Anschluss

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Carte en couleur reprenant les territoires respectifs de l'Allemagne et de l'Autriche avant l'Anschlus
Au Modèle:Date-, le territoire de l'Autriche (en rouge) et le Reich allemand (en rose).

L'AnschlussModèle:Note Modèle:MSAPI<ref group=alpha>Prononciation en allemand standard retranscrite selon la norme API.</ref> <templatestyles src="Prononciation/styles.css" />{{#invoke:Prononciation|prononciation}} ou AnschlußModèle:Note (en traduction littérale : « raccordement », « rattachement ») est un terme allemand qui désigne l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie.

Les événements de 1938 marquent le point culminant des pressions de l'Allemagne et des nazis autrichiens pour unifier les populations allemande et autrichienne au sein d’une même nation. Dans les années précédant l'Anschluss, l'Allemagne nazie a soutenu le parti nazi autrichien dans sa tentative de conquérir le pouvoir et de doter l'Autriche d'un gouvernement nazi. Totalement attaché à l'indépendance de son pays, mais soumis à des pressions grandissantes, le chancelier autrichien, Kurt Schuschnigg, tente d'organiser un référendum pour demander à la population autrichienne si elle souhaite rester indépendante ou être incorporée à l'Allemagne.

Alors que le chancelier espère un résultat favorable au maintien de l'indépendance de l'Autriche, l'Allemagne nazie exige l'annulation du plébiscite et la démission de Schuschnigg le Modèle:Date-, peu avant le référendum, qui est annulé. Les troupes de la Wehrmacht entrent en Autriche le Modèle:Date- pour mettre en œuvre l'annexion, sans rencontrer la moindre opposition. Au cours du mois suivant, les nazis organisent un plébiscite, demandant au peuple de ratifier le rattachement de l'Autriche au Modèle:Langue, qui, de facto, a déjà eu lieu : Modèle:Pourcentage des votes ont été favorables à l'annexion.

Photographie en noir et blanc d'hommes à bord d'un camion et arborant un drapeau
Des partisans du chancelier Kurt Schuschnigg arborant le drapeau du Front patriotique pendant la campagne référendaire des austrofascistes en Modèle:Date-.

Bien que les Alliés de la Première Guerre mondiale soient, en théorie, responsables du respect des termes du traité de Versailles et du traité de Saint-Germain-en-Laye, qui prohibent une union entre l'Allemagne et l'Autriche, l'Anschluss ne suscite que peu de réactions. Les deux principales puissances, la France et le Royaume-Uni, n'émettent que des protestations diplomatiques qui n'ont aucun effet.

L'Anschluss est une des étapes majeures dans la création, voulue depuis longtemps par Adolf Hitler, d'un Modèle:Langue regroupant les pays et territoires germanophones, création qui avait débuté avec l'incorporation de la Sarre au Modèle:Langue, à l'issue d'un référendum organisé le Modèle:Date-. Après l'annexion de l'Autriche, le Troisième Reich s’empare en Modèle:Date- du territoire des Sudètes, en Tchécoslovaquie (à la suite des accords de Munich), le reste du pays étant divisé en Modèle:Date- entre deux protectorats allemands : le protectorat de Bohême-Moravie et la République slovaque. En 1939, l'Allemagne annexe également le territoire de Memel, en Lituanie, ce qui constitue le dernier agrandissement territorial du Troisième Reich sans affrontement, avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

Photographie en noir et blanc d'hommes démantelant un poste-frontière
Démantèlement d'un poste frontalier le 15 mars 1938.

L'Anschluss entraîne une profonde « nazification » de la société autrichienne et l'Autriche cesse d'exister en tant qu'État indépendant jusqu'en 1945. Considérée comme Modèle:Citation par les Alliés, l'Autriche est dotée d'un gouvernement provisoire le Modèle:Date-, lors de sa libération par l'Armée rouge, et est divisée en quatre zones d'occupation chacune administrée par une des forces alliées également présentes en Allemagne. Elle retrouve sa pleine souveraineté Modèle:Nobr.

Prémices

carte en couleurs représentant la dissolution de l'Autriche-Hongrie
La dissolution de l'Autriche-Hongrie. Modèle:Légende/Début Modèle:Ligne de légende Modèle:Ligne de légende Modèle:Ligne de légende Modèle:Légende Modèle:Légende Modèle:Légende Modèle:Légende/Fin

Du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle à la fin des années 1920

Modèle:Article connexe Le projet de regrouper tous les Allemands au sein d'un seul État fait l'objet de débats sans suite concrète depuis la fin du Saint-Empire romain germanique en 1806. En 1848, le Parlement de Francfort émet le vœu de rassembler tous les Allemands en un seul État national homogène, intégrant les Allemands autrichiens et rejetant la monarchie multinationaleModèle:Note des HabsbourgModèle:Sfn. En 1850, l'Autriche rejoint la Confédération germanique dont elle est exclue par Otto von Bismarck en 1866, à la suite de la guerre austro-prussienneModèle:Sfn.

Dans les années qui suivent, le rattachement à l'Allemagne n'est soutenu en Autriche que par le Parti national allemand, minoritaireModèle:Sfn, et n'est pas défendu par l'Allemagne : craignant que l'Autriche ne recherche à fonder une coalition anti-allemande, Bismarck adopte, à partir de 1870, une politique qui vise à rassurer Vienne et déclare, le Modèle:Date-, que les aspirations de la fraction qui œuvre à l'intégration des territoires allemands de la couronne autrichienne à l'Allemagne ne correspondent pas aux objectifs de sa politiqueModèle:Sfn. L'Autriche se rapproche à nouveau de l'Allemagne en Modèle:Date-, lorsqu'elle conclut avec celle-ci un traité d'alliance militaire défensive : Modèle:CitationModèle:Sfn. Cette confédération germanique sous une forme actualisée suscite des réserves dans la double monarchie, notamment en raison de la prépondérance du Modèle:LangueModèle:Sfn.

Du point de vue des idées, par contre, les idéologues völkisch, opposés à la solution petite-allemande mise en œuvre par Bismarck, appellent de leurs vœux le rattachement de l'Autriche à l'Allemagne : ainsi, le théoricien politique allemand Paul de Lagarde voit dans l'Anschluss la première étape de la réalisation de la Mitteleuropa. Il propose même un plan précis d'union entre le Modèle:Langue et la Double monarchie, dont les premières étapes seraient un traité d'alliance indissoluble ; le plan de Lagarde prévoit ensuite l'expulsion des populations non germaniques Modèle:Incise, la mise en place d'institutions communes Modèle:Incise, une union douanière et la possibilité d'une union personnelleModèle:Sfn.

Lorsque l'Empire austro-hongrois éclate à la suite de sa défaite lors de la Première Guerre mondiale, de nombreux Allemands et Autrichiens germanophones espèrent une unification des deux États, dans le cadre de la réorganisation de l'Europe conforme aux principes édictés par Woodrow Wilson. Cependant, le traité de Versailles, en son article 80, tout comme celui de Saint-Germain excluent explicitement la possibilité d'une unification entre l'Autriche et l'Allemagne, sauf à obtenir l'accord de la Société des Nations<ref>Texte intégral du traité : Modèle:Lien web.</ref>,Modèle:Sfn, les vainqueurs voulant maintenir les vaincus dans une situation d'impuissance militaireModèle:Sfn. Toujours sous la pression des Alliés, le nom du nouvel État initialement dénommé, en [[Octobre 1918 (guerre mondiale)|Modèle:Date-]], Modèle:Langue puis république d'Autriche allemande, est transformé en Modèle:Langue (république d'Autriche)Modèle:Sfn. Les milieux politiques autrichiens sont divisés sur la question de l'unification : si certains sociaux-démocrates, emmenés par Otto Bauer, souhaitent une unification, les sociaux-chrétiens y sont opposés, notamment par crainte du protestantisme allemandModèle:Sfn.

