La Peau de chagrin
Modèle:Titre en italique Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Ouvrage La Peau de chagrin est un roman d'Honoré de Balzac, faisant partie de La Comédie humaine, publié en 1831 par Gosselin et Canel dans les Romans et contes philanthropiques, puis en 1834 aux éditions Werdet dans les Études philosophiques. Une édition illustrée de 1837 chez Delloye et Lecou fait appel, avant Furne, à 124 artistes. L'édition Furne de 1845 place La Peau de chagrin en tête des Études philosophiques. Elle est dédiée à l'astronome Félix Savary.
Le texte a connu diverses prépublications dans les journaux de l'époque, sous forme d'extraits dans la Revue des Deux Mondes en Modèle:Date-, sous le titre Une débauche, publié un mois plus tard dans le Cabinet de lecture et Le Voleur. La Revue de Paris publie à son tour une version du texte sous le titre Le Suicide d'un poète. Ces prépublications provoquèrent un engouement tel que l'ouvrage fut rapidement épuisé peu après sa publication définitive.
Cette œuvre peut être considérée comme le premier roman où Balzac montre sa vraie valeur<ref>Stefan Zweig, Balzac : le roman de sa vie, Le Livre de poche, LGF, Hachette Livre, 1996, Modèle:P.128-129 Modèle:ISBN.</ref>.
Le thème central en est le conflit entre désir et longévité. La peau de chagrin magique représente la force vitale de son propriétaire et se racornit à chaque satisfaction de son désir, d'autant plus s'il vise à l'accroissement de puissance. Ne tenant pas compte de la mise en garde de l'antiquaire qui lui offre cette peau, le héros s'entoure de richesses mais se retrouve misérable et décrépit à la fin du roman.
L'expression « peau de chagrin » est entrée dans le langage commun pour désigner tout ce qui se réduit nécessairement à l'usage<ref>Début de la préface de Pierre Barbéris dans l'ancienne édition du Livre de Poche Modèle:ISBN.</ref>.
Contexte et rédaction
Dès 1829-1830, Balzac est déjà célèbre grâce à la Physiologie du mariage, « livre brillant et sans vergogne qui prouvait une étonnante connaissance des femmes<ref>Modèle:Harvsp.</ref> ». Il est reçu dans le salon de Juliette Récamier au même titre que les meilleures plumes<ref>Étienne-Jean Delécluze, Souvenirs de soixante années, Michel Lévy frères, 1862 Modèle:P.284-285, cité par Modèle:Harvsp.</ref>. Sophie Gay l'accueille à son tour dans son salon où brillaient les jeunes romantiques<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, et le roman politico-militaire Les Chouans (souvent qualifié à tort de roman historique<ref>Introduction aux Chouans, La Pléiade, 1978, Gallimard, t. VIII, Modèle:P.885 Modèle:ISBN.</ref>,<ref>Maurice Ménard, Introduction aux Chouans, Flammarion, GF, 1988, Modèle:P.7.</ref>), quoique échec commercial, révèle une plume respectable<ref>Pierre Barbéris, repères chronologiques en postface à César Birotteau, Hachette Livre de poche, Modèle:P. 363.</ref>. Dès 1830, il est très lancé, et il va devenir un « homme du monde ». Il écrit dans la Revue de Paris, la Revue des Deux Mondes, La Mode, La Silhouette, Le Voleur et La Caricature. Il devient l'ami d'Émile de Girardin et signe de Balzac.
Le titre La Peau de chagrin apparaît pour la première fois le Modèle:Date-, comme mention secondaire d'un article écrit par Balzac dans La Caricature sous le pseudonyme d'Alfred Coudreux. Son manuscrit comporte la note suivante, probablement écrite au même moment : Modèle:Citation Une semaine plus tard, Balzac publie dans La Caricature un extrait du récit sous le titre Le Dernier Napoléon, qu'il signe « Henri B… ». Dans ce passage, un jeune homme perd son dernier napoléon dans une maison de jeu parisienne et se rend alors au pont Royal afin de s'y noyer.
