Coup d'État du 2 décembre 1851

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Fichier:Coup d'État 2 décembre 1851.jpg
Devant un buste tutélaire de l'empereur Modèle:Souverain2, le président Louis-Napoléon Bonaparte (à droite) délivre ses instructions aux conjurés dans la nuit du Modèle:1er au 2 décembre 1851. De gauche à droite : son secrétaire Mocquard tient la liste des personnes à arrêter, le général de Saint-Arnaud tient les ordres militaires destinés au maréchal Magnan, Morny (par ailleurs demi-frère du président) glisse dans sa poche le décret le nommant ministre de l'Intérieur tandis que Persigny se tient fidèlement en retrait<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Estampe de Philippoteaux, gravée par E. Leguay, 1853.

Le coup d'État du Modèle:Date- est l'acte par lequel Louis-Napoléon Bonaparte, président de la Deuxième République française depuis trois ans, conserve le pouvoir à quelques mois de la fin de son mandat alors que la Constitution de la Deuxième République lui interdisait de se représenter.

Le matin du Modèle:Date, Louis-Napoléon Bonaparte édicte six décrets proclamant la dissolution de l'Assemblée nationale législative, le rétablissement du suffrage universel masculin, la convocation du peuple français à des élections et la préparation d’une nouvelle constitution, promulguée le Modèle:Date pour succéder à celle de février 1848 et qui aura duré moins de quatre ans. Cette nouvelle constitution établit un régime présidentiel autoritaire.

Conclusion non seulement des difficultés que la Deuxième République rencontra pour s’imposer, mais aussi d'un conflit de trente mois avec le parti de l’Ordre, qui détient la majorité au Parlement, ce coup d'État marque la victoire des bonapartistes autoritaires.

Si le peuple de Paris réagit relativement peu pour défendre une assemblée conservatrice qui l’a dépouillé d'une partie de ses droits politiques, ce n’est pas le cas dans les zones rurales de près d'une trentaine de départements.

Dans certains endroits, les républicains prennent les armes et marchent sur les chefs-lieux. La résistance menée à Paris ou en province par les républicains (Victor Schœlcher, Victor Hugo, Jean-Baptiste Baudin…), par des membres du parti de l’Ordre non ralliés (le père Lacordaire, le prince de Broglie) est écrasée par l'armée en quelques jours.

Si l'on compte plusieurs centaines de tués à Paris, il n'y a pas de bilan global des affrontements et exécutions sommaires d'insurgés menées par l’armée. Ainsi, dans le Var, les colonnes républicaines, mal armées, furent facilement dispersées par la troupe et il y eut entre Modèle:Nobr en quelques jours.

Sur l'ensemble de la France, plus de Modèle:Nombre sont arrêtées et inculpées. Cette résistance, présentée comme une jacquerie par la propagande bonapartiste, et la fermeté de la répression crédibilisent alors rétrospectivement le mythe d'une guerre sociale se préparant pour 1852, alimentant la peur des petits et grands possédants, qui se rallient au nouveau régime, recréant ainsi les conditions d'une alliance entre les bonapartistes et les cadres de la société pour les huit années suivantes. De fait, la propagande gouvernementale, relayée par le bouche à oreille, avait démesurément grossi quelques épisodes locaux : massacres de gendarmes désarmés, viols systématiques.

Face à la légalité constitutionnelle, à laquelle se raccrochent les défenseurs de la République, les bonapartistes préfèrent opposer le suffrage universel, autorité supérieure à celle de la Constitution, et la confiance directe manifestée par le peuple comme seule source de légitimité.

Conformément à son appel au peuple, Louis-Napoléon rétablit le suffrage universel masculin, et convoque les Français par un plébiscite les 20-21 décembre afin de faire approuver son action et les réformes annoncées. Moins d’un an plus tard, le 2 décembre 1852, à la suite d'un autre plébiscite, le Second Empire est établi, Louis-Napoléon Bonaparte devenant « Modèle:Souverain-, empereur des Français ».

Tout au long de la [[Troisième République (France)|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | IIIe{{#if:|  }} }} République]], le coup d'État sert de repoussoir à l’historiographie républicaine, et alimente une légende noire autour de Modèle:Souverain- et du Second Empire, selon les historiens Louis Girard, Pierre Milza, Yves Bruley, Jacques-Olivier Boudon, Jean Garrigues ou encore Éric Anceau.

Le blocage institutionnel progressif de la Deuxième République

La monarchie de Juillet succomba en partie à cause de la plus grave crise économique du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. La Deuxième République ne sut pas plus la résoudre, et fut confrontée à une véritable guerre civile lors des journées de juin 1848<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Cette crise lui ôta ses plus fermes soutiens, à commencer par les républicains et les ouvriers insurgés, puis, en mai 1850, tous les exclus du corps électoral<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Conflit entre la Présidence et l'Assemblée conservatrice

Fichier:Napoleon III, 1851.png
Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République
(daguerréotype, vers 1851).
Fichier:Mais je ne pourrai jamais avaler tout cela !.jpg
Mais je ne pourrai jamais avaler tout cela !
Assis à table, le président Louis-Napoléon Bonaparte est interloqué par tous les plats servis par Montalembert, Véron, Berryer et Baroche : loi Falloux, loi électorale « des Burgraves », loi sur la presse, etc. Au premier plan, Thiers débouche narquoisement une bouteille de vin blanc.
Caricature de Charles Vernier, 1850.

Le 10 décembre 1848, Louis-Napoléon Bonaparte est élu président de la République avec 74 % des voix contre le général Cavaignac. Il est le premier chef d'État français élu au suffrage universel.

S'il a obtenu le soutien du parti de l'Ordre lors de son élection, Louis-Napoléon est politiquement isolé, sans assise parlementaire pour le soutenir et étranger au milieu politique français. Rejeté par les républicains, il doit former, contre son gré, un gouvernement dont les hommes forts sont les monarchistes Odilon Barrot et Alfred de Falloux<ref name="Anceau27">Modèle:Harvsp.</ref>. Mais cette compromission ne l'empêche pas de se retrouver en permanence en conflit avec les députés de l’Assemblée nationale redevenue, en mai 1849 non seulement majoritairement conservatrice et monarchiste mais tout autant hostile au Président<ref name="Anceau27" />. Ainsi, en août 1849, sa lettre de soutien à la Modèle:Citation contre le rétablissement de l'absolutisme du pouvoir temporel du pape lui accorde le soutien de la gauche mais la désapprobation du gouvernement et de la majorité parlementaire<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Pour marquer son indépendance vis-à-vis de l'Assemblée, il parvient à former en octobre 1849 un gouvernement de sa mouvance politique avec le ministère des Commis dirigé par le général d'Hautpoul. Même si le gouvernement est dévoué à Louis-Napoléon, c'est l'Assemblée nationale qui vote les lois que le gouvernement doit ensuite appliquer. Profitant de sa position dominante, l'assemblée conservatrice approuve notamment la loi Falloux sur la liberté de l'enseignement, favorisant de fait l'influence du clergé.

