Ishtar

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:Voir homonymes Modèle:Sous-titre Modèle:Infobox Divinité Ishtar (Ištar ; parfois Eshtar) est une déesse mésopotamienne d'origine sémitique, vénérée chez les Akkadiens, Babyloniens et Assyriens. Elle correspond à la déesse de la mythologie sumérienne Inanna avec qui elle est confondue, une même déesse se trouvant manifestement derrière ces deux noms. Elle est considérée comme symbole de la femme, une divinité astrale associée à la planète Vénus, une déesse de l'amour et de la guerre, et souvent une divinité souveraine dont l'appui est nécessaire pour régner sur un royaume.

Tout au long de plus de trois millénaires d'histoire sumérienne puis mésopotamienne, elle a été l'une des divinités les plus importantes de cette région, et a également été adoptée dans plusieurs pays voisins, où elle a pu être assimilée à des déesses locales. Elle a également repris par syncrétisme les aspects de différentes déesses mésopotamiennes et a été vénérée dans plusieurs grands centres religieux, prenant parfois des traits variés selon la localité où son culte se trouvait. Pour cela, elle illustre bien la complexité des conceptions, des pratiques et des échanges religieux dans le Proche-Orient ancien, et beaucoup de ses aspects sont et resteront un sujet de discussion.

Traits généraux

Fichier:Ishtar - stele of Shamsh-res-usur, governor of Mari and Suhi.jpg
Représentation d'Ishtar portant un arc et associée au symbole de l'étoile, stèle de Shamash-res-usur, gouverneur assyrien, Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle Musée de l'Orient ancien d'Istanbul.

Noms

Le nom le plus courant de la déesse en sumérien est Inanna (aussi transcrit Inana). Mais on trouve aussi Inin ou In(n)ina<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. En akkadien, Ishtar est le plus répandu, mais on trouvait des variantes en Haute-Mésopotamie, notamment Ashtar, Eshtar puis Issar à l'époque néo-assyrienne<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Il est en fait assez souvent difficile de connaître la prononciation exacte de son nom, car les signes phonétiques cunéiformes peuvent renvoyer à plusieurs sons voisins (en particulier plusieurs voyelles possibles pour un même signe syllabique), mais surtout parce que le nom de la déesse est souvent noté par un idéogramme, que les assyriologues désignent par convention comme MÙŠ (Fichier:B153ellst.png en graphie normalisée d'époque néo-assyrienne), qui n'indique donc pas de prononciation<ref name="dico421">Modèle:Harvsp.</ref>.

Fonctions

On reconnaît en général trois aspects principaux Inanna/Ishtar : c'est la déesse de l'amour et de la sexualité, c'est une déesse guerrière, et c'est une divinité astrale, la planète Vénus<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. En tant que déesse majeure du panthéon mésopotamien, elle joue également souvent le rôle de divinité souveraine, octroyant la royauté. Un autre trait saillant de sa « personnalité », plus complexe à cerner, est d'avoir la faculté d'associer les opposés et même de provoquer leur inversion, de briser les interdits<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Plus largement, son rôle symbolique, avec son affirmation en tant que principale déesse de la Mésopotamie (et même la déesse par excellence, son nom ayant revêtu avec le temps le sens de « déesse »), est d'être une femme, d'incarner l'image d'un féminin souvent libre de toute tutelle masculine, donc l'inverse de la norme dans une société patriarcale<ref name="glass">J.-J. Glassner, « Ishtar, maîtresse des inversions, patronne des rites de passage », dans A. Caiozzo et N. Ernoult (dir.), Femmes médiatrices et ambivalentes. Mythes et imaginaires, Paris, 2012, Modèle:P..</ref>.

Fichier:Ishtar goddess.jpg
La plaque Burney est une plaque de terre cuite datée de la période paléo-babylonienne (entre 1792 et 1750 av. J.-C. sous le règne du roi Hammurabi). Plusieurs spécialistes avançant qu'il s'agirait d'une représentation de la déesse Ishtar. Elle est conservée au British Museum.

Généalogie et entourage divins

Il n'y a pas eu de tradition figée sur les relations familiales d'Inanna/Ishtar, qui ont donc pu varier selon les lieux et les époques. Suivant une tradition probablement originaire d'Uruk, elle est la fille du dieu céleste An/Anu, autre divinité tutélaire de la ville. Une autre tradition sumérienne importante en fait la fille du dieu-lune, Nanna/Sîn, et elle avait alors pour frère le dieu-soleil Utu/Shamash et pour sœur la déesse infernale Ereshkigal. Mais dans d'autres cas encore elle est présentée comme la fille d'Enlil ou comme celle d'Enki/Ea. Elle n'est pas non plus associée à un époux divin unique : certes dans la tradition sumérienne sa relation avec Dumuzi est forte, mais leur relation est ambiguë puisque la déesse est à l'origine de sa mort<ref name=gds108>Modèle:Harvsp.</ref>. Elle peut être parfois présentée comme l'amante ou même l'épouse d'autres dieux, par exemple An/Anu<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Certains textes lui attribuent des enfants, en général sans dire qui en est le père : la déesse Nanaya et les dieux Lulal, Latarak et Shara<ref name=gw339/>. Nanaya (ou Nanâ) est couramment associée dans le culte à Inanna/Ishtar, devenant en quelque sorte un dédoublement de sa fonction de déesse de l'amour<ref name=nanaya/>. Dans la mythologie, elle dispose également d'un vizir, le dieu Ninshubur<ref name=gds108/>.

Symboles

Inanna/Ishtar a pour animal-attribut le lion. Son symbole le plus courant est une étoile ou une étoile inscrite dans un disque, symbolisant son rôle de divinité astrale<ref name=gds109/>. Son nombre était le 15, ce qui correspond à la moitié du nombre 30 attribué à son père Nanna/Sîn (soit le nombre de jours dans un mois lunaire « idéal »)<ref name="dico421"/>.

Histoire : l'affirmation de la principale déesse de la Mésopotamie

L'histoire de la déesse Inanna/Ishtar, particulièrement riche et complexe, détermine manifestement sa personnalité qui l'est tout autant. C'est probablement une figure née de la réunion de plusieurs déesses par syncrétisme, sans que pour autant la personnalité de toutes ses composantes constituent forcément un tout cohérent. Plusieurs problématiques relatives à son histoire et à la formation de sa personnalité complexe se posent, auxquelles aucune réponse claire n'a été apportée : quels sont les apports respectifs de sa composante sumérienne, Inanna, et de sa composante sémitique, Ishtar, et comment ont-elles été réunies ; comment la déesse s'est retrouvée à une place importante dans de nombreux panthéons, en assimilant d'autres déesses sans doute présentes antérieurement, au point de devenir la seule figure féminine majeure des panthéons mésopotamiens, existant pour elle-même sans avoir un compagnon masculin important ; comment cette histoire complexe a produit la personnalité riche de la déesse. Par suite, elle a également été adoptée par les peuples voisins de la Mésopotamie, suivant des modalités similaires.

La rencontre d'Inanna et d'Ishtar

L'origine de la déesse Inanna/Ishtar est impossible à déterminer avec certitude car elle se produit à des époques pour lesquelles la documentation écrite est absente, et la documentation archéologique trop limitée pour bien connaître l'univers religieux. Elle se produit dans le contexte culturel spécifique des régions méridionales de la Mésopotamie du Modèle:Lien millénaire av JC et du début du Modèle:Lien millénaire av JC, qui voient coexister deux principaux groupes parlant des langues sans parenté, le sumérien, un isolat linguistique dominant au Sud, et l'akkadien, une langue sémitique dominante au Nord (les peuples sémitiques étant par ailleurs implantés dans le Nord mésopotamien et en Syrie). Bien qu'il y ait des différences culturelles entre les deux groupes, ils évoluent en symbiose depuis longtemps et de nombreux échanges culturels ont eu lieu entre eux, avec une prééminence pour l'élément sumérien. L'histoire d'Inanna/Ishtar est marquée par la rencontre de ces deux peuples : Inanna est une déesse du pays de Sumer, tandis qu'Ishtar est d'origine sémitique.

En sumérien, Inanna était interprété comme dérivant de nin.an.a(k), Modèle:Citation ou Modèle:Citation. Mais rien ne démontre qu'il s'agisse bien de l'origine du nom. Th. Jacobsen avait proposé que le nom signifie en fait « Dame des grappes de dattes », dans une interprétation naturaliste de la religion originelle de Sumer, proposition qui n'a pas vraiment rencontré d'écho<ref name=ddd452/>,<ref name="1.">Modèle:Harvsp n. 1.</ref>. Inanna est en particulier la déesse tutélaire de la ville d'Uruk, qui est la plus importante du pays de Sumer à ces époques, et dont le rayonnement s'est étendu sur les régions voisines. C'est dans ce contexte qu'elle apparaît pour la première fois, dans les textes les plus anciens connus, datés de la fin du Modèle:Lien millénaire av JC, et c'est d'ailleurs la plus ancienne divinité sumérienne clairement attestée<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} K. Szarzynska, « Offerings for the goddess Inana in archaic Uruk », dans Revue d'assyriologie et d'archéologie orientale 87/1, 1993, Modèle:P. ; {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Ead., « The Cult of the Goddess Inanna in Archaic Uruk », dans NIN: Journal of Gender Studies in Antiquity 1, 2000, Modèle:P.. Modèle:Harvsp.</ref>. Elle a déjà manifestement un aspect astral, lié à la planète Vénus, et semble être une déesse liée à la fertilité en même temps que celle octroyant la royauté à Uruk, peut-être dans une variante ancienne du thème du « Mariage sacré » entre le roi et la déesse, si on suit l'interprétation du vase d'Uruk qui veut qu'il représente les offrandes que lui fait le souverain d'Uruk<ref>Modèle:Harvsp ; Modèle:Harvsp.</ref>.

Le nom Ishtar (peut-être plutôt Ashtar ou Eshtar à l'origine) a quant à lui assurément une origine sémitique, qui pourrait provenir de la racine ʾṭr « être riche », mais cela reste sujet à débat<ref name=ddd452/>,<ref name="1." />. La forme originelle du nom semble masculine ou neutre (ʿaṯtar, ʿaštar), et sa forme féminine a donné en pays ouest-sémitique (Ougarit, Phénicie) le nom du pendant local d'Ishtar, Astarté<ref name=ddd452>Modèle:Harvsp.</ref>. Un équivalent de ces déesses apparaît d'ailleurs sous le nom Aštar dans les textes archaïques du royaume syrien d'Ebla, au Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle Il s'agit là encore d'une déesse vue comme une manifestation de la planète Vénus. Il est couramment considéré que l'aspect guerrier est un attribut de la sémitique Ishtar, puisqu'il est surtout affirmé à partir du moment où une dynastie d'origine sémitique prend le pouvoir, la dynastie d'Akkad, au Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle, avec l'apparition de la figure Ishtar-Annunītum (« Ishtar de la bataille »). Il a même été proposé que le syncrétisme entre Inanna et Ishtar (et plus généralement celui des grandes divinités sumériennes et akkadiennes) ait été appuyé officiellement par le pouvoir à cette époque, notamment par le biais des poèmes d'Enheduanna (à la fois princesse et grande prêtresse), mais ce scénario manque de preuves concrètes<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} B. Foster, Modèle:Lang, Londres et New York, 2016, Modèle:P..</ref>. Les modalités de la rencontre et surtout de l'assimilation de ces deux déesses pour lesquelles on postule des fonctions bien différentes pose bien des problèmes difficiles à surmonter, d'autant plus que dès les premiers temps il semble bien y avoir eu plusieurs variantes des déesses Inanna et Ishtar, ce qui rend tout scénario simplificateur peu probable<ref>Modèle:Harvsp ; Modèle:Harvsp.</ref>. Pour complexifier le tableau, il semblerait qu'il ait existé une troisième déesse, nommée Inin ou Innina, d'origine sémitique et selon toute vraisemblance distincte d'Inanna<ref>Avis contraire émis par {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} I. J. Gelb, « The name of the goddess Innin », dans Journal of Near Eastern Studies 19, 1960, Modèle:P..</ref>, qui serait plus précisément liée à l'aspect martial (son nom dériverait de la racine signifiant « bataille »), qui réapparaîtrait postérieurement avec l'épithète Annunītum (issu de la même racine)<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Il y a manifestement un ensemble de déesses similaires dont l'origine remonte à des temps pré-historiques qui ne peuvent être approchés par la recherche, ayant potentiellement une origine commune, mais qui sont dès les débuts de l'époque historique éclatées en une myriade de manifestations locales d'Inanna/Ishtar, dont chacune semblerait présenter des aspects propres qui l'individualisent par rapport aux autres, même si cela transparaît rarement de façon claire dans la théologie. Cela n'a pas empêché dès la même époque l'émergence d'une déesse Inanna/Ishtar sans assise locale, qui apparaît assurément dans la littérature religieuse comme une figure unique, à la personnalité certes complexe mais pas forcément sans cohérence, qui aurait alors assimilé les traits de plusieurs de ces déesses. Cette tension entre niveau local et niveau supra-régional est courante dans les religions polythéistes antiques, et explique pourquoi il est très difficile d'identifier l'origine des divinités majeures, puisqu'on repère aussi bien des dynamiques d'agrégation de traits de plusieurs divinités dans une seule, que de dispersion d'une divinité originelle en plusieurs variantes locales plus ou moins spécifiques. Pour T. Abusch, favorable à l'idée selon laquelle Inanna-Ishtar serait le produit de la réunion de plusieurs déesses aux aspects similaires, elle aurait été à l'origine une figure mêlant une vaste gamme de pouvoirs liés à la fertilité et à la mort, dont la personnalité aurait évolué pour devenir une divinité des polarités, réunissant en elle d'autres couples d'opposés (amour et guerre, ordre et désordre, normes et subversions, etc.)<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Pour d'autres (G. Selz et J. G. Westenholz notamment), l'assimilation de la déesse à la planète Vénus serait son aspect le plus important, qui expliquerait l'agrégation des caractères de différentes déesses dont le seul point commun serait le lien avec cet astre. De plus, l'aspect bipolaire de la divinité découlerait du mouvement de cet astre, qui apparaît deux fois dans le ciel, le matin et le soir. Inanna/Ishtar serait ainsi avant tout la « Dame du Ciel », une déesse ayant notamment la faculté de réunir ce qui s'oppose<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name=gw345/>.

