Insurrection de Pâques 1916

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Modèle:Autre Modèle:Infobox Conflit militaire

L'insurrection de Pâques 1916 (Éirí Amach na Cásca en Irlandais, Easter Rising en anglais), parfois appelée les « Pâques sanglantes », est un chapitre marquant de l’histoire irlandaise. Les faits sont cantonnés aux villes de Dublin et d'Enniscorthy. Malgré tout, cet événement fait partie de la mémoire collective des Irlandais (voir la chanson révolutionnaire The Foggy Dew). L'insurrection est entreprise par les mouvements républicains mais, mal organisée et avec des effectifs trop peu nombreux, les insurgés comptent sur un soutien populaire qui ne se manifestera pas. Son résultat est donc un retentissant échec militaireModèle:Sfn, mais, à la faveur de la féroce répression des Britanniques, il devient un immense succès politique pour les nationalistes irlandais les plus radicaux, face aux nationalistes pacifiques et modérés.

Contexte historique

Le Modèle:Date, le Parlement d'Irlande siégeant à Dublin vote l'Acte d'Union (Modèle:Lang) avec le royaume de Grande-Bretagne en un Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande, ce qui entraîne sa suppression et le déplacement du siège de ses représentants à Londres, et crée une zone de libre échange entre les deux pays. Cette situation n’est pas unanimement acceptée puisque le Modèle:Date, un soulèvement emmené par Robert Emmet contre la domination britannique attaque le château de Dublin.

Durant le Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, la population, fragilisée par la pauvreté, subit de terribles famines : de 1845 à 1847 les récoltes de pommes de terre sont perdues ; certaines sources avancent le chiffre de près d’un million de morts et de deux millions d’émigrés. Ces difficultés renforcent un sentiment anti-britannique déjà fortement ancré dans la population. 1848 voit une première rébellion du mouvement Jeune Irlande, menée par William Smith O'Brien, et dix ans plus tard (Modèle:Date), c’est la fondation, simultanément à Dublin et à New York, de l'Irish Republican Brotherhood (IRB), une organisation révolutionnaire républicaine dont le but est la préparation d’un soulèvement général en Irlande.

La fondation de la Home Rule League intervient, quant à elle, en 1873. Son but est d’obtenir une autonomie interne au sein du Royaume-Uni. Ce projet, qui a le soutien des libéraux britanniques (ministères de William Ewart Gladstone et de Herbert Henry Asquith) mais rencontre l’hostilité des conservateurs, est présenté trois fois au parlement (1886, 1893 et 1912) et par trois fois refusé.

Seule une argutie<ref>Pour faire passer la loi, le roi George V avait menacé de créer suffisamment de pairs libéraux pour surmonter la majorité conservatrice de la Chambre des lords.</ref> du Modèle:Lien de 1911 le valide et contraint le roi George V à le ratifier en septembre 1914. Sa mise en place est repoussée à la fin de la Première Guerre mondiale, qui vient de se déclarer. 1913 avait vu la création de deux milices antagonistes, l’Ulster Volunteer Force farouchement opposée au projet, et celle des Irish Volunteers, qui au contraire se chargeait de le défendre. James Connolly, chef de l'Irish Labour Party et les chefs syndicaux républicains fondent également de leur côté l'Irish Citizen Army pour protéger les participants des grandes grèves de 1913.

Préparation de l'insurrection

Dès Modèle:Date, l'IRB décide de former un comité militaire afin de préparer une action d'envergure avant la fin de la guerre. L'IRB a placé ses partisans au sein des Irish Volunteers, la principale milice nationaliste dont le chef, Eoin MacNeill, tente de monnayer son soutien à la guerre avec le gouvernement britannique contre le Home Rule. Ils engagent avec ce dernier une lutte interne pour la préparation d’une insurrection.

Le Modèle:Date, le conseil suprême de l’Irish Republican Brotherhood, en accord avec l'ICA, décide de préparer une insurrection générale. Selon un accord négocié par Sir Roger Casement, lord protestant sympathisant de la cause républicaine, des armes en provenance de l'Empire allemand doivent arriver pour Pâques. Apprenant la transaction, Eoin Mac Neill décide finalement de soutenir l'insurrection.

