Sarde

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox/Début Modèle:Infobox/Titre Modèle:Infobox/Image optionnelle Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle Modèle:Infobox/Sous-titre optionnel Modèle:Infobox/Ligne optionnelle Modèle:Infobox/Sous-titre optionnel Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle Modèle:Infobox/Sous-titre optionnel Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelleModèle:Infobox/Ligne mixte optionnelleModèle:Infobox/Ligne mixte optionnelleModèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelleModèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle{{#if:|Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle|Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle}}Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle{{#if:|Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle|Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle}}Modèle:Infobox/Ligne mixte optionnelleModèle:Infobox/Ligne mixte optionnelleModèle:Infobox/Ligne mixte optionnelleModèle:Infobox/Ligne mixte optionnelleModèle:Infobox/Ligne mixte optionnelleModèle:Infobox/Ligne mixte optionnelleModèle:Infobox/Ligne mixte optionnelleModèle:Infobox/Ligne mixte optionnelleModèle:Infobox/Ligne mixte optionnelle Modèle:Infobox/Sous-titre optionnel Modèle:Infobox/Ligne optionnelle Modèle:Infobox/Sous-titre optionnel Modèle:Infobox/Image Modèle:Infobox/Notice Modèle:Infobox/Fin{{#if:||{{#if:||}}}} Le sarde (en sarde : sardu, prononcé {{#ifeq:1|0|/ˈsaɾdu/|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}}) est une langue appartenant à la branche romane méridionale de la famille des langues indo-européennes. Il est parlé par les Sardes en Sardaigne et chez nombre de travailleurs émigrés sardes répartis dans tous les continents : la Sardaigne a recensé quelque 145 Modèle:Langue (« Cercles sardes ») qui sont soutenus et aidés financièrement afin que la culture et la langue soient préservées<ref>Modèle:Lien web.</ref>).

La langue sarde ne couvre pas toute l'île, d'autres variétés romanes y étant présentes : sassarese, gallurais (dialecte du corse sartenais), tabarquin (dialecte ligure) et l'alguérois (dialecte catalan).

En 1997, le sarde, ainsi que d'autres langues parlées sur l'île, a été reconnu par la loi régionale de Sardaigne<ref>Modèle:Lien web.</ref>. En 1999, la langue sarde a également été reconnue par la législation italienne sur les minorités linguistiques historiques<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Parmi les douze groupes ethnolinguistiques reconnus, le sarde a le plus grand nombre de locuteurs<ref name="eurolanghis">Modèle:Langue Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Langue. De Concini, Wolftraud (2003). Gli altri d'Italia : minoranze linguistiche allo specchio, Pergine Valsugana : Comune, Modèle:P..</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref name="portal-lem.com">Modèle:Lien web</ref>, bien qu'en diminution continue<ref name="eurolanghis" />,<ref>Modèle:Langue. Manuale Di Linguistica Italiana, De Gruyter, Manuals of Romance linguistics, Modèle:P..</ref>. Presque tous les locuteurs sont bilingues sarde-italien.

La langue sarde ne doit pas être confondue avec le paléosarde pré-romain et vraisemblablement non indo-européen ; alors que cette dernière a disparu depuis longtemps, la première est aujourd'hui classée par l'UNESCO comme une langue en grave danger d'extinction dans ses principaux dialectes.

Bien que la communauté des locuteurs puisse être définie comme ayant une " conscience linguistique élevée "<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, le sarde est sérieusement menacé par le processus de conversion linguistique vers l'italien, dont le taux d'assimilation, engendré à partir du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, parmi la population sarde est aujourd'hui assez avancé. L'état plutôt fragile et précaire dans lequel se trouve aujourd'hui la langue sarde, exclue même de la sphère familiale, est illustré par le rapport Euromosaic, dans lequel, comme le rapporte Roberto Bolognesi, Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

La population adulte sarde ne serait plus capable d'entretenir une seule conversation dans la langue ethnique<ref>Andrea Costale, Giovanni Sistu, Surrounded by Water: Landscapes, Seascapes and Cityscapes of Sardinia, Cambridge Scholars Publishing, 2016, Modèle:P..</ref>, celle-ci n'étant utilisée exclusivement que par 0,6 pour cent du total<ref>Modèle:Cite text</ref>, et moins de quinze pour cent, au sein de la population juvénile, auraient hérité de compétences entièrement résiduelles<ref name="thirteen">La Nuova Sardegna, 04/11/10, Per salvare i segni dell'identità – di Paolo Coretti</ref>,<ref name="Politica_linguistica" /> sous la forme décrite par Bolognesi comme "un argot non grammatical"<ref name="BolEsp126">Modèle:Lien web.</ref>.

L'avenir proche de la langue sarde étant loin d'être certain<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, Martin Harris affirme que, si la tendance ne peut être inversée, elle ne fera que laisser des traces dans l'idiome qui prévaut actuellement en Sardaigne, à savoir l'italien dans sa variante spécifiquement régionale, sous la forme d'un substrat<ref>Modèle:Langue Modèle:Ouvrage.</ref>.

Classification linguistique

Modèle:Citation bloc

Le sarde est considéré par de nombreux spécialistes comme la langue romane qui est restée la plus proche du latin vulgaire<ref>Rebecca Posner, John N. Green (1982). Language and Philology in Romance. Mouton Publishers. L'Aja, Parigi, New York. pp. 171 ss.</ref>,<ref>cfr. Mario Pei, Story of Language, 1949</ref>,<ref>cfr. Ti Alkire, Carol Rosen, Romance Languages: A Historical Introduction, 2010, Cambridge University Press</ref>,<ref>«L'aspetto che più risulta evidente è la grande conservatività, il mantenimento di suoni che altrove hanno subito notevoli modificazioni, per cui si può dire che anche foneticamente il sardo è fra tutti i parlari romanzi quello che è rimasto più vicino al latino, ne è il continuatore più genuino.» Francesco Mameli, Il logudorese e il gallurese, 1998, p. 11, Soter</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> ; à titre d'exemple, l'historien Manlio Brigaglia note que la phrase latine prononcée par un Romain en poste au Forum Traiani Pone mihi tres panes in bertula (" Mets trois pains dans ma sacoche ") correspondrait à sa traduction en sarde actuel Ponemi tres panes in bèrtula<ref>Modèle:Lien web</ref>. En effet, l’isolement insulaire précoce a coupé l'île du centre linguistique moteur qu'était Rome. Pendant un certain temps, ceci lui a évité un grand nombre de contacts avec d’autres langues (interférence linguistique), qui auraient pu être facteur d’évolution linguistique ; à cet égard on peut comparer sa situation à celle de l’islandais, langue scandinave restée la plus proche du vieux norrois. Le sarde est donc resté assez archaïque et conservateur<ref name="Walter175" />.

Bien que la base lexicale soit donc majoritairement d'origine latine, le sarde conserve néanmoins plusieurs indices du substrat linguistique des anciens Sardes avant la conquête romaine : on trouve des racines proto-sardes et, dans une moindre mesure, phénico-puniques dans plusieurs mots et surtout dans les noms de lieux, qui seraient conservés en Sardaigne dans un pourcentage plus important que dans le reste de l'Europe latine<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Leur origine indique un substrat paléo-méditerranéen qui révélerait des relations étroites avec le basque<ref>A.A., Atti del VI [i.e. Sesto] Congresso internazionale di studi sardi, 1962, p. 5</ref>,<ref>Giovanni Lilliu, La civiltà dei Sardi. Dal Paleolitico all'età dei nuraghi, 1988, p. 269, Nuova ERI</ref>,<ref>Yakov Malkiel (1947). Romance Philology, v.1, p. 199</ref>. Aux époques médiévale, moderne et contemporaine, la langue sarde a reçu des influences suprêmes du grec-byzantin, du ligure, du vulgaire toscan, du catalan, du castillan et enfin de l'italien.

Caractérisé par une physionomie distincte qui émerge des sources les plus anciennes disponibles<ref>«Il Sardo ha una sua speciale fisionomia ed individualità che lo rende, in certo qual modo, il più caratteristico degli idiomi neolatini; e questa speciale individualità del Sardo, come lingua di tipo arcaico e con una fisionomia inconfondibile, traspare già fin dai più antichi testi.» Carlo Tagliavini (1982). Le origini delle lingue neolatine. Bologna: Patron. p. 388.</ref>, le sarde est considéré comme faisant partie d'un groupe autonome au sein du roman<ref>«Il sardo rappresenta un insieme dialettale fortemente originale nel contesto delle varietà neolatine e nettamente differenziato rispetto alla tipologia italoromanza, e la sua originalità come gruppo a sé stante nell’ambito romanzo è fuori discussione.»Modèle:Lien web</ref>,<ref>«La nozione di alloglossia viene comunemente estesa in Italia anche al sistema dei dialetti sardi, che si considerano come un gruppo romanzo autonomo rispetto a quello dei dialetti italiani.» Modèle:Lien web</ref> et a été comparé par des linguistes comme Max Leopold Wagner et Benvenuto Aronne Terracini au roman africain, aujourd'hui disparu, avec les variétés dont il partage plusieurs parallèles et un certain archaïsme linguistique, ainsi qu'un détachement précoce de la matrice latine commune<ref>Wagner, M. (1952). Il Nome Sardo del Mese di Giugno (Lámpadas) e i Rapporti del Latino d'Africa con quello della Sardegna. Italica, 29(3), 151-157. doi:10.2307/477388</ref> ; le sarde est classé par certains comme le seul représentant survivant d'une branche qui autrefois comprenait également la Corse<ref>«In earlier times Sardinian probably was spoken in Corsica, where Corsican (Corsu), a Tuscan dialect of Italian, is now used (although French has been Corsica’s official language for two centuries).» Sardinian language, Encyclopedia Britannica</ref>,<ref>«Evidence from early manuscripts suggests that the language spoken throughout Sardinia, and indeed Corsica, at the end of the Dark Ages was fairly uniform and not very different from the dialects spoken today in the central (Nuorese) areas.» Martin Harris, Nigel Vincent (2000). The Romance languages. London and New York: Routledge. p. 315.</ref> et la rive sud de la Méditerranée susmentionnée<ref>«Sardinian is the only surviving Southern Romance language which was also spoken in former times on the island of Corsica and the Roman province of North Africa.» Modèle:Ouvrage</ref>.

Phonétique

Fichier:Padre Nostro sardo.jpg
Église du Pater Noster, Jérusalem. Notre Père (Modèle:Langue) en sarde.

Voyelles : les ĭ et les ŭ (brefs) du latin ont conservé leurs timbres originels (Modèle:SAPI et Modèle:SAPI) : siccus devient sikku (et non comme en français, sec ou en italien, secco). Une autre caractéristique est l’absence de diphtongaison romane. Exemple : Modèle:Langue devient Modèle:Langue (prononcé parfois poðet), et non comme en italien Modèle:Langue, en espagnol Modèle:Langue ou en français peut, où apparaît une diphtongue (qui a disparu dans le cas du français).

Très archaïsant est également le maintien de Modèle:SAPI et de Modèle:SAPI devant Modèle:SAPI et Modèle:SAPI : kentu pour cent en français, ou encore Modèle:Langue en italien.

Fichier:Romance-lg-classification-en.png
Classification des langues romanes (Koryakov, 2001)<ref>Koryakov Y.B. Atlas of Romance languages. Moscow, 2001</ref>. Le sarde (avec un hypothétique ancien corse) est inscrit dans un groupe distinct formé des langues romanes insulaires (Island Romance).

Un caractère original du sarde est l’évolution de Modèle:Graphie en Modèle:SAPI. C'est un phonème cacuminal, souvent transcrit par Modèle:Graphie (d pointé) : Modèle:Langue pour Modèle:Langue (« corail »). Ces traits seraient dus au substrat d'une hypothétique langue paléosarde, mal connue et parfois désignée comme langue nouragique (des nuraghe)<ref>Il sostrato paleosardo, Centro di Studi Filologici Sardi</ref>. Modèle:Référence nécessaire ou romaines et se retrouve notamment en Corse-du-Sud et en Sicile. D'autres particularités existent dans certaines régions de la Sardaigne comme la prothèse vocalique devant /r/ (arrana « grenouille » pour rana) ou la lénition du /f/ initial, traits phonétiques qui rappellent fortement le basque, le castillan ou le gascon.

Morphologie et syntaxe

L’article défini sarde est original car il est issu de ipse (alors que dans les langues romanes, l'origine est le plus souvent ille, illu), d’où su, sa au singulier et sos, sas au pluriel. On retrouve cette caractéristique en catalan des Îles Baléares et de façon résiduelle en occitan, notamment dans le dialecte provençal des Alpes-Maritimes (hors le niçois)<ref>Frédéric Mistral, Trésor du Félibrige, T2, P904</ref> et, à l'état de résidu (dans la toponymie, remplacé par "eth" dans la langue moderne), en gascon aranais<ref>Bernat Arrous. "Es Aranés anc no an agud nulh seior que Deus. A qué s’assemblaua era lengua que parlauen eth Araneses deth temps dera Crotzada?". in Era Batalha de Murèth, 1213; Era Querimònia, 1313; Era Grana Patzeria, 1513 (en ligne).</ref>.

La marque du pluriel est -s, comme dans toute l'Europe latine occidentale (français, occitan, catalan, espagnol, portugais) : sardu, sardus - pudda, puddas (poule) - margiani, margianis (renard).

Le futur est construit avec la forme latine habeo ad : app’a istàre (je resterai).

L'interdiction se construit avec une négation (no) suivie du verbe. Ce verbe peut être conjugué ou à l'infinitif. Par contre, il ne peut pas être à l'impératif. Pour donner un ordre négatif, on utilise 'non' suivi de la deuxième personne singulier ou pluriel du subjonctif présent, comme dans les langues romanes de la péninsule Ibérique : no bengias ! (ne viens pas !)<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Ainsi, lorsque le marqueur négatif 'no' accompagne un autre mot négatif, les deux négations ne s'annulent pas pour donner un sens positif à la phrase, contrairement à d'autres langages. En sarde, 'Je n'ai pas acheté rien' signifie 'Je n'ai rien acheté' et non 'J'ai acheté quelque chose' : la double négation n'existe pas.

Lexique

Le lexique présente également des traits conservateurs : par exemple, le latin albus « blanc » a été conservé, comme en roumain alb, alors que presque toutes les autres langues romanes l'ont remplacé par un mot d'origine germanique<ref name="Walter175"/>.