Durant cette première période, Balzac fait peu de cas de son projet littéraire. Il le considère comme Modèle:Citation bloc
Aux alentours de Modèle:Date-, ce projet suscite un intérêt suffisant pour permettre à Balzac de conclure un contrat avec ses éditeurs<ref>André Maurois, Prométhée ou la vie de Balzac, Modèle:P.140. Modèle:Citation</ref>. Ils se mettent d'accord sur 750 exemplaires d'une édition in-octavo avec une part de 1 135 francs payés à l'auteur sur réception du manuscrit — pas plus tard que mi-février. Modèle:Refnec
Deux fragments supplémentaires apparaissent en mai, faisant partie du plan destiné à promouvoir le livre avant sa publication. Une débauche, publié dans la Revue des Deux Mondes, décrit une fête orgiaque qu'accompagnent d'incessants rires et discussions des bourgeois y participant. L'autre fragment, Le Suicide d'un poète, est imprimé dans la Revue de Paris ; il concerne les difficultés d'un aspirant poète qui essaie de supporter son manque d'argent.
Réception
Le récit paraît finalement en volume en 1831. C'est un succès immédiat. Dès sa parution, ce livre suscite de l'intérêt bien au-delà des frontières françaises. Comme le note Stefan Zweig, Goethe en discute avec Eckermann à Weimar<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Stefan Zweig, Balzac, New York, Viking Press, 1946, Modèle:P..</ref>.
Balzac dira plus tard de ce roman qu'il est Modèle:Citation.
Résumé
Le conte porte sur l'opposition entre une vie fulgurante consumée par le désir, et la longévité morne que donne le renoncement à toute forme de désir.
Le jeune Raphaël de Valentin, après avoir perdu son dernier sou au jeu, a l'intention de se suicider. Il entre par hasard chez un antiquaire, où un vieil homme lui montre alors une « peau de chagrin<ref>Le chagrin désigne une peau d'onagre autrefois utilisée pour la reliure des livres. Désormais, on utilise une peau de chèvre.</ref> » ayant le pouvoir d'exaucer tous les vœux de son propriétaire, comme l'indiquent les paroles qui y sont inscrites : Modèle:Citation Le vieillard met en garde le jeune homme : chaque désir exaucé fera diminuer la taille de cette peau, symbole de sa vie : Modèle:Citation bloc
Le jeune homme accepte ce pacte diabolique, trop désespéré pour bien mesurer les mises en garde de l'antiquaire. Dans un premier temps, Raphaël ne se préoccupe pas de cet avertissement et se lance dans des folies. Il devient immensément riche, mène grand train, connaît la gloire et les succès mondains. La peau lui procure l'énorme héritage d'un oncle. Mais très vite, le jeune homme passionné qui envisageait de produire une grande œuvre (La Théorie de la volonté), devient un être prématurément vieilli, dévoré par une maladie que ni les plus savants médecins ni les cures dans des villes d'eau ne peuvent sauver. Prenant conscience de l'inexorable rétrécissement de la peau, et du temps qui lui est compté, il en vient à vivre en reclus, espérant éviter toute occasion de formuler quelque vœu que ce soit. Sa survie devenant sa seule préoccupation, il constate que, bien que doté d'un pouvoir extraordinaire, il n'en a rien fait, et il meurt rongé d'amertume, foudroyé par un dernier désir, celui de vivre encore.
En dépit des précautions que Balzac prend dans sa préface pour dissocier la personne de l'écrivain des personnages et situations qu'il invente<ref>Préface, Modèle:P..</ref>, il semble bien que Raphaël de Valentin s'exprime comme Balzac lui-même, qui veut tout : la gloire, la richesse, les femmes : Modèle:Citation bloc
Un réalisme fantastique
Dans la préface de l'édition de 1831, Balzac expose une esthétique réaliste, selon laquelle le roman doit être un miroir de la réalité : Modèle:Citation Mais il ajoute peu après : Modèle:Citation bloc
Ce serait donc une erreur de ne voir dans ce livre que du réalisme, au sens étroit du terme : Modèle:Citation bloc
Thématique
Derrière le conte fantastique se retrouve le thème classique du pacte avec le Diable : Modèle:Citation Il rappelle au lecteur que toute chose a un prix et que le bonheur perpétuel n'existe pas. Un choix est indispensable entre vivre plus intensément moins longtemps, et moins intensément plus longtemps. C'est d'ailleurs l'objet de la discussion entre Raphaël de Valentin et l'antiquaire sans âge qui lui offre la peau.
De façon plus générale, cette œuvre constitue une réflexion sur le désir : faut-il chercher à satisfaire tous ses désirs pour être heureux ?
L'édition de 1831 porte en épigraphe un dessin de Laurence Sterne, dans Tristram Shandy.