Le 20 avril, le cargo allemand Aud, acheminant vingt mille fusils, est arraisonné par un patrouilleur britannique ; le capitaine saborde le bateau et se constitue prisonnier avec l’ensemble de l’équipage.

Des ordres contradictoires sont alors envoyés aux partisans nationalistes, certains chefs comme Mac Neill, souhaitant annuler l’opération, d'autres comme Pearse souhaitant son déclenchement. Cette dernière est alors repoussée du jour de Pâques au lundi, et les insurgés sont moins nombreux et moins bien armés que prévu.

Insurrection

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Photographie de Patrick Pearse en 1916.

Le lundi de Pâques Modèle:Date, Modèle:Unité de l’Irish Citizen Army et 700 de l’Irish Volunteers Force défilent dans O'Connell Street à Dublin. Soudain, c’est la ruée et l’occupation de la Poste centrale, ainsi que de divers bâtiments stratégiques, tels le Mendicity Institute et les Four Courts (palais de justice), la biscuiterie Jacobs, les moulins Boland et la gare de Westland Row. Les chefs de cette action sont Patrick Pearse, James Connolly, Tom Clarke, Modèle:Lien, Éamon de Valera et Joseph Plunkett ; Constance Markievicz dirige la brigade féminine de l’ICA. Des armes sont dérobées à l’armée britannique. Les femmes, de leur côté, amassent des vivres et des médicaments.

Conformément au programme élaboré, Patrick Pearse proclame la République irlandaise devant une foule médusée et peu enthousiaste. Quelques actions ont lieu dans des villes de province, mais on est loin d’une insurrection générale, comme cela avait été envisagé. Les insurgés sont en effet encore vus comme des traîtres par une grande partie de la population, alors que de nombreux Irlandais se battent encore en France. Durant toute l’après-midi, les assauts de l’armée britannique sont systématiquement repoussés et plusieurs casernes sont même attaquées par les volunteers. Des pillards profitent du chaos pour mettre à sac les magasins autour de la poste. Ils en sont délogés par les insurgés.

Toutefois, les insurgés commettent une erreur importante en ne prenant pas le Castel, siège de l'autorité britannique et centre des communications<ref name="Max">Philippe Maxence, « Avril 1916 : les Pâques sanglantes de Dublin », La Nouvelle Revue d'histoire, no 83 de mars-avril 2016, Modèle:P..</ref>. Les Britanniques ont conservé la maîtrise du téléphone, ce qui leur permet d’alerter les unités stationnées à Curragh, Belfast, Athlone et Templemore, qui convergent vers Dublin. Cette erreur tactique est déterminante, d'autant que la garnison affectée à la défense du château était considérablement réduite par rapport à l'effectif habituel : la majorité des officiers et des défenseurs étaient à la célébration de la Pâques, et le Castel était défendu par seulement Modèle:Unité au lieu des Modèle:Unité et officiers habituelsModèle:Sfn. Le maréchal John French, commandant en chef des troupes britanniques, ordonne de transférer vers l'Irlande quatre divisions, soit plus de Modèle:Unité<ref name="Max" />. Le lendemain, mardi 25 avril, alors que les insurgés radiodiffusent la proclamation de la République, la contre-attaque britannique obtient d’indéniables succès militaires, et les premiers renforts arrivent de province. Alors même que le Royaume-Uni, et tout particulièrement les Irlandais se battent sur le front de l'Ouest pendant la Première Guerre mondiale, ce soulèvement est perçu par la majorité de la population comme une trahison, voire un « complot organisé par le Kaiser »Modèle:Sfn, ce qui permet aux autorités britanniques de discréditer le mouvement. Le Parti parlementaire irlandais de John Redmond, qui représente de loin à cette date l'essentiel du mouvement nationaliste irlandais et qui prône une avancée des intérêts irlandais par le dialogue politique ainsi qu'un soutien à l'effort de guerre britannique, condamne l'insurrection pour cette même raison<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} "The 1916 Rising: Personalities and perspectives", Bibliothèque nationale d'Irlande</ref>.

