Charles d'Éon de Beaumont

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Sous-titre Modèle:Infobox Biographie2

Charles d'Éon de Beaumont, dit le chevalier d'Éon, diplomate, espion, officier, homme de lettres français, est né le Modèle:Date de naissance à l’hôtel d'Uzès de Tonnerre, et mort le Modèle:Date de décès à Londres.

Il est resté célèbre pour son goût prononcé pour le travestissement, ce qui a amené ses contemporains à spéculer sur son sexe réel et est devenu pour les auteurs anciens, une énigme historique. En fait, un collège de médecins a constaté à l'autopsie qu’il était doté d’attributs masculins normalement constitués même si un autre examen, effectué de son vivant mais non dévêtu, était arrivé à la conclusion opposée.

Il a joué un rôle important dans la diplomatie officielle et surtout dans la diplomatie parallèle de Louis XV. Il a contribué à faire basculer la Russie dans le camp français au début de la guerre de Sept Ans. Puis, lors de son ambassade en Angleterre, il a élaboré, entre autres, un plan d’invasion du pays par la mer.

C’est l’un des personnages les plus brillants et les plus contradictoires du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : il a vécu habillé en homme pendant quarante-neuf ans et en femme pendant trente-deux ans. Aimant la fête et la bonne chère, il a écrit des essais sur des sujets aussi divers que précis (par exemple : Mémoire sur l'utilité de la culture des mûriers et de l'éducation des vers à soie en France).

Biographie

Origines familiales

Si l'on en croit la généalogie, revue et vérifiée en 1775, que le chevalier d'Éon fait publier en 1779 par de la Fortelle<ref name="Généa">Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne</ref>,Modèle:Note, la souche de sa famille serait en Bretagne<ref>Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne</ref> et la même que celle des « le Senéchal » de Bretagne<ref>Modèle:Google Livres, François-Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse (Tome XII, Modèle:P.)</ref>,<ref name="p.84">Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne</ref>. Deux membres de la lignée, le comte de Kercado et le marquis de Molac, s'élevèrent aussitôt contre ces prétentions, soutenant que le nom « d'Éon » n'était pas patronymique et qu'il n'y avait jamais eu de telle famille en Bretagne<ref>Modèle:Google Livres.</ref>,<ref name="p.219">Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>. Ils assignèrent le chevalier d'Éon au Châtelet de Paris Modèle:Citation.

Deux sentences, publiées dans le no 39 du Mercure de France de l'année 1780, intervenues au Châtelet de Paris sur cette contestation le Modèle:Date-<ref>Modèle:Google Livres, Nicolas-Toussaint des Essarts (Modèle:P.)</ref>, puis, sur appel du chevalier, le Modèle:Date-, ont laissé le chevalier d'Éon dans la possession incontestable de tirer son origine des Éon de Bretagne<ref name="p.221">Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>.

Le chevalier descendrait du fameux hérésiarque du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, Éon de l'Étoile<ref name="p.84"/>,<ref>Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>, condamné en 1148 par un concile de Reims, qui quitta la Bretagne et parcourut les diocèses de Sens, de Reims et de Langres, accompagné de plusieurs de ses parents qui s'étaient faits ses disciples. Après sa condamnation, ses parents ne retournèrent pas en Bretagne, mais se fixèrent dans plusieurs des pays où les avait conduits leur chef. Quelques-uns d'entre eux s'établirent sans doute à Ravières et formèrent la branche, d'où est issu le chevalier<ref>Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne</ref>. Ils conservèrent audacieusement leur nom et les trois étoiles d'or, pour armes parlantes ; ils y ont ajouté depuis un coq au naturel, tenant en son pied dextre levé un cœur enflammé de gueules au chef d'azur, symbole de la vigilance et de l'enthousiasme d'Éon de l'Étoile, avec cette devise : vigil et audax<ref>Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne</ref>,<ref name="p.219" />,<ref>Modèle:Google Livres, Louis Charles Waroquier de Méricourt de La Mothe de Combles (Modèle:P.)</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

La généalogie par filiation suivie de cette famille commence à Robert d'Eon<ref>Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne</ref>,<ref name="p.221"/>, dit de Molesmes, né en 1309, faute de pouvoir remonter plus haut, avec preuves suffisantes, à cause de l'incendie général, qui consuma entièrement la ville de Tonnerre le Modèle:Date-. François-Alexandre Aubert de La Chenaye-Desbois en publie une en 1865<ref name="p.218">Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>, laquelle reprend intégralement les travaux de la Fortelle<ref name="Généa"/> publiés en 1779, qu'il actualise et complète. La lignée agnatique des descendants conduit en 1576 à André d'Éon, né à Ravières<ref name="p.98">Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne</ref>,<ref name="p.227">Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>.