La suprématie d'Inanna/Ishtar en Mésopotamie

Fichier:Inventory of the archaic Ishtar temple of Assur Vorderasiatisches Museum (2) (cropped).jpg
Objets de culte (encensoirs, autels en forme de maison, statuettes) mis au jour dans les niveaux archaïques du temple d'Ishtar à Assur, milieu du Modèle:Lien millénaire av JC, musée de Pergame.
Fichier:Cylinder seal,ca. 18th–17th century B.C. Babylonian.jpg
e }}Modèle:-s mini siècleXVII Modèle:Av JC }}). Metropolitan Museum of Art.

Quelles que soient ses origines, Inanna/Ishtar est, dès les périodes archaïques, les premières à pouvoir offrir un panorama d'ensemble du monde religieux mésopotamien, la principale déesse de la Mésopotamie. Cela pourrait résulter du rayonnement d'Uruk à la fin du Modèle:Lien millénaire av JC, qui aurait progressivement incité à identifier les principales déesses locales à la déesse de cette cité<ref name="agade" />. Il est possible qu'à cette période Inanna d'Uruk ait été la destinataire d'un culte commun aux principales cités du pays de Sumer<ref name="2.">Modèle:Harvsp.</ref>. Inanna apparaît en tout cas dès le milieu du Modèle:Lien millénaire av JC dans les listes divines parmi les principales divinités de Sumer : en sixième position dans celle d'Abu Salabikh, et en troisième position (après Anu et Enlil) dans celle de Shuruppak. Inanna/Ishtar dispose en tout cas de plusieurs lieux de culte dans le Sud et le Nord, et est déjà la déesse tutélaire de plusieurs villes majeures : Uruk, mais aussi Kish, la principale entité politique du pays de langue akkadienne, Zabalam ; elle est importante dans les grandes cités de Lagash et Nippur. Elle est une divinité majeure à Akkad et en quelque sorte la divinité tutélaire de la dynastie de l'empire d'Akkad, et occupe sans doute déjà la même position à Ninive et Assur ainsi qu'à Mari où son temple a livré un matériel archéologique impressionnant. Dans la théologie, elle apparaît souvent avec le statut de pourvoyeuse de la royauté<ref name=king/>.

Fichier:Stone bowl dedicated to Innana of Zabala, 1822-1763 BC - Oriental Institute Museum, University of Chicago - DSC07161.JPG
Vase en pierre inscrit, dédié à Inanna de Zabalam sous le règne de Rîm-Sîn de Larsa (1822–Modèle:Date-). Musée de l'Institut oriental de Chicago.

La suprématie d'Ishtar s'affirme dans les siècles suivants. Au début du Modèle:Lien millénaire av JC, son nom akkadien sert pour former un terme synonyme de « déesse », ištaru (pl. ištarātu) ou ištartu<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} The Assyrian Dictionary of the Oriental Institute of the University of Chicago, Volume 7 I-J, Chicago, 1960, Modèle:P. ; {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} W. von Soden, Akkadisches Handwörterbuch, Modèle:Nobr romains, Wiesbaden, 1965, Modèle:P..</ref>. Ishtar est donc non seulement la principale déesse de Mésopotamie, mais elle est devenue la déesse mésopotamienne par excellence, occultant la plupart des autres figures féminines du panthéon, qui sont parfois présentées comme des manifestations d'Inanna/Ishtar<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name=gw339>Modèle:Harvsp.</ref>. Cette concentration contraste avec le fait que les autres grandes déesses du panthéon sumérien (Ninhursag, Nisaba, Nammu, Ereshkigal, etc.) voyaient leur rôle décliner<ref>Ce déclin est un phénomène important dans l'histoire de la religion mésopotamienne, d'interprétation difficile, cf. {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} W. G. Lambert, « Modèle:Lang », dans J.-M. Durand (dir.), La femme dans le Proche-Orient antique, {{#ifeq:Rencontre | s | Modèle:Siècle | XXXIIIe{{#if:Rencontre| Rencontre }} }} assyriologique internationale, Paris, 7-10 juillet 1986, Paris, 1987, Modèle:P. et {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} P. Michalowski, « Round about Nidaba: on the early goddesses of Sumer », dans S. Parpola et R. M. Whiting (dir), Sex and Gender in the Ancient Near East, Proceedings of the Modèle:XLVIIe assyriologique internationale. Helsinki, July 2-6, 2001, Helsinki, 2002, Modèle:P..</ref>, Ishtar, celle qui était déjà la plus importante, restant la seule figure féminine des panthéons mésopotamiens à occuper un rôle de premier plan (avec, dans une moindre mesure, la déesse-guérisseuse Gula), et devenant l'incarnation de la déesse voire de la femme dans la tradition mythologique mésopotamienne à partir de cette période. Au Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle, le roi Ammi-ditana de Babylone consacre un hymne à la gloire d'Ishtar qui figure parmi les plus belles pièces du genre en Mésopotamie ancienne, dont voici le début :

Modèle:Vers

Ishtar reste la principale déesse des royaumes mésopotamiens du Modèle:Lien millénaire av JC. En Assyrie, deux de ses hypostases, Ishtar de Ninive<ref name=isnila>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} W. G. Lambert, « Ištar of Nineveh », dans Iraq 66, 2004, Modèle:P..</ref> et Ishtar d'Arbèles, sont vues comme les protectrices du souverain et de son royaume, tout en étant manifestement perçues chacune comme une divinité à part entière indépendante de l'autre<ref name=assy>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} B. Nevling Porter « Ishtar of Nineveh and Her Collaborator, Ishtar of Arbela, in the Reign of Assurbanipal », dans Iraq 66, 2004, Modèle:P..</ref>,<ref name=assy2>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} S. L. Allen, The Splintered Divine: A Study of Istar, Baal, and Yahweh Divine Names and Divine Multiplicity in the Ancient Near East, Boston, Berlin et Munich, 2015, Modèle:P. propose plus largement que le panthéon néo-assyrien ait compris une classe de déesses appelées Ishtar : « Ištar goddesses comprised a special class of deity in the Neo-Assyrian world » (p. 197).</ref>. À Babylone, Ishtar dispose d'importants lieux de culte dans la ville même<ref name=babili>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} W. G. Lambert, « The Cult of Ishtar of Babylon », dans Le temple et le culte (CRRAI XXXVII), Leyde, 1975, Modèle:P..</ref> et de nombreux autres dans les grandes villes du royaume, à commencer par Uruk<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Ishtar et les autres déesses du Proche-Orient antique

Fichier:Stèle déesse syrienne Louvre.jpg
- }}Modèle:-s mini siècle Modèle:Av JC }} Musée du Louvre.

Ishtar partage de nombreux points communs avec d'autres déesses du Proche-Orient ancien, avec lesquelles elle partage parfois des origines communes, ou bien qu'elle a influencées en profitant du rayonnement de la culture mésopotamienne sur les régions voisines.

Les divinités des panthéons sémitiques comme Ashtar à Ebla et surtout Astarté à Ougarit et chez les Phéniciens partagent manifestement une origine commune avec leur quasi-homophone Ishtar, et sont comme elles des manifestations de la planète Vénus, sans doute aussi des divinités ayant un aspect guerrier ou chasseur (elles ont également pour animal-symbole le lion)<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Ishtar présente également des similarités avec une autre déesse ouest-sémitique, Anat, qui a elle aussi pour épithète « Dame/Reine du Ciel » et est également identifiée comme étant la planète Vénus tout en ayant les caractères de déesse de la fertilité, de l'amour, de la chasse<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le culte de ces déesses ouest-sémitiques est par ailleurs attesté dans la Bible hébraïque, et leur figure ainsi que celle d'Ishtar se retrouve dans celle de la « Modèle:Lien » dont le culte, répandu chez les Judéens du Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle, est dénoncé par le prophète Jérémie<ref name=qoh>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} C. Houtman, « Queen of Heaven », dans K. van der Toorn, B. Becking et P. W. van der Horst (dir.), Dictionary of Deities and Demons in the Bible, Leyde-New York-Cologne, 1999, Modèle:P..</ref>,Modèle:Sfn. Elle est présente peut-être aussi des similitudes avec la déesse AsheraModèle:Sfn.

La déesse grecque Aphrodite, qui est également associée à la planète Vénus et la sexualité, est manifestement influencée par ces déesses (Astarté en particulier), et peut-être même d'origine proche-orientale. Mais les influences religieuses entre le Proche-Orient et la Grèce restent difficile à étudier, en raison de la diversité des chemins qu'ont pu prendre ces influences (sans doute Chypre, aussi l'Anatolie, la Phénicie). Aphrodite n'est en tout cas pas attestée dans les textes mycéniens, ce qui semble plaider en faveur d'une apparition tardive de cette déesse dans le monde grec et rendrait donc plausible une introduction récente depuis l'Est<ref>W. Burkert, La Religion grecque à l'époque archaïque et classique, Paris, 2011, Modèle:P..</ref>. Néanmoins il y a également des traits distinctifs entre les deux divinités, qui témoignent de l'intégration d'éléments proprement grecs à cette figure divine lorsqu'elle a été introduite dans ce paysModèle:Sfn.

Fichier:Yazilikaya34-39.jpg
Bas-relief du sanctuaire rupestre hittite de Yazılıkaya représentant la déesse Ishtar/Shaushka (Modèle:N°) suivie par ses acolytes Ninatta (Modèle:N°) et Kulitta (Modèle:N°). Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle

Ishtar dispose d'une contrepartie dans le monde hourrite, Shaushka, qui présente les mêmes attributs qu'elle : il est donc fortement probable que celle-ci ait repris ses caractéristiques lorsque les populations hourrites sont entrées en contact avec la civilisation mésopotamienne. La déesse de Ninive fut du reste aussi bien appelée Ishtar que Shaushga lorsque les Hourrites étaient dominants dans cette ville, notamment à l'époque du royaume du Mitanni. Dans le monde hittite qui connut aussi bien une forte influence mésopotamienne que hourrite, cette déesse fut adoptée dans le courant du Modèle:Lien millénaire av JC Dans les textes, elle apparaît sous le nom Ishtar, mais il fait peu de doutes qu'il s'agissait également d'une adaptation locale de la déesse Shaushga. Son importance s'affirma notamment à partir du règne de Modèle:Noble, souverain qui en avait fait sa déesse protectrice, et dont l'épouse Puduhepa était la fille d'un grand prêtre de la déesse dans un de ses principaux lieux de culte anatoliens, Lawazzantiya au Kizzuwatna. Un autre de ses grands sanctuaires anatoliens était à Hattarina. Dans les textes mythologiques et rituels ainsi que les représentations artistiques, la déesse est souvent associée à deux acolytes, les déesses Ninatta et Kulitta<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} I. Wegner, Gestalt und Kult der Ištar-Šawuška in Kleinasien, Neukirchen-Vluyn, 1980.</ref>,<ref name=isninive>M. Vieyra, « Ištar de Ninive », dans Revue Assyriologique 51, 1957, Modèle:P. et 130-138 ; {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} G. Beckman, « Ištar of Nineveh Reconsidered », dans Journal of Cuneiform Studies 50, 1998, Modèle:P..</ref>. La « Déesse de la nuit » vénérée en pays hittite semble par ailleurs être un aspect d'Ishtar/Shaushga, celui de l'astre Vénus<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} V. Haas, Geschichte der hethitischen Religion, Leyde-New York-Cologne, 1994, Modèle:P. ; A. Mouton, « Le rituel de Walkui (KBo 32.176) : quelques réflexions sur la déesse de la nuit et l'image du porc dans le monde hittite », dans Zeitschrift für Assyriologie und Vorderasiatische Archäologie 94/1, 2004, Modèle:P. ; {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} J. L. Miller, « Setting up the Goddess of the Night Separately », dans B. J. Collins, M. R. Bachvarova et I. Rutherford (dir.), Anatolian Interfaces: Hittites, Greeks and their Neighbours, Oxford, 2008, p. 67-72.</ref>.

Dans l'espace élamite, il n'y a pas vraiment de divinité d'origine locale qui semble correspondre à Inanna/Ishtar (dont le culte était du reste implanté à Suse), même si des liens sont possibles avec Pinikir et Kiririsha, impossibles à confirmer en raison du peu d'informations dont on dispose sur celles-ci<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} H. Koch, « Theology and Worship in Elam and Achaemenid Iran », dans J. M. Sasson (dir.), Civilizations of the Ancient Near Modèle:Nobr romains, New York, 1995, Modèle:P..</ref>. Chez les Perses, il est possible que la figure d'Ishtar ait eu une influence sur la déesse Anahita, associée elle aussi à l'amour et à la fertilité (c'est l'avis de M. Boyce)<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} M. Boyce, A History of Zoroastrianism, Modèle:Nobr romains, 1982, Leyde, Modèle:P..</ref>.