Dès 1920, le programme du parti nazi exige la fusion de tous les Allemands dans une grande Allemagne, ce qui préfigure implicitement l'Anschluss ; en 1925, Adolf Hitler est nettement plus explicite : Modèle:Citation bloc

De 1930 à 1938

Modèle:Article connexe Le Modèle:Date-, le projet d'union douanière dit « plan Schober-Curtius » Modèle:Incise est signé entre l'Allemagne et l'Autriche. La France s'y oppose. Le Modèle:Date-, les deux ministres annoncent officiellement à la commission des affaires européennes de la Société des Nations qu'ils y renoncent. Le Modèle:Date-, la Cour internationale de justice de La Haye, s'appuyant sur l'Modèle:Nobr du traité de Saint-Germain-en-Laye et sur le [[Histoire de l'Autriche#La Politique économique|protocole de Genève du Modèle:Date-]], condamne cette union douanière par huit voix contre sept<ref>Modèle:Ouvrage ({{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} critique).</ref>.

Modèle:Article connexe Au cours des années 1930, les nazis autrichiens connaissent une notable progression sur le plan électoral, en passant de Modèle:Unité aux élections législatives autrichiennes de 1930 à Modèle:Unité lors des élections partielles de 1932, dans les Länder de Vienne, Salzbourg et StyrieModèle:Sfn. Maintenus dans l'opposition, ils se lancent dans une stratégie de tension et recourent au terrorisme, ce qui débouche, le Modèle:Date-, sur l'interdiction du parti nazi à la suite d'un attentat meurtrier contre des gymnastes catholiquesModèle:Sfn. Face aux tensions entre les socialistes, appuyés par leur milice, le Modèle:Langue, et les catholiques, eux aussi appuyés par une milice, les Modèle:Langue, le chancelier chrétien-social Engelbert Dollfuss établit en Modèle:Date- une dictature cléricalo-fasciste à parti unique, connue sous le nom d'austrofascismeModèle:Sfn : il ajourne le Parlement, dissout le parti communiste et le parti nazi, et utilise les Modèle:Langue comme police auxiliaire pour écraser le soulèvement des socialistes viennois en Modèle:Date-Modèle:Sfn ; la répression fait un millier de morts et de trois à quatre mille blessésModèle:Sfn.

Photographie en noir et blanc de Benito Mussolini et Adolf Hitler, tous deux portant l'uniforme
Benito Mussolini et Adolf Hitler, 1937.

Le Modèle:Date-, les nazis autrichiens tentent un coup d'État au cours duquel ils assassinent Dollfuss<ref name="SCHEUER"/>, assassinat vraisemblablement commandité par Adolf HitlerModèle:Sfn. La tentative de prise de pouvoir échoue, au grand dam de celui-ci, qui n'ose cependant intervenir en raison de la position politique de l'Italie fasciste, Benito Mussolini garantissant alors l'indépendance de l'Autriche, l'Italie partageant une frontière physique de Modèle:Nobr avec l'Autriche.

Pour Georges Scheuer, journaliste autrichien émigré en France après l'Anschluss, la faible résistance autrichienne trouve sa source dans la répression du mouvement ouvrier viennois lancé par Dollfuss le Modèle:Date-<ref name="SCHEUER"/>. Selon lui, le rapprochement ultérieur entre Hitler et Mussolini, couplé aux similitudes entre nazisme et austrofascisme (Modèle:Citation) ont créé des conditions favorables à l'Anschluss<ref name="SCHEUER">Modèle:Lien web.</ref>.

Bien qu'il ait affirmé lors de la parution du premier volume de Modèle:Langue, en 1925, que l'union de l'Allemagne et de l'Autriche était, pour les Allemands, Modèle:CitationModèle:Sfn, l'échec du putsch et l'attitude de l'Italie forcent Hitler à adopter une position publique conciliante et rassurante : dans l'important discours qu'il prononce devant les membres du Reichstag, le Modèle:Date-, Hitler affirme que l'Allemagne n'a ni l'intention, ni le désir de se mêler des affaires intérieures de l'Autriche, d'annexer l'Autriche ou de réaliser l'AnschlussModèle:Sfn. L'approbation par la Société des nations des résultats du référendum sur le rattachement de la Sarre au Reich organisé le Modèle:Date- et l'absence de réaction des puissances alliées à l'entrée des troupes allemandes en Rhénanie, en Modèle:Date-, permettent à Hitler de renforcer la pression sur l'Autriche et de contraindre le successeur de Dolfuss, Kurt Schuschnigg, à entamer avec Franz von Papen, ambassadeur à Vienne, des négociations visant à rapprocher les deux pays sous l'égide allemandeModèle:Sfn.

De 1934 à 1938, Schuschnigg mène une intense mais prudente activité diplomatique afin de faire garantir l'indépendance de son pays par l'Italie, la France et le Royaume-Uni pendant que le chef d'état-major de l'armée autrichienne, Alfred Jansa, dresse des plans pour s'opposer militairement à une éventuelle agression allemande<ref>Sur ce point, voir Alexander Lassner, « The Foreign Policy of the Schuschnigg Government, 1934-1938 : the Quest for Security » dans Modèle:Harvsp.</ref>.

L'accord du Modèle:Date- réaffirme le maintien de l'indépendance de l'Autriche, mais celle-ci est désignée comme le second État allemand et elle s'engage à mener une politique extérieure conforme aux intérêts pangermaniques et à autoriser l'activité politique du parti naziModèle:Sfn. Si pour Schuschnigg l'accord doit mettre fin aux tensions entre l'Autriche et l'Allemagne, pour Hitler il ne s'agit que d'un expédient temporaire en attendant que les circonstances permettent de briser la souveraineté autrichienneModèle:Sfn. Au cours de Modèle:Nobr, Hitler fait part à son ministre de la Propagande, Joseph Goebbels, de sa volonté de résoudre le problème autrichien par la force, non seulement pour des raisons idéologiques, stratégiques et militaires mais aussi pour des motifs économiques, l'Autriche disposant d'importantes réserves d'or et de devises, de main-d'œuvre et de matières premièresModèle:Sfn ; ces motifs économiques expliquent le rôle majeur joué par Hermann Göring, ministre du Plan quadriennal, dans la préparation et l'exécution de l'AnschlussModèle:Sfn,<ref group=alpha>Lors du procès de Nuremberg, Hermann Göring déclara notamment que Modèle:Citation, Modèle:Harv.</ref>. Lors de la signature par Mussolini du pacte anti-Komintern, le Modèle:Date-, le Duce déclare au ministre des Affaires étrangères allemand Joachim von Ribbentrop que les événements en Autriche peuvent suivre leur cours naturel : la souveraineté de l'Autriche a perdu son dernier garantModèle:Sfn, la France et le Royaume-Uni n'ayant pas montré d'intérêt pour la défense de l'indépendance autrichienneModèle:Sfn.

Anschluss

Premières actions d’Hitler

Photographie en noir et blanc de Wilhelm Keitel en uniforme, en 1934
Wilhelm Keitel Modèle:Nobr.

Début 1938, Adolf Hitler a consolidé son pouvoir en Allemagne, notamment avec la mise à l'écart de Werner von Blomberg et de Werner von FritschModèle:Sfn, et il est prêt à atteindre l'un des objectifs qu'il s’est fixé de longue date : l'expansion du [[Troisième Reich|Modèle:Langue]].

Il rencontre le chancelier autrichien Kurt Schuschnigg le Modèle:Date- à Berchtesgaden, en Bavière. Schuschnigg est accueilli à la frontière par Franz von Papen, pourtant limogé de son poste à Vienne depuis le Modèle:Date-, qui lui annonce que la rencontre se déroulera en présence de Wilhelm Keitel, le nouveau chef de l'OKW, de Walter von Reichenau, commandant des forces terrestres dans la zone austro-bavaroise, et de Hugo Sperrle, responsable de la Luftwaffe dans la même région, Modèle:CitationModèle:Sfn. Hitler accueille Schuschnigg avec une courtoisie minimale et se lance, dès le début de leur tête-à-tête, dans une diatribe cinglante. Ses invectives durent toute la matinée et mettent le chancelier autrichien sous une forte pressionModèle:Sfn.

Modèle:Citation bloc

Photographie en noir et blanc de 1938 sur laquelle figurent, de gauche à droite, Arthur Seyss-Inquart, en civil, Adolf Hitler, Heinrich Himmler et Reinhard Heydrich, en uniforme (1938)
De gauche à droite : au premier plan, Seyss-Inquart et Hitler ; au second plan à gauche de Hitler, Bormann et Kaltenbrunner ; à droite de Hitler, Himmler et Heydrich (1938).