Gustave Chaix d'Est-Ange note en 1918 à propos de la famille d'Éon que La Chesnaye des Bois en a donné une généalogie très détaillée, en faisant remonter la filiation au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle. Modèle:Citation, écrit-il, Modèle:Citation, blason qu'Henri Jougla de Morenas mentionne dans son Grand Armorial de France publié en 1935<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Chaix d'Est-Ange reprend ensuite l'arbre descendant agnatique d'André Déon des généalogies précédentes<ref name="CEA"/>.

Plus récemment Jean-Robert Blot<ref name="JRB">Modèle:Lien web.</ref>,Modèle:Note a entrepris, grâce aux sources aujourd'hui disponibles, de vérifier les travaux de la Fortelle<ref name="Généa" /> établis et dressés du vivant du chevalier, où l'on trouve une attestation d'état noble le concernant<ref>Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne</ref>. Il conclut que cette généalogie est erronée pour la partie la plus ancienne remontant à Éon de l'Étoile, ajoutant que le patronyme Deon est fréquent dans la région de Ravières, Ancy-le-Franc, Chassignelles<ref name="JRB"/>.

Pour Blot, Modèle:Citation.

Jeunesse

Fichier:Tonnerre hotel uzes cour.JPG
Hôtel d'Uzès, lieu de naissance du chevalier d'Éon.

Charles-Geneviève d’ÉonModèle:Note naît le Modèle:Date-<ref name="naissance"/>,<ref name="JRB"/>, à l'hôtel d'Uzès de Tonnerre<ref>Modèle:Ouvrage</ref> et est baptisé deux jours plus tard, le Modèle:Date-<ref name="naissance"/> en l'église Notre-Dame de Tonnerre. Il raconte dans son autobiographie, Les Loisirs du chevalier d'Éon de Beaumont, qu'il est né « coiffé »<ref>Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne</ref>, c'est-à-dire couvert de membranes fœtales, tête et sexe cachés, le médecin qui a accouché sa mère étant incapable de déterminer son sexe. (Il semble que cette dernière affirmation d'Éon n'est en fait qu'un stratagème pour brouiller davantage la vérité de son sexe.) Il est le fils de Louis Déon (ou d'Éon) de Beaumont<ref name="p.121">Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne</ref>,<ref>Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>,<ref name="JRB"/>, avocat au Parlement de Paris, conseiller du roi, maire élu de la petite ville bourguignonne de Tonnerre, subdélégué de l'intendance de Paris, inspecteur ou contrôleur ambulant au domaine du roi<ref>Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>, Modèle:Refnec ; Modèle:Refnec. Sa mère, Françoise de Chavanson<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, est la fille d'un commissaire général des guerres aux armées d'Espagne et d'Italie.

Il commence ses études à Tonnerre, puis, en 1743, il s’installe à Paris, chez son oncle Michel d'Éon de Germigny<ref name="p.117">Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne</ref>,<ref name="p.238">Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>, pour les poursuivre au prestigieux collège Mazarin<ref name="MM_p.2">Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>.

Très bon élève, il obtient un diplôme en droit civil et en droit canon, en Modèle:Date- ; il a alors vingt et un ans. Tradition familiale oblige, il devient le Modèle:Date-, avec une dispense d'âge<ref name="MM_p.2" />, avocat au parlement de Paris. Il songe un moment à entrer dans les ordres<ref name="MM_p.2" />. Il montre des talents en équitation, et encore plus en escrime, où son habileté est telle qu'il ne tarde pas à être reconnu comme l'une des premières épées de France<ref name="MM_p.2" />. En même temps il écrit beaucoup et commence à publier, en Modèle:Date-, Considérations historiques et politiques. Ses ouvrages sont remarqués<ref name="MM_p.2" />.