Les différentes facettes d'Inanna/Ishtar

Ishtar est une déesse aux attributs et fonctions diverses, qui lui confèrent une « personnalité » aux contours flous, complexes, souvent difficiles à démêler et à interpréter pour les chercheurs modernes. La fascination qu'elle a manifestement exercé dans le Proche-Orient ancien semble en bonne partie liée à cela. Elle est une déesse de l'amour, surtout sous son aspect charnel, et également une déesse des conflits, liée à la guerre. Ishtar est également assimilée à la planète Vénus, l'étoile du matin, et a donc un aspect céleste. Étant une des principales déesses de la Mésopotamie, on lui a également attribué à plusieurs reprises un grand rôle dans la détermination des souverains qui devaient régner sur Terre. Réunissant en elle deux fonctions apparemment opposées, étant facteur d'ordre et de désordre, incarnant les normes aussi bien que la marginalité, elle a été vue comme une déesse bipolaire, paradoxale, réunissant ce qui s'oppose.

Vénus : une divinité astrale

Fichier:Kudurru Melishipak Louvre Sb23 Ishtar-star.jpg
L'étoile à huit branches, symbole d'Ishtar, détail d'un kudurru de Meli-Shipak.

Ishtar est une divinité astrale, identifiée à la planète Vénus (Delebat en akkadien, ou bien simplement « Ishtar »), étoile du matin et du soir<ref name=gds109>Modèle:Harvsp.</ref>. La déesse est d'ailleurs souvent symbolisée par une étoile à huit branches, représentant sans doute cet astre<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Représentée par le deuxième astre le plus brillant dans la ciel nocturne après la Lune, Ishtar occupe une place majeure dans l'espace céleste. Comme cela a été évoqué son nom sumérien signifie « Dame du Ciel », et il se retrouve en akkadien dans l'épithète « Reine/Dame du Ciel » (šarrat/bēlit šamê) aux côtés d'autres appellations similaires comme « Reine des Cieux et des Étoiles » (šarrat šamāmi u kakkabê)<ref name=qoh/> ; dans le mythe de sa descente aux Enfers, elle se proclame « Reine du Ciel, de là où le soleil se lève »<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. En tant que planète Vénus, la déesse est parfois appelée dans les textes sumériens d'un autre nom, Ninsianna, la « Dame, lumière du Ciel », qui semble être à l'origine une déesse indépendante dont la personnalité a été absorbée par Inanna<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Elle apparaît sous cet aspect astral dans des prières dédiées aux « divinités de la nuit », un ensemble d'astres divinisés intervenant dans des rituels d'exorcisme ou de divination<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Un beau poème est dédié à l'aspect astral de la déesse par le roi Iddin-Dagan d'Isin :

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Le récit de l'Exaltation d'Ishtar relate comment le dieu céleste Anu l'élève parmi les autres divinités du Ciel, à savoir le Soleil et la Lune, et la surnomme « Ishtar des étoiles » (Ishtar-kakkabi), nom utilisé à plusieurs reprises dans la documentation cunéiforme pour évoquer l'aspect astral de la déesse<ref>Modèle:Harvsp.</ref> :

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Son lien avec cet astre apparaissant dans le ciel deux fois par jour à deux endroits différents (à l'est et à l'ouest) a fait qu'elle a (apparemment) été adorée sous ses deux aspects à Uruk à la fin du Modèle:Lien millénaire av JC, avec les épithètes húd « matin » et sig « soir »<ref name="2." />. Ce pourrait être son aspect originel, la source de sa personnalité complexe et « bipolaire »<ref name=gw345>Modèle:Harvsp : « son aspect le plus archaïque et basique de dimorphisme astral est la source des ambiguïtés et des contradictions de son personnage, y compris son androgynie apparente » (« her most archaic and basic aspect of astral dimorphism is the source of the ambiguities and contradictions in her character including her apparent androgyny »).</ref>. En tout cas, au Modèle:Lien millénaire av JC, il est courant que Vénus soit considérée comme « bi-sexuée », masculine au matin et féminine au soir, ou l'inverse suivant les traditions. Elle occupe une place importante dans l'astrologie<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} U. Koch-Westenholz, Mesopotamian Astrology: An Introduction to Babylonian & Assyrian Celestial Divination, Copenhague, 1995, Modèle:P..</ref>. L'invisibilité partielle de la planète Vénus, associée à Ishtar/Inanna, pendant la nuit était aussi interprétée comme un voyage aux Enfers en compagnie du dieu solaire Shamash, son frère<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

La déesse de l'amour et de la sexualité

Fichier:Ishtar vase Louvre AO17000-detail.jpg
Déesse nue, sans doute Inanna/Ishtar dans sa fonction de déesse de l'amour et de la sexualité, détail d'un vase exhumé à Larsa (« vase d'Ishtar »), début du Modèle:Lien millénaire av JC, musée du Louvre.
Fichier:Assyrian statue ME124963 (2).jpg
Statue fragmentaire de femme nue, mise au jour dans le temple d'Ishtar de Ninive, avec dédicace d'Assur-bel-kala (1073-1056 av. J.-C.). British Museum.

Si elle a pu avoir dans les temps anciens un rôle concernant la fertilité des plantes et des animaux, Inanna s'affirme dans les textes de la fin du Modèle:Lien millénaire av JC comme une déesse liée à l'amour puis de plus en plus à la sexualité, et non pas la fécondité<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Suivant la mentalité mésopotamienne qui ne sépare pas le profane et le sacré et voit le divin derrière toute activité humaine, il peut même être considéré que c'est à travers elle que se produit tout acte sexuel : Modèle:Citation (D. Charpin)<ref name=cha202/>.

De nombreux hymnes et chansons d'amour en sumérien s'intéressent ainsi à sa relation avec son époux, le dieu-berger Dumuzi (Tammuz en pays sémitique), le couple divin devenant un modèle pour ce qui relève de la séduction et de la sexualité. Ces récits se présentent souvent sous la forme d'un jeu de séduction entre Inanna, présentée comme une jeune fille de bonne famille très belle, séductrice et disposant de beaux atours, en émois devant son promis, qui éveille en elle des sentiments enthousiastes et des désirs sexuels, et Dumuzi qui cherche à gagner son cœur en lui faisant la cour, et à l'épouser, en accord avec les conventions sociales. Cette union a un lien symbolique manifeste avec la fertilité, qui doit découler de l'union des deux divinités, qui ressort de manière claire dans les écrits liés au thème du « Mariage sacré » qui s'appuie sur cette tradition mythologique et qui présentent Inanna comme la garante du succès des récoltes et du croît des troupeaux. La contrepartie se trouve dans les récits consacrés à la descente d'Inanna aux Enfers et à la mort de Dumuzi qui en découle, marquant (pour un temps) la fin de cette prospérité, et renvoyant sans doute au cycle des saisons<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Y. Sefati, Modèle:Lang, Ramat-Gan, 1998 ; Modèle:Harvsp.</ref>.

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Le caractère sexuel d'Inanna/Ishtar est progressivement plus prononcé. Elle est alors la patronne du désir sexuel, des relations sexuelles, et est invoquée dans des prières visant à obtenir l'amour d'un être désiré, de même que dans des rituels visant à lutter contre l'impuissance sexuelle ou pour enfanter<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Dans ses temples, on lui dédiait des objets votifs manifestement en rapport avec la sexualité, notamment des triangles pubiens : de nombreux exemplaires en terre cuite ont été mis au jour dans son temple à Assur, et l'inventaire du trésor du temple de la déesse Ishtar de Lagaba mentionne une vulve en or et huit en argent<ref>Modèle:Harvsp. {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} W. Andrae, Die Jüngeren Ischtar-Temple in Assur, Leipzig, 1935, p. 90-93 ; Modèle:Ouvrage. Sur le rôle d'au moins certains de ces objets dans la lutte contre l’impuissance, cf. par exemple la prière traduite dans Modèle:Harvsp (commentaire Modèle:P. note h). Néanmoins {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} J. Assante, « Bad Girls and Kinky Boys? The Modern Prostituting of Ishtar, Her Clergy and Her Cults », dans T. S. Scheer (dir.), Tempelprostitution im Altertum: Fakten und Fiktionen, Berlin, 2009, p. 29-30 limite la symbolique de ces objets à la représentation de la féminité de la déesse.</ref>. Les nombreuses représentations en terre cuite de femmes nues et de couples en pleins ébats sont couramment rattachées au culte d'Ishtar<ref>Cf. par exemple Modèle:Harvsp.</ref>, mais en fait cela n'est pas évident, le sens exact de ces œuvres restant débattu, d'autant plus qu'elles n'ont que rarement été mises au jour dans des temples d'Inanna/Ishtar<ref>Cf. {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} J. A. Scurlock, « Lead plaques and other obscenities », dans NABU 1, 1993, n°20.</ref>. Parmi les autres divinités liées à l'amour et la sexualité dont la personnalité était voisine de celle d'Inanna/Ishtar, peut être mentionnée Nanaya ou Nanâ, dont le lieu de culte principal se trouvait également à Uruk<ref name=nanaya>Modèle:Harvsp.</ref>.

Fichier:Samuel and Saidye Bronfman Archaeology WingDSCN4978.JPG
Plaque en terre cuite d'époque paléo-babylonienne représentant un couple faisant l'amour. Musée d'Israël.

Tout en étant invoquée dans le cadre de relations matrimoniales, Ishtar est également la patronne des prostituées (le plus souvent appelées en sumérien kar-kid, et en akkadien ḫarimtu, mais on trouve d'autres termes)<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} J. Cooper, « Prostitution », dans Reallexicon der Assyriologie 11, Berlin, 2006, Modèle:P..</ref>, ou plus exactement la prostituée par excellence<ref name=cha202>D. Charpin, La vie méconnue des temples mésopotamiens, Paris, 2017, p. 202</ref>. Plusieurs de ses temples, comme celui de Lagash, sont appelés « cabaret sacré » (sumérien éš-dam-kù), le « cabaret/taverne » jouant souvent le rôle de maison de passe, et la cité d'Uruk est qualifiée dans le mythe d'Erra comme la « ville des prostituées (ḫarimtu), courtisanes (kezertu) et filles de joie (šamḫatu), qu'Ishtar a privées d'époux, afin de les garder à merci »<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, tandis que les prostituées sont appelées dans un texte rituel « filles d'Inanna ». Un hymne sumérien assimile même la déesse à une prostituée : « Prostituée, tu te rends au cabaret et, telle un fantôme qui se faufile par la fenêtre tu y rentres. […] Lorsque les valets ont laissé en liberté les troupeaux, lorsque les bœufs et les moutons ont été rentrés à l'étable, alors, ma Dame, telle une femme sans nom, tu portes un seul ornement. Les perles d'une prostituées sont autour de ton cou, et tu peux alors emporter n'importe quel homme présent au cabaret<ref>Modèle:Lien web (l. 105-115).</ref>. » Un poème grivois en akkadien (à fonction rituelle ?) relate par ailleurs comment la déesse (manifestement là encore dans un rôle de prostituée) est capable de satisfaire sexuellement des dizaines de jeunes hommes sans être épuisée : « « Réunis pour moi les jeunes hommes de ta ville, et allons à l'ombre du mur de la ville. » Sept à son devant, sept à ses hanches, soixante et soixante sont satisfaits par son sexe. Les jeunes hommes s'épuisent, mais pas Ishtar : « Venez, jeunes hommes, sur mon plaisant sexe<ref>Modèle:Article ; Modèle:Chapitre.</ref> ! »

On a beaucoup débattu sur l’existence ou non d’une « prostitution sacrée » dans les temples de la déesse, à partir du témoignage de Hérodote sur une telle pratique en Assyrie et sur les différents aspects de la personnalité et du culte d’Ishtar liés à la sexualité et la prostitution. Il semblerait que les sanctuaires de la déesse soient bien associés, directement ou au moins indirectement, à de telles activités, puisqu’il y a des attestations de desservants de temples d’Ishtar percevant des revenus liés à la prostitution (il pourrait néanmoins s'agir d'offrandes versées par des prostituées à leur déesse tutélaire), et qu'un texte de Nuzi semble montrer qu’une fille est donnée par son père en gage au temple local de la déesse dans le but de servir comme prostituée<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} M. Silver, « Temple / Sacred Prostitution in Ancient Mesopotamia Revisited. Religion in the Economy », dans Ugarit Forschungen 38, 2006, 631-663 offre un panorama détaillé des arguments en faveur de cette thèse. Même avis dans D. Charpin, La vie méconnue des temples mésopotamiens, Paris, 2017, p. 135-161 et {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} M. Stol, Women in the Ancient Near East, Berlin et Boston, 2016, p. 419-435. Contra par exemple D. Arnaud, « La prostitution sacrée en Mésopotamie, un mythe historiographique ? », dans Revue de l'Histoire des Religions 183, 1973, Modèle:P. ; {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} J. G. Westenholz, « Tamar, Qědēšā, Qadištu, and Sacred Prostitution in Mesopotamia », dans The Harvard Theological Review 82/ 3, 1989, Modèle:P.. {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} J. Assante, « From Whores to Hierodules: The Historiographic Invention of Mesopotamian Female Sex Professionals », dans A. A. Donohue et M. D. Fullerton (dir.), Ancient Art and Its Historiography, Cambridge, 2003, Modèle:P. va jusqu'à remettre en cause la réalité de la prostitution en Mésopotamie ancienne, thèse peu suivie.</ref>. Il faudrait alors réinterpréter la littérature et les objets liés à la fonction sexuelle de la déesse comme liés à cet aspect de son culte et à sa valorisation. Mais cela reste encore très mal connu et débattu. Il conviendrait notamment d'éclairer la fonction exacte d'une partie des desservants d’Ishtar, certains comme les assinnu(m) et les kurgarrû(m), accomplissant lors des rituels des chants et des danses, étant peut-être des travestis (ou bien des hermaphrodites)<ref name=hermaphrodite/>, d’autres comme les kezertus étaient des femmes servant apparemment de musiciennes mais ont aussi pu être des sortes de « courtisanes ».

