Séfarades
Modèle:Confusion Modèle:Infobox Groupe ethnique
Les Juifs séfarades ou simplement Séfarades (parfois orthographié Sépharades) ou Sefardim (de l'hébreu : סְפָרַדִּים), sont les membres des communautés juives historiques habitant ou issus de la péninsule Ibérique.
Au Moyen Âge, avant leur expulsion en 1492 par les autorités chrétiennes à la suite de la Reconquista, ils ont participé au foisonnement créatif et culturel d’Al-Andalus, caractérisé par un contexte multiculturel fécond à la fois musulman, chrétien et juif<ref>Modèle:Ouvrage</ref> dans les domaines de la philosophie, de la poésie et des sciences. Ils y ont également développé une culture, un mode de vie et des langues propres.
Leur expulsion a aussi participé à la découverte ou redécouverte des œuvres (plus exactes ou complètes) des auteurs classiques antiques, grecs et romain, ainsi qu'à la diffusion de la pensée des auteurs de langue arabe en philosophie, théologie, poésie, médecine, astronomie, arithmétique, logique, etc.Modèle:Référence souhaitée
Étymologie et sens
Modèle:Citation<ref name="Attias & Benbassa p250-251" />, sur le fleuve Pactole, dont le fameux Crésus fut roi au Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle Ce mot est un hapax, c’est-à-dire un terme dont on ne connaît qu'une occurrence (pour celui-ci dans la Bible).
Cependant, le sens actuel de « séfarade » provient de la langue hébraïque médiévale, dans laquelle Sefarad désigne la péninsule Ibérique<ref name="Attias & Benbassa p250-251" /> et désigne les Juifs originaires de la péninsule Ibérique.
Parfois, le terme séfarade désigne par extension les communautés juives ayant adopté certaines formes rituelles propres aux Juifs d’Espagne et du Portugal, voire tous les autres Juifs non ashkénazes. Ainsi, pour Esther Benbassa et Jean-Christophe Attias, Modèle:Citation<ref name="Attias & Benbassa p250-251">Modèle:Chapitre</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>. Pour Haïm Vidal Séphiha, il s'agit d'Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>.
En Israël aussi, le grand rabbin séfarade représente surtout les Juifs issus des pays arabes souvent jadis intégrés à l'Empire ottoman, bien plus que ceux se réclamant d’une identité ibérique, désormais fortement diluée.
Dans la péninsule ibérique
Modèle:Citation<ref>Modèle:Chapitre</ref>.
Les Juifs sont présents dans l'actuelle Espagne à l'époque de l'Empire romain (-190 - 414) ; ils passent sous la domination des Wisigoths (414-711), puis sous celle des arabo-musulmans en 711.Modèle:Citation<ref name=":0">Modèle:Ouvrage</ref>. Des Juifs ont joué alors un rôle de premier plan dans l'administration, l'appareil d'État, la finance ; parmi les plus célèbres, Hasdaï ibn Shaprut, et Samuel ibn Nagrela. À cette époque, se forme aussi une élite savante qui s'illustre par de grandes œuvres philosophiques et poétiques, dont les représentants sont, notamment Moïse ibn Ezra, Salomon ibn Gabirol, Moïse Maïmonide, etc.
Dès la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les rois chrétiens reconquièrent des régions importantes de la péninsule ibérique et, dans un premier temps, ont recours aux Juifs au fur et à mesure de leur progression pour assurer la transition entre l'administration musulmane et l'administration chrétienne. La vie culturelle et religieuse juive séfarade continue donc de s'épanouir aux Modèle:S mini--Modèle:S mini- siècles sous les régimes chrétiens, et exerce une influence aussi bien sur le judaïsme européen du Nord que sur le judaïsme des pays musulmans au sud. L'invasion des Almohades, musulmans venus du Maroc au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, provoque le départ des Juifs qui se réfugient en Afrique du Nord ou dans l'Europe chrétienne.
