Affaire Francisco Arce Montes

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Modèle:Infobox Affaire criminelle L’affaire Francisco Arce Montes débute en France dans la nuit du 17 au Modèle:Date lorsqu'une jeune collégienne anglaise, nommée Caroline Dickinson, est retrouvée morte étouffée après avoir été violée dans l'auberge de jeunesse de Pleine-Fougères, en Ille-et-Vilaine, près de Saint-Malo. Elle effectuait avec sa classe un séjour linguistique en France. Son viol et son meurtre sont intervenus sans même que ses camarades de chambrée ne s'en aperçoivent. Très vite, l'affaire criminelle va avoir un fort écho médiatique en France et en Grande-Bretagne, ce qui influera sur le déroulement de l'enquête.

Le meurtrier, un Espagnol du nom de Francisco Arce Montes, est arrêté le Modèle:Date à Miami aux États-Unis et confondu par une analyse ADN. Modèle:Carte avec géolocalisation

L'affaire

La victime

Modèle:Carte avec géolocalisationCaroline Dickinson, née le Modèle:Date à Plymouth<ref name="The Guardian2">« School trip murder trial begins », The Guardian, 7 juin 2004 (lire en ligne).</ref>, vit avec sa mère divorcée Susan Dickinson (née Valentine), Modèle:Nobr, infirmière à l'hôpital Derriford de Plymouth, et sa sœur Jenny, Modèle:Nobr, à Launceston, dans les Cornouailles, au Royaume-Uni. Son père John Dickinson, Modèle:Nobr, agent dans la santé-environnement pour le district North Cornwall, vit à Bodmin, une ville située à une trentaine de kilomètres de Launceston.

Inscrite au collège de Launceston, c'est une élève brillante, qui a beaucoup de goût pour les études et suit également des cours de ballet jusqu'à l'âge de Modèle:Nobr. Comme elle aime aussi la musique, elle intègre l'orchestre de l'école et y joue de la clarinette et occasionnellement du piano. Elle est aussi une brownie<ref name="Find a Grave">« Caroline Anne Dickinson », Find a Grave, (lire en ligne).</ref>.

Caroline économise 90 £ sur son argent de poche et demande à son père de payer le reste, soit Modèle:Unité. En effet, apprenant le français au collège, elle désire partir en voyage scolaire en France afin de pouvoir pratiquer cette langue durant son séjour<ref name="Mother tells">« Mother tells court of shy and happy child », The Daily Telegraph, 9 juin 2004 (lire en ligne).</ref>.

C'est son premier voyage scolaire à l'étranger et aussi la première fois qu'elle part en vacances sans ses parents. Pour cela, sa mère demande aux cinq enseignants qui accompagnent le groupe d'élèves de prêter une attention particulière à Caroline, car si cette dernière connaît les autres jeunes filles, elle n'a pas de véritables amies parmi elles. Sa meilleure compagne était sa jeune sœur Jenny. Elle aime les animaux et notamment les chats.

Le principal du collège, Alan Wroath, déclare « que c'était une jolie fille et qu'elle travaillait dur. Elle avait beaucoup d'amis et était toujours prête à sourire. Elle était calme et douce »<ref name="The Independent">« Girl murdered on school trip to France », The Independent, 20 juillet 1996 (lire en ligne).</ref>.

L'assassin

Modèle:Carte avec géolocalisation Francisco Arce Montes naît le Modèle:Date à Gijón dans les Asturies en Espagne<ref name="page 109" group="c">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>. Au cours d'une enfance sans histoire, il vit avec ses parents Gerardo Arce et Benigna Montes, qui sont gérants d'une petite épicerie<ref name="page 111" group="c">Modèle:Harvsp.</ref> et sa sœur María Blanca, plus âgée de 9 ans. Il est détesté par sa mère, mais adoré par son père. Vers l'âge de 15 ans, il décide de quitter le collège et commence à boire<ref name="BBC">« Montes: Portrait of a serial abuser », BBC, 28 juin 2005 (lire en ligne).</ref>,<ref name="page 109" group="c"/>.

En 1971, à l'âge de 21 ans, il est interpellé pour exhibitionnisme dans cette même ville de Gijón. Quelques années plus tard, il sera renvoyé de l'armée à la suite d'une affaire de haschich.

En 1974, il commence à s'éloigner de sa famille et parcourt de nombreux pays européens. Il travaille dans un hôtel de Londres jusqu’en Modèle:Date. En Suisse, Arce Montes commet un vol dans une boutique à Berne<ref name="page 103" group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

En 1980, il part en Allemagne, où il est arrêté et condamné à de la prison pour attentat à la pudeur sur une adolescente. En Modèle:Date, Arce Montes fait irruption dans la chambre d'une jeune Française, Christine Le Menes, dans une auberge de jeunesse d'Utrecht aux Pays-Bas<ref name="BBC" />. Étrangement, elle ne crie pas ni ne cherche à fuir son agresseur. Finalement, Christine Le Menes et Francisco Arce Montes deviennent amants et de cette aventure naît le Modèle:Date, un fils<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>. Vers l'année 1984, il est à nouveau impliqué dans des vols à Fribourg-en-Brisgau et à Aix-la-Chapelle, et pour une nouvelle fois dans un attentat à la pudeur<ref>«Critica de crimenes», Adeguello, 4 juillet 2004 (lire en ligne).</ref>.

Le Modèle:Date, à Tübingen et à Lörrach dans le Land de Bade-Wurtemberg en Allemagne, Arce Montes est condamné à 5 ans et 6 mois pour des tentatives de viol sur deux autostoppeuses<ref name="page 111" group="c" />. N’effectuant que deux ans de prison, il est expulsé d'Allemagne vers l'Espagne fin 1991, avec une interdiction définitive du territoire allemand<ref name="page 103" group="a" />.

Une fois de retour dans sa ville natale, il devient violent envers sa mère qui va porter plainte à 3 reprises.

De 1993 à 1997, il part vivre à Londres dans le quartier d'Earls Court<ref name="page 113" group="c">Modèle:Harvsp.</ref>, où Arce Montes vit de petits boulots notamment dans la restauration. Entre-temps, il commet d'autres agressions notamment en France. À Nancy, il viole une jeune fille qui le reconnaîtra en 1999 grâce au portrait-robot établi dans le cadre de l'affaire du meurtre de Caroline Dickinson<ref name="page 112" group="c">Modèle:Harvsp.</ref>.

Durant l'été 1994, à bord d'une camionnette blanche Mazda immatriculée aux Pays-Bas, il rencontre dans un parc à Paris une jeune Irlandaise de 14 ans et s'entiche d'elle. Il la suit sur Modèle:Unité, jusque dans la vallée de la Loire à Croix-en-Touraine, où un soir il entrera dans le Centre international de séjour de la Hercerie où la jeune Irlandaise est hébergée. Une fois dans sa chambre, alors qu'elle dort, il se glisse sur elle, la jeune fille le remarque et se tourne vers lui. Arce Montes lui parle doucement et l'appelle par son nom. Il se fait arrêter par les gendarmes pour cette intrusion dans le dortoir des jeunes Irlandaises<ref name="BBC"/>. Les gendarmes le relâchent, mais dressent un procès-verbal avec le nom de Francisco Arce Montes<ref name="lexpress">Modèle:Lien web.</ref>. La jeune irlandaise reconnaîtra Arce Montes quelques années plus tard par les photos émises lors du procès<ref name="page 113" group="c"/>.

Le Modèle:Date, dans la ville de Llanes en Espagne, il se fait expulser de l'auberge de jeunesse de la Fonta del Cai par le directeur, après être entré dans une chambre où se trouvent des jeunes d'un voyage scolaire<ref>« Arce, el violador errante », El Mundo, 22 avril 2001 (lire en ligne).</ref>. Le Modèle:Date, Arce Montes se trouve en Bretagne pour voir son fils qui habite à Vitré en Ille-et-Vilaine. Trouvant porte close<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>, il décide de rentrer à Londres par le ferry de Saint-Malo à Portsmouth, mais rate le dernier ferry. Dépité, Arce Montes va boire dans des bars locaux et prend quelques tranquillisants. Cela a pour conséquence de faire resurgir ses pulsions sexuelles. Il décide de partir à Pleine-Fougères, puis vers Saint-Lunaire, une ville proche de Saint-Malo, à la recherche d'une auberge de jeunesse. Son échec dans l'auberge de Saint-Lunaire le fera repartir vers Pleine-Fougères où il commettra le viol et le meurtre de Caroline Dickinson<ref name="page 125" group="b">Modèle:Harvsp.</ref>.

Le Modèle:Date, à nouveau dans la ville de Llanes, Arce Montes va être arrêté pour viol sous la menace d'une arme<ref>« Le meurtrier de Caroline Dickinson condamné en Espagne pour tentative de viol », France 3, 22 janvier 2005 (lire en ligne).</ref>. Cette fois, il ne va pas être libéré, mais placé en détention provisoire. Cependant la police espagnole ne signale pas cette arrestation aux policiers français. Comme le permet la justice espagnole, il est remis provisoirement en liberté malgré la demande de sa mère au procureur de ne pas le laisser sortir<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>. Le Modèle:Date, Arce Montes ne se présente pas au tribunal pour assister à une audience pour connaître la date de son procès. Il produit un certificat médical qui le déclare incapable d'y assister. Son père étant décédé peu de temps auparavant, il hérite de Modèle:Nobr de pesetas (environ Modèle:Unité)<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>. Le Modèle:Date, sans prévenir personne, ni sa mère, ni sa sœur, il quitte l’Espagne et part en direction de l'Amérique du Sud. Arce Montes voyage en Colombie, au Pérou, au Costa Rica et en Argentine, avant de finir aux États-Unis<ref name="page 114" group="c">Modèle:Harvsp.</ref>. Durant l'année 2000, il voyage au Chili et au Canada<ref name="hémon2005_112" group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

Le Modèle:Date-, Arce Montes revient aux États-Unis depuis le Pérou.

Dans la nuit du Modèle:Date au Modèle:Date, il va commettre une tentative d'agression sexuelle dans l’hôtel Banana Bungalow à Miami Beach en s'introduisant dans une chambre où dorment des jeunes filles irlandaises. Le lendemain, il rôde autour de la piscine de l’hôtel mais, averti de l'incident de la veille, le gardien de l’hôtel interpelle Arce Montes et appelle la police. Incarcéré dans le comté de Miami-Dade, il sera extradé vers la France après qu'un policier de la police de Détroit travaillant à l'office de l'immigration ait lu l'interview du juge d'instruction français chargé de l'affaire Dickinson dans le Sunday Times : il reconnaît immédiatement le nom d'Arce Montes, cité dans l'article. Un échange réciproque des justices américaine et française est organisé, après un prélèvement ADN effectué par la police française, qui le désigne comme l'assassin de Caroline Dickinson<ref name="Le Figaro">Modèle:Article.</ref>.