Dans l'après-midi, Joachim von Ribbentrop et Franz von Papen présentent à Schuschnigg un projet d'« accord », en lui précisant qu'il n'est pas négociableModèle:Sfn. L'interdiction des activités du parti nazi autrichien doit être levée et ses membres en prison amnistiés. Arthur Seyss-Inquart, un avocat membre du parti nazi, doit être nommé ministre de l'Intérieur ayant l'autorité sur les services de police et de sécurité, et Edmund Glaise-Horstenau, autre membre du parti nazi, ministre de guerreModèle:Sfn. Les armées allemande et autrichienne doivent établir des relations étroites, et le système économique autrichien doit être intégré à celui de l'AllemagneModèle:Sfn. Lors de la seconde entrevue du chancelier autrichien avec Hitler, celui-ci le menace explicitement d'une intervention militaire en cas de refus : Schuschnigg finit par céderModèle:Sfn, ce qui inspire à Hitler le commentaire que Modèle:CitationModèle:Sfn.

Le gouvernement autrichien annonce l'amnistie générale des nazis emprisonnés, y compris des assassins d'Engelbert Dollfuss, et la nomination de Seyss-Inquart comme ministre de la SûretéModèle:Sfn,<ref group=alpha>Outre sa qualité générale, l'ouvrage de Shirer est particulièrement précieux pour l'histoire de l'Anschluss, l'auteur, reporter radio en poste à Vienne depuis la fin de Modèle:Nobr, ayant été un témoin direct des faits.</ref>.

Le Modèle:Date-, les SA défilent en uniforme à Linz avec d'immenses drapeaux à croix gammée. Le Modèle:Date-, Arthur Seyss-Inquart se rend à Graz et, selon un journaliste britannique, on croirait entrer dans une ville de l'Allemagne nazie : la majorité des gens dans les rues portent des emblèmes à croix gammée, soit des insignes en métal, soit le sigle officiel du NSDAP, et les jeunes gens échangent des saluts hitlériens et certains chantent le Horst-Wessel-LiedModèle:Sfn.

Malgré l'acceptation de l'« accord », Hitler durcit encore le ton lors d'un discours devant les membres du Reichstag, le Modèle:Date-. Modèle:Citation bloc

Photographie en couleurs de l'hôtel de ville de Graz
L'hôtel de ville de Graz.

Quatre jours plus tard, dans un discours au Conseil national, Schuschnigg réplique en déclarant que Modèle:Citation et en affirmant que l'Autriche ne renoncera jamais à son indépendanceModèle:Sfn. La radiodiffusion du discours de Schuschnigg suscite de violentes réactions des nazis autrichiens : à Graz, vingt mille nazis envahissent la place de l'Hôtel-de-Ville, détruisent les haut-parleurs et remplacent le drapeau autrichien par la bannière allemande à croix gammée, sans que la police, soumise à l'autorité de Seyss-Inquart, n'intervienneModèle:Sfn.

Au cours des semaines qui suivent, le chancelier autrichien recherche le soutien de la classe ouvrière au travers des syndicats et du Parti social-démocrate, dont il a pourtant maintenu l'interdiction prononcée par Dollfuss après la répression de 1934 ; cela n'empêche pas les socialistes de proclamer leur soutien au gouvernement pour préserver l'indépendance du pays et d'organiser un rassemblement populaire le Modèle:Date-, leur seule demande étant que leur activité politique soit à nouveau autorisée, comme cela a déjà été le cas pour celle du parti nazi autrichienModèle:Sfn.

Projet de référendum et démission de Schuschnigg

Photographie en noir et blanc de Kurt Schuschnigg, en uniforme, en 1936
Kurt Schuschnigg Modèle:Nobr.

Le Modèle:Date-, Schuschnigg tente une ultime manœuvre pour préserver l’indépendance de l’Autriche : il annonce, lors d'un discours à Innsbruck, sans avoir prévenu ses ministres, la tenue d’un référendum<ref group=alpha>Il avait déjà eu cette idée en Modèle:Date-, mais n'y avait pas donné suite, la France, l'Italie, et surtout le Royaume-Uni jugeant cette initiative inutile. Sur ce point, voir Alexander Lassner, « The Foreign Policy of the Schuschnigg Government, 1934-1938 : the Quest for Security » dans Modèle:Harvsp.</ref> pour le Modèle:Date-Modèle:Sfn, appelant les électeurs à soutenir Modèle:Citation, formulation qui laisse augurer un vote largement positifModèle:Sfn. Afin de s’assurer une large majorité, il fixe l’âge minimum pour voter à vingt-quatre ans, excluant ainsi les électeurs plus jeunes, largement acquis au nazismeModèle:Sfn, Modèle:Sfn. L’organisation de ce référendum constitue un pari risqué pour Schuschnigg : Hitler considère que cette initiative est une violation de l'accord de Berchtesgaden du Modèle:Date- et convoque Göring et Goebbels pour trouver un moyen d'empêcher le plébisciteModèle:Sfn. Dans la soirée du 9 et dans la nuit du 9 au 10, Hitler consulte de nombreux dignitaires politiques et militaires nazis, et ordonne à Wilhelm Keitel dès le matin du Modèle:Date- d'envahir l'Autriche le samedi Modèle:Date-. Au cours des journées des 10 et Modèle:Date-, Keitel, Ludwig Beck, et Erich von Manstein préparent l'opération et arrivent à envoyer les ordres de mobilisation aux unités concernées dès le Modèle:Date- vers Modèle:HeureModèle:Sfn. Pendant ce temps, Adolf Hitler envoie un courrier à Benito Mussolini, par lequel il lui fait part de sa décision Modèle:Citation, faisant état de la situation d'anarchie qui règne en Autriche et du fait que l'Autriche et la Tchécoslovaquie se préparent à lancer vingt millions d'hommes à l'assaut de l'Allemagne, assertions qui sont, selon William L. Shirer, Modèle:CitationModèle:Sfn.

Le Modèle:Date-, Schuschnigg est réveillé, à Modèle:Heure du matin, par un appel téléphonique du chef de la police autrichienne qui lui annonce la fermeture de la frontière à Salzbourg, l'arrêt des transports ferroviaires entre l'Allemagne et l'Autriche et des concentrations de troupes allemandes ; à Modèle:Heure, Arthur Seyss-Inquart et Edmund Glaise-Horstenau font part au chancelier autrichien de l'exigence d'Hitler de voir le plébiscite annulé sous peine d'invasion militaireModèle:Sfn. Expirant normalement à midi, l’ultimatum est reporté jusqu’à Modèle:HeureModèle:Sfn, heure à laquelle Schuschnigg accepte d'annuler le plébiscite. Prévenu de cette décision par Seyss-Inquart, et après avoir conféré avec Hitler, Hermann Göring formule de nouvelles exigences : la démission de Schuschnigg et son remplacement par Seyss-InquartModèle:Sfn. Il demande également à ce dernier d'envoyer, dès sa nomination, un télégramme demandant aux autorités allemandes d'envoyer des troupes en Autriche pour y maintenir l'ordreModèle:Sfn.

Dans un premier temps, le président autrichien, Wilhelm Miklas, refuse la démission du chancelier, ce dont Göring est averti par téléphone par Seyss-InquartModèle:Sfn. À la suite de cette nouvelle, Göring se rend chez Hitler, dont il obtient, après une demi-heure de discussion, qu'il donne l'ordre à la Modèle:8e d'entrer en Autriche à l'aube du Modèle:Date-Modèle:Sfn. Soumis à des pressions de plus en plus fortes, Miklas accepte finalement la démission de Schuschnigg, mais refuse de désigner Seyss-Inquart comme chancelierModèle:Sfn.

Schuschnigg annonce sa démission peu après Modèle:Heure dans un communiqué radiophonique : Modèle:Citation bloc À cette annonce, la foule se déchaîne à Vienne, brisant les vitrines des commerces appartenant à des Juifs ou molestant ceux-ci ; selon un journaliste témoin des faits, Modèle:Citation

Photographie en couleurs du centre historique de Salzbourg
Vue du centre historique de Salzbourg.