Cependant, l'afflux et l'influence des réfugiés juifs inquiètent le clergé et, dès le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Modèle:Citation<ref name=":0" />, marginalisant les Juifs. Modèle:Citation<ref name=":0" />. Les persécutions culminent avec le tribunal de l'Inquisition catholique puis l'expulsion des Juifs en 1492.
Langues
Une ou deux langues se sont développées dans ce qui constitue l'Espagne actuelle, le judéo-espagnol dans le cas des Juifs de la Couronne de Castille, et peut-être le judèo-catalan, dans le cas des Katalanim, les Juifs de la zone catalanophone de la Couronne d'Aragon (Catalogne, le Pays valencien, les Îles Baléares, et La Bande d'Aragon), ainsi ainsi que des liturgies spécifiques à chaque territoire<ref name=":4">Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>,<ref name=":02">Modèle:Lien web</ref>,<ref name=":3">Modèle:Lien web</ref>.
Diaspora
Contraints par le décret de l'Alhambra signé par la reine Isabelle la Catholique en 1492 de quitter l’Espagne, les Séfarades conservent une langue proche de l'espagnol du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : il s'agit du judéo-espagnol, parlé encore aujourd’hui, et connaissant des expressions voisines telles que le judéo-catalan, le judéo-portugais et le ladino.
Les Juifs d’Espagne s’exilent essentiellement à travers tout l'Empire ottoman ; dans les Balkans comme à Sarajevo et Sofia, en Grèce comme à Rhodes et surtout Salonique qui devient un grand centre rabbinique et en Anatolie surtout sa capitale Constantinople, auparavant en Italie dans les ports comme Livourne, au Maroc et en Algérie sous le nom de megorachim. À Tétouan et dans l'ouest algérien se développe une variété de judéo-espagnol, le haketia. Les Juifs du Portugal emmènent aussi la tradition séfarade vers les Pays-Bas et en Angleterre. Les Séfarades émigrent aussi dans le Nouveau Monde ; ce furent les premiers Juifs d’Amérique, à New York notamment. Au Brésil, à Recife, des Juifs luso-néerlandais constituent la Synagogue Kahal Zur Israel, première congrégation religieuse juive des Amériques en 1636. D'autres suivront dans les îles Caraïbes et jusqu'à Cochin en Inde.
Le décret de l’Alhambra de 1492, responsable de l’expulsion des Séfarades d’Espagne, est resté en vigueur officiellement jusqu’en 1967<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Aux Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle et Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, les populations juives d'Afrique du Nord sont administrées par la France, à la suite de la colonisation de l'Algérie (à partir de 1830), puis après l'instauration du protectorat français de Tunisie (en 1881), puis celle du protectorat français au Maroc (en 1912). Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Juifs séfarades échappent aux persécutions nazies - à l'exception des Juifs grecs de Thessalonique et des autres communautés de la Grèce qui ont été en grande partie décimés dans les camps d'extermination allemands. Puis il y a eu quelques centaines de victimes mortes en déportation (principalement des natifs de l'Afrique du Nord française établis en France métropolitaine, ainsi que des Juifs tunisiens déportés lors de la courte occupation nazie en 1943). Après 1945, puis durant les décennies des années 1950 et 1960 (après les indépendances respectives de ces pays), une grande partie des Juifs d'Afrique du Nord émigre, soit vers Israël (nouvel État créé en 1948), soit vers la France. Modèle:Article détaillé
Israël
Avant que ne commence, au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le mouvement d'immigration de ce qui était à l'époque la Palestine sous domination ottomane, inspiré de l'idéologie sioniste, et qui mena à la constitution de l’État d'Israël, existait déjà un noyau de quelques milliers de Séfarades d'origine et de langue espagnole, à Jérusalem, Safed, et Hébron. La culture de ces communautés, illustrée notamment par l'œuvre d'Yitzhak Navon qui en était un descendant, a été submergée par l'apport ashkénaze des immigrants d'Europe centrale et orientale, devenus majoritaires au cours du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.
