Kitsch
Le kitsch ou kitch est l'accumulation et l'usage hétéroclite, dans un produit culturel, de traits considérés comme triviaux, démodés ou populaires.
Son emploi implique donc nécessairement un jugement de valeur et la norme qui le conditionne.
Définition
D'après l'encyclopédie Larousse, Modèle:Citation bloc
Origines étymologiques
Le terme « kitsch », emprunté à l’allemand et attesté vers 1870 en français, est probablement dérivé du verbe Modèle:Lang, qui signifie « ramasser des déchets dans la rue » ou, moins probablement, issu de l’anglais Modèle:Lang, prononcé à l'allemande<ref>Modèle:CNRTL</ref>.
L’écrivain William Styron indique une origine yiddish de ce mot dans son roman Le Choix de Sophie.
Origines historiques
Le concept apparaît vers 1860-1870, en Bavière, sous le maniérisme de [[Louis II, roi de Bavière|Modèle:Nobr]].
Il est intimement lié à l'idée de l'inauthentique, de la surcharge et du mauvais goût. Désignant au départ la Modèle:Cita (Legrand), le concept est indissociable de l'industrie de consommation de masse.
Dans le langage courant, le kitsch désigne des objets de mauvais goût, agrémentés de décorations superflues, qui copient le plus souvent des œuvres reconnues comme des classiques. Le kitsch, produit de changements sociaux et historiques, émerge au cours de deux périodes précises.
Première période
Modèle:Section à sourcer La première phase du kitsch est amenée, au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, par l'industrialisation et l'urbanisation.
En Europe et en Amérique du Nord, ceux qui profitent des positions offertes par l'industrie forment une nouvelle classe moyenne. Ces travailleurs, satisfaits autrefois par l'art rural et traditionnel, ont maintenant accès à de nouveaux produits culturels. Les nouvelles classes moyennes cherchent à se divertir avec des moyens adaptés à elles. Ces dernières se contentent donc de ce que Clement Greenberg appelle un Modèle:Citation
Les loisirs permettent entre autres aux classes moyennes de développer un goût pour les imitations à bon marché du grand art traditionnel. Les manufactures et le commerce au détail leur permettent ainsi d'acquérir facilement des produits culturels distribués à grande échelle.
Dans le domaine religieux se développent à la même époque les objets de bondieuserie, essentiellement liés au culte catholique.
Deuxième période
Au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, lorsque se développe la seconde phase du kitsch, ce dernier devient une cible privilégiée pour critiquer la culture de masse. Les intellectuels de gauche utilisent le kitsch pour condamner la culture de la nouvelle société de consommation. Cette fois, on ne reproche pas au kitsch d'éroder la culture d'élite, on l'accuse plutôt d'être un outil privilégié pour manipuler les masses : Modèle:Citation bloc
Vision politique
Pour certains penseurs des années 1950, le kitsch, dans la mesure où il encourage l'abaissement de la masse devant l'autorité, opère de la même manière dans le contexte capitaliste américain qu'il a opéré chez les fascistes et les communistes.
Ainsi, Milan Kundera développe dans son roman L'Insoutenable Légèreté de l'être le rapport entretenu, par le régime communiste d'après-guerre de Tchécoslovaquie, entre les valeurs attendues chez le citoyen communiste idéal et le kitsch. Selon lui, toute tentative de démarcation de l'individu par rapport au mode de pensée de la masse est rejetée par le kitsch communiste.
Aujourd'hui
Parallèlement à la globalisation progressive des marchés et des produits échangés, le kitsch est devenu involontairement un des styles les plus répandus dans le monde à travers les produits de consommation courante. Le terme se situe entre péjoratif et affectif (« mauvais » goût assumé) ; le kitsch d'un objet est surtout corollaire des goûts de son observateur. Ainsi, l'art rococo, les nappes napolitaines, la boule à neige, les nains de jardin et les horloges bavaroises ou la pendule à coucou sont souvent taxés de « kitsch », parfois avec condescendance, ou avec humour.
On peut estimer aujourd'hui que les courants esthétiques de l'après post-modernisme, accueillant avec bienveillance toutes les formes plastiques témoignant d'une histoire personnelle, ont largement revalorisé la notion de kitsch. Modèle:Saut
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Album de photographies (années 1950), Hambourg.