Jugé en Modèle:Date et confirmé par la cour d'appel en Modèle:Date, Arce Montes sera reconnu coupable du viol et du meurtre de Caroline Dickinson et sera condamné à Modèle:Nobr de prison.

Les faits

Début du voyage scolaire

Fichier:Mont Saint Michel bordercropped.jpg
Vue du Mont Saint-Michel

Depuis de nombreuses années, le collège de Launceston dans les Cornouailles organise durant l'été des voyages scolaires à l'étranger, pour donner une expérience éducative intéressante à ses élèves<ref name="The Independent"/>. Un de ces séjours est un voyage linguistique en Normandie et en Bretagne, afin de visiter les sites touristiques de Saint-Malo, Bayeux et du Mont Saint-Michel. La dégustation de la gastronomie française et la pratique de la langue française étaient également prévues durant ce séjour<ref name="The Independent"/>.

Le Modèle:Date, 40 collégiens anglais âgés de 11 à 15 ans (35 filles et 5 garçons) accompagnés de 5 professeurs (3 femmes et 2 hommes, le taux d'encadrement des collégiens d'un professeur pour huit élèves était raisonnable pour les parents afin que leurs enfants soient bien encadrés pour ce voyage<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>), une infirmière qui est l'épouse d'un des cinq professeurs et le chauffeur du bus quittent la ville de Launceston en autocar en direction de la ville portuaire de Poole dans le comté de Dorset pour prendre le ferry pour Saint-Malo dans le département d'Ille-et-Vilaine. En début de soirée, le groupe arrive à Saint-Malo et décide de regarder le feu d'artifice du Modèle:Date depuis un terrain de sport de la ville<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>. Une fois le spectacle pyrotechnique fini, le groupe part en direction de Pleine-Fougères, également en Ille-et-Vilaine. Ce lieu est très connu et apprécié au Royaume-Uni, car c'est un endroit calme, loin des grandes villes, mais près de lieux hautement touristiques, comme le mont Saint-Michel<ref>Modèle:Article.</ref>. Une fois arrivé à l’auberge de jeunesse de Pleine-Fougères, située rue de Normandie, aujourd’hui fermée<ref>« Vers une Maison des associations dans l'auberge de jeunesse », Ouest France, 18 décembre 2015(lire en ligne).</ref>, le groupe commence à s'installer dans les chambres dortoirs de l’auberge pour y passer leur première nuit. Caroline, qui entre-temps s'est liée d'amitié avec Ann, Melissa, Camilla et Jenny, des camarades du collège, demande et obtient le droit de s'installer dans la chambre des quatre filles. Cette petite chambre d'environ 12 est équipée de lits superposés pour quatre, d'un lavabo et d'étagères pour y poser des affaires. Il faut donc installer un cinquième matelas à même le sol pour que puisse dormir Caroline<ref name="L'Express">« Les dossiers de L'Express - Faits divers: Meurtre: l'énigme de la chambre n° 4 », L'Express, 17 juillet 1997 (lire en ligne).</ref>. Cette chambre, juste à côté de l'escalier, porte le Modèle:Nobr. Pour des raisons de sécurité et pour éviter que les collégiens aient l'idée de fermer les portes des chambres à clef, les enseignants confisquent toutes les clés des portes des chambres qu'occupent les collégiens<ref name="hémon2005_24" group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

Le Modèle:Date et le Modèle:Date, les collégiens continuent leurs excursions, notamment à Saint-Malo et ses fortifications, admirent la baie du Mont Saint-Michel. Les jeunes Anglais visitent également Bayeux et peuvent admirer la célèbre tapisserie. Ils iront aussi à la découverte des paysages le long de la Côte d'Émeraude et des plages du débarquement<ref name="page 22" group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

La nuit tragique

Le Modèle:Date au matin, le groupe part visiter la ville voisine de Pontorson. L’après-midi, les enseignants décident d’emmener les collégiens à la plage, mais une douzaine de collégiens, dont Caroline, préfèrent rester à l'auberge<ref name="Libération">Modèle:Article.</ref>. Caroline ira avec ses camarades de chambre se balader dans le centre-ville de Pleine-Fougères, puis retourneront à l'auberge pour lire des magazines dans leur chambre. Le petit groupe retrouvera deux jeunes Français âgés de 14 et 16 ans, Kurt et Tony, surnoms que les cinq adolescentes leur ont donnés. Ces deux Français étaient arrivés le 15 ou le Modèle:Date- à Pleine-Fougères avec leurs parents pour passer des vacances d'été<ref name="page 22" group="a"/>.

Après le dîner, les collégiens profitent d'un temps libre pour s'amuser et préparer la grande fête du lendemain qui marquera la fin du voyage et le retour des collégiens dans leur région des Cornouailles. Caroline et Jenny, elles, continuent de s'amuser dans la cour de l'auberge avec les deux adolescents Français qui s'amusent à les arroser avec des bouteilles d'eau<ref name="L'Express"/>.

Entre 22 et 23 heures, la nuit tombée, les jeunes collégiens et collégiennes de la classe de Caroline Dickinson montent dans leurs dortoirs respectifs à l'auberge de jeunesse. Caroline et ses quatre amies, Ann, Melissa, Camilla et enfin Jenny, passent la soirée à discuter, imaginant leur futur. Elles chantent jusqu'à ce qu'une accompagnatrice, Jackie Thorpe, demande aux cinq élèves de se coucher, après que des camarades des chambres voisines se sont plaints des bruits venant de la chambre de Caroline. Alors que Ann et Melissa partagent un lit superposé, Ann en haut et Melissa en bas, Camilla et Jenny se partagent l'autre lit superposé. Caroline s'installe sur le matelas posé par terre entre les deux lits superposés<ref name="lexpress" />. Durant trente minutes environ, les cinq filles discutent en chuchotant et Caroline regarde le ciel clair étoilé par la fenêtre, fredonnant une chanson populaire en Angleterre « Twinkle, Twinkle, Little Star » (Brille, Brille, Petite Étoile)<ref name="Find a Grave"/>. Puis vers 1 heure, les cinq adolescentes s'endorment finalement.

Par cette chaude nuit d'été, les fenêtres sont restées ouvertes et la porte d'entrée n'est pas verrouillée, malgré le fait que selon Louis Thébault, président de l'auberge, les portes d'entrée et de derrière soient toujours fermées à partir de Modèle:Heure/Modèle:Heure<ref name="L'Express"/>. Pendant que les élèves dorment, un homme entre facilement dans l'auberge de jeunesse, monte l'escalier et arrive à l'étage où dorment quelques collégiennes et un couple de touristes. L'homme entre dans la chambre no 4, agresse Caroline Dickinson qui dort sur un matelas posé sur le sol. Il la viole, puis la tue en l'étouffant avec un morceau de coton. Il repart aussitôt comme il est entré, en toute discrétion. Les quatre jeunes filles disent bien avoir entendu, dans un demi-sommeil, un « grognement », une « respiration haletante », des « pleurs » mais elles se rendorment sans s'inquiéter, car Jenny a l'habitude de parler la nuit et de faire des cauchemars<ref name="lexpress"/>.

Le matin de la découverte

Aux alentours de 8 heures, ce jeudi Modèle:Date, un enseignant frappe à la porte pour signaler aux collégiennes qu'il est l'heure de se lever et d'aller au petit-déjeuner<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>. Ann, Cammilla, Jenny et Melissa se lèvent, seule Caroline ne bouge pas. Chacune des quatre adolescentes essaye à son tour de réveiller Caroline. Melissa bougeant le sac de couchage, Ann constate que « les lèvres de Caroline sont bleues ». Camilla touche le poignet de Caroline pour prendre son pouls, mais ne sent aucun pouls et il est froid<ref>Modèle:Article.</ref>. Horrifiées, elles appellent une enseignante, Elisabeth Barker, qui sera rejointe rapidement par une autre enseignante, Jackie Thorpse qui, pensant que Caroline a un malaise, la place en position latérale de sécurité. En la déplaçant, elle remarque « une tache rouge au niveau de ses hanches »<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>. L’infirmière, Madame Mitchell qui accompagne le groupe, soulève la paupière de Caroline et comprend qu'elle est décédée.

À Modèle:Heure, le médecin du village, le docteur Michel Coignard, arrive à l'auberge et confirme l'assassinat et le viol de la petite Anglaise. Peu après, les gendarmes arrivent sur place et commencent à baliser le lieu du crime et à rassembler tous les occupants au rez-de-chaussée, dans la cantine. Un des enseignants, annonce que « Caroline n'est pas bien, qu'elle part à l’hôpital »<ref name="page 16" group="a">Modèle:Harvsp.</ref>. La personne qui était de garde cette nuit à l'auberge dit aux gendarmes, qu'il manque deux personnes, un motard et sa compagne, qu'ils sont partis tôt ce matin. À l'étage, le médecin légiste, le docteur François Paysant, commence son diagnostic post mortem. Il confirme que la jeune collégienne a été violée avant de mourir. Des traces de sperme ont été trouvées sur sa cuisse et sur sa culotte qui lui servait de pyjama. La rigidité cadavérique est totale, le corps est encore tiède, des éléments qui permettent au médecin légiste de situer la mort à une douzaine d'heures grand maximum<ref name="page 16" group="a"/>. Les gendarmes prélèvent un échantillon de sperme afin d'avoir l’empreinte génétique du coupable. Les enseignants masculins et le chauffeur italien du bus anglais sont soumis à un prélèvement afin de les comparer plus tard à l'ADN du meurtrier. Seuls les cinq collégiens anglais qui participent au voyage ne le sont pas<ref name="Libération"/>.

Pendant ce temps là, les gendarmes amènent les collégiennes à la mairie afin de commencer les premières auditions<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>. Laura Daveney, une camarade de classe de Caroline, déclare que même si cela n'a rien à voir, elle avait remarqué un homme suspect, le mardi Modèle:Date dans la cour de l'auberge, alors qu'elle était restée dans sa chambre souffrant d'une migraine. Elle l'observa sans être vue derrière le volet : « Comme s'il repérait les lieux, il levait nerveusement les yeux et regardait fixement vers les fenêtres de l'auberge. Il avait une démarche lourde, le dos voûté, le regard noir et menaçant ». Le lendemain, soit le mercredi Modèle:Date, Laura recroise, en se rendant au court de tennis de l’établissement, l'homme vu la veille qui « traîne les pieds dans la cour de l'auberge ». Une autre Anglaise, Amy White, déclare que vers Modèle:Heure, elle veut aller aux toilettes afin de se nettoyer le visage avec deux amies, mais qu'à peine la porte légèrement ouverte, elle entend un bruit de pas dans le couloir et voit un inconnu devant la porte de la chambre no 5. Elles décident d’attendre quelques minutes avant de ressortir à nouveau de la chambre. Finalement vers Modèle:Heure, elles sortent de la chambre et croisent la même personne qui descend les escaliers. Amy se souvient bien du visage et les gendarmes en font un portrait-robot. Laura, la collégienne qui avait déclaré avoir vu un rôdeur les mardi et mercredi, reconnaît l'homme dans cette esquisse<ref group="a" name="hémon2005_24" />.