Histoire et influences linguistiques

Modèle:Article détaillé L'isolement relatif de la Sardaigne par rapport à l'Europe continentale a favorisé le développement d'une langue romane qui conserve les traces de sa (ses) langue(s) autochtone(s) pré-romaine(s). La langue est supposée avoir des influences substratales du Paléo-sarde, que certains chercheurs ont liées au basque<ref>Eduardo Blasco Ferrer, ed. 2010. Paleosardo: Le radici linguistiche della Sardegna neolitica. De Gruyter Mouton</ref>,<ref>Juan Martín Elexpuru Agirre, ed. 2017. Euskararen aztarnak Sardinian?. Pamiela Argitaletxea</ref> et à l'étrusque<ref name="pittau.it">Modèle:Lien web</ref>; on a également tenté d'établir des comparaisons avec les langues berbères d'Afrique du Nord<ref>C'est le cas, par exemple, des préfixes préromans ta, tha, ti, thi, tu qui font leur apparition surtout en relation avec des noms de petits animaux (par exemple tilicherta "lézard", tilipirche "sauterelle", etc.) mais même avec d'autres mots en dehors de ce champ sémantique (par exemple thàlau "son", tugru "cou"). Max Leopold Wagner (1951). La lingua sarda, p. 251.</ref> pour mieux comprendre la ou les langues parlées en Sardaigne avant sa romanisation. Les influences adstrates ultérieures comprennent le catalan, l'espagnol et l'italien. La situation de la langue sarde par rapport aux langues politiquement dominantes n'a pas changé jusqu'au fascisme italien<ref><<Dopo pisani e genovesi si erano susseguiti aragonesi di lingua catalana, spagnoli di lingua castigliana, austriaci, piemontesi ed, infine, italiani [...] Nonostante questi impatti linguistici, la "limba sarda" si mantiene relativamente intatta attraverso i secoli. [...] Fino al fascismo: che vietò l'uso del sardo non solo in chiesa, ma anche in tutte le manifestazioni folkloristiche.>>. De Concini, Wolftraud (2003). Gli altri d'Italia : minoranze linguistiche allo specchio, Pergine Valsugana : Comune, p.195-196.</ref> et, de toute évidence, dans les années 1950<ref name="Rosita">Modèle:Ouvrage</ref>,<ref name="Ministero">Minoranze linguistiche, Sardo. Ministero della Pubblica Istruzione</ref>.

L'origine et le substrat

Les origines de l'ancien sarde, aussi connu sous le nom de paléo-sarde, sont actuellement inconnues. La recherche a tenté de découvrir des racines obscures et indigènes. La racine s(a)rd, indiquant de nombreux noms de lieux ainsi que le peuple de l'île, serait soit associée aux Shardanes, l'un des peuples de la mer<ref>Ugas, Giovanni (2017). Shardana e Sardegna : i popoli del mare, gli alleati del Nordafrica e la fine dei grandi regni (15.-12. secolo a.C.), Edizioni della Torre, Cagliari, Modèle:P.</ref>, soit, selon d'autres sources, retraceraient plutôt la racine /s(a)rd/ de Modèle:Grec ancien, une femme légendaire du royaume anatolien de Lydie<ref>Platonis dialogi, scholia in Timaeum (edit. C. F. Hermann, Lipsia 1877), 25 B, pag. 368</ref>,<ref>M. Pittau, La Lingua dei Sardi Nuragici e degli Etruschi, Sassari 1981, pag. 57</ref>, ou du personnage mythologique libyen Sardus Pater Babai (« Père sarde » ou « Père des Sardes »)<ref>Salluste, Historiae, II, fr.4</ref>,<ref>Pausanias, Ελλάδοσ περιήγησισ, X, 17</ref>,<ref>Silius Italicus, Punica, XII, 360</ref>,<ref>Gaius Julius Solinus, Collectanea rerum memorabilium, IV, 1</ref>,<ref>Isidore of Seville, XIV, Etymologiae, Thapsumque iacentem, 39</ref>,<ref>Personaggi: Sardo</ref>,<ref>Serra, Marcello (1978). Enciclopedia della Sardegna : con un saggio introduttivo intitolato Alla scoperta dell'isola, Pisa, Giardini editori e stampatori, Modèle:P.: "Origine e carattere dei Sardi"</ref>.

En 1984, Massimo Pittau affirme avoir trouvé l'étymologie de nombreux mots latins dans la langue étrusque, après les avoir comparés avec la ou la (les) langue(s) nuragique(s)<ref name="pittau.it" />. Des éléments étrusques, dont on pensait qu'ils étaient d'origine latine, indiquent un lien entre la culture sarde antique et les Étrusques. Selon Pittau, la (les) langue(s) étrusque(s) et nuragique(s) descendraient du lydien (et donc de l'indo-européen) à la suite de contacts avec les Étrusques et autres Tyrrhéniens de Sardes comme le décrit Hérodote<ref name="pittau.it" />. Pittau suggère que les Tirrenii ont atterri en Sardaigne et les Étrusques ont débarqué en la moderne Toscane, mais ses opinions ne sont pas partagées pour la plupart.

Selon Alberto Areddu<ref>Alberto Areddu, Le origini albanesi della civiltà in Sardegna: Gli appellativi. Sostratismi e correlazioni sardo-albanesi (Naples: Autorinediti, 2007).</ref>, les Shardanes étaient d'origine illyrienne, sur la base de certains éléments lexicaux, unanimement reconnus comme appartenant au substrat autochtone. Areddu affirme que les anciens Sardes, en particulier ceux des régions les plus intérieures (Barbagia et Ogliastra), auraient parlé une branche particulière de l'indo-européen. Il existe en effet des correspondances, formelles et sémantiques, avec les quelques témoignages de langues illyriennes (ou thraces), et surtout avec leur prétendu continuateur linguistique, l'albanais. Il trouve de telles corrélations : sarde : Modèle:Langue, Modèle:Langue, Modèle:Langue « if » = albanais : Modèle:Langue « if » ; sarde Modèle:Langue « clématite » = albanais : Modèle:Langue « lierre » ; sarde : Modèle:Langue « tendril » = albanais : Modèle:Langue « vrille »<ref>Due nomi di piante che ci legano agli albanesi, Alberto Areddu. L'enigma della lingua albanese</ref>. Il a également découvert quelques corrélations avec le monde des oiseaux des Balkans<ref>Alberto Areddu, Uccelli nuragici e non nella Sardegna di oggi, Seattle 2016</ref>.

Selon Bertoldi et Terracini, le paléo-sarde présente des similitudes avec les langues ibériques et le siculien; par exemple, le suffixe -ara dans les proparoxytones indique le pluriel. Terracini a proposé la même chose pour les suffixes dans -/àna/, -/ànna/, -/énna/, -/ònna/, -/ònna/ + /r/ + une voyelle paragogique (comme le toponyme Bunnànnaru). Rohlfs, Butler et Craddock ajoutent le suffixe -/ini/ (tel que le toponyme Barumini) comme élément unique du paléo-sarde. Suffixes dans /a, e, o, o, u/ + -rr- a trouvé une correspondance en Afrique du Nord (Terracini), en Espagne (Blasco Ferrer), en Italie du Sud et en Gascogne (Rohlfs), avec une relation plus étroite avec le Basque (Wagner et Hubschmid). Selon Terracini, les suffixes -/ài/, -/éi/, -/éi/, -/òi/, -/òi/, et -/ùi/ sont communs aux paléo-sarde et le berbère. Pittau souligne qu'il s'agit de termes se terminant à l'origine par une voyelle accentuée, avec une voyelle paragogique attachée; le suffixe résiste à la latinisation dans certains noms de lieux, qui montrent un corps latin et un suffixe nuragique. Selon Bertoldi, certains toponymes se terminant par -/ài/ et -/asài/ indiquent une influence anatolienne. Le suffixe -/aiko/, largement utilisé en Ibérie et peut-être d'origine celtique, et le suffixe ethnique dans -/itanos/ et -/etanos/ (par exemple, les Sulcitanos sardes) ont également été notés comme éléments paléo-sardes (Terracini, Ribezzo, Wagner, Hubschmid et Faust).

Les linguistes Blasco Ferrer (2009, 2010) et Arregi (2017<ref>«Quel filo che lega i sardi con i baschi», La Nuova Sardegna</ref>) ont tenté de faire renaître un lien théorique avec le basque en associant des mots comme le Sard ospile « pâturage frais pour le bétail » et le basque Modèle:Langue ; le sarde Modèle:Langue « vagabond » et le basque Modèle:Langue « étranger » ; le sarde Modèle:Langue et le basque Modèle:Langue « houx » ; le gallurais (corso-sarde) zerru « porc » et le basque Modèle:Langue. Les recherches génétiques ont montré que les Basques sont très proches des Sardes<ref name=Arnaiz-Villena />,<ref>Il genetista conferma le origini comuni tra i sardi e i baschi, La Nuova Sardegna</ref>,<ref name="Naturegen" />.

Depuis le Néolithique, un certain degré de variance entre les régions de l'île est également attesté. La culture d'Arzachena, par exemple, suggère un lien entre la région la plus septentrionale de la Sardaigne (Gallura) et la Corse du Sud, qui trouve une confirmation supplémentaire dans la Naturalis Historia de Pline l'Ancien. Il existe également quelques différences stylistiques entre le nord et le sud de la Sardaigne nuragique, ce qui peut indiquer l'existence de deux autres groupes tribaux (Balares et Ilienses) mentionnés par le même auteur romain. Selon l'archéologue Giovanni Ugas<ref>Giovanni Ugas – L'alba dei Nuraghi (2005) pg.241</ref>, ces tribus auraient en fait joué un rôle dans la formation des différences linguistiques régionales actuelles de l'île.

Période classique

Fichier:Bronzo Nuragico. Cacciatore.JPG
Chasseur, statuette de bronze, période nuragique.

Vers les Xe et IXe siècles av. J.-C., les marchands phéniciens étaient connus pour leur présence en Sardaigne, qui servait de médiateur géographique entre la péninsule ibérique et la péninsule italienne. Aux VIIIe et VIIe siècles, les Phéniciens ont commencé à établir des établissements permanents, politiquement organisés comme des cités-États, de la même manière que les zones côtières libanaises. Il ne fallut pas longtemps avant qu'ils ne commencent à graviter autour de la sphère d'influence carthaginoise, dont le niveau de prospérité poussa Carthage à envoyer une série de forces expéditionnaires sur l'île; bien que repoussée au départ par les indigènes, la ville nord-africaine poursuivit vigoureusement une politique d'impérialisme actif et, au sixième siècle, réussit à établir sa domination politique et militaire dans le sud-ouest de la Sardaigne. Le punique a commencé à être parlé dans la région, et beaucoup de mots sont entrés dans l'ancien sarde aussi bien. Des noms comme giara "plateau" (cf. hébreu ya'ar:"forêt, maquis"), g(r)uspinu "nasturtium" (cf. punique cusmin), curma "rue de Chalep" (cf. ḥarmal "rue de Syrie"), mítza "source d'eau" (cf. hebreu mitsa, motza "lieu d'où émerge quelque chose"), síntziri "prêle des marais" (du punique zunzur "renouée des oiseaux"), tzeúrra "pousse" (du punique zeraʿ "pépin"), tzichirìa "aneth" (du Punique sikkíria ; cf. hebreu šēkhār "bière") et tzípiri "romarin" (du punique zibbir) sont couramment utilisés, en particulier dans les variétés modernes sardes de la plaine campidanaise, tandis que vers le nord l'influence est plus limitée aux noms de lieux, comme Macumadas dans la province de Nuoro ou Magumadas dans Gesico et Nureci, qui proviennent du punique maqom hadash "nouvelle ville"<ref>Giulio Paulis, «Sopravvivenze della lingua punica in Sardegna», in L'Africa romana, Atti del VII Convegno di Studio (Sassari 1989), Sassari, Gallizzi, 1990, Modèle:P.</ref>,<ref>Giulio Paulis, «L'influsso linguistico fenicio-punico in Sardegna. Nuove acquisizioni e prospettive di ricerca», in Circolazioni culturali nel Mediterraneo antico. Atti della VI giornata camito-semtica e indoeuropea, I Convegno Internazionale di linguistica dell'area mediterranea, Sassari 24-27 aprile 1991, edited by Paolo Filigheddu, Cagliari, Corda, 1994, Modèle:P.</ref>.

Fichier:I popoli della Sardegna Romana.png
Les tribus sardes décrites par les Romains<ref>Attilio Mastino (2005). Storia della Sardegna antica. Edizioni Il Maestrale. p. 307. Modèle:ISBN</ref>.
Fichier:Map Length of Roman Rule Neo Latin Languages.jpg
Durée de la domination romaine et apparition des langues romanes<ref>Bereznay, András (2011). Erdély történetének atlasza. Méry Ratio. p. 63. Modèle:ISBN</ref>

La domination romaine a commencé en 238 av. J.-C. et a apporté le latin en Sardaigne, mais elle a été souvent contestée par les tribus sardes locales et s'est avérée incapable de remplacer complètement les langues sardes pré-latines, y compris le punique, qui a continué à être parlé pendant le Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref>Ignazio Putzu, "La posizione linguistica del sardo nel contesto mediterraneo", in Neues aus der Bremer Linguistikwerkstatt: aktuelle Themen und Projekte, ed. Cornelia Stroh (Bochum: Universitätsverlag Modèle:Dr N. Brockmeyer, 2012), 183.</ref>. Quelques obscures racines nuragiques sont restées inchangées, et dans de nombreux cas le latin a accepté les racines locales (comme nur, probablement de Norax, qui fait son apparition dans nuraghe, Nurra, Nurri et plusieurs autres toponymes). La Barbagia, région montagneuse centrale de l'île, tire son nom du latin Barbaria (terme qui signifie " terre des barbares ", d'origine similaire au mot Barbarie), parce que son peuple a longtemps refusé l'assimilation culturelle et linguistique: 50% des toponymes de la Sardaigne centrale, particulièrement sur le territoire d'Olzai, ne sont en réalité liés à aucune langue connue<ref>Wolf H. J., 1998, Toponomastica barbaricina, p.20 Papiros publisher, Nuoro.</ref>.

