de [[Prétendants juifs à la messianité|prédicateurs et révoltés juifs prétendant à la messianité]] à cette époque, tels [[Judas le Galiléen]], {{Lien|langue=en|trad=Athronges|fr=Athrongès}}, [[Theudas]] ou [[Jean de Gischala]]<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Richard A. Horsley |auteur2=John S. Hanson |titre=Bandits, prophets, and messiahs |sous-titre=popular movements in the time of Jesus |éditeur=Winston Press |année=1985 |pages totales=271}}</ref>. Jésus a pu décevoir cette attente en refusant l'action sur le terrain politique<ref group="n">L'épisode du lavement des pieds ({{BFR|Jn|13|3-17}}) montre Jésus accomplissant un acte de servitude absolue, qu'il n'est possible d'exiger que d'un [[esclavage|esclave]] non juif (''Mekhilta'', citée dans ''Le Talmud'' de R.A.Cohen). Cette idée est exprimée sans son geste radical dans les synoptiques ({{BFR|Mt|20|24-28}}, {{BFR|Mc|10|41-45}}, {{BFR|Lc|22|24-27}}).</ref>.

Néanmoins, si Jésus ne conteste pas radicalement le pouvoir romain, refusant de s'enfermer dans un cadre strictement « nationaliste »<ref group="n">L'évangile selon Matthieu le fait s'adresser aux « brebis perdues de la maison d'Israël » {{BFR|Mt|15|24}} ou {{BFR|Mt|10|6}} ou Bible de Jérusalem.</ref>, il ne manifeste pas davantage d'inclination envers les grandes familles sacerdotales proches de celui-ci<ref>[[Jean-Pierre Lémonon]], ''Jésus face au pouvoir politique'', in ''Aux origines du christianisme'', Gallimard/''Le Monde de la Bible'', 2000, {{p.|209–211}}.</ref>.

Le retournement d'opinion s'est d'abord manifesté en Judée<ref name="BFR|Jn|7:1" group="v" />, puis dans son pays en Galilée. Il semble que le signal de la répression soit venu des milieux [[sacerdoce|sacerdotaux]] conservateurs de Jérusalem, souvent assimilés aux [[sadducéen]]s<ref>L'idée répandue que les sadducéens constituent un « parti sacerdotal » est remis en question par Étienne Nodet, ''Le fils de Dieu…'', {{p.}}335.</ref>, inquiets de l'impact de son enseignement ouvert sur la [[Torah]] et des effets de l'enthousiasme populaire qu'il suscitait sur le fragile ''modus vivendi'' avec l'occupant romain<ref name="Quesnel_207">Michel Quesnel, ''Jésus et le témoignage des évangiles'', {{op. cit.}}, {{p.}}207.</ref>. Il apparaît également vraisemblable que c'est le scandale que cet homme, décrit comme « doux » par les évangiles ultérieurs, provoque au [[Temple de Jérusalem]] un peu avant la Pâque de 30<ref group="v">{{BFR|Mc|11|15-19}}</ref> dans l'épisode dit des « marchands du temple »<ref>Cet épisode fait partie des rares scènes citées par les quatre évangiles : {{BFR|Mt|21|12-13}}, {{BFR|Mc|11|15-17}}, {{BFR|Lc|19|45-46}}, {{BFR|Jn|2|14-17}}.</ref>, qui a pu précipiter son arrestation<ref name="Quesnel_207" />.

Enfin, l'avant-veille de la fête juive de la [[Pessa'h]], Jésus prend un dernier repas avec ses disciples dans une ambiance pascale{{Sfn|Mattei|2011|p=69}}, dans un épisode appelé traditionnellement la « [[Cène]] », au cours duquel il fait explicitement mention de sa mort prochaine qu'il lie au renouvellement définitif de l'[[Alliance (Bible)|Alliance]]{{Sfn|Mattei|2011|p=69}}. Les chrétiens de toutes tendances considèrent qu'il institue ainsi<ref>même si ce rituel se retrouve dans la littérature essénienne; cf Christian Grappe, ''Le Royaume de Dieu: avant, avec et après Jésus'', éd. Labor et Fides, 2001, {{p.}}131, [https://books.google.be/books?id=7z6oX_Jo6RYC&pg=PA131&lpg=PA131&dq en ligne]</ref> le [[sacrement]] de l'« [[Eucharistie]] ». À la suite de cet ultime repas, Jésus est arrêté au jardin de [[Gethsémani]], par la dénonciation de son disciple [[Judas Iscariote|Judas]]<ref>À côté du discours majoritaire cherchant à diaboliser Judas, toute une série d’historiens, de théologiens ou d’écrivains {{incise|d’[[Origène]] à [[Karl Barth]]}} ont cherché ses motivations et l’ont plus ou moins dédouané, cf. Régis Burnet, « Faut-il faire entrer l’Évangile selon Judas dans le Nouveau Testament ? », in revue ''Histoire du Christianisme Magazine'', juillet-août 2006</ref>, sans que le motif soit vraiment clair<ref>Régis Burnet, ''Qui est Jésus ?'', {{op. cit.}}</ref>.

Jésus se trouve alors confronté aux trois pouvoirs superposés de la Palestine<ref>Richard A. Horsley, ''Jésus contre le nouvel ordre romain'', in ''Les premiers temps de l'Église'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2004, {{p.}}312.</ref> : le pouvoir romain, le pouvoir du [[tétrarque]] de Galilée et Pérée et le pouvoir des grands-prêtres du temple-État de Jérusalem.

==== Procès, exécution et ensevelissement ====
[[Fichier:MaestroTrognano Calvario milano.jpg|vignette|gauche|redresse=0.7|''Le Christ sur le chemin du [[Calvaire (sculpture)|Calvaire]]'', [[Maestro di Trognano]], fin du {{s-|XV|e}}, [[Castello Sforzesco]], Milan.]]
{{Article détaillé|Passion du Christ|Procès de Jésus|Crucifixion}}

Les modalités du [[procès de Jésus]] sont déconcertantes{{Sfn|Mattei|2011|p=71}} si l'on se réfère à ce que l'on connait du droit de l'époque : aucune reconstitution des faits ou des procédures connues ne résiste à l'examen à partir des évangiles{{Sfn|Baslez|2003|p=209}}, qui exposent un double procès, donc une double motivation, religieuse chez les Juifs, politique chez les Romains{{Sfn|Baslez|2003|p=211}}. La question de ce procès, toujours ouverte, est d'autant plus difficile qu'elle a été obscurcie, par le temps et l'[[antisémitisme]] entre autres, de multiples enjeux politiques et religieux<ref>[[Salomon Malka]], ''Jésus rendu aux siens. Enquête en Israël sur une énigme de vingt siècles'', Paris, {{éd.}} Albin Michel (Paroles vives), 1999.</ref>.

La narration des évangiles est difficile à suivre dans des compositions qui semblent avoir été écrites à l'intention des Romains<ref>Voire composé en milieu romain ; cf. {{Harvsp|Baslez|2003|p=209}}</ref>, même si certains détails dénotent de traditions locales<ref>Tel le lavement des mains de Pilate qui reprend un thème biblique déjà évoqué dans le Deutéronome ({{BFR|Dt|21|6-9}}) ; cité par {{Harvsp|Baslez|2003|p=209}}.</ref>. Jésus est arrêté la nuit<ref>Daniel Marguerat explique que c'est pour essayer de régler le cas discrètement et rapidement, les fonctionnaires romains ne siégeant que le matin ; cf. {{Harvsp|Marguerat|2008|p=71}}</ref> par la police du Temple, aux ordres des autorités religieuses espérant peut-être liquider le cas du Nazaréen avant la Pâque{{Sfn|Marguerat|2008|p=71}}. Il est tout d'abord conduit chez l'ex-grand prêtre [[Anân]]<ref>D'après le seul évangile selon Jean, {{BFR|Jn|18|13}}. L'interrogatoire préliminaire devant Anân est probablement un procédé littéraire apologétique qui permet de présenter succinctement la vie de Jésus ; cf. {{Harvsp|Baslez|2003|p=211}}. <br />Anân (qui fera par la suite lapider Jacques) fut un des rares grands-prêtres sadducéens ; cf. Étienne Nodet, ''Le fils de Dieu…'', {{p.|335}}.</ref>, puis, à l'aube, devant une cour de justice<ref>Probablement en session informelle ; {{Harvsp|Baslez|2003|p=209}}</ref>, que les évangiles appellent [[Sanhédrin]]<ref>Le terme « sanhédrin » est d'origine grecque, et désigne une institution non sémitique, imposée par les Romains, et regroupant les différents courants juifs. De plus, un sanhédrin n'existe à Jérusalem qu'entre 44 et 70 cf. Étienne Nodet, ''Le fils de Dieu…'', {{p.}}68. Cette réunion ne peut donc passer pour une véritable session de procès ; cf. {{Harvsp|Mattei|2011|p=71}}.</ref>, devant le « souverain sacrificateur » [[Caïphe]], avant de comparaître devant le préfet romain [[Ponce Pilate]]<ref>Les gouverneurs de la Judée portaient le titre de {{latin|praefectus}} depuis le règne de l'empereur [[Claude (empereur romain)|Claude]]</ref>, qui l'envoie, lui<ref group="n">D'après le seul évangile selon Luc, {{BFR|Lc|23|6-12}}</ref>, chez [[Hérode Antipas]] avant de l'interroger à son tour. Cela donne lieu à des confrontations où Jésus soit se tait, soit paraît souligner le caractère relatif du pouvoir de ses interlocuteurs par sa liberté de parole<ref>[[Jean-Pierre Lémonon]], ''Jésus face au pouvoir politique'', {{op. cit.}}, {{p.|214–215}}.</ref> dans des scènes très chargées symboliquement<ref>L'ensemble de la Passion s'appuie sur la symbolique biblique du sacrifice expiatoire ({{BFR|Lv|16|1-60}}), et les allusions au détail de la Loi y sont nombreuses. [[Étienne Nodet]], dans ''Le fils de Dieu…'', {{op. cit.}}, n'identifie pas moins de 24 citations de l'[[Ancien Testament]] dans le récit de la Passion selon Jean.</ref>.

[[Fichier:Meister des Rabula-Evangeliums 002.jpg|vignette|La Crucifixion, [[Évangiles de Rabula]], 586, [[Bibliothèque Médicéo-Laurentine]].]]

Au terme d'une procédure judiciaire romaine, habituelle en [[province romaine|province]], de « [[cognitio|{{latin|cognitio extra ordinem}}]] »{{Sfn|Marguerat|2008|p=71}}, Jésus est finalement condamné par [[Ponce Pilate]] {{incise|probablement embarrassé<ref>Jean-Pierre Lémonon, ''Ponce Pilate'', {{éd.}} de l'Atelier, 2007</ref>}} et dont les évangiles atténuent la responsabilité{{Sfn|Mattei|2011|p=71}} sans doute dans une optique missionnaire<ref>Disculpant de la sorte les Romains pour lesquels le supplice de la croix est une infamie ; cf. François Bovon, ''Les Derniers Jours de Jésus'', éd. Labor et Fides, 2004, {{p.|24}}.</ref>, réinterprétant complètement la personnalité{{Sfn|Baslez|2003|p=209}} d'un préfet « craintif donc cruel »{{Sfn|Marguerat|2008|p=71}} à subir le supplice romain du [[crucifiement]], au motif politique de rébellion{{Sfn|Mattei|2011|p=71}}. Après avoir été [[flagellation|flagellé]]<ref>La flagellation faisait partie intégrante du supplice de crucifiement et était publique afin de favoriser la dénonciation ou la reddition ; cf. {{Harvsp|Baslez|2003|p=214}}.</ref>, il est tourné en dérision et stigmatisé dans les quartiers des soldats romains, revêtu d'une [[chlamyde]] qui évoque la [[pourpre]] royale, coiffé d'une couronne tressée d'épines et muni d'un roseau évoquant le sceptre dans une mise en scène visant à moquer le « Roi des juifs »<ref>Cette scène n'est pas inédite dans la littérature antique : les Grecs opéraient de telles mises en scène « pour stigmatiser dans l'autre une différence irréductible et un danger », cf. par ex. un épisode similaire dans [[Philon d'Alexandrie|Philon]], ''Contre Flaccus'', 36-39 ([http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/philon/flaccus.htm texte en ligne]) ; cité par {{Harvsp|Baslez|2003|p=215}}.</ref>. Son exécution a lieu un vendredi, veille du [[Shabbat]], sur une croix surmontée d'un [[titulus]] portant l'inscription « Jésus le [[Nazôréen (titre)|Nazôréen]]<ref>Claude Tassin, ''Jean-Baptiste et les baptistes, in ''Aux origines du christianisme'', {{éd.}} Gallimard/Le Monde de la Bible'', 2000, {{p.}}178.</ref>, Roi des Juifs »<ref group="n">{{BFR|Jn|19|19}} cité par Claude Tassin ; dans les bibles en grec « ἰησοῦς ὁ ''ναζωραῖος'' ὁ βασιλεὺς τῶν ἰουδαίων » et, dans la [[Vulgate]] en latin, « Iesus ''Nazarenus'' Rex Iudaeorum ».</ref>, qui instruit sur le motif de la condamnation pour le droit romain<ref>C'est une condamnation pour haute trahison envers l'État basée sur la {{latin|lex Juliae majestatis}} dont Pilate fait ici un usage extensif à l'instar d'autres procurateurs ; cf. {{Harvsp|Marguerat|2008|p=71}}</ref>. Après y avoir transporté sa croix, il est crucifié au lieu-dit « [[Golgotha]] », à l'extérieur de Jérusalem, avec deux « brigands », sans que l'on sache s'il s'agit de voleurs ou de séditieux, en présence de notamment de quelques femmes mais en l'absence de ses disciples{{Sfn|Mimouni|Maraval|5=2007|p=127}}.

Jésus meurt vraisemblablement dans l'après-midi du jour de la « parascève »{{Sfn|Mattei|2011|p=71}} {{incise|jour de la préparation de la fête de [[Pessa'h]]}} le 14 [[Nissan (hébreu)|Nissan]]<ref group="n">Suivant l'évangile selon Jean. Pour une majorité de chercheurs, la date donnée par les évangiles synoptiques, vendredi 15 de Nisan, correspondant au jour de la Pâque, est inconcevable pour une exécution car cela aurait constitué une faute politique grave de la part des Romains ; cf. Michel Quesnel, « Jésus et le témoignage des évangiles » in ''Aux origines du Christianisme'', {{éd.}} Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, {{p.}}200.</ref>, ce qui correspond, compte tenu du [[calendrier hébraïque]] usuel, pour la majorité des chercheurs qui se basent sur la chronologie johannique plus fiable<ref group="v">{{BFR|Jn|2|20}}</ref>, au vendredi {{date|7 avril 30}}<ref>{{Harvsp|Mimouni|Maraval|5=2007|p=127}} ; {{Harvsp|Mattei|2011|p=65}} ; Michel Quesnel, « Jésus et le témoignage des évangiles », dans ''Aux origines du Christianisme'', {{éd.}} Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, {{p.|200}} ; {{Harvsp|Marguerat|2008|p=73}}.</ref> ou au vendredi 3 avril 33<ref group="n">Cette dernière date est celle justifiant le choix de l'an 1 dans le calcul de [[Denys le Petit]]. Raymond E. Brown note la tendance chez les chercheurs à privilégier la première date et rejeter cette seconde date sans doute trop tardive (cf. Raymond E. Brown, ''La Mort du Messie'' (trad. de l'anglais), éd. Bayard 2005, (éd. orig. 1994), {{p.|1510}}).</ref>. Cependant d'autres dates sont proposées<ref group="n">« Blinzer (''Prozess'', {{p.|101-102}}) a énuméré les options d’environ cent auteurs concernant l’année de la mort de Jésus : aucun de ceux qu’il cite n’a opté pour l’an 34 (en fait, c’est le cas de Zeitlin) ou 35, alors qu'un à trois d’entre eux privilégiaient respectivement les années 26, 27, 28, 31, 32 et 36. Treize ont opté pour 29, cinquante-trois pour 30, et vingt-quatre pour 33 - ce qui rejoint la fourchette évoquée ci-dessus. » ; Raymond E. Brown, ''La Mort du Messie'' (trad. de l'anglais), éd. Bayard 2005, (éd. orig. 1994), {{p.|1512}}).</ref>, aucune n’étant pleinement satisfaisante, les traditions [[Évangile selon Jean|johannique]] et [[évangiles synoptiques|synoptiques]] (selon ces dernières, la mort du Messie se situerait le {{date|27 avril 31}}<ref>{{Ouvrage |auteur1=[[Michel Quesnel]], Philippe Gruson |titre=La Bible et sa culture. Jésus et le Nouveau testament |passage=142 |éditeur=[[Éditions Desclée de Brouwer]] |année=2000}}</ref>) étant sur ce point inconciliables<ref group="n">« [L]es diverses tentatives pour concilier les contradictions chronologiques entre les synoptiques et Jean sont non plausibles, inutiles, et trompeuses. Les deux traditions évangéliques nous ont donné des informations chronologiques inconciliables. » ; Raymond E. Brown, op. cit., 2005, {{p.}} 1506</ref>. En tout cas, sa mort a eu lieu durant les fêtes de [[Pessah]]{{Sfn|Mimouni|Maraval|5=2007|p=62}}, pendant que Pilate est préfet de Judée, donc après 26 et avant 37<ref>Le départ de Pilate pour Rome est généralement daté de la fin 36 ou du début 37 cf. {{Ouvrage |prénom1=Jean-Pierre |nom1=Lémonon |titre=Ponce Pilate |passage=122, 224-225 |éditeur=L'Atelier |année=2007}}</ref>. Il est enseveli avant la levée de la première étoile, suivant la prescription de la loi judéenne{{Sfn|Mimouni|Maraval|5=2007|p=127}}.