Jackie Thorpe, qui dormait avec Elisabeth Barker dans la chambre no 2, indique aux gendarmes qu'elle a entendu du bruit devant l'auberge vers 4 heures. Pensant qu'il s'agit d'élèves faisant le mur, elle décide de monter la garde devant l'escalier mais, ne remarquant rien, décide de retourner dans la chambre cinq minutes plus tard. À 5 heures, ne dormant toujours pas, elle entend à nouveau des bruits, se lève et observe depuis sa fenêtre la silhouette d'une personne portant jean et blouson. Quelques secondes plus tard, elle entend le bruit d'un véhicule qui démarre, dira-t-elle, « comme dans un grand bruit de casserole »<ref>« School trip murder accused admits sexual assault », The Guardian, 8 juin 2004 (lire en ligne).</ref>.

Petit à petit, la rumeur d'un meurtre enfle et la commune est alors en état de choc. Les gendarmes effectuent des enquêtes de voisinage et les questions des habitants de Pleine-Fougères sont nombreuses. Les journalistes commencent à arriver dans le bourg. Édouard Maret, journaliste à Ouest-France, sera le premier sur place<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>, mais il est confronté au silence des autorités.

Confirmation de l'autopsie

Vers Modèle:Heure, le corps de Caroline est emmené à l'institut médico-légal du CHU de Rennes, afin que soit pratiqué l'autopsie. Le juge d'instruction du tribunal de Saint-Malo et le consul de Grande-Bretagne à Saint-Malo, Ronald Frankel<ref>« Murdered Caroline's friends come home », The Independent, 21 juillet 1994 (lire en ligne).</ref> se rendent sur place peu de temps après. L'autopsie du corps, Modèle:Unité et Modèle:Unité, montre que Caroline est décédée des suites d'un syndrome asphyxique brutal. Une ecchymose sur la partie intérieure du cou est visible. Ses voies nasales et buccales ont été obstruées, ce qui provoqua la mort de l'enfant en deux minutes maximum<ref name="The Guardian2"/>. L'examen de l'estomac de Caroline, indique que les aliments ingurgités la veille au soir ont été complètement digérés et situe sa mort aux alentours de Modèle:Heure<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>. L'autopsie montre également que les blessures et les lésions sexuelles ont été infligées du vivant de Caroline. Les médecins pensent que le meurtrier s'est masturbé tout en violant Caroline avec un objet ou ses doigts, au vu des lésions peu profondes<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

En Angleterre, alors que sa mère se trouve en ce mois chaud de juillet sur la plage de la ville de Bude, deux policiers l'accostent et lui demandent de les suivre jusqu’à leur voiture de police. Les policiers lui disent : « Votre fille a été retrouvée morte en France ». Au même moment, sur le lieu de travail du père de Caroline, la police lui annonce également le décès de sa fille en France. Bien que le couple soit divorcé depuis de nombreuses années, ils voyagent de nuit ensemble sur le même ferry du port de Portsmouth à Cherbourg<ref name="The Daily Telegraph">Modèle:Article.</ref>.

Le vendredi Modèle:Date- dans l’après-midi et une fois le résultat du rapport d'autopsie connu, la substitut du procureur de Saint-Malo, Christine Le Crom, annonce l'ouverture d'une information judiciaire pour « meurtre accompagné de viol sur mineure de moins de 15 ans ».

À Pleine-Fougères, les parents de Caroline arrivent dans l’après-midi sous les caméras des journalistes arrivés en nombre de Rennes et Paris, et beaucoup de journalistes anglais sont aussi présents. Le meurtre de la petite anglaise commence à faire la une des journaux. En Angleterre, des milliers de parents anglais qui ont un fils, une fille quelque part en France en voyage scolaire, commencent à s’inquiéter<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

Obsèques

Fichier:St Thomas Church - geograph.org.uk - 323476.jpg
L'église de Saint-Thomas

Le jeudi Modèle:Date-, une semaine après le drame, ont lieu les obsèques de Caroline Dickinson dans l'église Sainte-Marie-Madeleine de Launceston, auxquelles assiste beaucoup de monde dont les élèves de son collège et une délégation de la ville de Pleine-Fougères. Caroline est enterrée au cimetière de l'église de Saint-Thomas, également à Launceston. La jeune sœur de Caroline pose une fleur sur son cercueil.

Quelque temps plus tard, l'auberge de Pleine-Fougères remplace les numéros des chambres par des noms de fleurs<ref name="page 73" group="a"/>.

Une malheureuse coïncidence fait que le jour de ses funérailles, ses parents reçoivent les cartes postales qu'elle a envoyées à chacun d'eux. La carte adressée à son père dit : « Cher papa, je suis en France ! C'est vraiment bien ici, je passe de bons moments ! Comment vas-tu? Nous avons été dans plein d'endroits sympa, je te raconterai tout ça très bientôt. Je t'aime beaucoup et je souhaiterais que tu sois là aussi ! Caroline »<ref name="The Daily Telegraph"/>.

Enquête

Le commencement

L'affaire est confiée au juge d'instruction de Saint-Malo, Gérard Zaug. La partie civile, à savoir les parents de Caroline Dickinson, est représentée par Modèle:Me Hervé Rouzaud-Le Bœuf, avocat au barreau de Rennes. 50 gendarmes sont mobilisés pour résoudre cette enquête<ref>« Justice waits for Caroline Dickinson », BBC, 10 juin 2004 (lire en ligne).</ref>.

Les indices prélevés dans la chambre sont :

  • un morceau de ouate de Modèle:Unité sur Modèle:Unité<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref> ayant servi à étouffer la jeune fille<ref name="DeniJustice">«1996 Affaire Dickinson: bavure du juge Gérard Zaug», Deni de justice, 17 mai 2010 (lire en ligne).</ref>.
  • des traces de sperme prélevées sur la cuisse du cadavre et sur le pyjama qui était roulé entre ses jambes, permettant de faire une analyse de l'ADN du coupable<ref name="DeniJustice"/>.

Alors que les auditions continuent, l'enquête avance. En Suisse alémanique, deux couples qui dormaient à l'auberge la nuit du drame sont soumis à une prise de sang. En Italie aussi, un italien habitant Turin subit une prise de sang. Un homme habitant à Amiens qui était venu dans la région pour assister avec sa compagne au festival Brest 96 et qui était parti de l'auberge avant l'aube, déclare plus tard que quelqu'un a ouvert la porte de sa chambre qu'il occupa avec sa compagne à l’auberge la nuit du crime. Il a demandé « Qui est là? », personne ne lui a répondu, il se leva et alla fermer la porte de sa chambre à clef<ref name="Libération"/>.

Finalement, très rapidement, tous les hommes présents dans l'auberge la nuit du crime sont innocentés par les résultats négatifs des tests ADN. Le portrait-robot fait par Amy White n'est pas montré au public, mais restera diffusé en interne des gendarmeries françaises<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

À Pleine-Fougères, l’enquête de voisinage permet d'identifier un suspect potentiel. Beaucoup de personnes ont vu peu de temps avant le jour où Caroline perdit la vie, une personne avec un bandana rouge qui a déambulé dans la petite ville. Des témoins l’aperçoivent à la pharmacie et à l'épicerie, où on le voit acheter une bouteille de rosé. Quelques personnes lui donnent des cigarettes<ref name="page 29" group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

Un suspect

Le coupable idéal

Le premier suspect est Patrice Padé, né en Modèle:Date à Dieppe en Seine-Maritime<ref name="Libération"/>, un sans domicile fixe au casier chargé dont quelques affaires de mœurs (attentat à la pudeur et exhibitionnisme), est le suspect idéal. Alors que les Modèle:Date et Modèle:Date, il est hébergé par le curé de la ville de Pontorson, Padé entend à la radio la nouvelle du meurtre de la jeune Caroline à Pleine-Fougères. Le samedi Modèle:Date-, il décide de rentrer dans son petit appartement situé à Domfront dans l'Orne. Alors qu'il fait de l'auto-stop, il est remarqué par un gendarme qui est en train d'installer un radar mobile. Padé se fait embarquer par le gendarme et conduire à la gendarmerie de Saint-Malo. Comme les gendarmes pensent que c'est un routard qui aurait commis le meurtre, ils voient en Patrice Padé un coupable idéal<ref name="Le Figaro"/>. Un casier judiciaire chargé, des témoins qui le reconnaissent parmi une liste de Modèle:Nobr et des explications confuses de la part de Padé, il n'en faut pas plus aux gendarmes pour le placer en garde à vue, pour Modèle:Nobr maximum<ref name="page 29" group="a"/>.

Au Royaume-Uni, l'affaire fait la une des journaux et une énorme pression médiatique s'installe, le Quai d'Orsay, le Foreign Office s'y mettent aussi, les journalistes français également mettent la pression sur les gendarmes pour finir et trouver le coupable rapidement<ref>« Retour sur l'affaire Caroline Dickinson », L'heure du crime RTL, 6 mars 2013 (lire en ligne).</ref>.

Le dimanche Modèle:Date, la rumeur qu'une personne est en garde à vue commence à être ébruitée. En garde en vue, les gendarmes mettent la pression sur Padé, le sachant dépendant à l’alcool, le privent d’alcool et de ses médicaments. Les gendarmes refusent de suivre l'avis du médecin de l'hospitaliser. Il dira plus tard, au journal anglais The Observer du Modèle:Date et au Ouest-France du Modèle:Date, qu'il a été frappé durant sa garde à vue et a subi l’acharnement des gendarmes contre lui<ref name ="page 30" group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

Au terme de 43 heures de garde à vue, le lundi Modèle:Date-, il finit par avouer le viol et le crime<ref>Modèle:Article.</ref>. Au bureau du juge Zaug, on lui fait relire ses aveux et il confirme. Le soir même Padé est mis en examen pour « meurtre accompagné de viol ». Il est conduit à la prison de Ploemeur<ref>Modèle:Article.</ref>, à côté de Lorient. À son arrivée à la prison, les détenus ont commencé à faire du bruit et à crier qu'ils allaient le tuer<ref>« Je suis un type brisé à tout jamais », Le Parisien, 19 juin 1998 (lire en ligne).</ref>. Certains gendarmes doutent de la véracité des propos tenus par Padé et donc qu'il soit le véritable coupable, au vu de certaines déclarations qui ne correspondent pas aux faits. Notamment, que Padé indique que Caroline était « magnifiquement blonde », alors qu'il faisait nuit et les lumières étaient éteintes. Que deux fillettes dormaient dans le même lit, alors que chacune dormait dans son lit<ref name ="page 30" group="a"/>. Certains gendarmes ont objecté qu'il fallait attendre les résultats des tests ADN plutôt que de dire au public que les enquêteurs tenaient le coupable.

