Arthur Cravan

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Modèle:Infobox Biographie2 Fabian Avenarius Lloyd dit Arthur Cravan, né le Modèle:Date de naissance à Lausanne (Suisse) et disparu vraisemblablement dans le golfe de Tehuantepec, au large de Salina Cruz (Mexique), en Modèle:Date-, est un poète et boxeur helvético-britannique de langue française.

Considéré, tant par les dadaïstes que par les surréalistes comme un des précurseurs de leurs mouvements, Arthur Cravan a provoqué le scandale partout où il est passé.

Biographie

Origines

Il naît Fabian Avenarius Lloyd, de Clara St-Clair Hutchinson (dite Nellie, morte en 1934) et d'Otho Holland Lloyd (1856-1930), fils d'Horace Lloyd (1829-1874), conseiller de la reine Victoria. Son frère aîné, Otho Lloyd (1885-1979), devient peintre<ref name="Borràs1996">« Chronologie », dans Maria Lluïsa Borràs, Cravan, une stratégie du scandale, Paris, Jean-Michel Place, 1996, Modèle:Pp..</ref>. Il est par ailleurs le neveu par alliance d'Oscar Wilde qui avait épousé Constance Mary Lloyd, la sœur d'Otho, en 1884. Il est l'arrière-petit-fils de John Horatio Lloyd.

Paris

Fichier:F. Lloyd (Arthur Cravan) boxing Paris.png
Fabian en jeune boxeur mi-lourd (La Vie au grand air, mars 1910).

Son arrivée à Paris date de l'hiver 1908. Il s'établit d'abord dans un hôtel rue Delambre, puis il loue un appartement au 67, rue Saint-Jacques, qu'il conserve jusqu'en 1915. Son café préféré est La Closerie des Lilas<ref name="Borràs1996"/>.

Le Modèle:Date-, Fabian produit en une de L'Écho des sports un texte intitulé « To be or not to be… American », fruit de son voyage aux États-Unis<ref name="Borràs1996B">« Bibliographie », dans Maria Lluïsa Borràs, Modèle:Opcit, Modèle:Pp..</ref>,<ref>La page du journal et le texte est publiée dans {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Dafydd Jones (sous la direction), Dada Culture: Critical Texts on the Avant-Garde, collection « Avant-Garde Critical Studies » no 18, Amsterdam/NewYork, Éditions Rodopi, 2006, Modèle:P..</ref>.

À compter de Modèle:Date-, la presse sportive parisienne mentionne régulièrement les noms d'Otho et Fabian Lloyd, en tant que jeunes boxeurs suisses, catégorie mi-lourd. On trouve des comptes rendus de matchs dans L'Auto, La Boxe et les boxeurs et L'Éducation physique. Dans La Vie au grand air de mars, l'on apprend qu'il a battu un certain Pecqueniaux par abandon de ce dernier, qui ne s'est pas présenté : il est déclaré champion de France des mi-lourds dans sa catégorie, sans avoir combattu. Entraîné par Fernand Cuny, les deux frères font alors partie de l'équipe du Club pugiliste de Paris, qui était chargée par la Fédération française des sociétés de boxe d'organiser les combats de novices<ref name="Borràs1996B"/>. Après le mois de mai, Fabian cesse les combats.

En 1912, il choisit le pseudonyme de « Cravan » probablement en hommage à sa fiancée d'alors, la Française Renée Boucher, née à Cravans, en Charente-Maritime.

Entre Modèle:Date- et Modèle:Date-, à Paris, il est l'éditeur et le rédacteur unique de la revue Maintenant, dont il produit cinq numéros, mêlant critiques littéraires et artistiques aux excentricités et provocations de toutes sortes.

Dans un article publié dans le no 2 de Maintenant, daté de Modèle:Date-, Cravan fait une description iconoclaste de sa visite chez André Gide : Modèle:Citation bloc

En 1932, André Breton affirme dans une lettre qu'André Gide ne se releva jamais de ces quelques pages de critique désinvolte<ref name="breton">André Breton, lettre du Modèle:Date- à R. Gaffé, reproduite in: Arthur Cravan, Œuvres, éd. Gérard Lebovici.</ref>.

