Thérémine
Modèle:Infobox Musique (instrument)
Le thérémine est un des plus anciens instruments de musique électronique, inventé en 1920 par le Russe Lev Sergueïevitch Termen (connu sous le nom de « Léon Thérémine »).
Composé d’un boîtier électronique équipé de deux antennes, l'instrument a la particularité de produire de la musique sans être touché par l’instrumentiste. Dans sa version la plus répandue, la main droite commande la hauteur de la note, en faisant varier sa distance à l’antenne verticale. L’antenne horizontale, en forme de boucle, est utilisée pour faire varier le volume selon sa distance à la main gauche.
Principe
Le son est produit à partir d'un signal électrique engendré par un oscillateur hétérodyne à tubes électroniques. Deux signaux de fréquences élevées (l’un fixe à Modèle:Unité, l’autre variable entre 168 et Modèle:Unité) se combinent pour former un battement et fournir un signal audible, entre 20 et Modèle:Unité<ref>Modèle:Lien web</ref>.
L’effet de capacité apporté par le corps de l’instrumentiste, à proximité des antennes, affecte la fréquence produite, tout comme une personne se déplaçant dans une pièce peut altérer la qualité d’une réception de radio ou de télévision. Cette caractéristique est mise à profit dans le thérémine, et la combinaison des deux mains, l’une commandant le volume et l’autre la hauteur de la note, permet d’obtenir des effets sonores insolites.
Le thérémine, disposant d’un seul oscillateur, est un instrument monodique. Son timbre, que l’on ne peut modifier, ressemble à celui de la voix humaine ou à celui de la scie musicale.
Histoire
L’invention de Léon Theremin suit de près la révolution russe de 1917. Il a la chance de faire une démonstration convaincante à Lénine, et son instrument est immédiatement promu par le nouveau pouvoir. Lénine prend des leçons de thérémine<ref>Modèle:Lien web</ref>, et en commande Modèle:Nobr afin qu’ils soient distribués partout en URSS. De plus, Theremin est envoyé en tournée mondiale, comme ambassadeur de la nouvelle technologie soviétique.
Le succès est au rendez-vous en Europe, et plus tard aux États-Unis, où l’ingénieur s’installe et obtient un brevet américain, le Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web</ref>. Il concède les droits de production de l’instrument à la firme RCA. La réussite commerciale n'est pas au rendez-vous, mais Theremin continue ses recherches et invente de nouveaux instruments :
- le rhythmicon, première boîte à rythmes ;
- le terpsitone, générateur sonore commandé par le mouvement de danseurs qui utilise le même principe que le thérémine mais dont l’antenne est dissimulée sous la piste de danse ;
- le thérémine à clavier ;
- le violoncelle thérémine.
En 1938, Theremin retourne brusquement en Union soviétique. À l'époque, les raisons de son retour ne sont pas claires : certains affirmeront qu'il avait tout simplement le mal du pays, tandis que d'autres estimeront qu'il avait été enlevé par des agents soviétiques. Beryl Campbell, l'une des danseuses de Theremin, déclarera que sa femme Lavinia Modèle:Citation et que Modèle:Citation et qu'elle sentait qu'il allait être amené hors du paysModèle:Refsou.
Plusieurs années plus tard, on apprendra que Theremin est retourné dans son pays natal à cause de problèmes fiscaux et financiers aux États-Unis<ref group=Note>Son arrière petit-fils, Peter Theremin, dans un entretien avec un journaliste a raconté comment son arrière grand-père était devenu millionnaire aux États-Unis avant de rentrer en 1938 en RussieModèle:Refsou</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>. Toutefois, Theremin aurait dit à Bulat Galeyev (physicien, artiste et musicologue) qu'il avait décidé de partir parce qu'il était inquiet devant l'imminence de la guerre<ref>Modèle:Lien web</ref>. Peu après son retour, à Léningrad, il est incarcéré à la prison de Boutyrka à Moscou, puis déporté pour une durée de huit ans, dans les mines d'or de la Kolyma, sous le prétexte d'avoir planifié avec un groupe d'astronomes, l'assassinat de Sergueï Kirov, lors de sa visite prévue à l'observatoire de Poulkovo<ref name=Termen>Modèle:Lien web</ref>.