Le Modèle:Date, le juge Zaug, accompagné de gendarmes donne une conférence de presse dans la bibliothèque du palais de justice pour indiquer que le meurtrier est arrêté, précisant néanmoins qu'une analyse ADN est en cours et « devrait corroborer les aveux de cet homme dans les prochains jours »<ref name="Secret">« L'affaire Caroline Dickinson », Secrets d'actualité M6, 3 juillet 2005.</ref>. Que ça soit en France ou en Angleterre, les félicitations sont adressées aux enquêteurs et au juge pour la rapidité de la résolution de cette affaire<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>. Le Modèle:Date, Padé écrit au juge Zaug pour l'informer qu'il revient sur ses aveux et qu'il n'est pas le coupable que les gendarmes recherchent.

Rebondissement

Le Modèle:Date, les résultats fournis par le laboratoire de Bordeaux de la prise de sang effectuée sur Padé quelques jours auparavant, tombent. L'analyse disculpe Patrice Padé. Il n'est pas le coupable. Cependant le juge ne rend pas publique cette information et demande une contre-expertise. Au vu des résultats négatifs, l'avocat de Padé, Modèle:Me René Blachard demande au juge la libération de Patrice Padé qui lui est refusée. Le juge croit encore à l'hypothèse de deux hommes qui se seraient introduits dans la chambre de Caroline<ref name="page 265" group="d">Modèle:Harvsp.</ref>.

Une semaine plus tard, le Modèle:Date-, la contre-expertise confirme le résultat de la première expertise l'ADN retrouvé sur le corps de Caroline et celui de Padé ne sont pas concordants<ref>Modèle:Article.</ref>. Le juge Zaug reconnaît son erreur et « le coup de massue » devant le fait accompli que Padé n'est pas le coupable<ref name="page 32" group="a">Modèle:Harvsp.</ref>. Le Modèle:Date-<ref name="page 266"group="d">Modèle:Harvsp.</ref>, le juge vient en personne à la prison devant les journalistes libérer Patrice Padé, qui passe sa nuit à la gendarmerie de Pluvigner à sa demande<ref name="page 32" group="a"/> . Patrice Padé est libre, mais sous surveillance. Le juge, a toujours dans l'idée une action de « deux hommes » et, si Padé n'est pas le violeur, il est peut-être le meurtrier<ref name="page 265" group="d"/>.

En Modèle:Date, Padé passe devant la commission d'indemnisation pour demander une compensation financière pour ses jours passés en détention provisoire. Alors qu'il a demandé Modèle:Unité (environ Modèle:Unité), la Commission nationale d´indemnisation lui en accorde Modèle:Unité (environ Modèle:Unité) pour sa détention de Modèle:Nobr en Modèle:Date<ref>Modèle:Article.</ref>.

Agacement de la presse britannique

Lorsque la nouvelle de l'innocence de Patrice Padé tombe, c'est le choc en France et en Angleterre. La presse britannique et notamment les tabloïds, commencent à décrier la justice française et à se déchaîner sur elle<ref>« After eight years, parents face the man accused of killing their daughter », The Guardian, 8 juin 2004 (lire en ligne).</ref>. La presse britannique indique qu'au Royaume-Uni, les tests ADN sont courants ; que la justice française est en retard dans ce domaine<ref>« DNA lessons of Caroline murder », The Guardian, 13 juin 2004 (lire en ligne).</ref>. Le père de Caroline dira aussi que la justice française ne met pas tout en œuvre pour retrouver le meurtrier de sa fille<ref name="page 266"group="d"/>, soutenu par le député de sa circonscription, le gouvernement britannique et la presse qui fait remarquer que beaucoup d'affaires de meurtre de citoyens anglais en France n'ont jamais été résolues et a des doutes sur la conclusion de l'enquête<ref>«Les grandes affaires criminelles anglaises en France», Direct matin, 6 septembre 2012 (en ligne).</ref>. Le journal anglais Evening Standard publie un article sur le taux de réussite des résolutions de crime d'anglais tués en France durant les vingt dernières années, qui annonce le chiffre de deux affaires élucidés sur vingt-trois. La presse anglaise, afin de mettre la pression sur la justice française, met en avant l'efficacité de la police et de la justice anglaises pour résoudre rapidement l'affaire Céline Figard<ref name="faites entrer l'accusé">«L'affaire Caroline Dickinson», Faites entrer l'accusé France 2, Modèle:1er septembre 2005.</ref>.

L'affaire Céline Figard
Fichier:Lorry park at Chieveley services - geograph.org.uk - 927969.jpg
Aire de repos, où Céline a été vue pour la dernière fois vivante (photo du lieu en 2008).

Céline Figard est une jeune française de 19 ans<ref name="Céline figard libération">« Céline Figard: la mortelle randonnée. Le procès de Stuart Morgan, l'assassin présumé, s'est ouvert en Angleterre », Libération, 3 octobre 1996 (lire en ligne).</ref>, étudiante en comptabilité-gestion à Montbéliard dans le Doubs, qui part durant les vacances de Noël en Modèle:Date en Angleterre, à Fordingbridge dans le comté du Hampshire pour y retrouver son cousin Jean-Marc<ref name="Céline l'humanité">Modèle:Article.</ref>. Le lundi Modèle:Date, elle quitte la ferme familiale de Ferrières-lès-Scey en Haute-Saône. Voulant partir en train, ses plans sont modifiés à la suite de la grève à la SNCF durant le mouvement social de 1995. C'est un ami de ses parents, chauffeur-routier, qui la conduit jusqu'en Angleterre à Folkestone, ville terminus du tunnel sous la Manche. Là, l'ami des parents laisse Céline prendre un autre camion, conduit par un chauffeur de Gueugnon, Roger Bouvier<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>. Après avoir parcouru un peu plus de Modèle:Unité, Bouvier laisse Céline sur une aire de repos près de la ville de Newbury dans le comté de Berkshire. Il ne reste plus que Modèle:Unité environ jusqu'à Fordingbridge. Après avoir remercié Bouvier, Céline monte dans un camion Mercedes-Benz blanc qui part justement vers Fordingbridge<ref name="Céline figard libération"/>. Le mardi Modèle:Date au soir, son cousin, ne la voyant pas arriver, prévient la police de sa disparition. Le lendemain, la police britannique charge 80 policiers de cette affaire. Dans les jours qui suivent, les journaux anglais diffusent la photo de Céline, ainsi que le portrait-robot du chauffeur conduisant le semi-remorque Mercedes blanc établi par Roger Bouvier.

Rapidement, la police anglaise craint une issue tragique à cette affaire et le dit à la famille. Le père de Céline, Bernard Figard, part en Angleterre lancer des appels à la télévision et la radio. Après ce passage, la police reçoit au moins Modèle:Nombre plus ou moins crédibles. La police interroge Modèle:Nombre britanniques ayant un semi-remorque Mercedes blanc<ref name="Céline l'humanité"/>.

Malheureusement le vendredi Modèle:Date, Céline est retrouvée morte et dénudée sur une aire d'autoroute, près de Kidderminster. L'autopsie montre que Céline a été frappée à la tête et étranglée<ref name="Céline l'humanité"/>. L’examen révèle aussi que Céline a eu des rapports sexuels avant sa mort. Le directeur de l'enquête pense qu'il s'agit plus d'un viol que d'un rapport consenti. Son corps a été déposé il y a au moins 24 heures, mais la mort remonte à plusieurs jours, voire le jour même de sa disparition.

Des traces d'ADN du meurtrier ont été retrouvées sur le corps et l'échantillon est comparé à plus de Modèle:Nombre anglais ayant ou non un semi-remorque Mercedes blanc<ref name="Céline figard libération"/>. Bouleversés par cette tragique affaire, les médias locaux aident l'enquête à progresser. Le News of the World offre une récompense de Modèle:Unité (environ Modèle:Unité) pour tout renseignement permettant d’arrêter le coupable<ref name="Céline le soir">Modèle:Article.</ref>. L'enquête va rapidement s'orienter vers un Anglais de Modèle:Nobr<ref>« Ces affaires célèbres résolues par des tests ADN », Luis Britto Garcia, 16 octobre 2014 (lire en ligne).</ref>, conducteur d'un semi-remorque Mercedes blanc qui ne s'est jamais manifesté auprès de la police. Le Modèle:Date, deux mois après la disparition de Céline, la police arrête cet Anglais, Stuart William Morgan, père d'un garçon, vivant à Poole dans le comté du Dorset<ref name="Céline figard libération"/>. La police de Scotland Yard retrouvera dans son garage un matelas taché de sang et des affaires personnelles de Céline. Des bouteilles de champagne introuvables en Angleterre offertes par l'ami des parents de Céline sont retrouvées dans un garage proche du lieu où réside Morgan<ref name="Céline figard libération"/>.

Le chauffeur gueugnonnais, Roger Bouvier, reconnaît Stuart William Morgan comme étant le chauffeur qui avait pris Céline sur l'aire de repos de Newbury. Malgré les démentis de Morgan, le jury du tribunal de Worcester reconnaît l'accusé coupable du meurtre et du viol de Céline au terme de onze jours de procès et le condamne à la prison à vie, le mercredi Modèle:Date<ref name="Céline le soir"/>.

Cette affaire, qui aura duré à peine dix mois entre la disparition de Céline et la sentence émise contre le coupable, sera le fil rouge de la presse anglaise sur l'efficacité de la police et de la justice anglaise contre celle mise en place par les autorités françaises. C'est pour cela que le tabloïd anglais The Sun offre lui aussi, comme l'avait fait un an auparavant le News of the World, une récompense de Modèle:Unité (environ Modèle:Unité) à toute personne qui aidera les enquêteurs à trouver le vrai coupable du meurtre de Caroline<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

Reprise de l'enquête depuis le début

Le Modèle:Date, le lendemain de la libération de Padé, le juge continue de croire à l'hypothèse de deux hommes. L'un aurait violé Caroline et l'autre l'aurait tuée. Mais dans la ville de Pleine-Fougères, on ne croit pas à cette hypothèse. Le responsable de l’enquête, le commandant de la gendarmerie de Rennes, Renée Commere, annonce qu'il va reprendre toutes les pistes que les gendarmes avaient abandonnées pour se focaliser sur la piste « Patrice Padé ». En Angleterre, la mère d'une fille présente lors du voyage scolaire raconte au journal anglais que le témoignage de sa fille a été totalement ignoré par les autorités françaises. Le Modèle:Date, le juge Zaug délivre une commission rogatoire internationale permettant aux gendarmes français d’assister les policiers anglais dans les auditions des collégiens de Launceston. Très rapidement, la police de Devon et celle de la région reçoivent de nombreux témoignages de jeunes Anglais victimes d'agressions sexuelles en France. L'affaire de Saint-lunaire sera connue par la police anglaise dès le Modèle:Date, mais ne sera connue de la police française que des mois plus tard<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

À Pleine-Fougères, les habitants ne sont pas tranquilles. Tout le monde pense que si ce n'est pas Padé, alors c'est peut-être quelqu'un du village même, que les habitants croisent tous les jours. Le Modèle:Date-, le père de Caroline accompagné du député européen britannique Robin Teverson et de son avocat, lance un appel aux journaux<ref name="Secret"/>. Pour lui, les tests effectués à la demande sont une perte de temps qui profite à l’assassin. Les enquêteurs devraient, selon lui, faire un prélèvement à grande échelle sur tous les hommes de Pleine-Fougères. Fin Modèle:Date, John Dickinson et son ex-épouse décident de se constituer partie civile dans l'affaire, afin d'avoir accès au dossier. Durant le mois de Modèle:Date, les gendarmes perdent la confiance des parents de Caroline et sa mère demande au juge Zaug de dessaisir les gendarmes pour les remplacer par la police judiciaire<ref name="The Daily Telegraph"/>.