Dans le no 4 de cette revue, ayant insulté la peintre Marie Laurencin, il y publie le rectificatif suivant : Modèle:Citation bloc

Plus loin, dans ce même article, portant sur « L'Exposition des Indépendants », Cravan s'en prend à tous les peintres qu'il estime médiocres et aussi à Guillaume Apollinaire qui, par la suite, lui envoie ses témoins.

Toujours à Paris, Cravan annonce son suicide public, l'auditorium étant rempli de curieux. Il les accuse alors de voyeurisme puis fait une conférence exceptionnellement détaillée de trois heures sur l'entropie.

Barcelone et la boxe

Fichier:Arthur Cravan boxing 02.jpg
Cravan pose pour le magazine espagnol Stadium (Modèle:Date-).
Fichier:Arthur Cravan-Jack Johnson.JPG
Reproduction de l'affiche du combat entre Arthur Cravan et Jack Johnson à Barcelone, le Modèle:Date-.

En 1915, il quitte la France en guerre et traverse l'Europe entière, muni de faux passeports, avant de trouver refuge à Barcelone en 1916, où il renoue avec la boxe en organisant un combat le Modèle:Date- au Plaza de Toros Monumental avec le champion du monde Jack Johnson qui le met KO au bout de 43 minutes au Modèle:6e<ref>Arthur Cravan, Œuvres, Éditions Ivrea, 1992, Modèle:P..</ref>. Pour Bertrand Lacarelle, ce combat est en quelque sorte le premier « happening », la première « performance » de l'histoire de l'art<ref>Bertrand Lacarelle, « Arthur Cravan, un poète sur le ring », lefigaro.fr, Modèle:Date-.</ref>. Un autre combat a lieu le Modèle:Date- suivant, cette fois au Frontón Condal de Barcelone contre le Français Franck Hoche (mort en 1964), mais ne dure qu'un round, Cravan s'étant présenté ivre est déclaré forfait<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

États-Unis, Mexique : la rencontre avec Mina Loy

Invité en 1917 par Francis Picabia et Marcel Duchamp<ref>Document autographe in: Maria Lluïsa Borràs, infra, Modèle:P..</ref> à donner une conférence à la Grand Central Gallery sur les artistes indépendants de France et d'Amérique, Arthur Cravan s'embarque ensuite pour New York. Mais, entré dans la salle chancelant et visiblement ivre, il tape du poing sur la table et commence à se dévêtir. Il est emmené menotté et traîné par les policiers en criant son indignation, selon le témoignage d'Henri-Pierre Roché, qui assiste à la scène avec ses amis Duchamp et Picabia<ref>Danielle Régnier-Bohler et Jean Clair (édition et notes), « Victor » (1958) in: Catalogue de l'exposition Marcel Duchamp, Paris, Centre Pompidou, 1977 volume IV, Modèle:Pp..</ref>. Le lendemain, la presse new-yorkaise, tout en le blâmant, se montre pourtant compréhensive : Modèle:Cita<ref>The Sun, Modèle:Date-.</ref>,<ref> Fernando Couto e Santos, laplumedissidente.blogspot.fr.</ref>.

La revue 391 lancée par Picabia en Modèle:Date- à Barcelone doit sans doute beaucoup à l'esprit de Cravan : la filiation entre lui et Dada s'y inscrit à partir de ce moment-là, mais Cravan n'a jamais formellement adhéré à ce mouvement.

Lors d'une soirée chez les époux Arensberg à Manhattan, il fait la connaissance de la poétesse Mina Loy, avec qui il commence à vivre une intense passion. En Modèle:Date-, elle le rejoint à Mexico où ils se marient en avril.

En Modèle:Date-, l'entrée en guerre des États-Unis, l'avait poussé, avec Mina Loy, à chercher l'asile du côté du Mexique, puis c'est l'Argentine qui tente le couple. Ils préparent leur voyage à la fin de l'été 1918, du moins c'est ce qu'il écrit dans une ultime lettre à sa mère Nellie le Modèle:Date-.

Le Modèle:Date-, il participe en tant que Suisse, à son dernier combat de boxe, à la Plaza de Toros, à Mexico, contre l'Américain Jim Smith, qu'il perd en deux rounds.

Le Modèle:Date-, le magazine mexicain Arte y deportes annonce un nouveau match de boxe entre Cravan et Smith, cette fois à Veracruz, mais qui n'a pas lieu, le couple se trouvant alors dans l'impossibilité d'embarquer depuis le port de Veracruz pour Buenos Aires, et ce, pour une raison inconnue. Ils repartent cette fois pour la Côte pacifique, et atteignent Salina Cruz. Mina Loy, enceinte et fragile, embarque seule à bord d'un navire sanitaire japonais en direction de la capitale argentine où ils se donnent rendez-vous.