=== Résurrection ===
{{Article détaillé|Résurrection de Jésus|Résurrection (christianisme)|Tombeau vide}}
[[Fichier:Anastasis Pio Christiano Inv31525.jpg|vignette|upright|''[[Résurrection|Anastasis]]'', représentation symbolique de la Résurrection, <br />sarcophage romain, vers 350, Musée du Vatican.]]

La mort de Jésus est suivie d'un épisode qui relève de la seule [[Foi chrétienne|foi]]<ref>[[Camille Focant]], « La Résurrection », in Michel Quesnel et Philippe Gruson (dir.), ''La Bible et sa culture'', éd. Desclée de Brouwer, 2011, vol. II, {{p.|145}} ; [[Simon Claude Mimouni]] in {{Harvsp|Mimouni|Maraval|5=2007|p=129}}</ref> mais qui n'en appartient pas moins à l'histoire des religions par les effets incalculables<ref>Michel Quesnel, ''Jésus et le témoignage des évangiles'', {{op. cit.}}, {{p.}}208.</ref> qu'il a produits : l'épisode de la [[Résurrection (christianisme)|Résurrection]].

Il faut considérer l'annonce de la résurrection de Jésus comme l'élément majeur de la fondation de ce qui va devenir une nouvelle religion. Cet épisode fondamental n'est décrit dans aucun évangile canonique. À travers quelques scènes<ref group="v">{{BFR|Mc|16}}, {{BFR|Mt|28}}, {{BFR|Mc|24}} et {{BFR|Jn|20-21}}.</ref> qui présentent une forte diversité selon les évangiles, les textes présentent l'après-coup : l'étonnement des femmes qui découvrent le tombeau vide, puis l'apparition du « Ressuscité » parfois en Galilée, parfois dans les environs de Jérusalem ou encore ici et là, envoyant tantôt en mission, tantôt accordant l'« Esprit » aux disciples ou encore partageant leur repas. Les récits de découverte du tombeau et d'apparitions {{Citation|sont trop légendaires et trop divergents pour permettre la moindre reconstitution des faits}}<ref>{{Chapitre |auteur1=[[Étienne Trocmé]] |titre chapitre=Les premières communautés. De Jérusalem à Antioche |auteurs ouvrage=[[Jean-Marie Mayeur]], [[Luce Pietri]], [[André Vauchez (historien)|André Vauchez]], [[Marc Venard]] |titre ouvrage=Histoire du Christianisme. Le nouveau peuple (des origines à 250) |éditeur=Desclée |année=2000 |passage=62 }}.</ref>.

On peut constater trois constantes des récits canoniques : la résurrection est inattendue bien qu'elle ait été prophétisée par Jésus plusieurs fois<ref>[[Évangile selon Marc]], 8v31, 9v9, 9v31, 10v34.</ref> et que des parallèles aient été établis avec l'Ancien Testament pour l'annoncer<ref>Par exemple en utilisant le chapitre 53 de la prophétie d'[[Isaïe]].</ref>, elle n'est pas décrite en tant que telle, et elle n'est accessible qu'aux seuls croyants<ref>[[Daniel Marguerat]], « Ce qu'ils n'ont pas dit de Pâques » in ''Les premiers temps de l'Église'', éd. Gallimard/le Monde de la Bible, 2004, {{p.|92–93}}.</ref>. L'événement ne nie toutefois pas la mort car Jésus ne ressuscite que le troisième jour après sa crucifixion ; il s'agit davantage du passage à une vie qui ne finit pas, qui se place dans l'[[éternité]] et sur laquelle le temps n'a pas de prise.

L'événement, dans un récit qui ne connaît pas le terme « résurrection », est raconté dans un langage forgé par la foi juive dans l'[[apocalyptique]]. Il ne correspond pas à une angoisse de la survie des corps : le tombeau ouvert répond à la promesse de Dieu de « relever les morts » à la fin des temps<ref group="n">Le thème de Dieu révoquant la mort elle-même apparaît dès la Bible judaïque, voir la scène de la Vision d'Ézéchiel, {{BFR|Ez|37,1-28}}. « C'est YHWH qui fait mourir et vivre, qui fait descendre au shéol et en remonter » ({{BFR|1S|2|6}}).</ref> qui se concrétise déjà pour Jésus<ref>[[Daniel Marguerat]], « Ce qu'ils n'ont pas dit de Pâques », {{op. cit.}}, {{p.}}99 et 100.</ref>.

== La séparation ==
[[Fichier:Isus.jpg|vignette|upright|Christ Pantocrator. Icône de l'église de la transfiguration, {{s-|XVIII|e}}, <br /> église de la Transfiguration, Kizhi.]]
{{Article détaillé|Christianisme primitif}}
Sur le plan de la [[religion]], Jésus n'a jamais cherché à se séparer du [[judaïsme]]<ref>Ed Parish Sanders, « La rupture de Jésus avec le judaïsme », in {{Harvsp|Marguerat|Norelli|Poffet|p=209-220|5=2003}}</ref>, et ses disciples ont dans un premier temps été considérés comme une secte juive parmi d'autres. La séparation du [[christianisme]] d'avec le judaïsme est progressive et peut être lue en partie comme une conséquence de la crise d'identité qui traverse le judaïsme aux {{s2-|I|II}}, qui se traduit entre autres par [[Guerres judéo-romaines|les révoltes contre Rome]] auxquelles ne prennent pas part la « secte des nazaréens »<ref>[[François Blanchetière]], ''Le moment de la séparation'', in ''Les premiers temps de l'Église'', Gallimard/Le Monde de la Bible, 2004, {{p.|392–400}}.</ref>, et qui entraine la disparition de la plupart des courants du judaïsme à la suite de la destruction du [[Temple de Jérusalem|Temple]] en 70<ref>Gérard Rochais, ''Jésus et les courants religieux de son époque'', in « Jésus au regard de l'Histoire », {{op. cit.}}, {{p.}}33.</ref>. La diversité des pratiques juives se réduisant au seul néo-pharisianisme, c'est alors qu'être juif devient « vivre en conformité avec l'[[Pharisianisme|enseignement des sages pharisiens]] », ce qui devient incompatible avec l'observance des interprétations de l'enseignement de Jésus, à l'instar de celle d'[[Ignace d'Antioche]]<ref>[[François Blanchetière]], ''Le Moment de la séparation'', {{p.}}399.</ref>.

Ainsi, les débats qui agitent les partisans de Jésus pendant plusieurs décennies après sa mort, notamment afin de savoir dans quelle mesure ils doivent suivre la Loi ou imposer la circoncision, apportent des réponses qui vont progressivement devenir normatives dans les générations qui suivent, au point de faire apparaître dans le monde antique, entre les ''juifs'' et les ''grecs'', une « troisième race »<ref>Au sens antique, comme le rapporte [[Tertullien]] - qui trouve cette ultime position humiliante -, les tenants du paganisme gréco-romain constituent la ''première race'' et ceux du pharisianisme judaïque la ''deuxième''; cf. Christian Grappe, ''Initiation au monde du Nouveau Testament'', éd. Labor et Fides, 2010, [https://books.google.be/books?id=pR8XGhoaSDoC&pg=PA24 extrait en ligne] David J. Bosch, ''Dynamique de la mission chrétienne : Histoire et avenir des modèles missionnaires'', éd. Karthala, 2009, {{p.|68}}, [https://books.google.be/books?id=f2NVWKQpJf0C&pg=PA67extrait en ligne]</ref> que vont devenir les chrétiens<ref>Albert I. Baumgarten, « Jésus de Nazareth », in Jean-Robert Armogathe (dir.) ''Histoire générale du christianisme'', vol I, éd. Quadrige/P.u.f., 2010, {{p.|31}}</ref>.

Dans l'apologétique chrétienne, la séparation d'avec le judaïsme serait esquissée au cours d'une réunion décrite dans les Actes des Apôtres, qui sera nommée rétrospectivement le « [[Concile de Jérusalem|premier concile de Jérusalem]] », réunion qui admet l'adhésion des non-juifs sans les [[circoncision|circoncire]], et écarte de fait l'application littérale des lois mosaïques au moins pour les [[Prosélytisme|prosélytes]]. 

L'historiographie de cette séparation s'articule autour de deux pôles : l'école européenne considère qu'elle est chose faite avec la ''[[Minim|Birkat haMinim]]'' qui serait écrite en 135 ; l'école anglo-saxonne<ref>[[Daniel Boyarin]], [[Paula Fredriksen]] et le colloque Oxford-Princeton, réunis dans le volume ''The Ways That Never Parted: Jews and Christians in Late Antiquity and the Early Middle Ages'' sous la direction de [[Martin Goodman (historien)|Martin Goodman]], Simon Price, Peter Schafer, Adam H. Becker, Annette Yoshiko Reed publié chez Fortress Press, 2007, {{ISBN|978-0-8006-6209-7}}, [http://ntgateway.com/weblog/2007/07/rethinking-parting-of-ways.html recension sur le NT Gateway] par le {{Dr}} Mark Goodacre</ref> remarque que bien des cérémonies sont encore communes dans certaines régions (surtout en Orient, mais parfois en Occident) jusqu'au {{s|V|e}}, c'est-à-dire quand la période des conciles [[Christologie|christologiques]] est déjà engagée.

== Sources de la vie de Jésus ==
{{Article détaillé|Quête du Jésus historique|Jésus selon l'exégèse contemporaine|Sources sur la vie de Jésus de Nazareth|Thèse mythiste (Jésus)}}
Les sources de la vie de Jésus ont longtemps reposé essentiellement sur des documents littéraires produits par le [[christianisme]] lui-même. Esquisser l'histoire de Jésus s'est ainsi longtemps fait suivant le canevas proposé par les textes canoniques du [[Nouveau Testament]], par la [[Tradition (christianisme)|Tradition]] et par certains passages apocryphes qui ont noué la trame de la traditionnelle « [[histoire sainte]] », laquelle sera la norme pendant des siècles, amplement et spectaculairement relayée et magnifiée par l'iconographie chrétienne. Or les auteurs des Évangiles canoniques n'avaient pas pour objet de livrer une documentation de caractère historique à la postérité mais bien un témoignage de foi<ref>Pierre Geoltrain ''Les origines du christianisme : Comment écrire l'histoire'', {{op. cit.}}, {{p.}}I</ref>.

La nécessité d'une approche historique et rationnelle de Jésus est apparue au {{XVIIIe siècle}} avec [[Hermann Samuel Reimarus]]<ref>et son traité sur ''Les Desseins de Jésus' et de ses disciples'', publié par Lessing en 1778</ref> qui voulait {{citation|arracher Jésus au dogme chrétien}} pour {{citation|retrouver le Juif de Palestine}} et {{citation|le restituer à l'histoire}}<ref>Jacques Schlosser, ''À la recherche du Jésus historique : un innovateur ou un rénovateur ?'', in ''Les premiers temps de l'Église'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2004, {{p.}}125.</ref>. Au {{XIXe siècle}}, il y eut de nombreux auteurs pour écrire une « vie de Jésus » à visée de reconstitution historique, comme celle, célèbre, d’[[Ernest Renan]] en [[France]] où l'imagination suppléait souvent au silence des sources.

Certains [[Thèse mythiste (Jésus)|mythologues]] ont pensé résoudre les difficultés rencontrées par l'[[historien]] en expliquant les [[Évangiles]] comme un mythe solaire ou un drame sacré purement symbolique dans une démarche qui ne résiste désormais plus à l'analyse<ref>Pierre Geoltrain, ''Encyclopædia Universalis'', art. ''Jésus'', 2002.</ref>. Si l'existence de Jésus n'est plus guère discutée que par quelques auteurs en dehors du milieu académique spécialiste, la nature de cette existence reste, quant à elle, bel et bien débattue sous différents aspects.

Les textes constituent évidemment des sources d'étude valables à condition de les soumettre à la critique. L’étude des premiers temps du christianisme, l'[[exégèse]] de la [[Bible]] et des autres textes comme les [[apocryphes (Bible)|apocryphes]], constituent aujourd’hui une discipline à laquelle contribuent en commun des chercheurs et des universitaires, religieux et laïcs, quelles que soient leurs convictions et leur appartenance religieuse. La plupart des publications actuelles traitant de la naissance du christianisme pointent, outre une meilleure interdisciplinarité, l'important enrichissement de la documentation que les découvertes archéologiques et les nouvelles sources documentaires ont permis depuis le milieu du {{s-|XX|e}}<ref>Pierre Geoltrain ''Les Origines du christianisme : Comment écrire l'histoire'', {{op. cit.}}, {{p.}}IV.</ref>, particulièrement depuis les années 1990.

=== Sources chrétiennes ===
{{article détaillé|Sources sur la vie de Jésus de Nazareth}}

==== Les sources canoniques ====
[[Fichier:Papyrus 37 - recto.jpg|vignette|redresse=0.8|''Papyrus 37'', <br /> extrait de l'évangile selon Matthieu, vers 250, University of Michigan.]]

Le [[Nouveau Testament]] dans son entier est la source la plus complète dont on dispose concernant la vie et l'enseignement de Jésus.

Les [[Évangiles]] selon [[Matthieu (évangéliste)|Matthieu]], [[Marc (évangéliste)|Marc]] et [[Luc (évangéliste)|Luc]], qui racontent l'histoire de Jésus d'un point de vue relativement semblable, sont dits « [[Évangiles synoptiques|synoptiques]] ». L'[[évangile selon Jean]] relève lui d'une autre [[christologie]], appelée « johannique ». Le premier des évangiles à avoir été rédigé semble être celui selon Marc. Les parties communes à Matthieu et à Luc dépendent peut-être, selon certains chercheurs, d'un document plus ancien, mais perdu, appelé « [[source Q]] ». Dans leur état actuel, les évangiles datent vraisemblablement d'entre 65 et 110<ref>Michel Quesnel, ''Les sources littéraires de la vie de Jésus'', in ''Aux origines du christianisme'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, {{p.}}191 ; Daniel Marguerat (dir.), ''Introduction au Nouveau Testament'', éd. Labor et Fidès, 2004 ({{3e|éd.}})</ref>. Ils sont le fruit d'un long processus de recueil de paroles et leur agencement est organisé à la manière d'une « Vie » (une [[Vita]]) à l'antique, qui n'est pas une biographie<ref>Jacques Schlosser, ''À la recherche du Jésus historique : un innovateur ou un rénovateur ?'', {{op. cit.}}, {{p.}}133.</ref>.

Les [[Actes des Apôtres]], vraisemblablement rédigés par Luc autour de l'année 80, retracent les débuts des premières « communautés chrétiennes »<ref>La notion de « communauté chrétienne » appliquée au début du mouvement des disciples de Jésus est discutée, notamment par [[André Paul]] parce qu'elle induit la notion de « séparation » de chemin d'avec le judaïsme alors que le flou doctrinal a longtemps régné dans les assemblées cultuelles ; cf. André Paul, ''Autrement la Bible. Mythe, politique et société'', éd. Bayard, éd. 2013, {{p.|275-276}} ; voir aussi, Martin Goodman (dir.) et ''alii'', ''The Ways That Never Parted : Jews and Christians in Late Antiquity and the Early Middle Ages'', éd. Mohr Siebeck, 2007</ref> à partir de la [[Pentecôte]] qui, dans l'évangile selon Luc, peuvent préfigurer l'« Église universelle »<ref>Daniel Marguerat, ''Le monde des Actes des Apôtres'', in ''Les premiers temps de l'Église'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2004, {{p.}}226.</ref>. Ils racontent le début de la diffusion de ce qui est alors un « obscur courant du judaïsme »<ref>Ibid.</ref>, dans certaines parties de l'Empire romain, dans une vision centrifuge à contre-courant de l'eschatologie juive centrée sur Jérusalem.

Les [[Paul de Tarse#Les épîtres de Paul|Épîtres]] de [[Paul de Tarse|Paul]], où se trouve le passage qui constitue la mention la plus ancienne du christianisme concernant la mort et la résurrection de Jésus<ref group="v">{{BFR|1 Co|15|1-11}}</ref>, sept autres [[Épître]]s, dites « catholiques » {{incise|c'est-à-dire, alors, adressées à toutes les communautés chrétiennes}} et l'[[Apocalypse]] forment un corpus qui témoigne de la réflexion des premiers disciples sur Jésus et sur son enseignement. Leur rédaction prend place entre 50 et 65 mais elles ne fournissent que peu de renseignements sur la vie de Jésus<ref>Michel Quesnel, ''Les sources littéraires de la vie de Jésus'', {{op. cit.}}, {{p.}}191.</ref>.

==== Autres sources chrétiennes ====
[[Fichier:Egerton 1 front.jpg|vignette|gauche|redresse=0.8|''Papyrus Egerton 2''<br />un évangile apocryphe à l'auteur inconnu, entre 100 et 150, British Museum, Londres.]]