Elle adopte également, cette fois avec l'accord de Louis-Napoléon Bonaparte, la loi électorale du 31 mai 1850, limitant le suffrage universel masculin<ref>René Rémond, Les Droites en France, collection historique sous la direction de Maurice Agulhon et Paul Lemerle, Aubier, 1982, Modèle:P..</ref>. Le corps électoral passe de Modèle:Nobr à Modèle:Nobr d’électeurs. En imposant une résidence de trois ans pour les électeurs et en multipliant les cas de radiation des listes (vagabondage, condamnation pour rébellion ou atteinte à l'ordre public…), la nouvelle loi élimine un tiers du corps électoral<ref name="Milza225">Modèle:Harvsp.</ref> dont beaucoup sont des artisans et des ouvriers saisonniers. Cependant, même si les éliminés sont en grande partie des électeurs de la « tendance démocrate-socialiste », on y trouve aussi des légitimistes ou des bonapartistes<ref name="Gira_123" />, partisans de la Modèle:Citation<ref name="Milza225"/>.

Pour Louis-Napoléon, la manœuvre prive l'ennemi commun de moyen d'action légale<ref name="Gira_123"/>. Mais cette compromission avec les membres du parti de l'Ordre ne peut le satisfaire d'autant plus que le suffrage populaire est l'un de ses principes et que la nouvelle loi lui retire des électeurs<ref name="Gira_123">Modèle:Harvsp.</ref>. Si le président a laissé faire les parlementaires et son ministre, c'est de sa part un calcul politique comme il l'expose à une de ses proches. Son objectif est qu'au moment opportun, il lâche l'Assemblée pour se présenter face à elle comme Modèle:Citation. Il ne tardera pas d'ailleurs à s'en désolidariser<ref name="Milza225" />. Louis Girard note que Modèle:Citation. Pour Éric Anceau, il ne se dégageait aucun candidat sérieux qu'il soit républicain ou royaliste susceptible alors de pouvoir battre dans les urnes le président sortant lors de l'élection présidentielle prévue en 1852<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Tournée nationale du président

Fichier:Daumier - Un jour de revue. Ratapoil et son État Major - Vive l'Empereur !.jpg
Créé par Honoré Daumier, le personnage de Ratapoil symbolise le butor propagandiste du bonapartisme, armé d'une canne plombée et membre de la société du Dix-Décembre<ref>Modèle:Chapitre.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Dans cette caricature, lui et ses acolytes patibulaires crient « Vive l'Empereur ! » en brandissant leurs chapeaux au bout de leurs gourdins lors d'une revue militaire<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Lithographie de Daumier, Le Charivari, Modèle:Date-.

Durant sa tournée hexagonale de l'été 1850, Louis-Napoléon constate l'effervescence qui monte dans les provinces. Au cours du voyage présidentiel qu'il effectue dans l'Est, il critique l'Assemblée nationale en déclarant Modèle:Citation. À Lyon, dans une ville qui ne lui est pas acquise, il déclare que Modèle:Citation, manière de désavouer publiquement la nouvelle loi électorale<ref name="Frerejean"/>.

En septembre 1850, en Normandie, terre acquise et traditionaliste, il se pose en conservateur de l'état des choses existant pourvu que le peuple veuille le maintenir au pouvoir, multipliant les allusions à une évolution politique à venir, faisant référence aux vœux exprimés par des conseils généraux se prononçant en faveur d'une révision constitutionnelle pour permettre la réélection du président<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

En effet, en vertu du principe constitutionnel de non-rééligibilité du président, Louis-Napoléon devrait légalement quitter le pouvoir en décembre 1852. Comme les élections législatives ont lieu la même année, l'Assemblée avait voté le principe de tenir les deux élections à la même date, au printemps 1852, soit Modèle:Nombre avant la fin théorique du mandat présidentiel<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Tentatives de révision de la Constitution

Durant l'année 1850, les deux tiers des conseils généraux des départements, sollicités par le gouvernement Hautpoul, se prononcent pour la révision de la Constitution de 1848 afin de permettre au président de la République d'exercer un second mandat. Au début de l'année 1851, la classe politique dans son ensemble, à l'exception des républicains, est convertie à l'idée d'une révision constitutionnelle pour supprimer la clause de non-rééligibilité, le risque de voir Louis-Napoléon se représenter illégalement et remporter la majorité des suffrages populaires étant réel<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Dans sa volonté de réformer la Constitution, le Président obtient le soutien d'Odilon Barrot, du comte de Montalembert et de Tocqueville. La première moitié de l’année 1851 est ainsi consacrée à proposer des réformes de la Constitution afin qu’il devienne rééligible et que son mandat soit porté de Modèle:Nobr à Modèle:Nobr. Mais, à cette demande de révision constitutionnelle, le prince-président ajoute l'abrogation de la loi électorale du Modèle:Date- qui avait supprimé le suffrage universel. Sur ce point, les résistances sont plus nombreuses et exprimées au sein même du parti de l'Élysée formé de Modèle:Nombre.

Fichier:Commission révision Constitution 1851.JPG
Commission de la révision de la Constitution à l'Assemblée nationale (L'Illustration, juin 1851).

Le 11 avril 1851, une nouvelle équipe ministérielle dirigée par Léon Faucher est mise en place dans le but de rallier le vote conservateur<ref>Modèle:Harvsp.</ref> mais c'est un échec, Léon Faucher étant lui-même hostile à l'abrogation de la loi électorale, un texte qu'il avait défendu un an auparavant<ref name="Milza 2007 p.239">Modèle:Harvsp.</ref>. À la suite d'une vaste campagne de pétition<ref>Modèle:Article.</ref> recueillant Modèle:Nombre sur l'ensemble du territoire national (avec une prépondérance de signatures en provenance du Bassin parisien, de l'Aquitaine et du Nord), le duc de Broglie dépose le Modèle:Date- à l'Assemblée une proposition de loi soutenue par Modèle:Nobr pour réviser la Constitution et ainsi rendre rééligible le président de la République. En province, Louis-Napoléon prononce des discours en forme de manifeste et d'appel au peuple<ref name="Milza 2007 p.239"/>. Il s'en prend notamment à Modèle:Citation et déclare se mettre Modèle:Citation<ref name="Frerejean"/>. Si les deux tiers des conseils généraux se rallient à sa cause, les orléanistes de Thiers et Changarnier s’allient à la fraction ouverte de gauche « Montagne parlementaire » pour s'y opposer.

Le 21 juillet 1851, au bout d'un mois de débat, l’Assemblée se prononce sur la réforme constitutionnelle. Bien qu'obtenant une majorité de Modèle:Nobr en sa faveur (dont celle de Tocqueville) contre Modèle:Nobr, la révision constitutionnelle n'est pas adoptée, faute d'avoir obtenu plus des trois quarts des suffrages des députés, seuil exigé par la Constitution. Il a manqué aux partisans de la révision une centaine de voix dont celles des orléanistes intransigeants comme Charles de Rémusat et Adolphe Thiers<ref name="Milza240">Modèle:Harvsp.</ref>.

L'historien Louis Girard note que Modèle:Citation<ref name="Gira_138">Modèle:Harvsp.</ref>.

Les préparatifs du coup d'État

Fichier:Une scène renouvelée des Grecs.jpg
Une scène renouvelée des Grecs, d'après le tableau de Guérin, Clytemnestre hésitant avant de frapper Agamemnon endormi (1817).
Caricature illustrant les rumeurs précoces d'un coup d'État manigancé par le parti de l'Ordre et le prince-président : Thiers incite Bonaparte à assassiner la République, faute d'avoir pu la séduire.
En réalité, le coup d'État prendra la majorité parlementaire au dépourvu (lithographie coloriée, sans date).