Bien organisés, les nazis autrichiens prennent le pouvoir en Carinthie et en Styrie, et occupent des bâtiments publics et des gares ferroviaires à Innsbruck, Linz, Salzbourg, Graz, Klagenfurt et VienneModèle:Sfn. Le refus du président Miklas de constituer un gouvernement nazi dirigé par Seyss-Inquart et l'absence d'un télégramme d'appel à l'aide venant de celui-ci mettent Hitler hors de lui : à Modèle:Heure, il donne formellement l'ordre d'invasion ; trois minutes plus tard, Göring fait transmettre à Seyss-Inquart le texte du télégramme, en précisant qu'il n'est plus nécessaire de l'envoyer mais simplement de marquer son accord sur son contenuModèle:Sfn. Dans la nuit, le texte du télégrammeModèle:Note est envoyé à la presse allemande qui le publie le lendemain matin : la une du Völkischer Beobachter porte comme manchette Modèle:CitationModèle:Sfn. Vers minuit, après que les principaux centres du pouvoir à Vienne sont tombés entre les mains des nazis autrichiens et que la plupart des membres du gouvernement ont été arrêtés, et vu l'absence de réaction de la France, du Royaume-Uni, de l'Italie et de la Tchécoslovaquie, le président Miklas accepte de nommer Seyss-Inquart chancelierModèle:Sfn. Celui-ci tente en vain d'empêcher l'arrivée des troupes allemandes, en appelant la chancellerie du Reich et l'OKW : Modèle:CitationModèle:Sfn.

Annexion

Photographie en noir et blanc montrant l'arrivée de deux unités blindées allemandes dans les rues de Vienne
L'arrivée des unités blindées allemandes à Vienne.

Le Modèle:Date à Modèle:Heure, les troupes de la Wehrmacht franchissent la frontière austro-allemandeModèle:Sfn. Elles ne rencontrent aucune résistance de la part de l’armée autrichienneModèle:Sfn. Bien au contraire : elles sont accueillies par des acclamations de la population, des Heil Hitler, des drapeaux nazis et des fleursModèle:Sfn. Après les unités motorisées, l'infanterie entre en Autriche, non en formation de combat, mais en défilant avec drapeaux et musique militaireModèle:Sfn. Pour un officier, Modèle:CitationModèle:Sfn. Peu avant midi, la Modèle:2e blindée, commandée par Heinz Guderian, arrive à Linz. Guderian y est rejoint par Heinrich Himmler, Arthur Seyss-Inquart et Edmund Glaise-Horstenau, qui lui annoncent que l'arrivée d'Adolf Hitler est prévue vers quinze heuresModèle:Sfn. Hitler pénètre en Autriche peu avant Modèle:Heure à Braunau, sa ville natale. En raison de la foule amassée sur son passage, il n'arrive à Linz que vers Modèle:Heure, où il reçoit un accueil enthousiaste ; lorsqu'il y prend la parole d'un balcon de l'hôtel de ville, il est acclamé par soixante à quatre-vingt mille personnesModèle:Sfn.

Plusieurs commentateurs, à la suite de Churchill, font de l'événement une description qui insiste sur l'impréparation de la Wehrmacht, dont 70 % des véhicules seraient tombés en panne sur la route de Vienne<ref>Britannica, édition 1989, entrée « International relations », Modèle:P. 2b.</ref>, retardant par leur encombrement l'arrivée de l'escorte d'un Hitler furieux. L'historien Benoist-Méchin indique que cette erreur, fondée sur Modèle:Citation, a contribué à Modèle:Citation, alors même qu'Hitler avait ordonné personnellement un long arrêt à Linz<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

L'occupation systématique de la totalité du territoire autrichien se poursuit méthodiquement : à Salzbourg, les troupes de montagne allemandes découvrent une ville pavoisée de drapeaux nazis, et à son arrivée à Vienne vers minuit, Guderian reçoit un accueil enthousiasteModèle:Sfn. S'il n'était pas prévu, à l'origine, d'envoyer des troupes en Styrie et en Carinthie, Hitler modifie ses plans au vu de l'accueil réservé aux soldats allemands par la population autrichienne : dans la journée du Modèle:Date-, les hommes du Modèle:2e de parachutistes atterrissent à Graz ; dans ces deux provinces, les unités sont à nouveau Modèle:CitationModèle:Sfn. Dans la soirée du Modèle:Date-, toute l'Autriche est occupéeModèle:Sfn.

Le Modèle:Date, Hitler quitte Linz pour se diriger vers Vienne en faisant une étape à Melk, puis à Sankt Pölten : de cette ville, il poursuit son trajet vers la capitale à raison de vingt kilomètres par heure, afin de satisfaire la fouleModèle:Sfn. Peu avant Modèle:Heure, le Führer pénètre à Vienne par la Ringstrasse et se rend à l'hôtel Impérial pour y rencontrer les membres du nouveau gouvernement dirigé par Seyss-Inquart. Bien que la foule ait été avertie que Hitler était trop fatigué pour prendre la parole, des milliers de personnes restent massés à l'extérieur de l'hôtel : Hitler adresse cependant à la population un bref discours qu'il conclut par : Modèle:CitationModèle:Sfn.

Photographie en noir et blanc d'Adolf Hitler, vu de dos, s'adressant à la foule rassemblée sur la Heldenplatz à Vienne le Modèle:Date
Adolf Hitler, vu de dos, s'adressant à la foule rassemblée sur la Heldenplatz à Vienne le Modèle:Date-.

Le lendemain, au milieu de la matinée, près de Modèle:Unité se dirigent vers la Heldenplatz de Vienne, où Hitler arrive vers Modèle:Heure et reçoit un accueil triomphal de la part de la foule rassemblée sur la place et ses alentours. Modèle:CitationModèle:Sfn.

Par la suite, Hitler commente cet épisode : Modèle:CitationModèle:Sfn.

Dès la soirée du Modèle:Date, une partie de la foule s'en prend aux Juifs, forçant les familles à sortir de chez elles et à s'agenouiller dans les rues, sous les cris de Modèle:CitationModèle:Sfn. Les premiers jours suivant l'Anschluss, la population autrichienne soutient largement les vexations et les pillages contre les Juifs, avant qu'une politique d’État ne l'organise par la suite<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Premières réactions

En Autriche

Selon Evan Burr Bukey, l'enthousiasme d'une grande partie de la population à l'égard de l'Anschluss est spontané et tient essentiellement à quatre facteurs : l'annexion s'est déroulée sans effusion de sang ; les troupes allemandes sont perçues à la fois comme le moyen d'éviter une guerre civile et comme une protection contre une agression extérieure ; l'essor économique de l'Allemagne devrait également améliorer la situation en Autriche ; enfin, des Autrichiens y voient une chance de mettre fin à ce que l'on appelle la question juiveModèle:Sfn.

Dès leur entrée en Autriche, les Allemands recherchent et obtiennent le soutien de deux piliers de la société autrichienne, à savoir la hiérarchie catholique et les dirigeants sociaux-démocrates.

Photographie en couleurs de Theodor Innitzer en tenue de cardinal vers 1933
Le cardinal Theodor Innitzer Modèle:Nobr.

Le cardinal Theodor Innitzer, qui est en outre une des personnalités du mouvement social-chrétien, déclare dès le Modèle:Date- : Modèle:Citation. Les autres évêques autrichiens adoptent la même position dans les jours qui suivent et remercient l'Allemagne d'avoir Modèle:CitationModèle:Sfn. Lors de la publication de cette déclaration de soutien à l'Anschluss, le Modèle:Date-, Innitzer appose la mention Modèle:Langue à côté de sa signatureModèle:Sfn.

Le social-démocrate Karl Renner, pourtant père fondateur de la Première République, annonce son soutien à l’Anschluss et déclare le Modèle:Date- qu'il votera favorablement lors du plébisciteModèle:Sfn. Pendant l'été et Modèle:Nobr, il écrit un ouvrage de Modèle:Unité au titre révélateur : Modèle:Langue (Modèle:Citation)Modèle:Sfn,<ref group=alpha>Dépassé par les événements, l'ouvrage n'est pas publié et reste inconnu jusque dans les Modèle:Nobr.</ref>.

À l'étranger

Photographie en noir et blanc de Neville Chamberlain, son chapeau à la main, à Munich le Modèle:Date-
Neville Chamberlain à Munich, le Modèle:Date-.