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Nains de jardin à Schlag bei Thalberg (Autriche).
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Statuettes dans un magasin de souvenirs en Russie.
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Lunettes fantaisie (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle).
Dans les arts plastiques
Dans les années 1980, le plasticien Jeff Koons a délibérément développé son œuvre au sein de l'esthétique kitsch<ref>Voir sur larousse.fr.</ref>, trouvant dans la marketisation des images des ressources de création potentielles. On retrouve une démarche similaire chez Pierre et Gilles.
Au Japon, la culture manga, et notamment le style kawaii (mignon) ont été les vecteurs d'incalculablesModèle:Refnec productions kitsch : Takashi Murakami a détourné la connotation puérile de ces productions dans ses œuvres.
Le peintre norvégien Odd Nerdrum, qui a publié On Kitsch, revendique que sa peinture relève du kitsch.
Dans les arts du spectacle
Aux États-Unis, des séries comme les deux séries Dynastie (1981 et 2017) développent une esthétique kitsch.
En France, Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff ont repris dans leur série télévisée Les Deschiens les codes vestimentaires du kitsch.
Le kitsch historique
Le kitsch historique pour Javier Cercas dans le roman L'Imposteur est la négation de tout ce qui dans l'existence humaine s'avère inacceptable, caché derrière une façade de sentimentalisme, de beauté frauduleuse et de vertu postiche. En deux mots, le kitsch historique est un mensonge narcissique : Modèle:Citation bloc
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- Modèle:Article.
- Hans Haug, « Kitsch », Formes et couleurs, Lausanne, janvier-Modèle:Date-.
- Abraham Moles, Psychologie du Kitsch, l'art du bonheur, Paris, Maison Mame, 1971.
- Gillo Dorfles, Le Kitsch : un catalogue raisonné du mauvais goût, trad. de Paul Alexandre, Bruxelles/Paris, Éditions Complexe/Presses universitaires de France, 1978.
- Pascale Casanova, « World fiction », Revue de littérature générale, Modèle:II, 1996.
- Lionel Souquet, « Le Kitsch dans Modèle:Lang de M. Puig » (et animation d'une table ronde sur Puig), « Rencontre autour de la pièce Le Baiser de la femme araignée de M. Puig », organisée à Charleroi en Modèle:Date-, par Christine Defoin, Société Belge des Professeurs d'Espagnol, in Puente, Bulletin de la SBPE, spécial Manuel Puig, no 98, Modèle:Date-, Modèle:Pp..
- Hermann Broch, Quelques remarques à propos du kitsch, Paris, Allia, 2001.
- Lionel Souquet, « Manuel Puig : un auteur marginal et anticonformiste entre la communauté de destin homosexuelle et la famille intellectuelle du Kitsch », La Question de l'Auteur, actes du {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XXXe{{#if:| }} }} congrès de la Société des hispanistes français (SHF), Brest, 18-19-Modèle:Date-, université de Bretagne Occidentale, Brest, 2002, Modèle:Pp..
- Modèle:Lien web.
- Valérie Arrault, L'Empire du kitsch, Éditions Klincksieck, Paris, 2010.
- Christophe Génin, Kitsch dans l’âme, Vrin, coll. « Matière étrangère », 2010.
- Isabelle Barbéris, « Kitsch », in: Dictionnaire de la violence, Michela Marzano (dir.), PUF, 2011.
- « Kitsch et théâtralité. Effets et affects », Isabelle Barbéris et Marie Pecorari (dir.), Éditions universitaires de Dijon, 2012.
- Modèle:Article.
- Modèle:Lien web.
- Modèle:Article.
- Javier Cercas, L'imposteur, Babel-Acte sud, 2017
Articles connexes
Liens externes
- Modèle:Autorité
- Modèle:Bases
- Véronique Lindholm : le kitsch dit la Vérité sur darsaida.com.
- « Kundera face au kitsch » (thèse sur l'attitude de Milan Kundera vis-à-vis du kitsch).
- Journées Kitsch : cycle de conférences sur le kitsch 2009-2010.
- Journée d'étude interdisciplinaire « Le kitsch : une affaire de goût ? » (programme), responsable Lionel Souquet, co-organisatrices Isabelle Le Corff et Lucie Taïeb, faculté Victor Segalen, université de Bretagne-Occidentale, Brest, Modèle:Date-.