Maurice Golring synthétise le paradoxe d'un soulèvement nationaliste, en réalité mis en échec par la population irlandaise elle-même :

« Les « héros de 1916 » furent d'une certaine façon vaincus par le peuple irlandais lui-même, avant de l'être par les canonnières anglaises »Modèle:Sfn

Dublin est le lieu de véritables batailles de rue où virent le jour les premiers véhicules de combat improvisés. Les Britanniques bombardent les bâtiments aux mains des Républicains, provoquant différents incendies<ref name="Max"/>. Après cinq jours de violents combats, les insurgés sont acculés dans une situation désespérée. Le 29 avril Patrick Pearse, président du gouvernement provisoire, décrète l’arrêt des combats et parvient à convaincre quelques irréductibles, emmenés par Tom Clarke, que l’insurrection est un échec. La reddition sans condition est signée le même jour.

Parmi les nombreuses femmes qui prirent part à ce conflit, la plupart provenaient de deux groupes : le Irish Citizen Army, ainsi que le Cumin na mBan<ref name=":0">Modèle:Ouvrage</ref>. Les femmes qui joignaient ces groupes étaient issues de milieux très divers, malgré tout, la plupart étaient des cols blanc, ou des femmes professionnelles, mais une proportion importante était issue de la classe ouvrière<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Que ce soit par la prise des armes, de la plume, par le soin des blessés, ou par l'affect émotionnel de la perte d'une personne impliquée dans le conflit, bien des femmes ont été touchées par ces événements de Pâques 1916<ref name=":0" />.

Bilan des combats et répression

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Les ruines de la Dublin Bread Company, Lower Sackville Street (aujourd'hui O'Connell Street), après l'insurrection de Pâques.

Au terme de six jours de combats, on dénombre environ Modèle:Unité (Modèle:Unité et de Modèle:Unité) et Modèle:Unité (Modèle:Unité). Quand Pearse signe la reddition, il reste environ Modèle:Unité et Modèle:Unité de l’Irish Citizen Army.

La répression des Britanniques est implacable : Modèle:Unité et Modèle:Unité sont arrêtés à Dublin et on arrive au chiffre de Modèle:Unité si on comptabilise celles poursuivies en Angleterre et au pays de Galles. Les dirigeants sont jugés par des cours martiales qui prononcent Modèle:Unité de mort. Il y a une quinzaine d’exécutions à la prison de Kilmainham, dont sept membres du gouvernement provisoire. Patrick Pearse est fusillé le 3 mai. James Connolly, plusieurs fois blessé pendant l’insurrection, est arraché de son lit d'hôpital, incapable de se lever il est posé et attaché à une chaise pour son exécution le 12 mai. Roger Casement, qui a servi d'intermédiaire entre l’insurrection et le Kaiser, est pendu. Éamon de Valera échappe à la peine capitale, du fait de sa nationalité américaine et de l'intervention de l'ambassadeur des États-Unis<ref name="Max"/>.

La répression radicale mène aux arrestations d’Arthur Griffith ou d'Eoin MacNeill, alors qu’ils n’ont pas participé aux événements. Au mois d’août, sous la pression du président américain Woodrow Wilson, nouvel allié du Royaume-Uni dans la Première Guerre mondiale, une première vague de libération de détenus républicains a lieu, une seconde suit en décembre. Les derniers prisonniers sont libérés en 1917.

Chronologie

Conséquences

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Peinture murale, Whiterock Road, West Belfast.

Incontestablement, l’insurrection de Pâques 1916 fut un échec, tant sur le plan militaire que sur le plan politique. Le soulèvement ne fut pas général. Dublin fut le lieu principal des événements, et si les insurgés bénéficièrent de l’effet de surprise la première journée, la contre-offensive de l’armée britannique modifia la donne, d’autant que la maîtrise du téléphone permit l’alerte générale et l’intervention des renforts. Sur le plan politique, la répression élimina ce que le camp républicain comptait de penseurs et d’activistes.