En Israël, les juifs arabophones, non séfarades mais qui suivaient une liturgie proche de celle des Juifs espagnols, ont également revendiqué à eux l'identité séfarade comme facteur d'unité et de fierté face à la suprématie des Juifs d'Europe de l'Est, tandis que les quelques milliers de séfarades d'ascendance espagnole (de Salonique, de Bulgarie et de Turquie) se sont lentement laissé absorber dans l'élément majoritaire.
En Israël, le terme « séfarades » s'emploie en concurrence avec « mizrahim », les deux mots étant dans ce pays presque synonymes, et désignant tous deux de manière impropre l'ensemble des Juifs non ashkénazes. Sur les difficultés d'intégration dans ce nouveau pays, voir Juifs Mizrahim en Israël.
Vers 1950, l'État d'Israël construit des Ma'abarot, des camps pour accueillir les Juifs des pays arabes et musulmans à la suite de leur exode massif.
Dès 1971, des jeunes inspirés par le mouvement afro-américain des Black Panthers en fondent une version israélienne, luttant pour les droits des « nouveaux séfarades », précédant l'affaire des enfants de la teigne qui fit scandale en 1974, et l'affaire des enfants yéménites.
Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Modèle:Citation a poussé les séfarades dans les bras de l'opposition de droite<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Des partis politiques séfarades proches de l'extrême-droite apparaissent : le Tami en 1981, le Shas en 1984, dont la participation peut être indispensable aux coalitions gouvernementales et le Gesher en 1996.
En 1998, Ori Orr, président du groupe politique le Parti travailliste d’Israël, ayant tenu des propos jugés scandaleux, propres à aggraver le divorce entre les séfarades et le Parti travailliste, a été suspendu de toutes ses responsabilités internes par Ehud Barak<ref>Modèle:Article</ref>.
En 2010, à Jérusalem, Modèle:Unité ashkénazes orthodoxes manifestent contre l’intervention de la Cour suprême d’Israël dans les affaires religieuses, et en particulier contre l'interdiction de la discrimination entre enfants ashkénazes et séfarades dans une école religieuse<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>. Le Premier ministre est en Israël le réel détenteur du pouvoir exécutif.
Deux séfarades-mizrahim ont été Présidents de l’État d'Israël : Yitzhak Navon (1978-1983) et Moshe Katsav (2000-2007), respectivement ladinophone et persanophone. Le Président de l’État d'Israël est doté d'attributions essentiellement honorifiques.
France
Le berceau historique du judaïsme séfarade en France est la Gascogne, qui accueillit sous l'Ancien régime des milliers de Juifs fugitifs d'Espagne et du Portugal, en particulier à Bordeaux et à Bayonne. Ils constituèrent les premières communautés séfarades et furent rejoints au cours du Modèle:S mini- et du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle par quelques milliers de Séfarades italiens et ottomans qui ont adopté le rite portugais en usage en France, notamment à Paris à la synagogue de la rue Buffault. La communauté juive française a été considérablement augmentée et transformée par l'arrivée en France des Juifs d'Afrique du Nord de culture nord-africaine mais se réclamant du rite séfarade, venus en France au moment de la décolonisation<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
De 1981 à 1988, René-Samuel Sirat devient le premier grand-rabbin de rite séfarade de France, fonction traditionnellement confiée à la communauté juive alsacienne autrefois majoritaire<ref>Modèle:Lien web</ref>. Raphaël Perez est le grand-rabbin de la communauté séfarade de Strasbourg de 1984 à 2005. De 2008 à 2021, Joël Mergui est le premier président d'origine nord-africaine du Consistoire central israélite de France<ref>Modèle:Lien web</ref>, les précédents ayant été tous Lorrains ou alsaciens à l'exception d'Adolphe Crémieux, d'origine provençale, entre 1842 et 1845, le fondateur de l’École normale israélite orientale, et le promoteur du décret de naturalisation française des Juifs algériens en 1871, lorsqu'il était ministre de la Justice dans le premier gouvernement de la Troisième république.
