Le Déjeuner sur l'herbe

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Le Déjeuner sur l'herbe est un tableau d'Édouard Manet achevé en 1863, d'abord intitulé Le Bain, puis La Partie carrée. Exposé brièvement pour la première fois au Salon des refusés le Modèle:Date- puis décroché<ref>Catalogue des ouvrages de peinture, sculpture, gravure, lithographie et architecture : refusés par le Jury de 1863 et exposés, par décision de S.M. l'Empereur au salon annexe, palais des Champs-Elysées, le 15 mai 1863, Édouard Manet, Le Bain, no. 363, Bibliothèque nationale de France</ref>, réexposé l'année suivante non sans scandale en marge du Salon<ref>Histoire du tableau, notice du musée d'Orsay.</ref>, il entra dans le patrimoine public en 1906 grâce à la donation du collectionneur Étienne Moreau-Nélaton<ref>De Corot aux impressionnistes, hommage à Etienne Moreau-Nélaton. Site du Musée d'Orsay.</ref>.

La brutalité du style et surtout la juxtaposition d'une femme nue « ordinaire »<ref>Musée critique de la Sorbonne Modèle:Citation</ref>, regardant le public, et de deux hommes tout habillés, ont suscité un scandale autant esthétique que moral et des critiques acerbes lorsque l'œuvre a été proposée au Salon. Manet bouscule en effet le bon goût des bourgeois qui visitent les expositions et tue d'une certaine manière la peinture mythologique<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Cette toile peut ainsi être considérée comme l'une des premières œuvres de la peinture moderne ; en effet, le but de l'artiste était de briser la glace sur l'hypocrisie que la forme nue était acceptable dans la peinture académique, mais pas acceptable dans la vraie vie, de cette manière, il utilise son art pour changer le monde dans lequel il se trouve<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Description

Au premier plan, est représenté le contenu d'un pique-nique (qui peut passer pour une nature morte) avec des fruits, un pain, des cerises sur un lit de feuilles et un panier de fruits renversé sur les vêtements du modèle, un habit bleu à pois. Une femme nue assise avec désinvolture au milieu du bois, entre deux hommes dandys habillés en costume contemporain, regarde le spectateur avec impudence tandis qu'une autre femme, à peine voilée, se baigne langoureusement<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Commentaire d'Émile Zola

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Analyse

Les quatre personnages s'inscrivent dans un triangle, une constante dans l'art classique, alors que les deux hommes forment un triangle renversé, comme dans les compositions pyramidales de la Renaissance<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Manet appelle familièrement sa toile la Partie carrée, titre repris par la rumeur qui voit dans les deux femmes nues des prostituées<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Le panier renversé, symbole de luxure, confirme que l'interprétation de la toile n'est plus allégorique ou mythologique mais érotique, d'où le scandale à l'époque<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Au premier plan, la femme nue est Victorine Meurent, le modèle le plus fréquemment utilisé par Manet. Au centre, le peintre représente le sculpteur hollandais Ferdinand Leenhoff, frère de Suzanne Manet, née Suzanne Leenhoff, que Manet épousa sur le tard. L'homme accoudé à demi étendu sur l'herbe est Eugène Manet<ref>Eric Tisserand, Nathalie Fink, Modèle:Opcit, p.68</ref>. Enfin, la femme se baignant dans l'étang à l'arrière-plan est un modèle bien connu des peintres amis de Manet, Alexandrine-Gabrielle Meley, qui deviendra plus tard Alexandrine Zola.

Le style et la facture du tableau choquent également le public et les critiques : le paysage esquissé (inspiré pourtant de croquis de la propriété familiale des Manet à Gennevilliers) ressemble à un décor fictif, les lois de la perspective sont enfreintes (la femme en arrière-plan devrait être plus petite), les dégradés sont délaissés au profit de contrastes de lumière et de couleurs qui donnent l'impression que les personnages ne sont pas bien intégrés dans la composition artificielle qui laisse apparaître les coups de pinceau<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Cependant, en insérant dans le tableau de nombreuses allusions trompeuses (telle l'irréelle juxtaposition de fruits de saisons différentes), l'artiste rappelle l'illusion de la scène qu'il ne faut pas interpréter au premier degré<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Manet, tout en refusant par cette allégorie le cloisonnement entre le nu académique et la peinture inspirée de la vie coutumière, fait référence aux thématiques classiques de ses grands maîtres mais les détourne, les transgresse. Ayant perdu toute déférence pour les peintres du passé, il cherche à les éclipser pour caricaturer la sexualité des mœurs bourgeoises de son époque, cachée sous un romantisme apprêté : la Pêche miraculeuse ou la muse porteuse d'eau du Titien devient la baigneuse dont l'attitude peut être interprétée comme une personne prise d'une envie pressante ou une prostituée qui prend soin de se laver après l'acte sexuel<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> ; la grenouille dans le coin gauche en bas de la toile est un nom donné par les étudiants aux prostituées; la colombe sacrée est remplacée par le bouvreuil qui déploie ses ailes sur la jeune femme en train de se soulager ; le panier renversé est un symbole de la perte d'innocence ; les fruits (pêches, cerises et figues), comme les coquilles d'huîtres (réputées aphrodisiaques) évoquent une métaphore érotique qui, associée à la nudité impudique (non cadrée par la convention allégorique ou mythologique qui, traditionnellement, autorisait les nudités dans le contexte de la peinture d'histoire) sont une véritable provocation et une atteinte aux bonnes mœurs<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Sources d'inspiration