Par ailleurs, le jeune chevalier, brillant en société, n’a pas de mal à se créer un réseau de relations, au nombre desquelles on trouve bientôt le prince de Conti, prince du sang, cousin du roi Louis XV, lequel le nomme censeur royal pour l'Histoire et les Belles-LettresModèle:Sfn. En tant que responsable de la censure royale, tout écrit concernant ces deux domaines doit recevoir son imprimatur avant d’être publié. D'Éon a su gagner tout particulièrement la faveur du prince, en retouchant ou faisant parfois ses couplets et ses madrigaux<ref name="MM_p.2" />.

Carrière

Charles-Geneviève d'Éon est recruté dans le « Secret du Roi ». Ce cabinet noir, créé par Louis XV, est considéré comme la première structure de services secrets vraiment organisée et pérenne en France. Il mène une politique étrangère parallèle à la diplomatie officielle, et parfois très différente de cette dernière. Les autres conseils royaux ignorent son existence, y compris celui des « Affaires étrangères ». Les pays étrangers non plus. Le chevalier d’Éon est donc considéré comme un des premiers espions français<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Ces agents ont toute latitude pour arriver à leurs fins, par les moyens de leur choix, même s’ils sont illégaux. Le cabinet est dirigé par le prince de Conti puis par le comte de Broglie.

En font partie notamment le maréchal de Noailles, Vergennes, Breteuil, Beaumarchais.

Saint-Pétersbourg

Selon certaines sources, d'Éon est recruté dans le service secret par le roi lui-même, qui le rencontre dans un bal costumé déguisé en femme. Le monarque est séduit par cette jolie personne. Après avoir compris qu’il s'agit d'un homme, il pense qu'ainsi déguisé, il pourrait approcher la tsarine Élisabeth Ire{{#if:|  }} sans attirer sa méfiance. On est en juin Modèle:Date-, la guerre de Sept Ans commence. Il a pour mission de convaincre la souveraine de faire alliance avec la France. Sous le nom de Lia de Beaumont, il parvient à l'approcher, il devient sa lectrice, et il parvient à plaider la cause française à la Cour de Russie plus efficacement que les ambassadeurs officiels.

En fait, il est plus probable qu'il ait été recruté par le prince de Conti et dépêché à la Cour de Russie comme secrétaire d'ambassade. À Saint-Pétersbourg, la tsarine donne des bals costumés, où l'on inverse les rôles : les hommes doivent être vêtus en femmes et vice versa. D'Éon prend sans doute plaisir à se travestir, son apparence androgyne (carrure étroite, absence de barbe<ref name="p.5">Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>,<ref name="Éon"/>) lui permet de mystifier tout le monde<ref>Le chevalier d'Éon, Deux mille ans d'Histoire, France Inter, Modèle:Date-.</ref>. D’Éon devient rapidement l’ami de nombre de proches de la tsarine. C’est ainsi qu'il rallie petit à petit des conseillers anglophiles à la cause française, alors que les diplomates français qui arrivent en délégations officielles sont depuis des mois en butte à la méfiance et au rejet.

Il est de nouveau présent à Saint-Pétersbourg comme secrétaire d'ambassade de 1758 à 1760. Un autre traité d'alliance est signé, aussitôt le chevalier le rapporte au roi à Versailles, devançant de deux jours le courrier dépêché par la tsarine. Le roi le récompense en lui donnant un brevet de capitaine de dragons. Charles-Geneviève participe aux dernières campagnes de la guerre de Sept Ans, où il est blessé. Il quitte l'armée en 1762 pour redevenir agent secret<ref name=":0" />.

Fichier:Procuration avec description du chevalier Charles d’Éon Beaumont, dit chevalier d’Éon - Archives Nationales - ET-XXVII-310 res -54 - (1).jpg
Procuration avec description du chevalier Charles d’Éon Beaumont, septembre 1762. Archives nationales de France.

Londres

En 1762, Charles-Geneviève d'Éon est envoyé à Londres, où il collabore, en tant que « secrétaire de l'ambassade de France pour la conclusion de la paix générale » auprès de l'ambassadeur, le duc de Nivernais, à la rédaction du traité de paix de Paris, signé le Modèle:Date-, qui clôt la guerre de Sept Ans. La France a été vaincue par l'Angleterre, celle-ci veut notamment s'emparer de l’essentiel de l'empire colonial français, il s’agit de conclure le traité le moins défavorable possible. Le chevalier va y contribuer. Lors d’un de ces repas très arrosés qu’il affectionne, il parvient à subtiliser pendant un moment, à un négociateur anglais un document contenant la liste des concessions maximales que son pays est disposé à faire<ref name=":0" />. Document infiniment précieux, que Choiseul exploitera pour obtenir l’accord le moins douloureux qui soit pour la France. Le roi le récompense à nouveau, il est décoré de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, l'une des plus grandes distinctions du temps<ref name="Éon">Modèle:Lien web.</ref>.

