Voir la source de Mansur al-Hallaj

{{Infobox Biographie2
|image=
|légende=''La pendaison d'al-Hallaj en 922'', anonyme (1602),<br> [[Ashmolean Museum]], [[Oxford]], [[Angleterre]].
|charte = philosophe}}

'''Mansur al-Hallaj''' (nom complet : '''Abū `Abd Allah al-Ḥuṣayn Manṣūr al-Ḥallāj''' ; {{lang-ar|منصور الحلاج}} ; {{lang-fa|منصور حلاج}}, ''Mansūr-e Ḥallāj''), né vers 858 (244 de l'[[Hégire]]) et mort le {{date|26 mars 922}} (309 de l'Hégire) à [[Bagdad]], est un [[mystique]] [[empire perse|persan]]<ref>{{en}} John Arthur Garraty, Peter Gay, ''The Columbia History of the World'', Harper & Row, 1981 {{ISBN|0-88029-004-8}}, p. 288.</ref> [[soufisme|soufi]] d'obédience [[sunnisme|sunnite]]<ref>{{en}} Gavin D'Costa, ''Vatican II: Catholic Doctrines on Jews and Muslims'', Oxford University Press ([https://books.google.com/books?id=qhVCBAAAQBAJ&pg=PA186 lire en ligne]), p. 186 : {{citation étrangère|langue=en|...focused on the Sunni mystic al-Hallaj...}}.</ref>{{,}}<ref>{{en}} N. Hanif, ''Biographical Encyclopaedia of Sufis: Central Asia and Middle East'', Sarup & Sons ([https://books.google.com/books?id=Y7JInpQL0x8C& lire en ligne]), p. 188 : {{citation étrangère|langue=en|Al Hallaj, in fact, remained always a Sunni, with a strong leaning towards hard asceticism in observing the Ramadan fasts...}}.</ref>. Il est l'auteur d'une œuvre abondante visant à renouer avec la pure origine du [[Coran]] et son essence orale et littéraire. 

C'est à [[Louis Massignon]], spécialiste de la mystique islamique et qui fut son premier traducteur dans une langue européenne, que le lecteur occidental doit la redécouverte des textes d'al-Hallaj<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Pierre Lory|lien auteur1=Pierre Lory|champ libre=compte-rendu|titre=Stéphane Ruspoli, ''Le message de Hallâj l’Expatrié – Recueil du Dîwân, Hymnes et prières, Sentences prophétiques et philosophiques''|périodique=Revue de l’histoire des religions|numéro=4|date=2006-12-01|issn=0035-1423|lire en ligne=https://journals.openedition.org/rhr/5218|consulté le=2023-02-19|pages=496–498}}</ref>.

== Biographie ==
Mansur al-Hallaj est probablement né en 244 de l'Hégire (vers 858 du [[calendrier grégorien]]) dans la province de [[Fars]] en [[Iran]]. Selon la tradition, son grand-père était un [[Zoroastrisme|zoroastrien]] et descendait de Abu Ayub, un compagnon de [[Mahomet]]{{citation needed}}. Son père vint travailler dans la ville de [[Wasit]] et se lança dans le commerce de la laine. Son nom, al-Hallaj,  signifie : le [[cardeur]] de laine.

Peu satisfait par l'enseignement traditionnel du [[Coran]] et attiré par une vie [[Ascèse|ascétique]], al-Hallaj fréquenta des maîtres du [[soufisme]] comme [[Sahl ibn ‘Abd Allāh al-Tustārī]] (qui fut son premier maître), 'Amr ibn 'Uthman al-Makki, [[Ibn 'Aṭâ al-Adamî]], et [[Junayd|Abu al-Qasim al-Junayd]], alors hautement respectés. 

Al-Hallaj épousa la fille du maître [[soufisme|soufi]] Abu Ya'qub al-Aqta' avec qui il eut trois fils.