Les ''[[agrapha]]'', mot signifiant « choses non écrites », sont des paroles de Jésus qui ne se trouvent pas dans les textes canoniques. Certaines d'entre elles pourraient être authentiques. Elles proviennent de variantes des Évangiles, des [[papyri d'Oxyrhynque]], des textes [[Apocryphe (Bible)|apocryphes]] du [[Nouveau Testament]] comme l'[[Évangile selon Thomas]], dont les fouilles de [[Nag Hammadi]] ont mis au jour une traduction complète en copte et dont l'attribution à l'apôtre Thomas est rejetée par les chercheurs. Le [[Papyrus Egerton 2]] publié pour la première fois en 1935, composé de 4 fragments, retranscrit des faits et des paroles à rapprocher de l'Évangile selon Jean.

Les [[Apocryphes (Bible)|apocryphes]] (du grec {{grec ancien|απόκρυφος|apókryphos}}, « caché ») sont très divers dans leur style et leur contenu : récits de l'enfance (''[[Protévangile de Jacques]]''), recueil de ''[[logia]]'' (''[[Évangile selon Thomas]]''), descente aux Enfers (''[[Actes de Pilate]]''), harangues, récits de miracles, etc. La [[critique textuelle]] laisse cependant apparaître une fiabilité documentaire nettement supérieure des textes du Nouveau Testament<ref>Michel Quesnel et Philippe Gruson, ''La Bible et sa culture: Jésus et le Nouveau testament'', éd. Desclée de Brouwer, 2000, {{p.}} 57</ref>.

Les écrits des [[Pères de l'Église|Pères apostoliques]]<ref>[http://bibliotheque.editionsducerf.fr/par%20page/5524/TM.htm ''Les Pères apostoliques, texte intégral'' sur le site des Éditions du Cerf]</ref> ([[Didachè]], Épître de [[Clément de Rome]], les Lettres d'[[Ignace d'Antioche]]<ref>[http://www.ebior.org/Vie-de-Jesus/PeresApost.htm Extraits] d'après France Quéré, ''Les Pères apostoliques'', éd. Points-Sagesse, éd. du Seuil, 1980, cité par Fernand Lemoine sur ebior.org</ref>, Lettres de [[Polycarpe de Smyrne]], Lettre de Barnabé, Lettre à Diognète, Fragments de [[Papias d'Hiérapolis]], Le [[Pasteur d'Hermas]]) dont les auteurs, bien que vivant à la fin du {{s-|I|er}}, n'ont pas de liens directs avec la génération apostolique. Il arrive à d'autres [[Pères de l'Église]] comme [[Eusèbe de Césarée]] ou [[Jérôme de Stridon]] de citer des fragments d'évangiles apocryphes, en général pour en contester la valeur (''Évangiles des Hébreux'', ''des Ébionnites'', ''des Égyptiens'', des ''Nazôréens''…).
{{clr}}

=== Sources non chrétiennes ===
==== Flavius Josèphe ====
{{Article détaillé|Testimonium flavianum}}
Il n'existe aucun acte officiel des autorités romaines se rapportant à Jésus. Le premier chroniqueur qui évoque Jésus vers [[94]] est [[Flavius Josèphe]], romain d'origine juive né en [[39]]. Son témoignage mentionne, dans ses ''[[Antiquités judaïques]]'', Jésus à deux reprises. Il est évoqué au sujet de la lapidation de [[Jacques le Juste|Jacques de Jérusalem]], décrit comme « le frère de Jésus appelé Christ »<ref group="v">[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/juda20.htm Antiquités judaïques, XX, 197-203, sur le site Remacle.org].</ref>. Un passage beaucoup plus développé consacré à Jésus lui-même, connu sous son nom latin de ''[[Testimonium flavianum]]'', le décrit comme « un homme exceptionnel, [qui] accomplissait des choses prodigieuses […] et se gagna beaucoup de monde parmi les juifs… », puis mentionne la résurrection, l'admiration et la foi de ses disciples évoquant une lignée de « chrétiens » qui se perpétue à l'époque de Josèphe<ref group="v">[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/juda20.htm Antiquités judaïques, XVIII, 63-64, sur le site Remacle.org].</ref>. L'authenticité de ce passage fait encore l'objet de débat, la plupart des commentateurs envisagent aujourd'hui que ce passage, en son état actuel, a été retouché par des mains chrétiennes, ce qui n'exclut pas que Josèphe ait rédigé une notice sur Jésus, peut-être moins enthousiaste<ref>Michel Quesnel, ''Les sources littéraires de la vie de Jésus'', in ''Aux origines du christianisme'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, {{p.|195–196}}.</ref>.

Le [[Liste des patriarches œcuméniques de Constantinople|patriarche de Constantinople]] [[Photios Ier de Constantinople|Photios]], grand érudit du {{s|IX|e}}, signale avec étonnement<ref group="n">« De même que tous les autres écrivains juifs, [Juste de Tibériade] n'a fait aucune mention de la venue du Christ, des choses qui lui sont arrivées, de ses miracles » ; cf. Photios, [[Bibliothèque (Photios)|Bibliothèque]], ''[[Juste de Tibériade]]'', codice 33 de la ''Chronique des rois des Juifs'', [http://remacle.org/bloodwolf/erudits/photius/juste.htm sur le site remacle.org]</ref> qu'il ne figure aucune mention de Jésus dans l’''Histoire des juifs''<ref>Jacques Giri, ''Les nouvelles hypothèses sur les origines du christianisme: enquête sur les recherches récentes'', éd. Karthala, 2007, {{p.}}75, [https://books.google.be/books?id=RIiraGpuDXsC&pg=PA75 extrait en ligne]</ref>, texte du {{s-|I|er}} aujourd'hui disparu de [[Juste de Tibériade]], un historien juif rival de [[Flavius Josèphe]] qui le critique sévèrement dans son ''Autobiographie''.

==== Sources romaines ====
Chez les auteurs romains, on trouve des mentions fugitives de Jésus ou de son mouvement dans des écrits du début du {{S-|I}}{{Sfn|Marguerat|2019|p=20}}, chez trois personnalités qui par ailleurs se connaissent, [[Pline le Jeune]] (~61-113), [[Tacite]] (58-~120) et [[Suétone]] (~70-~140).

Le témoignage le plus ancien est une lettre de [[Pline le Jeune]], alors [[Gouverneur romain|gouverneur]] de la [[Bithynie et Pont|province de Bithynie et Pont]], à l'empereur [[Trajan]]<ref group="v">''Lettres'' X, 96, 7 {{Lire en ligne|lien=http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/Pline_le_jeune_lettresX/lecture/10.htm|consulté le=22/08/2022|texte=lire en ligne sur le site de l'université catholique de Louvain}}</ref>, dont la datation se situe, selon les chercheurs, entre [[110]]<ref>{{Chapitre|prénom1=Fergus|nom1=Millar|lien auteur1=Fergus Millar|titre chapitre=Trajan|sous-titre chapitre=Government by Correspondence|numéro chapitre=17|auteurs ouvrage=Roy Gibson et Christopher Whitton (éds.)|titre ouvrage=The Epistles of Pliny|éditeur=Oxford University Press|collection=Oxford Readings in Classical Studies|année=2016|isbn=9780199545940|passage=434-446}}</ref> et [[113]]{{Sfn|Marguerat|2019|p=21}}. Pline demande conseil à l’empereur au sujet des résultats d'une enquête qu'il a menée sur des chrétiens de [[Bithynie]] à la suite d'accusations à leur encontre parvenues jusqu'à lui, et explique qu'il ne les trouve fautifs d'aucun crime et qu'au contraire, ils s'engagent à n'en pas commettre{{Sfn|Mimouni|Maraval|5=2007|p=67}}. Le gouverneur, se fondant sur les témoignages de ''[[lapsi]]'', décrit notamment leur « habitude de se réunir à jour fixe avant le lever du soleil et d’adresser un cantique à Christ comme à un dieu (''quasi deo'') »{{Sfn|Mattei|2011|p=69, n.6}} mais ne semble rien savoir de Jésus de Nazareth{{Sfn|Dettwiler|2017|p=27|loc=chapitre I}}.

Vers la même époque, dans ses ''[[Annales (Tacite)|Annales]]''<ref group="v">[http://bcs.fltr.ucl.ac.be/TAC/AnnXV.html#44 ''Annales'', livre XV, 44, sur le site de l'Université catholique de Louvain]</ref> datées entre [[115]] et [[118]], le sénateur et historien [[Tacite]], alors [[Proconsul (Rome antique)|proconsul]] d'[[Asie (province romaine)|Asie]], évoque une [[Persécution de Néron|persécution]] des chrétiens par l'empereur [[Néron]] à la suite de l’[[Grand incendie de Rome|incendie de Rome de 64]]{{Sfn|Dettwiler|2017|p=15|loc=chapitre I}} : ce dernier tente de se débarrasser de la rumeur persistante selon laquelle il est l'auteur de l'incendie{{Sfn|Dettwiler|2017|p=15|loc=chapitre I}} en reportant les soupçons sur des gens détestés car « ennemis du genre humain (''odium generis humani'') »{{Sfn|Marguerat|2019|p=20}}, que la foule appelle chrétiens (''Chrestianos''){{Sfn|Dettwiler|2017|p=16|loc=chapitre 1}}, un nom qu'ils tiennent « Christ » (''Christus''){{Sfn|Marguerat|2019|p=21}}, terme que Tacite prend pour un prénom et non pour l'appellation messianique{{Sfn|Dettwiler|2017|p=16|loc=chapitre 1}}.

C'est à l'occasion de cet épisode que Tacite situe historiquement l’exécution de ce « Christ » qui est condamné au supplice par le procurateur [[Ponce Pilate]] qui officie sous le règne de [[Tibère]]. Tacite décrit ensuite qu'après une répression momentanée, « cette exécrable superstition (''exitiabilis superstitio'') [des chrétiens] a refait surface, non seulement en Judée, où elle était apparue, mais à Rome même »{{Sfn|Marguerat|2019|p=21}}. Bien qu'on ignore les sources auxquelles Tacite puise ses informations et malgré son aspect laconique mais factuel, ce passage constitue la preuve la plus forte concernant la mort de Jésus qui soit externe à la littérature néotestamentaire<ref>{{Chapitre|langue=en|prénom1=Robert|nom1=Van Voorst|titre chapitre=Jesus Tradition in Classical and Jewish Writings|auteurs ouvrage=Tom Holmén et Stanley E. Porter|titre ouvrage=Handbook for the study of the historical Jesus|volume=3|titre volume=The Historical Jesus|lieu=Leiden|éditeur=Brill|année=2011|isbn=978-90-04-21021-9|passage=2159}}</ref>.

Quelques années plus tard, vers [[120]], l'avocat romain [[Suétone]] évoque les chrétiens à deux reprises dans sa ''[[Vies des douze Césars]]'' de [[Suétone]] : dans la ''Vie de Néron<ref group="v">[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/suetone/table.htm ''Vie de Néron''], XVI, 3.</ref>'', il évoque qu'on a livré au supplice les chrétiens (''christiani''){{Sfn|Mimouni|Maraval|5=2007|p=69}} qui s'adonnent à une « [[Superstitio|superstition]] nouvelle et maléfique »{{Sfn|Marguerat|2019|p=21}} puis, dans la ''Vie de Claude''<ref group="v">[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/suetone/table.htm XXV, 11]</ref>, il relate l'action de ce dernier à l'encontre des juifs qui, « se soulev[ant] continuellement à l'instigation de ''Chrestus'' »{{Sfn|Mimouni|Maraval|5=2007|p=70}}, sont expulsés de Rome{{Sfn|Dettwiler|2017|p=18|loc=chapitre 1}}. Ce passage est généralement compris par la recherche comme le témoignage de troubles entre juifs chrétiens et non-chrétiens dans la capitale et le décret d'expulsion généralement daté de 49 ou 50{{Sfn|Marguerat|2019|p=21}}. Par ailleurs, si la majorité des chercheurs estime qu'il faut comprendre ce ''Chrestus'' comme Jésus de Nazareth{{Sfn|Mattei|2011|p=51}}, le point reste néanmoins débattu : en effet, le terme grec χρεστός qui signifie « utile » est régulièrement attribué comme nom aux esclaves, pouvant dès lors désigner un agitateur de cette condition{{Sfn|Marguerat|2019|p=21}}. Ainsi, vu sa brièveté et les difficultés d'interprétation, le passage n'a de valeur que modérée en termes d'historicité de Jésus{{Sfn|Dettwiler|2017|p=19|loc=chapitre 1}}.

==== Autres sources païennes ====
Une lettre d'un [[Philosophie antique|philosophe]] [[stoïcien]] nommé [[Mara bar Sérapion]], adressée en [[syriaque]] à son fils<ref>On trouvera [http://en.wikisource.org/wiki/Ante-Nicene_Fathers/Volume_VIII/Memoirs_of_Edessa_And_Other_Ancient_Syriac_Documents/A_Letter_of_Mara,_Son_of_Serapion ici] l'intégralité de la lettre traduite en anglais.</ref>, parle d'un « sage roi » exécuté, à l'instar de Socrate et Pythagore, par les siens — ici « les Juifs » — dans ce qui est généralement accepté comme une allusion à Jésus de Nazareth<ref name="Van Voorst 2000, p.57">{{Ouvrage |langue=en |prénom1=Robert E. |nom1=Van Voorst |titre=Jesus Outside the New Testament |sous-titre=An Introduction to the Ancient Evidence |passage=57 |lieu=Grand Rapids (Mich.) |éditeur=Eerdmans Publishing |année=2000 |pages totales=248 |isbn=0-8028-4368-9 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=lwzliMSRGGkC&printsec=frontcover}}</ref>. Si la recherche s'accorde pour le dater d'après [[73]], la datation du document est fort débattue, pouvant aller jusqu'à l'aube du {{s-|V|e}}, avec une majorité de chercheurs inclinant pour une rédaction au cours du {{s-|II|e}}<ref name="Van Voorst 2000, p.56">{{Ouvrage |langue=en |prénom1=Robert E. |nom1=Van Voorst |titre=Jesus Outside the New Testament |sous-titre=An Introduction to the Ancient Evidence |passage=56 |lieu=Grand Rapids (Mich.) |éditeur=Eerdmans Publishing |année=2000 |pages totales=248 |isbn=0-8028-4368-9 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=lwzliMSRGGkC&printsec=frontcover}}</ref>. Le document, qui pose ainsi que l'assassinat d'un sage apporte la malédiction à ses auteurs, semble dépendre de traditions chrétiennes syriennes proche de l'évangile de Matthieu par son interprétation antijuive de la mort du Nazaréen ainsi que la compréhension de ce dernier comme « roi » des Juifs et nouveau législateur{{Sfn|Dettwiler|2017|p=28|loc=chapitre 1}}.

Vers 165, l'écrivain satirique [[Lucien de Samosate]] (~115-200) compose ''La Mort de Pérégrinos''<ref>Lucien de Samosate, [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LUCIEN/Mort.html ''La Mort de Pérégrinos''], 11 et 13.</ref>, une pièce dont le personnage principal, un philosophe grec du nom de Peregrinus Proteus, fait partie d'une communauté chrétienne avant d'en être chassé{{Sfn|Dettwiler|2017|p=28|loc=chapitre 1}}. Sans y être explicitement nommé, Jésus est qualifié de « thaumaturge connu », de « premier législateur » ou encore de « sophiste crucifié », dans ce qui semble attester de l'idée qu'un païen pouvait se faire de celui-ci à cette époque, sans que cela aide au dossier du Jésus historique{{Sfn|Dettwiller|2017|p=28|loc=chapitre 1}}.

===== La littérature rabbinique =====
Dans l'important et multiforme complexe que constitue [[littérature rabbinique]] ou talmudique, les mentions — effectives ou supposées — qui semblent se rapporter à Jésus sont presque anecdotiques, tenant en une quinzaine de pages à mettre en perspective avec les quinze mille que comporte le [[Talmud]]{{Sfn|Marguerat|2019|p=306}}. Totalement absent des plus anciennes compilations de la [[Mishna]] et de la [[Tosefta]], il apparaît dans les compilations plus tardives du [[Talmud de Jérusalem]] et de [[Talmud de Babylone|celui de Babylone]]{{Sfn|Mimouni|Maraval|5=2007|p=76}}.

Pour autant, tant l'identification du personnage que des paroles qui lui sont attribuées sont l'objet de débats chez les spécialistes : si le nom ''Yeshu ha-Notsri'' («Jésus le Nazaréen ») est explicite, on trouve des personnages comme ''Ben Panthera'' (« fils de Panthera »), ''Balaam'', ''Ben Stada'' ou ''Peloni'' (« une certaine personne ») auxquels sont prêtés, de manière vraisemblablement tardive et rétrospective, des propos attribués à Jésus auquel ils sont dès lors parfois identifiés, identifications qui s'affirment plus nettement quand les écrits sont plus tardifs{{Sfn|Marguerat|2019|p=307}}.