Même si une manifestation rassemble vingt mille personnes le Modèle:Date- à Trafalgar Square à Londres<ref>Modèle:Lien web.</ref>, les réactions à l'étranger peuvent être considérées comme molles. La position officielle du Royaume-Uni est exprimée par le Premier ministre Neville Chamberlain, à la Chambre des communes, le Modèle:Date- :

« J'imagine que, suivant les tempéraments des uns et des autres, les événements que nous avons à l'esprit aujourd'hui peuvent susciter des regrets, de la tristesse et peut-être de l'indignation. Ils ne peuvent être vus par le gouvernement de Sa Majesté avec indifférence ou sérénité. Ils auront des conséquences qui ne peuvent encore être mesurées. Leur résultat immédiat est l'intensification du sentiment d'insécurité en Europe. […] Ce n'est pas le moment de prendre des décisions hâtives ou de prononcer des mots imprudents. Nous devons analyser la nouvelle situation rapidement, mais de sang-froidModèle:Trad,<ref>Déclaration du Modèle:Date- : Modèle:Lien web.</ref>. »

— Neville Chamberlain

La réaction modérée du Royaume-Uni, partagée par les États-Unis, est l'une des premières conséquences majeures de la politique d'apaisement strictement observée par le Royaume-UniModèle:Sfn. Devant la Chambre des communes le Modèle:Date-, Winston Churchill met en garde, en vain, contre les conséquences de cette orientation : Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Quant au gouvernement italien, après un silence initial, il apporte son soutien à l'Allemagne<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

C'est de l'étranger que s'élèvent des voix autrichiennes contre l'Anschluss : un groupe d'artistes cosmopolites, dont Joseph Roth à Paris, Oskar Kokoschka à Londres et Stefan Zweig à Bath, fondent le mouvement « Autriche libre » qui regroupe, en 1943, vingt-sept organisations comptant plus de sept mille membresModèle:Sfn.

Plus inquiète que ses anciens Alliés de 1918, la France anime une entente défensive de pays autour de l'Allemagne (Pologne, Tchécoslovaquie). Elle a voulu soutenir les efforts de l'Autriche pour sauvegarder son indépendance, mais bien qu'informée des intentions allemandes, elle ne se montre que peu dissuasiveModèle:Sfn. L'instabilité gouvernementale notamment empêche la Troisième République de mener une politique énergique, et l'impuissance de la Société des Nations fournit un alibi commode à l'inaction. Au moment de l'Anschluss, la Chambre des députés a renversé le gouvernement Chautemps, l'a remplacé par une coalition intérimaire dans l'attente d'un nouvel exécutif par Léon Blum : à ce moment critique, la France est sans voix forte<ref>Modèle:Lien web.</ref>, le gouvernement allemand suggérant même que la vacance gouvernementale aurait été un motif de précipiter l'Anschluss<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Le Parti communiste français dénonce Modèle:Citation, mais se préoccupe plus des questions sociales nationales et des procès de Moscou, alors près de s'achever<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Ministre des affaires étrangères du gouvernement Chautemps, le radical Yvon Delbos reçoit l'ambassadeur d'Allemagne le Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web.</ref>, mais il n'est pas reconduit dans le deuxième gouvernement Blum (qui dure moins d'un mois<ref>Modèle:Lien web.</ref> )<ref>Modèle:Lien web.</ref>. En coulisses, un groupe de pressionModèle:Sfn formé par Fernand de Brinon (premier journaliste à interroger Hitler après son accession au pouvoir<ref>Modèle:Lien web.</ref>), le sénateur Pierre Laval et Pierre-Étienne Flandin adoptent une attitude « munichoise » avant l'heure de conciliation avec l'Allemagne<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,Modèle:Sfn.

Le Mexique, par la voix d'Isidro Fabela, son diplomate auprès de la Société des Nations, proteste officiellement contre l'annexion de l'Autriche, le 19 mars 1938<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Sous la pression de la communauté juive américaine, le président Roosevelt propose le Modèle:Date- de lancer une initiative internationale pour venir en aide aux actuels et futurs réfugiés juifs d'Autriche et d'Allemagne. Réunie du 6 au Modèle:Date-, la conférence d'Évian n'apporte aucune solution, la plupart des pays se montrant hostiles à l'accueil de réfugiés ou renvoyant à un improbable accueil en Afrique ou en Amérique du Sud. Représentés non par un élu, mais un entrepreneur ami de Roosevelt, Myron C. Taylor, les États-Unis refusent d'augmenter leurs quotas d'immigration<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Suivent le Modèle:Date- les contestés accords de Munich, qui ouvrent la voie à de nouvelles annexions par l'Allemagne<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Plébiscite

Hermann Göring à Vienne, le Modèle:Date-, lors du dépôt d'une couronne de fleurs
Göring à Vienne, le Modèle:Date-.

L’Anschluss produit ses effets juridiques dès le lendemain de l’entrée des troupes allemandes, par la loi du Modèle:Date- sur la réunification de l'Autriche au Reich allemand, rédigée par un haut fonctionnaire allemand venu de Berlin, approuvée par le nouveau gouvernement autrichien et signée par Adolf HitlerModèle:Sfn,Modèle:Sfn, soumise à ratification par plébiscite : l’Autriche devient la province d’Ostmark du Modèle:Langue et Seyss-Inquart en est nommé gouverneur. Le même jour, Hitler charge le gauleiter de Sarre-Palatinat, Josef Bürckel, d'organiser un plébiscite Modèle:Citation le Modèle:Date-Modèle:Sfn.

Bürckel lance officiellement la campagne à Vienne, en émaillant son discours de nombreuses attaques antisémites, qui sont applaudies avec beaucoup d'enthousiasme ; dans les jours qui suivent, les principaux dirigeants nazis allemands, dont Hitler, Göring, Goebbels et Himmler, sillonnent l'Autriche pour soutenir l'annexionModèle:Sfn. Les nazis jouent sur un double registre, alliant propagande et répression. Pour influencer favorablement le vote des Autrichiens, Göring annonce, le Modèle:Date-, un investissement de soixante millions de marks dans le développement de l'industrie et la modernisation de l'agriculture autrichienne ; dans les jours qui suivent, le système de sécurité sociale allemand est étendu à l'Autriche, le paiement d'allocations aux chômeurs est repris par l'Allemagne, dix mille écoliers et vingt-cinq mille adultes y sont envoyés en vacances, et des distributions de nourriture sont organisées pour les plus pauvresModèle:Sfn.

Les méthodes brutales utilisées par Hitler pour éliminer toute opposition en Allemagne sont immédiatement mises en place en Autriche dans les semaines qui précèdent le plébiscite. Avant même l’intervention de la Wehrmacht, Himmler et quelques officiers SS arrivent à Vienne dès le Modèle:Date-, bientôt rejoints par quarante mille membres des forces de sécurité allemandesModèle:Sfn. Durant les quelques semaines qui séparent l’Anschluss du plébiscite, soixante-dix mille personnes (sociaux-démocrates, démocrates-chrétiens comme Richard Schmitz et Leopold Figl, communistes et autres opposants politiques, Juifs…) sont arrêtées et emprisonnées ou envoyées en camp de concentrationModèle:Sfn.

Bulletin de vote du Modèle:Date-, comprenant deux cercles, le grand cercle étant marqué Oui, le petit Non
Bulletin de vote du Modèle:Date- : Modèle:Citation. Le grand cercle est marqué Oui, le petit Non.

Le plébiscite se tient le Modèle:Date- et le résultat officiel est un vote favorable à 99,08 % en Allemagne et à 99,75 % en AutricheModèle:Sfn.

Si les historiens s’accordent sur le fait que le résultat du plébiscite n’a pas été truqué, le processus de vote n’a été ni libre ni secretModèle:Sfn : des officiels sont présents à côté des isoloirs et reçoivent le bulletin de vote de la main à la main, contrairement aux pratiques du vote secret, au cours duquel les bulletins sont déposés par les électeurs dans une urne scellée ; de larges fentes sont en outre aménagées dans les isoloirs afin de pouvoir constater comment votent les électeursModèle:Sfn. Pour l'historien britannique Richard J. Evans, le scrutin fait l'objet de manipulations et d'intimidations massivesModèle:Sfn.