D'Éon est maintenant chargé par le Secret du Roi d’une mission délicate et on ne peut plus secrète : il s'agit, pour reprendre l'avantage sur l'ennemi anglais, d'élaborer un plan d'invasion de la Grande-Bretagne. Un débarquement surprise. Il reconnait les côtes avec le marquis Carlet de la Rozière. Il tient informé les plus hautes instances de l’avancement du projet dans des courriers secrets et codés. Le fait que ce soit à lui que le roi ait confié cette mission, montre l'estime et la confiance qu'il a pour le chevalier<ref name="p.101">Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>.

Lorsque le duc de Nivernais, malade, retourne à Paris<ref name=":0" />, il prend sa place par intérim. Aussitôt l’ambiance change à l’ambassade. Le nouveau maitre des lieux y organise des réceptions fastueuses, tous les personnages qui comptent dans le royaume d’Angleterre y sont conviés, et ils s’y pressent. On s’y amuse tant, le chevalier est si charmant… Si charmeur, c’est « la diplomatie façon d’Éon » (qui préfigure celle de Talleyrand) : n’avoir que des amis dans le camp ennemi. Le roi George III l’adore. Rappelons que, dans le même temps, d'Éon prépare une invasion de son pays. Mais à Paris on juge son train de vie par trop extravagant : 22 domestiques, une réception par jour<ref name="Éon"/>, il dilapide en quelques mois le budget annuel de l’ambassade<ref name=":0" />. Quand il demande qu’on augmente le dit budget, le Ministre des Affaires étrangères, Étienne-François de Choiseul, refuse. Pour la première fois, le chevalier est désavoué par le pouvoir royal.

Un nouvel ambassadeur, le comte de Guerchy, entre en fonctions, Charles-Geneviève d'Éon en devient le secrétaire en tant que ministre plénipotentiaire. Les deux hommes se détestent, ils se sont connus et opposés pendant la guerre de Sept Ans<ref name=":0" />. Le chevalier méprise son supérieur. Deux clans se forment à l'ambassade de France et une guerre de libelles s’amorce.

Au cœur du conflit entre les deux hommes, il y a les plans d’invasion du pays. Louis XV a renoncé à ce projet. L’ambassadeur exige que le chevalier lui livre ces plans pour les détruire. D’Éon refuse, sans qu’il y ait une négociation, et qu’un accord soit trouvé sur une rémunération spécifique pour un si bon travail sur un si judicieux projet. Pour le comte de Guerchy, il est hors de question d’envisager la moindre négociation. Le pouvoir royal finit par trancher. Le Modèle:Date-, Louis XV déchoit le chevalier de ses fonctions à l’ambassade et demande son extradition aux autorités anglaises<ref name="p.146">Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>.

Celles-ci, qui n'y sont pas contraintes par leur législation, refusent : ce conflit entre les deux diplomates français qui s’étale au grand jour les ravit. Par provocation, d'Éon continue à se rendre à l'ambassade de France. En 1764, pour faire céder Guerchy et le roi, il n’hésite pas à exercer un audacieux chantage : il divulgue une partie de sa correspondance avec le pouvoir royal. Il ne va pas jusqu’à publier les courriers qui concernent précisément le débarquement, mais la menace de le faire est sous-jacente.