De la même manière, la question de savoir si ces traditions — qui, sur un ton polémique, dressent de Jésus et du christianisme naissant un portrait négatif — remontent à la tradition rabbinique la plus ancienne de l'[[Tannaïm|époque tannaïtique]] (entre le {{Sp-|I|et le début du|III}}) ou sont plus tardives, ainsi que la question de leur rapport aux sources chrétiennes{{Sfn|Dettwiler|2017|p=29|loc=chapitre I}} restent des sujets disputés<ref group="n">Voir en particulier les ouvrages récents {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Peter|nom1=Schäfer|titre=Jesus in the Talmud|éditeur=Princeton University Press|date=2007|pages totales=210|isbn=978-0-691-14318-7}} et {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Thierry|nom1=Murcia|lien auteur1=Thierry Murcia|titre=Jésus dans le Talmud et la littérature rabbinique ancienne|éditeur=Brepols|date=2014|pages totales=810|isbn=978-2-503-55215-6}}</ref>.

En tout état de cause, la littérature talmudique n'apporte pas d'informations historiques originales sur Jésus de Nazareth<ref group="n">[[Thierry Murcia]] relève toutefois deux détails : d'une part, l'usage de la dénomination « Fils de Panthera » par la tradition rabbinique pour désigner Jésus dont le père, Joseph, ou un aïeul peut avoir porté « Panthera » comme nom ; d'autre part, l'attestation d'une activité thaumaturgique de Jésus et de certains de ses disciples ; cf. {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Thierry|nom1=Murcia|lien auteur1=Thierry Murcia|titre=Jésus dans le Talmud et la littérature rabbinique ancienne|passage=671|éditeur=Brepols|date=2014|isbn=978-2-503-55215-6}}</ref> ou ne fait que confirmer ce qui est déjà connu par ailleurs : elle reflète la manière dont les différents rédacteurs de ces textes perçoivent Jésus, chacun à leur époque{{Sfn|Dettwiler|2017|p=29|loc=chapitre I}}, « réagiss[a]nt au christianisme qu'ils ont [alors] sous leurs yeux »{{Sfn|Marguerat|2019|p=308}}.

Le passage le plus connu est contenu dans le traité ''[[Sanhédrin (traité)|Sandhedrin]]'' du [[Talmud de Babylone]], datant vraisemblablement du {{S-|II}}{{Sfn|Mimouni|Maraval|5=2007|p=76}} : il rapporte l'histoire, située à l'époque des persécutions des pharisiens par [[Alexandre Jannée]] (103–76 av. J.-C.), d'un rabbi Yehoshuah ben Perahiah dont le disciple Yeshu (ou « Yeshu ha-Notsri » dans les éditions plus tardives) se voit reproché d'être « un rabbi [ayant] mal tourné » qui, pratiquant la sorcellerie ou la magie et se livrant à l'idolâtrie, dévoie et trompe Israël{{Sfn|Marguerat|2019|p=308-309}}. Ce Yeshu, auquel sont attribués cinq disciples — Mattai, Naqi, Netser, Boni et Todah<ref>[[Thierry Murcia]], « Le procès et l'exécution des disciples de Jésus dans le Talmud de Babylone (B. Sanhédrin 43a) », ''Judaïsme ancien / Ancient Judaism'' 1, 2013, {{p.|129-157}} ; Thierry Murcia, ''Jésus dans le Talmud et dans la littérature talmudique'', éd. Brepols, Turnhout, 2014, {{p.}}475-496.</ref> — , est « pendu »<ref>La « pendaison » peut signifier le crucifiement ainsi qu'en attestent les Actes des Apôtres ({{BFR|Ac|5|30}}; {{BFR|Ac|10|39}}) ou encore Flavius Josèphe ; cf. {{Harvsp|Mimouni|Maraval|p=76|2007}}</ref> de la veille de la Pâque{{Sfn|Mimouni|Maraval|5=2007|p=76}}, dans un récit au cadre strictement juif{{Sfn|Mattei|2011|p=52}} .

Le [[Toledot Yeshou|''Sefer Toledot Yeshou'']] (« Livre des naissances — ç-à-d. des histoires — de Jésus »{{Sfn|Mimouni|Maraval|5=2007|p=76}}) est un recueil de récits populaires composé entre le {{s mini-|IV|e}} et le {{s-|VI|e}} sur base de matériaux plus anciens transmis oralement, mais sans doute pas antérieurs au {{S-|II}}, et dont la fixation littéraire est attestée en Europe{{Sfn|Marguerat|2019|p=320}} et au Moyen-Orient à partir du {{s-|IX|e}}<ref name="VV122">Robert E. Van Voorst, ''Jesus Outside the New Testament: A Introduction to the Ancient Evidence'', Wm. B. Eerdmans Publishing, 2000, p. 122 et s. {{ISBN|0-8028-4368-9}}.</ref>. Puisant dans la littérature et les apocryphes chrétiens ainsi que dans les dialogues talmudiques{{Sfn|Marguerat|2019|p=320}}, il constitue une manière de « contre-évangile » dont l'intention est de fournir une réplique au récit chrétien dont il reprend des éléments se rapportant à Jésus pour les subvertir, dans une forme de « déconstruction [d'une] prédication chrétienne » devenue dominante{{Sfn|Marguerat|2019|p=322}}. Là encore, cette littérature n'est d'aucun secours concernant le personnage historique de Jésus de Nazareth{{Sfn|Mimouni|Maraval|5=2007|p=76}}.

== Jésus dans les religions et cultures non chrétiennes ==
=== Jésus dans le judaïsme ===
{{Article détaillé|Point de vue du judaïsme sur Jésus de Nazareth}}
À la suite des [[guerres judéo-romaines]] et des autres catastrophes des {{s2-|I|er|II|e}}, le judaïsme voit la disparition de presque tous ses courants, à l'exception du [[judaïsme rabbinique]], proche du pharisianisme sans en reprendre l'apocalyptique, fondé sur le respect exclusif à la Loi. Le processus prendra plusieurs décennies, qui fixera les Écritures hébraïques {{incise|qui seront reprises des siècles plus tard par les protestants}} et les prières synagogales dont une qui contient la condamnation des sectaires, les « [[minim]]s », dont les « nazôréens »<ref>Folker Siegert, ''Les judaïsmes au {{s-|I|er}}'', {{op. cit.}}, {{p.|25-27}}.</ref>.

Si le christianisme des premiers temps a pu passer pour un nouveau courant acceptable au sein du judaïsme, il a rapidement soulevé le problème de l'adhésion de membres païens sans en faire d'abord des Juifs<ref>Folker Siegert, ''Les judaïsmes au {{s-|I|er}}'', in ''Aux origines du christianisme'', éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, {{p.|12-28}}.</ref>. La question se pose au moment de la création de la Torah rituelle, celle des 613 commandements<ref>[[Dan Jaffé]], ''Le Judaïsme et l’avènement du christianisme'', Cerf, {{Lien brisé |url=http://www.ict-toulouse.asso.fr/ble/site/550.html |titre=recension}}.</ref>{{,}}<ref>[[AFCEB]], ''Le Judéo-christianisme dans tous ses états Actes du colloque de Jérusalem, 6-10 juillet 1998'', CERF 2000</ref>, et, en ce qui concerne les membres non juifs, le problème prend plus de poids quant aux règles de pureté rituelle<ref group="n">Manger avec des chrétiens d'origine païenne contrevient aux lois alimentaires et cérémonielles</ref> et les moyens de « réconciliation »<ref group="n">Abandon de la circoncision, de l'immersion et des sacrifices légaux dans le culte au profit de la cène</ref>. La messianité, bien qu'elle ait joué un certain rôle lors de la condamnation de Jésus, n'est pas alors déterminante de l'autodétermination juive de cette époque puisque certains courants du judaïsme, tels les sadducéens, allaient jusqu'à renoncer à cette attente<ref>Folker Siegert, ''Les judaïsmes au {{s-|I|er}}'', {{op. cit.}}, {{p.}}26.</ref>.

Le judaïsme, religion de Jésus lui-même, n'a pas de point de vue particulier sur Jésus; très peu de textes juifs se réfèrent à lui. En effet, le fondement même de la [[Principes de foi du judaïsme|foi juive]], est la croyance en un Dieu unique, sans aucun intermédiaire<ref group="v">[http://www.chabad.org/library/article.asp?AID=9970 Devarim] ; Deutéronome [[s:Deutéronome 6|6:4]]</ref>. La [[Trinité chrétienne]] y est comprise comme une croyance en Jésus en tant que divinité, partie de divinité ou fils de Dieu, ce qui est incompatible avec le judaïsme<ref>Rayner, John D. ''A Jewish Understanding of the World'', Berghahn Books, 1998, {{p.}}187. {{ISBN|978-1-57181-974-1}}</ref>. « Pour un Juif, toutefois, n'importe quelle forme de ''shituf'' (croyance en d'autres dieux en plus du Dieu d'Israël) équivaut à une idolâtrie dans le plein sens du terme. Il n'est pas possible pour un Juif d'accepter Jésus comme une divinité, un médiateur ou un sauveur (messie), ou même comme un prophète, sans trahir le judaïsme »<ref>{{en}} : Schochet, Rabbi J. Immanuel. [http://www.cjnews.com/pastissues/99/july29-99/feature/feature2.htm « Le judaïsme n'a pas de place pour ceux qui trahissent leurs racines. »], ''Canadian Jewish News'', 29 juillet 1999</ref>. « Les Juifs ont rejeté les revendications que Jésus répond aux prophéties messianiques de la Bible hébraïque, ainsi que les revendications dogmatiques le concernant émises par les pères de l'Église, c'est-à-dire qu'il est né d'une vierge, qu'il est le fils de Dieu, qu'il fait partie d'une Trinité divine et qu'il a ressuscité après sa mort. Pendant deux mille ans, un vœu central du christianisme a été d'être un objet de désir de la part des Juifs, dont la conversion aurait montré leur acceptation du fait que Jésus remplit leur propre prophétie biblique »<ref>{{en}} : ''Jewish Views of Jesus'' par Susannah Heschel, dans ''Jesus In The World's Faiths: Leading Thinkers From Five Faiths Reflect On His Meaning'' par Gregory A. Barker, éditeur. (Orbis Books, 2005) {{ISBN|978-1-57075-573-6}}. {{p.}}149.</ref>.

Pour cette raison, les questions apparentées, telles que l'[[quêtes du Jésus historique|existence historique de Jésus]], sont considérées comme hors de propos dans le judaïsme.

L'[[eschatologie juive]] considère que la venue du [[Messie dans le judaïsme|Messie]] sera associée avec une série d'évènements spécifiques qui ne se sont pas encore produits, y compris le retour des Juifs en Terre d'Israël, la reconstruction du [[Troisième temple de Jérusalem|Temple]], une ère de paix<ref group="v">(Ésaïe [[s:Livre d’Ésaïe#Ésaïe 2|2:4]])</ref>.

=== Jésus dans l'islam ===
[[Fichier:Persian depiction of Jesus - Sermon on the Mount.jpg|vignette|upright|Miniature persane représentant Jésus lors du [[Sermon sur la montagne]].]]
{{Article détaillé|Îsâ}}

Le [[Coran]] parle de Jésus sous le nom d’''`Îsâ''<ref>Le [[Coran]] utilise « `Îsâ » ({{langue|rtl|ar|عيسى}}) pour nommer Jésus alors que les traductions de la [[Bible]] en arabe utilisent « Yasû`a ». E-M Gallez fait lui le rapprochement avec l'écriture arabe du nom d'[[Ésau]], in ''Le messie et son prophète. Aux origines de l'islam'', 2 vol. éd. de Paris, septembre 2005</ref>, personnage indissociable dans les textes coraniques de sa mère ''[[Maryam]]'' (« [[Marie (mère de Jésus)|Marie]] »)<ref name="Marie-Thérèse Urvoy 2007">Marie-Thérèse Urvoy, article ''Jésus'' in M. Ali Amir-Moezzi (dir.) ''Dictionnaire du Coran'', éd. Robert Laffont, 2007, {{p.|438–441}}.</ref>. Il est ainsi souvent désigné sous le nom de ''al-Masïh''<ref group="n">« L'Oint » (ou « le Voyageur ») cf. article ''[[Messie]]''</ref> ''`Îsâ ibn Maryam''<ref group="n">Jésus fils de Maryam</ref> présenté avec celle-ci comme modèles à suivre<ref name="Marie-Thérèse Urvoy 2007" />.

Jésus fait partie des prophètes dits de la « famille de [['Îmran]] » avec sa mère, son cousin ''[[Yahyâ]]'' ([[Jean le Baptiste]]) et le père de celui-ci [[Zacharie (père de Jean le Baptiste)|Zacharie]]<ref>Pierre Lory, article ''Jean-Baptiste'' in M. Ali Amir-Moezzi (dir.) ''Dictionnaire du Coran'', éd. Robert Laffont, 2007, {{p.}}435.</ref>. La foi populaire musulmane accorde une grande importance à Jésus et Marie<ref group="n">On les retrouve dans les [[sourates]] 3, 4, 5, 19, 21, 23, 43 et 61</ref> tandis que Jésus, tourné vers la beauté du monde, apparait par ailleurs souvent avec son cousin Jean, ascète radical, avec lequel il forme une façon de « gémellité spirituelle permanente »<ref>Pierre Lory, article ''Jean-Baptiste'', {{op. cit.}}</ref>.

L'insistance marquée sur la filiation à Marie est un clair rejet de la filiation divine de Jésus ; néanmoins, la tradition musulmane souligne le caractère miraculeux de sa naissance virginale sans père connu, Joseph {{incise|absent du texte coranique}} étant considéré par la tradition comme un cousin de Marie. Dans le Coran, Jésus est en effet créé par le ''kun''<ref group="n">Le « Sois ! »</ref>{{,}}<ref group="v">Sourate 3, La famille de [['Îmran]], 42 : « Seigneur, répondit Marie, comment aurais-je un fils ? Aucun homme ne m'a approchée. C'est ainsi, reprit l'ange, que Dieu crée ce qu'il veut. Il dit : Sois, et il est. »</ref>, l'« impératif divin », et conçu par un ''[[rûh]]'' de Dieu, souffle divin intemporel envoyé à Marie, le même souffle qui anime [[Adam]] et transmet la révélation à [[Mahomet]]<ref name="Urvoy_440">Marie-Thérèse Urvoy, article ''Jésus'', {{op. cit.}}, {{p.}}440.</ref>{{,}}<ref group="v">Ainsi la sourate 4.171, dit : « Le Messie Jésus, fils de Marie, n'est qu'un Messager d'Allah, Sa parole qu'Il envoya à Marie, et un souffle (de vie) venant de Lui. Croyez donc en Allah et en Ses messagers. Et ne dites pas « Trois ». Cessez ! Ce sera meilleur pour vous. Allah n'est qu'un Dieu unique. » Il n'est pas engendré par Allah, mais placé dans le ventre de Marie par un ordre de Dieu. La sourate 19.35 : « Il ne convient pas à Allah de S'attribuer un fils. Gloire et Pureté à Lui ! Quand Il décide d'une chose, Il dit seulement : « Sois ! » et elle est. »</ref>.

Le Coran partage avec les apocryphes chrétiens de nombreuses scènes de vie de Marie et d’enfance de Jésus : offrande de Marie<ref group="v">Sourate III, La famille de [['Îmran]], 31 et Proto-évangile de Jacques</ref>, vie de Marie au Temple<ref group="v">Sourate III, La famille de [['Îmran]], 32, S. XIX, Marie, 16 et Proto-évangile de Jacques</ref>, prise en charge de Marie<ref group="v">Sourate III, La famille de [['Îmran]], 39 et Proto-évangile de Jacques</ref>, nativité sous un palmier<ref group="v">Sourate XIX, Marie, 23 et Évangile du pseudo-Matthieu…</ref>, Jésus parle au berceau<ref group="v">Sourate III, La famille de [['Îmran]], 41, Sourate XIX, Marie, 30 et Évangile arabe de l’enfance</ref>, il anime des oiseaux en argile<ref group="v">Sourate III, La famille de [['Îmran]], 43, Sourate V, La Table, 110 et Évangile de l’enfance selon Thomas…</ref>.

Dans le Coran, Jésus apparait comme un [[prophète]], annonciateur de Mahomet, qui prêche le monothéisme pur, accomplit des miracles, opère des guérisons, ressuscite les morts et connait les secrets du cœur. Jésus confirme la [[Torah]], dont il atténue les prescriptions légales<ref>Sourate 3,50, cité par Marie-Thérèse Urvoy, {{op. cit.}}, {{p.}}439.</ref>, tandis que son « Écriture », contenue dans l’''Injil'', est présentée comme « une guidance et une lumière »<ref>Sourate 5,46, cité par Marie-Thérèse Urvoy, {{op. cit.}}</ref> que les chrétiens auraient négligée. [[Ibn Arabi]] lui confère le titre de « sceau de la sainteté », « le plus grand témoin par le cœur », tandis que Mahomet est le « sceau des prophètes », « le plus grand témoin par la langue »<ref name="Urvoy_440" />. Sa prédication auprès des juifs aurait été un échec<ref>Sourate 4, 65, cité par Marie-Thérèse Urvoy, {{op. cit.}}, {{p.}}439.</ref> et il est suivi des seuls apôtres. Les juifs auraient alors voulu le punir en le crucifiant mais Dieu ne l'a pas permis et lui aurait alors substitué un sosie<ref>« son sosie a été substitué à leurs yeux » (d'après [[Tabari]],''La Chronique, De Salomon à la chute des Sassanides'', Éditions Actes Sud {{ISBN|978-2-7427-3317-0}} {{p.}}114) ou encore « ils ont été victimes d'une illusion », cité par Marie-Thérèse Urvoy, {{op. cit.}}, {{p.}}439.</ref> avant de le rappeler à lui<ref group="v">Sourate 4, 157</ref>. Néanmoins, la fin terrestre de Jésus reste obscure, aucun passage ne signifiant clairement ce qu'il en est advenu.