Modèle:Double image Dès l'élection de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la République en 1848, des bruits relatifs à un coup d'État avaient commencé à circuler en souvenir de celui du 18 Brumaire commis par son oncle<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Les rumeurs d'un coup d'État fomenté par l'Assemblée ou par Louis-Napoléon se propagent derechef au début de l'année 1851<ref name="Gira_138"/> mais c'est à partir de l'échec de la révision constitutionnelle que la certitude d'une épreuve de force, dont l'initiative partirait de l'Élysée, s'impose dans le grand public<ref name="Milza240"/>.

Le complot est minutieusement préparé à partir du Modèle:Date- à Saint-Cloud. Les initiés étaient peu nombreux et regroupés autour de Charles de Morny, demi-frère de Louis-Napoléon. On y trouve Victor de Persigny, un fidèle de Louis-Napoléon, Eugène Rouher, Émile Fleury, Pierre Carlier, préfet de police de Paris, le général de Saint-Arnaud<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, ainsi que le général Magnan, commandant de la place de Paris<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Les premières dates envisagées sont d'abord le 17 ou le 22 septembre (l’Assemblée étant en vacances), mais du fait de la défaillance provisoire de Saint-Arnaud, le projet est reporté. Louis-Napoléon en profite pour tenter d'obtenir de nouveau de l'Assemblée nationale le rétablissement du suffrage universel et l'abrogation de la loi électorale du 31 mai 1850<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. La manœuvre est vouée à l'échec mais politiquement nécessaire<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Léon Faucher, qui refuse de soutenir l'initiative présidentielle, démissionne le 12 octobre suivi des autres ministres du gouvernement.

Un nouveau cabinet est formé le 27 octobre, comprenant 3 représentants de l'Assemblée et le général de Saint-Arnaud, nommé au ministère de la Guerre<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Ce dernier rappelle aux militaires leur devoir Modèle:Citation, le Modèle:1er novembre 1851, par une circulaire qui demande de Modèle:Citation. D’autres proches sont placés aux postes clés : le général Magnan est nommé commandant des troupes de Paris ; le préfet de la Haute-Garonne, Maupas, est promu préfet de police de Paris en remplacement de Carlier. Pendant ce temps, la proposition d'abrogation de la loi électorale est déposée à l'Assemblée le Modèle:Date-. Elle est une fois de plus rejetée le Modèle:Nobr par Modèle:Nobr contre 348, soit par seulement sept voix de majorité<ref name="Decaux279">Alain Decaux et André Castelot (dir.), Dictionnaire d'histoire de France, Librairie académique Perrin, 1981, Modèle:P..</ref>.

Alors que des députés demandent la mise en accusation du président de la République, Thiers et ses amis tentent de réactiver un décret de la Constituante, tombé en désuétude, qui donnait au président de l'Assemblée le droit de requérir directement l'armée sans avoir à en référer au ministre de la Guerre. Pour Louis-Napoléon, c'est une déclaration de guerre et un plan d'action est immédiatement mis au point pour mettre l'Assemblée en état de siège au cas où une telle loi serait adoptée<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le 17 novembre, elle est finalement repoussée par Modèle:Nobr (la majorité des républicains, les bonapartistes et de nombreux royalistes) contre 338 (la majorité des orléanistes et des légitimistes)<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Après avoir encore reporté la date du coup de force du 20 au 25 novembre, Louis-Napoléon la fixe au 2 décembre, jour anniversaire du sacre de Napoléon en 1804 et de la victoire d’Austerlitz en 1805<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. L’opération est baptisée Rubicon, par allusion à Jules César.

Magnan rassemble les généraux sous ses ordres, et leur demande de se tenir prêts<ref>Modèle:Harvsp.</ref> ; Modèle:Comment ; enfin, les maîtresses du président et de Morny (Miss Howard et Fanny Le Hon), ainsi que des banquiers, avancent l’or nécessaire à l’opération, ce qui évita aux comploteurs de piller les coffres de la Banque de France<ref name="Ance_32">Modèle:Harvsp.</ref>.

Le coup d’État

Action à Paris

Modèle:1er au 2 décembre 1851

Dans la nuit du Modèle:1er au 2 décembre, les troupes de Saint-Arnaud occupent tous les points stratégiques parisiens, des Champs-Élysées aux Tuileries. Soixante mille hommes, appuyés de plus de cent pièces d'artillerie, occupent la capitale<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Louis-Napoléon fait occuper toutes les imprimeries dont l'Imprimerie nationale<ref>Modèle:Harvsp.</ref> alors que seuls les journaux favorables à l'Élysée peuvent continuer de paraître<ref name="Gira_148">Modèle:Harvsp.</ref>. Les cafés (lieux de discussion politique) et les écuries (où l’on pourrait louer des chevaux pour fuir Paris) sont fermés<ref name="Ance_32"/>. Maupas fait arrêter les chefs de l’opposition, républicaine ou monarchiste, par les commissaires de police ; seul un refuse, et est arrêté<ref name="Ance_32"/>.

Il fait placarder sur les murs de Paris dès 6 h du matin le texte de ses proclamations : l'un est un « appel au peuple » à destination des Français<ref>Texte de l'appel au peuple.</ref> tandis que l'autre est une proclamation à l’armée<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Il édicte des décrets dans lesquels il déclare l’état de siège, la dissolution de l’Assemblée nationale, le rétablissement du suffrage universel, la convocation du peuple français à des élections et la préparation d'une nouvelle constitution. Son appel au peuple annonce son intention de restaurer Modèle:Citation.

2 décembre

Fichier:Coup d'État du 2 décembre 1851 - Arrest of General Changarnier.jpg
Arrestation du général Changarnier en chemise, au saut du lit, le matin du Modèle:Date-.
Gravure publiée dans The Illustrated London News<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

[[Fichier:Pierre-Antoine Berryer à la fenêtre de la mairie du 10e arrondissement de Paris le 2 décembre 1851.jpg|vignette|Pierre-Antoine Berryer à la fenêtre de la mairie du [[Ancien 10e arrondissement de Paris|Modèle:10e de Paris]].]] Dans la nuit du 2 décembre, les 78 premières personnes arrêtées sont en majorité des militants de « l'extrême gauche républicaine » mais aussi 14 élus, des militaires comme le général Nicolas Changarnier, Cavaignac, Lamoricière, des royalistes comme Adolphe Thiers et quelques Montagnards comme Martin Nadaud et Jules Miot<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Jean Dautry, 1848 et la Deuxième République, Éditions sociales, 1977, Modèle:P..</ref>,<ref name="Vigier">Le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte par Philippe Vigier (1924-1995).</ref>,<ref name="Ance_32"/>. Les imprimeries sont occupées ainsi que les journaux républicains pour les empêcher de paraître<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Le siège de l'Assemblée étant occupé par la troupe, environ trois cents parlementaires<ref>Modèle:Harvsp.</ref> (sur les 750 que compte l'Assemblée moins les Modèle:Nobr déjà arrêtés<ref>Modèle:Harvsp.</ref>), essentiellement du parti de l'Ordre, se réfugient dans la mairie du [[ancien 10e arrondissement de Paris|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Xe{{#if:|  }} }} arrondissement (ancien)]]. Se basant sur l'Modèle:Nobr de la Constitution<ref>Modèle:Harvsp.</ref> selon laquelle Modèle:Citation, les Modèle:Nobr votent à l'unanimité la déchéance et la mise en accusation de Louis-Napoléon, notamment des libéraux comme Rémusat, Salmon ou Tocqueville, et des républicains modérés comme Pascal Duprat. Le commandement de la Garde nationale est confié au général Oudinot<ref name="Anceau-34">Modèle:Harvsp.</ref>. Ils sont aussitôt arrêtés sans avoir appelé le peuple à se mobiliser<ref name="Vigier"/>,<ref name="Anceau-34"/>.