En Modèle:Date, John Dickinson effectue son troisième voyage en France avec des journalistes de la BBC<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref> et demande à nouveau pourquoi des tests sur la population masculine de Pleine-Fougères ne sont pas effectués. Le juge Zaug refuse car, selon lui, cela n'apporte rien et est trop coûteux. À l'époque, un test ADN coûte entre 2 000 et Modèle:Unité (entre 300 et Modèle:Unité)<ref name="faites entrer l'accusé"/>.

En Modèle:Date, le père de Caroline, soutenu par le Bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth, en appelle au président de la République française de l'époque, Jacques Chirac pour faire changer les choses : « Je n'ai plus confiance dans le patron de l'enquête, il faudrait un regard neuf, de nouvelles méthodes »<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

Nouveau juge d'instruction

Le Modèle:Date-, le juge Renaud Van Ruymbeke remplace le président de la chambre de la Cour d'appel de Rennes, Dominique Bailhache. Il prend un arrêté disposant que, le crime ayant peut-être été commis par un habitant de Pleine-Fougères, un prélèvement d'ADN pour tous les hommes de Pleine-Fougères de 15 à Modèle:Unité doit être effectué. Zaug refuse, ce qui le dessaisit automatiquement du dossier. La cour d'appel de Rennes désigne le conseiller Renaud Van Ruymbeke pour poursuivre l'instruction<ref>Modèle:Article.</ref>. Le dossier de l'affaire de Saint-Lunaire est joint au dossier de Pleine-Fougères, comme le demande l'avocat de la famille, ce que le juge Zaug avait toujours refusé. Cependant, la Cour d'appel refuse la troisième demande de la famille qui est de lancer un appel à témoin et une campagne d'affichage dans la région et le remplacement des gendarmes<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>. Cependant, le juge Van Ruymbeke dessaisit la gendarmerie de Rennes au profit de celle de Saint-Malo. Ce changement est apprécié par la famille de Caroline et par la presse anglaise<ref group="d" name="page 266" />. Fin Modèle:Date, Modèle:Nobr ADN ont été réalisés permettant d'innocenter autant d'hommes.

Tests ADN sur la population de Pleine-Fougères

Le lendemain, le Modèle:Date, l'annonce des prélèvements d'ADN pour tous les hommes de la commune est dans toutes les discussions dans la ville. En attendant le début des tests, le nouveau juge d'instruction réentend Patrice Padé et fait effectuer une analyse ADN sur Modèle:Nobr de Padé, afin de « refermer définitivement cette piste ». Modèle:Nobr personnes, des routards notamment, sont aussi soumis au prélèvement d'ADN. Van Ruymbeke demande aux brigades de gendarmerie de toute la France de lui rapporter des faits similaires d'agressions dans des auberges de jeunesse dans les années précédentes. Au début des prélèvements d'ADN à Pleine-Fougères, ce sont Modèle:Nobr qui sont interrogées, Modèle:Nombre de procédure et Modèle:Nobr mises hors de cause définitivement<ref name="page 57" group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

Entre le Modèle:Date et Modèle:Date, l'ensemble des jeunes hommes de Pleine-Fougères, soit 170 hommes de 15 à 35 ans, se soumet à un prélèvement<ref name="RVR">Renaud Van Ruymbeke, L'Heure du crime, 25 novembre 2011.</ref>. La Ligue des droits de l'homme et la Fédération anarchiste s'indignent de ce procédé et des tracts sont émis invitant la population à ne pas se rendre au prélèvement d'ADN<ref name="page 57" group="a"/>.

Devant l’intérêt que suscite cette affaire, les laboratoires publics de la police judiciaire offrent leurs services pour réaliser les tests ADN gratuitement, alors qu'un test dans un laboratoire privé, comme celui de Bordeaux est facturé environ Modèle:Unité (environ Modèle:Nobr)<ref name="faites entrer l'accusé"/>. Au dernier jour des prélèvement, sur les Modèle:Nobr, 169 se sont prêtés à l'analyse ADN. Fin Modèle:Date, le juge annonce la Modèle:2e phase des tests, cette fois-ci sur les Modèle:Nobr de 36 à 60 ans<ref>« affaire dickinson épilogue après 8 ans et 3700 tests adn », Libération, 7 juin 2004 (lire en ligne).</ref>.

Une semaine plus tard, les résultats tombent : aucun des 169 hommes de 15 à 35 ans n'est le violeur de Caroline. L'unique personne à ne pas s’être présentée devient suspecte pour les gendarmes. Une perquisition est effectuée à son domicile et un prélèvement d'ADN via une brosse à dents est fait. Ce résultat, comme celui des 252 sur les 268 autres personnes de 36 à 60 ans effectué entre le Modèle:Date et le Modèle:Date, ne sera pas positif<ref name="page 266" group="d"/>. Entre-temps, les gendarmes sont allés en Angleterre afin de comparer l'ADN du meurtrier à celui des Modèle:Nombre qui sont répertoriés dans le fichier des délinquants sexuels du Royaume-Uni<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

Le juge ordonne ensuite que Modèle:Nombre, voleurs ou violeurs au-delà de la Bretagne, soient contrôlées, sans résultat là aussi<ref name="RVR"/>. En Modèle:Date, le laboratoire de l'Institut du textile de Villeneuve-d'Ascq dans le Nord confirme que le morceau de coton qui a servi comme arme du crime est un coton hydrophile dont certains composants ne se trouvent qu'en Angleterre<ref group="b">Modèle:Harvsp.</ref>. ll obtient, grâce aux témoignages des jeunes filles anglaises, le portrait-robot d'un homme ayant été repéré à plusieurs reprises près de l'auberge. Les enquêteurs font également le rapprochement avec une tentative de viol commise quelques heures auparavant dans l'auberge de jeunesse de Saint-Lunaire à une cinquantaine de kilomètres de là<ref name="page 109" group="c"/>. De cela va sortir un profil d'une personne attirée par les jeunes filles, dormant dans des auberges et agissant la nuit<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

Le déroulement de la nuit se précise

En Modèle:Date, le juge Van Ruymbeke découvre le témoignage d'un des accompagnateurs du groupe des collégiens qui s'était confié peu de temps après le meurtre à la directrice d'école de Caroline. Cet accompagnateur, Nicolas Ward, Modèle:Nobr, professeur de sciences, avait aperçu un homme vers Modèle:Heure dans le couloir menant au second étage de l'auberge. Les détails du visage qu'il brosse correspondent à celui qu'avait fait une élève, Laura Davey, au lendemain du meurtre de Caroline<ref>« Affaire Dickinson : le magistrat instructeur devant la justice britannique », Le Télégramme, 7 février 2001 (lire en ligne).</ref>. Les enquêteurs partent en Angleterre pour demander à Ward de refaire un portrait du suspect. Ensuite, les gendarmes iront à Manchester le montrer à Kate Wrigley, la jeune fille agressée à Saint-Lunaire. Elle reconnaît immédiatement le visage. Les enquêteurs commencent à retracer le trajet du meurtrier la nuit du crime.

L'homme serait venu à l'auberge de Pleine-Fougères le Modèle:Date pour repérer les lieux. Le soir du Modèle:Date, il serait entré une première fois dans l'auberge. Mais vers Modèle:Heure, il croise l'accompagnateur Nicolas Ward et les trois filles qui étaient allées aux toilettes. Devant tout ce monde encore éveillé, il décide de partir vers Saint-Lunaire, à Modèle:Nobr en voiture de là. Dans l'auberge, alors qu'il commence à agresser Kate, il est découvert et part aussitôt pour retourner à Pleine-Fougères. Vers 4 heures du matin, l'auberge est cette fois-ci endormie<ref name="page 125" group="b"/>. Cependant l'accompagnatrice Jackie Thorpe l'entend marcher sur les graviers dans la cour de l'auberge depuis sa chambre. Ensuite, les enquêteurs pensent qu'en entrant dans l'auberge il aurait croisé Caroline sortant des toilettes, vu que durant l'autopsie, la vessie de Caroline était vide. Il faut entre 15 et 45 minutes avant que l'appareil urinaire ne recommence à fonctionner<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

Le mercredi Modèle:Date, le portrait-robot fait par Nicolas Ward est apposé dans toutes les gendarmeries françaises et, le Modèle:Date, il paraît dans les journaux télévisés français<ref>« Caroline Dickinson: de piste en piste, les enquêteurs patinent », Libération, 17 juillet 1999 (lire en ligne).</ref>.

John Dickinson, fait un nouveau déplacement en France et, chose rare, il lira son message adressé aux habitants de Bretagne en français. « Nous vivons avec le chagrin constant d'avoir perdu Caroline et nous savons que son meurtrier est toujours en liberté, prêt à tuer à nouveau à tout moment, s'il vous plaît aidez-nous ».

Des points communs durant l'été 1996

Durant l'année Modèle:Date, la cellule Dickinson reçoit près de Modèle:Nombre téléphoniques. Dans la cellule Dickinson de la gendarmerie de Saint-Malo, il ne reste plus que quinze gendarmes mis à temps plein sur cette affaire. Sur les quinze, il y a un spécialiste de l'ADN et un informaticien<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>. Des gendarmes partent à nouveau en Angleterre pour cataloguer toutes les agressions commises durant l'été Modèle:Date en Bretagne envers des Britanniques.