Al-Hallaj voyagea beaucoup et fut [[prédicateur]] en [[Iran]], puis en [[Inde]] et jusqu’aux frontières de la [[Chine]]. Rentré à Bagdad, il est suspecté aussi bien par les sunnites que par les chiites pour ses idées mystiques (recherche de l'amour divin et de l'union de l'âme et de Dieu) et son influence sur les foules. Il est — faussement — accusé d'avoir participé à la [[révolte des Zanj]].

=== Emprisonnement et condamnation ===
Sa condamnation proprement dite est due à certaines formules qu'il énonce en public et qui scandalisent les juristes ([[faqîh]]) sunnites, et dont la plus célèbre est « ''Ana al haqq'' » (« Je suis la Vérité [c'est-à-dire Dieu] »)<ref name=":0">{{Lien web |auteur=Jacqueline CHabbi |lien auteur=Jacqueline Chabbi |titre=Martyre de al-Ḥallādj|url=https://www.universalis.fr/encyclopedie/martyre-de-al-hallad |site=universalis.f |consulté le=19 février 2023}}</ref>. Cela fut considéré comme une [[hérésie]], aussi bien dans le [[sunnisme]] que dans le [[chiisme]].

Accusé aussi de pratiquer de faux [[Miracle|miracles]] et d'être mêlé à des intrigues politiques, il est arrêté et reste en prison durant neuf ans. Finalement, il est jugé et, à l'issue du procès, condamné à mort, et ce malgré le soutien de hauts dignitaires de la cour. Il est crucifié à Bagdad le {{date|26 mars 922}}<ref name=":0" />{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=français|auteur1=Cyrille Aillet, Emmanuelle Tixier, Eric Vallet|titre=Gouverner en Islam, {{sp-|X|-|XV|s}}|passage=|lieu=|éditeur=Atlande|année=2014|pages totales=500|isbn=978-2-350-30273-7|lire en ligne=}}</ref>. 

Il restera un des plus célèbres condamnés soufis et son supplice sera mentionné de nombreuses fois, par exemple dans les écrits de [[Jalal Ud Din Rumi|Rûmî]].

=== Descendance ===
Les disciples de Hallaj iront chercher refuge en divers endroit, principalement en [[Iran]] où ils trouveront un appui auprès des dynasties turques récemment implantées et converties. C'est ainsi que leurs apports développeront le soufisme, et que la mystique musulmane va trouver sa [[Tariqa|forme confrérique]] qui se répandra dans tout l'Islam<ref name=":0" />.

== Pensée ==

=== Ana al-haqq ===
La recherche d'une relation directe avec Dieu est perçue par l'islam officiel comme une rupture intolérable de la [[charia]]<ref name="Urvoy">Entretien avec [[Marie-Thérèse Urvoy]], « L'islam dans sa réalité », ''[[La Nouvelle Revue d'histoire]]'', n°89 de mars-avril 2017, p. 6-9</ref>. Cependant, cette affirmation (« je suis la Vérité »), si elle ne doit, en principe, pas être publique, n'est pas incongrue dans le milieu [[Soufisme|soufi]] où ce genre de propos est considéré comme émanant d'un homme qui, « fondu » dans l'« océan de la divinité », possède un rang spirituel très élevé. Les traductions de [[Louis Massignon]] viennent appuyer cette thèse, la plupart des versets du ''[[Diwan (poésie)|Diwan]]'' de Hallaj traitant de la « science de l'Unité » ([[panthéisme]]). 

=== Poésie ===

La poésie de Hallaj est continuellement traversée par la notion d'union mystique<ref>{{Ar}} Kâmil Mustafâ Al-Shaybî ''Sharh dîwân Al-Hallâj'' (« Explications du Diwân d'al-Hallâj »), Éd. Al-Kamal, 2007</ref>.
{{citation bloc|Informe la gazelle, ô brise, dans ta course,

Que ma soif est accrue quand je puise à sa source !

Et cette Bien-aimée, dans mes boyaux soustraite,

Si Elle le voulait, courrait sur mes pommettes !