Ce patronage et ce personnel indiquent qu'Ishtar devient parfois une divinité liée aux marges, avec un potentiel subversif. En témoigne le fait qu'elle n'est plus présentée comme une jeune promise se pâmant devant son promis et espérant son mariage en accord avec les bonnes mœurs, mais plutôt comme une croqueuse d'hommes, jamais associée durablement à un compagnon masculin, ses partenaires connaissant par ailleurs souvent un destin funeste. Un hymne hourro-hittite décrit ainsi la déesse sous son aspect de patronne de l'amour et du désir comme pouvant aussi bien être à l'origine de l'amour entre un homme et une femme (« Un homme et sa femme qui s'aiment et portent leur amour à son accomplissement : cela a été décidé par toi, Ishtar »), mais également des adultères, et évoque le fait que la déesse elle-même a causé la perte de nombre de ses amants (« Ishtar : tu as dévoré tes époux »)<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} H. G. Güterbock, « A Hurro-Hittite Hymn to Ishtar », dans Journal of the American Oriental Society 103/1, 1983, Modèle:P..</ref>. Dans l’Épopée de Gilgamesh, le héros rejette violemment les avances de la déesse en énumérant ses amants qui ont connu la perdition à cause d'elle<ref name=gilg>Modèle:Harvsp.</ref>.

Une déesse guerrière et virile

Fichier:Relief on the Ishtar Gate, Pergamenmuseum 4.jpg
Un des lions représentés sur les briques glaçurées de la voie processionnelle de Babylone. Musée de Pergame.
Fichier:P1050471 (5021851050).jpg
Un des lions colossaux gardant l'entrée du temple d'Ishtar sous son aspect šarrat niphi à Nimrud/Kalkhu. British Museum.
Fichier:Goddess Ishtar stands on a lion and holds a bow, god Shamash symbol at the upper right corner, from Southern Mesopotamia, Iraq.jpg
- }}Modèle:-s mini sièclee Modèle:Av JC }}), Pergamon Museum.

Ishtar est une déesse liée à la guerre, aspect sous lequel elle se présente comme « virile », masculine, les valeurs martiales n'étant pas considérées comme féminines dans le Proche-Orient ancien comme ailleurs<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} A. Kurth, « Women and War », dans NIN 2, 2001, Modèle:P..</ref>, la féminité de la déesse étant plus exprimée dans sa fonction de déesse de l'amour. C'est à cet aspect de la déesse que paraît plus particulièrement liée son association à son animal-symbole, le lion<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

L'Exaltation d'Ishtar la présente comme la « Dame du combat », et la « déesse des joutes guerrières », qu'elle dirige comme un spectacle de marionnettes :

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Fichier:Ishtar on an Akkadian seal.jpg
Détail d'une impression de sceau-cylindre de la période d'Akkad : la déesse Ishtar ailée et portant des armes sur son dos, accompagnée de ses attributs, un lion qu'elle tient en laisse et l'étoile à huit branches. Musée de l'Oriental Institute de Chicago.

Dans le mythe Inanna et Ebih, Ishtar prend elle-même les armes pour combattre la redoutable montagne Ebih, exploit égalant ceux du grand dieu guerrier Ninurta<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Dans le Poème d'Agushaya, elle est présentée sous son jour le plus belliqueux, querelleur, que les autres dieux cherchent à canaliser. Ce texte proclame que « la fête d'Ishtar, c'est de guerroyer, d'entrechoquer les combattants, d'exciter les officiers, de déchaîner les troupes » et qu'« on l'a dotée de mâle courage, d'exploits et de vigueur »<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Ce mythe semble faire référence dans sa dernière partie à des rituels de danses (gūštu) guerrières liées au culte d'Ishtar<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Cet aspect est couramment imputé à une origine sémitique, car il ne semblerait pas avoir concerné originellement la déesse Inanna, et serait un développement particulièrement accentué à l'époque d'Akkad par les souverains de cet empire, qui vénéraient Ishtar d'Akkad, ou « Ishtar de la bataille », Annunītum<ref name=agade>Modèle:Harvsp.</ref>, qui devint plus tard une déesse indépendante, vénérée également à Sippar-Amnanum<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Ishtar apparaît dans la glyptique de la période d'Akkad sous un aspect martial et triomphal, portant des armes sur son dos et parfois ailée<ref>M.-T. Barrelet, « Les déesses armées et ailées », dans Syria 32, 1952, Modèle:P..</ref>. Dans la documentation de Mari d'époque amorrite, la déesse est également une des divinités guidant les armées en campagne, et des troupes transportaient des statues la représentant<ref>M. Guichard, « Les aspects religieux de la guerre à Mari », dans Revue d'Assyriologie et d'archéologie orientale 93/1, 1999, p. 39-41.</ref>. Cette fonction martiale est également très prononcée dans les variantes assyriennes de la déesse, surtout Ishtar d'Arbèles. Elle était particulièrement appréciée des souverains par sa capacité à octroyer la victoire, et ce n'est pas anodin que cet aspect fut plus valorisé dans les royaumes les plus martiaux.

Une faiseuse de rois

Fichier:Amulet with fighting demons; on reverse- Ishtar enthroned and worshiper MET ME86 11 3A.jpg
Amulette en bronze représentant la déesse Ishtar assise sur un trône supporté par un lion ailé, face à un fidèle. Période néo-assyrienne.

Ishtar était une déesse couramment associée à la royauté (elle est souvent désignée comme une « Dame » ou une « Reine »), et apparaît même à plusieurs reprises comme une pourvoyeuse de cette dignité, ce qui d'ordinaire était réservé aux dieux masculins. Cet aspect fut très affirmé au Modèle:Lien millénaire av JC pour Inanna. Cela pourrait être dérivé de l'idéologie d'Uruk, mais aussi de celle de Kish, la déesse étant la divinité principale de ces deux cités, qui jouent un rôle premier dans la vie politique de cette période. Plusieurs souverains des cités-État de Sumer se présentaient alors comme choisis par la déesse, ou plus précisément comme aimés par elle. Ainsi d'E-anatum de Lagash, qui affirme dans une de ses inscriptions célébrant ses triomphes que « la déesse Inanna, parce qu'elle l'aime, elle lui a octroyé la royauté sur Kish en plus de la souveraineté sur Lagash », et dans l'inscription de la stèle des vautours qu'il est l'« époux aimé d'Inanna ». Cela se retrouve également à l'époque des rois d'Akkad, qui ont particulièrement affirmé leur lien avec Inanna : Naram-Sîn se présente à son tour comme l'aimé et l'époux de la déesse<ref name=king>Modèle:Article.</ref>.

Sous les souverains de la troisième dynastie d'Ur, cette théorie politique culmine dans les textes liés au thème du Mariage sacré, qui a peut-être également donné lieu à une cérémonie : dans ces récits, le souverain, assimilé au dieu Dumuzi, devient l'époux d'Inanna, et l'amour qu'il reçoit de la déesse puis son union physique avec elle (et donc la démonstration de sa virilité) le légitiment et assurent la prospérité du royaume (les mythes auxquels ces rites font référence étant avant tout liés à la thématique de la fertilité)<ref>Modèle:Ouvrage ; Modèle:Article.</ref>.

La relation entre la déesse et le roi prend donc un caractère sexuel affirmé dans ces textes, en particulier dans un chant déclamé par la déesse relatant son union charnelle du roi Shulgi (qui prend progressivement la place de Dumuzi dans le récit) et comment elle le conforte dans sa fonction souveraine.

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De même, dans le mythe d'Enmerkar et le seigneur d'Aratta, deux rois se disputent les faveurs d'Ishtar et, ainsi, la supériorité politique qui en découle. Voici comment le roi d'Aratta voit les choses: Modèle:Vers

Pour ceux qui considèrent qu'il y avait effectivement des rites de Mariage sacré et qu'il ne s'agissait pas que d'une construction intellectuelle, au cours de celui-ci le roi se déplacerait à Uruk, sur sa barque royale. Revêtu de son habit et de sa perruque de cérémonie, il célébrerait alors, dans la chambre du temple de la déesse<ref name=":vero" /> représentée par la lukur (en sumérien, « servante du temple », « hiérodule »), son union sacrée avec Inanna<ref>Modèle:Ouvrage « ... la nuit de noces était réellement et matériellement consommée par le roi en personne, jouant le rôle de Dumuzi, et, pour celui d'Inanna, par une lukur, une prêtresse ... »</ref>. Après la période de la troisième dynastie d'Ur, sous la première dynastie d'Isin, ce serait plutôt dans le palais royal de la capitale que le rite avait lieu<ref name=":joan">Modèle:Chapitre.</ref>. Se poserait également la question de savoir si cette cérémonie avait lieu tous les ans ou lors de l'intronisation du roi. Ce n'est plus, là, un rite de fertilité, symbolisé par une relation ponctuelle, mais un lien permanent qui s'établit comme celui du mariage. L'objectif du rituel est surtout de légitimer le roi en lui construisant un lien personnel avec les dieux et, à travers lui, son peuple<ref name=":vero" />.

La théorie politique qui avait cours durant la période de la troisième dynastie d'Ur disparaît dans les textes après le début du Modèle:Lien millénaire av JC pour être supplantée par une autre : Inanna/Ishtar n'est plus l'amante des rois, mais leur protectrice lors des batailles. C'est donc son rôle guerrier qui devient plus valorisé dans l'idéologie politique<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Cela se retrouve loin de Mésopotamie, puisque l'Modèle:Noble, texte du Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle relatant l'ascension politique d'un prince hittite devenu roi de ce pays, attribue celle-ci à la bienveillance d'Ishtar (ou Shaushka dans ce pays sous forte influence hourrite) :

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En lien avec cet aspect de la déesse, Inanna/Ishtar « absorbe » la déesse nommée Nin-égal, la « Dame du palais » (en akkadien Bēlet ekallim), dont le nom devient une de ses épithètes. Comme son nom l'implique elle joue le rôle de protectrice de la demeure du roi et par là elle est la garante du bien-être du souverain. Elle dispose d'ailleurs d'un sanctuaire dans le palais royal de Mari, où elle reçoit des offrandes régulières et semble plus largement être la protectrice de la famille royaleModèle:Sfn.

La proximité entre Ishtar et des souverains apparaît une dernière fois à l'époque néo-assyrienne (Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle), avec les figures d'Ishtar de Ninive et Ishtar d'Arbèle, plusieurs fois présentées comme des protectrices des souverains assyriens<ref name="assy" />, et même comme leurs mères ou nourrices qui les ont choisi pour exercer leur rôle<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} S. Parpola, Assyrian Prophecies, Helsinki, 1997 , p. xxxix et ic n. 174, qui propose même que les rois assyriens aient été placés dans leur enfance auprès de religieuses des temples d'Ishtar qui étaient leurs nourrices.</ref>. La relation entre le roi et la déesse est donc plutôt de type maternel, et non pas nuptial ou sexuel, cet aspect d'Ishtar étant apparemment moins prononcé en Assyrie voire absent<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} J. Assante, « The Lead Inlays of Modèle:Nobr romains: Pornography as Imperial Strategy », dans J. Cheng et M. H. Feldman (dir.), Ancient Near Eastern Art in Context, Studies in Honor of Irene J. Winter by Her Students, Leyde et Boston, 2007, Modèle:P..</ref>.

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En contrepartie, plusieurs inscriptions royales et traités assyriens, dans leurs sections de malédictions destinées à ceux qui se lèveraient contre la volonté des rois d'Assyrie, confèrent à Ishtar la faculté inverse de défaire les rois, dans le cas suivant en provoquant leur perte de virilité et leur faiblesse, parfois en les transformant en femmes (voir plus bas), pour causer finalement leur défaite au combat<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} J. Assante, « The Lead Inlays of Modèle:Nobr romains: Pornography as Imperial Strategy », dans J. Cheng et M. H. Feldman (dir.), Ancient Near Eastern Art in Context, Studies in Honor of Irene J. Winter by Her Students, Leyde et Boston, 2007, Modèle:P..</ref> :

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Contradictions, perturbations et altérité

Les aspects divers d'Ishtar, les contradictions entre ses différentes fonctions, ainsi que son caractère perturbateur et bien souvent subversif ont retenu l'attention des chercheurs qui ont tenté de mieux caractériser la façon dont ils coexistent, sans toutefois dégager de vision qui fasse consensus, et cela reste l'aspect le plus discuté de cette déesse<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} H. L. H. Vanstiphout, « Inanna/Ishtar as a Figure of Controversy », dans H. G. Kippenberg et al. (éds), Struggles of Gods, Berlin, New York et Amsterdam, 1984, Modèle:P. ; {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} R. Harris, « Inanna-Ishtar as Paradox and a Coincidence of Opposites », dans History of Religions 30/3, 1991, Modèle:P. ; {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Z. Bahrani, Women of Babylon, Londres et New York, 2001, Modèle:P..</ref>. Ses deux fonctions principales, amour/sexe et guerre, sont vues comme opposées tout en étant réunies au sein d'une même déesse. Cela les rend en fin de compte proches, notamment parce qu'elles sont déterminées par les passions et reflètent le tempérament exalté de la déesse, que plusieurs mythes et hymnes présentent comme capricieuse (et même « têtue comme une mule » selon l'hymne hourro-hittite cité plus haut), ou plus largement une perturbatrice de l'ordre établi, créatrice de conflits et de destructions. En fait, ces deux fonctions peuvent aussi bien être canalisées et bénéfiques à la société, qu'incontrôlables et génératrices de destructions. C'est ce qui ressort pour son aspect guerrier du Poème d'Agushaya, dans lequel la fougue guerrière d'Ishtar est incontrôlable avant d'être contrée par Enki, le dieu sage et ordonnateur par excellence<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, et dans sa Descente aux Enfers dans laquelle son ambition entraîne la perte dramatique de son époux Dumuzi, malgré l’amour qu’elle lui porte<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Ishtar peut par ailleurs être vue comme une déesse de la marginalité, ni valorisée pour son rôle d'épouse ou de mère conforme à l'idéal social mésopotamien et représenté par bien d'autres déesses, mais plutôt associée à la sexualité ou aux conflits. Le culte d'Ishtar semble renvoyer à son anormalité et à la confusion qu'elle jette dans l'ordre établi, ayant un aspect carnavalesque, impliquant des personnages à la sexualité ambiguë (et du reste mal comprise par les chercheurs modernes : ce sont peut-être des travestis, ou bien eunuques, ou des hermaphrodites), une inversion des valeurs<ref name=hermaphrodite>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} B. Groneberg, « Die sumerisch-akkadische Inanna/Ištar: Hermaphrodotos? », dans Welt des Orients 17, 1986, Modèle:P.. {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Z. Bahrani, op. cit., Modèle:P.. {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} J. Assante, « Bad Girls and Kinky Boys? The Modern Prostituting of Ishtar, Her Clergy and Her Cults », dans T. S. Scheer (dir.), Tempelprostitution im Altertum: Fakten und Fiktionen, Berlin, 2009, p. 23-54 y voit de son côté des acteurs d'un culte martial (« cult warriors »). {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} I. Peled, « assinnu and kurgarrû Revisited », dans Journal of Near Eastern Studies 73/2, 2014, p. 283-297.</ref>. Une autre interprétation serait que ces cérémonies de travestissement soient des rites initiatiques impliquant des jeunes hommes<ref name=glass/>.