Affaire de Saint-Lunaire

Durant la nuit du Modèle:Date au Modèle:Date à Saint-Lunaire, près de Saint-Malo dans l'auberge « CIS les Horizons »<ref>« Les enquêtes impossible: Affaire Caroline Dickinson », Les Enquêtes impossibles NT1, 12 décembre.</ref>, un individu, qui sera reconnu plus tard comme étant Francisco Arce Montes, entre dans l'auberge par une porte laissée ouverte à l'arrière du bâtiment vers deux heures. À l'intérieur, un groupe de collégiens anglais venu de Manchester. Dans une chambre dorment quatre collégiennes anglaises. Jenna et Gemma dorment dans le lit superposable. Dans un autre dort Zoé et dans le dernier lit, près de la porte, dort Kate Wrigley, Modèle:Nobr. Durant la nuit, Jenna entend du bruit et réveille Gemma, qui allume la petite lampe. Elles aperçoivent un homme sur Kate. Elles crient, l'homme se lève et part sans précipitation. Kate, à demi-asphyxiée, a une sensation de brûlure autour du nez et de la bouche<ref name="page 125" group="b"/>. Le matin du Modèle:Date où, à Pleine-Fougère, on découvrait le corps de Caroline sans vie, à Saint-Lunaire, c'était la dernière nuit du voyage scolaire en France. Ce matin avait lieu le départ pour le retour à Manchester. Mais personne n'ira parler à la police française de cette agression. Dans le groupe, on pense qu'il pourrait s'agir d'un professeur<ref name="faites entrer l'accusé"/>. Ce n'est qu’après avoir entendu parler de l'affaire du meurtre de Caroline pas loin de Saint-Lunaire que les filles en parlent à leurs parents. Cette affaire ne sera rapportée au juge Gérard Zaug que le Modèle:Date<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

Francisco Arce Montes ne sera jamais jugé pour cette affaire, car selon une loi française datant du Modèle:Date qui a été abrogée le Modèle:Date, une personne extradée en France ne peut pas être jugée pour un crime commis antérieurement au crime qui a valu cette extradition<ref>« Loi du 10 mars 1927 relative à l'extradition des étrangers - Article 5 », Légifrance, 10 mars 1927 (lire en ligne).</ref>.

Affaire de Saint-Brieuc

À Saint-Brieuc dans les Côtes-d'Armor, un groupe de collégiens venu de Padstow, dans les Cornouailles également, a également subi la venue d'un inconnu durant la nuit du Modèle:Date et Modèle:Date dans leur auberge. Vers 4 heures, deux adultes, entendant plusieurs portes s'ouvrir et se fermer, se lèvent aussitôt et aperçoivent un homme, Modèle:Unité, la trentaine, de type méditerranéen. Un ancien policier qui dort dans l'établissement se lève et aperçoit un homme partir à vive allure dans un véhicule de type camionnette blanche. Une fillette qui dormait dans cette auberge dira que cette nuit, elle a aperçu un homme au-dessus d'elle, mais ne sait plus si c'était vrai ou juste un cauchemar<ref group="a">Modèle:Harvsp</ref>.

Affaire de Saint-Malo

À l'auberge de jeunesse de Paramé à Saint-Malo, dans la nuit du Modèle:Date et Modèle:Date, dort un groupe de treize collégiens anglais et de trois accompagnateurs. Dans une chambre, une jeune fille, Claire Dickson, se réveille à cause d'une personne qui se trouve au pied de son lit. Elle crie et fait fuir l'individu. Quelques semaines plus tard, dans la même auberge, durant la nuit du Modèle:Date au Modèle:Date, un individu entre dans la chambre de deux allemandes et caresse leurs jambes.

Aucun élément matériel ne permettra de relier Francisco Arce Montes à Saint-Brieuc et à Saint-Malo<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

Le profil du meurtrier

Durant un voyage à Manchester, des enquêteurs et des portraitistes du SRPJ de Rennes rencontrent des témoins de Saint-Lunaire et en profitent pour rencontrer un profiler de Scotland Yard, M West. Il décrit aux enquêteurs sa vision du profil de l'homme recherché. Un homme de 30/35 ans, délinquant récidiviste, asocial et qui aurait des pulsions sexuelles incontrôlables<ref name="page 73" group="a">Modèle:Harvsp.</ref>. Un homme de nuit, habile à quitter un lieu dans le calme et rapidement. Le profiler essaye d'entrer dans la tête du tueur pour savoir comment il agit. Prédateur itinérant, organisé à certaines occasions, désorganisé dans d'autres, des comportements similaires à ceux d'un schizophrène paranoïde<ref group="c">Modèle:Harvsp.</ref>.

À la demande du juge Renaud Van Ruymbeke, le psychologue de l’hôpital psychiatrique de Cadillac et criminologue Jean-Pierre Bouchard est également régulièrement consulté pour donner son avis sur l’affaire<ref name="page 73" group="a"/>. Le profiler de Scotland Yard et le psychologue Bouchard iront à Saint-Lunaire examiner les lieux et trouvent des similitudes avec Pleine-Fougères<ref name="page 73" group="a"/>.

Après plusieurs auditions, en Angleterre, dans l'ouest de la France et en Bretagne, le juge Renaud Van Ruymbeke dresse une liste des coupables de viols sur le même mode opératoire. Une liste de Modèle:Nobr est dressée. Après des interrogatoires et analyses, il ne reste plus que Modèle:Nobr dont le profil est compatible avec le meurtrier<ref name="faites entrer l'accusé"/>. Les interrogatoires continuent, les gendarmes auditionnent des migrants, des saisonniers qui étaient venus travailler durant l'été dans les polders non loin du Mont Saint-Michel<ref name="page 76" group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

Après avoir épluché des centaines de rapports sur différentes agressions survenues en France durant ces dernières années et réalisé des tests ADN sur les différents suspects, le juge Van Ruymbeke va se retrouver avec une liste de suspects parmi lesquels figure Francisco Arce Montes. Une affaire, qui s'est passée en Modèle:Date, va interpeler le juge Renaud Van Ruymbeke : L'affaire de La Croix-en-Touraine<ref name="faites entrer l'accusé"/>.

Affaire de La Croix-en-Touraine

Le Modèle:Date au soir, au Château de La Croix-en-Touraine, où sont hébergées des jeunes Irlandaises venues de Limerick dans la province du Munster, un homme s'introduit dans une chambre de l'auberge. Une Irlandaise, Valerie Jacques<ref name="la crima">« Francisco Arce Montes», Criminalia La enciclopedia del crimen, 22 avril 2001 (lire en ligne).</ref>, se réveille et aperçoit un homme assis sur son lit, qui l'appelle par son nom et lui demande si elle peut le suivre pour l'aider à réparer sa voiture. Surprise, elle demande plusieurs fois « Qui c'est ? » et allume la lumière<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>. Finalement cet homme se lève et quitte l'auberge. Le lendemain, alors qu'elle fait un pique-nique avec son groupe près de la gare de Tours, elle aperçoit l'homme qui était venu dans sa chambre la veille. Il passe près d'elle en lui souriant. Ayant été mis au courant, le directeur de l'établissement où dorment les jeunes Irlandaises, porte plainte le lendemain à la gendarmerie de Bléré. Les gendarmes en étudiant cette plainte remarquent que deux autres incidents avaient été signalés l'an dernier au même endroit. Durant la nuit du Modèle:Date, les gendarmes décident de se mettre en planque. À Modèle:Heure, les gendarmes interpellent un individu qui avait essayé d'entrer dans l'auberge<ref name="le parisien">« Un maniaque sexuel itinérant », Le Parisien, 15 avril 2001 (lire en ligne).</ref>. En garde à vue, il expliquera qu'il n'a rien fait de mal, qu'il vit à Londres et travaille comme serveur dans un hôtel et qu'il cherche un lit pour dormir. Les gendarmes trouvent sur lui une carte d’abonnement à des auberges de jeunesse du monde entier. La fouille de son véhicule, une Mazda blanche immatriculée aux Pays-Bas, ne donne rien<ref name="le parisien"/>. Les gendarmes ne trouvent aucune raison de le garder ou de le mettre en examen. Après huit heures de garde à vue, ils le relâchent en prenant son adresse de Londres et son nom : Francisco Arce Montes<ref name="faites entrer l'accusé"/>,<ref>«Affaire Dickinson : les Espagnols réclament le meurtrier», La Nouvelle République, 5 novembre 2011 (lire en ligne).</ref>. Dans ce procès-verbal fait par le gendarme de Tours, Patrice Vincent, le nom Francisco Arce Montes apparaît pour la première fois dans l'affaire Caroline Dickinson<ref name="la crima" />.

Bien qu'Arce Montes ait 45 ans au moment des faits, alors que les témoins décrivent plutôt une personne de 30/35 ans, le juge demande en Modèle:Date à la police londonienne d'aller voir à l'adresse où Arce Montes dit habiter. Mais la police arrive trop tard, il a déjà quitté l'appartement<ref name="faites entrer l'accusé" />.

Plusieurs pistes étudiées

En Modèle:Date, les enquêteurs étudient la piste du Connemara. Une Suissesse leur a signalé que durant le mois de Modèle:Date, elle a croisé un Français bizarre dans une auberge de jeunesse irlandaise à Clifden. Cette piste ne donnera rien<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

Le Modèle:Date, le père de Caroline revient à Pleine-Fougères, pour commémorer le deuxième anniversaire de la mort de sa fille. Il est accueilli à la gendarmerie de Saint-Malo, où il rencontre les quinze gendarmes encore en poste pour l’enquête. À ce moment, la cellule Caroline a reçu 2 400 appels téléphoniques et Modèle:Nombre ont été innocentées. John Dickinson en profitera pour lancer un nouveau message : « Je suis convaincu que quelqu'un près d'ici connaît le suspect. S'il vous plaît, aidez-nous à retrouver l’assassin de Caroline ! » <ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

Vers Modèle:Date, le journal L'Est républicain publie le témoignage d'une femme de 26 ans, qui raconte qu'en Modèle:Date, elle a été violée par un homme à Nancy quand elle faisait ses études en médecine. Quand un policier lui montre le portrait-robot, elle le reconnaît. Pour le commissaire, à 95 % c'est l'homme que les enquêteurs recherchent<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

Un mois plus tard, en Modèle:Date, le juge demande de vérifier un certain nombre de propriétaires de véhicules de type Mazda blanche immatriculés aux Pays-Bas. Un véhicule de ce type appartient bien à Arce Montes depuis Modèle:Date<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

En Modèle:Date, la police française contacte la mère d'Arce Montes. Elle leur annonce qu'elle n'a plus de contact avec son fils depuis Modèle:Date<ref name="faites entrer l'accusé"/>. Le Modèle:Date, le nom de Francisco Arce Montes est diffusé dans toutes les gendarmeries de France et d’Angleterre. Trois semaines et demie plus tard, le Modèle:Date, le nom du suspect est diffusé dans tous les pays de l'espace Schengen<ref>« Dickinson : Rennes réclame Arce Montes », L'Obs, 19 avril 2001 (lire en ligne).</ref>.

Le vendredi Modèle:Date, une nouvelle conférence devant la presse française et anglaise est faite. John Dickinson, comme à son habitude, pour son énième voyage en France, déclare : « Je suis toujours convaincu que le meurtrier de Caroline peut être arrêté. Quelqu'un détient la clef de l'affaire, ici à Pleine-Fougères ou ailleurs en France »<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>. En Modèle:Date également, plusieurs ouvriers du bâtiment reconnaissent d’après le portrait-robot une personne qui aurait travaillé dans un chantier près de Pleine-Fougères durant l'été Modèle:Date. Les enquêteurs, après avoir enquêté sur plus de Modèle:Nobr de construire, plus de Modèle:Nobr privés et publics, Modèle:Nobr et autant de sous-traitants du BTP, vont auditionner Modèle:Nobr et les soumettre à un prélèvement d'ADN. Rien ne sera trouvé et la piste des chantiers sera abandonnée<ref name="faites entrer l'accusé"/>. À ce moment, il ne reste plus que dix gendarmes qui se consacrent à l'affaire Dickinson<ref name="page 76" group="a"/>.