Pendant la domination romaine, l'île connaît une nouvelle période d'isolement<ref>«Sardinia was under the control of Carthage from around 500BC. It was conquered by Rome in 238/7 BC, but was isolated and apparently despised by the Romans, and Romanisation was not rapid.» James Noel Adams (9 January 2003). Bilingualism and the Latin Language. Cambridge University Press. p. 209. Modèle:ISBN</ref>, dans laquelle elle devient une terre d'exil parmi des populations considérées comme proches des populations africaines et vouées au banditisme et à la piraterie<ref>«E viceversa gli scrittori romani giudicavano la Sardegna una terra malsana, dove dominava la pestilentia (la malaria), abitata da popoli di origine africana ribelli e resistenti, impegnati in latrocinia ed in azioni di pirateria che si spingevano fino al litorale etrusco; un luogo terribile, scarsamente urbanizzato, destinato a diventare nei secoli la terra d’esilio per i condannati ad metalla». Modèle:Ouvrage</ref>. Célèbres sont les invectives de Cicéron qui, en se moquant des Sardes rebelles au pouvoir romain, dénonçait leur manque de fiabilité en raison de leur supposée origine africaine<ref>«Modèle:Lang» Modèle:Lien web</ref>, ayant en haine leur disposition à l'égard de Carthage plutôt que de Rome, et une langue incompréhensible<ref>«Cicerone in particolare odiava i Sardi per il loro colorito terreo, per la loro lingua incomprensibile, per l’antiestetica mastruca, per le loro origini africane e per l’estesa condizione servile, per l’assenza di città alleate dei Romani, per il rapporto privilegiato dei Sardi con l’antica Cartagine e per la resistenza contro il dominio di Roma.» Modèle:Ouvrage</ref>.

Pendant la longue domination romaine, le latin devint cependant progressivement la langue de la majorité des habitants de l'île<ref>Casula, Francesco Cesare (1994). La Storia di Sardegna. Sassari, it: Carlo Delfino Editore. Modèle:ISBN. Modèle:P.</ref>. En conséquence de ce processus de romanisation, la langue moderne sarde est aujourd'hui classée comme romane ou néo-latine, avec quelques traits phonétiques qui ressemblent au vieux latin. Certains linguistes affirment que le sarde moderne, faisant partie du groupe des langues romanes insulaires<ref name="Koryakov" />, a été la première langue à se séparer du latin<ref>Modèle:Article</ref>, et que toutes les autres langues ont évolué du latin vers le roman continental.

À cette époque, la seule littérature produite en Sardaigne l'était principalement en latin : les langues pré-romaines autochtones (paléo-sardes) et non autochtones (puniques) étaient déjà éteintes (la dernière inscription punique en Bithia, au sud de la Sardaigne, date du deuxième ou troisième siècle de notre ère<ref>Barreca F.(1988), La civiltà fenicio-punica in Sardegna, Carlo Delfino Editore, Sassari</ref>). Quelques poèmes gravés en grec ancien et en latin (les deux langues les plus prestigieuses de l'Empire romain<ref>Cum utroque sermone nostro sis paratus. Svetonio, De vita Caesarum, Divus Claudius, 42</ref>) se trouvent dans la grotte des couleuvres, à Calaris ou Cagliari ( Grutta'e sa Pibera en sarde, Grotta della Vipera en italien, Cripta Serpentum en latin), un monument funéraire construit par Lucius Cassius Philippus (romain exilé en Sardaigne) en mémoire de son épouse morte Atilia Pomptilla. Nous avons aussi des œuvres religieuses de Saint Lucifer et d'Eusèbe, tous deux de Cagliari.

Bien que la Sardaigne ait été influencée culturellement et gouvernée politiquement par l'Empire byzantin pendant près de cinq siècles, le grec n'est pas entré dans la langue à l'exception de quelques expressions rituelles ou formelles en sarde utilisant la structure grecque et, parfois, l'alphabet grec<ref>M. Wescher e M. Blancard, Charte sarde de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille écrite en caractères grecs, in "Bibliothèque de l’ École des chartes", 35 (1874), Modèle:P.</ref>,<ref>Un’inedita carta sardo-greca del XII secolo nell’Archivio Capitolare di Pisa, di Alessandro Soddu – Paola Crasta – Giovanni Strinna</ref>. Les condaghes, les premiers documents écrits en sarde, sont la preuve en ce sens. De la longue époque byzantine, il n'y a que quelques entrées, mais elles donnent déjà un aperçu de la situation sociolinguistique de l'île où, en plus de la langue néo-latine quotidienne de la communauté, le grec était également parlé par les classes dirigeantes<ref name="ReferenceA" />. Certains toponymes, tels que Jerzu (que l'on pense dériver du grec khérsos, "sec, stérile") et les noms personnels Mikhaleis, Konstantine et Basilis, démontrent une influence grecque<ref name="ReferenceA"/>.

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Le condaghe de San Pietro di Silki (1065-1180), écrit en sarde.
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Les dialectes depuis la fin du Moyen Âge : corse et gallurese (vert), sarde (orange), catalan (bleu)

Avec la conquête du sud de l'Italie et de la Sicile par les musulmans, les communications entre Constantinople et la Sardaigne se rompirent, et les quartiers sardes devinrent progressivement plus autonomes vis-à-vis de l'œcumène byzantin (grec: οἰκουμένη). La Sardaigne a ensuite été ramenée dans la sphère culturelle latine.

Période des Judicats

Le sarde fut la première langue romane de tous à obtenir un statut officiel, utilisée par les quatre Judicats<ref>"La langue sarde a acquis la dignité d'une langue nationale dès la fin du XIe siècle lorsque, grâce à des circonstances historiques, politiques et sociales favorables, elle a échappé à la limitation de l'usage oral à la forme écrite pour devenir le vulgaire sarde." Cecilia Tasca (a cura di), 2003. Manoscritti e lingua sarda, La memoria storica, p.15</ref>,<ref>«De plus, les Sardes sont le premier peuple de langue romane qui ont fait de la langue des gens du peuple la langue officielle de l'Etat, le Gouvernement...» Puddu, Mario (2002). Istoria de sa limba sarda, Ed. Domus de Janas, Selargius, pg.14</ref>,<ref>Gian Giacomo Ortu, La Sardegna dei Giudici p.264, Il Maestrale 2005</ref>,<ref>Maurizio Virdis, Le prime manifestazioni della scrittura nel cagliaritano, in Judicalia, Atti del Seminario di Studi Cagliari 14 dicembre 2003, a cura di B. Fois, Cagliari, Cuec, 2004, Modèle:P..</ref>,<ref>Comme souligne Ludovico Antonio Muratori, Modèle:Citation ('En réalité, je crois que notre peuple[les Italiens] ont été incités à employer la langue italienne pour écrire en prenant exemple sur nos voisins, les Provençaux, les Corse et les Sardes") et Modèle:Citation ("J'ai en outre rappelé l'exemple des Sardes et des Corses, qui ont utilisé leur propre langue vulgaire, en étant les deux qui avaient précèdé les Italiens en ce sens"). Antonio, Ludovico Antonio (1739). Antiquitates Italicae Moedii Evi, Mediolani, t. 2, col.1049</ref> d'anciens districts byzantins devenus des entités politiques indépendantes après que l'expansion arabe en Méditerranée eut coupé tous liens entre l'île et Byzance. L'exceptionnalité de la situation sarde, qui constitue en ce sens un cas unique dans tout le panorama roman, consiste dans le fait que les textes officiels ont été rédigés dès le début en sarde et ont complètement exclu le latin, contrairement à ce qui s'est passé à la même époque en France, en Italie et dans la péninsule ibérique ; le latin, même officiel, n'était en fait utilisé que dans les documents concernant les relations avec le continent<ref>«Un caso unico - e a parte - nel dominio romanzo è costituito dalla Sardegna, in cui i documenti giuridici incominciano ad essere redatti interamente in volgare già alla fine dell'XI secolo e si fanno più frequenti nei secoli successivi. (...) L'eccezionalità della situazione sarda nel panorama romanzo consiste - come si diceva - nel fatto che tali testi sono stati scritti sin dall'inizio interamente in volgare. Diversamente da quanto succede a questa altezza cronologica (e anche dopo) in Francia, in Provenza, in Italia e nella Penisola iberica, il documento sardo esclude del tutto la compresenza di volgare e latino. (...) il sardo era usato prevalentemente in documenti a circolazione interna, il latino in documenti che concernevano il rapporto con il continente.» Lorenzo Renzi, Alvise Andreose, Manuale di linguistica e filologia romanza, Il Mulino, 2009, pp. 256-257.</ref>.

L'un des documents les plus anciens laissés en sarde (la Carta Volgare) provient du Judicat de Cagliari et a été publié par Torchitorio I de Lacon-Gunale vers 1070, en utilisant l'alphabet grec<ref>Ferrer, Eduardo Blasco (1984). Storia Linguistica Della Sardegna, pg.65, De Gruyter</ref>. Le vieux sarde avait plus d'archaïsmes et de latinismes que la langue actuelle. Alors que les premiers documents montrent l'existence d'un koine sarde précoce<ref>Tagliavini, Carlo (1964). Le origini delle lingue neolatine, Patron, Bologna, pg.450</ref>,<ref>Salvi, Sergio. Le lingue tagliate: storia delle minoranze linguistiche in Italia, Rizzoli, 1975, Modèle:P.</ref>, la langue utilisée par les différents Judicats présentait déjà un certain éventail de variations dialectales<ref name="Ministero" />,<ref name="Lubello">Lubello, Sergio (2016). Manuale Di Linguistica Italiana, De Gruyter, Manuals of Romance linguistics, p.499</ref>. Une position particulière était occupée par le Judicat d'Arborée, le dernier royaume sarde à tomber aux mains de puissances étrangères, dans lequel était parlé un dialecte de transition. La Carta de Logu du Royaume d'Arborée, l'une des premières constitutions de l'histoire, rédigée en 1355-1376 par Marianus IV et la Reine, la "giudicessa" (judikessa en sarde, jutgessa en catalan) Éléonore, fut écrite dans cette variété sarde, et resta en vigueur jusqu'en 1827<ref>La Carta de Logu, La Costituzione Sarda</ref>. On présume que les juges arboréens ont tenté d'unifier les dialectes sardes afin d'être les dirigeants légitimes de toute l'île sous un seul état (républica sardisca "République sarde")<ref>Barisone II of Arborea, G. Seche, L'incoronazione di Barisone "Re di Sardegna" in due fonti contemporanee: gli Annales genovesi e gli Annales pisani, Rivista dell'Istituto di storia dell'Europa mediterranea, Consiglio Nazionale delle Ricerche, Modèle:N°, 2010</ref>; un tel but politique, après tout, était déjà manifeste en 1164, lorsque le juge arboreen Barison ordonna que son grand sceau soit fait avec les écrits "Baresonus Dei Gratia Rei Sardiniee" ("Barison, par la grâce de Dieu, roi de Sardaigne") et "Est vis Sardorum pariter regnum Populorum" ("Le règne du peuple est celui du peuple sarde")<ref>Casula, Francesco Cesare (2017). La scrittura in Sardegna dal nuragico ad oggi, Carlo Delfino Editore, Modèle:P.</ref>.

Fichier:Statuti Sassaresi XIV century 1a.png
  }} }} s.).
Extrait du condaghe de Bonarcado<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, 22 (1120-1146)
« Ego Gregorius, priore de Bonarcadu, partivi cun iudice de Gallulu. Coiuvedi Goantine Mameli, serbu de sancta Maria de Bonarcadu, cun Maria de Lee, ancilla de iudice de Gallul. Fegerunt II fiios: Zipari et Justa. Clesia levait a Zipari et iudice levait a Justa. Testes: Nigola de Pane, Comida Pira, Goantine de Porta, armentariu dessu archipiscobu. »

Dante Alighieri écrit dans son essai De vulgari eloquentia de 1302-05 que les Sardes, n'étant pas italiens (Latii) et n'ayant pas de lingua vulgaris à eux, ont plutôt singé le latin<ref name="Britannica" />,<ref>Dantis Alagherii De Vulgari Eloquentia Liber Primus, The Latin Library: Sardos etiam, qui non Latii sunt sed Latiis associandi videntur, eiciamus, quoniam soli sine proprio vulgari esse videntur, gramaticam tanquam simie homines imitantes: nam domus nova et dominus meus locuntur. (Lib. I, XI, 7)</ref>,<ref>De Vulgari Eloquentia (English translation)</ref>,<ref>De Vulgari Eloquentia 's Italian paraphrase by Sergio Cecchini</ref>,<ref name="people.unica.it" />,<ref name="Salvi" />. L'opinion de Dante a été rejetée, car le Sarde avait suivi son propre courant d'une manière déjà inintelligible aux non-îliens. Dans le vers populaire du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle tiré du poème en occitan Domna, tant vos ai preiada de Raimbaut de Vaqueiras, le sarde incarne, avec l'allemand et le berbère, une langage bizarre, faisant dire à l'épouse du troubadour "No t'entend plui d'un Todesco / Sardesco o Barbarì" ("Je ne vous comprends pas mieux que je comprends un Allemand / un Sarde ou un Berbère")<ref>Domna, tant vos ai preiada (BdT 392.7), vv. 74-75</ref>,<ref>Leopold Wagner, Max. La lingua sarda, a cura di Giulio Paulis Modèle:Lien brisé – Ilisso, Modèle:P.</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref name="Salvi" />,<ref>Rebecca Posner (ed. by), John N. Green (1982). Language and Philology in Romance, Mouton Publishers, Modèle:P.</ref>. Le poète toscan Fazio degli Uberti fait référence aux Sardes dans son poème Dittamondo comme "una gente che niuno non la intende / né essi sanno quel ch'altri pispiglia" ("un peuple que personne ne peut comprendre / ni ne parvient à connaître ce que disent les autres peuples")<ref>Dittamondo III XII 56 ss.</ref>,<ref name="people.unica.it" />,<ref name="Salvi" />.

