Iasnaïa Poliana (domaine)
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Modèle:Infobox Château Iasnaïa Poliana dans le gouvernement de Toula (en russe : Modèle:Langue, Modèle:Littéralement Modèle:Citation, du russe iassen, « frêne » et poliana, « clairière », expression également traduite par « clairière lumineuse » ou « claire clairière », est un grand domaine (380 hectares)<ref name="Russie_1">Iasnaïa Poliana sur le site Russie.net</ref> dont Léon Tolstoï hérite à la mort de sa mère.
La propriété se situe à Modèle:Unité au sud-ouest de la ville de Toula (elle-même à Modèle:Unité au sud de Moscou). C'est à Iasnaïa Poliana qu'est enterré Tolstoï. Ce domaine a survécu au bolchevisme et au stalinisme. Il est actuellement géré par l'État russe et la famille Tolstoï ; il abrite le musée Tolstoï.
C'est là que Tolstoï écrit avec sa femme Sophie Guerre et Paix (et au domaine proche de Nikolskoïe-Viazemskoïe). La genèse et la rédaction d' Anna Karénine en seront de même.
La vie à Iasnaïa Poliana
Historique
Tolstoï y naît le 28 août 1828. Jusqu'à huit ans et demi, Léon ne connut que la campagne à Iasnaïa Poliana, la famille et les petits paysans. Il apprend l'arithmétique, ainsi que, partiellement, le français, l'allemand et le russe. Puis la ville attire la fratrie, pour qu'elle y reçoive une éducation de qualité. À cette époque, Léon fut surnommé « Liova riova », ce qui signifie Léon le pleurnicheur, du fait de sa grande sensibilité, notamment lors de son départ de Iasnaïa Poliana avec sa famille pour Moscou. Cet exil provoque chez lui une tristesse et une nostalgie si forte, qu'il retourne y vivre après 1847, et ce jusqu'à sa mort en 1910. Entre 1882 et 1901, il passe ses hivers dans sa maison de Moscou, rue Khamovniki<ref> aujourd'hui, 21, rue Léon-Tolstoï </ref>.
Il connaît ses plus grandes joies à Iasnaïa Poliana mais avec son évolution morale le domaine, propriété privée et lieu de pouvoir, devient contradictoire. C'est aussi de là qu'il s'enfuit pour la gare d'Astapovo<ref name=":0">Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Son épouse, Sophie Tolstoï, laisse des milliers de clichés du domaine<ref name=":0" />, aujourd'hui dans les archives d'État de la fédération de Russie, pour la plupart. Le château abrite aujourd’hui le musée Tolstoï. L'on y accède par une allée de bouleaux argentés<ref>Modèle:Lien web</ref>. Les descendants de Léon et Sophie Tolstoï se réunissent encore aujourd'hui dans ce château-maison de famille-musée<ref>Modèle:Lien web</ref>.
La maison
La maison en elle-même date des premières années du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle. Ce n'est à l'origine que l'aile du château de Nicolas Volkonski, grand-père de Tolstoï<ref name=":1">Modèle:Lien web.</ref>. Ce château construit en 1763 est en fait celui dans lequel Tolstoï est né<ref name=":1" />. Il est vendu en 1854 (sans les ailes) pour être démonté et reconstruit trente kilomètres plus loin, dans la localité de Dolgoïe.
Tolstoï et sa famille s'installent alors dans l'aile nord, modifiée et agrandie, tandis que l'aile sud, dans laquelle l'écrivain va fonder son école, est restée la même qu'à l'origine.
Plus d'une dizaine de personnes vivent constamment dans la maison qui comprend de nombreuses pièces, de la chambre de Tolstoï à la chambre du docteur (un médecin est en effet attaché à la famille Tolstoï ; le dernier est Dushan Makovitsky<ref name="Russie_1"/>.
L'école
Tolstoï ouvre en 1859 une école dans l'aile sud de l'ancien château, dans laquelle il veut offrir à ses paysans l'éducation qu'il n'a jamais eue et appliquer ses principes pédagogiques . Tolstoï affirme qu'il est prêt à se sacrifier à ce projet Modèle:Citation<ref>Léon Tolstoï, Œuvres pédagogiques</ref>. Néanmoins, durant l’année 1861, Tolstoï est nommé « conciliateur des litiges ». Un manifeste du tsar Alexandre II, qui a succédé à Nicolas Ier, vient en effet de décréter l’affranchissement des serfs. Mais, dès sa promulgation, des différends surviennent entre les propriétaires fonciers et les paysans, et le gouvernement veut les régler avec l’aide d’« arbitres de paix ». Pendant un an, Tolstoï s’acquitte de sa tâche consciencieusement.
Le Modèle:Date-, Léon Tolstoï, à l'âge de trente-quatre ans, épouse Sophie Behrs, une jeune fille de dix-huit ans, fille d’un médecin attaché à l’administration du palais impérial de Moscou. Il se remet à écrire et termine Les cosaques, commencé dix ans plus tôt et qui obtient très vite un grand succès.