Les années s'écoulent et un nouveau juge

Durant des années, de fin Modèle:Date à début Modèle:Date, pas grand chose ne va alimenter l'affaire Caroline. Un seul témoignage durant le procès pour ces années sera évoqué. Celui d'un Suisse, Steve Bidaine qui dit avoir croisé Arce Montes en Modèle:Date dans une auberge de jeunesse en Argentine et qu'il parlait très bien le français<ref group="a" name="hémon2005_112" />. Durant cette période également, le Modèle:Date, le juge Renaud Van Ruymbeke qui rejoint le pôle financier du tribunal de grande instance de Paris est remplacé par le juge Francis Debons<ref>« Tout sera fait pour retrouver le meurtrier de Caroline », Le Parisien, 18 juillet 2000 (lire en ligne).</ref>. À l'aube de Modèle:Date, il ne reste plus que six gendarmes traitant de l'affaire Caroline<ref name="page 76" group="a"/>.

L’interview qui va tout changer

Vers la fin Modèle:Date, une journaliste française, Édith Coron, correspondante du Sunday Times à Paris, va téléphoner au juge Debons pour l’interviewer sur l'affaire en cours. Le juge lui dit qu'ils disposent d'une liste de Modèle:Nobr<ref name="page 114" group="c"/>. Quand la journaliste lui demande s'il a un nom en particulier dans cette affaire, le juge lui donne le nom d'Arce Montes<ref name="LeParisin_2001_04_02">« Un Espagnol suspect dans l'affaire Dickinson », Le Parisien, Modèle:Date-.</ref>. Le Modèle:Date, le journal du Sunday Times no 9214, où a été publiée l'interview du juge Francis Debons et où le nom Arce Montes apparaît, sort en vente<ref name="faites entrer l'accusé"/>.

Le mardi Modèle:Date, Tommy Ontko, un agent de l’immigration américaine à l'aéroport de Détroit dans le Michigan, récupère sur le comptoir de la compagnie anglaise British Airways, un journal laissé là par un passager en provenance de Grande-Bretagne<ref name="lepoint">Modèle:Lien brisé.</ref>. À cette époque, l'agent est occupé par une affaire de contrebande d'armes à la frontière américano-canadienne. Le journal ayant en première page une photo d'homme en arme, l'interpelle et il décide de prendre le journal afin de le lire plus tard chez lui<ref name="lepoint"/>. Chez lui, il lit le journal et tombe sur l'article qui traite de l'affaire de Caroline. Il avait entendu parler de cette affaire et cela l'avait marqué car il a un fils du même âge que Caroline<ref name="leTelegraph"/>. Sur son ordinateur, il tape le nom de Francisco Arce Montes qui est, selon le Sunday Times, le principal suspect du meurtre, pour voir s'il est entré sur le sol américain. Il s’aperçoit qu'effectivement un certain Francisco Arce Montes est actuellement retenu en Floride. Tommy Ontko téléphone à Interpol basé à Lyon et également au consul de Grande-Bretagne en Bretagne Ronald Frankel <ref name="leTelegraph">« How net finally closed on a loner in city full of drifters », The Daily Telegraph, 8 juin 2004 (lire en ligne).</ref>.

Le Modèle:Date, alors que le tout nouveau juge d'instruction Francis Debons se rend en Angleterre avec quelques gendarmes afin d'assister à une cérémonie à Launceston, ainsi qu'au tribunal de Bodmin le Modèle:Date, pour assister à l'audience de l'enquête du Coroner, procédure post-mortem, très courante en Angleterre<ref name="LeParisin_2001_04_02" />, il reçoit un coup de téléphone de la part de Tommy Ontko qui l'informe via un gendarme bilingue, Jean-Luc Marie, de sa découverte. Le juge Debons en avertit aussitôt les parents de Dickinson<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

Dans la matinée du Modèle:Date, Tommy Ontko consulte les fichiers et s’aperçoit qu'Arce Montes est toujours incarcéré à Miami en attente d'être jugé pour attentat à la pudeur (indecent assault). Arce Montes a donné un faux nom au personnel américain de l'immigration qui le maintient en détention depuis son arrestation le Modèle:Date pour s'être introduit deux jours plus tôt dans la chambre d’une cliente d’un motel situé sur Miami Beach avant de se masturber au-dessus d’elle<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Les autorités américaines prélèvent l'ADN de Francisco Arce Montes et, au même moment, une copie de l'ADN provenant du sperme prélevé sur le corps de Caroline est envoyé à Miami. Une équipe d’enquêteurs français part également à Miami pour recueillir plus de données génétiques d'Arce Montes<ref name="leTelegraph"/>.

Le coupable identifié

Dans la soirée du samedi Modèle:Date, devant le parlement de Bretagne, l'avocat général de la cour d'appel de Rennes, Yves Boivin, annonce devant les caméras de télévision du monde entier le résultat définitif des tests ADN. Il y a 99,9 % de chances qu'il corresponde à celui du violeur de Caroline Dickinson<ref>Modèle:Article.</ref>. Le Modèle:Date, le juge Debons lance un mandat d’arrêt international envers Francisco Arce Montes, en ajoutant un ordre d'arrestation provisoire, afin d'éviter que le coupable ne soit libéré, si la procédure d'extradition met du temps. Le même jour, ayant été averti par son avocat, Timothy Cone, Arce Montes tente de se suicider<ref>«L'HOMME DU JOUR Francisco Arce Montes» L'Humanité,20 avril 2001 (lire en ligne).</ref>.

Extradition

Fichier:Rennes Prison départementale.jpg
L'entrée de la prison Jacques-Cartier de Rennes où Arce Montes sera emprisonné avant son procès.

Le Modèle:Date, le tribunal de Floride commence à étudier le dossier émis par la France pour l'extradition d'Arce Montes. Dès le Modèle:Date, le juge américain Stephen Brown autorise l'extradition, mais l'avocat d'Arce Montes, Timothy Cone fait appel de ce jugement, ce qui annule son extradition<ref>« Un juge décide d'extrader Francisco Arce Montes vers la France », Le Télégramme, 20 juin 2001 (lire en ligne).</ref>. Entretemps, le procès d'Arce Montes pour les faits au motel de Miami est fixé au Modèle:Date. Cependant, rapidement, la justice américaine reporte le procès du Modèle:Date au Modèle:Date. L'avocat de la famille Dickinson, Hervé Rouzaud-Le Bœuf, apprend amèrement cette nouvelle car il redoute ainsi que l'extradition d'Arce Montes ne se compte en mois, voire en années<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>. L'avocat d'Arce Montes met tout en œuvre pour retarder le plus possible son extradition en expliquant que si son client avoue les faits pour Miami, il purgera la totalité de sa peine en Floride avant d'être extradé. Ce qui reporterait son procès en France de plusieurs années<ref>« Le meurtrier présumé de Caroline Dickinson jugé à Miami JUSTICE », Le Parisien, 29 octobre 2001 (lire en ligne).</ref>. Le Modèle:Date, Arces Montes plaide non coupable, ce qui conduit le juge David Young, à reporter une nouvelle fois le procès au Modèle:Date, afin d'établir de nouvelles investigations, comme le prévoit la loi américaine<ref>«Arce Montes jugé en juin pour attentat à la pudeur» Le Télégramme, 30 octobre 2001 (lire en ligne).</ref>.

Le Modèle:Date, à la suite d’intenses tractations diplomatiques et d’un tour de passe-passe juridique, la justice américaine renonce à le poursuivre. Elle libère Arce Montes sous caution, qu'il paye. Il sort libre du tribunal, mais sur le parvis du bâtiment, des agents du FBI l'attendent, munis d'un mandat d’arrêt international. Aussitôt, les agents l’arrêtent et le conduisent sous bonne escorte à l'aéroport international de Miami pour le faire monter dans un Boeing 747 d'Air France direction Paris-Charles-de-Gaulle<ref>« 20 heures le journal : émission du 20 novembre 2001 », INA,20 novembre 2001 (lire en ligne).</ref>. Il arrive en France, le lendemain matin à Modèle:Heure<ref>« Affaire Dickinson. Arce Montes est arrivé hier à Paris », L'Humanité, 21 novembre 2001 (lire en ligne).</ref>. Le même jour, il est placé en détention provisoire à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis dans l'Essonne. Jean-Pierre Gimonet, magistrat instructeur qui succède au juge Francis Debons, le met en examen le Modèle:Date pour « homicide volontaire sur mineure de moins de 15 ans, précédé, accompagné ou suivi de viol » puis le fait transférer à la maison d’arrêt de Rennes<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

À la mi-Modèle:Date, après plusieurs auditions par le juge Gimonet, Arce Montes reconnaît être présent entre le Modèle:Date et le Modèle:Date à Pleine-Fougères. Quelques mois plus tard, Arce Montes dira même devant le juge que cette nuit-là, « il a dérapé, qu'il ne voulait pas tuer Caroline, mais juste l’empêcher de crier »<ref name="The Independent 2">« Dickinson accused: 'I had no intention of killing Caroline », The Independent, 9 juin 2004 (lire en ligne).</ref>.

Le Modèle:Date, la chambre de l'instruction d'assises de Rennes envoie Francisco Arce Montes devant la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine pour meurtre et viol<ref>« Affaire Dickinson : Montes aux assises », L'Obs, 24 octobre 2003 (lire en ligne).</ref>. Le Modèle:Date, l'annonce que les parents de Caroline attendaient : la date du procès est fixée au Modèle:Date. Cette affaire aura mobilisé près de Modèle:Nombre ADN et 7 500 interrogatoires<ref group="c">Modèle:Harvsp.</ref>.

Procès

Fichier:Parlement de Bretagne DSC08926.jpg
Le Palais du Parlement de Bretagne à Rennes où s'est tenu le procès.

Le Modèle:Date, son procès a lieu devant la cour de justice de Rennes suivi par une soixantaine de journalistes français et britanniques. Le procès devait durer cinq jours il dure finalement six jours. Le procès est traduit en trois langues, le français, l'anglais et l'espagnol. Même si Arce Montes parle couramment français, il préfère parler en espagnol, afin que les détails techniques soient bien compris. Le jury est composé de six femmes et trois hommes choisis sur la liste électorale d'Ille-et-Vilaine, plus trois magistrats, soit un total de douze jurés. Trois autres jurés suppléants sont en attente en cas d’indisponibilité soudaine d'un des jurés<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>. Décrit par les experts psychiatres comme « pervers », souffrant de « troubles de la personnalité », « un égocentrique », « immature », « manipulateur et mythomane » mais « responsable pénalement » de ses actes<ref>« Trente ans de prison pour Arce Montes », Libération, 15 juin 2004 (lire en ligne).</ref>. Durant les premiers jours du procès, Arce Montes parle peu, voire pas du tout, il dit juste « No sé, no me acuerdo, no tengo nada qué decir » (Je ne sais pas, je ne me souviens pas, je n'ai rien à dire)<ref>« El español juzgado en Francia por matar a una británica pide perdón tras llorar en la vista », La Voz de Galicia, 10 juin 2004 (lire en ligne).</ref>.