Les ouvriers parisiens restent cependant dans l'expectative, méfiants dans leur ensemble envers les membres de l’Assemblée et envers une république qui les a fait mitrailler en juin 1848<ref name="Vigier"/>. De leur côté, les magistrats de la Haute-Cour se contentent de constater qu’ils ne peuvent remplir leurs fonctions, le Palais de Justice étant occupé par la troupe<ref name="Anceau-34"/>. Au soir du 2 décembre, il semble que la partie soit gagnée pour les conjurés, sans effusion de sang.

3 décembre

Fichier:Maison natale Victor Hugo 079.JPG
Victor Hugo, député à l'Assemblée constituante.
Fichier:AlphonseBaudinErnestPichioCarnavalet.JPG
Alphonse Baudin (1811-1851) sur la barricade du faubourg Saint-Antoine, le Modèle:Date-.
Toile d'Ernest Pichio, Paris, musée Carnavalet.

L'appel à la résistance armée vient de la soixantaine de députés montagnards et républicains qui forment un Comité de résistance (comprenant Victor Hugo, Victor Schœlcher, ou encore Carnot), qui en appelle au peuple contre Louis-Napoléon qui Modèle:Citation et Modèle:Citation. Ils se réfèrent aux Modèle:Nobr et 110 de la Constitution. Ils décident d'essayer de soulever les quartiers populaires de l'Est parisien et de dresser des barricades pour le lendemain. Cependant, le 3 décembre, seuls une vingtaine de représentants nationaux<ref name="Vigier"/> se retrouvent sur les quelque Modèle:Nobr érigées dans ce fief républicain qu'est la capitale. On y trouve notamment Victor Schœlcher, Victor Hugo ou le député Alphonse Baudin, fauché par un tir de soldats alors qu’il tient la barricade du faubourg Saint-Antoine. De nombreux insurgés sont abattus<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le peintre Paul Huet est lui aussi sur les barricades et dans les manifestations. Il est malmené et manque d'être fusillé rue Saint-Placide, par un peuple parisien s'estimant trahi. Il s'offre comme commissaire à la Révolution à son domicile 55 rue du Cherche-Midi<ref>Pierre et Rolande Miquel avec la collaboration du professeur Gérard Bonin et de Michael Tazi Klaa, De l'aube romantique à l'aube impressionniste, éditions Somogy, 2011, p. 116.</ref>.

Si le préfet Maupas s'inquiète et écrit à Charles de Morny : Modèle:Citation, Morny est lui convaincu que le nombre d'insurgés ne peut rivaliser en nombre avec ceux des Trois Glorieuses ou de juin 1848<ref name="Vigier"/>. Il préconise donc de laisser les insurgés se dévoiler et s’installer, afin d’éliminer toute résistance<ref name="Anceau-34"/>.

Le soir du 3 décembre, le général Saint-Arnaud publie un arrêté qui dispose que Modèle:Citation. Trois étudiants sont arrêtés, porteurs de proclamations opposées au coup d'État : ils sont abattus et leurs corps sont jetés à la Seine<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Magnan a donné pour ordre de fusiller sommairement tous les prisonniers, mais la consigne n'est pas systématiquement appliquée<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

4 et 5 décembre

Dans la nuit du 3 décembre, une trentaine de milliers de soldats sont déployés dans les zones tenues par les insurgés parisiens, principalement l'espace compris entre les grands boulevards et la Seine ainsi qu'au jardin du Luxembourg et à la montagne Sainte-Geneviève<ref name="Milza260">Modèle:Harvsp.</ref>.

Fichier:Histoire d'un crime - Le Massacre par A. Marie.jpg
Le massacre.
Gravure d'Adrien Marie illustrant Histoire d'un crime de Victor Hugo (édition Eugène Hugues, 1879).

Dans l’après-midi du 4 décembre 1851, sur les boulevards Montmartre et Poissonnière, la troupe se rassemble et côtoie une foule où se mêlent curieux et manifestants<ref name="Milza260" />,<ref name="Gira_153">Modèle:Harvsp.</ref>. De jeunes bourgeois, installés aux terrasses des cafés ou massés sur les trottoirs, s'exclament à leur adresse en criant « Vive la Constitution ! Vive l'Assemblée nationale<ref name="Vigier" /> ! » Les soldats de la division Canrobert sont Modèle:Citation<ref name="Vigier" />. Dans ce contexte, Modèle:Citation<ref name="Milza260" />, les soldats s'affolent<ref name="Vigier" />, ouvrent le feu et, Modèle:Citation, font usage d'un canon<ref>Modèle:Citation Modèle:Citation, Modèle:Harvsp.</ref>. Des maisons sont ensuite fouillées à la baïonnette<ref name="Gira_153" />. Le carnage fait entre une centaine et Modèle:Nombre dont des femmes et des enfants ainsi que des centaines de blessés<ref name="Milza260" />,<ref>Claude Latta, La résistance des républicains au coup d'État du 2 décembre 1851.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Il n'y a pas eu plus de mille à mille deux cents insurgés (selon Vigier), quelques milliers (selon Anceau), pas plus de 1 500 (selon Girard et Milza) ; dès le 4 décembre au soir, la résistance parisienne au coup d’État est écrasée<ref name="Vigier" /> alors que la ville est terrifiée<ref name="Gira_153" />.

Fichier:Cimetière Montmartre - 4 décembre 1851.jpg
Victimes enterrées dans une fosse commune du cimetière de Montmartre le Modèle:Date-.
Estampe anonyme, musée Carnavalet, 1851.

Le bilan de ces journées parisiennes est de Modèle:Nobr tuées sans compter les soldats<ref name="Milza261">Modèle:Harvsp.</ref>. Si on compte 2/3 d'ouvriers, pas tous insurgés, parmi les tués, on y trouve aussi de nombreux innocents et curieux, victimes de la division Canrobert sur les grands boulevards<ref name="Milza261" />. Le chiffre des victimes reste néanmoins très éloigné des Modèle:Unité des journées de juin 1848<ref name="Milza261" />. Si Victor Hugo affirme, sans préciser ses sources, que Modèle:Unité ont été tués sur les grands boulevards<ref>Victor Hugo, Napoléon le Petit, Modèle:P..</ref>, son récit des évènements est contesté par les historiens Louis Girard et Pierre Milza pour qui sa version de la fusillade des grands boulevards, est peu crédible et relève d'une Modèle:Citation<ref name="Milza256">Modèle:Harvsp.</ref>. En réponse aux estimations du Times du 28 août 1852 mentionnant Modèle:Nombre ou blessés<ref name="Anceau642">Modèle:Harvsp.</ref>, le Moniteur (ancêtre du Journal officiel) publie, le Modèle:Date-, le chiffre global de Modèle:Nobr à Paris<ref name="Anceau642" />. Pour l'écrivain Luc Willette, une estimation qu'il cite provenant du Times de Modèle:Unité est Modèle:Citation et évoque, pour sa part, un millier de morts pour toute la France<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Quant à la Fondation Napoléon, le chiffre de tués lors du coup d’État et de la répression n'est pas supérieur à Modèle:Nobr<ref>Le coup d'État du 2 décembre 1851, article de Julien Mallet, Revue du Souvenir Napoléonien, Numéro 305, mai 1979, pages 33 et s.</ref>, la plupart sur les boulevards<ref name="Gira_153" /> ainsi que Modèle:Nobr et Modèle:Nobr parmi les soldats<ref name="Milza261" />,<ref name="Gira_153" />.