L’Autriche fait désormais partie du Troisième Reich et le reste jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le Modèle:Date-, le gouvernement provisoire autrichien déclare l’Anschluss nul et non avenu. Après guerre, l’Autriche, occupée par les Alliés, est reconnue et traitée comme un pays indépendant de l’Allemagne ; elle retrouve sa souveraineté Modèle:Nobr, avec le traité sur l’État autrichien et la déclaration autrichienne de neutralité, en grande partie à cause du développement rapide de la guerre froide.

Conséquences

Administration et économie

Avec la loi du Modèle:Date- sur la réunification de l'Autriche au Reich allemand, ratifiée par le plébiscite du Modèle:Date-, l'Autriche devient partie intégrante du Troisième Reich ce qui donne naissance à l'appellation Modèle:Langue (« Grande Allemagne »)Modèle:Sfn. Immédiatement après l'annexion, l'Autriche, gouvernée par Arthur Seyss-Inquart conserve une certaine forme d'identité sous le nom d'« Ostmark », même si les parlements régionaux sont dissous dès Modèle:Date-Modèle:Sfn. Cette identité disparaît en 1942, lorsque l'Ostmark est divisée en deux régions du Reich appelés « Donau- und Alpenreichsgaue » (« Territoires des Alpes et du Danube »)Modèle:Sfn. Outre ses aspects politiques et administratifs, l'Anschluss a des conséquences très concrètes. Modèle:Citation.

L'économie autrichienne est intégrée à marche forcée à celle de l'Allemagne, notamment via sa sujétion, deux jours après l'annexion, au plan de quatre ans dirigé par GöringModèle:Sfn ; le contrôle de nombreuses entreprises autrichiennes dont la gestion est jugée insatisfaisante est pris par des AllemandsModèle:Sfn. Les travailleurs autrichiens, intégrés de force au Front allemand du travail, sont incités à venir travailler en Allemagne, où sévit une pénurie de main-d'œuvreModèle:Sfn.

Répression et nazification

Photographie en noir et blanc d'Heinrich Himmler visitant le camp de concentration de Mauthausen en compagnie de son commandant, Franz Ziereis
Himmler visitant Mauthausen en Modèle:Date- : il converse avec Franz Ziereis, le commandant du camp, entre Kaltenbrunner (à gauche) et Eigruber (à droite).

L'entrée des troupes allemandes est immédiatement accompagnée d'une vague de répression contre ceux qui pourraient constituer une menace : dès la nuit du 12 au Modèle:Date-, la Gestapo arrête vingt-et-un mille opposants réels ou supposés pour lesquels les installations du camp de concentration de Dachau ont été agrandiesModèle:Sfn. L'Anschluss est immédiatement suivi par la création du camp de concentration de Mauthausen dont l'emplacement est choisi dès la fin du mois de mars, sa construction débutant en Modèle:Date-<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

L'Anschluss se traduit également par une profonde « nazification » de la société autrichienne<ref group=alpha>Lors d'une enquête d'opinion réalisée en 1985, 50 % des Autrichiens interrogés estiment que l'expérience nazie a comporté autant d'aspects positifs que négatifs, Modèle:Harv.</ref> : lorsqu'en 1945, les anciens nazis doivent se faire enregistrer, ils sont six cent mille à s'inscrire, et avec leurs familles, ils représentent un tiers de la population du paysModèle:Sfn ; si la population autrichienne ne représente que 8 % de la population de la Grande Allemagne, les Autrichiens constituent 14 % des membres de la SS et 40 % du personnel lié à la mise en œuvre de l'assassinat des malades mentaux et de la ShoahModèle:Sfn. Parmi les Autrichiens ayant occupé de hauts postes au sein du Troisième Reich, outre Hitler lui-même, on peut citer : Franz Böhme ; Lothar Rendulic ; Julius Ringel et Alexander Löhr, respectivement généraux dans la HeerModèle:Note et la LuftwaffeModèle:Note ; Odilo Globocnik, fortement impliqué dans la Shoah ; Amon Göth, commandant du camp de concentration de Płaszów ; Franz Stangl, commandant des camps d'extermination de Sobibor et Treblinka ; Ernst Kaltenbrunner, successeur de Reinhard Heydrich à la tête du RSHA ; Otto Skorzeny, célèbre officier de la Waffen-SS. Arthur Seyss-Inquart, après être devenu l'adjoint de Hans Frank, le gouverneur général de Pologne, fut commissaire du Reich aux Pays-Bas.

La nazification s'instaure notamment à l'université de Vienne, où Edouard Pernkopf, membre du parti nazi et doyen de la faculté de médecine, demande au personnel de l'université de préciser s'il est Aryen ou non, ainsi que de prêter allégeance à Hitler. Cette mesure conduit à la démission de 77 % du personnel de l'université<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Mesures antisémites

Modèle:Voir aussi

Photographie en noir et blanc de Juifs viennois, accroupis sur la chaussée, forcés d'effacer des slogans en faveur de la souveraineté de l'Autriche
Dès Modèle:Date--Modèle:Date- à Vienne : des Juifs forcés d'effacer des slogans en faveur de la souveraineté de l'Autriche, sous le regard hilare de passants et miliciens.

L'Anschluss est également suivi par une vague de persécution des Juifs autrichiens. Débutant dès la soirée du Modèle:Date-, soit avant l'entrée des troupes allemandesModèle:Sfn et continuant au cours des jours suivants, les actions antisémites, dont la violence dépasse toutes les manifestations de ce type en Allemagne au cours des années qui précèdent, sont à ce point incontrôlables et exacerbées que Heydrich propose le Modèle:Date- de faire arrêter les nazis autrichiens responsables de ces exactionsModèle:Sfn. Mais il faut attendre le Modèle:Date- pour que les violences retombent, les responsables de la Sturmabteilung autrichienne étant menacés de licenciement si les débordements se poursuiventModèle:Sfn.

L'un des plus célèbres exilés de la première vague d'émigration est Sigmund Freud qui reçoit l'autorisation de quitter Vienne, contre paiement d'une rançon, le Modèle:Date-, après deux perquisitions menées à son domicile par la GestapoModèle:Sfn et la séquestration de sa fille Anna durant une journée. L'aryanisation des biens juifs est mise en œuvre à grande échelle dès la mi-maiModèle:Sfn. Le Modèle:Date-, le Bureau central d'émigration juive (Zentralstelle für Jüdische Auswanderung) se met en place sous l'autorité réelle d'Adolf EichmannModèle:Sfn. Entre Modèle:Date- et Modèle:Date-, seuls cinq mille Juifs parviennent à quitter l'AutricheModèle:Sfn, leurs biens sont confisqués et ils ne sont autorisés à prendre avec eux qu'une somme de vingt schillings<ref>Modèle:Article.</ref>.

Lors de la nuit de Cristal c'est à Vienne, où s'étaient déjà produites des émeutes anti-juives lors de l'Anschluss<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, que le pogrom prend ses formes les plus violentes et les plus meurtrières, avec quarante-deux synagogues incendiées, vingt-sept personnes juives tuées et quatre-vingt-huit grièvement blessées<ref>Modèle:Chapitre.</ref>. Au total et par la suite, [[Histoire des Juifs en Autriche|Modèle:Unité Juifs autrichiens]] sont contraints de s'exiler et Modèle:Unité sont victimes de la ShoahModèle:Sfn.

Conséquences à moyen terme

En Allemagne, l'Anschluss propulse la cote de popularité de Hitler à des sommets sans précédentModèle:Sfn. Le succès de l'annexion provoque chez le dictateur Modèle:CitationModèle:Sfn. La faiblesse des réactions à l'étranger à la suite de l'AnschlussModèle:Sfn conduit Hitler à conclure qu'il peut utiliser des méthodes plus agressives dans sa marche pour élargir le Troisième Reich, ce qu'il fera plus tard lors de l'annexion du territoire des Sudètes, entamée peu après l'Anschluss, notamment lors d'une rencontre avec Konrad Henlein, le Modèle:Date-, avant l'organisation du référendum sur l'annexion de l'AutricheModèle:Sfn.