La représentation de Jésus dans le Coran lui confère également une dimension [[eschatologique]]<ref>Marie-Thérèse Urvoy, {{op. cit.}}, {{p.|439–441}}.</ref> : son retour sur terre, en tant que musulman, est le signe de la fin du monde et du Jugement dernier tandis que beaucoup de [[hadith]]s le présentent comme le principal compagnon du [[Mahdi]], Sauveur de la fin des temps<ref>Sur le Mahdî, les traditions sunnites et chiites divergent, les chiites n'attendant que le retour du Mahdi-[[imam caché]] tandis que pour les sunnites, il n'y a « nul autre mahdî si ce n'est Jésus » ; cf. Marie-Thérèse Urvoy</ref>.

En définitive, on trouve dans le Coran quatre négations catégoriques concernant Jésus, par crainte d'associationnisme (''[[shirk]]'')<ref name="Urvoy_440" /> : il n'est ni Dieu, ni son fils, ni le troisième d'une triade<ref group="n">la [[Trinité (théologie)|Trinité]] étant assimilée au [[polythéisme]]</ref> pas plus qu'il n'a été crucifié<ref group="v">La sourate 4,157 dit : «… et à cause de leur parole : ''Nous avons vraiment tué le Christ, Jésus, fils de Marie, le Messager d'Allah''… Or, ils ne l'ont ni tué ni crucifié ; mais ce n'était qu'un faux semblant ! Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l'incertitude : ils n'en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des conjectures et ils ne l'ont certainement pas tué. »</ref> car cela aurait été « indigne » d'un prophète de son « importance »<ref name="Urvoy_440" />.

Enfin, depuis le début du {{s-|XX}}, une minorité musulmane [[syncrétisme|syncrétiste]] résidant dans les montagnes du [[Pakistan]], les [[Ahmadi]]s, voue à Jésus un culte tout comme aux [[saint]]s de l'islam autour d'un tombeau qu'elle dit être celui de [[Yuz Asaf]] identifié à Jésus. Le lieu de culte est situé à [[Srinagar]]. Ce courant développe une [[christologie]] particulière selon laquelle Jésus est un [[prophète]] de [[Dieu]] qui aurait été déposé de la croix en état de coma et non mort et, une fois soigné, serait venu finir sa vie au Pakistan jusqu'à 120 ans<ref>{{Chapitre |langue=en |prénom1=Per |nom1=Beskow |lien auteur1=Per Beskow |titre chapitre=Modern Mystifications of Jesus |sous-titre chapitre=Jesus in Kashmeer |auteurs ouvrage=Delbert Burkett (dir.) |titre ouvrage=The Blackwell Companion to Jesus |lieu=Oxford |éditeur=Blackwell Publishing |année=2011 |isbn=9781444351750 |lire en ligne=https://books.google.be/books?id=te96AkpyiKAC |passage=461 |page début chapitre=461}}</ref>. Cette doctrine est celle de l'« [[Théorie de l'évanouissement|évanouissement]] ».

== Représentation artistique ==
{{Article détaillé|Représentation de Jésus-Christ dans l'art chrétien|Art chrétien}}
[[Fichier:Good.Shepherd.Vatican.Museum.jpg|vignette|gauche|170px|Sculpture en marbre paléochrétienne du « [[Bon Pasteur]] », vers 300, [[musées du Vatican]].]]
[[Fichier:Christ with beard.jpg|vignette|upright|Buste de Jésus. Peinture murale de la fin du {{s-|IV|e}} dans les {{Lien|langue=it|trad=Catacombe di Commodilla|fr=catacombes de Commodilla}}, en Italie.]]
[[Fichier:Christ Icon Sinai 6th century.jpg|upright|vignette|[[Christ pantocrator (Sinaï)|''Christ Pantocrator'', {{s-|VI|e}}]], [[monastère Sainte-Catherine du Sinaï]], Égypte.]]
[[Fichier:Codex Bruchsal 1 01v cropped.jpg|vignette|droite|upright|Représentation de [[Jésus-Christ]] dans un manuscrit médiéval, le ''Codex Bruchsal'' datant des [[années 1220]] conservé à [[Karlsruhe]] en [[Allemagne]]]]
Les auteurs des évangiles, issus d'un contexte judaïque généralement réticent à l'égard des images par peur d'[[idolâtrie]], semblent considérer que les paroles de Jésus sont plus importantes que son apparence et ne donnent aucune description de celui-ci<ref name="François Boespflug">François Boespflug, ''Premiers visages de Jésus'', in ''Jésus'', ''Le Point'' hors-série {{N°|1}}, décembre 2008, {{p.|92–96}}.</ref>.
Mieux, les seules allusions néotestamentaires énoncent l'impossibilité et le refus de donner des traits physiques au Jésus de l'Histoire : « [[Transfiguration (christianisme)|''transfiguré'']] devant eux ; son visage resplendit comme le soleil » ({{Réf Bible|Mt|17|2}}) ; Paul ne voit aussi qu'« une grande lumière » (Ac 22, 6) lors de sa [[Conversion de Paul|conversion]] ; et lors des christophanies, les intimes de Jésus ne reconnaissent pas ses traits dans le Ressuscité qui leur apparaît.

La littérature [[Patristique et patrologie|patristique]] se contente de jugements de valeur : Jésus sera ainsi décrit d'après [[Isaïe]] sans « grâce ni beauté » (Is 53,2), par [[Justin de Naplouse|Justin]] (Dial XIV, 8<ref>[http://remacle.org/bloodwolf/eglise/justin/tryphon.htm Dial XIV, 8].</ref>) et [[Irénée de Lyon]], « petit, disgracié » selon [[Origène]] ; à l'inverse et selon le [[Psaume 45 (44)|Psaume 44]] le « plus beau » des hommes ([[Augustin d'Hippone|saint Augustin]], [[Jérôme de Stridon|saint Jérome]], [[Jean Chrysostome]])<ref name=":1">{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Gérard Mordillat |nom2=Jérôme Prieur |titre=Jésus contre Jésus |passage=107 |lieu=Paris |éditeur=Point |pages totales=406 |isbn=978-2-7578-1102-3}}</ref>.

Si la quête du visage de Jésus trouva quelques satisfactions au travers des [[Image acheiropoïète|images achéiropoïètes]] ou de la lettre apocryphe<ref>{{Lien web |titre=Lire en ligne |url=https://iconeslamour.wordpress.com/2013/03/08/la-lettre-de-lentulus/}}</ref> de [[Lettre de Lentulus|Publius Lentulus]], la recherche actuelle la reprend selon les données statistiques et sociologiques pour dresser l'apparence supposée d'un juif galiléen du {{s-|I}} : celui-ci mesure en moyenne 1,55m pour un poids de 49 kg, est plutôt trapu s'il est artisan (l'agonie rapide de Jésus suggère plutôt une constitution peu robuste<ref>{{Chapitre |auteur1=[[Daniel Marguerat]] |titre chapitre=Introduction. Jésus de Nazareth |auteurs ouvrage=[[Jean-Marie Mayeur]], [[Luce Pietri]], [[André Vauchez (historien)|André Vauchez]], [[Marc Venard]] |titre ouvrage=Histoire du Christianisme. Le nouveau peuple (des origines à 250) |éditeur=Desclée |année=2000 |passage=51}}.</ref>), son visage basané porte la barbe<ref>{{Lien web |titre=Des scientifiques découvrent le vrai visage de Jésus |url=http://www.lexpress.fr/region/des-scientifiques-decouvrent-le-verirable-visage-de-jesus_1745205.html |site=lexpress.fr |date=décembre 2015}}</ref> selon les codes religieux. Paul critiquant le port des cheveux longs (1 Cor 11,14), certains jugent qu'on ne peut en affubler son maître<ref name=":0">{{Article |auteur1=Clémentine Garnier |titre=A quoi ressemblait Jésus ? |périodique=Le Monde des religions |titre numéro=Jésus, mythe ou réalité ? |date=novembre-décembre 2016 |issn=1763-3346 |pages=33}}</ref>. Le scientifique {{lien|langue=en|trad=Richard_Neave|fr=Richard Neave}} a façonné en 2002 le portrait-type d'un homme « qui aurait pu rencontrer Jésus »<ref name=":0" />, paru en janvier 2015 sous le titre spécieux et largement relayé par sensationnalisme : « le vrai visage de Jésus »<ref>{{Lien web |langue=en |titre=The real face of Jesus |url=http://www.popularmechanics.com/science/health/a234/1282186/ |date=23 janvier 2015}}</ref>. Mais celui-ci demeure « l'image manquante de l'histoire chrétienne »<ref name=":1" />, que l'art religieux s'emploiera à suppléer.

L'art chrétien ne va pas de soi et trouve ses origines dans l'art païen et polythéiste, en l'imaginaire duquel les peintres et sculpteurs antiques puisaient. Les [[pères de l'Église]], pour leur part, contestaient l'art en tant que tel en des termes assez durs et se réclamaient de l'Ancien Testament qui condamne radicalement l'[[iconographie]]<ref group="v">{{BFR|Dt|4|16-18}}, {{BFR|Dt|27|15}}, {{BFR|Ex|20|4}}</ref>.

[[Clément d'Alexandrie]] liste néanmoins, vers 200, des éléments qui peuvent endosser une signification chrétienne sur les sceaux ou les bagues, tel le poisson, un symbole chrétien dont le terme grec ({{grec ancien|ἰχθύς}} / {{Langue|grc-Latn|''Ichthus''}}) constituait un acronyme des noms de Jésus<ref group="n">Ἰησοῦς Χριστὸς Θεοῦ Υἱὸς Σωτήρ, ''Iesos Christos Theou Uios Sôter'', Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur</ref>.

Si au début du {{s-|IV}} le [[concile d'Elvire]] interdit encore les images peintes sur les parois des églises, l'art chrétien a cependant déjà pris son essor, dans une visée qui n'est pas étrangère à l'apologétique<ref name="Turcan 2000, p.459-560">{{Chapitre |auteur1=[[Robert Turcan]] |titre chapitre=L'art et la conversion de Rome |auteurs ouvrage=[[Pierre Geoltrain]] |titre ouvrage=Aux origines du christianisme |éditeur=Gallimard/Le Monde de la Bible |année=2000 |passage=549-560}}</ref>.

L'évolution du rapport à la représentation du Christ se transforme dès le premier tiers du {{s-|II|e}} et une iconographie christique apparaît progressivement dans les [[catacombe]]s et sur les [[sarcophage]]s. Les représentations en demeurent cependant rares au profit de figures de l'Ancien Testament, comme Moïse ou Jonas, et Jésus n'est représenté que dans un petit nombre de scènes : son baptême, des miracles ou guérisons, l'entrevue avec la [[Jésus et la Samaritaine|Samaritaine]]… Son action de [[thaumaturge]] est souvent soulignée dans cette première vague iconographique qui le présente également parfois au milieu de ses disciples à l'instar des philosophes grecs<ref name="François Boespflug" />.

Ce Jésus des premières représentations est souvent beau, juvénile, voire séduisant {{incise|même si son visage est souvent « passe-partout », ne se différenciant guère de l'iconographie habituelle du panthéon gréco-romain}} à contre-courant des descriptions des Pères de l'Église qui le présentent comme quelconque, voire laid ou pitoyable<ref name="François Boespflug" />. Il est souvent représenté sous forme du « Bon Pasteur » dans une image qui procède d'un [[Hermès]] « criophore »<ref>« porteur de bélier »</ref>, à mettre en parallèle avec [[Orphée]], un autre « bon pasteur », image qui va se multiplier sur les premiers sarcophages chrétiens et sur les voûtes des hypogées. [[Hermas]] décrit par exemple Jésus au {{s-|II}} comme « un homme à l'air majestueux, en costume de pâtre, couvert d'une peau de chèvre blanche, une besace sur l'épaule et une [[houlette (agriculture)|houlette]] à la main »<ref name="Turcan 2000, p.551">{{Chapitre |auteur1=[[Robert Turcan]] |titre chapitre=L'art et la conversion de Rome |auteurs ouvrage=[[Pierre Geoltrain]] |titre ouvrage=Aux origines du christianisme |éditeur=Gallimard/Le Monde de la Bible |année=2000 |passage=551}}</ref>.

Le christianisme devenant progressivement la religion officielle de l'Empire à partir du {{s-|IV}}, l'iconographie va petit à petit se libérer du modèle gréco-romain, notamment influencée par les débats christologiques qui caractérisent cette période. C'est dans le dernier tiers du siècle que commence à apparaître la dimension divine {{incise|la « puissance cosmique »}} du Christ dans les représentations jusqu'alors plutôt marquées par l'aspect protecteur et guérisseur du personnage<ref name="François Boespflug" />.

À cette époque, Jésus est encore généralement représenté comme un éphèbe glabre ou encore sous la forme d'un petit garçon qui correspond à une dénomination habituelle du Christ à l'époque (en grec {{grec ancien|παῖς|paîs}}, l'« enfant ») ; ce n'est qu'à partir de la fin du {{s-|IV|e}} qu'il est représenté plus âgé et barbu, sous l'inspiration du modèle du philosophe enseignant de l'Antiquité. Ces deux types distincts de représentations coexisteront pendant près de deux siècles encore<ref name="François Boespflug" />.

À partir du {{s-|V|e}}, c'est le caractère divin qui constituera la dimension principale des représentations, appuyant l'insistance du [[Credo de Nicée]] sur l'égalité du Père et du Fils et traduisant la structuration par la hiérarchisation et le dogme, dans une image de la « gloire de Dieu » qui dominera l'art chrétien jusqu'à l'[[art gothique]]<ref name="François Boespflug" />. L'aspect humain perdurera cependant à travers les icônes, bien que la plupart aient été détruites lors de la [[crise iconoclaste]]<ref group="n">À l'exception de certaines qui se trouvaient dans les zones géographiques déjà dominées par l'Islam</ref>, qui trouveront un prolongement dans l'[[art byzantin]] qui fera la synthèse entre les aspects humains {{incise|idéalisé en philosophe enseignant}} et divin, légitimé depuis le [[concile de Nicée II]] en [[787]].

Les traditionnelles représentations de la ''[[Vierge à l'Enfant]]'' puisent quant à elles leurs origines dans les représentations de la déesse d'origine égyptienne [[Isis]]<ref name="Turcan 2000, p.551" /> allaitant [[Harpocrate]], l'[[Horus]] enfant<ref>{{Ouvrage |nom1=[[Éliane Burnet]] et [[Régis Burnet]] |préface=[[Régis Debray]] |illustrateur=[[Brunor]]|titre=Pour décoder un tableau religieux |passage=150 |éditeur=Cerf |collection=Fides |année=2006}}</ref>. Paradoxalement, alors que l'enfance de Jésus est presque totalement éludée par les évangélistes canoniques, l'enfant Jésus (le {{citation|petit Jésus}} en langue populaire) est un des thèmes les plus présents dans l'iconographie chrétienne. Le sujet de la ''Vierge à l'enfant'' est ainsi le plus représenté de tout l'art chrétien devant la [[Crucifixion]]<ref name="François Bœspflug">{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=François Bœspflug |titre=Jésus a-t-il eu une vraie enfance ? L'art chrétien en procès |éditeur=Cerf |année=2015}}.</ref>.

=== Art occidental ===
[[Fichier:Fra Angelico 073.jpg|vignette|gauche|Fra Angelico, ''[[Descente de Croix (Fra Angelico)|Descente de Croix]]'', vers 1440,<br /> Museo di San Marco, Florence]]
L'Église catholique autorisant les représentations du Christ, celui-ci a été l'objet d'un nombre incalculable de figurations sous forme de portraits, de tableaux mettant en scène sa vie, de sculptures, de gravures, de [[vitrail|vitraux]], etc. Dans l'art occidental, le personnage de Jésus est certainement celui qui a fait l'objet du plus grand nombre de représentations. Une des figurations les plus courantes est celle du [[Christ en croix]], au moment de sa [[Passion du Christ|Passion]]. Toutes ces représentations relèvent de la création artistique, aucune image contemporaine au Christ ne nous étant parvenue. Quelques images [[Image acheiropoïète|achéiropoiètes]] (« non faites de main d'homme ») {{incise|dans une christianisation de la tradition païenne des « images tombées du ciel »}} prétendent représenter le « véritable » visage de Jésus. Malgré la diversité des artistes et des époques, elles ont toutes quelques traits communs. En fait, les représentations de Jésus obéissaient à des [[Canon esthétique|canons]] artistiques précis<ref>En particulier à un code de couleur précis, bien étudié par [[Michel Pastoureau]], ''Le Bleu, histoire d'une couleur'' CNRS Éditions, coll. « CNRS Dictionnaires », 1998</ref>, basés sur la tradition et les plus anciennes représentations connues : Jésus est présenté comme un homme blanc, de taille moyenne, plutôt mince, au teint mat et aux cheveux bruns, longs ; il sera plus tardivement représenté avec une barbe<ref>Chez les Romains, la [[barbe]] était discréditée au premier siècle de l'empire puis réapparaît progressivement comme canon esthétique à partir d'Hadrien, d'abord pour les hommes de plus de quarante ans, associée à la vieillesse et à l'expérience. À partir de Constantin, elle souffre à nouveau d'un certain discrédit ; cf. H. Leclerq, articles ''Barbe'' in ''Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie'', éd. F. Cabrol, 1910, cité par [http://www.sacra-moneta.com/Numismatique-romaine/Cheveux-et-barbes-des-Empereurs-romains.html le site sacra-moneta.com].</ref>.