Dans son ensemble, le monde du travail est resté passif et ne s'est pas mêlé au combat, laissant se dérouler le Modèle:Citation<ref name="Milza261" />. Pour Marx lui-même, la Modèle:Citation<ref name="Milz_248">Modèle:Harvsp.</ref>, sa majorité comme sa minorité n'ayant d'ailleurs montré que peu de respect de la Constitution et ne songeait qu'au coup de force et à l'insurrection<ref name="Gira_148" />. Paris est désormais sous contrôle militaire en dépit de quelques mouvements sporadiques. Les dernières barricades, dont faisait partie Hugo, ne tombèrent que le 5 décembre.

Résistance en province

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Mémorial aux martyrs du Coup d'État du 2 décembre 1851, à Neuvy-sur-Loire.

Modèle:Article connexe La nouvelle du coup d’État se diffuse progressivement à travers la France, tournant parfois à la manifestation spontanée dans les grandes villes<ref>Modèle:Harvsp.</ref> ; cependant, il n’y a pas de réaction organisée<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, à quelques rares exceptions<ref name="Anceau-35" />. Lyon, réputée rouge et réfractaire à Paris, ne bouge pas, sans doute aussi en raison des dispositions militaires prises par le général de Castellane<ref>Eugène Ténot, La Province en décembre 1851, Paris, 1865. cité par Philippe Vigier.</ref> tandis que l'armée n'a guère de difficulté à disperser les quelques centaines de protestataires qui manifestent à Marseille, Lille, Bordeaux, Toulouse, Strasbourg, Dijon, etc. Des arrestations au cours de l’année 1851 ou dans les semaines qui précèdent le coup d’État empêchent aussi, le moment venu, la mobilisation du milieu ouvrier (ainsi Proudhon à Paris, en prison le 2 décembre ; arrestations de meneurs ouvriers à Indret, près de Nantes, procès de Lyon qui décapite le mouvement dans plusieurs départements du sud-estModèle:Etc.<ref>Iouda Tchernoff, Le parti républicain au coup d’État et sous le Second Empire, Paris : Pedone, 1906 [1].</ref>).

Certains conseils municipaux, en application de l'article 68 de la Constitution, proclament la déchéance de Louis-Napoléon Bonaparte<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, et déclenchent de nombreuses insurrections, notamment dans le Sud-Est<ref>Modèle:Harvsp.</ref> pour Modèle:Citation. Dans les départements où elle existe, il s'agit d'une résistance Modèle:Citation. Au total, il y a peut-être près de Modèle:Nombre pour toute la France<ref name="Anceau-35">Modèle:Harvsp.</ref>. La plus grande partie de la province, celle qui s'était prononcée pour le parti de l'Ordre lors des précédentes élections de 1849 (l'Ouest, le Nord et le Nord-Est), ne réagit pas et la plupart des élites locales acceptent le coup d’État<ref name="Vigier"/>, ailleurs l'indifférence est fréquente.

C'est dans le Sud-Est, ainsi que dans quelques départements du Sud-Ouest et du Centre (Clamecy, Mirande, Bédarieux<ref name="Anceau-35"/>, Le Donjon, Millau), que les principales résistances républicaines se manifestent. Le 5 décembre, l'insurrection se déclenche dans le Sud-Est : Aups, Les Mées, Apt, Digne, Manosque, Barcelonnette, etc.

À Digne, la garnison capitule le 7 décembre, et les républicains prennent le contrôle de la préfecture, la seule en France à alors tomber entre les mains des républicains<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. La ville sera reprise le 13 décembre<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le département des Basses-Alpes est administré par un « Comité départemental de résistance », le Modèle:Date-. Mais l’armée, ralliée au Président, vient à bout de ces résistances — cela étant facilité par le fait que les préfets bonapartistes disposaient du télégraphe, alors que les républicains n'avaient pas de moyens de communication. Les départements voisins du Var, de la Drôme (acquis aux républicains lors des élections de 1849) et de Vaucluse (le seul ayant voté pour le parti de l'Ordre en 1849) connaissent à leur tour des rassemblements armés qui débouchent sur des affrontements sanglants entre les insurgés républicains et forces de l'ordre<ref name="Vigier"/>. Le mouvement s'étendra dans la région jusqu'à la partie occidentale du département de l'HéraultBéziers est le théâtre d'affrontements sanglants<ref name="Vigier"/>. Ainsi, dans le Var, les colonnes républicaines, mal armées, furent facilement dispersées par la troupe et il y eut entre 60 et Modèle:Nombre en quelques jours.

Ces insurrections servent néanmoins la cause de Louis-Napoléon lui amenant le soutien de beaucoup de notables légitimistes et libéraux, qui étaient jusque-là hésitants. Les récits de prises d'armes et de scènes de pillages, de viols et d'assassinats, conclusions souvent de conflits antérieurs mais habilement utilisés ou dénaturés par la propagande de Morny achèvent de les rallier au coup d’État<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Le plébiscite de légitimation par le suffrage universel

Modèle:Voir aussi

Fichier:The Illustrated London News - plébiciste décembre 1851.jpg
Votants lors du plébiscite de légitimation du coup d'État (The Illustrated London News, décembre 1851).
Fichier:Louis-Napoléon Bonaparte rétablissant le suffrage universel, le 2 décembre 1851.jpg
Louis-Napoléon Bonaparte rétablissant le suffrage universel, le Modèle:Date-. Deux porte-drapeaux entourent le prince-président qui bénit l'urne où votent Modèle:Citation un ouvrier et un bourgeois à la mine béate. Estampe anonyme de propagande<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Conformément à son appel au peuple<ref name="Milza271">Modèle:Harvsp.</ref>, Louis-Napoléon rétablit le suffrage universel masculin et convoque les Français, les 20 et 21 décembre 1851, Modèle:Citation<ref name="Milza271"/>, afin de se prononcer par plébiscite sur les réformes du « prince-président ». Face à la légalité constitutionnelle dont se prévalaient les défenseurs de la République, les bonapartistes opposent le suffrage universel, placé au-dessus de la Constitution, et la confiance directe manifestée par le peuple comme seule source de légitimité<ref name="Morabito">Marcel Morabito et Daniel Bourmaud, Histoire constitutionnelle et politique de la France (1789-1958), Montchrestien, Domat Droit Public, Paris, 1998, Modèle:P..</ref>. La propagande bonapartiste ne manque pas également d'agiter la hantise du Modèle:Citation (expression issue de l'opuscule Spectre rouge de 1852 écrit par Auguste Romieu qui, en distillant des Modèle:Citation<ref>Expression de Victor Hugo. Cf. Modèle:Ouvrage.</ref>, veut accroître la peur du socialisme et accepter le coup d'État) et le thème de Modèle:Citation, appuyé par une administration zélée et par le clergé catholique<ref name="Milza271"/>.