Le chevalier estimait que le nouvel ambassadeur était incompétent. Il a, semble-t-il, raison. Au lieu d’accepter de payer une modique « rançon » pour récupérer ce si précieux document, il s’enferme dans un refus qui met tout bonnement en péril le fragile équilibre politique et militaire entre les deux plus puissants pays d’Europe. Pour lui, le chevalier est l’homme à abattre par tous les moyens. Mais, hors les murs de l’ambassade, il n’a aucun droit et le chevalier s’abrite habilement derrière la police et la justice anglaises. Lors d’un procès, un témoin révèle que l'ambassadeur a tenté d'empoisonner son ex-secrétaire lors d'un repas<ref group="Note">En fait l'ambassadeur Guerchy a voulu le faire enlever. À la suite de cet imbroglio diplomatique, Guerchy est rappelé en France.</ref>. D’Éon accuse également son ex-supérieur d’avoir essayé de le faire enlever. En septembre 1767, lors d’un autre procès, la justice anglaise donne raison au chevalier, qui reprend ses fonctions et perçoit à nouveau sa pension. Devant comparaître une nouvelle fois en justice, alors qu’il n'a ni avocat ni témoins, il préfère disparaître. Il se déguise en femme et se réfugie chez un ami<ref name="Éon" />.

Sexe

Fichier:The Assaut or Fencing Match which took place at Carlton House on the 9th of April 1787.jpg
Satire du duel d'escrime entre « Monsieur de Saint-George et Mademoiselle la chevalière d'Éon de Beaumont » à Carlton House le Modèle:Date-. Gravure de Victor-Marie Picot basée sur l'œuvre originale d'Alexandre-Auguste Robineau.

Peu à peu le conflit s'enlise, puis il s'éteint, l’ambassadeur étant accaparé par d’autres problèmes et le chevalier renonçant à ses velléités de chantage. Maintenant qu'il est en disgrâce, sans pouvoir ni fonction, on l’ignore. Alors, pensent de nombreux historiens<ref name=":0">L'ombre d'un doute - Le chevalier d'Éon un agent trop secret, Modèle:Date-.</ref>, pour que les regards se tournent à nouveau vers lui, il a l'idée de faire scandale en s'habillant en femme. Et prétendre qu’il a toujours été une femme<ref name=":0" />. Il se trouve à nouveau au centre de toutes les attentions et de toutes les conversations. À l’ambassade de France on tente immédiatement de tirer parti de la « folie » du chevalier, qui alimente les libelles de Treyssac de Vergy et d’Ange Goudar.

Aussitôt les rumeurs diverses sur son appartenance sexuelle courent dans Londres. Dans les gazettes britanniques, on voir fleurir des caricatures du chevalier qu'on baptise « Épicène d'Éon ». Dans la capitale, on lance des paris sur son sexe. Un procès entre deux parieurs se conclut – après audition de divers témoins, mais pas du chevalier – par le verdict suivant : c'est une femme<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

En 1774, Louis XV exige que le chevalier d'Éon mette un terme aux rumeurs, qui discréditent l’ambassade de France, en indiquant son sexe véritable une fois pour toutes. Le chevalier répond par une déclaration dans laquelle il affirme solennellement être une femme. Cette attestation est validée par plusieurs médecins. Le chevalier refusant de se dévêtir, ces médecins ont dû se contenter d’effectuer des palpations pour arrêter leur opinion<ref name="France2">Secrets d’Histoire : Qui se cachait derrière le chevalier d'Éon ?, France 2, Modèle:Date-.</ref>. Cette révélation est embarrassante pour le Royaume. Diverses lectures ont été proposées, pour interpréter ce comportement : psychologique, voire psychiatrique («délire narcissique»).

Ou plus politique : désir de se venger, de ridiculiser le pays qui l’a écarté, puis a attenté à ses jours.

Le chevalier d’Éon n’est pas homosexuel ni bisexuel, car on ne lui connait aucune aventure<ref name=":0" />. On pense généralement qu’il est uniquement travesti, son plaisir sexuel, le travestisme, consiste simplement à s’habiller en femme, et n’a pas besoin d’un partenaire sexuel, le regard des autres (ou le sien) lui suffit. Ce penchant est appelé l’Modèle:Page h' en référence à d'Éon.

À cette époque, d'Éon est en relation avec le libelliste français Charles Théveneau de Morande, qui lui communique les Mémoires de Madame du Barry, texte satirique, dont il est l'auteur. En 1775, le dramaturge, mais également membre du Secret du Roi, Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, est envoyé à Londres par le nouveau roi de France, Louis XVI, pour récupérer tous ces documents, lettres, plans, libelles, en possession du chevalier.

Après maintes péripéties, au terme de quatorze mois de négociations, une transaction de plus de vingt pages, stipulant la remise de l’intégralité des documents sensibles, est conclue. Par ailleurs, le chevalier – que la France considère désormais comme une femme – ne devra plus jamais quitter ses vêtements féminins. Il se fera désormais appeler Modèle:Mlle, en échange de quoi une rente viagère lui est accordée<ref name="Éon" />.