Sa tête est souvent entourée d'un cercle lumineux ou doré, appelé [[Auréole (religion)|auréole]], attribut courant figurant la sainteté d'un personnage. Quand elle s'applique à Jésus, cette auréole est souvent marquée conventionnellement d'une croix (généralement rouge), qui permet de l'identifier sans ambiguïté.

L'expression des yeux est l'objet d'une attention particulière des artistes. De même, la position de ses mains a souvent une signification religieuse. L'Église catholique ayant exprimé le souhait que la vie de Jésus puisse être comprise par tous, il n'est pas rare de trouver en Afrique des figurations du Christ en homme [[Noir (humain)|Noir]], ou en Amérique du Sud des représentations de sa vie avec des vêtements locaux. Ce phénomène est ancien, puisque les artistes de la [[Renaissance artistique|Renaissance]] représentaient déjà Jésus entouré de personnages habillés selon la mode de leur siècle (voir le groupe de personnes à droite sur le tableau de [[Fra Angelico]], ''[[Descente de Croix (Fra Angelico)|Descente de Croix]]'').

Au Moyen Âge, les représentations visuelles avaient une fonction éducative : en mettant en scène la vie de Jésus-Christ, on diffusait la culture chrétienne à des personnes ne sachant généralement pas lire, et n'ayant de toute façon pas accès aux livres, y compris aux livres saints tels que la Bible. C'est ce qui est à l'origine de la [[crèche de Noël]], tradition encore très active dans les milieux chrétiens. Certaines scènes sculptées sur les [[Calvaire (sculpture)|calvaires]] [[Bretagne|bretons]], comme celui de la chapelle de [[Calvaire et chapelle de Tronoën|Tronoën]] par exemple, sont de véritables résumés de la vie de Jésus. De même, toute église catholique est pourvue d'un [[chemin de croix]] (en latin ''{{langue|la|Via Crucis}}'') qui figure en {{nobr|14 étapes}}, appelées « stations », les différents moments de la Passion du Christ, depuis sa condamnation jusqu'à sa mise au tombeau. Généralement réparties sur les pourtours de la nef, ces étapes sont représentées le plus souvent par des tableaux ou des petites sculptures ; pour les plus simples il s'agit seulement d'une croix accompagnée du numéro de la station. Jusqu'à récemment dans toutes les maisons catholiques, les pièces principales et les chambres étaient pourvues d'un christ en croix, généralement accroché sur le mur au-dessus du lit ou de l'accès à la pièce.

=== Art byzantin ===
[[Fichier:Jesus Christ - Hagia Sophia.jpg|vignette|Icône du Christ, [[Sainte-Sophie (Constantinople)|basilique Sainte-Sophie]] de [[Constantinople]] (aujourd'hui [[Istanbul]]). Détail de la mosaïque de la [[déisis]] (« supplication »), v. 1260.]]
Les orthodoxes acceptent la représentation du [[Jésus-Christ|Christ]] en deux dimensions. La représentation la plus courante est celle des [[icône (religion)|icônes]].

Au {{s-|VIII}}, sous la poussée des Arabes à l'Est et des Bulgares à l'Ouest, des mesures seront prises dans l'[[Empire romain d'Orient]] contre les images et les statues qui peuplent les églises dans le but d'unifier l'empire derrière le seul [[chrisme]], déclenchant la [[Période iconoclaste de l'histoire byzantine|crise iconoclaste]] qui durera plus d'un siècle<ref>[[Louis Bréhier]], ''Vie et mort de Byzance'', éd. Albin Michel, 1946, rééd. 1970.</ref>. Après la fin des guerres [[iconoclasme|iconoclastes]], le christianisme oriental donne lieu au développement d'un art spécifique, l'icône, basée sur une grammaire picturale très organisée. Ces images sont sacrées, l'esprit du ou des personnages représentés est censé « habiter » la représentation. L'iconographe {{incise|le peintre d'icône}} se prépare à la fois par un apprentissage [[théologie|théologique]] et par une [[ascèse]], le plus souvent le jeûne et la prière.

Les icônes sont anonymes jusqu'au {{s-|XV|e}}.
{{Article détaillé|Andrei Roublev|Théophane le Grec}}

=== Dans le théâtre ===
La « Passion du Christ » était un des sujets traditionnels des [[Mystère (théâtre)|mystères médiévaux]].

=== Romans ===
* [[Nikos Kazantzakis]], ''[[La Dernière Tentation du Christ]]'', 1954<ref>[[Nikos Kazantzakis]], ''[[La Dernière Tentation du Christ]]'' (1954), trad. par Michel Saunier, Paris, Plon, 1959.</ref>.
* [[Mikhaïl Boulgakov]], ''[[Le Maître et Marguerite]]'', roman russe achevé en 1940 et publié en 1967.
* [[Michael Moorcock]], ''[[Voici l'homme]]'' (1969), où un voyageur temporel arrive en l'an 28 pour rencontrer Jésus.
* [[Philip José Farmer]], ''[[Les Dieux du fleuve]]'' (1984), roman de science-fiction où toute l'humanité a été ressuscité et où un personnage est peut-être Jésus.
* [[José Saramago]], ''[[L'Évangile selon Jésus-Christ]]'', 1991<ref>[[José Saramago]], ''[[L'Évangile selon Jésus-Christ]]'' (1991), traduit par Geneviève Leibrich, Paris, Le Seuil, 1993, 376 p. {{ISBN|978-2-02-018172-3}}.</ref>.
* [[Denis Langlois (écrivain)|Denis Langlois]], ''Récit édifiant des activités d'un nommé Jésus'', Paris, Balland, 1996.
* [[Norman Mailer]], ''L'Évangile selon le Fils'', 1998<ref>[[Norman Mailer]], ''L'Évangile selon le Fils'' (1998), traduit de l'américain par Rémy Lambrechts, Paris, Plon 1998, 228 p. {{ISBN|978-2-25-918790-9}}.</ref>.
* [[Andreas Eschbach]], ''[[Jésus vidéo]]'' (1998) et sa suite ''[[L'Affaire Jésus]]'' (2014), romans de science-fiction où un voyageur temporel est parti à Jérusalem dans les années 30 et laissé un manuel de camescope retrouvé à la fin du {{s-|XX}} lors de fouilles archéologiques.
* [[Éric-Emmanuel Schmitt]], ''[[L'Évangile selon Pilate]]'', 2000<ref>[[Éric-Emmanuel Schmitt]], ''[[L'Évangile selon Pilate]]'', Paris, Albin Michel, 2000.</ref>.
* [[Richard Zimler]], ''Lazare'', Paris, Cherche Midi, 2021.

=== Au cinéma ===
{{Article détaillé|Liste de films où apparaît le personnage de Jésus}}

* [[1916 au cinéma|1916]] : ''[[Intolérance (film, 1916)|Intolérance]]'' (''Intolerance'') de [[David Wark Griffith]].
* [[1953 au cinéma|1953]] : ''[[La Tunique]]'' (''The Robe'') de [[Henry Koster]] avec [[Richard Burton (acteur)|Richard Burton]] (un [[Tribun militaire|tribun]] Romain chargé de crucifier le Christ est profondément touché par lui et se convertit à la foi [[christianisme|chrétienne]]. Il ramasse la [[sainte Tunique du Christ]] au pied de la croix et rejoint les apôtres pour évangéliser l'Empire romain).
* [[1959 au cinéma|1959]] : ''[[Ben-Hur (film, 1959)|Ben Hur]]'' de [[William Wyler]] avec [[Charlton Heston]] (le film se déroule dans la [[Judée]] des années 19-30 apr. J.-C. et met en scène un juif, Juda Ben Hur, qui perd sa famille, ses biens et sa liberté à cause de l'occupant romain et décide de se venger ; il rencontre le Christ à plusieurs reprises et assiste à sa [[Crucifixion]]).
* [[1961 au cinéma|1961]] : ''[[Le Roi des rois (film, 1961)|Le Roi des rois]]'' (''King of Kings'') de [[Nicholas Ray]] avec [[Jeffrey Hunter]], [[Robert Ryan (acteur)|Robert Ryan]].
* [[1964 au cinéma|1964]] : ''[[L'Évangile selon saint Matthieu (film)|L'Évangile selon saint Matthieu]]'' (''Il Vangelo secondo Matteo'') de [[Pier Paolo Pasolini]].
* [[1965 au cinéma|1965]] : ''[[La Plus Grande Histoire jamais contée]]'' de [[George Stevens]].
* [[1973 au cinéma|1973]] : ''[[Jesus Christ Superstar (film, 1973)|Jésus Christ Superstar]]'', comédie musicale de [[Norman Jewison]].
* [[1976 au cinéma|1976]] : ''[[Le Messie (film)|Le Messie]] (Il Messia)'' de [[Roberto Rossellini]].
* [[1977 à la télévision|1977]] : ''[[Jésus de Nazareth (mini-série)|Jésus de Nazareth]]'' de [[Franco Zeffirelli]], un [[feuilleton télévisé]] de 6 h 16 min réalisé sur demande du pape [[Paul VI]].
* [[1979 au cinéma|1979]] : [[Jésus (film)|''Jésus'' ou ''Le Film Jésus'']] de [[Peter Sykes]] et John Krisch.
* [[1979 au cinéma|1979]] : ''[[Monty Python : La Vie de Brian]]'' de [[Terry Jones]] ; film comique inspiré de la vie de Jésus ; le personnage central, un Galiléen du {{s-|I|er}} nommé Brian, est pris par erreur pour un Messie, et adoré comme tel par la foule ; le film se moque de la crédulité populaire, du « suivisme » des foules, et des superstitions religieuses.
* [[1988 au cinéma|1988]] : ''[[La Dernière Tentation du Christ (film)|La Dernière Tentation du Christ]]'' de [[Martin Scorsese]] (une adaptation du [[La Dernière Tentation du Christ|roman éponyme]] de Nikos Katzantakis).
* [[1995 au cinéma|1995]] : ''[[Marie de Nazareth (film, 1995)|Marie de Nazareth]]'' de [[Jean Delannoy]] (Un film qui raconte la vie de Jésus et de Marie).
* [[2004 au cinéma|2004]] : ''[[La Passion du Christ]]'' de [[Mel Gibson]] (les douze dernières heures de la vie du Christ).
* [[2006 au cinéma|2006]] : ''[[La Nativité (film, 2006)|La Nativité]]'' de [[Catherine Hardwicke]].
* [[2014 au cinéma|2014]] : ''[[Son of God]]'' de Christopher Spencer.

Dans son analyse de quelques œuvres de cette filmographie (celles de Pasolini, Scorsese, et M. Gibson), le cinéaste [[Paul Verhoeven]] (membre par ailleurs du [[Jesus Seminar]]) écrit : {{citation|Jamais personne n'a tourné de film réaliste sur la vie du Christ. Je veux par là que personne n'a jusqu'ici voulu le décrire comme un simple humain, considérer ses « miracles » {{incise|pour autant qu'ils aillent à l'encontre des lois de la nature}} comme « impossibles » et par conséquent, les effacer ou les réinterpréter.}} À l'exception du film des Monty Python, dit Verhoeven, {{citation|le cinéma s'est généralement contenté de paraphraser les Évangiles avec un surplus de sainteté}}<ref>[[Paul Verhoeven]], ''Jésus de Nazareth'', trad. par A-L Vignaux, 2015, {{p.|42-45}}.</ref>.

=== Musique sacrée ===
Oratorio le Messie de [[Georg Friedrich Haendel|Georg Friedriech Haendel.]]

=== Comédie musicale ===
* 1971 : ''[[Jesus Christ Superstar]]'', [[opéra-rock]]
* 2017 : ''[[Jésus de Nazareth à Jérusalem (comédie musicale)|Jésus de Nazareth à Jérusalem]]''

== Reliques ==
{{Article détaillé|reliques attribuées à Jésus|invention de reliques}}
[[Fichier:Reliquary True Cross c800 Byzantine.jpg|vignette|left|190px|[[Staurothèque]] [[Byzance|byzantine]] du début du {{s|IX}} contenant des fragments de la « [[Vraie Croix]] », <br />Metropolitan Museum of Art, New-York.]]
Jésus de Nazareth qui, pour les chrétiens, est ressuscité avec son enveloppe charnelle, a pu néanmoins laisser des traces de sa vie matérielle qui peuvent être considérées comme des [[relique]]s par certains croyants, ce suivant des traditions plus anciennes : dès l'époque paléochrétienne, on montrait aux pèlerins qui faisaient le voyage de la Terre Sainte différentes reliques vétérotestamentaires comme la [[verge d'Aaron]] qui, d'après l'[[Épître aux Hébreux]], était conservée dans l'arche de l'Alliance dans le saint des saints du Temple de Jérusalem<ref group="v">{{BFR|He|9|3-4}}, cité par Benoît de Sagazan, ''Des instruments de la Passion aux reliques corporelles'', in ''Le Monde de la Bible'', {{N°|190}}, septembre-octobre-novembre 2009, {{p.|23–27}}.</ref>.
[[Fichier:Cross sections of the Tomb of Jesus.jpg|vignette|Tombeau de Jésus selon le père [[Louis-Hugues Vincent]] (1912).]]
Le culte des reliques relatives à la vie et la Passion de Jésus a débuté vers [[325]], avec la tradition de l'excavation du tombeau enfoui de Jésus ([[kokh]] de type [[Loculus (architecture)|loculus]] ou [[arcosolium]]) sur l'ordre de l'empereur [[Constantin Ier (empereur romain)|Constantin]]<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Jodi Magness |titre=The Archaeology of the Holy Land |sous-titre=From the Destruction of Solomon's Temple |passage=81, 248, 323-324 |éditeur=[[Cambridge University Press]] |année=2012}}</ref>. La découverte légendaire<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Jan Willem Drijvers |titre=Helena Augusta : The Mother of Constantine the Great and her Finding of the True Cross |passage=5 |éditeur=Brill |année=1992}}</ref> de la « [[vraie Croix]] », que la tradition attribuera par la suite à l'impératrice [[Hélène (mère de Constantin)|Hélène]], mère de Constantin, est probablement contemporaine de ces fouilles<ref name="La Saga de la vraie Croix">Pierre Maraval, ''La Saga de la vraie Croix'', in ''Le Monde de la Bible'', {{N°|190}}, septembre-octobre-novembre 2009, {{p.|28–31}}.</ref> et un complexe d'édifices cultuels de dévotions est bientôt construit pour accueillir les pèlerins. Cette découverte semble avoir eu un grand retentissement et, dès les {{s2-|V|e|VI|e}}, les pèlerins les plus illustres affluent pour obtenir des fragments de l'objet<ref name="La Saga de la vraie Croix" /> que l'on retrouve dès cette époque en Occident. En 680, le pèlerin [[Arculfe]] atteste qu'il a vu à Jérusalem, dans l’''Anastasis'' {{incise|première [[Église du Saint-Sépulcre (Jérusalem)|église de la Résurrection]]}} exposée une série de reliques : le plat de la Cène, l'[[Sainte Éponge|éponge]] et la [[sainte lance|lance]] qui a percé le flanc de Jésus lors de la Crucifixion, ainsi qu'un [[Saint-Suaire|suaire]] ayant couvert le visage de Jésus au tombeau<ref>Edina Bozoki, ''Le temps de la dispersion'', in ''Le Monde de la Bible'', {{N°|190}}, septembre-octobre-novembre 2009, {{p.|32–35}}.</ref>.

Le développement du culte des reliques qui s'ensuit à la période carolingienne<ref>On commence alors à déterrer les reliques, jusque-là habituellement enfermées dans des boîtes et enfouies sous les autels, pour les montrer (voir articles ''[[reliquaire]]'' et ''[[monstrance]]''); cf. Benoît de Sagazan, ''Des instruments de la Passion aux reliques corporelles'', {{op. cit.}}, {{p.}}26.</ref> {{incise|pour atteindre, à la suite des [[croisade]]s, son apogée au [[Moyen Âge]]}} relève d'une « spiritualité du voir et du toucher »<ref>Pierre Maraval, ''L'empereur Constantin à l'origine des pèlerinages'', in ''Les Premiers Temps de l'Église'', éd. Gallimard/Le monde de la Bible, 2004, {{p.}}666.</ref> qui essaie d'entrer en contact avec la sainteté dont sont porteurs les « témoins » matériels de la vie de Jésus, témoins matériels qui tendent dès lors à se multiplier et se disséminer un peu partout à travers l'Europe, après avoir été centralisés dans un premier temps à Constantinople. Devenues signe, voire enjeu, de pouvoir et de légitimité<ref>Edina Bozóky, ''La Politique des reliques de Constantin à Saint Louis : protection collective et légitimation du pouvoir'', éd. Beauchesne, 2007, [https://books.google.be/books?id=wINGJiwXXbIC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=&f=false extraits en ligne]</ref>, elles vont rapidement faire l'objet, comme le montre [[Peter Brown (historien)|Peter Brown]], d'un intense commerce<ref>Peter Brown, ''La Société et le Sacré dans l'Antiquité tardive'', Seuil {{ISBN|978-2-02-055822-8}}</ref> ; d'autres auteurs ont également montré l'essor de ce commerce selon un trajet Orient vers Occident à partir des [[croisade]]s<ref>pr. ex.Marie-Madelaine Gauthier, ''Les routes de la foi. Reliques et reliquaires de Jérusalem à Compostelle'', éd. Bibliothèque des Arts, 1983 ; Pierre-Vincent Claverie, ''Les acteurs du commerce des reliques à la fin des croisade'' in revue ''Moyen Âge'', {{vol.}}114, {{numéros|3–4}}, éd. De Boeck et Larcier, 2008, {{p.|589–602}}.</ref>.