Éditions illustrées
- La Peau de chagrin, première édition illustrée (100 vignettes gravées sur acier par Brunellière, Nargeot, Langlois d'après les dessins de Gavarni, Baron, Janet-Lange, François Marckl), Paris, H. Delloye et V. Lecou<ref>Notice bibliographique du catalogue général de la BnF.</ref>, 1838
- La Peau de chagrin, illustré de 16 hors-texte, Paris, éditions Jules Tallandier<ref>Notice bibliographique du catalogue général de la BnF.</ref>, Modèle:Coll, 1930
Adaptations
Adaptations musicales et chorégraphiques
- La Peau de chagrin, drame lyrique en quatre actes de Charles Lévadé (1869-1948), livret de Pierre Decourcelle et Michel Carré
- La Peau de chagrin (Die tödlichen Wünsche), opéra de Giselher Klebe (1959-1962)<ref>Pierre Sipriot, Balzac sans masque. Splendeurs et misères des passions 1799-1850, Robert Laffont, 1992, Modèle:P.319 Modèle:ISBN.</ref>
- La Peau de Chagrin, ballet en 2 actes, argument, chorégraphie et mise en scène de Peter Van Dijk, musique d'Ivan Semenoff, décors et costumes de Jean-Pierre Ponnelle, première le Modèle:Date- à l'Opéra-Comique de Paris (salle Favart)<ref>Nicole Wild et David Charlont, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris, Répertoire 1762-1972, Mardaga, 2005, Modèle:P.357-358 Modèle:ISBN.</ref>
- L'Os de chagrin, grand ballet et opéra-entr'acte de Yuri Khanon, opus 37-38 (1989-1990)<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Os de chagrin sur eTV (russe).</ref>
Adaptations au cinéma
- 1909 : La Peau de chagrin. France. Réalisation Michel Carré.
- 1915 : La Peau de chagrin (The Magic Skin). États-Unis. Réalisation Richard Ridgely.
- 1917 : La Peau de chagrin (Das Spiel vom Tod). Allemagne. Réalisation Alwin Neuß.
- 1923 : La Peau de chagrin (Slave of Desire). États-Unis. Réalisation : George D. Baker.
- 1939 : La Peau de chagrin (Die unheimlichen Wünsche). Allemagne. Réalisation Heinz Hilpert.
- 1943 : La Peau de chagrin (La piel de zapa). Argentine. Réalisation Luis Bayón Herrera.
- 1960 : La Peau de chagrin (Šagrenska Koža). Yougoslavie. Réalisation Vlado Kristl.
- 1992 : L'Os de chagrin<ref>Encyclopédie Kino (Russie). L'Os de chagrin.</ref> (Chagrenevaia Kost après l'opéra L'Os de chagrin de Youri Khanon, oc.38, 1990). Russie. Réalisation : Igor Bezroukov<ref>Encyclopédie Kino et Teatr.ru, film-opéra L'Os de chagrin.</ref>.
Adaptations à la télévision
- 1980 : La Peau de chagrin. France. Réalisation : Michel Favart. Adaptation et dialogues : Armand Lanoux. Avec Marc Delsaert, Raphaël de Valentin ; Catriona MacColl, comtesse Fœdora ; Anne Caudry, Pauline Gaudin de Witschnau ; Richard Fontana, Horace ; Alain Cuny, l'antiquaire.
- 2010 : La Peau de chagrin, France, Belgique. Réalisation : Alain Berliner. Avec Thomas Coumans, Raphaël de Valentin ; Mylène Jampanoï, comtesse Fœdora ; Jean-Paul Dubois, général Gaudin ; Julien Honoré, Rastignac ; Jean-Pierre Marielle, l'antiquaire ; Annabelle Hettmann, Pauline Gaudin de Witschnau.
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- Pierre Barbéris, « L'accueil de la critique aux premières grandes œuvres de Balzac », L'Année balzacienne, 1968
- Pierre Barbéris, Balzac et le mal du siècle, Gallimard, 1970, t. II, Modèle:P.1223-1613
- Pierre Bayard, Balzac et le troc de l'imaginaire. Lecture de « La Peau de chagrin », Éditions Minard, 1978
- Balzac et « La Peau de chagrin », ouvrage collectif présenté par Claude Duchet, SEDES, 1979
- Nouvelles lectures de « La Peau de chagrin », ouvrage collectif présenté par Pierre-Georges Castex, Clermont-Ferrand, Faculté des lettres, 1979
- Modèle:Article
- Arlette Michel, « Le pathétisme balzacien dans La Peau de chagrin, Histoire des Treize, Le Père Goriot », L'Année balzacienne, 1985
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage
- Scott Sprenger, «Death by Marriage in La Peau de Chagrin,» Dix-Neuf, no 11, Modèle:Vol., 2008, Modèle:P.