Quand la perspective d’un retour en France commence à se préciser, d’Éon renfile ses habits masculins, contre la volonté du nouveau pouvoir royal. Le chevalier d'Éon est donc pris à son propre piège. Furieux, il quitte Londres le Modèle:Date- et se présente à la Cour dans sa tenue de capitaine de dragons. Une ordonnance prise le Modèle:Date- par le roi lui donne ordre Modèle:Citation. Habillé par Rose Bertin aux frais de Marie-Antoinette, il est présenté à la Cour en robe à panier et corset le Modèle:Date-.

En 1779, d’Éon veut participer à la guerre d'indépendance des États-Unis contre l’Angleterre au côté de Lafayette. Il se rhabille en dragon, mais le pouvoir royal sévit : arrêté le Modèle:Date-, il est exilé à Tonnerre, où il se résout à s'occuper de son domaine familial<ref name="Éon" />.

Fin de vie

Fichier:The Burdett Coutts Memorial Sundial, St Pancras Gardens, London - geograph.org.uk - 1462101.jpg
Modèle:Lien à l'emplacement du cimetière de St Pancras Old Church.
Fichier:The south face of the Burdett Coutts memorial.jpg
Face sud du mémorial.

En 1783, le roi le laisse revenir à Paris ; en novembre 1785, il regagne la Grande-Bretagne ; arrivé à Londres, il découvre que le propriétaire de son appartement lui réclame ses loyers impayés<ref name="p.89-92">Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>. Ne bénéficiant plus de sa rente, il n’a pas les moyens de le payer, sauf à se séparer de sa bibliothèque de Modèle:Unité.

C'est à cette époque que se situe l'assaut d'armes entre le chevalier d'Éon et le chevalier de Saint-George, venu tout exprès en Angleterre<ref>Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>. Cet assaut a lieu à Carlton House le Modèle:Date-, à la demande expresse du prince de Galles, Georges Auguste de Hanovre, futur George IV, dont on murmure qu'il est le fils du chevalier d'Éon<ref name="duel">Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>,Modèle:Note.

Ce fut un exploit sportif entre deux escrimeurs habitués à tirer ensemble dans la même salle. Malgré la gêne de ses vêtements de femme, d'Éon atteignit sept fois Saint-George<ref name="p.325" /> et sa victoire consacra sa réputation d'escrimeur<ref>Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>,Modèle:Note. Le tableau d'Alexandre-Auguste Robineau The fencing-match between the Chevalier de Saint-George and the Chevalier d'Éon fut réalisé à la demande du prince de Galles<ref name="Robineau" /> pour immortaliser l'événement.

D'Éon accueille favorablement la Révolution française et adresse même le Modèle:Date- à l'Assemblée nationale législative une pétition dans laquelle, s'appuyant sur un décret de la Constituante, il demande à être réintégré dans son grade et à prendre du service : Modèle:Citation bloc La pétition, présentée par Lazare Carnot à l'Assemblée dans la séance du Modèle:Date-, est renvoyée au comité militaire<ref>Modèle:Lien web.</ref> qui n'y donne aucune suite. D'Éon reste donc à Londres, où sa situation devient de plus en plus précaire. La déclaration de guerre du Modèle:Date- par la Convention à la Grande-Bretagne et aux Provinces-Unies et de lourdes dettes (en France également) le contraignent à demeurer sur le sol britannique<ref name="Éon" /> où il vit pauvrement.

Les biens qu'il a en France lui sont confisqués, les meubles de sa maison de Tonnerre sont vendus, les papiers qu'il y a déposés, dans une armoire de fer cachée, sont saisis. Il n'a plus pour vivre qu'une pension de Modèle:Unité que lui a octroyée Georges III<ref name="p.93" />.

Pour subvenir à ses besoins, il est contraint de participer à des combats d’escrime publics<ref>Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>. Malgré ses soixante ans passés et ses habits féminins, ses talents d’escrimeur lui permettent de remporter la plupart des combatsModèle:Note. En Modèle:Date-, il doit se résoudre à se défaire de sa bibliothèque<ref name="p.89-92" />. Il continue, malgré son embonpoint, à se battre en duel jusqu'à l'âge de Modèle:Unité. Le Modèle:Date- à Southampton, lors d'un grand assaut en public, il est grièvement blessé, le bouton du fleuret s'étant cassé sans qu'on s'en aperçoive à un pouce de l'extrémité ; la blessure dans le creux du bras droit s'étend sur près de Modèle:Unité<ref>Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>.