Le géographe musulman Muhammad al-Idrisi, qui vivait à Palerme, en Sicile, à la cour du roi Roger II, écrit dans son ouvrage Kitab Nuzhat al-mushtāq fi'khtirāq al-āfāq ("Le livre des voyages agréables en terre lointaine" ou, simplement, "Le livre de Roger") que "Les Sardes sont ethniquement Rūm Afāriqah (Romano-africains), comme les Berbères; ils évitent les contacts avec toutes les autres nations de Rūm et sont des gens déterminés et courageux qui ne quittent jamais les armes"<ref>Modèle:Lien web. Annali della Facoltà di Lingue e Letterature Straniere dell'Università di Sassari, Vol. 3 (2003 pubbl. 2005), Modèle:P.. ISSN 1828-5384</ref>,<ref>Traduction par Michele Amari: «I sardi sono di schiatta Rum Afariqah (latina d'Africa), berberizzanti. Rifuggono (dal consorzio) di ogni altra nazione di Rum: sono gente di proposito e valorosa, che non lascia mai l'arme.» Note au passage de Mohamed Mustafa Bazama: «Questo passo, nel testo arabo, è un poco differente, traduco qui testualmente: "gli abitanti della Sardegna, in origine sono dei Rum Afariqah, berberizzanti, indomabili. Sono una (razza a sé) delle razze dei Rum. [...] Sono pronti al richiamo d'aiuto, combattenti, decisivi e mai si separano dalle loro armi (intende guerrieri nati).» Mohamed Mustafa Bazama (1988). Arabi e sardi nel Medioevo. Cagliari: Editrice democratica sarda. p. 17, 162.</ref>,<ref>Autre traduction en italien du passage original en arabe : «I sardi, popolo di razza latina africana piuttosto barbaro, che vive appartato dal consorzio delle altre genti latine, sono intrepidi e risoluti; essi non abbandonano mai le armi.» Al Idrisi, traduzione e note di Umberto Rizzitano (2008). Il Libro di Ruggero. Il diletto di chi è appassionato per le peregrinazioni attraverso il mondo. Palermo: Flaccovio Editore</ref>,<ref>Mastino, Attilio (2005). Storia della Sardegna antica, Edizioni Il Maestrale, Modèle:P.</ref>. En effet, le sarde était perçu comme assez similaire aux dialectes latins autrefois parlés par les Berbères chrétiens en Afrique du Nord, ce qui donnait du crédit à la théorie selon laquelle le latin vulgaire, tant en Afrique qu'en Sardaigne, présentait une richesse significative de parallélismes<ref>Paolo Pompilio (1455-91): «ubi pagani integra pene latinitate loquuntur et, ubi uoces latinae franguntur, tum in sonum tractusque transeunt sardinensis sermonis, qui, ut ipse noui, etiam ex latino est" ("Où les villageois parlent un latin presque intact et, lorsque les mots latins sont corrompus, ils passent au son et aux habitudes de la langue sarde, qui, comme je le sais moi-même, vient aussi du latin."). Cité dans Loporcaro, Michele (2015). Vowel Length from Latin to Romance, Oxford University Press, p.48</ref>. J. N. Adams est d'avis que la présence de plusieurs mots assez rares dans le reste du paysage du roman, tels que acina (raisin), pala (épaule), ou même spanus en latin africain et le sarde spanu ("rougeâtre"), pourrait prouver qu'il existait une bonne quantité de vocabulaire autrefois partagé entre l'Afrique et la Sardaigne<ref>J.N. Adams, The Regional Diversification of Latin 200 BC - AD 600, Cambridge University Press, 2007, p.576</ref>.

La littérature de cette période se compose principalement de documents juridiques, en plus de la Carta de Logu précitée. Le premier document contenant des éléments sardes est un don de 1063 à l'abbaye de Montecassino signé par Barisone I de Torres<ref>"Archivio Cassinense Perg. Caps. XI, n. 11 " e "TOLA P., Codice Diplomatico della Sardegna, I, Sassari, 1984, Modèle:P."</ref>. Autres documents sont la Carta Volgare (1070-1080) en sarde campidanais, le Privilege Logudorais (1080), la donation du Torchitorio (dans les archives de Marseille), la Carte Marsellaise 1190-1206 (en sarde campidanais) et une communication 1173 entre l'évêque Bernardo de Civita et Benedetto, qui a dirigé l'Opera del Duomo à Pise. Les Statuts de Sassari (1316) et de Castelgenovese (v. 1334) sont écrits en sarde logudorais.

Dans la deuxième moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle date la première chronique écrite dans la lingua sive ydiomate sardo<ref>Antonietta Orunesu, Valentino Pusceddu (a cura di). Cronaca medioevale sarda: i sovrani di Torres, 1993, Astra, Quartu S.Elena, p. 11</ref>, suivant les caractéristiques stylistiques typiques de l'époque. Le manuscrit, écrit par une personne anonyme et conservé aux Archives d'État de Turin, porte le titre de Condagues de Sardina et retrace les événements des juges qui se sont succédé au Judicat de Torres ; la dernière édition critique de la chronique fut rééditée en 1957 par Antonio Sanna.

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Première page de la Carta de Logu arboréen.

Période ibérique - Influence catalane et espagnole

Avec la conquête des Judicats de Cagliari et de Gallura, le pape Boniface VIII crée le royaume de Sardaigne et de Corse (Regnum Sardiniæ et Corsicæ) le Modèle:Date<ref>Christophe Roux, Corse française et Sardaigne italienne: Fragments périphériques de construction nationale, Éditions L'Harmattan, 01/052014</ref>, afin de pacifier les conflits en Sicile entre la couronne d’Aragon et la maison d’Anjou. Cela a conduit à la création du Royaume aragonais de Sardaigne et à une longue période de guerre entre les Aragonais et les Sardes, qui s'est terminée par une victoire aragonaise à Sanluri en 1409 et la renonciation à tout droit successoral signé par Guillaume II de Narbonne en 1420<ref>Francesco Cesare Casula, La storia di Sardegna, 1994</ref>. Pendant cette période, le clergé adopta le catalan comme langue principale, reléguant le sarde à un statut secondaire mais néanmoins pertinent au regard des actes officiels et de la loi du Royaume (la Carta de Logu fut étendue à la plus grande partie de l'île en 1421 par le Parlement). En accord avec le De rebus Sardois de Fara<ref>Modèle:Citation Fara, Francesco Giovanni (1580). De Rebus Sardois, De natura et moribus Sardorum, 1835-1580, Turin, Modèle:P.</ref>, l'avocat sarde Sigismondo Arquer, auteur de Sardiniae brevis historia et descriptio dans la Cosmographia Universalis de Sebastian Münster (dont le paragraphe sur la langue aurait été extrapolé grossièrement également par Conrad Gessner dans son Sur les différentes langues utilisées par les différentes nations du globe<ref>Gessner, Conrad (1555). De differentiis linguarum tum veterum tum quae hodie apud diversas nationes in toto orbe terraru in usu sunt, Sardorum lingua: pp. 66-67</ref>), a déclaré que le sarde prévalait dans la majeure partie du Royaume, en particulier dans l'intérieur rural, le catalan et l'espagnol étant parlés dans les villes où la classe dominante est éventuellement plurilinguée dans les langues indigènes et ibériques<ref>Sigismondo Arquer (edited by Maria Teresa Laneri, 2008). Sardiniae brevis historia et descriptio, CUEC, pg.30, De Sardorum Lingua. Modèle:Citation Sigismondo, Arquer (1549). Sardiniae brevis historia et descriptio, De Sardorum Lingua</ref>; Alghero est encore aujourd'hui une enclave catalanophone en Sardaigne<ref>Why is Catalan spoken in L'Alguer? – Corpus Oral de l'Alguerès</ref>.

La guerre de longue durée et la peste noire ont eu un effet dévastateur sur l'île, dépeuplant une grande partie de l'île. Les habitants de l'île voisine de la Corse commencèrent à s'installer sur la côte nord de la Sardaigne, ce qui donna naissance aux Sassarais et aux Gallurais<ref>Carlo Maxia, Studi Sardo-Corsi, Dialettologia e storia della lingua fra le due isole</ref>,<ref>Ciurrata di la linga gadduresa, Atti del II Convegno Internazionale di Studi</ref>.

Extrait de sa Vitta et sa Morte, et Passione de sanctu Gavinu, Prothu et Januariu (A. Cano, ~1400)<ref>Modèle:Lien web</ref>

O

Deu eternu, sempre omnipotente,
In s’aiudu meu ti piacat attender,
Et dami gratia de poder acabare
Su sanctu martiriu, in rima vulgare,
5. De sos sanctos martires tantu gloriosos
Et cavaleris de Cristus victoriosos,
Sanctu Gavinu, Prothu e Januariu,
Contra su demoniu, nostru adversariu,
Fortes defensores et bonos advocados,
10. Qui in su Paradisu sunt glorificados
De sa corona de sanctu martiriu.
Cussos sempre siant in nostru adiutoriu.
Amen.

Bien que le catalan soit largement parlé et écrit sur l'île à cette époque (laissant une influence durable en sarde), il existe quelques écrits sur le sarde, qui a été estimé comme étant la langue ordinaire des Sardes par les Jésuites en 1561<ref>Turtas, Raimondo (1981). La questione linguistica nei collegi gesuitici in Sardegna nella seconda metà del Cinquecento, in “Quaderni sardi di storia” 2, Modèle:P., at Modèle:P.</ref>. L'un d'eux est Sa Vitta et sa Morte, et Passione de sanctu Gavinu, Brothu et Ianuariu, écrit par Antòni Canu (1400-1476) et publié en 1557.

Fichier:Diez libros de fortuna y amor, LO FRASSO.jpg
Les Dix Livres de Fortune d'amour, roman pastoral écrit en espagnol par le poète sarde Antonio de Lofraso (1573).

Le Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle est plutôt marqué par un nouveau renouveau littéraire sarde : Rimas Spirituales, de Hieronimu Araolla<ref name="sardegnaculletorigini" />, visait à "glorifier et enrichir le sarde, notre langue" (magnificare et arrichire sa limba nostra sarda) comme l'avaient déjà fait les poètes espagnols, français et italiens pour leurs langues (la Deffense et illustration de la langue française et il Dialogo delle lingue)<ref name="Rosita"/>,<ref>Incipit à la "lettre au maître" en "La Sardegna e la Corsica", Ines Loi Corvetto, Torino, UTET Libreria, 1993: Semper happisi desiggiu, Illustrissimu Segnore, de magnificare, & arrichire sa limba nostra Sarda; dessa matessi manera qui sa naturale insoro tottu sas naciones dessu mundu hant magnificadu & arrichidu; comente est de vider per isos curiosos de cuddas.</ref> Antonio Lo Frasso, poète né à Alghero<ref name="Arce" /> (ville dont il se souvient affectueusement) qui a passé sa vie à Barcelone, a écrit des poèmes lyriques en sarde<ref>Lo Frasso, Antonio (1573). Los diez libros de fortuna d'Amor</ref>.

Par le mariage d'Isabelle de Castille et de Ferdinand II d'Aragon en 1469 et, plus tard en 1624, la réorganisation de la monarchie dirigée par le comte-duc d'Olivares, la Sardaigne rejoindra progressivement une large sphère culturelle espagnole et quittera l'exclusive aragonaise. L'espagnol était perçu comme une langue élitiste, gagnant du terrain parmi la classe dirigeante sarde ; l'espagnol avait donc une influence profonde sur le sarde, surtout dans ces mots, styles et modèles culturels en raison du prestigieux rôle international de la monarchie des Habsbourg et de la Cour<ref name="sardegnaculletorigini" />. La plupart des auteurs sarde ont écrit en espagnol et sarde jusqu'au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle et étaient bien versés dans la première, comme Vicente Bacallar y Sanna qui était un des fondateurs de la Real Academia Española<ref>Vicenç Bacallar, el sard botifler als orígens de la Real Academia Española - VilaWeb</ref>. Une exception notable est Pedro Delitala (1550-1590), qui décide d'écrire en italien<ref name="Arce" />,<ref>Rime diverse, Cagliari, 1595</ref>. Néanmoins, la langue sarde conserve une grande partie de son importance, étant la seule langue que les habitants des zones rurales continuent de parler<ref>Storia della lingua sarda, vol. 3, a cura di Giorgia Ingrassia e Eduardo Blasco Ferrer</ref>.

Le sarde était également l'une des rares langues officielles, avec l'espagnol, le catalan et le portugais, dont la connaissance était requise pour être un officier dans les tercios espagnols<ref>Olaya, Vicente G. (2019), La segunda vida de los tercios, El País: "Los tercios españoles solo podían ser comandados por soldados que hablasen castellano, catalán, portugués o sardo. Cualquier otro tenía vedado su ascenso, por eso los italianos que chapurreaban español se hacían pasar por valencianos para intentar su promoción"</ref>.

Entre-temps, le prêtre orgolais Ioan Matheu Garipa, qui traduisait l'italien Leggendario delle Sante Vergini e Martiri di Gesù Cristo vers le sarde (Legendariu de Santas Virgines, et Martires de Iesu Christu) en 1627, soulignait la noblesse du sarde par rapport au latin classique<ref>"Las apo voltadas in sardu menjus qui non in atera limba pro amore de su vulgu […] qui non tenjan bisonju de interprete pro bi-las decrarare, et tambene pro esser sa limba sarda tantu bona, quanta participat de sa latina, qui nexuna de quantas limbas si plàtican est tantu parente assa latina formale quantu sa sarda. […] Et quando cussu non esseret, est suficiente motiuu pro iscrier in Sardu, vider, qui totas sas nationes iscriven, & istampan libros in sas proprias limbas naturales in soro, preciandosi de tenner istoria, & materias morales iscritas in limba vulgare, pro qui totus si potan de cuddas aprofetare. Et pusti sa limba latina Sarda est clara & intelligibile (iscrita, & pronunciada comente conuenit) tantu & plus qui non quale si querjat dessas vulgares, pusti sos Italianos, & Ispagnolos, & totu cuddos qui tenen platica de latinu la intenden medianamente." Garipa, Ioan Matheu (1627). Legendariu de santas virgines, et martires de Iesu Crhistu, 1627, Per Lodouicu Grignanu, Roma</ref> et lui attribuait dans le Prologue, comme Araolla l'avait fait avant lui, une importante valeur ethnique et nationale<ref>« Totu sas naziones iscrient e imprentant sos libros in sas propias limbas nadias e duncas peri sa Sardigna – sigomente est una natzione – depet iscriere e imprentare sos libros in limba sarda. Una limba - sighit Garipa - chi de seguru bisongiat de irrichimentos e de afinicamentos, ma non est de contu prus pagu de sas ateras limbas neolatinas. » (« Toutes les nations écrivent et impriment des livres dans leur langue maternelle, et donc la Sardaigne - puisque c'est une nation - doit écrire et imprimer des livres en langue sarde. Une langue qui a sans doute besoin d'être enrichie et classée, mais qui n'est pas moins importante que les autres langues néolatines. »). Cité dans Casula, Francesco. Sa chistione de sa limba in Montanaru e oe</ref>.

Selon le philologue Paolo Maninchedda, ces auteurs, à commencer par Araolla, "n'ont pas écrit sur la Sardaigne ou en sarde pour s'intégrer dans un système insulaire, mais pour inscrire la Sardaigne et sa langue - et avec elles, eux-mêmes - dans un système européen. Élever la Sardaigne à une dignité culturelle égale à celle des autres pays européens signifiait également promouvoir les Sardes, et en particulier les Sardes éduqués, qui avaient le sentiment de manquer de racines et d'appartenance dans le "système culturel continental"<ref>Paolo Maninchedda (2000): Nazionalismo, cosmopolitismo e provincialismo nella tradizione letteraria della Sardegna (secc. XV–XVIII), in: Revista de filología Románica, 17, p. 178</ref>.