Toutefois, après la rédaction de Guerre et Paix, Tolstoï reprend l'école en 1869 fréquentée par trente-cinq enfants de paysans de la région. Il rédige alors un abécédaire, Les quatre livres de lecture, recueil de centaines de récits, fables, contes et légendes populaires composés ou adaptés par Tolstoï.
Aux champs
Préoccupé de la condition paysanne, Léon Tolstoï soutient ses serfs. Attentif à leur bien-être, d'une condition physique robuste, il les aide aux champs<ref name="Nadeau"/>. Ilia Répine rapporte lorsqu'il explique la genèse du tableau Tolstoï dans un champ de labour qu'il a suivi Tolstoï appelé par une veuve à l'aider dans son champ, et que celui-ci a travaillé sans interruption pendant six heures, ce qui a permis à Répine de remplir son carnet de croquisModèle:Sfn.
Pommeraie
Préoccupé, le barine<ref>BARINE. Étymologie : xixe siècle. Emprunté du russe barin, « seigneur », altération de boiarin, « noble » (voir Boyard). Dans l'ancienne Russie, titre donné respectueusement par un inférieur à un supérieur, ou donné aux hommes de toutes conditions, équivalent de Monsieur (Dictionnaire de l'Académie française 9è édition)</ref> plante et fait planter des pommiers. Ce sera la deuxième plus grande pommeraie d'Europe<ref name="Slate">[https://www.slate.fr/story/30607/tolstoi-un-prophete Tolstoï, un -prophète slate.com 29 novembre 2910</ref>.
Lors de la Grande famine, Léon Tolstoï organise des soupes populaires qu'il distribue, animé par un souci de charité, il mobilise autour de lui et devient une entreprise caritative à lui tout seul <ref name="Slate" />Il souligne dans son écrit La Famine la cause : « Le peuple a faim parce que nous mangeons trop À la vue de cette faim, de ce froid et de cette humiliation de milliers d hommes, je me convainquis que l existence à Moscou de gens vivant de cette vie était un crime. Et nous, pendant ce temps, nous nous rassasiions de filets et d esturgeons (...) Le petit groupe d hommes qui domine la masse des travailleurs, jouissant de tout ce qu elle produit, vit dans l oisiveté, dans un luxe insensé, et dépense inutilement et immoralement le produit du travail de millions d êtres » <ref>Léon Tolstoï Que faire ? suivi de La Famine</ref>
Tolstoi en son domaine
Les milliers de visiteurs qui venaient à Iasnaïa Poliana étaient fort surpris de voir la famille Tolstoï manger dans des services en argent. Tolstoï, qui était de son temps, adorait jouer au tennis (cour en gazon de la propriété) et rouler à bicyclette offerte par la « Société moscovite des passionnés de vélocipède »<ref name="Nadeau">Jean-François Nadeau Silence de Tolstoi sur Le Devoir 17 mai 2003</ref>.
Enjoué et sachant plaisanter, il dit à une de ses admiratrices qui le pressait de question : Modèle:Citation. À une autre le questionnant de par trop, le barine fait alors gaiement un tour sur lui-même et ajoute Modèle:Citation, et tous de rire<ref>dans Tatiana Tolstoï Sur mon père </ref>.
Tolstoï tond son gazon. Il fabrique lui-même ses chaussures, se faisant cordonnier<ref name="Nadeau"/> Il avait coutume de dire : « Je ne croirais jamais aux sentiments humains d'une personne qui fait vider son pot de chambre par son valet » L'âge viendra et bien qu'adulé, il se sentira seul incompris, et ne pouvant concilier son mode de vie aristocratique ce sera la fuite, brisé, à Astopovo<ref name=":0" />.
Visiteurs
Tolstoï reçoit presque toutes les personnalités culturelles et artistiques russes importantes de son temps à Iasnaïa Poliana. Ses invités prestigieux se nomment, entre autres : Anton Chekhov, Ivan Tourgueniev<ref>Bartlett, p. 274</ref>, Maxime Gorky, les peintres Valentin Serov et Ilya Répine<ref>Bartlett, p. 297</ref> ...
En 1882, Tolstoï participe au recensement de la population de Moscou, et il lui est attribué une section du raïon du Marché de Smolensk, dont le quartier pauvre de la forteresse de Rjanov (Modèle:Langue). Le peintre Répine accompagne l'écrivain dans ses tournées, comme en témoignent les dessins Scène de rue («Modèle:Langue»), L. N. Tolstoï et ses commis au recensement («Modèle:Langue») et quelques autresModèle:Sfn. Pendant les douze années où il le fréquente, que ce soit dans son appartement moscovite ou à Iasnaïa Poliana, Répine peint plusieurs portraits de l'écrivain, les plus connus étant Tolstoï à sa table de travail («Modèle:Langue» - 1887), Tolstoï dans un fauteuil un livre à la main («Modèle:Langue» - 1887), Tolstoï dans un cabinet japonais («Modèle:Langue» - 1891), ainsi que des dizaines d'esquisses et de croquis, la plupart dispersés dans ses carnetsModèle:Sfn.