Il est finalement recueilli le Modèle:Date- par Mary Cole, une Française de son âge, veuve de William Cole, ingénieur de la marine royale anglaise<ref>Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>.

Le Modèle:Date-, d'Éon et Mary Cole sont emprisonnés pour dettes<ref>Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>. Libéré au bout de cinq mois<ref name="p.95">Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>, il signe un contrat pour publier son autobiographie mais il est frappé de paralysie, à la suite d'une chute due à une attaque vasculaire. Il vivra encore quatre ans dans la misère, les deux dernières années comme grabataire<ref>Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref> avant de mourir à l'âge de Modèle:Unité, le Modèle:Date- à Londres (New-Wilman Street, Modèle:N°)<ref name="p.325" />,Modèle:Note.

En effectuant sa toilette mortuaire, on découvre avec stupéfaction que cette supposée vieille dame est en fait un hommeModèle:Note. Le chirurgien M. Copeland, accompagné de dix-sept témoins, membres de la Faculté médicale de la Grande-Bretagne déclare dans un rapport médico-légal<ref>Modèle:Lien web.</ref>, le Modèle:Date- : Modèle:Citation<ref name="décès">AD 89 Tonnerre Décès 1826 (vues 33-34-35/394) Modèle:Lire en ligne.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Le chirurgien Copeland apporte même le lendemain cette précision : Modèle:Citation. Charles Turner grave simultanément une estampe du masque mortuaire<ref>Masque mortuaire de Charles Geneviève Louis Auguste Andrée Timothée d'Éon de Beaumont, British Museum Modèle:Lire en ligne.</ref>.

Le chevalier d'Éon est inhumé le Modèle:Date- au cimetière de St Pancras Old Church<ref name="Tombe"/>, église paroissiale de l'Église d'Angleterre qui fait partie à l'époque du comté du « Middlesex »<ref name="décès"/>,<ref name="p.329">Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,Modèle:Note avant d'être rattachée en 1889Modèle:Note jusqu'en 1965 au comté de Londres, remplacé depuis par le Grand Londres. Il laisse un testament olographe dans lequel il institue comme exécuteur testamentaire Sir Sydney Smith.

Ce testament est précédé d'un préambule portant en tête Modèle:Citation. Il débute ainsi : Modèle:Citation et se termine par ce quatrain lapidaire où, philosophiquement, et non sans quelque ironie, le chevalier dresse le bilan de ce qu'a été sa vie<ref>Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref> : Modèle:Citation bloc

Fermé aux sépultures en 1850, le cimetière de St Pancras Old Church, où de nombreux catholiques et émigrés français ont été enterrés, est désaffecté en 1865 en raison des travaux de la gare de Saint-Pancras, terminus des Midland Railway, puis rouvert comme parc public en Modèle:Date-<ref name="Tombe">Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>,<ref>Cimetière paroissial de Saint-Pancras à Londres.</ref>. La baronne Angela Burdett-Coutts fait alors construire un mémorial, inauguré en 1879, qui porte depuis Modèle:Lien.

L'obélisque est érigé à la mémoire des personnes qui étaient enterrées près de l'église St Pancras Old Church et les noms de plus de soixante-dix d'entre elles y sont gravés, dont celui du chevalier d'Éon, sur la face sud.

Postérité

Éonisme

L'Modèle:Page h' désigne l'inversion esthético-sexuelle correspondant au besoin qu'éprouvent certains hommes d'adopter des comportements vestimentaires ou sociaux socialement considérés comme féminins. Deux approches de l'éonisme prévalent : le psychologue Havelock Ellis considère que l'éonisme serait la première étape de l'inversion sexuelle, celle-ci s'exprimant symboliquement sur un plan vestimentaire. Le psychiatre Angelo Hesnard pense que l'éonisme est un moyen d'appropriation de l'image de la femme par le travestisme et peut conduire à une forme de perversion sexuelle. Dans certaines pratiques sexuelles, notamment le fétichisme, l'éonisme est un stimulant puissant. À ce titre, le chevalier d'Éon est considéré par la communauté LGBT comme le Modèle:Citation<ref name="Slate">Modèle:Lien web.</ref>.