Période savoyarde - influence italienne

Modèle:Article connexe Modèle:Citation bilingue bloc

L'issue de la guerre de succession espagnole détermine la souveraineté autrichienne de l'île, confirmée ensuite par les traités d'Utrecht et de Rastatt (1713-1714) bien qu'elle ne dure que quatre ans car, en 1717, une flotte espagnole réoccupe Cagliari et l'année suivante, par un traité ratifié à La Haye en 1720, la Sardaigne est attribuée à Victor-Amédée II, en contrepartie de la Sicile. L'île est ainsi entrée dans l'orbite italienne après l'orbite ibérique. Ce transfert, dans un premier temps, n'implique aucun changement de langue et de coutumes : les Sardes continuent à utiliser les langues sarde et ibérique et même les symboles dynastiques aragonais et castillan seront remplacés par la croix de Savoie seulement en 1767<ref>M. Lepori, Dalla Spagna ai Savoia. Ceti e corona della Sardegna del Settecento (Roma, 2003)</ref>. La langue sarde, bien que pratiquée dans un état de diglossie, n'avait jamais été réduite au rang sociolinguistique de "dialecte", son indépendance linguistique étant universellement perçue et parlée par toutes les classes sociales<ref>Modèle:Ouvrage</ref> ; l'espagnol, par contre, était le code linguistique de prestige connu et utilisé par les strates sociales de culture au moins moyenne, de sorte que Joaquin Arce s'y réfère en termes de paradoxe historique : Le castillan était devenu la langue commune des îliens au siècle même où ils ont officiellement cessé d'être espagnols pour devenir italiens<ref>Joaquín Arce (1960), España en Cerdeña. Aportación cultural y testimonios de su influjo, Madrid, Consejo Superior de Investigaciones Científicas, Instituto «Jerónimo Zurita», p. 128</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Compte tenu de la situation actuelle, la classe dirigeante piémontaise, dans cette première période, se limite à maintenir les institutions politiques et sociales locales, en prenant soin de les vider de leur sens en même temps<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Cela était dû à trois raisons éminemment politiques : premièrement, la nécessité, en premier lieu, de respecter à la lettre les dispositions du Traité de Londres, signé le 2 août 1718, qui imposait le respect des lois fondamentales et des privilèges du Royaume nouvellement cédé, deuxièmement, la nécessité de ne pas générer de friction sur le front intérieur de l'île, largement pro-espagnol ; enfin, l'espoir, suscité depuis quelque temps déjà par les souverains savoyards, de pouvoir se débarrasser de la Sardaigne et récupérer la Sicile<ref>Cardia, Amos (2006). S'italianu in Sardìnnia candu, cumenti e poita d'ant impostu: 1720-1848; poderi e lìngua in Sardìnnia in edadi spanniola, Iskra, Ghilarza, Modèle:P.</ref>. Étant donné que l'imposition d'une nouvelle langue, telle que l'italien, en Sardaigne aurait enfreint l'une des lois fondamentales du Royaume, Victor-Amédée II souligne en 1721 que cette opération doit être menée de manière relativement furtive (Modèle:Langue)<ref>Roberto Palmarocchi (1936). Sardegna sabauda. Il regime di Vittorio Amedeo II. Cagliari: Tip. Mercantile G. Doglio. p. 95.</ref>. Cette prudence se retrouve en juin 1726 et janvier 1728, lorsque le roi a exprimé son intention de ne pas abolir le sarde et l'espagnol, mais seulement de diffuser la connaissance de l'italien<ref>Palmarocchi, Roberto (1936). Sardegna sabauda, v.I, Tip. Mercantile G. Doglio, Cagliari, Modèle:P.</ref>. Le désarroi initial des nouveaux dominateurs, qui avaient pris le relais des précédents, à l'égard de l'altérité culturelle de la possession insulaire se manifeste par une étude spéciale, commandée et publiée en 1726 par le jésuite barolais Antonio Falletti, intitulée Modèle:Langue (« Mémoire des moyens proposés pour introduire la langue italienne dans ce Royaume »), dans laquelle il était recommandé au gouvernement savoyard de recourir au la méthode d'apprentissage Modèle:Langue (« présenter une langue inconnue [l'italien] à travers une langue connue [l'espagnol] ») pour italianiser l'île<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. La même année, Victor-Amédée II avait exprimé la volonté de ne plus tolérer la méconnaissance de l'italien parmi les îliens, étant donné les inconvénients que cela causait aux fonctionnaires qui venaient en Sardaigne depuis le continent<ref>Rossana Poddine Rattu. Biografia dei viceré sabaudi del Regno di Sardegna (1720-1848). Cagliari: Della Torre. p. 31.</ref>. Les restrictions sur les mariages mixtes entre femmes sardes et officiers piémontais, jusqu'alors interdits par la loi<ref>Luigi La Rocca, La cessione del Regno di Sardegna alla Casa Sabauda. Gli atti diplomatici e di possesso con documenti inediti, in "Miscellanea di Storia Italiana. Terza Serie", v.10, Torino, Fratelli Bocca, 1905, p. 180-188.</ref>, seront levées et même encouragées afin de mieux diffuser la langue parmi les autochtones<ref>Eduardo Blasco Ferrer, Peter Koch, Daniela Marzo (2017). Manuale di linguistica sarda. Manuals of Romance linguistics. De Gruyter Mouton. p. 210.</ref>.

Fichier:Ploaghe, camposanto, lapidi in logudorese, 02.JPG
Cimetière historique de Ploaghe, où 39 épitaphes gravées en sarde et 3 en italien ont été conservées<ref>Modèle:Lien web</ref>. Dans ces pierres tombales, qui remontent à la seconde moitié du XIXe siècle, il est possible d'observer le processus de conversion linguistique ; notez, à gauche, la présence d'une pierre tombale en sarde avec référence aux prénoms historiques, complètement absents dans ceux, plus à droite, écrits en italien.

La relation entre le nouvel idiome italien et l'idiome natif, inséré dans un contexte historiquement marqué par une perception d'altérité linguistique<ref>Manuale di linguistica sarda, 2017, A cura di Eduardo Blasco Ferrer, Peter Koch, Daniela Marzo. Manuals of Romance Linguistics, De Gruyter Mouton, Modèle:P.: Modèle:Citation étrangère.</ref>, a été immédiatement placée dans une relation (quoique inégale) entre des langues fortement distinctes, plutôt qu'entre une langue et son dialecte comme ce fut le cas dans d'autres régions italiennes ; Les Espagnols eux-mêmes, qui constituaient la classe dirigeante aragonaise et castillane, considéraient le sarde comme une langue distincte de la leur et de l'italien<ref>Manuale di linguistica sarda, 2017, A cura di Eduardo Blasco Ferrer, Peter Koch, Daniela Marzo. Manuals of Romance Linguistics, De Gruyter Mouton, Modèle:P.</ref>. L'altérité perçue du sarde était cependant aussi pleinement ressentie par les Italiens qui se rendaient sur l'île et rapportaient leur expérience avec la population locale<ref>Modèle:Citation étrangère Eduardo Blasco Ferrer, Peter Koch, Daniela Marzo, Manuale di linguistica sarda. Manuals of Romance linguistics, De Gruyter Mouton, 2017, p. 209.</ref>, qu'ils comparaient aux Espagnols ou aux anciens peuples de l'Orient<ref>L'officier Giulio Bechi a dit ceci à propos des Sardes qui parlent Modèle:Citation étrangère Giulio Bechi, Caccia grossa. Scene e figure del banditismo sardo, Nuoro, Ilisso, 1997, 1900, p. 43, 64.</ref>,<ref>Modèle:Citation étrangère Francesco D'Austria-Este, Descrizione della Sardegna (1812), ed. Giorgio Bardanzellu, Cagliari, Della Torre, 1993, 1812, p. 43, 64.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Bien que l'italien soit considéré par certains comme « non indigène » ou « étranger »<ref>[...]È tanto nativa per me la lingua italiana, come la latina, francese o altre forestiere che solo s'imparano in parte colla grammatica, uso e frequente lezione de' libri, ma non si possiede appieno[...] diceva infatti tale Andrea Manca Dell'Arca, agronomo sassarese della fine del Settecento ('Ricordi di Santu Lussurgiu di Francesco Maria Porcu In Santu Lussurgiu dalle Origini alla Grande Guerra - Grafiche editoriali Solinas - Nuoro, 2005)</ref>, cet idiome avait jusqu'alors joué un rôle propre dans le nord de la Sardaigne, qui avait subi dans la tradition orale et écrite un processus de toscanisation qui avait commencé au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et s'était consolidé ensuite<ref>Francesco Sabatini, Minoranze e culture regionali nella storiografia linguistica italiana, sta in I dialetti e le lingue delle minoranze di fronte all'italiano (Atti dell'XI Congresso internazionale di studi della SLI, Società di linguistica italiana, a cura di Federico Albano Leoni, Cagliari, 27-30 maggio 1977 e pubblicati da Bulzoni, Roma, 1979, Modèle:P.)</ref>; dans les zones sardophones, correspondant aux centre-nord et sud de l'île, l'italien était au contraire presque inconnue parmi la population, éduquée ou non.

Néanmoins, la politique du gouvernement savoyard en Sardaigne, alors dirigée par le ministre Bogino, d'aliéner l'île de la sphère culturelle et politique espagnole afin de l'aligner sur l'Italie et particulièrement sur le Piémont<ref>L'italianizzazione dell'isola fu un obiettivo fondamentale della politica sabauda, strumentale a un più ampio progetto di assimilazione della Sardegna al Piemonte, Cardia, Amos (2006). S'italianu in Sardìnnia candu, cumenti e poita d'ant impostu: 1720-1848; poderi e lìngua in Sardìnnia in edadi spanniola, Iskra, Ghilarza, Modèle:P.</ref>,<ref>Modèle:Citation Joan Armangué i Herrero (2006). Represa i exercici de la consciència lingüística a l'Alguer (ss.XVIII-XX), Arxiu de Tradicions de l'Alguer, Cagliari, I.1</ref>, eut pour résultat l'imposition de l'italien par une loi en 1760<ref>Cardia, Amos (2006). S'italianu in Sardìnnia candu, cumenti e poita d'ant impostu: 1720-1848; poderi e lìngua in Sardìnnia in edadi spanniola, Iskra, Ghilarza, Modèle:P., 91</ref>,<ref>The phonology of Campidanian Sardinian : a unitary account of a self-organizing structure, Roberto Bolognesi, The Hague : Holland Academic Graphics</ref>,<ref> S'italianu in Sardìnnia , Amos Cardia, Askra</ref>,<ref>S'italianu in Sardigna? Impostu a òbligu de lege cun Boginu - LimbaSarda 2.0</ref>,<ref>La "limba" proibita nella Sardegna del Settecento (da "Ritorneremo", una storia tramandata oralmente) - MeiloguNotizie.net</ref> à la suite des États sardes de terre-ferme et notamment du Piémont<ref>Modèle:Citation. Guerci, Luciano (2006). L'Europa del Settecento : permanenze e mutamenti , UTET, Modèle:P.</ref>, où l'usage de l'italien fut officiellement consolidé depuis des siècles et renforcé davantage par l’édit de Rivoli. En 1764, l'imposition de la langue italienne a finalement été étendue à tous les secteurs de la vie publique<ref name="Bolognesi" />,<ref name="Salvi1" />, parallèlement à la réorganisation des universités de Cagliari et de Sassari, qui a vu l'arrivée du personnel continental, et celle de l'enseignement inférieur, qui a établi l'envoi d'enseignants du Piémont pour compenser l'absence de professeurs italophones sardes<ref>Cardia, Amos (2006). S'italianu in Sardìnnia candu, cumenti e poita d'ant impostu: 1720-1848; poderi e lìngua in Sardìnnia in edadi spanniola, Iskra, Ghilarza, Modèle:P.</ref>. Cette manœuvre n'était pas principalement liée à la promotion du nationalisme italien sur la population sarde, mais plutôt à un projet de renforcement géopolitique de la domination savoyarde sur la classe instruite de l'île, encore très liée à la péninsule ibérique, par le désinvestissement linguistique et culturel et la neutralisation des éléments portant les traces de la domination antérieure; néanmoins, l'espagnol a continué à être largement utilisé, dans les registres paroissiaux et les actes officiels, jusqu'en 1828<ref>Caria, Clemente (1981). Canto sacro-popolare in Sardegna, Oristano, S'Alvure, Modèle:P.</ref>, et l'effet le plus immédiat n'a donc été que la marginalisation sociale du sarde, puisque, pour la première fois, même les classes riches de la Sardaigne rurale (les printzipales) ont commencé à percevoir la sardophonie comme un handicap<ref name="Bolognesi" />. Le système administratif et pénal français introduit par le gouvernement savoyard, capable de s'étendre de manière très articulée dans tous les villages de Sardaigne, représentait pour les Sardes le principal canal de contact direct avec la nouvelle langue hégémonique<ref>Modèle:Citation Eduardo Blasco Ferrer, Giorgia Ingrassia (a cura di). Storia della lingua sarda : dal paleosardo alla musica rap, evoluzione storico-culturale, letteraria, linguistica. Scelta di brani esemplari commentati e tradotti, 2009, Cuec, Cagliari, Modèle:P.</ref>; pour les classes supérieures, même la suppression de l'ordre des Jésuites en 1774 et leur remplacement par les pro-Italien Piaristes<ref>Cardia, Amos (2006). S'italianu in Sardìnnia candu, cumenti e poita d'ant impostu: 1720-1848; poderi e lìngua in Sardìnnia in edadi spanniola, Iskra, Ghilarza, Modèle:P., 92</ref>, et les œuvres de la matrice des Lumières, imprimées dans le continent, jouèrent un rôle considérable dans leur italianisation primaire. Dans le même temps, divers cartographes piémontais ont italianisé les toponymes de l'île : bien que certains soient restés inchangés, la plupart ont subi un processus d'adaptation à la prononciation italienne, sinon de remplacement par des désignations en italien, qui continue aujourd'hui, souvent artificielles et résultant d'une mauvaise interprétation de la signification dans l'idiome local<ref name="Salvi1" />.

À la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, dans le sillage de la Révolution française, un groupe de petite bourgeoisie, appelé « Parti patriotique », se forme, méditant sur l'établissement d'une République sarde libérée du joug féodal et sous protection française ; ainsi, de nombreux pamphlets diffusés sur l'île, imprimés principalement en Corse et écrits en sarde, dont le contenu, inspiré par les valeurs des Lumières et apostrophé par les évêques sardes comme « Jacobin-Maçonnique », a incité le peuple à se rebeller contre la domination du Piémont et les abus baronaux dans la campagne. Le produit littéraire le plus célèbre de cette période de tension, qui éclate le 28 avril 1794, est le poème anti-féodal de Su patriotu sardu a sos feudatarios, testament moral et civil nourri des idéaux démocratiques français et marqué par un sentiment patriotique renouvelé<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Salvi, Sergio (1974). Le lingue tagliate, Rizzoli, p. 182-183</ref>.