Plusieurs textes confèrent quoi qu'il en soit à Ishtar la faculté d'inversion de la destinées des personnes, illustrée à plusieurs reprises par sa capacité à transformer les hommes en femmes et vice-versa :

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Ishtar est donc tantôt un facteur d'ordre, tantôt un facteur de désordre, une garante des conventions sociales ou bien une représentante des marges subversives de la société<ref>Modèle:Harvsp ; Modèle:Harvsp.</ref>. Pour R. Harris, Ishtar « réunit en elle les polarités et les contraires, et par la suite elle les transcende »<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} R. Harris, op. cit., Modèle:P. : « she embodied within herself polarities and contraries, and thereby she transcended them ».</ref>. Il reste cependant compliqué de dégager une fonction générale à la déesse au-delà de ces fonctions diverses et paradoxales, pour tenter de les réconcilier, si tant est qu'il y ait lieu de le faire. Certains mettent plus en avant le fait que cette déesse soit pensée en tant que femme par les élites masculines de la Mésopotamie antique, et qu'elle reflète donc leur vision (et par bien des aspects leur crainte) de la femme, de la féminité (hors l'aspect maternel) et de la sexualité féminine, d'où sa complexité. Elle serait donc à comprendre sous le prisme de l'altérité. J.-J. Glassner, étudiant la fonction de « maîtresse des inversions » qu'a la déesse Inanna/Ishtar, liée à sa féminité, considère qu'Inanna/Ishtar est « l'image d'une femme libre, d'un idéal féminin, qui accompagne le parcours de toute une vie, à l'exclusion de la naissance […] dont l'exhibition permet d'expulser la femme totalement libre, égale de l'homme, qui a le parler haut, du champ du social et de la vie réelle »<ref name=glass/>. Z. Bahrani propose une interprétation voisine insistant surtout sur le fait qu’Ishtar en tant que femme est « autre qu’un homme » : dans la société patriarcale mésopotamienne, elle représente l’essence de la féminité, et par là ce qui est vu comme l’altérité par excellence, symbole de tous les excès et de ce qui est hors de contrôle. Elle a la capacité de détruire l’ordre social, mais permet aussi d’en tracer les limites, au moins d’un point de vue rhétorique, en permettant d’identifier ce qui est normal et ce qui est anormal<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Z. Bahrani, op. cit., Modèle:P..</ref>.

Inanna/Ishtar dans les œuvres littéraires

La richesse de la figure d'Inanna/Ishtar, et son statut de principale déesse au milieu d'autres figures majeures quasi exclusivement masculines, en ont fait un personnage de prédilection des lettrés mésopotamiens. Selon les mots de J. Bottéro, elle « offrait généreusement à l'imagination mythopoïétique une personnalité débordante »<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Elle figure donc comme personnage principal ou secondaire dans plusieurs récits mythologiques et épiques, et également dans des hymnes et des prières qui lui étaient adressées par des fidèles, en premier lieu des rois.

Littérature mythologique

Modèle:Article connexe

Fichier:Ishtar descent to the Underworld BM ME K.162.jpg
Copie de la version akkadienne de la Descente d'Ishtar aux Enfers, issue de la « Bibliothèque d'Assurbanipal » à Ninive, Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle, British Museum.

La littérature mythologique est constituée par des récits dont les personnages principaux sont les dieux et qui ont en général des thématiques les relations entre monde divin et humain. Ishtar apparaît en tant que protagoniste d'un grand nombre de ces récits.

Le mythe le plus dense concernant la déesse Inanna/Ishtar est celui de sa Descente aux Enfers. Il est connu par une version ancienne en sumérien, qui a ensuite été réadaptée en akkadien, avec des modifications importantes de plusieurs passages. Sa trame reste similaire : la déesse décide de devenir souveraine des Enfers, en lieu et place de sa sœur Ereshkigal, et décide donc de se rendre dans le Monde inférieur sous prétexte de se rendre aux funérailles de l'époux de sa sœur. Cette dernière, pressentant la véritable raison de la venue d'Inanna, lui fait laisser un vêtement ou un bijou à chaque fois qu'elle franchit une des sept portes la menant aux Enfers, et quand elle arrive auprès de la Reine des Enfers elle est complètement nue. Ereshkigal la fait alors mettre à mort par des divinités infernales. Le vizir d'Inanna, Ninshubur, demande de l'aide aux autres grands dieux, et obtient le secours d'Enki/Ea qui confectionne deux êtres pour aller récupérer Inanna. Mais Ereshkigal ne consent à la laisser partir qu'à la condition qu'elle trouve un autre dieu pour se substituer à elle. Ce sera finalement Dumuzi son compagnon. La sœur de ce dernier, Geshtinanna, supplie Ereshkigal de le libérer, et obtient qu'il puisse remonter sur Terre une moitié de l'année à condition qu'elle prenne sa place<ref>Modèle:Harvsp ; Modèle:Harvsp.</ref>. Ce mythe brasse des thématiques riches, au point qu'il est impossible d'en donner une interprétation unique. On y retrouve : une description du monde infernal tel qu'il était conçu par les anciens Mésopotamiens, l'aspect conquérant d'Inanna/Ishtar, la ruse d'Enki/Ea, les interprétations naturalistes retrouvent dans le destin de Dumuzi le thème du « dieu qui meurt » lié au cycle de la nature, à la fertilité et aussi à la royauté<ref>Modèle:Harvsp à l'approche exclusivement naturaliste. L'aspect pluriel du mythe est mieux rendu dans Modèle:Harvsp.</ref>, tandis qu'une approche ritualiste veut y déceler l'étiologie d'un culte à mystère lié à la déesse Ishtar, pour l'époque néo-assyrienne<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} S. Parpola, Assyrian Prophecies, Helsinki, 1997, p. xxi-xxvi.</ref>. L'importance de ce mythe est telle qu'il a inspiré d'autres récits et des rituels relatifs au destin funeste de Dumuzi. Les relations entre Inanna et Dumuzi n'y sont du reste pas toujours marqués par l'indifférence de la déesse envers les destin de son amant, car elle se lamente souvent sur son sort funeste<ref>Modèle:Harvsp ; Modèle:Harvsp.</ref>.

Le récit sumérien Inanna et Bilulu, relatif aux amours entre les deux dieux, propose une version alternative de la mort de Dumuzi, preuve que plusieurs traditions ont pu cohabiter. Ici, Inanna se plaint d'être tenue éloignée du dieu, qui est parti faire paître son troupeau dans la steppe. Elle apprend alors sa mort, causée par la vieille dame Bilulu et son fils Jirjire. Elle se venge en les tuant et en les transformant en outres en peau, donc en esprits protecteurs des espaces désertiques. Elle instaure des rites funéraires pour eux. La fin du récit voit Geshtinanna se joindre aux complaintes d'Inanna<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Ce mythe renvoie aux relations entre le monde des villes « civilisé » et celui de la steppe « sauvage », à la capacité d'Inanna d'inverser les fonctions (des êtres destructeurs deviennent protecteurs) et contient par ailleurs une étiologie de rites funéraires<ref name=glass/>.

La personnalité expansionniste d'Inanna se retrouve dans le mythe sumérien Inanna et Enki. La déesse rend visite au dieu Enki, qui dispose des pouvoirs appelés me en sumérien, qui sont en quelque sorte les savoirs caractéristiques de la civilisation, archétypes de tout ce qui existe, et parvient à lui dérober après l'avoir enivré au cours du banquet donné en son honneur<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Fichier:Tablet describing goddess Inanna's battle with the mountain Ebih, Sumerian - Oriental Institute Museum, University of Chicago - DSC07117.JPG
Fragment d'une tablette du mythe Inanna et Ebih. Musée de l'Oriental Institute de Chicago.

Deux autres mythes sont à mettre en relation avec l'aspect guerrier d'Inanna/Ishtar. Le récit en sumérien Inanna et Ebih, peut-être l’œuvre de la princesse akkadienne Enheduana, relate le combat d'Inanna contre la montagne divinisée Ebih qui avait refusé de se soumettre aux grands dieux, récit similaire à ceux concernant les exploits du dieu-guerrier Ninurta (Lugal-e). Ces mythes ont un arrière-plan politique, renvoyant aux luttes entre les royaumes du Sud mésopotamien (notamment l'empire d'Akkad) et ceux des montagnes des contreforts du Zagros<ref>Modèle:Harvsp ; Modèle:Harvsp.</ref>. Le Poème d'Agushaya évoque le fait que l'aspect combattant et querelleur de la déesse devient incontrôlable. Le dieu Ea, s'inquiétant de son agressivité, suscite contre elle la déesse Ṣaltu, « la Querelleuse », qui représente ce côté agressif. En combattant contre elle, Ishtar parvient à mieux canaliser son énergie martiale. Elle accomplit une danse qui pourrait renvoyer à un rituel accompli dans ses temples<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Inanna et Shukaletuda raconte comment Inanna, présentée là comme une jeune fille, manifestement vierge, se réfugie dans un verger lors d'une tempête de sable, et est violée par Shukaletuda, le fils du jardinier responsable du lieu, alors qu'elle est endormie. Devinant ce qui s'est passé dès son réveil, la déesse fait s'abattre des calamités sur le monde terrestre, substituant le sang à l'eau. Elle poursuit le fauteur et finit par le rattraper après des péripéties, et le récit semble se terminer sur la promesse de sa mort par la déesse<ref>Modèle:Harvsp ; Modèle:Harvsp.</ref>. On retrouve dans ce texte d'interprétation difficile plusieurs aspects de la déesse : attrait sexuel, destructions liées à une transgression (le viol). Il pourrait par ailleurs renvoyer à l'aspect astral de la déesse, ses mouvements lors de la poursuite correspondant peut-être à ceux de la planète Vénus dans le ciel<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} J. L. Cooley, « Early Mesopotamian astral science and divination in the myth of Inana and Šukaletuda », dans Journal of Ancient Near Eastern Religions 8, 2008, Modèle:P..</ref>.

Ishtar a également été la protagoniste d'autres récits mythologiques qui ont disparu ou bien n'ont jamais été couchés par écrit : le passage de l’Épopée de Gilgamesh (sixième tablette) dans lequel le héros repousse les avances de la déesse énumère plusieurs de ses amants maudits, parmi lesquels Tammuz qui est bien connu, un jardinier nommé Ishullanu dont l'histoire rappelle celle de Shukaletuda bien qu'elle semble être différente, ou encore un étalon, qui est également mentionné par des allusions dans d'autres textes, qui semblent indiquer l'existence d'une tradition sur les amours entre la déesse et un cheval ; en revanche ses relations avec un oiseau et un lion mentionnés dans le même passage sont sans parallèle connu<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} A. R. George, The Babylonian Gilgamesh Epic: Introduction, Critical Edition and Cuneiform Texts, Modèle:Nobr romains, Oxford, 2003, p. 473-474.</ref>.

Littérature épique

La littérature épique mésopotamienne est constituée par un ensemble de récits mettant en scène des héros humains, dans lesquels les dieux interviennent souvent, mais en tant que personnages secondaires à divers moments de l'intrigue. Inanna/Ishtar était présente dans plusieurs de ces récits.