Selon un ami témoin appelé Owen Cattell, un pacifiste et déserteur américain, dans une lettre dont l'original n'a pas été retrouvé, Arthur Cravan aurait ensuite embarqué de son côté, sur un bateau qu'il aurait acheté à Puerto Ángel, mais devant rallier Salina Cruz par gros temps pour retrouver deux marins et Cattell, aurait disparu dans l'isthme de Tehuantepec, durant la forte tempête qui dura plusieurs jours, vraisemblablement au début du mois de Modèle:Date- : après cette date, on perd totalement toute trace de lui. Son corps n'a jamais été retrouvé. Mina Loy se lance alors dans une enquête à travers le monde jusqu'en Modèle:Date-. La police mexicaine aurait fait état de deux corps d'hommes abattus près de la frontière américaine, au bord du Rio Grande del Norte ; le signalement de l'un d'eux, cheveux blond cendré et de très grande taille (Cravan mesurait près de Modèle:Unité et pesait plus de 100 kilos), pouvait correspondre à celui de Cravan<ref>Repères biographiques, dans Arthur Cravan, Œuvres. Poèmes, articles, lettres, édition établie par Jean-Pierre Begot, Paris, Éditions Ivrea, 1992, Modèle:P..</ref>. L'une des questions que posa son frère Otho, qui crut longtemps que son frère avait fui ses devoirs de père, est : pourquoi, en plein conflit, son frère voulait-il passer par le canal de Panama pour rejoindre Buenos Aires quand il n'avait aucun passeport en règle sur lui et qu'il était recherché pour ses activités de pacifiste<ref name="Borràs1996"/> ?

Prenant pour modèle son mari disparu, Mina Loy commence un roman, Colossus, resté inachevé. De leur union est née en Grande-Bretagne, le Modèle:Date-, leur fille unique Jemima Fabienne Benedict qui se suicide en 1997. Les descendants d'Arthur Cravan vivent aujourd'hui à Aspen dans le Colorado.

Postérité

André Breton accorde une grande importance historique à la revue Maintenant pour avoir été la première dans laquelle certaines préoccupations extra-littéraires et même anti-littéraires ont pris le pas sur les autres<ref name="breton"/> : il affirme dans son Anthologie de l'humour noir qu'il est impossible de ne pas découvrir en Cravan les signes annonciateurs de Dada. Philippe Squarzonni, Sébastien Montag et Paskua se réclament de sa filiation.

Arthur Cravan a entraîné depuis les années 1970 une abondante littérature autour de sa personnalité. Dans une œuvre de fiction parue en 2006, le critique d'art Philippe Dagen va jusqu'à imaginer la « suite » de la vie d'Arthur Cravan, supposant qu'il ne serait pas mort en 1918.

Réception critique

Citations

Publications

Fichier:Maintenant issue 01.png
Page titre de Maintenant, Modèle:Date-.

Revue Maintenant

Arthur Cravan est le directeur de publication et le principal rédacteur de cette revue qui compte cinq livraisons entre Modèle:Date- et Modèle:Date-.

À la fin du no 5 est annoncé un no 6, jamais paru, Modèle:Cita avec au sommaire deux titres de poésie, « Les Tricots » et « Atmosphériques de la Morte de Couleur à Tahiti ».

Publications posthumes

  • [Arthur Cravan, directeur de publication], Maintenant, texte présenté par Bernard Delvaille, Paris, Éditions Éric Losfeld, 1957 ; réédition sous le titre, J'étais cigare : Maintenant, suivi de Fragments et d'une lettre, en 1970.
  • Maintenant : collection complète, reproduction en fac-similé, préfaces de François Bott et Maria Lluisa Borras, Paris, Jean-Michel Place, 1977.
  • Œuvres. Poèmes, articles, lettres, repères biographiques, illustrations, témoignages sur Arthur Cravan, édition établie par Jean-Pierre Begot, Paris, Éditions Gérard Lebovici, 1987 ; réédition : Paris, Éditions Ivrea, 1992 Modèle:ISBN.
  • Maintenant, texte intégral de la revue suivi de Poèmes, chronique, fragments et documents, présentés et annotés par Gabriel Saisseval, Toulouse, Éditions Ombres, 2010. Modèle:ISBN
  • Pas Maintenant. 35 lettres inédites à Sophie Treadwell, suivi de la nouvelle édition de Notes d'après manuscrit, établi par Bertrand Lacarelle, Grenoble, Éditions Cent Pages, 2014 Modèle:ISBN.
  • Adieu, je pars à la gare, 35 lettres inédites à Sophie Treadwell, notes de Bertrand Lacarelle, Grenoble, Éditions Cent Pages, 2016 Modèle:ISBN.