Pendant le procès, Caroline Dickinson est peu évoquée, sauf par sa mère Susan, qui dit lors du deuxième jour du procès que Caroline « était une enfant qui faisait moins que son âge. Elle jouait de deux instruments et avait des bonnes notes à l'école. Elle apprenait le français et était enthousiaste à l'idée d'aller en France. Sa meilleure amie était sa petite sœur »<ref name="Mother tells"/>. Le jeudi Modèle:Date, au moment où la cour entend sa mère, Arce Montes craque et tombe, pris d'un malaise. L'audience est suspendue et à la reprise quelques minutes plus tard, Arce Montes s’excuse et déclare : « Je m'excuse pour ces larmes, je ne suis pas la victime, je sais que la famille de Caroline ne me pardonnera jamais »<ref name="page 116" group="c">Modèle:Harvsp.</ref>. Si deux collégiennes, Kate et Jenna, viennent témoigner au procès pour évoquer l'histoire de Saint-Lunaire, les quatre amies de Caroline, qui dormaient dans la même chambre le soir du drame, ne sont pas présentes lors du procès. L'avocat de la défense, Modèle:Me Lahaie, déplore cette absence et « le flou sur le premier passage de son client à Pleine-Fougères, avant de partir à Saint-Lunaire »<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

Un témoin espagnol, Eduardo Suárez, concessionnaire automobile à Gijón où Arce Monts a habité, déclare « qu'Arce Montes lui avait montré une photo d'une jeune anglaise et il a dit qu'elle s'appelait Caroline Dickinson ». Il lui a dit aussi : « Elle était très jolie et une vraie poupée de porcelaine ». Suárez déclare également qu'Arce Montes « lui avait fait part de ses goûts pour les jeunes filles, qu'il les préfère jeunes de 11 à 12 ans. Après 20 ans, elles sont trop vieilles »<ref>« Spaniard 'kept photo of dead Caroline' », The Daily Telegraph, 12 juin 2004 (lire en ligne).</ref>.

Le lundi Modèle:Date au soir du verdict, le père de Caroline déclare une dernière fois devant le tribunal que « Ce jour-là est pour Caroline. "Caz", comme ses amies aimaient l’appeler, a eu une vie courte, mais elle était heureuse. Elle avait la vie devant elle, pleine de promesses. Susan, Jenny et moi, nous n’oublierons jamais ces moments passés avec Caroline, nous la chérirons toujours »<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>. Quant à Arce Montes, il déclare : « Je n'avais absolument pas l'intention de tuer Caroline. Je suis incapable de tuer quelqu'un. Juste que je voulais l'agresser sexuellement »<ref name="page 116" group="c"/>.

Le jury délibère pendant quatre heures et à Modèle:Heure, les douze membres ont conclu qu'Arce Montes avait tué Caroline Dickinson volontairement et coupable de l'assassinat d'un mineur de Modèle:Nobr avec la circonstance aggravante de viol<ref name="page 116" group="c"/>.

Il est condamné le Modèle:Date à trente ans de prison dont une peine de sûreté de quinze ans. Devant le tribunal, après la sentence, le père de Caroline adresse en anglais, bien qu'il eût aimé le dire en français, un message de remerciement à toutes les personnes qui ont contribué à amener Francisco Arce Montes devant la justice. Il remercie son avocat, les juges Van Ruymbeke et Debons, les gendarmes de Saint-Malo et les amis qui les ont soutenus durant ces années, ainsi que le policier américain, Tommy Ontko. Il finira son discours par : « Nous allons maintenant commencer le processus de reconstruction de notre vie »<ref>« Montes jailed for 30 years for Caroline murder », The Daily Telegraph, 14 juin 2004 (lire en ligne).</ref>.

Contre l'avis de ses deux avocats, Arce Montes fait appel le lundi Modèle:Date. Le Modèle:Date, il est reçu par le président de la cour d'appel, Jean-Luc Buckel, pour savoir si Arce Montes confirme ou annule son appel. Il confirme son appel et celui-ci devient alors définitif. Le procès se tiendra à la cour d'assises des Côtes-d'Armor à Saint-Brieuc du Modèle:Date au Modèle:Date<ref>« Affaire Dickinson : Arce Montes condamné à 30 ans de réclusion dont 20 de sûreté », Le Monde, 28 juin 2005 (lire en ligne).</ref>.

Second procès

Contrairement au premier procès, où Arce Montes était resté muet, celui-ci parle dès le début en français, un monologue qui dure environ dix minutes. Arce Montes déclare qu'il ne voulait pas tuer Caroline. Qu'il n'avait jamais vu Caroline avant et ne l'a pas suivie, que c'est un pur hasard, s'il est entré dans cette chambre cette nuit-là<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>. Ann et Melissa, deux des quatre filles qui dormaient avec Caroline et qui étaient absentes lors du premier procès, sont cette fois-ci présentes et racontent la nuit du drame. Que les deux filles se sont bien réveillées la nuit, mais pensaient que Caroline était en train de faire un cauchemar et n'ont pas regardé plus attentivement. Ann dit qu'elle a entendu Caroline dire : « Mum, Mum, Help! » (Maman, Maman, à l'aide), mais pensait toujours que Caroline était au milieu d'un mauvais rêve<ref group="a">Modèle:Harvsp.</ref>.

Durant les jours qui suivent, d'autres témoins vinrent à la barre. Puis petit à petit Arce Montes se mura à nouveau dans le silence. Son avocat plaide à nouveau pour un malade mental afin de ne pas aggraver la peine prononcée durant le premier procès. Finalement, le mardi Modèle:Date- dans l’après-midi, après Modèle:Heure de délibéré, les juges confirment le jugement de première instance<ref>Modèle:Article.</ref>. Avec le cumul des peines prononcées en Allemagne et en Espagne, il devrait passer la fin de ses jours en prison<ref>L'affaire Caroline Dickinson.</ref>.

Postérité

Le collège de Launceston, où était scolarisée Caroline Dickinson, décerne chaque année aux vainqueurs du concours de récitation de poème par cœur la Coupe Caroline Dickinson<ref>«Poetry By Heart 2015», Launceston College, 2015 (lire en ligne).</ref>.

La campagne médiatique et les efforts de John Dickinson pour pousser la police française vers des niveaux plus élevés de recherche a conduit la police à utiliser systématiquement les tests ADN en France pour tous les crimes. John Dickinson utilise la réussite de son combat pour trouver le tueur de sa fille comme base d'une nouvelle campagne pour la création d'une base de données mondiale d'ADN pour empêcher que d'autres familles subissent le même sort. Interpol étudiera le moyen de simplifier le processus d'identification de l'ADN en utilisant un processus numérique et qui permettra une correspondance préliminaire rapide<ref name="page 269" group="d">Modèle:Harvsp.</ref>.

Chronologie de l'affaire

  • Modèle:Date : Caroline est violée et tuée dans une auberge de jeunesse de Pleine-Fougères.
  • Modèle:Date : Une enquête est ouverte pour viol et meurtre d'une mineure de moins de 15 ans.
  • Modèle:Date : La gendarmerie française arrête un vagabond nommé Patrice Padé.
  • Modèle:Date : Patrice Padé est mis en examen et écroué après une garde à vue durant laquelle il passe aux aveux.
  • Modèle:Date : Patrice Padé est libéré après des résultats d'ADN négatifs.
  • Modèle:Date : Le juge Gérard Zaug chargé du dossier est dessaisi. Il est remplacé par le juge Renaud Van Ruymbeke.
  • Modèle:Date : Début des prélèvements d'ADN sur la population masculine de Pleine-Fougères.
  • Modèle:Date : Diffusion pour la première fois du portrait-robot sur les chaînes de télévision françaises.
  • Modèle:Date : Le gouvernement britannique demande instamment à la France d'enquêter plus en profondeur sur la mort de Caroline.
  • Modèle:Date : Le juge Renaud Van Ruymbeke est remplacé par Francis Debons.
  • Modèle:Date : Le père de Caroline entame son Modèle:18e voyage en France pour faire appel aux français, afin d'aider les enquêteurs dans l'affaire.
  • Modèle:Date : Francisco Arce Montes est arrêté en Floride après avoir tenté de violer une jeune irlandaise dans un motel de Miami Beach.
  • Modèle:Date : Le juge Francis Debons est interviewé par une journaliste du Sunday Times.
  • Modèle:Date : Tommy Ontko, agent de l’immigration américaine récupère un journal Sunday Time sur le comptoir de British Airways à l’aéroport de Détroit.
  • Modèle:Date : l'ADN de Francisco Arce Montes correspond à 99 % à celui du violeur de Caroline.
  • Modèle:Date : Francisco Arce Montes arrive en France, après avoir été extradé des États-Unis.
  • Modèle:Date : Une dernière expertise génétique, confirme bien que l'ADN de Francisco Arce Montes est identique à celui retrouvé sur Caroline.
  • Modèle:Date : La chambre de l'instruction d'assises de Rennes renvoie Francisco Arce Montes devant les tribunaux pour meurtre et viol.
  • Modèle:Date : Début du procès de Francisco Arce Montes.
  • Modèle:Date : Francisco Arce Montes est reconnu coupable et condamné à 30 ans de prison dont une peine de sûreté de 20 ans.
  • Modèle:Date : Francisco Arce Montes fait appel de la condamnation.
  • Modèle:Date : Début du second procès à Saint-Brieuc.
  • Modèle:Date : Francisco Arce Montes est définitivement condamné à 30 ans de prison avec une peine de sûreté de 20 ans.
  • Septembre 2018 : Arce Montes est condamné à deux mois de prison supplémentaires par le tribunal correctionnel de La Rochelle pour avoir porté un coup de coude au visage d'un gardien de la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré, dans l'île de Ré, où il était détenu depuis 2012.

Notes et références

  • Michel Tanneau et Hélène Hémon « L'affaire Caroline Dickinson. Une enquête hors du commun » Apogée, 2005

Modèle:Références

  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Danny Collins « Crimes that shocked the world » John Blake Publishing, 2010 (Un chapitre est consacré à l'affaire Dickinson)

Modèle:Références

  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Rafael Reig et David Torres et Angel García «Siete crímenes casi perfectos» Debate Publishing, 2009 (Un chapitre est consacré à l'affaire Dickinson)

Modèle:Références

  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Bill Wallace «Infamous Murderers: Maniacs Filled with Hatred and Rage»Kindle Edition, 2010 (Un chapitre est consacré à l'affaire Dickinson)

Modèle:Références

  • Autres sources

Modèle:Références

Annexes

Article connexe

Bibliographie

Documentaires télévisés


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