En Modèle:Date-, Tchekhov est invité pour la première fois dans la propriété de Tolstoï de Iasnaïa Poliana– Modèle:Citation<ref>Lettre à Souvorine du 21 octobre 1895, dans Anton Tchekhov, Lettres 1879–1904, Rütten & Loening, Berlin 1968, Modèle:P..</ref> écrira Tchekhov deux mois plus tard.
La rédaction de Guerre et Paix et d'Anna Karénine
Modèle:... Léon Tolstoï a écrit ses chefs-d’œuvre ici, assis face à son bureau, dans sa chambre du rez-de-chaussée.
La tombe de Tolstoï
La tombe de Tolstoï est particulière, car elle forme un simple monticule, sans croix, ni pierre tombale, ni inscription. Tolstoï voulait être enterré là, en souvenir du jeu des frères Fourmis<ref>Le frère de Léon Tolstoï, Nicolas, avait inventé le jeu des "Frères Fourmis" (selon Tolstoï, en référence à l'idéal des Frères moraves (mouraveï, « fourmi » en russe). « La fraternité des Fourmis nous était révélée, mais le secret principal : que faire pour que les hommes n’aient plus de malheur, ne se querellent jamais et soient toujours heureux, était écrit par lui, nous disait-il, sur un petit bâton vert, et ce bâton vert était enfoui dans le chemin, au bord d’un ravin (Starï-Zakaz), à cet endroit où, puisqu’il faudra quelque part enfouir mon corps, j’ai demandé d’être enseveli en souvenir de Nikolenka » - Notes manuscrites recueillies par Paul Birukov et publiées dans : Paul Birukov, Léon Tolstoï, vie et œuvre, Traduction par J.-W. Bienstock, éd.Félix Alcan, 1906, Tome 1, [[s:Page:Biriukov_-_Léon_Tolstoï,_vie_et_oeuvre_1.djvu/143|Modèle:P.]]</ref>,<ref> C'est aussi également dû en partie à l'excommunication de Tolstoï en 1901</ref> Elle produisit un vif effet sur Stefan Zweig<ref>Modèle:Lien web</ref>, qui affirme Modèle:Citation. Il ajoute :
L'écrivain et académicien français Dominique Fernandez est lui aussi profondément marqué par cette tombe. Il déclare ainsi dans un entretien au Courrier de Russie<ref>Modèle:Lien web</ref> : Modèle:Citation.
Le musée Tolstoï et Iasnaïa Poliana de 1905 à nos jours
Les paysans de Iasnaïa Poliana protègent le domaine pendant la révolution russe de février 1917<ref>France Culture // Histoires de musique par Marianne Vourch, Iasnaïa Poliana, l’école de Tolstoï</ref>
En 1921, le domaine est transformé en musée à la mémoire de l'écrivain<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>. Il est d'abord dirigé par une des filles de Tolstoï, Alexandra Tolstoï.
Les paysans encore pendant la Seconde Guerre mondiale protègent toujours le domaine. La tombe de Tolstoï est profanée par la Wehrmacht, les soldats allemands enterrant leurs morts à côté de celle-ci ; la propriété étant transformée en hôpital militaire<ref>Brian Moynahan, Le concert héroïque, JC Lattès, 2014 s.p</ref>. Le domaine échappe toutefois au pillage, les Soviétiques ayant auparavant évacué les objets les plus précieux. Après la guerre, il est restauré, et rendu à l'état dans lequel il était du vivant de Tolstoï.
En 1994, la direction du musée est reprise par Vladimir Tolstoï, l'arrière petit-fils de Tolstoï<ref>Modèle:Lien web</ref>. Cette nomination marque le retour de la famille Tolstoï à Iasnaïa Poliana. En 2012, il cède sa place à Ekaterina Tolstaya, son épouse<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>À ne pas confondre avec la petite-fille de Tolstoï qui répond au même nom.</ref>, à la tête du musée<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Le musée contient les effets personnels de Tolstoï, ses meubles, ainsi que sa bibliothèque de 22 000 volumes. On y visite également l'école fondée par Tolstoï.
Références
<references />
Annexes
Bibliographie
- Serge Tolstoï, Tolstoï et les Tolstoï, Hermann, 1980.
- Serge Tolstoï, Les Enfants de Tolstoï, Perrin, 1989
- Tatiana Soukhotina-Tolstaïa, Sur mon père, Allia, 2003 Modèle:EAN
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Rosamund Bartlett, Tolstoy: A Russian Life, Profile, 2011 Modèle:Isbn
Articles connexes
- Musée Tolstoï (Moscou)
- Nikolskoïe-Viazemskoïe (annexe de Iasnaïa Poliana)
Liens externes
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}}Site officiel du musée
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Site officiel du musée
- Etude du domaine agricole d’Iasnaïa Polïana. Musée Léon TolstoÏ. Première reconnaissance pédologique et agronomique. ISTE n° 60- janvier 2011 Béatrice et Christian Buson
- Museum-estate of Leo Tolstoy "Yasnaya Polyana" at Google Cultural Institute