La première étude systématique de la langue sarde a été rédigée en 1782 par le philologue Matteo Madau, sous le titre de Modèle:Langue<ref>Madau, Matteo (1782). Saggio d'un opera intitolata Il ripulimento della lingua sarda lavorato sopra la sua analogia colle due matrici lingue, la greca e la latina, Bernardo Titard, Cagliari</ref>. Dans l'introduction, il s'est plaint du déclin général de la langue (Modèle:Citation), l'intention patriotique qui animait Madau était en fait celle de tracer le chemin idéal par lequel le sarde pourrait parvenir à la reconnaissance définitive comme la seule langue nationale de l'île<ref>Matteo Madau - Dizionario Biografico Treccani</ref>,<ref>Matteo Madau, Ichnussa</ref>,<ref>Sa limba tocare solet inue sa dente dolet - Maurizio Virdis</ref>,<ref>Un arxipèlag invisible: la relació impossible de Sardenya i Còrsega sota nacionalismes, segles XVIII-XX - Marcel Farinelli, Universitat Pompeu Fabra. Institut Universitari d'Història Jaume Vicens i Vives, Modèle:P.</ref> ; cependant, le climat de répression du gouvernement savoyard envers la culture sarde aurait conduit Madau à voiler ses propositions avec une intention littéraire, se révélant incapable de les traduire dans la réalité<ref name="Cardia, Amos 2006">Cardia, Amos (2006). S'italianu in Sardìnnia candu, cumenti e poita d'ant impostu: 1720-1848; poderi e lìngua in Sardìnnia in edadi spanniola, Iskra, Ghilarza, Modèle:P.</ref>. Le premier volume de dialectologie comparée a été produit en 1786 par le jésuite catalan Andrés Febres, connu en Italie sous le faux nom de Bonifacio d'Olmi , de retour de Lima où il avait publié un livre de grammaire mapuche en 1764. Après avoir déménagé à Cagliari, il s'est intéressé au sarde et a mené une recherche sur trois dialectes spécifiques ; le but du travail, intitulé Prima gramma grammatica de' tre dialetti sardi<ref>Febres, Andres (1786). Prima grammatica de' tre dialetti sardi , Cagliari [Consultable dans la bibliothèque universitaire de Cagliari, Collection Baille, ms. 11.2.K., n.18]</ref>, était de Modèle:Citation et inciter les Sardes à Modèle:Citation. Le gouvernement de Turin, après avoir examiné l'œuvre, décida de ne pas permettre sa publication : Victor-Amédée III considéra comme un affront le fait que le livre contienne une dédicace bilingue en italien et en sarde, une erreur que ses successeurs, tout en se référant à la « patrie sarde », éviteraient alors, en s'assurant de ne faire usage que d'italien<ref name="Cardia, Amos 2006"/>. Dans le climat de restauration monarchique qui a suivi l'infructueuse révolution de Angioy, d'autres intellectuels sardes, tous caractérisés à la fois par une attitude de dévouement à leur île et de fidélité avérée à la Maison de Savoie, ont posé en fait encore plus explicitement la « question de la langue sarde », mais utilisant généralement l'italien comme langue pour transmettre les textes. À une courte distance de la saison de la révolte anti-piémontaise, en 1811, il y a la timide publication du prêtre Vincenzo Raimondo Porru, qui, cependant, se réfère uniquement à la seule variante méridionale (d'où le titre d'essai Saggio di grammatica del dialetto sardo meridionale) et, par prudence envers le roi, exprimé seulement en termes d'apprentissage de l'italien, au lieu de protection du sarde<ref>[Il Porru] In generale considera la lingua un patrimonio che deve essere tutelato e migliorato con sollecitudine. In definitiva, per il Porru possiamo ipotizzare una probabilmente sincera volontà di salvaguardia della lingua sarda che però, dato il clima di severa censura e repressione creato dal dominio sabaudo, dovette esprimersi tutta in funzione di un miglior apprendimento dell'italiano. Siamo nel 1811, ancora a breve distanza dalla stagione calda della rivolta antifeudale e repubblicana, dentro il periodo delle congiure e della repressione. Cardia, Amos (2006). S'italianu in Sardìnnia candu, cumenti e poita d'ant impostu: 1720-1848; poderi e lìngua in Sardìnnia in edadi spanniola, Iskra, Ghilarza, Modèle:P.</ref>. Il convient de noter la Modèle:Langue (« Orthographe nationale sarde ») par le chanoine, professeur et sénateur Giovanni Spano, qui a élevé une variante sarde unanimement acceptée comme une koinè, illustre en raison de sa relation étroite avec le latin, de la même manière que le dialecte florentin s'était établi en Italie comme « italien illustre »<ref>[...]Ciononostante le due opere dello Spano sono di straordinaria importanza, in quanto aprirono in Sardegna la discussione sul «problema della lingua sarda», quella che sarebbe dovuta essere la lingua unificata ed unificante, che si sarebbe dovuta imporre in tutta l'isola sulle particolarità dei singoli dialetti e suddialetti, la lingua della nazione sarda, con la quale la Sardegna intendeva inserirsi tra le altre nazioni europee, quelle che nell'Ottocento avevano già raggiunto o stavano per raggiungere la loro attuazione politica e culturale, compresa la nazione italiana. E proprio sulla falsariga di quanto era stato teorizzato ed anche attuato a favore della nazione italiana, che nell'Ottocento stava per portare a termine il processo di unificazione linguistica, elevando il dialetto fiorentino e toscano al ruolo di «lingua nazionale», chiamandolo «italiano illustre», anche in Sardegna l'auspicata «lingua nazionale sarda» fu denominata «sardo illustre». Massimo Pittau, Grammatica del sardo illustre, Nuoro, Modèle:P., Premessa</ref>,<ref>Modèle:Citation. Ispanu, Johanne (1840). Ortographia sarda nationale o siat grammatica de sa limba logudoresa cumparada cum s'italiana, pg.12</ref>.

Fichier:SardiniePiemont.jpg
Le royaume de Piémont-Sardaigne en 1856.

Selon le juriste italien Carlo Baudi di Vesme, l'interdiction et l'éradication de la langue sarde de tout profil privé et social de l'île aurait été souhaitable et nécessaire, en tant qu'œuvre d'« incivilisation » de l'île, pour qu'elle soit ainsi intégrée dans l'orbite désormais nettement italienne du Royaume<ref>"Una innovazione in materia di incivilimento della Sardegna e d'istruzione pubblica, che sotto vari aspetti sarebbe importantissima, si è quella di proibire severamente in ogni atto pubblico civile non meno che nelle funzioni ecclesiastiche, tranne le prediche, l'uso dei dialetti sardi, prescrivendo l'esclusivo impiego della lingua italiana. Attualmente in sardo si gettano i così detti pregoni o bandi; in sardo si cantano gl'inni dei Santi (Goccius), alcuni dei quali privi di dignità… È necessario inoltre scemare l'uso del dialetto sardo [sic] ed introdurre quello della lingua italiana anche per altri non men forti motivi; ossia per incivilire alquanto quella nazione, sì affinché vi siano più universalmente comprese le istruzioni e gli ordini del Governo… sì finalmente per togliere una delle maggiori divisioni, che sono fra la Sardegna e i Regi stati di terraferma." (Considerazioni politiche ed economiche sulla Sardegna, 1848 - Carlo Baudi di Vesme)</ref>. L'enseignement primaire, dispensé uniquement en italien, a donc contribué à une lente diffusion de cette langue parmi les autochtones, provoquant pour la première fois un processus d'érosion et d'extinction linguistique ; le sarde était en effet présenté par le système éducatif italien comme la langue des socialement marginalisés, ainsi que sa limba de su famine ou Modèle:Langue (« la langue de la faim »), et coresponsable endogène de l'isolement et de la misère de l'île, et inversement l'italien était présenté comme un agent d'émancipation sociale à travers son intégration socio-culturelle avec le continent. En 1827, la Carta de Logu, le corpus juridique historique traditionnellement connu sous le nom de Modèle:Citation, fut finalement abrogé en faveur des Modèle:Langue<ref name="ref_A" />,<ref>Modèle:Citation Joan Armangué i Herrero (2006). Represa i exercici de la consciència lingüística a l'Alguer (ss.XVIII-XX), Arxiu de Tradicions de l'Alguer, Cagliari, I.1</ref>.

La fusion parfaite avec le continent, né sous les auspices d'une "transplantation en Sardaigne, sans réserves ni obstacles, de la civilisation et de la culture continentales"<ref>Martini, Pietro (1847). Sull’unione civile della Sardegna colla Liguria, col Piemonte e colla Savoia, Cagliari, Timon, p. 4</ref>, aurait déterminé la perte de l'autonomie politique sarde résiduelle<ref name="ref_A" />,<ref name="Toso">Modèle:Lien web</ref> et marqué le moment historique où, par convention, "la langue de la nation sarde a perdu sa valeur comme instrument de reconnaissance ethnique d'un peuple et sa culture, pour être codifiée et renforcée, et est devenue l'un des nombreux dialectes régionaux subordonnés à la langue nationale"<ref>Dettori, Antonietta, 2001. Sardo e italiano: tappe fondamentali di un complesso rapporto, in Argiolas, Mario; Serra, Roberto. Limba lingua language: lingue locali, standardizzazione e identità in Sardegna nell’era della globalizzazione, Cagliari, CUEC, p. 88</ref>.

Fichier:A Sardinian family while reading "L'Unione Sarda".jpg
Famille lisant L'Unione Sarda, quotidien sarde de langue italienne fondé en 1889.

Malgré ces politiques d'acculturation, l'hymne du Royaume de Sardaigne (composé par Vittorio Angius et mis en musique par Giovanni Gonella en 1843) aurait été S'hymnu sardu nationale jusqu'en 1861, remplacé par la Marcia Reale<ref>Spanu, Gian Nicola. Il primo inno d'Italia è sardo</ref>. Le chanoine Salvatore Carboni publia à Bologne, en 1881, un ouvrage controversé intitulé Sos discursos sacros in limba sarda, dans lequel il regrettait que la Sardaigne Modèle:Langue (« en tant que province italienne, elle ne peut avoir de lois et actes publics en sa propre langue ») et, affirmant que Modèle:Langue (« la langue sarde, bien que non officielle, durera dans le peuple sarde aussi longtemps que la Sardaigne »), il se demande enfin : Modèle:Langue (« Pourquoi mépriser avec un abandon total la langue sarde, vieille et noble comme l'italien, le français et l'espagnol ? »)<ref>Carboni, Salvatore (1881). Sos discursos sacros in limba sarda, Bologna.</ref>,<ref>Salvi, Sergio (1974). Le lingue tagliate, Rizzoli, pg.186-187</ref>.

La politique d'assimilation forcée a atteint son point culminant au cours des vingt années du régime fasciste, qui a finalement déterminé l'entrée définitive de l'île dans le système culturel national à travers le travail conjoint du système éducatif et du système à parti unique<ref>Modèle:Citation étrangère Guido Melis, La Sardegna contemporanea, in Manlio Brigaglia, La Sardegna. La geografia, la storia, l'arte e la letteratura, v. 1, Edizioni Della Torre, 1982, p. 132.</ref>, dans un crescendo d'amendes et d'interdictions qui a conduit à un nouveau déclin sociolinguistique du sarde<ref name="degruyter.com" />,<ref name="Lubello" />. Parmi les diverses expressions culturelles soumises à la censure, le régime a également réussi à interdire, de 1932 à 1937 (1945 dans certains cas<ref name="Remundu"/>), le sarde de l'église et des manifestations du folklore de l'île<ref>Modèle:Citation. De Concini, Wolftraud (2003). Gli altri d'Italia : minoranze linguistiche allo specchio, Pergine Valsugana : Comune, Modèle:P..</ref>, comme les concours poétiques organisés dans cette langue<ref>L. Marroccu, Il ventennio fascista</ref>,<ref>M. Farinelli, The Invisible Motherland? The Catalan-Speaking Minority in Sardinia and Catalan Nationalism, Modèle:P.</ref>,<ref>Massimo Pittau, Grammatica del sardo illustre, Nuoro, Premessa</ref>,<ref>Salvi, Sergio (1974). Le lingue tagliate, Rizzoli, pg.191</ref>; paradigmatique est le cas de Salvatore Poddighe, tué désespérément après le vol de son grand œuvre, Sa Mundana Cummedia<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

L'époque contemporaine

Modèle:Article connexe

Fichier:Minoranze linguistiche it.svg
Le sarde est l'une des communautés linguistiques minoritaires officiellement reconnues en Italie<ref>Modèle:Lien web</ref>.

La prise de conscience du thème de la langue sarde dans l'agenda politique est entrée beaucoup plus tard que dans d'autres périphéries européennes marquées par la présence de minorités ethniques et linguistiques<ref>Pala, Carlo (2016). Idee di Sardegna, Carocci Editore, Modèle:P.</ref>: au contraire, cette période a été marquée par le rejet du sarde par les classes moyennes italianisées<ref name="degruyter.com" />, la langue et la culture sarde étant encore considérées comme les symboles du sous-développement de la région<ref name="Toso" />. En fait, une forte opposition à la langue a été observée au niveau institutionnel et dans le circuit intellectuel italien, une conception alors intériorisée dans l'imaginaire nationale, elle a été (la plupart du temps pour des raisons idéologiques ou comme un résidu, adoptée par inertie, de coutumes<ref>En fait, relativement récents parce qu'ils peuvent être datés de la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, à la suite de la fusion parfaite déjà mentionnée ; en fait, pas même dans le traitement au XVIIIe siècle d'auteurs tels que Cetti nous trouvons des jugements sur la dignité du sarde, dont l'indépendance linguistique a généralement aussi l'appui des auteurs italiens (voir note 114, E. Blasco Ferrer).</ref> données par les premiers) souvent étiquetée comme un "dialecte italien", contrairement à l'opinion des chercheurs et même de certains nationalistes italiens comme Carlo Salvioni<ref>Salvi, Sergio (1974). Le lingue tagliate, Rizzoli, pg.195</ref>, souffrant de toutes les discriminations et préjugés liés à une telle association, étant notamment considéré comme une "forme basse" d'expression<ref>Sa limba sarda - Giovanna Tonzanu</ref>,<ref>The Sardinian professor fighting to save Gaelic – and all Europe's minority tongues, The Guardian</ref> et la démonstration d'un certain "traditionalisme"<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Quando muore una lingua si oscura il cielo: da "Lettera a un giovane sardo" dell'antropologo Bachisio Bandinu</ref>.