Cependant, pour la première fois depuis longtemps en Irlande, une insurrection fut dirigée par des catholiques et non par des protestants opposés aux persécutions et à la discrimination engendrées par le système colonial. Le mouvement nationaliste irlandais avait démontré qu'il était mature et organisé. Ce ne sont plus des réformes sociales ou même une autonomie qu'il réclame mais l'indépendance. De plus, la brutalité de la répression entraîna un courant de sympathie envers le Sinn Féin, renversant l'opinion alors que l'opportunité de l'insurrection avait été fortement contestée. Le Sinn Féin remportera ainsi les Modèle:Lien.

Rapidement, des écrivains comme George Bernard Shaw ou G. K. Chesterton dénoncent la violence de la répression<ref name="Max"/>.

De nombreuses interprétations littéraires et politiques ont été données à cette aventure, mais c’est avant tout l’échec du Home Rule et des partis irlandais qui l’ont soutenu, débordés par les radicaux. Ce lundi fut le premier pas vers la République d'Irlande et la guerre d'indépendance, mais aussi vers le conflit nord-irlandais.

Sous le nom de « lys de Pâques » (Easter Lily), la fleur Zantedeschia aethiopica est utilisé comme symbole de l'insurrection par les républicains irlandais<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien web</ref>

En 1966, à l’occasion du cinquantenaire de l’insurrection, la statue de l’amiral Nelson, posée sur une colonne de quarante mètres, dans O'Connell Street à Dublin, est détruite par une bombe.

L'évènement est largement commémoré à Pâques 2016, comme le centenaire des fondements de la création de l'État irlandais.

L'implication des femmes

Au regard de la participation des femmes dans divers milieux du conflit, on pourrait supposer que la société irlandaise vouait une attention particulière à l'égalité entre hommes et femmes. Toutefois, le nationalisme irlandais a une importante résonance patriarcale, et les femmes y étaient d'abord et avant tout considérées comme des mères, des filles, ou des sœurs de soldats<ref name=":1">Modèle:Ouvrage</ref>. Les femmes ne seraient ainsi essentielles que par le rôle qu'elles jouent dans la famille, cellule de base de la nation qui permet de reproduire les membres tout en transmettant les valeurs nationales et culturelles<ref name=":1" />.

Malgré tout, cela n'a pas empêché les femmes de joindre le mouvement nationaliste, et ce, mème si ce dernier désirait perpétuer un modèle qu'elles souhaitaient changer. L'une des principales raisons qui justifie un tel phénomène vient du fait qu'il existe d'importantes analogies entre la situation des femmes, et celle des des peuples opprimés<ref name=":1" />. Toutefois, le nationalisme irlandais ne tolère pas le féminisme, soit la lutte des femmes pour leurs droits. Pour lui, les femmes sont d'abord et avant tout liées aux hommes : elles sont des mères, des épouses, des sœurs, des infirmières, des soignantes. C'est donc bien malgré lui que le nationalisme met en mouvement les femmes par leur implication à sa cause<ref name=":1" />.

Un exemple d'un tel paradoxe est celui de Constance Markievicz. La comtesse, bien qu'un peu exceptionnelle étant donné qu'elle était officier dans l'ICA, était une combattante à part entière<ref name=":1" />. Lorsqu'elle voulut participer aux parades en portant un pantalon, Connolly, qui la trait comme un homme durant le soulèvement de Pâques, s'insurgea contre un tel comportement : les armes, oui, mais avec une jupe<ref name=":1" />.

L'insurrection dans la presse mondiale

Malgré la censure très sévère imposée pour cause de guerre au sein de l'Empire colonial britannique, l'insurrection du printemps 1916 fait l'objet de nombreux articles dans la presse mondiale, notamment en France<ref>[5]</ref>.

Notes et références

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Annexes

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Bibliographie

Filmographie

Articles connexes

Liens externes

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