La consultation se déroule Modèle:Citation<ref name=girard156>Modèle:Harvsp.</ref> sur la partie du territoire encore en état de siège. Seuls les journaux favorables au plébiscite sont autorisés à paraître<ref name="Ance_193">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Les listes électorales sont purgées entre le coup d’État et le vote<ref name="Ance_37">Modèle:Harvsp.</ref>.

Le président jouit cependant d'une réelle popularité auprès des paysans et la nature de la consultation ne laisse guère de choix entre l'état de fait accompli et le néant. En conséquence, les civils sont autorisés à voter à bulletin secret alors que l'armée et la marine se prononcent à registres ouverts<ref name="Anceau194">Modèle:Harvsp.</ref>. Il n'est pas question non plus de faire campagne pour le non en pleine proscription<ref name=girard156/>. Outre le climat de répression et de terreur, la fraude est patente : appel nominatif par deux fois des retardataires pour les rappeler à leur devoir d'électeur ; parmi les électeurs civils qui figurent sur la liste électorale, certains noms sont oubliés ou sont absents de la commune. Selon l'historien Frédéric Négrel, à Artignosc et dans le département sous état d'urgence du Var, Modèle:Citation.

À la suite du ralliement du clergé et de bon nombre des parlementaires de la majorité qui avaient été arrêtés le 2 décembre et voté sa déchéance<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, le corps électoral se prononce favorablement sur la révision par 7 439 216 « oui » contre 640 737 « non » (résultats provisoires du Modèle:Date-) ou Modèle:Nombre contre Modèle:Nombre, pour les résultats définitifs publiés par le décret du Modèle:Date- (pour environ Modèle:Nobr d’inscrits et Modèle:Nombre dont Modèle:Nombre)<ref>Résultats du plébiscite du 20 et 21 décembre 1851.</ref>. L’abstention concerne Modèle:Nombre d’électeurs, soit près de 15 % du corps électoral<ref name="Ance_37"/>. Si les principaux foyers d'opposition se trouvaient dans les grandes villes, le seul canton rural à voter en majorité pour le « non » fut celui de Vernoux dans l'Ardèche<ref name="Anceau194"/>.

La répression

L'état de siège

Fichier:Histoire illustrée du Second Empire - exécution de deux prisonniers à Salernes dans le Var.jpg
Exécution de deux prisonniers à Salernes (Var). Gravure extraite de l'ouvrage de Taxile Delord, Histoire illustrée du Second Empire, Paris, imprimerie G. Baillière, 1880.

À la suite de cette insurrection républicaine de province, trente-deux départements (aux précédents cités s'ajoutent notamment l'Allier, le Loiret, la Saône-et-Loire, le Jura et la Sarthe, seul département de l'Ouest et du Nord à avoir connu une ébauche de résistance<ref name="Vigier"/>) sont mis en état de siège dès le 8 décembre<ref name="Vigier"/>.

Avec l'état de siège, tout le pouvoir est localement donné aux autorités militaires qui, en quelques jours, maîtrisent rapidement les zones de résistance républicaine au coup d’État. Pendant Modèle:Nombre, celles-ci sont réprimées et ponctuellement des insurgés sont fusillés sommairement<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name=milza267>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Claude Latta, La résistance des républicains au coup d'État du 2 décembre 1851.</ref>.

Ces zones connaissent Modèle:Citation (Modèle:Nobr selon Raphaël Lahlou)<ref>Raphaël Lahlou, Le coup d'État du 2 décembre 1851, Paris, Bernard Giovanangeli Éditeur, 2009, Modèle:P..</ref> puis jusqu'en janvier 1852, ce sont Modèle:Citation.

Une répression sévère, suivie de grâces

Selon Maurice Agulhon, Modèle:Citation<ref name="Agulhon219">Modèle:Harvsp.</ref>. La notion de société secrète, assimilée à une source de complot et à laquelle chaque républicain est réputé adhérer, joue un rôle important dans le raisonnement de l'administration et des forces de l'ordre<ref name="Agulhon219"/>. Tous les républicains, même ceux n'ayant pas pris les armes, sont alors assimilés à des insurgés en puissance, des complices ou des inspirateurs à l'insurrection<ref name="Agulhon219"/>. En conséquence, les forces de l'ordre (armée, gendarmerie et police) raflent de mi-décembre à janvier des milliers de suspects, qui encombrent les prisons<ref name="Agulhon219"/>. Les partisans de Louis-Napoléon sont aussi décidés à endiguer toute révolution sociale<ref name="Milz_268-9">Modèle:Harvsp.</ref>. C'est Modèle:Citation qui s'abat alors que les bonapartistes de gauche, progressistes et autoritaires ou certains républicains comme George Sand parvenaient à obtenir, auprès de Louis-Napoléon, un adoucissement dans la répression et les sanctions<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. C'est ainsi que certains chefs républicains voient leur peine au bagne être commuée en peine d'emprisonnement ou de déportation (« transportation ») en Algérie (Jules Miot, Marc Dufraisse, Démosthène Ollivier)<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

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Victor Hugo durant son exil à Jersey vers 1853-1855.

Dans un premier temps, Modèle:Nombre sont arrêtées, essentiellement dans le Sud-Est, le Sud-Ouest et quelques départements du Centre<ref name="cnrs">Les commissions mixtes de 1852, Criminocorpus.</ref>, 21 000 sont condamnées par des commissions mixtes (composées dans chaque département du préfet, d'un général et d'un magistrat) dont 9 530 à la transportation en Algérie et Modèle:Nobr au bagne de Cayenne. Les Modèle:Nobr présumés de l'insurrection sont traduits devant un conseil de guerre<ref name=milza267/> tandis que Modèle:Nombre, dont Victor Hugo (qui s'est déjà enfui à Bruxelles pour un long exil), Schœlcher, Raspail, Edgar Quinet, Adolphe Thiers, Prosper Duvergier de Hauranne, Charles de Rémusat<ref>Modèle:Harvsp.</ref> sont frappés de proscription par un décret présidentiel. Engagé parmi les insurgés, le journaliste italien Ferdinando Petruccelli della Gattina est expulsé de France<ref>Mikhail Bakunin, Arthur Lehning, Michel Bakounine et l'Italie, Éditions Champ libre, 1973, Modèle:P..</ref>.

Toutefois, les mesures de répression prononcées par les Modèle:Nobr mixtes inquiètent Louis-Napoléon, qui est lui-même affecté par le bilan humain d'un succès payé au prix fort<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Dans un second temps, après avoir été passif face à l'action répressive de ses partisans<ref name="Milz_268-9"/>, Louis-Napoléon délègue en mission extraordinaire trois conseillers d'État, afin de réviser les décisions prises et préparer des mesures de grâce<ref name="cnrs"/>.