En tant que déesse principale d'Uruk, Inanna apparaît dans deux textes appartenant à la geste d'un des rois semi-légendaires de cette cité, Enmerkar, intitulés Enmerkar et le seigneur d'Aratta et Enmerkar et En-suhgir-ana et tournant autour de la rivalité entre la cité d'Uruk et celle d'Aratta, située dans les montagnes iraniennes (l'emplacement exact n'a pas été retrouvé si tant est que cette cité ait effectivement existé). Cette opposition tourne dans les deux cas autour de la déesse, qui disposait d'un temple dans les deux cités, ce qui faisait que les deux rois se disputaient sa préférence, et le choix de la déesse déciderait duquel des deux aurait la primauté sur l'autre. Dans le premier, Enmerkar décide de restaurer le grand temple de sa « sœur » Inanna et demande pour financer cette entreprise que le roi d'Aratta lui envoie un tribut, qui indiquerait sa soumission. Le roi d'Uruk triomphe après une série d'épreuves qui montrent qu'il a été choisi par la déesse. Le second récit suit une trame similaire, s'achevant par la victoire symbolique d'Enmerkar sur En-suhgir-ana d'Aratta, qui reconnaît le choix de la déesse à la fin : « Tu es le seigneur bien-aimé d'Inanna, toi seul est exalté. Inanna t'as assurément choisi pour son giron sacré, tu es son bien-aimé. Depuis l'ouest jusqu'à l'est, tu est le grand seigneur, je suis seulement ton second<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. » Ces récits, composés probablement sous la dynastie d'Modèle:Noble (elle-même originaire d'Uruk), s'inscrivent dans la théologie politique de l'époque faisant des rois les aimés d'Inanna, qui garantissait la prospérité à leur royaume et leur triomphe sur leurs adversaires<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Cette idéologie se retrouve dans un autre texte écrit vers la même époque, ayant pour héros un des plus grands souverains de l'histoire mésopotamienne passé au statut de personnage semi-légendaire, Sargon d'Akkad. Ce récit, dont le nom moderne est Sargon et Ur-Zababa, décrit l'ascension de Sargon, qui renverse le roi Ur-Zababa de Kish avant de fonder son empire. Son destin lui est annoncé au début du texte par une apparition de la déesse Inanna dans un de ses rêves : « Sargon se coucha non pas pour dormir, mais il se coucha pour rêver. Dans le rêve, la divine Inanna noyait Ur-Zababa dans une rivière de sang. » Les différentes tentatives entreprises par Ur-Zababa pour contrer ce présage se révèlent, comme toujours dans ce genre de récit, infructueuses en raison du soutien indéfectible d'Inanna, et l'élu des dieux finit par triompher<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Le plus célèbre récit épique mésopotamien, l’Épopée de Gilgamesh, comprend également un passage où intervient Ishtar, qui est à l'origine du retournement de l'intrigue de l'épopée. Ces épisodes sont contenus dans la Modèle:Nobr romains de la version standard du récit. Après le triomphe de Gilgamesh et de son acolyte Enkidu face au démon Humbaba, la déesse, séduite par le héros, lui propose de s'unir à elle en lui promettant monts et merveilles, en dernier lieu la domination du Monde. Gilgamesh rejette violemment ses avances en évoquant le destin funeste des amants passés de la déesse :

Modèle:Vers

C'est donc l'aspect négatif et destructeur de la déesse de l'amour qui apparaît ici. Humiliée par cet affront, la déesse demande à son père le grand dieu Anu d'envoyer le Taureau céleste contre Gilgamesh, mais celui-ci le terrasse avec l'aide d'Enkidu, qui à l'issue du combat adresse une dernière provocation à la déesse<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} A. R. George, Modèle:Lang, Modèle:Nobr romains, Oxford, 2003, Modèle:P.. Sur le rôle de la déesse dans ce récit, voir aussi {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} R. Harris, Gender and Aging in Mesopotamia : the Gilgamesh Epic and Other Ancient Literature, Norman, 2000, p. 125-128.</ref>. Ce triomphe est à l'origine de la mort d'Enkidu, décidée par les grands dieux, qui cause le désarroi de Gilgamesh et l'incite à partir à la quête de l'immortalité.

Hymnes et prières

Fichier:Silver pendant, devotee before Ishtar, worship scene. 9th-7th century BCE. From Sam'al, Turkey. Pergamon Museum.jpg
- }}Modèle:-s mini siècle Modèle:Av JC }} Pergamon Museum.

Inanna/Ishtar a fait l'objet de nombreux hymnes et prières mis par écrit, visant à s'attirer ses faveurs ou bien apaiser son cœur quand il était considéré qu'elle était à l'origine d'un mal frappant une personne.

Ces textes sont souvent le produit de l'entourage d'un roi visant à interpeller la déesse pour le bien de celui-ci et de son royaume. Par exemple, la tradition mésopotamienne attribue à Enheduanna, fille de Sargon d'Akkad et prêtresse du dieu-lune Nanna à Ur, plusieurs hymnes en sumérien dédiés à Inanna, notamment celui que les historiens désignent comme l’Exaltation d'Inanna, connu dans l'Antiquité par son incipit, Nin-me-sara, « Reine de tous les me ». Ce texte commence par la description des pouvoirs divins (me) détenus par la déesse, puis évoque son aspect impétueux et violent, avant d'invoquer les dieux pour qu'ils viennent en aide à Enheduanna en intercédant en sa faveur auprès d'Inanna<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Plusieurs autres hymnes sumériens des périodes d'Modèle:Noble- et d'Isin-Larsa sont consacrés à la déesse, notamment en rapport avec ses amours heureux et malheureux avec Dumuzi<ref>Par exemple Modèle:Harvsp.</ref>. La popularité de la déesse auprès des souverains ne se tarit pas par la suite. Un des plus beaux hymnes en akkadien de la période paléo-babylonienne est celui dédié par le roi Ammi-ditana de Babylone à la déesse qui chante les bienfaits dont celle-ci l'a gratifié<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. De la fin du Modèle:Lien millénaire av JC est daté un autre hymne remarquable bilingue suméro-akkadien, l’Exaltation d'Ishtar, connu seulement par deux chants alors qu'il en comptait à l'origine cinq ou six, relatant comment la déesse est élevée à son rang supérieur par les autres grands dieux<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Un autre bel hymne de la même période est celui dédié par le roi assyrien Modèle:Noble à la déesse<ref>Modèle:Harvsp ; Modèle:Harvsp.</ref>. À la fin de la période néo-assyrienne, des inscriptions de fondation des rois Assarhaddon et Assurbanipal commémorant la restauration du temple de la déesse à Uruk, l'Eanna, contiennent également des courtes prières invoquant Ishtar d'Uruk<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Assurbanipal fait rédiger deux hymnes plus longs, un dédié à Ishtar de Ninive et un autre dédié à celle-ci conjointement à Ishtar d'Arbèles, mettant en avant ses relations privilégiées avec ses deux déesses protectrices<ref name="seu" />.

Plusieurs prières pénitentielles et conjuratoires anonymes, témoignant d'une piété plus privée, étaient dédiées à Ishtar<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Certaines d'entre elles accompagnaient des offrandes, ou bien s'inscrivaient dans le cadre d'un rituel d'exorcisme visant à repousser le mal. C'est le cas de l'une des mieux conservées, connue par des manuscrits en akkadien mais aussi une version fragmentaire en hittite, dont l'introduction d'une des versions décrit le déroulement du rituel durant lequel elle devait être prononcée<ref>Modèle:Harvsp. Modèle:Harvsp la considère plutôt comme une prière pénitentielle.</ref> :

Modèle:Citation bloc

Après avoir loué la grandeur de la déesse, le texte de la prière en question contient une série de suppliques visant à ce que la déesse, qui s'est détournée du fidèle et l'a affligé d'un mal, soit à nouveau favorable envers celui-ci :

Modèle:Vers

Les manifestations locales d'Inanna/Ishtar et leurs cultes

De par son importance, Ishtar est une déesse qui dispose de nombreux lieux de culte dans différentes cités de Mésopotamie. On connaît donc plusieurs déclinaisons de la déesse, chacune ayant une épithète divine (épiclèse), renvoyant généralement à son lieu de culte spécifique, suivant la forme « Ishtar de (lieu géographique) ». Parmi les plus notables, on peut mentionner : en Basse Mésopotamie, Uruk, Kish, Babylone, Akkad, Zabalam, ou encore Nippur ; en Haute Mésopotamie, Assur<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} W. Meinhold, Ištar in Aššur: Untersuchung eines Lokalkultes von ca. 2500 bis 614 v. Chr., Münster 2009.</ref>, Ninive et Arbèles. D'autres incarnations renvoient à un aspect précis de la déesse : « Ishtar des étoiles » pour l'aspect astral, « Ishtar de la bataille » pour la guerre, la « Reine flamboyante », Šarrat nipḫi, en Assyrie récente. Elles entretiennent également des rapports spécifiques avec les autres divinités des panthéons locaux. Ce phénomène, courant dans les polythéismes antiques, pose la question de savoir dans quelle mesure ces divinités étaient considérées comme différentes et donc avec une individualité propre, tout en étant les manifestations d'une divinité unique. Il est courant dans les textes de voir figurer côte-à-côte plusieurs de ces Ishtars locales et qui disposent parfois de temples indépendants dans une même ville (à Babylone notamment). Dans beaucoup de cas la théologie ne laisse pas voir de différence entre ces variantes, à l'image des textes relevant de la mythologie, mais des hypostases locales présentent bien dans certaines sources une forme d'identité plus affirmée. C'est en particulier le cas du duo Ishtar d'Arbèles-Ishtar de Ninive en Assyrie, qui semblent bien vues dans des hymnes royaux néo-assyriens comme étant des divinités indépendantes, invoquées par leur nom et leur épithète, jouant des rôles différents auprès des rois<ref name=assy/>,<ref name=assy2/>. L'aspect guerrier est plus prononcé chez Ishtar d'Arbèles et Ishtar d'Akkad, Ishtar de Ninive a la particularité d'avoir une fonction guérisseuse, mais ces trois déesses ne semblent pas ou très peu liées à l'amour et la sexualité à la différence d'Inanna/Ishtar d'Uruk et de Babylone, et d'une manière générale l'Inanna/Ishtar de la mythologie. Leur étude permet en tout cas d'approcher plus concrètement le déroulement de son culte et son lien avec les souverains des différents royaumes mésopotamiens.

Uruk

Modèle:Article connexe

Fichier:Warka Vase, Top Register.jpg
La déesse Inanna, à côté de ses étendards (deux hampes bouclées en roseau), se voit présenter des offrandes. Registre supérieur du vase d'Uruk, Modèle:Noble- (c. 3200-3000 av. J.-C.). Musée national d'Irak.
Fichier:Tontäfelchen Mesopotamien 3200vChr 2 (2).jpg
Tablette de comptabilité d'Uruk, Modèle:Noble- (c. 3200-Modèle:Date-) : enregistrement d'une livraison de produits céréaliers pour une fête de la déesse Inanna<ref>Tablette W 5233,a/VAT 15245.</ref>. Musée de Pergame.

Uruk est le lieu de culte le plus durablement associé à Inanna/Ishtar, puisque son culte y est attesté dès la fin du Modèle:Lien millénaire av JC, parmi les plus anciens documents écrits. La déesse, vénérée sous différentes formes (« Inanna du matin » et « Inanna du soir », deux formes liés à son aspect astral, « Inanna des Enfers » et Inanna-NUN), et disposant apparemment de plusieurs temples (le « temple d'Inanna », èš-inanna, peut-être déjà le « temple du Ciel », é-an) est mentionné dans plusieurs textes de distributions d'offrandes. Inanna d'Uruk est dès ces époques une divinité majeure de Sumer, sans doute parce qu'Uruk est alors la plus puissante cité de ce pays. L'autre divinité principale d'Uruk aux périodes postérieures, le dieu céleste An, n'est pas attesté avec assurance pour cette période, mais l'est assurément pour la suivante<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. La déesse est alors symbolisée par un étendard qui a la forme d'une hampe bouclée en roseau, qui apparaît dans les représentations artistiques, comme le grand vase d'Uruk. Le site de l'É-anna, qui a fait l'objet de nombreuses fouilles, présente en tout cas une séquence archéologique remarquable, puisque ses niveaux les plus anciens, de la seconde moitié du Modèle:Lien millénaire av JC, forment un groupe monumental sans équivalent pour cette période (Modèle:Nobr romains Modèle:Nobr romains). La fonction des édifices n'est cependant pas assurée, et il est probable qu'on y trouvait aussi bien des lieux profanes que sacrés. Le site devient assurément un lieu essentiellement cultuel au début du Modèle:Lien millénaire av JC, s'il ne l'est pas déjà dès la fin du précédent (Modèle:Nobr romains)<ref>F. Joannès, « Eanna », dans F. Joannès (dir.), Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Paris, 2001, Modèle:P..</ref>.

Fichier:British Museum Foundation Tablet.jpg
indicationDeLangue}} D. Frayne, The Royal inscriptions of Mesopotamia, Early periods, vol. 3/2, Modèle:Noble- period (2112-2004 BC), Toronto, 1993, Modèle:P..</ref>. »

Les sources du Modèle:Lien millénaire av JC sont plus explicites sur le culte d'Inanna d'Uruk et son importance. Son temple a dès lors le nom qu'il aura durant la majeure partie de son histoire, « Maison/Temple du Ciel », É-anna<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Plusieurs récits sumériens, notamment les hymnes d'Enheduanna, évoquent comment la déesse aurait été introduite dans ce sanctuaire : une tradition veut qu'elle ait supplanté An et pris sa place dans le temple qui était auparavant le sien ; une autre qu'elle ait été amenée depuis le Ciel par un être mythologique (apkallu)<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. En tout cas, l'Eanna est l'un des temples mésopotamiens les plus estimés, et il est régulièrement restauré par les souverains qui placent Uruk sous leur coupe, qui ont laissé de nombreuses inscriptions relatant ces travaux<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Se développe autour de Modèle:Date- une haute terrasse caractéristique des lieux de culte de cette période, surplombée plus tard par un temple. Le sanctuaire est remanié par le roi Ur-Namma d'Modèle:Noble vers Modèle:Date-, pour être notamment doté de sa ziggurat, entourée par une enceinte imposante comprenant probablement la cella de la divinité. Cette organisation reste en plus durant le millénaire suivant, même si le lieu de culte est délaissé lors de l'abandon d'Uruk (et de plusieurs grandes villes de l'extrême-sud mésopotamien) entre le {{#switch: e

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}} Le culte ne reprend que progressivement après cela, comme l'atteste la construction d'un petit temple par le roi kassite Kara-indash au remarquable décor à briques moulées<ref>F. Joannès, op. cit., Modèle:P..</ref>.

Fichier:InannaTemple Ruins.gif
Ruines de l'Eanna, dominées par la ziggurat d'Ishtar.