Antonin Proust cite les propos de Manet, qui conçoit l'idée de son tableau en contemplant des baigneuses sortant de l'eau à Argenteuil : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Le peintre réalise alors dans son atelier une toile avec laquelle il tient à scandaliser tout en s'inspirant de sources classiques pour Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Manet souhaite donner ainsi une version moderne du Concert champêtre (1508-1509) du peintre de la Renaissance Titien (œuvre précédemment attribuée à son maître Giorgione)<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Dans cette allégorie de Poésie, on voit deux femmes nues (Calliope et Polymnie, Muses de la poésie épique et lyrique) en compagnie de deux jeunes hommes bien habillés, l'un d'eux jouant du luth. La scène se situe dans un paysage arcadien. Manet reprend ce thème avec des personnages modernes, présentant la scène comme un « pique-nique en forêt », détente favorite des citadins en fin de semaine. Le Déjeuner sur l'herbe est en fait un manifeste d'une nouvelle façon de peindre et, en effet, d'une nouvelle conception de l'art et de la relation entre l'art et son public.

La composition, quant à elle, est dérivée d'une scène avec des dieux de la rivière dans une gravure (1514-1518) réalisée par Marcantonio Raimondi d'après un dessin de Raphaël), Le Jugement de Pâris. La scène représente des personnages strictement identiques dans leur pose à ceux du Déjeuner sur l'herbe. Même l'étang en arrière-plan est présent, toutefois, en y ajoutant une baigneuse (disproportionnée et pudiquement voilée dans le respect des traditions), Manet rompt l'harmonie de cet exemple.

La représentation de deux couples qui se reposent dans un parc ou dans un décor similaire est un sujet classique dans la peinture galante, tel qu'illustré dans La Partie carrée (1713) d'Antoine Watteau.

Au Salon de 1853, déjà, le tableau de Gustave Courbet Les Baigneuses, dans lequel figure également un nu féminin réaliste au premier plan, provoque un scandale.

Le sujet du Déjeuner sur l'herbe est repris (jusqu'au titre) par Claude Monet dans un tableau de 1865.

James Tissot, contemporain et ami de Manet, peint sa propre version du thème en 1870.

Variations

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1865 : Claude Monet

En 1865, Claude Monet commença à peindre son propre Déjeuner sur l'herbe en réponse à celui de Manet. Toutefois, cet immense tableau (Modèle:Dunité) est demeuré incomplet. Il représente une scène plus socialement acceptable de récréation bourgeoise (on remarque Camille Monet, Gustave Courbet et Frédéric Bazille), mais puisqu'il s'agit d'une démonstration d'un nouveau style que l'on appellera plus tard « impressionniste », l'accent est plus sur les effets de lumière que sur le sujet comme tel. Le jeu subtil d'ombre et de lumière démontre les avantages de la peinture pleinairiste et contraste avec la lumière d'atelier peu naturelle de Manet. Après que la peinture monumentale fut endommagée par l'humidité, Monet l'a découpée en trois. Les sections de gauche et du centre sont maintenant au musée d'Orsay, mais la troisième est perdue. Une étude complète pour le tableau est à Moscou, au musée des Beaux-Arts Pouchkine.

1961 : Pablo Picasso

En 1961, près d'un siècle après le Déjeuner de Manet, un Pablo Picasso vieillissant choisit de s'attaquer à ce grand monument de l'art moderne. En moins de deux ans, Pablo Picasso a réalisé 26 toiles (le musée d'Orsay en présente 14 versions), six gravures sur linoléum et 140 dessins d'après le tableau de Manet.