Si les généraux Espinasse et Canrobert, chargés du Sud-Ouest et du Languedoc, font preuve de peu d'indulgence envers les condamnés avec un petit millier de grâces accordées, le conseiller d'État Quentin-Bauchart, chargé du Sud-Est, accorde Modèle:Nombre. Louis-Napoléon Bonaparte use de son côté, largement, de son droit de grâce, souvent à la requête de ses amis saint-simoniens mais aussi à celle de tiers comme son cousin Napoléon Jérôme ou l'écrivain George Sand. Sur les Modèle:Nombre initialement condamnés à la transportation en Algérie, 6 151 sont réellement déportés<ref>Tableau de Maurice Agulhon dans Modèle:Harvsp, repris par criminocorpus.cnrs.fr.</ref>, et le 30 septembre 1853, Modèle:Nombre restaient en Algérie. Sur l’ensemble des condamnés, 12 632 étaient libérés à la même date<ref>Claude Latta, La résistance des républicains au coup d'État du 2 décembre 1851.</ref>.

La répression, entre honte et nécessité

Louis-Napoléon Bonaparte n'envisageait pas originellement que le nouveau régime prenne une Modèle:Citation<ref name="Vigier"/>. Devenu empereur, il reste préoccupé par Modèle:Citation portant Modèle:Citation selon les mots de l'Impératrice Eugénie<ref name="Vigier"/>.

Toutefois, pour l'immédiat, le prince-président tire politiquement profit de l'ambiguïté du mouvement de résistance qui, dans plusieurs départements, a revêtu le visage de la Modèle:Citation. Le récit des exactions commises par des insurgés hors de contrôle contre des gendarmes à Clamecy ou à Bédarieux a profité aux partisans de Louis-Napoléon Bonaparte qui invoquent auprès des notables locaux le risque d'un Modèle:Citation et comparent la résistance provinciale à une jacquerie inévitable pour les élections de 1852<ref name="Vigier"/>. Le 10 décembre, la circulaire aux préfets du duc de Morny va explicitement en ce sens : Modèle:Citation<ref name="Vigier"/>.

Dans ces circonstances, Bonaparte parvient à présenter le coup d’État en opération préventive de sauvetage de la société et à rassembler autour de sa personne des courants d'opinions jusque-là divergents (Flahaut, Falloux, Montalembert, Gousset…)<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Conséquences

Court terme

Fichier:Gustave Le Gray, Louis-Napoléon, Prince-President of the Republic, 1852.jpg
Le « prince-président » Louis-Napoléon Bonaparte en 1852.

Les hommes : promotions et évictions

La victoire assurée, les bonapartistes s’installent<ref>René Rémond, Les Droites en France, collection historique sous la direction de Maurice Agulhon et Paul Lemerle, Aubier, 1982 Modèle:P..</ref>. Les députés conservateurs sont rapidement libérés, mais les députés démocrates-socialistes et d'autres républicains sont massivement condamnés à l'exil. Modèle:Citation

Les généraux Jean-Baptiste Philibert Vaillant et Jean Isidore Harispe, qui avaient servi sous les ordres de [[Napoléon Ier|Napoléon {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]], sont faits maréchaux de France le 11 décembre. Une constitution est en cours d’élaboration. Un référendum est également prévu afin de demander aux Français de ratifier le nouvel ordre.

Visions contemporaines

Pour le Président, Modèle:Citation qu'il lui avait fait et a compris qu'il n’était Modèle:Citation<ref name="Morabito"/>, que Modèle:Citation venaient de Modèle:Citation.

Commencé à gauche, le coup d'État s'est terminé à droite et a aliéné à Louis-Napoléon le soutien des républicains<ref name="Anceau36">Modèle:Harvsp.</ref>. Cependant, pour George Sand, d'opinion républicaine, Modèle:Citation. Elle apporte même un soutien relatif à Louis-Napoléon en écrivant qu'Modèle:Citation, constatant, selon son point de vue, qu'ils Modèle:Citation, qu'ils étaient gouvernés par une oligarchie à laquelle elle pensait préférer l'Empire<ref>Lettre de George Sand datée du Modèle:Date-, citée dans Modèle:Harvsp.</ref>. Le philosophe et historien Hippolyte Taine témoigne notamment de l'impopularité de l'Assemblée dissoute et du soutien des campagnes à Louis-Napoléon, estimant aussi que Modèle:Citation.

Pour Proudhon, ce sont les républicains qui ont précipité le Président vers la réaction<ref name="Anceau36" /> tandis que Karl Marx qualifie Louis-Napoléon et ses partisans de Modèle:Citation qui avaient cherché à se perpétuer au pouvoir pour préserver leurs intérêts<ref>Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, cité dans Modèle:Harvsp.</ref>.

Finalement, comme le note l'historien Pierre Milza, une majorité des Français n'a pas désapprouvé Louis-Napoléon<ref name="Milza271" /> et en est même satisfaite<ref name="Ance_193" /> comme le reconnaît aussi amèrement François Guizot : Modèle:Citation. Il ajoute cependant que le peuple Modèle:Citation mais qu'il ne les a pas.

Suites indirectes et historiques

Fossoyeur de la République

Fichier:Histoire d'un crime - Dargent.jpg
Encensé par le clergé, la magistrature et l'armée, Louis-Napoléon Bonaparte célèbre sa « victoire » en se hissant jusqu'au trône impérial juché sur une pile de cadavres, victimes du coup d'État. Illustration d'Ernest Yan' Dargent pour Histoire d'un crime de Victor Hugo.

Louis-Napoléon prend alors la responsabilité d'être le fossoyeur de la Deuxième République ce dont l'Histoire républicaine lui tiendra longtemps rigueur, oubliant souvent que l'Assemblée avait songé à plusieurs reprises à faire de même, en recourant à l'armée pour se débarrasser du prince et pour rétablir la Monarchie<ref name="Milz_248"/>. Le Modèle:Citation<ref name="Girard514">Modèle:Harvsp.</ref> fondée en partie sur la version donnée par Victor Hugo dans son livre Histoire d'un crime que l'historien Louis Girard caractérise cependant comme Modèle:Citation mais qui apparaît, selon l'historien Pierre Milza, comme Modèle:Citation à défaut d'être le plus exact du coup d’État<ref>Modèle:Harvsp. L'historien considère notamment que Modèle:Citation dans le récit que fait Victor Hugo de la fusillade des grands boulevards à Paris.</ref>.

Pour une Modèle:Citation

Sur le régime politique qui s'installe en décembre 1851, Maurice Agulhon parle de Modèle:Citation, au moins pour la première année qui suit le coup d'État jusqu'à l'avènement de l'Empire<ref>Maurice Agulhon, Histoire et commémoration.</ref>. De janvier jusqu'au Modèle:Date-, Louis-Napoléon Bonaparte est le seul des Modèle:Nobr de gouvernement alors en place<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Il légifère durant cette période par des Modèle:Citation que l'on appellerait aujourd'hui des décrets-lois<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Éric Anceau note que le président exerce à ce moment une dictature au sens de la Rome antique, récompensant tous ceux qui l'avaient soutenus<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le décret du Modèle:Date-, reprenant une proposition de loi de Jules Favre déposée en 1848 et qui voulait déclarer acquis au domaine de l'État les biens de l'ancien Roi des Français, interdit à la famille d'Orléans de posséder des biens en France et annule les dotations financières attribuées autrefois à ses enfants par Louis-Philippe, le produit des séquestres étant réparti entre les sociétés de secours mutuel, les logements ouvriers, la caisse des desservants ecclésiastiques et la Légion d'honneur<ref name="Milza276">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Pour les royalistes orléanistes et les bourgeois nostalgiques de la monarchie de Juillet, ces dispositions sont démagogiques et équivalentes à une spoliation. La partie bourgeoise de l'électorat y voit notamment un coup porté au droit de propriété. Cette affaire provoque d'ailleurs des tensions au sein même du camp bonapartiste. La princesse Mathilde, qui tente d'obtenir la grâce des princes d'Orléans, est désavouée alors que Modèle:Nobr importants du gouvernement (Rouher, Fould, Magne et Morny<ref>Morny ne reviendra en grâce auprès de Louis-Napoléon qu'à la veille du rétablissement de l'Empire.</ref>) démissionnent pour marquer leur désaccord.