Un projet de remaniement ambitieux est entrepris à la fin du Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle par le roi assyrien Modèle:Noble et poursuivi par son ennemi Modèle:Noble quand il domine temporairement Uruk. De nouveaux murs sont construits, entourant plusieurs cours, et deux chapelles dédiées à Ishtar et Nanaya sont érigées aux pieds de la ziggurat. L'organisation du complexe architectural reste identique durant la période néo-babylonienne et le début de la période achéménide ({{#switch: e

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}}, l'activité du temple est documentée par de nombreuses tablettes, relatives notamment à sa richesse économique : plus de Modèle:Unité de terres arables, plus de Modèle:Unité, aussi une grande quantité de dépendants, notamment les « oblats » (širku), sortes de serfs, marqués de l'étoile d'Ishtar symbolisant le fait qu'ils avaient été voués à la déesse. Le sanctuaire périclite néanmoins à l'époque achéménide, au début du Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle<ref>F. Joannès, op. cit., Modèle:P..</ref>. À cette période ou juste après au début de l'ère des Séleucides, se produit un bouleversement dans le panthéon d'Uruk, puisqu'Anu reprend la place prééminente et se voit doté d'un nouveau temple qui devient le sanctuaire principal de la ville, dont dépend celui d'Ishtar, également nouveau et appelé Irigal, qu'elle partage avec Nanaya<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} K. Kessler, « Urukäische Familien versus babylonische Familien: Die Namengebung in Uruk, die Degradierung der Kulte von Eanna und der Aufstieg des Gottes Anu », dans Altorientalische Forschungen 31, 2004, p. 237-262.</ref>.

Le culte de l'É-anna tel qu'il ressort des nombreuses tablettes exhumées à Uruk pour les périodes néo-babylonienne et achéménide présente les aspects classiques d'un culte divin mésopotamien. Ishtar d'Uruk est la déesse majeure, mais elle est entourée de plusieurs acolytes, redoublant du reste des aspects de sa personnalité, en premier lieu Nanaya<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Ishtar et ces déesses reçoivent de nombreuses offrandes alimentaires quotidiennes lors de repas pris le matin et le soir, qui sont aussi bien abondantes que diverses (des céréales, des fruits, notamment des dates, de la viande, du poisson, du lait, des gâteaux, etc.)<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, vêtements et ornements luxueux pour sa statue de culte, mis en valeur notamment lors de cérémonies d'habillement<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Les fêtes venant scander le calendrier cultuel de la ville sont rarement associées directement à Ishtar, même s'il est probable que plusieurs lui étaient au moins en partie consacrées. Le culte d'Uruk comprenait alors de nombreuses fêtes comme dans les autres grands sanctuaires mésopotamiens : néoménie (eššešu), fête de la veille nocturne (bayātu), fête de la préparation des timbales (rikis lilissi), voyages divins (ṣidītu)<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. À la fin du Modèle:Lien millénaire av JC est attestée une fête relevant de ce dernier type, comprenant manifestement des processions, la fête du bateau du Ciel (sumérien ezem-má-anna), qui fait référence à l'embarcation utilisée par Inanna pour se rendre à Eridu dans le mythe Inanna et Enki ; elle dure au moins cinq jours pendant lesquels la déesse reçoit de nombreuses offrandes<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Une fête attestée par une description d'époque hellénistique commence dans le temple d'Ishtar, où sont réunies d'autres (statues de) déesses, puis une procession part en direction du temple de la fête akitu où s'achève le rituel<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Nippur

Modèle:Article connexe

Mari

Modèle:Article connexe

Akkad

Fichier:Ea (Babilonian) - EnKi (Sumerian).jpg
Empreinte de sceau-cylindre de la période d'Akkad représentant Ishtar ailée et armée (à gauche), aux côtés des dieux le dieu Shamash, Ea et Ushmu.

Ishtar est la divinité principale de la ville d'Akkad/Agadé, dont les ruines n'ont pas été identifiées, n'étant donc connue que par des textes. Son temple, l’é-ulmaš, était un des principaux lieux de culte de la déesse en Basse-Mésopotamie<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} A. R. George, House Most High: The Temples of Ancient Mesopotamia, Winona Lake, 1993, Modèle:P..</ref>. Il est à l'origine d'une épithète de la déesse, Ulmashitum. Il aurait été érigé à l'époque des souverains de l'empire d'Akkad (v. 2340-Modèle:Date-), qui avaient une relation privilégiée avec la déesse, au point que leur période a été considérée par la suite comme le « règne d'Ishtar »<ref name=agade2>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} B. Foster, Modèle:Lang, Londres et New York, 2016, Modèle:P..</ref>. Comme évoqué plus haut, c'est à elle que la tradition postérieure attribuait l'élévation de Sargon d'Akkad, le fondateur de la dynastie, au rang de roi, dans le récit Sargon et Ur-Zababa. L'autre grand souverain de cette lignée, Naram-Sîn, plaçait dans ses inscriptions la déesse Ishtar au premier rang, et se présentait comme son bien-aimé. Certaines des représentations du souverain (notamment sur sa Stèle de la victoire) comme un personnage attirant, au corps érotisé, pourrait renvoyer à cette volonté de plaire à la déesse, tout en reliant l'exercice du pouvoir à l'attrait sexuel<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} I. Winter, « Sex, Rhetoric and the Public Monument: The Alluring Body of the Male Ruler in Mesopotamia », dans N. B. Kampen et al. (dir.), Sexuality in Ancient Art, Cambridge et New York, 1996, Modèle:P..</ref>. Sur une stèle, la déesse présente au souverain des cordes retenant les pays qu'il avait soumis, symbolisant le fait que ces triomphes étaient voulus par elle<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} B. Foster, Modèle:Lang, Londres et New York, 2016, Modèle:P..</ref>.

L'aspect guerrier de la déesse, « Ishtar de la bataille » (Annunītum) est mis en avant à cette période<ref name=agade/>. Cela se retrouve dans les inscriptions de Naram-Sîn, ainsi que dans les écrits d'Enheduanna, sa tante, grande-prêtresse du dieu-lune Nanna à Ur, qui préfère néanmoins se tourner vers Ishtar lorsque sa dynastie est menacée par une rébellion (Exaltation d'Inanna). Dans un autre texte qui est peut-être de sa main, Inanna et Ebih, l'aspect conquérant de la déesse est également glorifié<ref name=agade2/>. Dans cette logique, les scènes gravées sur les sceaux-cylindres de la période représentent la déesse sous sa forme ailée et armée.

Cet aspect guerrier de la déesse se retrouve au Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle dans les inscriptions du roi babylonien Nabonide célébrant la reconstruction du temple d'Ishtar d'Akkad : Modèle:Citation bloc

Ninive

Modèle:Article connexe La déesse de Ninive est durant plusieurs siècles l'une des principales divinités de la Mésopotamie du Nord. Elle apparaît dans la documentation écrite sous la dynastie d'Modèle:Noble-, au Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle, sous le nom Šauša, qui est manifestement une variante ancienne du nom de la déesse en hourrite employé au Modèle:Lien millénaire av JC, Shaushka. Ninive est en effet restée durant la majeure partie de cette période dominée par une population hourrite. Les souverains amorrites qui dominèrent la ville épisodiquement assimilèrent cette déesse à Ishtar, à l'image de Samsî-Addu d'Ekallâtum et Hammurabi de Babylone au Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle et il en fut de même pour toutes les populations sémitiques de la région par la suite. La déesse de Ninive connut une popularité croissante à l'époque du royaume hourrite du Mittani ({{#switch: e

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   Modèle:-s mini{{#ifeq: e|-| – | e }}Modèle:-s mini siècleXIV Modèle:Av JC

}}), dont elle était la principale divinité au côté du dieu de l'orage Teshub, son frère suivant la théologie locale. Les lettres du roi mitannien Tushratta retrouvées à tell el-Amarna en Égypte indiquent qu'il a envoyé la statue de la déesse en Égypte. Vers cette même époque, son culte est introduit en pays hittite, par le biais de l'influence hourrite, même si la prépondérance de la culture lettrée mésopotamienne (donc de la langue akkadienne) fait qu'on y écrivait aussi bien son nom par le logogramme IŠ-TAR emprunté à l'akkadien, que phonétiquement Shaushga. En tout état de cause la différence de nature entre les deux déesse était ténue. De toutes les variantes locales d'Ishtar/Shaushga attestées dans les textes hittites, celle de Ninive (souvent appelée « reine de Ninive ») est la plus courante aux côtés de celle de Samuha, et elle dispose de lieux de culte dans des villes hittites, notamment la capitale Hattusa. À la fin de l'empire hittite, Ishtar/Shaushga prend une place majeure, puisqu'elle est la divinité protectrice du roi Modèle:Noble et devient sous son fils Modèle:Noble la principale déesse du panthéon officiel après la Déesse-soleil d'Arinna/Hebat. Ishtar de Ninive est par ailleurs invoquée dans de nombreux rituels magiques hittites pour guérir des maladies, mais en revanche elle ne présente par les aspects astraux et martiaux traditionnels d'Ishtar, qui semblent plutôt réservés à sa variante de Samuha<ref name=isninive/>. Dans le cycle de Kumarbi, principal groupe de textes mythologiques hourrites qui nous soit parvenu, Shaushga/Ishtar est présente à plusieurs reprises, et y est mentionnée explicitement comme la « reine de Ninive », jouant un rôle de séductrice (en usant de ses charmes et de ses talents de chanteuse et musicienne) pour aider son frère Teshub à vaincre ses ennemis, avec des succès divers : si elle réussit à charmer le serpent Hedammu, en revanche ses attraits ne sont d'aucun secours pour lutter contre le géant Ullikummi, qui est sourd et aveugle<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Fichier:Ishtar - CdM, sigillo a cilindro assiro, culto a Adad e ishtar, 800 ac. circa, caldedonio 2.jpg
Ishtar armée, sous le symbole de l'étoile, détail d'une impression d'un sceau-cylindre d'époque néo-assyrienne (vers Modèle:Date-). Cabinet des médailles.

Quand Ninive est intégrée dans l'empire assyrien à partir du Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle, la déesse locale devient appelée Ishtar (ou Issar). Elle conserve sa place de divinité de premier plan, son temple étant l'un des plus importants du royaume, et expliquant sans doute en grande partie le prestige de Ninive en Assyrie, alors qu'elle ne devient capitale qu'à la fin de l'histoire de ce pays, vers Modèle:Date-<ref name=isnila/>. Mais elle doit de plus en plus partager sa position avec Ishtar d'Arbèles<ref name=assy/>. Le temple d'Ishtar de Ninive, situé sur le tell principal de Ninive, Kuyunjik, était appelé en sumérien é-maš-maš ou é-meš-meš (sens inconnu) fut restauré à de nombreuses reprises durant l'histoire assyrienne, à partir d'un plan antérieur issu des travaux d'aménagement de Samsî-Addu vers Modèle:Date- C'est un temple rectangulaire d'environ Modèle:Dunité d'orientation sud-ouest/nord-est, dont la cella n'a pas été dégagée. Y était associée une ziggurat dont les ruines avaient disparu au moment des fouilles. Ishtar de Ninive disposait par ailleurs d'un temple consacré à la fête akitu, ayant lieu au Nouvel An dans les principales villes mésopotamiennes, qui se trouvait également sur le tell de Kuyunjik et d'un autre dans les faubourgs de la cité<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} J. Reade, « The Ishtar Temple at Nineveh », dans Iraq 67, 2005, Modèle:P..</ref>.

Arbèles

Fichier:Stele of Ishtar-AO 11503-IMG 7740-white.jpg
Stèle représentant Ishtar d'Arbèles, Tell Ahmar, Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle Musée du Louvre.

L'autre grande déesse assyrienne était Ishtar d'Arbèles, ville correspondant à l'actuelle Erbil, située dans le Kurdistan irakien. Le grand temple de l'Ishtar locale était appelé « Maison de la Dame du pays » (é-gašan-kalamma) et disposait d'une ziggurat. Les inscriptions de plusieurs rois assyriens mentionnent la restauration du sanctuaire, qui n'est connu que par les textes dans la mesure où le site ne peut être fouillé car recouvert par la ville moderne. La déesse disposait également d'un temple destiné à la fête akitu qui se déroulait en son honneur, dans une localité voisine de la ville appelée Milqia. Ishtar d'Arbèles est surtout mentionnée dans les textes en tant que soutien des souverains néo-assyriens de la première moitié du Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle, Assarhaddon et Assurbanipal, notamment en lien avec leurs victoires militaires car la déesse semble avoir un aspect guerrier très prononcé. Ils y célébrèrent des rituels de triomphe, appelés « entrée dans la ville » (ērab āli) lors de leurs plus éclatantes victoires, notamment celles contre l’Égypte et l'Élam. Plusieurs tablettes documentent comment la déesse communiquait avec eux pour leur manifester leur soutien, par le biais de deux variantes de divination : le prophétisme et l'oniromancie<ref>P. Villard, « Arbèles », dans F. Joannès (dir.), Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Paris, 2001, Modèle:P..</ref>.

Le clergé des différents temples d'Ishtar existant en Assyrie comprenait des prophètes et prophétesses (raggimu et raggintu) qui étaient régulièrement « possédés » par la déesse qui transmettait un message adressé au souverain par leur intermédiaire, suivant une tradition bien implantée dans le Nord mésopotamien durant l'Antiquité. Ceux du temple d'Ishtar d'Arbèles sont les mieux documentés, et semblent avoir eu une importance particulière. Ils transmettaient régulièrement des messages garantissant le soutien de la déesse au souverain, celle-ci étant alors considérée comme une des principales divinités protectrices des rois aux côtés du grand dieu national Assur et d'Ishtar de Ninive, garantissant avant tout leurs triomphes militaires. Les prophéties étaient donc rapportées au roi et plusieurs tablettes ont ainsi conservé leur contenu<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} S. Parpola, Assyrian Prophecies, Helsinki, 1997 ; P. Villard, « Les prophéties à l'époque néo-assyrienne », dans A. Lemaire (dir.), Prophètes et rois, Bible et Proche-Orient, Paris, 2001, Modèle:P..</ref>, ainsi celle-ci destinée à Assarhaddon : Modèle:Citation bloc

Par ailleurs plusieurs textes du règne d'Assurbanipal évoquent comment Ishtar d'Arbèles prenait contact avec lui en suscitant des rêves chez des « voyants » (šabrû), qui jouaient de fait un rôle similaire à celui des prophètes. Ainsi, une de ses inscriptions relate que, la veille d'une bataille cruciale contre l'Élam, il pria la déesse de lui accorder son secours, et elle apparaît en rêve à un de ses voyants, qui lui décrit sa vision à son réveil : Modèle:Citation bloc

Babylone

Modèle:Article connexe

Fichier:Ishtar gate in Pergamon museum in Berlin..jpg
La porte d'Ishtar de Babylone reconstituée au musée de Pergame de Berlin.
Fichier:Tempel der Ischtar von Agade Babylon.png
Plan du temple d'Ishtar d'Akkad à Babylone.