Pour expliquer son ambiguïté sexuelle sont évoqués également les syndromes de Kallmann, d'insensibilité aux androgènes, de Klinefelter ou de transvestisme<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

British Museum

Le British Museum a mis en ligne une collection d’œuvres consacrée au chevalier d'Éon<ref>Collection consacrée au chevalier d'Éon, British Museum Modèle:Lire en ligne.</ref>.

Portraits

Galerie

Hommages

Musée du Chevalier d'Eon

Statue

Lycée de Tonnerre

Œuvres

Une liste des œuvres du chevalier d'Éon figure en fin des articles :

  1. « Le chevalier d'Éon », publié en 1854 par Le Maistre dans le no 8 du Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne<ref>Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>.
  2. « Le chevalier d'Éon de Beaumont », publié en 1892 par Ch. Moiset dans le no 46 du Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne<ref>Modèle:Harvsp Modèle:Lire en ligne.</ref>.

Les œuvres suivantes sont disponibles dans les bibliothèques numériques :

  • Essai historique sur les différentes situations financières de la France sous le Regne de Louis XIV & la Regence du Duc d'Orléans, Amsterdam, [s.n.], 1753.
  1. Modèle:Google Livres.
  • Mémoires pour servir à l'histoire générale des finances, Amsterdam, 1760, 2 vol. in-8°.
  1. Modèle:Google Livres.
  2. Modèle:Google Livres.
  • Lettres, Mémoires & Négociations particulières du Chevalier d'Eon, Ministre Plénipotentiaire de France, Londres, Jacques Dixwell, 1764.
  1. Modèle:Google Livres.
  • Les Loisirs du chevalier d'Éon de Beaumont, ancien ministre plénipotentiaire de France, ses divers sujets importants d'administration, etc. pendant son séjour en Angleterre, Amsterdam, 1774, 13 tomes. – Édition de 1775.
  1. Modèle:Google Livres.
  2. disponible sur Gallica.
  • Remarques véritables et très remarquables sur les audiences de Thalie ou sur Molière à la nouvelle salle, avec une défense des femmes & des réflexions sur les spectacles, par une femme qui se fait gloire d'être le chevalier de son sexe, si son esprit n'a pas l'avantage d'en faire l'ornement, Bruxelles, Boubers, 1782.
  1. {{#if:|https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55458686%7C{{ #if: bpt6k55458686 |{{ #if: | {{{t}}} | lire en ligne]}} | {{ #if: |[{{{1}}} lire en ligne]|lire en ligne}} }} sur Gallica}}.

Dans la culture populaire

Théâtre

  • La Chevalière d'Éon : comédie historique en deux actes, mêlée de couplets, de Charles Dupeuty et Charles-Auguste Clever, baron de Maldigny, 1837<ref>Pièce La chevalière d'Éon de 1837 Lien Gallica.</ref>
  • Le Chevalier d'Éon : comédie en trois actes, mêlée de chants, de Jean-François Bayard et Dumanoir, 1837 Modèle:OCLC
  • Eonnagata, pièce mêlant théâtre et danse, de Robert Lepage, 2010
  • Éon/Beaumarchais ou la Transaction, de Christian Bédard, 1991

Cinéma

Télévision

Chanson

Bande dessinée et dessin animé

Littérature jeunesse

Jeux vidéo

  • Le chevalier d'Éon est un espion jouable avec la France dans le jeu vidéo Empire: Total War
  • Le chevalier d'Éon apparaît dans le jeu vidéo Assassin's Creed: Unity, où il y affronte en duel le protagoniste du jeu Arno Dorian.
  • Le chevalier d'Éon apparaît en tant que Servant de classe Saber dans le jeu Fate/Grand Order, et indiquera notamment à son/sa Master que son sexe dépend des préférences de celui/celle-ci.
  • Le chevalier d'Eon apparaît dans le jeu Dress Up! Time Princess. Il est l'espion que le roi envoie à Marie-Antoinette pour l'aider à découvrir qui se fait passer pour elle lors de l'affaire du collier.

Annexes

Bibliographie

Documents

Études historiques et fictions

Liens externes

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Sites Internet

Vidéos

Audio

Notes et références

Notes

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Références

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