1964 : Alain Jacquet

L'artiste français Alain Jacquet, marqué par le pop art, a réalisé, en 1964, une interprétation du Déjeuner sur l'herbe<ref>Déjeuner sur l'herbe , sur centrepompidou.fr</ref> par une approche photographique et en utilisant un tirage sérigraphique.

1970 : Herman Braun-Vega

Les invités sur l’herbe (1970, Collection du Musée d'Art moderne de Paris)<ref>Modèle:Lien web</ref> est l’une des premières variations du peintre franco-péruvien Herman Braun-Vega autour du Déjeuner de Manet, dans laquelle les invités sont Vélasquez et Picasso. On peut voir dans cette œuvre un télescopage entre sa série Velazquez mis à nu accompagné des meninas en 53 tableaux (en particulier le panneau central du multiptyque) qui lui fut inspirée par l’œuvre de Picasso sur le même thème, et sa série d’acryliques Picasso dans un déjeuner sur l'herbe qualifiée de « sérieusement hilarante » par le critique d’art John Canaday dans un article du New York Times<ref>Modèle:Lien web</ref>. Cette première série de variations fut suivi d’autres utilisations plus épisodiques du Déjeuner de Manet, dans lesquels il intègre des personnages et des paysages de son Pérou natal : Encore un déjeuner sur le sable (1984) ou le peintre se représente lui-même à la place de l’un des personnages ; Cita en el campo et Cita en la Playa en 1985 ; I love the neutron bomb, estampe de 1986 ; Fin d’un déjeuner sur l’herbe en 1987 et Picnic en el Patio en 1988, autres produits du syncrétisme culturel inhérent à l’œuvre de Braun-Vega. Enfin, pour son exposition new-yorkaise de 1999, Le déjeuner in Central Park (Collection Château Malescasse)<ref>Modèle:Lien web</ref>.

1975 : groupe Untel

À l'occasion du vernissage du Salon des artistes français une réactualisation interprétée du Déjeuner sur l'herbe d'après Manet est proposée par Jean-Paul Albinet, Philippe Cazal et Alain Snyers.

1983 : Daniel Spoerri

Daniel Spoerri réalise en 1983 à Jouy-en-Josas une performance intitulée Le Déjeuner sous l’herbe. Il enterre les reliefs d'un déjeuner, qui sont exhumés, comme lors d'une fouille archéologique, en 2010<ref>Le Déjeuner sous l’herbe, Daniel Spoerri</ref>.

1994 : John Seward Johnson II

En 1994, le sculpteur américain John Seward Johnson II recrée la peinture en trois dimensions, et a intitulé ce travail Déjeuner déjà vu.

2002 : Vladimir Dubossarsky et Alexandre Vinogradov

En 2002, les peintres russes Vladimir Dubossarsky et Alexandre Vinogradov ont peint un Déjeuner sur l'herbe en hommage aux peintres impressionnistes.

2009 : Rip Hopkins

En 2009, au salon Paris Photo, le photographe britannique Rip Hopkins présente son interprétation de l'œuvre, sur le stand de la galerie Le Réverbère. L'image est née, fin 2006, d'une commande du musée d'Orsay : pour célébrer son Modèle:20e, l'institution donne carte blanche à cinq membres de l'agence Vu pour photographier les salariés du musée. Rip Hopkins est chargé de faire une œuvre avec le personnel, qui doit choisir une peinture et une mise en scène. Cyrille et le déjeuner sur l'herbe, sorte de boucle temporelle, utilise le tableau original et place, en premier plan, un homme nu dont la pose semble répondre à celle de la jeune femme du tableau. Le nu masculin présenté frontalement « réactive » le scandale initial lié au tableau originel. La photographie est en effet refusée par le musée lors de sa première exposition.

2010 : Mickalene Thomas

De mars à Modèle:Date-, le Museum of Modern Art de New York présente à l'entrée du musée sur la Modèle:53e, une version du Déjeuner sur l'herbe signée par l'artiste Mickalene Thomas.

Autres

Dans un genre différent, on citera aussi la peinture murale de l'avenue du Général-Leclerc, face au cimetière de Pantin. Ici, la pudeur prévaut et la femme située à l'avant-plan n'est pas tout à fait nue. Quant à celle de l'arrière-plan, elle n'est pas visible du tout.

Postérité

Le tableau fait partie des « 105 œuvres décisives de la peinture occidentale » constituant le musée imaginaire de Michel Butor<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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