En confirmant que le Royaume-Uni a décidé qu'une logique d'apaisement est la bonne manière de négocier avec Hitler, et que la France est incapable d'intervenir, l'Anschluss ouvre la voie aux accords de Munich en Modèle:Date-, puis à l'invasion de la Tchécoslovaquie en 1939Modèle:Sfn.

Héritage historique

Rattachement ou annexion ?

Le dictionnaire en ligne franco-allemand Larousse traduit le nom commun Anschluss, dans le contexte politique, par Modèle:Citation<ref>Dictionnaire Larousse en ligne, définition du terme « Anschluss ».</ref>. Selon le dictionnaire en ligne Leo, la traduction allemande d'« annexion » est « Modèle:Langue » ou « Annexion »<ref>Dictionnaire Leo en ligne, définition du terme « Anschluss ».</ref>,<ref group=alpha>Ce terme est notamment employé par Karl Heinz Roth, Krieg vor dem Kieg : Die Annexion Österreichs un die Zerschagung der Tschechoslowakei, Berlin, 1999 et par Martin Moll, Die Annexion Österreichs als erster Schritt zur Entfesslung der Zweiten Weltkrieges?, Belin, 2000.</ref>, celle d'incorporation « Modèle:Langue »<ref group=alpha>Voir par exemple Gerhard Botz, Die Eingliederung Österreichs in das Deutsche Reich, Wien, 1972.</ref>. L’Encyclopædia Britannica décrit l’Anschluss comme une Modèle:Citation plutôt que comme un rattachement. Cette traduction est reprise par la quasi-totalité des auteurs cités dans l'article<ref group=alpha>Le chapitre que consacre W. L. Shirer à l'Anschluss est intitulé « Le viol de l'Autriche ».</ref>.

Comme le relève l'historien Evan Burr Bukey, lors du départ des troupes alliées d'occupation, le Modèle:Date-, Modèle:CitationModèle:Sfn, englobant sous le même terme la période de 1938 à 1945 et celle de 1945 à 1955.

Seconde république

Déclaration de Moscou

Modèle:Article détaillé

La déclaration de Moscou, signée en [[Octobre 1943 (guerre mondiale)|Modèle:Date-]] par les gouvernements de l'Union soviétique, des États-Unis et du Royaume-Uni, comprend une déclaration sur l'AutricheModèle:Sfn : Modèle:Citation bloc

Le dernier paragraphe de la déclaration relève de la propagande et vise à susciter les premiers signes d'une résistance autrichienne : bien que des Autrichiens aient été reconnus comme Justes parmi les nations, il n'y eut jamais en Autriche de résistance armée comme celle qui s'est manifestée dans d'autres pays occupés<ref>Gerald Stourzh, Walheim's Austria.</ref>,<ref group=alpha>Cependant, selon Jean Bérenger, de 1938 à 1945, deux mille sept cents résistants autrichiens ont été exécutés, près de seize mille d'entre eux sont morts dans les prisons de la Gestapo et dix-sept mille autres l'ont été dans les camps de concentration nazis ; les chiffres repris par E. B. Bukey sont du même ordre de grandeur.</ref>,<ref group=alpha>Le Modèle:Date-, le chancelier Klestil déclare lors d'un discours qu'il n'y a pas eu, en Autriche, de résistance armée, mais seulement une résistance politique limitée.</ref>. La déclaration de Moscou est suivie, le Modèle:Date-, par une déclaration sur l'indépendance de l'Autriche, qui stipule en son Modèle:Nobr que Modèle:Citation et, en son Modèle:Nobr, que Modèle:CitationModèle:Sfn.

Identité autrichienne et « victimisation »

Carte en couleurs des zones d'occupation alliées en Autriche
L'Autriche divisée en quatre zones par les Alliés (1945-1955).

La vision des événements de 1938 a de profondes racines dans les dix années d’occupation par les Alliés et dans la lutte de l’Autriche pour retrouver sa souveraineté. La « victimisation » joue un rôle essentiel lors des négociations avec les Soviétiques à propos du traité d'État autrichien. S’appuyant sur la déclaration de Moscou, les hommes politiques autrichiens, hantés par le souvenir de la guerre civile qui a détruit la Première République, n'ont d'autre choix, afin de favoriser la reconstruction économique et la recomposition de la société, que de Modèle:Citation Le traité sur l’État autrichien et la déclaration de neutralité permanente, qui lui fait suite, constituent des étapes fondamentales pour la consolidation de l’indépendance et de l’identité nationale autrichienne au cours des décennies qui suiventModèle:Sfn.

Lors du procès de Nuremberg, l'Anschluss est examiné comme l'un des crimes antérieurs au début de la Seconde Guerre mondiale, et les actions des prévenus dans cet événement sont examinés sous l'angle du crime contre la paix, second chef d'accusation retenu par le tribunalModèle:Sfn. Durant l'instruction, les événements de l'Anschluss, dont les pressions exercées sur Wilhelm Miklas et Kurt Schuschnigg, sont exposés par le procureur Sydney S. Alderman. Schussnigg, alors à peine rescapé du camp de concentration de Dachau, est présent dans le public, mais n'est pas appelé à témoigner<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Par contre, il est donné lecture des conversations téléphoniques entre Göring, Arthur Seyss-Inquart, et Joachim von Ribbentrop du 11 au Modèle:Date-<ref>Modèle:Article.</ref>. Seyss-Inquart et son secrétaire d’État au moment de l'Anschluss, Kaltenbrunner, seuls prévenus d’origine autrichienne jugés à ce procès, sont condamnés pour crimes contre la paixModèle:Note, et également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité ; ils sont exécutés par pendaison le Modèle:Date-Modèle:Sfn. Franz von Papen Modèle:Incise est également jugé à Nuremberg, mais est acquitté, notamment parce que les juges ne considèrent pas l'annexion de l'Autriche comme une guerre d'agressionModèle:Sfn.

Le processus de dénazification est lancé à la suite de la loi sur les nationaux-socialistes du Modèle:Date-Modèle:Sfn qui oblige notamment les anciens membres du parti nazi à se faire enregistrer et les prive temporairement de leur droit de vote. Modèle:CitationModèle:Sfn.

Le contexte de la guerre froide et la volonté de l'Autriche de bénéficier du plan Marshall jouent également un rôle important dans l'occultation du débat sur l'Anschluss et sur le passé nazi de l'AutricheModèle:Sfn. En présentant l'Union soviétique comme l'ennemi principal de l'Autriche, ses dirigeants ont esquivé Modèle:CitationModèle:Sfn. Pour Ernst Bruchmüller, Modèle:CitationModèle:Sfn.

Dans la vie politique d'après-guerre

Blason de la république fédérale d'Autriche
Blason de la république fédérale d'Autriche.

De 1945 à 1948, les tribunaux autrichiens condamnent Modèle:Unité pour crime de guerre, essentiellement commis sur le sol autrichien, dont quarante-trois sont condamnées à la peine capitale ; mais dès 1948, le processus de dénazification s'éteint et tant le SPÖ que l'ÖVP cherchent à gagner les votes des anciens nazisModèle:Sfn. Une première loi amnistiant les nazis n'ayant pas occupé de postes importants (Modèle:Langue) est votée le Modèle:Date-, suivie en 1953 d'une deuxième amnistie nettement plus large qui permet aux anciens nazis Modèle:CitationModèle:Sfn.

En 1952, le FPÖ, issu de la « VdU - Verband der Unabhängigen » (Fédération des indépendants)<ref group=alpha>Pour M. Cullin, Modèle:CitationModèle:Harv.</ref>, Modèle:CitationModèle:Sfn.