Au moment de la rédaction du statut autonome, le législateur a décidé d'éviter comme base de la spécialité sarde les références à l'identité géographique et culturelle<ref>«Rimangono, invece, inspiegabilmente in ombra i problemi legati agli aspetti etnici e culturali della questione autonomistica, per i quali i consultori non mostrano alcuna sensibilità, a differenza di tutti quei teorici (da Angioy a Tuveri, da Asproni a Bellieni) che invece proprio in questo patrimonio avevano individuato il titolo primario per un reggimento autonomo.» Antonello Mattone, Le radici dell'autonomia. Civiltà locali e istituzioni giuridiche dal Medioevo allo Statuto speciale, in Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Relazione di accompagnamento al disegno di legge “Norme per la tutela, valorizzazione e promozione della lingua sarda e delle altre varietà linguistiche della Sardegna”, Modèle:P.</ref>,<ref>Salvi, Sergio (1974). Le lingue tagliate, Rizzoli, pg.193</ref>, considérées comme des précurseurs dangereux de revendications autonomistes plus radicales ou même indépendantistes; le projet de statut, qui émerge dans un contexte national déjà modifié par la rupture de l'unité antifasciste, et dans un contexte marqué par les faiblesses chroniques de la classe dirigeante sarde et la radicalisation entre les revendications fédéralistes locales et celles, à l'inverse, plus ouvertement hostiles à l'idée d'autonomie pour l'île<ref>«Modèle:Langue Modèle:Ouvrage</ref>, apparaît finalement comme le résultat d'un compromis, se limitant plutôt à reconnaître certaines revendications socio-économiques contre le continent<ref>Pala, Carlo (2016). Idee di Sardegna, Carocci Editore, Modèle:P.</ref>,<ref>Pintore, Gianfranco (1996). La sovrana e la cameriera: La Sardegna tra sovranità e dipendenza. Nuoro: Insula, 13</ref>, comme la demande du développement industriel sarde par des installations militaires et des « plans spécifiques de relance » préparés par le gouvernement central<ref>Lo Stato col concorso della Regione dispone un piano organico per favorire la rinascita economica esociale dell'Isola. Art.13, Testo storico dello Statuto</ref>. Bien loin d'affirmer une autonomie sarde fondée sur la reconnaissance d'une identité culturelle spécifique, le résultat de cette saison n'a donc été que « un autonomisme clairement inspiré par l'économisme, parce que nous ne voulions pas ou ne pouvions pas dessiner une autonomie forte, culturellement motivée, une spécificité sarde qui ne se termine pas par un retard et une pauvreté économique »<ref>Cardia, Mariarosa (1998). La conquista dell’autonomia (1943-49), in Luigi Berlinguer, Luigi e Mattone, Antonello. La Sardegna, Torino, Einaudi, Modèle:P.</ref>. Le statut, qui a finalement été rédigé par la Commission des 75 à Rome, était justifié par le "retard" économique particulier de la région, à la lumière duquel on espérait que le "plan de renaissance" industriel susmentionné serait rapidement mis en œuvre pour l'île : contrairement à d'autres statuts spéciaux, le statut sarde ne faisait pas référence à la communauté effective visée dans ses sphères sociales et culturelles, qui étaient plutôt encadrées dans une seule communauté, à savoir la communauté nationale italienne<ref>Modèle:Langue Pala, Carlo. La Sardegna. Dalla “vertenza entrate” al federalismo fiscale?, in Istituzioni del Federalismo. Rivista di studi giuridici e politici, 2012, 1, Modèle:P..</ref>. Emilio Lussu, qui confie à Pietro Mastino qu'il n'a voté en faveur du projet final que " pour éviter que le statut ne soit pas approuvé même sous cette forme réduite ", est le seul membre, lors de la session du 30 décembre 1946, à revendiquer en vain l'obligation d'enseigner la langue sarde, arguant qu'il s'agit d'" un patrimoine millénaire qui doit être préservé "<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Entretemps, des politiques d'assimilation auraient également été appliquées après la seconde Guerre mondiale<ref name="Lubello" />, avec une italianisation progressive des sites historiques et des objets de la vie quotidienne et une éducation obligatoire qui enseignait l'usage de la langue italienne, sans prévoir un enseignement parallèle de la langue sarde et, au contraire, en la décourageant activement par des interdictions et une surveillance générale de ceux qui en faisaient la promotion<ref>Lingua sarda: dall'interramento alla resurrezione? - Il Manifesto Sardo</ref> : les enseignants italiens méprisaient en effet cette langue, qu'ils considéraient comme un patois incompréhensible et grossier, contribuant à réduire encore plus son prestige auprès des habitants sardes eux-mêmes.

Les règles statutaires ainsi esquissées se sont révélées être un outil inadéquat pour répondre aux problèmes de l'île<ref name="Salviaut">Salvi, Sergio (1974). Le lingue tagliate, Rizzoli, Modèle:P..</ref>,<ref name="Toso" />; au tournant des années cinquante et soixante, d'ailleurs, le véritable processus de remplacement de la langue sarde par la langue italienne<ref name="Rosita" /> a commencé, en raison de la diffusion, tant sur l'île que dans le reste du territoire italien, des médias de masse qui ne transmettent que dans la langue italienne<ref>Modèle:Lien web</ref>. Par-dessus tout, la télévision a répandu l'usage de l'italien et a facilité sa compréhension et son utilisation même parmi les personnes qui, jusqu'alors, s'étaient exprimées exclusivement en sarde. Dès la fin des années 1960<ref name="Salviaut" />,<ref>Manuale di linguistica sarda, 2017, A cura di Eduardo Blasco Ferrer, Peter Koch, Daniela Marzo. Manuals of Romance Linguistics, De Gruyter Mouton, Modèle:P.; 36</ref>,<ref name="Toso" />, de nombreuses campagnes ont donc été lancées en faveur d'un bilinguisme véritablement égalitaire comme élément de sauvegarde de l'identité culturelle : la première demande a été formulée par une résolution adoptée à l'unanimité par l'Université de Cagliari en 1971, dans laquelle les autorités politiques régionales et nationales étaient invitées à reconnaître les Sardes comme minorité ethnolinguistique et le sarde comme langue officielle de l'île<ref>Istanza del Prof. A. Sanna sulla pronuncia della Facoltà di Lettere in relazione alla difesa del patrimonio etnico-linguistico sardo. Il prof.Antonio Sanna fa a questo proposito una dichiarazione: Modèle:Citation. Il Consiglio unanime approva le istanze proposte dal prof. Sanna e invita le competenti autorità politiche a promuovere tutte le iniziative necessarie, sul piano sia scolastico che politico-economico, a sviluppare coerentemente tali principi, nel contempo acquisendo dati atti a mettere in luce il suesposto stato. Cagliari, 19 febbraio 1971. [Farris, Priamo (2016). Problemas e aficàntzias de sa pianificatzioni linguistica in Sardigna. Limba, Istòria, Sotziedadi / Problemi e prospettive della pianificazione linguistica in Sardegna. Lingua, Storia, Società, Youcanprint]</ref>. Célèbre est le rappel, quelques mois avant sa mort en 1977, du poète Raimondo Piras, qui dans No sias isciau<ref>Modèle:Lien web</ref> appelait à la récupération de la langue pour s'opposer à la "de-sardisation" des générations futures<ref name=Remundu />. Dans les années 1980, trois projets de loi ont été présentés au Conseil régional avec un contenu similaire à celui de la résolution adoptée par l'Université de Cagliari<ref name="Rosita" />. L'une des premières lois définitivement approuvées par le législateur régional, la Modèle:Langue du 3 août 1993, a été immédiatement rejetée par la Cour constitutionnelle à la suite d'un recours du gouvernement central<ref>Deplano, Andrea (1996). Etnia e folklore : storia, prospettive, strumenti operativi, Artigianarte, Cagliari, Modèle:P.</ref>. Comme on le sait, il aurait fallu encore quatre ans pour que la législation régionale ne soit pas soumise au jugement de constitutionnalité, et deux autres années pour que le sarde soit reconnu en Italie en même temps que les onze autres minorités ethnolinguistiques.

Une étude promue par MAKNO en 1984 a révélé que les trois quarts des Sardes étaient favorables à la fois à l'enseignement bilingue dans les écoles (22 % de l'échantillon voulait une introduction obligatoire et 54,7 % facultative) et à un statut de bilinguisme officiel en Val d'Aoste et Haut Adige (62,7 % de l'échantillon pour, 25,9 % contre et 11,4 % incertain)<ref>Pinna, M.T. Catte (1992). Educazione bilingue in Sardegna: problematiche generali ed esperienze di altri paesi, Edizioni di Iniziative culturali, Sassari, Modèle:P.</ref>. Ces données ont été partiellement corroborées par une autre enquête démoscopique réalisée en 2008, dans laquelle 57,3% des personnes interrogées se sont montrées favorables à la présence de sardes pendant les heures d'école, en compagnie d'italiens<ref>Oppo, Anna. Le lingue dei sardi, Modèle:P.</ref>.

Certaines personnalités pensent que le processus d'assimilation peut conduire à la mort du peuple sarde<ref>Gavino Pau, dans un de ses articles dans La Nuova Sardegna (18 avril 1978, Una lingua defunta da studiare a scuola), affirmait que « pour tout le monde, l'italien était une autre langue dans laquelle nous traduisions nos pensées, qui, imparables, coulaient en sarde » et encore, pour la langue sarde « nous avons vécu, nous avons souffert pour elle, pour elle nous vivons et nous vivrons. Le jour où il mourra, nous mourrons nous aussi en tant que Sardes. » (cité dans Melis Onnis, Giovanni (2014). Fueddariu sardu campidanesu-italianu, Domus de Janas, Présentation)</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>, contrairement à ce qui s'est passé, par exemple, en Irlande. Bien que la langue et la culture sardes soient sujettes à de profonds ferments identitaires<ref name="Rosita"/>, ce que l'analyse révèle semble être une régression lente mais constante de la compétence active et passive de cette langue, pour des raisons essentiellement politiques et socio-économiques (l'utilisation de l'italien présenté comme une clé de la promotion et du progrès social<ref>Il ruolo della lingua sarda nelle scuole e nelle università sarde (Institut für Linguistik/Romanistik)</ref>, la stigmatisation associée à l'utilisation du sarde, le dépeuplement progressif des zones intérieures vers les zones côtières, l'afflux des populations de la péninsule et les problèmes potentiels de compréhension mutuelle entre les différentes langues parlées, etc<ref>Dans la question linguistique sarde, à certains égards, il peut y avoir un parallélisme avec l'Irlande, dans laquelle un phénomène similaire a pris le nom de "cercle vicieux du Gaeltacht irlandais" (voir Edwards 1985). En fait, en Irlande, à l'abaissement du prestige de la langue gaélique lorsqu'elle était parlée dans des zones socialement et économiquement défavorisées, s'est ajoutée l'émigration de ces zones vers les zones urbaines et considérées comme économiquement plus avancées, dans lesquelles l'idiome majoritaire (anglais) serait destiné à écraser et prévaloir sur l'idiome minoritaire des émigrants.</ref>: le nombre d'enfants qui utiliseraient activement le sarde s'effondre à moins de 13%, d'ailleurs concentrés dans les zones intérieures comme le Goceano, la haute Barbagia et les Baronies<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>La Nuova Sardegna, 04/11/10, Per salvare i segni dell'identità - di Paolo Coretti</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref name="www.lanuovasardegna.it"/>. Compte tenu de la situation de certains centres sardes (comme Laerru, Chiaramonti et Ploaghe) dans lesquels le taux de sardophonie des enfants est égal à 0 %, il y a ceux qui parlent d'un « suicide linguistique » après quelques dizaines d'années<ref name="Maxia"/>.

Fichier:Frequency of Dialect Use in Italy (2015).svg
Fréquence d'utilisation des langues régionales en Italie (ISTAT, 2015).

Néanmoins, selon les analyses sociolinguistiques susmentionnées, un tel processus n'est pas du tout homogène<ref>Da un'isola all'altra: Corsica e Sardegna - Jean-Pierre Cavaillé</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>, se présentant d'une manière beaucoup plus évidente dans les villes que dans les pays. De nos jours, le sarde est une langue dont la vitalité est reconnaissable dans un état instable<ref name="Rosita"/> de diglossie et de commutation de code, et qui n'entre pas (ou ne s'est pas largement répandue) dans l'administration, dans le commerce, dans l'église<ref>Niente messa in limba, lettera al vescovo: “Perché in chiesa è vietato parlare in sardo?” - SardiniaPost</ref>, dans l'école<ref name="Maxia" />, dans les universités locales de Sassari<ref>Caro Mastino, non negare l'evidenza: per te il sardo è una lingua morta. Che l'Università di Sassari vorrebbe insegnare come se fosse il latino - Vito Biolchini</ref>,<ref>Lingua sarda: la figuraccia di Mastino, rettore dell'Università di Sassari</ref> et de Cagliari et dans les médias de masse<ref>I mass media in Sardegna (Institut für Linguistik/Romanistik)</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>No al sardo in Rai, Pigliaru: «Discriminazione inaccettabile» - La Nuova Sardegna</ref>,<ref>Bill excluding Sardinian, Friulian from RAI broadcasts sparks protest - Nationalia</ref>. Suivant l'échelle de vitalité linguistique proposée par un panel spécial de l'UNESCO en 2003<ref>Brenzinger et all. (2003). Language Vitality and Endangerment, Document submitted to the International Expert Meeting on UNESCO Programme Safeguarding of Endangered Languages, Paris, Modèle:P.</ref>, le sarde fluctuerait entre une condition de "définitivement en danger" (les enfants n'apprennent plus la langue), également attribuée dans le Livre rouge, et une condition "de grave danger d'extinction" (gravement en danger : la langue est surtout utilisée par la génération des grands-parents vers le haut) ; selon le critère EGIDS (Modèle:Langue) proposé par Lewis et Simons, le sarde se situerait entre le niveau 7 (Instable : la langue n'est plus transmise à la génération suivante<ref name="Simon" />) et 8a (Moribond : les seuls locuteurs actifs de la langue appartiennent à la génération des grands-parents<ref name="Simon" />) correspondant respectivement aux deux grades de l'échelle UNESCO précités. Selon les données publiées par l'ISTAT en 2006<ref>La lingua italiana, i dialetti e le lingue straniere. Istat, 2006</ref>, 52,5 % de la population sarde n'utilise que l'italien dans un domaine comme la famille, tandis que 29,3% pratiquent l'alternance linguistique et seulement 16,6 % déclarent utiliser le sarde ou d'autres langues non italiennes ; en dehors du milieu privé et convivial, les pourcentages sanctionnent une fois encore la prédominance exclusive de l'italien (77,1 %) au détriment du sarde ou des autres langues, toutes encore à 5,2 %.