Notes et références

Modèle:Références

Annexes

Modèle:Autres projets

Bibliographie critique

Monographies, dossiers, documents inédits

Articles, anthologies, essais

  • « Arthur Cravan », in: André Breton, Anthologie de l'humour noir, Paris, Sagittaire, 1940, rééditions 1966 et suiv.
  • « Conférence prononcée à l'Ateneo de Barcelone le 17 novembre 1922 », in: André Breton, Les pas perdus, recueil d'articles, Paris, Gallimard, 1970.
  • Gabrielle Buffet-Picabia, Modèle:Où, éd. P. Cailler, Genève, 1957
  • Blaise Cendrars, Le Lotissement du ciel, Denoël, 1949. Modèle:Commentaire biblio
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Julien Levy, Memoir of an art Gallery, New York, 1977 Modèle:Commentaire biblio SRL
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Robert Motherwell, The Dada Painters and Poets, éd. Motherwell, New York, 1951. Modèle:Commentaire biblio SRL
  • Francis Picabia, Jésus-Christ Rastaquouère, 1920.
  • André Salmon, Souvenirs sans fin, Gallimard, 1956. Modèle:Commentaire biblio SRL
  • En 1916, Léon Trotsky croise Cravan sur un navire en partance vers New York. Il écrit : « Un boxeur, littérateur à l'occasion, cousin d'Oscar Wilde, avouait franchement qu'il aimait mieux démolir la mâchoire à des messieurs yankees dans un noble sport, que de se faire casser les côtes par un Allemand ». Ma Vie, Chapitre XXI, À travers l'Espagne (traduction de Maurice Parijanine, Gallimard, collection « Folio », page 318).
  • « Arthur Cravan », in: Noël Godin, Anthologie de la subversion carabinée, Lausanne, L'Âge d'Homme, 1988.
  • Maria Lluïsa Borras, Cravan. Une stratégie du scandale, Paris, Jean-Michel Place, 1996.
  • « Correspondancier du Collège de ’Pataphysique », Viridis Candela Modèle:8e, no 14, Modèle:Date-.
  • Bertrand Lacarelle, Arthur Cravan, précipité, Paris, Grasset, 2010.
  • Vincent Teixeira, « Assez, j'y vais, j'y erre. Arthur Cravan, Jacques Vaché, Jacques Rigaut, trois “gais terroristes” dans les lettres françaises », in: Fukuoka University Review of Literature and Humanities, XLV/I-II, Modèle:Date-.
  • Rémy Ricordeau, Arthur Cravan, la terreur des fauves, avec une postface d'Annie Le Brun, Paris, L'Échappée, 2021. (Modèle:ISBN)

Publications et travaux d'imagination et d'adaptation

  • Arthur Cravan Portrait de Philippe Sollers, Éd. Ab Irato, Paris 1999 Modèle:ISBN.
  • Cravan, mise en scène Lucille Calmel, Théâtre d'O, Montpellier, 1998 (Cravan, sur le site « Les archives du spectacle » ; sons, vidéos et photographies sur le site de la compagnie Myrtille).
  • Philippe Squarzoni, Portrait inédit de Arthur Cravan, Éd. Le Neuvième Monde, Paris 2002.
  • Jack Manini, Arthur Cravan, bande dessinée, Bamboo, 2018.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Isaki Lacuesta, Cravan vs. Cravan, documentaire biographique, 2002, avec Frank Nicotra.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Mike Richardson et Rick Geary, Cravan, bande dessinée, Dark Horse Comics, 2005.
  • Philippe Dagen, Arthur Cravan n'est pas mort noyé, roman, Paris, Grasset, 2006.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} David Lalé, Last Stop Salina Cruz, roman, Alma, 2007.

Articles connexes

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Liens externes

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