Espagne
À partir de 2012, l'Espagne accepte d'octroyer la nationalité espagnole aux personnes pouvant attester d'une ascendance séfarade, sous certaines conditions<ref>Modèle:Lien web</ref>. En Modèle:Date-, le gouvernement de Mariano Rajoy lève l'une des clauses les plus décriées, celle imposant l'abandon de la nationalité précédente, et reconnaît dès lors la double nationalité. Cette décision relève de la démarche générale de reconnaissance d'une Modèle:Citation par les autorités espagnoles<ref>Modèle:Article.</ref>. Depuis, les demandes de naturalisation, venues en majorité de Turquie, arrivent régulièrement aux ambassades espagnoles<ref>Modèle:Radio Modèle:Ouvrage. Émission de Sonia Kronlund, diffusée le 9 décembre 2014 sur France Culture.</ref>.
Portugal
En 2015, le Portugal a promulgué un décret-loi concernant l'obtention de la nationalité portugaise par les descendants de juifs séfarades portugais<ref name=DL>Modèle:Lien web</ref>. Bien que le roi du Portugal [[Manuel Ier (roi de Portugal)|Manuel {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }}]] eût tout d’abord promulgué une loi assurant leur protection, il décida, à partir de 1496, d’expulser tous les Juifs qui refusaient de se soumettre au baptême catholique. En dépit de persécutions et de la distance qui les séparait du territoire de leurs ancêtres, de nombreux Juifs séfarades d’origine portugaise et leurs descendants ont conservé non seulement leur langue, le portugais, mais aussi les rites traditionnels propres à leur culte hébraïque ancestral au Portugal, préservant, au fil des générations, leurs noms de famille, les objets et les documents attestant de leur origine portugaise, de même qu’un lien mémoriel fort qui les a conduits à se désigner eux-mêmes « juifs portugais » ou « juifs de la nation portugaise »<ref name=DL/>.
Spécificités
Outre les différences de prononciation avec les Ashkénazes et les airs des chants synagogaux, il existe des différences mineures dans les programmes de prières et dans la façon de pratiquer certains commandements de la loi juive<ref>Torat Emet Modèle:Langue.</ref>.
Les différences majeures entre Séfarades et Ashkénazes ne sont pas dans le domaine religieux, mais surtout dans le domaine culturel : langue vernaculaire, chansons, musique, poésie, littérature, nourriture…
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- David Bensoussan, L’Espagne des trois religions, L’Harmattan, Paris, 2007 Modèle:ISBN
- Victor Malka, Les Juifs sépharades, PUF, coll. Que sais-je ?, Paris, 1986, Modèle:ISBN 124Modèle:Nb p.
- Daniel Schroeter, « La Découverte des Juifs berbères », Relations judéo-musulmanes au Maroc : perceptions et réalités, édité par Michel Abitbol, Paris, Éditions Stavit, 1997, Modèle:P.169-187 (en ligne)
- Eva Touboul-Tardieu, Séphardisme et hispanité, Paris, PUPS, 2009.
- Modèle:Ouvrage.
Articles connexes
- Juifs
- Ladino, ou langues Judéo-espagnol et Judéo-espagnol calque ; Judéo-catalan ; Judéo-portugais
- Histoire des Juifs dits portugais en France, Histoire des Marranes en Angleterre, Modèle:Lien
Liens externes
- Modèle:Autorité
- Modèle:Dictionnaires
- Modèle:Bases
- La librairie Sepharade Mondiale
- Les Juifs dans l’Afrique septentrionale Ab. Cahen (Grand Rabbin de la province de Constantine) - Imprimerie L. ARNOLET - 1867 - Modèle:Nombre
- Les noms des Juifs du Portugal au temps de l’Inquisition
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Langue
- [1] Diaspora Sefardi - Jordi Savall, Hespèrion XXI - Alia Vox AV9809
- [2] Retour à Alger pour Roger Hanin, enterré dans un cimetière juif, Franceinfotv
- [3] Article de loi sur l'Obtention de la Naturalisation d’étrangers descendant de juifs séfarades portugais (en français) Décret-loi Modèle:N°A/2015 du Modèle:Date-
- mélodies Katalanim récupérées