Une hypostase d'Ishtar était vénérée à Babylone, où elle était connue sous le nom de « Dame de Babylone » (Bēlet Bābili). Son temple, dont le nom cérémoniel était « Maison-Enclos du Pays » (é-tur-kalamma) n'a pas été mis au jour lors des fouilles. Il est attesté depuis le début du Modèle:Lien millénaire av JC et est restauré à plusieurs reprises durant l'histoire de la ville. La liste des temples de Babylone contenue dans le texte Tintir, une topographie sacrée de la ville, indique que d'autres hypostases d'Ishtar avaient des temples dans la cité : un temple à la Dame d'Akkad (sans doute le temple d'Ishtar d'Akkad fouillé dans le secteur du Merkès), un autre à la Dame de Ninive, deux à la Dame de l'É-anna, Ishtar d'Uruk, et un autre à Ishtar des étoiles, ainsi qu'un grand nombre de petits sanctuaires en plein air (ibratu, peut-être des sortes de niches ; 180 selon le texte)<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} A. R. George, Babylonian Topographical Texts, Louvain, 1992, Modèle:P., 307-308 et 68-69.</ref>. Ishtar de Babylone jouait également un rôle de gardienne des portes de la cité, et lui avait été dédiée une des portes principales de la ville, la porte d'Ishtar, dont le nom sacré était « Ishtar terrasse son assaillant », située sur la voie processionnelle principale de la ville ouvrant l'accès aux secteurs des palais et des temples, elle-même nommée selon Tintir « Ishtar est l'ange gardien (lamassu) de ses troupes ». Son décor est constitué de briques recouvertes de glaçure bleue ou vertes portant des représentations de taureaux et de dragons, tandis que les lions symbolisant Ishtar figurent sur les murs de la voie processionnelle. Elle est actuellement exposée au musée de Pergame à Berlin où elle a été transportée à l'issue des fouilles allemandes du site de Babylone<ref>J. Marzahn, La Porte d'Ishtar de Babylone, Mayence, 1993.</ref>.

Plusieurs rituels dédiés à Ishtar de Babylone sont connues par des tablettes, en état très fragmentaire<ref name=babili/>. Un fragment de tablette d'époque tardive (hellénistique ou parthe) décrit ainsi une fête dédiée à la déesse, qui avait lieu sur plusieurs jours au mois de Simanu (mai-juin). Il était marqué par la récitation de poèmes et l'exécution de rituels dans différents lieux de la ville. Ainsi, le neuvième jour du mois au matin, un prêtre de son clergé spécialisé dans la récitation d'hymnes (kurgarrû) se rend aux abords de la cella du temple de Nanaya dans lequel il jette des fruits, puis l'après-midi des membres du clergé féminin du temple d'Ishtar de Babylone y font de même. Ces fruits symbolisant des aphrodisiaques, ce rituel est lié au rôle de divinités de la sexualité qu'ont les deux déesses<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} A. R. George, « Four temple rituals from Babylon », dans A. R. George et I. L. Finkel (dir.), Wisdom, Gods and Literature: Studies in Assyriology in Honour of W. G. Lambert, Winona Lake, 2000, Modèle:P..</ref>.

D'autres rituels impliquant Ishtar sont contenus dans le corpus intitulé « Love Lyrics » lors de sa première publication, qui en fait n'a rien de chants d'amour : de ce que l'on saisi de ces textes fragmentaires, ils renvoient à un rituel, sans doute accompli par les assinnu et kurgarrû du clergé de la déesse, décrivant un triangle amoureux entre Marduk, le grand dieu de Babylone, sa parèdre Sarpanitu, et Ishtar de Babylone qui y joue le rôle de la séductrice menaçant le couple. Plusieurs passages sont des complaintes de Sarpanitu envers Ishtar, qu'elle maudit de façon qu'elle ne puisse s'unir à son époux : dans un passage, elle lui souhaite de tomber du toit du temple où elle rencontre Marduk une fois la nuit tombée ; dans d'autres, plus explicites sur la nature physique des relations amoureuses entre le dieu et Ishtar et littéralement pornographiques, elle souhaite qu'Ishtar ne puisse obtenir des tissus pour laver ses parties génitales (« à présent qu'on dise aux femmes de Babylone : « Les femmes ne vont pas donner de chiffon, pour essuyer sa vulve, essuyer son vagin. » ») puis qu'un chien vienne en bloquer l'accès (« Dans tes parties génitales dans lesquelles tu as tant confiance, je ferai rentrer un chien et il en interdira fermement l'entrée »). Il s'agit donc de rituels mettant en scène Ishtar sous son aspect séducteur, tentatrice qui parvient à ses fins, maudite par l'épouse trompée et jalouse, sans manifestement impliquer la responsabilité de l'époux infidèle ; ils avaient peut-être pour but de lutter contre une rivale en amour<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} W. G. Lambert, « Divine Love Lyrics from Babylon », Journal of Semitic Studies 4, 1959, Modèle:P. ; Id., « The Problem of Love Lyrics », dans H. Goedicke et J. J. M. Roberts (dir.), Unity and Diversity: Essays in the History, Literature and Religion of the Ancient Near East, Baltimore, 1975, Modèle:P. ; {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} D. O. Edzard, « Zur Ritualtafel der sog. 'Love Lyrics' », dans F. Rochberg-Halton (dir.), Modèle:Lang, Modèle:P.. {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} M. Ninissen, « Akkadian Rituals and Poetry of Divine Love », dans R. M. Whiting (dir.), Mythology and Mythologies. Methodological Approaches to Intercultural Influences, Helsinki, 2001, Modèle:P. ; Modèle:Harvsp.</ref>.

Postérité et réceptions

Antiquité

Les dernières attestations de l'existence de fidèles d'Ishtar semblent se trouver dans des inscriptions du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle de notre ère trouvées à Hatra, en Mésopotamie du Nord, où le nom de la déesse se trouve dans l'onomastique locale et qui mentionnent peut-être aussi la déesse Ishtar d'Arbèles<ref>E. Lipiński, « Le culte d'Ištar en Mésopotamie du Nord à l'époque parthe », dans Orientalia Lovaniensia Periodica 13, 1982, Modèle:P.. Avec cependant des réserves en raison des difficultés de lecture des inscriptions, cf. E. Martínez Borolio, « Aperçu de la religion des Araméens », dans G. del Olmo Lete (dir.), Mythologie et religion des sémites occidentaux. Volume 2, Émar, Ougarit, Israël, Phénicie, Aram, Arabie, Louvain, 2008, Modèle:P..</ref>.

En fait, ce sont d'autres déesses qui lui sont similaires dont le culte a mieux résisté dans les périodes antérieures à la christianisation puis à l'islamisation du Moyen-Orient : dans le nord mésopotamien (Hatra et Assur) on retrouve une déesse qui évoluait auparavant dans l'ombre d'Ishtar, Nanaya (de plus en plus appelée simplement Nana) qui connaît même une remarquable expansion dans le monde iranien et jusqu'en Asie centrale<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, tandis que le culte d'Astarté et surtout d'Atargatis (la « Déesse syrienne » évoquée en particulier par Lucien de Samosate) reste ancré dans l'espace syro-levantin. La figure d'Inanna/Ishtar persiste donc d'une certaine manière dans ces déesses qui lui sont proches et qu'elle a influencé, ainsi que dans d'autres (Anahita, Aphrodite, Vénus). Et comme les autres déesses astrales sémitiques qualifiées de « Reine du Ciel » (Anat, Astarté), son culte a influencé celui de la Vierge Marie dans le christianisme naissant (en particulier dans la secte des Collyridiens) et jusqu'à nos jours<ref name=qoh/>.

Le nom de la déesse Ishtar réapparaît dans des incantations inscrites en araméen sur des bols d'incantations mandéens exhumés dans le Sud mésopotamien et datés des alentours des {{#switch: e

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}}, parmi les démons que l'on cherchait à combattre (aux côtés de la démone Lilith), ce qui indique que son statut a évolué avec le développement des nouvelles religions. Le terme pourrait plutôt renvoyer à son sens secondaire, celui de « déesse ». On trouve dans un bol la mention d'une « Istar d'Akat », qui semble être la dernière attestation d'Ishtar d'Akkad<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} W. Fauth, « Lilits und Astarten in aramäischen, mandäischen und syrischen Zaubertexten », dans Die Welt des Orients 17, 1986, p. 66-94 ; {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} E. C. D. Hunter, « Who are the demons? The iconography of incantation bowls », dans Studi Epigrafici e Linguistici sul Vicino Oriente antico 15, 1998, p. 95-115. {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} C. Müller-Kessler, « Interrelations between Lead Rolls and Incantation Bowls », dans T. Abusch et K. van der Toorn (dir.), Mesopotamian Magic. Textual, Historical, and Interpretative Perspectives, Groningue, 1999, p. 206-208.</ref>.

Période contemporaine

Depuis la redécouverte de la civilisation mésopotamienne et de l'importance qu'avait Inanna/Ishtar dans l'univers religieux de celle-ci, en particulier dans la mythologie, cette déesse, comme bien d'autres déesses antiques liées (en particulier orientales), a exercé une évidente fascination aussi bien dans le milieu de la recherche scientifique qu'auprès d'autres audiences. Cette fascination est en particulier liée à son rôle de déesse de la sexualité et à des pratiques manifestement fantasmées comme la pratique de la prostitution sacrée, ainsi que d'autres traits attribués à la femme orientale dans l'imaginaire occidental. Du reste cela suscitait déjà de telles réactions chez les auteurs de l'Antiquité classique, par exemple Hérodote (Modèle:Rom-maj, 199) pour qui toute femme babylonienne est susceptible de s'adonner à la prostitution en l'honneur de la déesse<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Z. Bahrani, Women of Babylon, Londres et New York, 2001, Modèle:P., 146-148 et plus largement 161-179.</ref>.

Dans l'Irak contemporain, la figure d'Ishtar a parfois été utilisée à des fins politiques. Son symbole, l'étoile à huit branches, figure ainsi sur le drapeau et l'emblème du pays sous le régime du général Abdel Karim Kassem (1959-1963), représentant la minorité assyrienne du pays<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} A. Baram, « Mesopotamian Identity in Ba'thi Iraq », dans Middle Eastern Studies 19/4, 1983, p. 427. {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} H. H. Al-Qarawee, Imagining the Nation: Nationalism, Sectarianism and Socio-political Conflict in Iraq, Rossendale, 2012, p. 98.</ref>.

La déesse se retrouve dans plusieurs œuvres de la culture contemporaine, alors que les divinités mésopotamiennes y sont largement ignorées. Y sont surtout retenues de la mythologie antique deux aspects de la déesse : sa beauté et sa personnalité faroucheModèle:Sfn.

Ainsi, dans le domaine de la musique symphonique, le compositeur Vincent d'Indy (1851-1931) a composé en 1896 un poème symphonique intitulé Istar, variations symphoniques<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, et Michael Nyman a composé en 1992 le Self-laudatory hymn of Inanna and her omnipotence pour le consort de violes Fretwork et le contre-ténor James Bowman<ref>Modèle:Lien web.</ref> (cette œuvre sera reprise en 2015 par le contre-ténor Paulin Bündgen et l'ensemble Céladon). Le poète irakien Badr Shakir al-Sayyab (1926-1964) s'inspira dans certaines de ses compositions du thème mythologique des amours d'Inanna et de Dumuzi<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} A. Baram, « Mesopotamian Identity in Ba'thi Iraq », dans Middle Eastern Studies 19/4, 1983, p. 431-432.</ref>. Autre hommage moderne, Ishtar est une des 1 038 femmes représentées dans l'œuvre contemporaine The Dinner Party de Judy Chicago, aujourd'hui exposée au Brooklyn Museum. Cette œuvre se présente sous la forme d'une table triangulaire de 39 convives (13 par côté). Chaque convive étant une femme, figure historique ou mythique. Les noms des 999 autres femmes figurent sur le socle de l'œuvre. La déesse Ishtar est la troisième convive de l'Modèle:Nobr romains de la table<ref>Musée de Brooklyn - Ishtar.</ref>.

Les astronomes ont par ailleurs nommé en l'honneur de la déesse un des deux continents qu'ils ont découvert sur la planète Vénus à laquelle elle était associée, appelé Ishtar Terra<ref>Modèle:Lien web.</ref>,Modèle:Sfn.

La déesse se retrouve également dans des œuvres littéraires comme le roman graphique Sandman de Neil GaimanModèle:Sfn, des séries télévisées (Hercule, Stargate SG-1, aussi des références possibles dans Buffy contre les vampires)Modèle:Sfn, des jeux vidéo (Fate/Grand Order, décliné en anime).

Références

Modèle:Références

Bibliographie

Sources

Synthèses sur Inanna/Ishtar

Autres études sur la religion mésopotamienne

Voir aussi

Modèle:Autres projets

Articles connexes

Modèle:Palette Modèle:Portail

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