Son esprit est le mien et le mien est le Sien,

Ce qu’Elle veut je veux et mon vœu Lui convient ! <ref>Cf. L'amour universel, un cheminement soufi, Idrîs de Vos, Al-bouraq, 2013, p.193.</ref>.}}

=== Citations ===
{{citation bloc|Quelle terre est vide de Toi pour qu'on s'élance à Te chercher au ciel ? Tu les vois qui Te regardent au grand jour mais aveugles ils ne Te voient pas.|''Poèmes Mystiques traduits par Sami-Ali'' (Albin Michel, 1998).}}

{{citation bloc|Par orgueil je refusais le bonheur de l'amour. Et je subis le châtiment de l'orgueil.|''Poèmes Mystiques traduits par Sami-Ali'' (Albin Michel, 1998).}}

== Notes et références ==
{{Références}}

== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===

==== Traductions en français ====
* ''Diwan'', poèmes traduits et présentés par [[Louis Massignon]], Paris, Seuil, 1955.
*''Akhbar al-Hallaj. Recueil d'oraisons et d'exhortations du martyr mystique de l'islam Husayn Ibn Mansur Hallaj,'' Trad. et annotation par [[Louis Massignon]] et [[Paul Kraus]], Paris, Vrin, coll. « Études musulmanes », 1975 [1957]. Edition bilingue.
*''Poèmes mystiques'' traduits et présentés par [[Mahmoud Sami-Ali]], Paris, Albin Michel, 1998.

==== Études (par année de publication) ====
* Louis Massignon, ''Essai sur les origines du lexique technique de la mystique musulmane'', Paris, Vrin, 1954.
* Louis Massignon, ''La passion de Husayn ibn Mansûr Hallâj'', 4 vol., Paris, Gallimard, coll. « TEL », 1975 [1962].
*[[Roger Arnaldez]], ''Hallâj ou La religion de la croix'', Paris, Plon, coll. « La recherche de l'absolu », 1964
*{{Site web |langue= |auteur=Georges C. ANAWATI, «  », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 19 février 2023. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/al-halladj/ |titre=Ḥallādj Al (858 env.-922) |url=https://www.universalis.fr/encyclopedie/al-halladj/ |accès url=payant |site=universalis.fr |date= |consulté le=19 février 2023}}
* [[Jacques Keryell]], ''Jardin Donné. Louis Massignon à la recherche de l'Absolu'', Paris, Éd.  Saint-Paul, 1993.
* [[Kebir Mustapha Ammi]], ''Évocation de Hallaj, martyr mystique de l’islam'', Paris, Presses de la Renaissance, 2003.
* {{Ouvrage|auteur1=Stéphane Ruspoli|titre=Le message de Hallâj l’Expatrié – Recueil du Dîwân, Hymnes et prières, Sentences prophétiques et philosophiques|lieu=Paris|éditeur=Cerf|collection=Patrimoines – Islam|date=2005|pages totales=422|isbn=978-2-204-07821-4|présentation en ligne=https://journals.openedition.org/rhr/5218}}
* {{Ouvrage|langue=|auteur1=Joël-Claude Meffre|lien auteur1=Joël-Claude Meffre|préface=de [[Pierre Lory]]|postface=de [[Claude Louis-Combet]]|titre=Témoignage de la poussière. Méditations autour du ''Dîwan'' de Husayn Mansûr Hallâj|lieu=Paris|éditeur=Éd. de Corlevour|date=2010|pages totales=83|isbn=978-2-915-83141-2}}
* {{Site web |langue=en |auteur=Jawid Mojaddedi |titre=Ḥallāj, Abu'l-Moḡiṯ Ḥosayn|url=https://iranicaonline.org/articles/hallaj-1 |site=iranicaonline.org |périodique=[[Encyclopædia Iranica]] |date=2012 |consulté le=19 février 2023}}

=== Liens externes ===
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* [http://at-tawhid.net/commentaire-de-la-parole-de-al-hall-j-a-an-al-haqq-je-suis-le-vrai-la-v-rit-a-ar-r-z__889.html Explication de Fakhr Ud Din Ar Razi sur la parole qui valut à Al Hallaj d'être condamné à mort ''(at-tawhid.net)'']

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