Pendant des décennies, la théorie de la « victimisation » établie dans l’opinion publique autrichienne reste largement incontestée ; la population est rarement forcée de se confronter à l’héritage laissé par le Troisième ReichModèle:Sfn. En 1964, la déclaration du directeur de l'institut pédagogique de Graz, le Modèle:Dr Göbhart, qui, en réponse à une invitation du « Deutsches Kulturwerk für europäische Geiste », affirme que les machinations nationalistes allemandes n'ont pas leur place dans les écoles autrichiennes, suscite une vaste polémique relayée au parlement par le FPÖModèle:Sfn ; en 1965, les déclarations ouvertement antisémites et nationalistes du professeur d'histoire économique Taras Borodajkewycz<ref group=alpha>Ancien membre du parti nazi, Taras Borodajkewycz (Modèle:Date- - Modèle:Date-) se vit retirer son poste de professeur à la suite des événements, avec maintien de son salaire.</ref>,Modèle:Sfn déclenchent des manifestations de protestation au cours desquelles un rescapé des camps de concentration, Ernst Kirchweger<ref group=alpha>Militant socialiste, puis communiste, Ernst Kirchweger (Modèle:Date--Modèle:Date-) a été déporté en camp de concentration, en raison de ses activités syndicales interdites. Vingt-cinq mille personnes assistent à ses funérailles qui se transforment en une manifestation anti-fasciste.</ref>, est tué par un militant de droite lors d’émeutesModèle:Sfn. Ce n’est qu’au cours des Modèle:Nobr que l’Autriche doit massivement faire face à son passé sous le régime nazi. Le catalyseur de cette remise en question, connue sous le terme Vergangenheitsbewältigung, est l'affaire Waldheim. Lorsque celui-ci est accusé, à la suite de sa candidature en 1986 au poste de Président autrichien Modèle:Incise, d’avoir été membre d'association de jeunesse nazies et de la SA, et de crimes de guerre Modèle:Incise, la seule réponse du gouvernement autrichien consiste à affirmer que ces accusations constituent des interventions inamicales dans les affaires intérieures du pays. Malgré les réactions politiques face aux critiques internationales, l’affaire Waldheim marque le début d’une discussion de fond sur le passé nazi de l’Autriche et l’Anschluss, et la remise en cause fondamentale du Modèle:CitationModèle:Sfn.

Photographie en couleurs de Jörg Haider Modèle:Nobr
Jörg Haider en Modèle:Nobr.

Un autre facteur influençant la relation de l’Autriche à son passé nazi est l’émergence, au cours des Modèle:Nobr, de Jörg Haider et de son parti, le FPÖ, qui forme une coalition gouvernementale avec l'ÖVP le Modèle:Date-. Le programme de celui-ci, fondé en 1955, combine des éléments de la droite pan-germaniste avec des éléments du libéralisme ; lorsque Haider accède à la présidence du parti, les aspects libéraux deviennent marginaux, au profit d’une rhétorique nationaliste et anti-immigrants. Haider est souvent critiqué pour sa définition de l’intérêt national autrichien sur une base ethnique (völkisch), avec un slogan comme Modèle:Citation, et pour son apologie du passé, notamment lorsqu’il définit les membres de la Waffen-SS comme des Modèle:Citation. Haider va jusqu'à affirmer que l'existence de la seconde république autrichienne est Modèle:CitationModèle:Sfn. Selon Megan Green, le succès du FPÖ provient de l'échec de l'Autriche à analyser en profondeur son passé nazi et à en tirer les leçons, et le FPÖ trouve ses racines idéologiques dans le nazisme<ref>Megan Green, « Right-Wing Movements in the European Union : A Case Study of the Austrian Freedom Party (FPÖ) and the Lega Nord (LN) » dans Modèle:Harvsp.</ref>.

Photographie en couleurs de la commémoration du Modèle:75e anniversaire de l'Anschluss
Commémoration du Modèle:75e de l'Anschluss.

Dénonçant le simplisme de la théorie de la « victimisation » et l’époque de l’austrofascisme, la pièce de Thomas Bernhard Heldenplatz, fait l’objet de controverses avant même sa première représentation en 1988, cinquante ans après l’Anschluss. De nombreux hommes politiques de toutes tendances demandent que la pièce ne soit pas jouée au Burgtheater de Vienne. Kurt Waldheim, à cette époque président de la République, qualifie l’œuvre d’insulte grossière au peuple autrichien<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Thomas Bernhard.</ref>. Toujours en 1988, lors du cinquantième anniversaire de l'Anschluss, le président Waldheim et le chancelier Franz Vranitzky reconnaissent pourtant, lors d'une cérémonie regardée par des millions de téléspectateurs, la complicité de l'Autriche dans l'Holocauste ; quelques mois plus tard, à l'occasion de l'anniversaire de la Nuit de Cristal, le chancelier rappelle à ses concitoyens la longue histoire de l'antisémitisme autrichienModèle:Sfn. En 2000, le chancelier Wolfgang Schüssel, dirigeant un gouvernement de coalition avec le FPÖ de Jörg Haidder déclare toutefois encore au Jerusalem Post que l’Autriche a été la première victime de l’Allemagne<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Résumé de l'entretien.</ref>.

Commission des historiens et ses suites

Carte en couleurs du Troisième Reich incluant l'Autriche, 1943
Le Troisième Reich et l'Autriche Modèle:Nobr.

Dans le contexte de l’après-guerre, la République fédérale d’Allemagne est confrontée à un véritable combat pour en finir avec le passé : le Vergangenheitsbewältigung. En partie institutionnalisé, ce processus concerne les domaines de la littérature, de la culture, de la politique et de l’enseignement, et suscite des débats parfois vifs, comme dans le cadre de l’Historikerstreit (querelle des historiens). Dans un cadre similaire, mais plus tardivement, l’Autriche crée en Modèle:Date- une commission d’historiens<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Site officiel de la commission.</ref>,<ref>Sauf mention contraire, la présente section se fonde sur « Commissioning History : Austria and World War II, Restitution and Reconciliation », articles de Günter Bischof, Brigitte Bailer-Galanda et Eva Blimlinger, Martin Eichtinger, Dieter Stiefel, Olivier Rathlolb, Amrgrit Reiter, dans Modèle:Harvsp.</ref>. Son mandat est d’analyser le rôle de l’Autriche dans la confiscation des biens juifs opérée par le régime nazi et dans la mise en place d'un système de travail forcé, sous un angle plus historique que juridique. Comme son nom l'indique, il s'agit d'une commission historique, sans pouvoir particulier, à la différence d'une commission d'enquête parlementaire, et sans capacité de dépasser le stade de l'analyse et des recommandations. Cette mission est notamment définie pour répondre aux critiques dont le pays fait l’objet pour son traitement des plaintes des ayants droit des biens confisqués. Cette nouvelle impulsion donnée en 1998 est confirmée, dix ans après lors de la visite d'État du président autrichien Heinz Fischer en Israël : durant son séjour, il déclare notamment Modèle:Citation et que Modèle:Citation<ref>Die Presse, Modèle:Date-.</ref>.

Photographie en couleurs de Heinz Fischer, ancien président de la République, en 2018
Heinz Fischer en 2018.

Cependant, le centre Simon-Wiesenthal maintient ses critiques quant à la réticence persistante de l’Autriche, depuis les Modèle:Nobr, à mener des enquêtes et à traduire devant les tribunaux des nazis pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité :

Modèle:Citation bloc

En 2003, le centre Wiesenthal lance une campagne mondiale, l’opération de la dernière chance, pour rassembler des informations sur les nazis encore en vie et qui pourraient faire l’objet de poursuites<ref>Communiqué du centre Simon-Wiesenthal du Modèle:Date-.</ref>. Lors de cette campagne, le centre met en évidence, en 2005, le cas de Milivoj Ašner<ref>Communiqué du centre Simon-Wiesenthal du Modèle:Date-.</ref>, un Croate âgé de Modèle:Nobr, qui fait partie des dix nazis les plus recherchés ; Ašner s’est réfugié en Autriche en 2004, après que la Croatie a annoncé l’ouverture d’une enquête sur les crimes de guerre dans lesquels il aurait pu être impliqué<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Malgré les critiques quant à la liberté dont jouit Ašner, le gouvernement fédéral autrichien retarde, sine die, tant le traitement de la demande d’extradition formulée par la Croatie que le déclenchement de poursuites par le parquet de Klagenfurt<ref name=JG>Modèle:Lien web.</ref>,<ref name=RA>Modèle:Article.</ref>. Ayant vécu en Autriche de 1946 à 1991, Ašner en a acquis la nationalité et ne peut donc être extradé<ref>Modèle:Article.</ref>. Il est mort en Autriche en 2011.

Notes et références

Modèle:Traduction/Référence

Citations originales

Modèle:Références

Notes

Modèle:Références

Références

Modèle:Références

Annexes

Bibliographie

Modèle:Légende plume

Articles connexes

Modèle:Autres projets

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