Les années 1990 ont vu un renouveau des formes expressives de la scène musicale sarde : de nombreux artistes, allant des genres plus traditionnels comme le chant (cantu a tenore, cantu a chiterra, gosos, etc.) et le théâtre (Mario Deiana, Alessandro Serra avec le Macbettu) aux plus modernes comme le rock (Kenze Neke, Askra, Tzoku, Tazenda, etc) ou le hip-hop (Drer e CRC Posse, Quilo, Sa Razza, Malam, Menhir, Stranos Elementos, Randagiu Sardu, Futta, su akru , etc.) utilisent le langage pour promouvoir l'île et reconnaître ses vieux problèmes et ses nouveaux défis<ref>Storia della lingua sarda, vol. 3, a cura di Giorgia Ingrassia e Eduardo Blasco Ferrer, CUEC, Modèle:P.</ref>,<ref>Stranos Elementos, musica per dare voce al disagio sociale</ref>,<ref>Il passato che avanza a ritmo di rap - La Nuova Sardegna</ref>,<ref>Cori e rappers in limba alla Biennale - La Nuova Sardegna</ref>. Il y a aussi des films (comme Su Re, Bellas Mariposas, Treulababbu, Sonetaula, etc.) réalisés en sarde avec sous-titres en italien<ref>La lingua sarda al cinema. Un'introduzione. Di Antioco Floris e Salvatore Pinna - UniCa</ref>, et d'autres avec sous-titres en sarde<ref>Storia della lingua sarda, vol. 3, a cura di Giorgia Ingrassia e Eduardo Blasco Ferrer, CUEC, Modèle:P.</ref>.

Depuis les sessions d'examens de 2013, les tentatives de certains étudiants de présenter tout ou partie de l'examen en sarde<ref>Do you speak... su Sardu? - Irene Bosu, Focus Sardegna</ref>,<ref>Cagliari, promosso a pieni voti il tredicenne che ha dato l'esame in sardo - Sardiniapost</ref>,<ref>Eleonora d'Arborea in sardo? La prof. “continentale” dice no - Sardiniapost</ref>,<ref>Sassari, studente dell'Alberghiero si diploma parlando in sardo - ULS Alta Baronìa (La Nuova Sardegna)</ref>,<ref>Esame di maturità per la limba: Buddusò, la tesina di Elio Altana scritta in italiano ma discussa in logudorese - La Nuova Sardegna</ref>,<ref>Quartu,esame di terza media in campidanese:studenti premiati in Comune - CastedduOnline</ref>,<ref>Studentessa dialoga in sardo con il presidente dei docenti - Nuova Sardegna</ref>,<ref>In sardo all'esame di maturità. La scelta di Lia Obinu al liceo scientifico di Bosa - Bentos</ref>,<ref>Studente sostiene l'esame di terza media su Grazia Deledda interamente in sardo, L'Unione Sarda, 2016</ref>,<ref>La maturità ad Orgosolo: studente-poeta in costume sardo, tesina in limba, Sardiniapost.it</ref>,<ref>Col costume sardo all'esame di maturità discute la tesina in "limba", Casteddu Online</ref> ont récemment surpris, vu la non-institutionalisation (de facto) de la langue déjà mentionnée. De plus, les déclarations de mariage dans cette langue sont également de plus en plus fréquentes à la demande des époux<ref>Nozze in lingua sarda a Cagliari - Il primo matrimonio in Municipio</ref>,<ref>Matrimonio in sardo a Mogoro, Il sì in limba di Simone e Svetlana - Unione Sarda</ref>,<ref>Matrimonio in limba - Iscanu / Scano di Montiferro</ref>,<ref>Il matrimonio in "limba" piace, la delibera sbarca anche a Quartu - Unione Sarda</ref>,<ref>All'esame di terza media con una tesina in sardo, La Nuova Sardegna</ref>.

L'initiative virtuelle de certains Sardes sur Google Maps a provoqué une agitation particulière, en réponse à une ordonnance du Ministère de l'Infrastructure qui ordonnait à tous les maires de la région d'éliminer les panneaux en sarde placés à l'entrée des villes : toutes les municipalités avaient en effet pris leur nom original depuis environ un mois, jusqu'à ce que le personnel de Google décide de retourner la toponymie en italien seulement<ref>Sardinian 'rebels' redraw island map - The Local</ref>,<ref>La limba sulle mappe di Google - La Nuova Sardegna</ref>,<ref>Su Google Maps spariscono i nomi delle città in sardo - La Nuova Sardegna.</ref>.

Dans l'ensemble, des dynamiques telles que la reconnaissance tardive du statut de minorité linguistique, accompagnée d'un travail d'italianisation progressive mais omniprésente promu par le système éducatif (l'éducation ne relève pas des compétences de la région et est gérée par l'État au niveau central), le système administratif et les médias, suivie de la rupture de la transmission intergénérationnelle, ont fait que la vitalité du sarde aujourd'hui peut être définie comme gravement compromise<ref>Manuale di linguistica sarda, 2017, A cura di Eduardo Blasco Ferrer, Peter Koch, Daniela Marzo. Manuals of Romance Linguistics, De Gruyter Mouton, Modèle:P.</ref>. Il y a une division substantielle entre ceux qui pensent que la loi protégeant la langue est arrivée trop tard<ref>Difendere l'italiano per resuscitare il sardo, L'Indiscreto, Enrico Pitzianti</ref>, estimant que son utilisation a été remplacée par celle de l'italien, et ceux qui prétendent au contraire qu'il est essentiel de renforcer l'utilisation actuelle de cette langue.

En conclusion, la communauté sarde constituerait encore, avec environ 1,7 million de locuteurs natifs autoproclamés (dont 1 291 000 sont présents en Sardaigne), la plus grande minorité ethnolinguistique reconnue en Italie<ref name="portal-lem.com" />, même si paradoxalement, c'est celle qui est la moins protégée. En dehors de l'Italie, où il n'existe actuellement pratiquement aucune possibilité d'enseignement structuré de la langue minoritaire susmentionnée (l'Université de Cagliari se distingue pour avoir ouvert pour la première fois un cours spécifique en 2017<ref>Lingua sarda: "trinta prenu" per i primi due studenti, Unica.it</ref>), des cours spécifiques sont parfois organisés dans des pays comme l'Allemagne (Université de Stuttgart, Munich, Tübingen, Mannheim<ref>30 e lode in lingua sarda per gli studenti tedeschi, La Donna Sarda</ref>, etc.), l'Espagne (Université de Gérone)<ref>I tedeschi studiano il sardo nell'isola - La Nuova Sardegna</ref>, l'Islande<ref>Da Mogoro all'Islanda per insegnare il sardo: Modèle:Citation, Videolina.it</ref> et la République tchèque (Université de Brno)<ref>Studenti cechi imparano il sardo - La Nuova Sardegna</ref>,<ref>“Ecco come insegno il sardo nella Repubblica Ceca” - Sardiniapost</ref>; pendant un certain temps, le professeur Sugeta en a aussi tenu quelques-uns au Japon à l'Université de Waseda (Tokyo)<ref>In città il professore giapponese che insegna la lingua sarda a Tokio - In città il professore giapponese che insegna la lingua sarda a Tokyo - La Nuova Sardegna</ref>,<ref>"Limba" made in Japan - La Nuova Sardegna</ref>,<ref>Il professore giapponese che insegna il sardo ai sardi - La Nuova Sardegna</ref>.

Le groupe de recherche Euromosaic, commissionné par la Commission européenne dans le but de dresser un tableau de la situation linguistique dans les territoires européens marqués par des minorités ethnolinguistiques, conclut son rapport : Modèle:Citation bloc

Entretemps, on constate que l'italien érode, avec le temps, de plus en plus d'espaces associés au sarde, aujourd'hui dans un état de déclin général à l'exception déjà mentionnée de quelques "poches linguistiques". Là où la pratique linguistique du sarde est aujourd'hui en fort déclin pour toute l'île, elle est commune dans les nouvelles générations de toute origine sociale<ref>Bolognesi, Roberto. Le identità linguistiche dei sardi, Condaghes, 2013, Cap.3 L'italiano regionale di Sardegna, pg.63-74</ref>, maintenant monolingue et monoculturelle italienne, celle du "Italien régional de Sardaigne" (souvent appelé par les sardophones, en signe de mépris ironique, italiànu porcheddìnu<ref>Lingua e società in Sardegna - Mauro Maxia</ref>) : il s'agit d'una variété de l'italien qui est fortement influencée par les influences phonologiques, morphologiques et syntaxiques de la langue sarde, même chez ceux qui ne la connaissent pas.

Modèle:Citation bloc

Comme l'explique Matteo Valdes, « la population de l'île voit, jour après jour, le déclin de ses langues d'origine. Ils sont complices de ce déclin, transmettant à leurs enfants la langue du prestige et du pouvoir, mais en même temps ils ont le sentiment que la perte des langues locales est aussi une perte d'eux-mêmes, de leur histoire, de leur identité ou de leur caractère distinctif »<ref>Matteo Valdes. Valori, opinioni e atteggiamenti verso le lingue locali, in Oppo, Anna (2007). p. 62</ref>. Le processus d'assimilation culturelle étant maintenant achevé<ref>De nos jours, les Sardes "s'identifient moins avec leur langue que les autres minorités linguistiques en Italie, et vice versa semblent s'identifier davantage avec l'italien que les autres minorités linguistiques en Italie" (Paulis, Giulio (2001). Il sardo unificato e la teoria della panificazione linguistica, in Argiolas, Mario; Serra, Roberto, Limba lingua language: lingue locali, standardizzazione e identità in Sardegna nell’era della globalizzazione, Cagliari, CUEC, p. 161)</ref>, le bilinguisme est en grande partie sur papier et, puisqu'il n'existe toujours pas de mesures concrètes d'usage officiel même en Sardaigne, la langue sarde continue son agonie, quoique à un rythme plus lent qu'il y a quelque temps, notamment grâce aux efforts des différentes associations culturelles qui en font la promotion. A ce jour, il est peu probable qu'une solution réglementaire à la question de la langue sarde soit trouvée dans un avenir proche<ref name="Rosita"/>. En tout cas, on peut donc dire que le sarde laissera ses traces en l'italien local actuellement parlé sous la forme d'un substrat.

Variétés

Formes écrites et classification

Dans leurs formes écrites majeures, on distingue un logudorese illustre et un campidanese illustre, formes standardisées qui se disputent la suprématie littéraire. Un effort d’unification, notamment par une norme écrite unifiée, c'est la Modèle:Lien, créée par l'administration régionale et compréhensible par tous les locuteurs du sarde, ainsi que par les locuteurs d'autres langues locales (sassarese, gallurese, alguerès, tabarquin) en tant que variété médian.

Toutes les variétés de sarde, l'une plus que l'autre, conservent une forme nettement archaïque, mais en même temps des traces des substrats pré-romains (surtout au centre-est avec des liens possibles avec le basque<ref>F. Bruno Vacca, Gli antichi sardi dei bronzetti nuragici , 1990, Modèle:P..</ref>) et des superstrats catalans (de Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle), espagnols (de la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle) et italiens de 1720 et après.

Les deux variétés principales

Le sarde possède deux grandes variétés :

En revanche, ni le gallurais, ni le sassarese, proches entre eux, ne correspondent à la définition d'une macro-langue sarde. Leurs traits sont nettement corse/toscan, avec un pluriel en -i, un article italien, mais avec du vocabulaire et certains traits sardes comme le son cacuminal. Certains linguistes les rattachent dès lors plus au corse/toscan qu’au sarde à cause leur origine du Modèle:S mini au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, et ils en font donc deux subdivisions du corse. D’autres, pour des raisons de regroupement régional, les mettent sur un pied d’égalité avec les deux variantes évoquées ci-dessus (logudorais et campidanais) ou les reconnaissent en tant que langues individuelles. Le sarde a servi de superstrat ou d'adstrat pour ces deux variantes, qui correspondent à une bande de territoire dans le nord de l’île :

À noter aussi la présence d'autres variétés :

Sociolinguistique

Le premier à avoir évoqué le sarde et son caractère archaïsant est Dante, qui écrivit notamment dans De vulgari eloquentia que les Sardes n'étaient pas Italiens et étaient les seuls à ne pas posséder leur propre langue vulgaire « parce qu'ils imitent le latin comme les singes imitent les hommes ». Modèle:Citation bloc

Pourtant, la langue sarde a une tradition écrite vivace même si elle ne s'est pas forgée une norme durable. Pendant la domination aragonaise, le catalan était la langue officielle, bientôt supplanté par le castillan et par l’italien (en 1764, dans le cadre du royaume savoyard). La présence d’îlots allophones (voir ci-dessus), notamment à Alghero (depuis le Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle) et dans les îles de San Pietro et de Sant’Antioco (depuis le Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle), constitue une trace de ces faits historiques.

Un rôle important pour la conservation de la langue sarde a été la tradition poétique et les joutes poétiques (garas poeticas, gare poetiche en italien), où l'improvisation et la verve des chanteurs attiraient les foules.

Fichier:Segnaletica bilingue Sardegna.gif
Signalisation locale bilingue en italien et en sarde.

Le premier texte littéraire semble être celui d’Antonio Cano sur des martyrs locaux, au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, dans une langue assez normalisée (mais qui se délitera un siècle après) : <poem> « Tando su rey barbaru su cane renegadu de custa resposta multu restayt iradu & issu martiriu fetit apparigiare itu su quale fesit fortemente ligare sos sanctos martires cum bonas catenas qui li segaant sos ossos cum sas veinas & totu sas carnes cum petenes de linu. » </poem>

Le sarde, comme les autres dialectes non sardes de la région de Sassari ou de la Gallura, ou comme le catalan ou le génois tabarquin, est désormais protégé par la loi régionale no 26 du Modèle:Date qui lui reconnaît le statut de langue régionale protégée et qui est entrée en vigueur le Modèle:Date (intitulée : Promozione e valorizzazione della cultura e della lingua della Sardegna). Le sarde est utilisé dans la signalisation routière bilingue de certaines municipalités.

Notes et références

Modèle:Références nombreuses Trask, L. The History of Basque Routledge: 1997 Modèle:ISBN.

Voir aussi

Consulter le Wiktionnaire rédigé [[wikt:sc:Main Page|Modèle:Nobr]].

Bibliographie

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