D'autres décrets réorganisent la Garde nationale alors que Modèle:Citation. En revanche, les sociétés de secours mutuelles, Modèle:Citation, sont favorisées<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Il s'agit dans l'esprit de Louis-Napoléon de promouvoir Modèle:Citation<ref name="Gira_170">Modèle:Harvsp.</ref>. En même temps, c'est par un décret du prince-président que les congrégations des femmes sont autorisées<ref name="Gira_170"/>. Le décret du 17 février sur la presse reprit en les aggravant les conditions antérieures exigées pour la diffusion et exigea pour toute création une autorisation de l'administration et inaugura la procédure des avertissements pour les journaux politiques (Le journal des débats, Le Siècle)<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le régime électoral fut précisé par un décret dictatorial du 2 février qui fit d'un électeur tout homme de Modèle:Nombre comptant Modèle:Nombre de domicile. Le scrutin d'arrondissement à deux tours fut adopté de préférence à celui du scrutin de liste en vigueur sous la Deuxième République. Enfin, parmi les dispositions les plus innovatrices et remarquées depuis janvier 1852, figure celle qui établit les bureaux de vote dans chaque commune, et non plus au chef-lieu de canton, comme c'était le cas depuis 1848. L'historien Maurice Agulhon note que cette innovation Modèle:Citation.

La Constitution française est modifiée. Le prince-président avait promis le Modèle:Citation sans donner de définition précise. La république qu'il conçoit a pour but d'œuvrer au bien commun et implique qu'elle soit dirigée d'une main ferme par un chef capable de trancher entre les intérêts divergents et d'imposer l'autorité de l'État à tous<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Il avait ainsi exposé sa conception de la démocratie césarienne quelques années plus tôt dans des Idées napoléoniennes où il écrivait que Modèle:Citation. Les éléments clefs du bonapartisme, alliant autorité et souveraineté du peuple, sont ainsi clairement exposés<ref>Modèle:Harvsp.</ref> : le régime bonapartiste serait donc autoritaire tout en recherchant l'approbation des masses<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Louis Girard note plus particulièrement que Modèle:Souverain-, qui Modèle:Citation, est aussi fort différent des dictateurs du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle non seulement parce qu'il se réfère aux principes de 1789 (a contrario de tous les dictateurs) mais aussi, entre autres, que la notion de rassemblement national qu'il souhaite réaliser derrière lui est fort différent de la notion de parti unique (il n'existe pas de parti bonapartiste sous l'Empire)<ref name="Girard508"/> et qu'il voulait, à terme, pouvoir doter son pays d'institutions analogues à celles de la Grande-Bretagne, attendant pour cela une évolution des mœurs politiques<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Nouvelle Constitution, nouveau système

Fondé au terme de son premier article sur les grands principes proclamés en 1789, la république consulaire, qui était ainsi instituée par la nouvelle Constitution et promulguée le 14 janvier 1852, confia ainsi le pouvoir exécutif à un Président élu pour dix ans (article 2) seul responsable devant le peuple français auquel il avait toujours droit de faire appel (article 5). Le nouveau régime politique sera donc plébiscitaire et non parlementaire. Le Chef de l'État a seul l'initiative des lois qu'il sanctionne et promulgue alors que les ministres ne sont responsables de leurs actes que devant lui. Le président nommera par ailleurs à tous les emplois civils et militaires et la justice se rendra en son nom. Il est aussi seul apte à déclarer la guerre et à conclure les traités de paix ou de commerce. La Garde nationale est réorganisée en une armée de parade. Un serment de fidélité à sa personne ainsi qu'à la Constitution est institué pour les fonctionnaires et les élus. La presse fait l'objet d'une nouvelle loi restrictive de liberté avec mise en place d'un système d'avertissement préfectoral.

Vers l'Empire

En moins d'un an, la Deuxième République va être remplacée par le Second Empire, établi, encore une fois après référendum, par le sénatus-consulte du 7 novembre 1852.

La Modèle:Citation est rétablie au profit du prince-président Louis-Napoléon Bonaparte, élu par le peuple français, qui devenait officiellement « Modèle:Napoléon III, Empereur des Français » à compter du Modèle:Date-, date anniversaire symbolique du coup d’État, du sacre de [[Napoléon Ier|Napoléon {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]] et de la victoire d’Austerlitz.

Nouvel échiquier politique et héritage

Fichier:Coup d'État du 2 décembre 1851 - Est-elle bien morte ?.jpg
« Est-elle bien morte ? », se demande Louis-Napoléon Bonaparte en soulevant le couvercle du cercueil où gît la République « née le 24 février 1848, morte le 2 décembre 1851 étouffée ». À l'arrière-plan, on distingue deux pénitents encagoulés en veillée funèbre et une bannière figurant Ratapoil.
Estampe anonyme publiée dans l'édition belge du Charivari, Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Pour les républicains, le bonapartisme est devenu le principal adversaire. À leur retour au pouvoir durant les années 1880, ils ne manqueront pas d'édifier des monuments en l'honneur de leurs martyrs pour le droit, la république et la défense de la Constitution<ref name="Vigier"/>, tout en bâtissant la [[Troisième République (France)|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | IIIe{{#if:|  }} }} République]] en opposition au Second Empire et à son « péché originel » représenté par le coup d'État. Ainsi, l'historien Éric Anceau note que le coup du Modèle:Date-, Modèle:Citation. L'historien Raymond Huard souligne également que le Modèle:Date- est un Modèle:Citation et que cette date constitue une Modèle:Citation.

Le coup d’État servira encore d'argument pour combattre tout retour en force du césarisme plébiscitaire, que ce soit lors du boulangisme puis lors de la montée du gaullisme<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Ainsi, le précédent d'un président devenu empereur rendra impensable, jusqu'en 1962, toute élection du chef de l'État au suffrage universel direct, François Mitterrand comparant avec virulence le général de Gaulle à Modèle:Souverain- afin d'instruire le procès des institutions de la [[Cinquième République (France)|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ve{{#if:|  }} }} République]]<ref>François Mitterrand, Le Coup d'État permanent, 1964.</ref>.

Voir aussi

Bibliographie

Analyses et témoignages contemporains

Études historiques

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Iconographie

Littérature

Filmographie

  • 1851, ils se levèrent pour la République, documentaire historique de Christian Philibert, COPSI / France 3, 2000.

Articles connexes

Modèle:Autres projets

Liens externes

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

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