Si les reliques se rapportant à Jésus sont littéralement innombrables, on peut cependant les classer en plusieurs catégories : au-delà des « ''ipsissima loca'' » {{incise|« lieux-même » qui ont pu voir évoluer Jésus<ref>La précision topographique de ces lieux est rare et secondaire, {{Citation|le but des évangélistes étant d'abord la délivrance d'un message théologique}}, ce qui laisse le champ libre à l'imagination des [[Tradition (christianisme)#Tradition et Église catholique|inventeurs empiriques et inspirés]]. Cf. {{Ouvrage |auteur1=[[Pierre Maraval (historien)|Pierre Maraval]] |titre=Lieux saints et pèlerinages d'Orient : histoire et géographie des origines à la conquête arabe |passage=32 |éditeur=Cerf |année=1985}}.</ref>}} on peut relever les instruments de la Passion (notamment la [[Sainte Couronne|couronne d'épines]], l'[[Sainte Éponge|éponge]], la [[Sainte Lance|lance]] qui lui a percé le flanc{{etc.}}), les reliques corporelles liées à la vie publique de Jésus ([[Saint Calice|calice]] utilisé lors de la [[Cène]]) ou même à son enfance ([[Saint Sang (relique)|sang]], [[Sandales du Christ|sandales]], [[Saintes Dents|dents de lait]]…), et les [[linceul|linges funéraires]] et [[Saint-Suaire|suaires]]. Il faut noter que beaucoup des reliques sont rejetées par les autorités religieuses<ref>Benoît de Sagazan, ''Des instruments de la Passion aux reliques corporelles'', in ''Le Monde de la Bible'', {{N°|190}}, septembre-octobre-novembre 2009, {{p.|23–27}}.</ref> et que les excès de leurs cultes ont par ailleurs souvent fait l'objet de débats et de contestations.

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références nombreuses|taille=24|groupe=n}}

;Versets
{{Références nombreuses|groupe=v}}

=== Références ===
{{Références nombreuses|colonnes=2}}

== Bibliographie ==
{{Article détaillé|Bibliographie de la christologie|Bibliographie sur l'exégèse du Nouveau Testament}}

=== Ouvrages et travaux historiens généralistes ===
* {{Ouvrage |auteur institutionnel=Abbaye de Maredsous. Centre Informatique et Bible |titre=Dictionnaire encyclopédique de la Bible |éditeur=Brepols |nature ouvrage=édition revue et augmentée |date=2002 |numéro édition=3 |isbn=978-2-503-51311-9 |lire en ligne=http://www.knowhowsphere.net/Main.aspx?BASEID=DEB |accès url=libre |consulté le=20 août 2022}}.
* {{Ouvrage |auteur1=Collectif |titre=Jésus, compléments d'enquête |éditeur=Bayard-Centurion/Le Monde de la Bible |date=2007 |isbn=978-2-227-47687-5}}.
* {{Ouvrage |auteur institutionnel=Collectif |préface=[[Michel Deneken]] |titre=De Jésus à Jésus-Christ |volume=I |titre volume=Le Jésus de l’histoire |lieu=Paris |éditeur=MamE-Desclée |nature ouvrage=Actes du colloque de Strasbourg, 18-19 novembre 2010 |collection=Jésus et Jésus-Christ |série=Colloques |année=2010 |pages totales=261 |isbn=9782718909103}}.
* {{Ouvrage |auteur institutionnel=Collectif |préface=[[Vincent Holzer]] |titre=De Jésus à Jésus-Christ |volume=II |titre volume=Christ dans l'Histoire |lieu=Paris |éditeur=MamE-Desclée |nature ouvrage=Actes du colloque de Paris, 24-25 mars 2011 |collection=Jésus et Jésus-Christ |série=Colloques |année=2011 |pages totales=256 |isbn=978-2-7189-0914-1}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Jean-Robert |nom1=Armogathe |lien auteur1=Jean-Robert Armogathe |directeur1=oui |prénom2=Pascal |nom2=Montaubin |directeur2=oui |prénom3=Michel-Yves |nom3=Perrin |directeur3=oui |titre=Histoire générale du christianisme |volume=1 |titre volume=Des origines au {{s-|XV|e}} |éditeur=Presses universitaires de France |collection=Quadrige |année=2010 |isbn=978-2-13-052292-8}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Marie-Françoise |nom1=Baslez |responsabilité1=éd. |titre=Les premiers temps de l'Église |sous-titre=De saint Paul à saint Augustin |éditeur=Gallimard/Le Monde de la Bible |collection=Folio histoire |date=2004 |isbn=2-07-030204-0}}.
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Markus |nom1=Bockmuehl |responsabilité1=éd. |titre=The Cambridge Companion to Jesus |éditeur=Cambridge University Press |date=2001 |isbn=978-0-521-79678-1}}.
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Delbert |nom1=Burkett |responsabilité1=éd. |titre=The Blackwell Companion to Jesus |éditeur=Blackwell Publishing |lien éditeur=Blackwell Publishing |année=2011 |isbn=978-1-4051-9362-7}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=James H. |nom1=Charlesworth |prénom2=James Keith |nom2=Elliott |prénom3=Sean |nom3=Freyne |prénom4=John |nom4=Reumann |traducteur=Patrice Ghirardi |langue originale=en |titre=Jésus et les nouvelles découvertes de l'archéologie |lieu=Paris |éditeur=[[Groupe Bayard|Bayard]] |année=2007 |pages totales=143 |isbn=978-2-227-47669-1}}.
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=James H. |nom1=Charlesworth |responsabilité1=éd. |prénom2=Petr |nom2=Pokorny |responsabilité2=éd. |titre=Jesus Research |sous-titre=An International Perspective |éditeur=Wm. B. Eerdmans Publishing |nature ouvrage=The First Princeton-Prague Symposium on Jesus Research |date=2009 |isbn=978-0-8028-6353-9}}.
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=James H. |nom1=Charlesworth |responsabilité1=éd. |prénom2=Brian |nom2=Rhea |responsabilité2=éd. |prénom3=Petr |nom3=Pokorny |responsabilité3=éd. |titre=Jesus Research |sous-titre=New Methodologies and Perceptions |éditeur=Wm. B. Eerdmans Publishing |nature ouvrage=The Second Princeton-Prague Symposium on Jesus Research |date=2014 |isbn=978-0-8028-6728-5}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Andreas |nom1=Dettwiler |lien auteur1=Andreas Dettwiler |responsabilité1=éd. |titre=Jésus de Nazareth |sous-titre=Études contemporaines |éditeur=Labor et Fides |lien éditeur=Labor et Fides |année=2017 |isbn=978-2-8309-1642-3}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Andreas |nom1=Dettwiler |lien auteur1=Andreas Dettwiler |directeur1=oui |prénom2=Daniel |nom2=Marguerat |lien auteur2=Daniel Marguerat |directeur2=oui |titre=La source des paroles de Jésus (Q) |sous-titre=Aux origines du christianisme |lieu=Genève |éditeur=Labor et Fides |date=2008 |isbn=978-2-8309-1341-5}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Joseph |nom1=Doré |lien auteur1=Joseph Doré |directeur1=oui |prénom2=Christine |nom2=Pedotti |lien auteur2=Christine Pedotti |responsabilité2=coord. |titre=Jésus |sous-titre=L'encyclopédie |lieu=Paris |éditeur=Albin Michel |date=2017 |pages totales=843 |isbn=978-2-226-32649-2}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Pierre |nom1=Geoltrain |responsabilité1=éd. |titre=Aux origines du christianisme |lieu=Paris |éditeur=Gallimard/Le Monde de la Bible |collection=Folio histoire |date=2000 |pages totales=601 |isbn=2-07-041114-1}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Pierre |nom1=Gibert |lien auteur1=Pierre Gibert |responsabilité1=éd. |prénom2=Christoph |nom2=Theobald |lien auteur2=Christoph Theobald |responsabilité2=éd. |titre=Le cas Jésus Christ |sous-titre=Exégètes, historiens et théologiens en confrontation |lieu=Paris |éditeur=Bayard |date=2002 |pages totales=475 |isbn=978-2-227-47078-1}}.
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Tom |nom1=Holmén |responsabilité1=éd. |prénom2=Stanley E. |nom2=Porter |responsabilité2=éd. |titre=Handbook for the study of the historical Jesus |éditeur=Brill |date=2011 |pages totales=3652 |format livre=4 volumes |isbn=978-90-04-21021-9 |lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/796384794}}.
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Amy-Jill |nom1=Levine |directeur1=oui |prénom2=Dale C. |nom2=Allison Jr. |directeur2=oui |prénom3=John Dominic |nom3=Crossan |lien auteur3=John Dominic Crossan |directeur3=oui |titre=The Historical Jesus in Context |lieu=Princeton |éditeur=Princeton University Press |lien éditeur=Princeton University Press |année=2006 |isbn=9780691009926}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Daniel |nom1=Marguerat |lien auteur1=Daniel Marguerat |directeur1=Daniel Marguerat |titre=L'aube du christianisme |éditeur=Labor et Fides/Bayard |année=2008 |isbn=978-2-8309-1262-3}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Paul |nom1=Mattei |lien auteur1=Paul Mattei |titre=Le christianisme antique de Jésus à Constantin |lieu=Paris |éditeur=Armand Colin |collection=U|année=2011 |isbn=978-2200271558}}.
* {{Ouvrage |auteur1=[[Jean-Marie Mayeur]], [[Charles Pietri|Charles]] et [[Luce Pietri]], [[André Vauchez (historien) |André Vauchez]], [[Marc Venard]] (dirs.)|titre=Histoire du christianisme|volume=1|titre volume=Le Nouveau Peuple (des origines à 250)|éditeur=Desclée|date=2000|isbn=2-7189-0631-6}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Simon Claude |nom1=Mimouni |lien auteur1=Simon Claude Mimouni |prénom2=Pierre |nom2=Maraval |lien auteur2=Pierre Maraval (historien) |titre=Le christianisme des origines à Constantin |lieu=Paris |éditeur=Presses universitaires de France |lien éditeur=Presses universitaires de France |collection=Nouvelle Clio |année=2007 |isbn=978-2-13-052877-7}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Simon Claude |nom1=Mimouni |lien auteur1=Simon Claude Mimouni |titre=Introduction à l'histoire des origines du christianisme |éditeur=Bayard |lien éditeur=Éditions Bayard |année=2019 |isbn=978-2-227-49495-4}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Géza |nom1=Vermes |lien auteur1=Géza Vermes |traducteur=Patrice Ghirardi |langue originale=en |titre=Dictionnaire des contemporains de Jésus |lieu=Paris |éditeur=Bayard |date=2008 |pages totales=369 |isbn=978-2-227-47693-6}}.

=== Historiens et biblistes ===
* {{ouvrage|prénom1=Marie-Françoise|nom1=Baslez|lien auteur1=Marie-Françoise Baslez|titre=Bible et histoire|sous-titre=Judaïsme, hellénisme, christianisme|éditeur=Gallimard|lien éditeur=Gallimard|collection=Folio histoire|année=2003|isbn=2-07-042418-9}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Marie-Françoise |nom1=Baslez |lien auteur1=Marie-Françoise Baslez |titre=Jésus |sous-titre=Dictionnaire historique des évangiles |lieu=Paris |éditeur=Omnibus |date=2017 |isbn=978-2-258-14741-6}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=François |nom1=Bovon |lien auteur1=François Bovon |titre=Les derniers jours de Jésus |lieu=Genève |éditeur=Labor et Fides |collection=Textes et événements |date=2004 |numéro édition=2 |isbn=978-2-8309-1116-9}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Daniel |nom1=Boyarin |lien auteur1=Daniel Boyarin |traducteur=[[Marc Rastoin]], Cécile Rastoin |langue originale=en |préface=Philippe Barbarin |titre=Le Christ juif |sous-titre=À la recherche des origines |lieu=Paris |éditeur=Cerf |collection=Initiations bibliques |année=2013 |pages totales=190 |isbn=978-2-204-09958-5 |oclc=859444302}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Raymond E. |nom1=Brown |lien auteur1=Raymond E. Brown |titre=Jésus dans les quatre Évangiles |sous-titre=Introduction à la christologie du Nouveau Testament |lieu=Paris |éditeur=Cerf |date=1996 |isbn=978-2-204-05402-7}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Raymond E. |nom1=Brown |lien auteur1=Raymond E. Brown |traducteur=Jacques Mignon |langue originale=en |préface=[[Daniel Marguerat]] |titre=La mort du Messie |sous-titre=Encyclopédie de la Passion du Christ, de Gethsémani au tombeau : un commentaire des récits de la Passion dans les quatre évangiles |lieu=Paris |éditeur=Bayard |date=2005 |pages totales=1695 |isbn=978-2-227-35025-0 }}.
* {{Ouvrage |nom1=Rudolf Bultmann |lien auteur1=Rudolf Bultmann |préface=[[Paul Ricœur]] |titre=Jésus |sous-titre=Mythologie et démythologisation |lieu=Paris |éditeur=Seuil |date=1968 |pages totales=256 |isbn=978-2020031233}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Régis |nom1=Burnet |lien auteur1=Régis Burnet |titre=24 heures dans la vie de Jésus |éditeur=Presses universitaires de France/Humensis |date=2021 |isbn=978-2-13-082222-6}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Hugues |nom1=Cousin |prénom2=Jean-Pierre |nom2=Lémonon |lien auteur2=Jean-Pierre Lémonon |prénom3=Jean |nom3=Massonet |lien auteur3=Jean Massonnet |titre=Le monde où vivait Jésus |éditeur=Cerf |date=2004 |isbn=978-2-204-07482-7}}.
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=John Dominic |nom1=Crossan |lien auteur1=John Dominic Crossan |titre=The Historical Jesus |sous-titre=The Life of a Mediterranean Jewish Peasant |lieu=New York |éditeur=Harper Collins |date=2010 |isbn=978-0-06-197821-0}}.
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=James D. G. |nom1=Dunn |lien auteur1=James D.G. Dunn |titre=Jesus Remembered |éditeur=Wm. B. Eerdmans Publishing |collection=Christianity in the Making |numéro dans collection=I |date=2003 |isbn=978-0-8028-3931-2}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Bart D. |nom1=Ehrman |lien auteur1=Bart D. Ehrman |titre=La construction de Jésus |sous-titre=Aux sources de la religion chrétienne |éditeur=H&O |date=2010 |isbn=978-2-84547-217-4}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Bart |nom1=D. Ehrman |lien auteur1=Bart D. Ehrman |traducteur=Jean-Pierre Prêvost |langue originale=en |titre=Jésus avant les évangiles |sous-titre=Comment les premiers chrétiens se sont rappelé, ont transformé et inventé leurs histoires du Sauveur |lieu=Montrouge |éditeur=[[Groupe Bayard|Bayard]] |collection=Domaine biblique |année=2017 |pages totales=404 |isbn=978-2-227-48913-4 |ean=9782227489134}}.
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Bart D. |nom1=Ehrman |lien auteur1=Bart D. Ehrman |prénom2=Craig A. |nom2=Evans |prénom3=Robert B. |nom3=Stewart |titre=Can We Trust the Bible on the Historical Jesus ? |lieu=Louisville-Kentucky |éditeur=Westminster John Knox Press |date=2020 |isbn=978-0-664-26585-4}}.
* {{Ouvrage |prénom1=David |nom1=Flusser |lien auteur1=David Flusser |prénom2=R. Steven |nom2=Notley |traducteur=Gabriel Raphaël Veyret |langue originale=en |titre=Jésus |lieu=Paris-Tel Aviv |éditeur=L'Éclat |date=2005 |pages totales=283 |isbn=9782841621019}}.
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Tom |nom1=Holmén |titre=Jesus from Judaism to Christianity |sous-titre=Continuum Approaches to the Historical Jesus 2007 |lieu=London |éditeur=T&T Clarck |année=2007 |isbn=978-0-5670-4214-9 |responsabilité1=ed.}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Dan |nom1=Jaffé |lien auteur1=Dan Jaffé |préface=Daniel Marguerat |titre=Jésus sous la plume des historiens juifs du {{s-|XX|e}} |lieu=Paris |éditeur=Cerf |collection=Patrimoines-Judaïsme |année=2009 |pages totales=412 |isbn=978-2-204-08695-0}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Alain |nom1=Marchadour |lien auteur1=Alain Marchadour |titre=Que sait-on de Jésus de Nazareth ? |éditeur=Bayard |date=2001 |pages totales=298 |isbn=2-227-35023-7 |lieu=Paris}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Daniel |nom1=Marguerat |lien auteur1=Daniel Marguerat |responsabilité1=éd. |prénom2=Enrico |nom2=Norelli |lien auteur2=Enrico Norelli |prénom3=Jean-Michel |nom3=Poffet |responsabilité3=éd. |titre=Jésus de Nazareth |sous-titre=Nouvelles approches d'une énigme |lieu=Genève |éditeur=Labor et Fides |collection=Le Monde de la Bible |numéro dans collection=38 |date=2003 |isbn=978-2-8309-0857-2}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Daniel |nom1=Marguerat |lien auteur1=Daniel Marguerat |titre=Vie et destin de Jésus de Nazareth |lieu=Paris |éditeur=Seuil |date=2019 |isbn=978-2-02-128036-4}}.
* {{Ouvrage |prénom1=John P. |nom1=Meier |lien auteur1=John P. Meier |titre=Un certain Juif Jésus |sous-titre=Les données de l'histoire |volume=I |titre volume=Les sources, les origines, les dates |éditeur=Cerf |collection=Lectio Divina |année=2004 |isbn=978-2-204-07036-2}}.
* {{Ouvrage |prénom1=John P. |nom1=Meier |lien auteur1=John P. Meier |titre=Un certain Juif Jésus |sous-titre=Les données de l'histoire |volume=II |titre volume=La parole et les gestes |éditeur=Cerf |collection=Lectio Divina |année=2005 |isbn=978-2-204-07037-9}}.
* {{Ouvrage |prénom1=John P. |nom1=Meier |lien auteur1=John P. Meier |titre=Un certain Juif Jésus |sous-titre=Les données de l'histoire |volume=III |titre volume=Attachements, affrontements, ruptures |éditeur=Cerf |collection=Lectio Divina |année=2005 |isbn=978-2-204-07038-6}}.
* {{Ouvrage |prénom1=John P. |nom1=Meier |lien auteur1=John P. Meier |titre=Un certain Juif Jésus |sous-titre=Les données de l'histoire |volume=IV |titre volume=La loi et l'amour |éditeur=Cerf |collection=Lectio Divina |année=2009 |isbn=978-2-204-08833-6}}.
* {{Ouvrage |prénom1=John P. |nom1=Meier |lien auteur1=John P. Meier |titre=Un certain Juif Jésus |sous-titre=Les données de l'histoire |volume=V |titre volume=Enquêtes sur l'authenticité des paraboles |éditeur=Cerf |collection=Lectio Divina |année=2018 |isbn=978-2-204-11444-8}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Simon Claude |nom1=Mimouni |lien auteur1=Simon Claude Mimouni |titre=Jacques le Juste, frère de Jésus de Nazareth et l'histoire de la communauté nazoréenne/chrétienne de Jérusalem du Ier au IVe siècle |lieu=Paris |éditeur=Bayard |date=2015 |pages totales=615 |isbn=978-2227487017}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Etienne |nom1=Nodet |lien auteur1=Étienne Nodet |titre=Le fils de Dieu |sous-titre=Procès de Jésus et évangiles |lieu=Paris |éditeur=Cerf |date=2002 |isbn=978-2-204-06929-8}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Etienne |nom1=Nodet |lien auteur1=Étienne Nodet |titre=Histoire de Jésus ? |sous-titre=Nécessité et limites d'une enquête |lieu=Paris |éditeur=Cerf |date=2003 |isbn=978-2-204-07264-9}}.
* {{Ouvrage |prénom1=José Antonio |nom1=Pagola |titre=Jésus |sous-titre=Approche historique |lieu=Paris |éditeur=Cerf |année=2013 |isbn=9782204132220}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Armand |nom1=Puig i Tàrrech |traducteur=Georges Passerat |langue originale=es |titre=Jésus |sous-titre=Une biographie historique |éditeur=Desclée de Brouwer |date=2016 |pages totales=840 |isbn=978-2-220-07322-4}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Michel |nom1=Quesnel |lien auteur1=Michel Quesnel |titre=Jésus, l'homme et le fils de Dieu |lieu=Paris |éditeur=Flammarion |collection=Champs Essais |date=2008 |pages totales=231 |isbn=978-2-08-121312-8}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Peter J. |nom1=Tomson |traducteur=Joseph Duponcheele |langue originale=en |titre=Jésus et les auteurs du Nouveau Testament dans leur relation au judaïsme |lieu=Paris |éditeur=Cerf |date=2003 |isbn=978-2-204-07123-9}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Charles |nom1=Perrot |lien auteur1=Charles Perrot |titre=Jésus |lieu=Paris |éditeur=Presses Universitaires de France / Humensis |collection=Que sais-je ? |numéro dans collection=3300 |date=2019 |numéro édition=7 |isbn=978-2-7154-0163-1}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Charles |nom1=Perrot |lien auteur1=Charles Perrot |titre=Jésus, Christ et Seigneur des premiers chrétiens |éditeur=Desclée |collection=Jésus et Jésus-Christ |numéro dans collection=70 |date=1997 |isbn=978-2-7189-0936-3}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Charles |nom1=Perrot |lien auteur1=Charles Perrot |titre=Jésus et l'histoire |éditeur=Desclée |collection=Jésus et Jésus-Christ |numéro dans collection=11 |date=1999 |isbn=978-2-7189-0605-8}}
* {{Ouvrage |prénom1=Jacques |nom1=Schlosser |lien auteur1=Jacques Schlosser |titre=Jésus de Nazareth |éditeur=Noesis |date=1999 |isbn=978-2-911606-48-9}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Jens Schröter |traducteur=Marianne David-Burion et Gilles Sosnowski |langue originale=de |titre=Jésus de Nazareth |sous-titre=À la recherche de l'homme de Galilée |lieu=Genève |éditeur=[[Labor et Fides]] |collection=Le Monde de la Bible |numéro dans collection=74 |année=2018 |pages totales=317 |isbn=978-2-8309-1673-7}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=James D. |nom1=Tabor |traducteur=Bernard Cohen |langue originale=en |titre=La véritable histoire de Jésus |sous-titre=Une enquête scientifique et historique sur l'homme et sa lignée |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Robert Laffont|Robert Laffont]] |année=2007 |pages totales=345 |isbn=978-2-221-10614-3}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Gerd |nom1=Theissen |lien auteur1=Gerd Theissen |traducteur=Ira Jaillet et A.-L. Finck |titre=Histoire sociale du christianisme primitif |sous-titre=Jésus, Paul, Jean |éditeur=Labor et Fides |collection=Le Monde de la Bible |date=1996 |isbn=978-2830908145}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Gerd |nom1=Theissen |lien auteur1=Gerd Theissen |traducteur=Joseph Hoffmann |titre=Le Mouvement de Jésus |sous-titre=Histoire sociale d'une révolution des valeurs |éditeur=Les Éditions du Cerf |date=2006 |isbn=978-2204080439}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Gerd |nom1=Theissen |lien auteur1=Gerd Theissen |traducteur=Jean-Pierre Bagot |titre=L'ombre du Galiléen |sous-titre=Récit historique |éditeur=Cerf |collection=Lexio |date=2015 |isbn=978-2-204-10451-7}}.
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Robert |nom1=Van Voorst |titre=Jesus Outside the New Testament |sous-titre=An Introduction to the Ancient Evidence |lieu=Grand Rapids |éditeur=Wm. B. Eerdmans Publishing |date=2000 |isbn=978-0-8028-4368-5}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Géza |nom1=Vermes |lien auteur1=Géza Vermes |langue originale=en |titre=Jésus le Juif |sous-titre=Les documents évangéliques à l'épreuve d'un historien |lieu=Paris |éditeur=Desclée |collection=Jésus et Jésus-Christ |numéro dans collection=4 |année=1977 |isbn=2-7189-0108-X |pages totales=298}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Geza |nom1=Vermes |lien auteur1=Geza Vermes |titre=Enquête sur l'identité de Jésus |sous-titre=Nouvelles interprétations |lieu=Paris |éditeur=Bayard |lien éditeur=éditions Bayard |année=2003 |isbn=2-227-47040-2}}.

=== Théologiens canonistes et philosophes ===
* {{Ouvrage |prénom1=Charles Harold |nom1=Dodd |lien auteur1=Charles Harold Dodd |traducteur=Paul Andre Lesort |langue originale=en |titre=Le Fondateur du christianisme |lieu=Paris |éditeur=Seuil |date=1996 |année première édition=1972 |isbn=978-2-02-028513-1}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Michel |nom1=Fédou |lien auteur1=Michel Fédou |titre=Jésus-Christ au fil des siècles |sous-titre=Une histoire de la christologie |lieu=Paris |éditeur=Cerf |date=2019 |isbn=978-2-204-12565-9}}
* {{Ouvrage |prénom1=Joseph |nom1=Ratzinger |postnom1=(Benoît XVI) |lien auteur1=Joseph Ratzinger |titre=Jésus de Nazareth |volume=1 |titre volume=Du baptême dans le Jourdain à la transfiguration |lieu=Paris |éditeur=Flammarion |collection=Champs Essais |date=2017 |année première édition=2007 |isbn=978-2-08-142172-1}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Joseph|nom1=Ratzinger|postnom1=(Benoît XVI)|lien auteur1=Joseph Ratzinger|titre=Jésus de Nazareth|volume=2|titre volume=De l'entrée à Jérusalem à la Résurrection|lieu=Monaco-Paris|éditeur=Le Rocher|date=2011|isbn=978-2-268-07079-7}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Joseph |nom1=Ratzinger |postnom1=(Benoît XVI) |lien auteur1=Joseph Ratzinger |titre=Jésus de Nazareth |volume=3 |titre volume=L'enfance de Jésus |lieu=Paris |éditeur=Flammarion |collection=Champs Essais |date=2017 |année première édition=2012 |isbn=978-2-08-142171-4}}.

=== Revues ===
* ''Que sait-on de Jésus ?'', revue ''[[Le Monde de la Bible]]'', hors-série printemps 2009, éd. Bayard.
* ''Christologie et histoire de Jésus'', revue ''[[Recherches de science religieuse]]'', tome 97, mars 2009.
* ''Jésus'', revue ''[[Le Point]]'', coll. ''Les grandes biographies'', hors série {{numéro}}1, janvier 2009.
* [[Jean-Pierre Lémonon]], ''Jésus de Nazareth. Prophète et Sage'', éd. Cerf, coll. ''Cahiers Évangile'' {{numéro}}119, 2002.
* ''Jésus au regard de l'Histoire'', revue ''Les dossiers d'[[Archéologie (revue)|Archéologie]]'' {{numéro}}249, décembre 1999-janvier 2000.

=== Essais ===
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Pierre-Antoine |nom1=Bernheim |lien auteur1=Pierre-Antoine Bernheim |titre=Jacques, frère de Jésus |lieu=Paris |éditeur=Albin Michel |collection=Spiritualités vivantes |date=2003 |isbn=978-2-226-14269-6}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Manuel de |nom1=Diéguez |lien auteur1=Manuel de Diéguez |titre=Jésus |lieu=Paris |éditeur=Fayard |date=1985 |isbn=978-2-213-01520-0}}.
* [[Jean Guitton]], ''Jésus'', Grasset, Paris, 1956.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Gérard |nom1=Mordillat |lien auteur1=Gérard Mordillat |prénom2=Jérôme |nom2=Prieur |lien auteur2=Jérôme Prieur |titre=Corpus Christi |sous-titre=Enquête sur l'écriture des Évangiles |éditeur=Mille et une nuits |date=1998 |isbn=978-2-84205-136-5}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Gérard |nom1=Mordillat |lien auteur1=Gérard Mordillat |prénom2=Jérôme |nom2=Prieur |lien auteur2=Jérôme Prieur |titre=Jésus, illustre et inconnu |éditeur=Desclée de Brouwer |date=2001 |isbn=978-2-220-04910-6}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Gérard |nom1=Mordillat |lien auteur1=Gérard Mordillat |prénom2=Jérôme |nom2=Prieur |lien auteur2=Jérôme Prieur |titre=Jésus contre Jésus |éditeur=Seuil |date=2004 |isbn=978-2020512497}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Gérard |nom1=Mordillat |lien auteur1=Gérard Mordillat |prénom2=Jérôme |nom2=Prieur |lien auteur2=Jérôme Prieur |titre=Jésus après Jésus |éditeur=Seuil |date=2008 |isbn=978-2-7578-1102-3}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Jean-Christian |nom1=Petitfils |lien auteur1=Jean-Christian Petitfils |titre=Jésus |lieu=Paris |éditeur=Fayard |date=2011 |isbn=978-2-213-65484-3}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Christiane |nom1=Rancé |lien auteur1=Christiane Rancé |titre=Jésus |lieu=Paris |éditeur=Gallimard |date=2008 |isbn=978-2-07-033944-0}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=James D. |nom1=Tabor |traducteur=Bernard Cohen |langue originale=en |titre=La véritable histoire de Jésus |sous-titre=Une enquête scientifique et historique sur l'homme et sa lignée |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Robert Laffont|Robert Laffont]] |année=2007 |pages totales=345 |isbn=978-2-221-10614-3}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Xavier |nom1=Tilliette |lien auteur1=Xavier Tilliette |titre=Jésus romantique |éditeur=Desclée |collection=Jésus et Jésus-Christ |numéro dans collection=85 |date=2011 |isbn=978-2-7189-0786-4}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Paul |nom1=Verhoeven |prénom2=Rob |nom2=van Scheers |traducteur=Anne-Laure Vignaux |langue originale=en |titre=Jésus de Nazareth |éditeur=Aux forges de Vulcain |date=2015 |isbn=978-2-919176-91-5}}.

=== Histoire de l'art ===
* {{Ouvrage |prénom1=François |nom1=Bœspflug |lien auteur1=François Bœspflug |prénom2=Jean-Michel |nom2=Spieser |prénom3=Christian |nom3=Heck |prénom4=Valérie |nom4=Da Costa |titre=Le Christ dans l'art |sous-titre=Des catacombes au {{s-|XX}} |éditeur=Bayard/Le Monde de la Bible |date=2000 |isbn=978-2-227-31724-6}}.
* {{Ouvrage |prénom1=François |nom1=Bœspflug |lien auteur1=François Bœspflug |titre=Jésus a-t-il eu une vraie enfance ? |sous-titre=L'art chrétien en procès |éditeur=Cerf |date=2015 |isbn=978-2-204-10426-5}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jérôme |nom1=Cottin |titre=Jésus-Christ en écriture d'images |sous-titre=Premières représentations chrétiennes |éditeur=Labor et Fides |date=1990 |isbn=978-2-8309-0604-2}}.

=== Ouvrages anciens ===
* [[Blaise Pascal]], ''Abrégé de la vie de Jésus-Christ'', publié par P. Faugère, éd. Andrieux, 1846 (texte inédit retrouvé peu avant 1846), [https://books.google.be/books?id=24dYAAAAMAAJ&printsec=frontcover&dq=#v=onepage&q=&f=false ouvrage en ligne].
* [[Ernest Renan]], ''[[Vie de Jésus (Renan)|Vie de Jésus]]'', éd. Michel Lévy frères, 1863.
* [[Albert Schweitzer]], ''Le Secret historique de la vie de Jésus'', éd. Albin Michel, 1967 (éd. orig. all. 1913).
* [[Charles Guignebert]], ''Jésus'', éd. Albin Michel, 1933, (réédition 1969).
* [[Claude Tresmontant]], ''L'Enseignement de Ieschoua de Nazareth'', éd. Seuil, 1963.
* ''Jésus'', recueil de la collection « Omnibus » (Presses de la Cité, 1999) comprenant le texte intégral de quatre ouvrages :
** [[Blaise Pascal|Pascal]], ''Abrégé de la vie de Jésus.''
** [[Ernest Renan]], ''[[Vie de Jésus (Renan)|Vie de Jésus]].''
** [[Edmond Fleg]], ''Jésus raconté par le Juif errant.''
** [[François Mauriac]], ''La Vie de Jésus''.

== Voir aussi ==

=== Articles connexes ===
{{catégorie principale}}

==== Jésus et ses proches ====
{{colonnes|taille=|nombre=2|
* [[Jésus-Christ]]
* [[Jésus selon l'exégèse contemporaine]]
* [[Quête du Jésus historique]]
* [[Thèse mythiste (Jésus)|Thèse mythiste]] (Jésus non historique)
* [[Messie]] 
* [[Messie dans le judaïsme]]
* [[Point de vue du judaïsme sur Jésus de Nazareth]]
* [[Trinité (christianisme)|Trinité]]
* [[Christologie]]
* [[Christologie non chrétienne]]
* [[ʿĪsā]]
* [[Proches de Jésus]]
}}

==== Sources et représentations ====
{{colonnes|nombre=2|
* [[Exégèse biblique]]
* [[Sources sur la vie de Jésus de Nazareth]]
* [[Nouveau Testament]]
* [[Testimonium flavianum]]
* [[Apocryphe biblique]]
* [[Christianisme primitif]]
* [[Représentation de Jésus-Christ dans l'art chrétien]]
}}

=== Liens externes ===
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{{Liens}}

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