Bien que des rumeurs de son exécution aient été largement diffusées, Theremin ne reste qu'un an dans le camp de travail, puis est transféré à l'hiver 1940, à Omsk dans une charachka, (un laboratoire surveillé par la police secrète, dans le système des camps du Goulag), en collaboration avec Andreï Tupolev, Sergueï Korolev et d'autres scientifiques et ingénieurs. On le fait travailler sur d’autres sujets de recherche en électronique comme des appareils d'espionnage ou des brouilleurs de communications : Léon Theremin invente le système d'écoute Bourane, (précurseur du micro espion laser), en utilisant, à distance, un faisceau infrarouge de faible puissance pour détecter les vibrations sonores dans la vitre d'une fenêtre. Beria, le chef de l'organisation de la police secrète NKVD, (le prédécesseur du KGB), utilisera le dispositif Bourane pour espionner les ambassades européennes et américaines (The Thing), à Moscou. En 1947, Léon Theremin reçoit le prix Staline pour son invention et cette avancée technologique de l'espionnage soviétique, et est réhabilité en 1956<ref name=Termen/>.
À partir de 1961, Robert Moog crée une version transistorisée du thérémine, dont de nombreux exemplaires sont vendus et continuent à trouver des acquéreurs<ref>Modèle:Lien web</ref>. La marque Moog continue d'améliorer et de produire des thérémines notamment avec la sortie du Claravox Centennial fin 2020-début 2021, présenté par le théréministe français Grégoire Blanc<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Utilisation musicale
Le thérémine est en premier lieu associé à la musique contemporaine et expérimentale du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Sa difficulté de jeu, où l’instrumentiste doit rester parfaitement immobile (à l’exception des bras), et l’absence de clavier ont confiné sa diffusion à une certaine élite. La création des ondes Martenot, qui utilisent le même principe électronique mais qui sont pourvues d’un clavier, a rapidement contribué à sa marginalisation<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Compositions classiques et contemporaines
Les théréministes se sont constitué un premier corpus en transcrivant des pièces classiques pour un instrument monodique (comme le violon, le violoncelle ou la flûte) et accompagnement. Néanmoins, le besoin de pièces nouvelles spécialement écrites pour l'instrument s'est rapidement fait sentir, et des commandes ont été passées à différents compositeurs. La toute première pièce composée pour le thérémine est une pièce pour thérémine solo et orchestre composée en 1924 par Modèle:Lien.
Un répertoire de pièces composées pour l'instrument est donc progressivement constitué. Pour le moment, aucun catalogage général n'a été fait, mais on peut estimer le nombre de pièces originales à environ 250. Il y a des pièces solos, avec orchestre (on compte une trentaine de pièces pour thérémine solo et orchestre, ce à quoi il faut ajouter une cinquantaine de pièces où le thérémine est incorporé dans l'orchestre), mais surtout beaucoup de musique de chambre (environ 160 œuvres, dont plus d'une trentaine pour thérémine et piano).
Parmi les compositeurs ayant exploité le thérémine, on peut par exemple citer Edgar Varèse ou Bohuslav Martinů (Fantaisie pour thérémine, hautbois, quatuor à cordes et piano composée en 1945). Mais c'est surtout depuis la fin des années 1980 qu'a été écrit le plus grand nombre de pièces.
Outre Varèse et Martinů, on trouve parmi les compositeurs à avoir écrit pour le thérémine : Charles Ives, Percy Grainger, Alfred Schnittke, Christian Wolff, Joseph Schillinger, Moritz Eggert, Jorge Antunes, Vladimir Komarov, Modèle:Lien, Fazıl Say, Kalevi Aho (Eight Seasons, concerto pour thérémine et orchestre de chambre, écrit en 2011 pour Carolina Eyck) et Régis Campo (Dancefloor With Pulsing pour thérémine et orchestre écrit également pour Carolina Eyck en 2018 au festival Ars Musica à Bruxelles)<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Le compositeur français Vincent-Raphaël Carinola a composé une œuvre pour thérémine. Intitulée Toucher, elle fut interprétée par les percussionnistes Claudio Bettinelli (dédicataire et créateur de la pièce)<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>, Pascal Viglino<ref>Modèle:Lien web</ref> et Philippe Cornus<ref>Modèle:Lien web</ref>, ainsi que par le clarinettiste Dominique Clément<ref>Modèle:Lien web</ref> et Modèle:Référence nécessaire<ref>Toucher, de Carinola, sur le site accents online, le webmag de l'ensemble intercontemporain.</ref>.
Interprètes notables
Sont recensés dans cette section les théréministes réguliers. Pour les utilisateurs ponctuels, voir la section sur les musiques populaires.
Interprètes historiques
- Lucy Bigelow Rosen (1890-1968)
- Clara Rockmore (1911-1998), lituanienne (née à Vilnius), collabore avec Léon Theremin au perfectionnement de son invention. Violoniste classique de formation, elle s'approprie complètement le nouvel instrument et lui donne ses lettres de noblesse<ref>Modèle:Lien web</ref>.
- Modèle:Lien (1903-1967) : interprète dans de nombreuses musiques de films, dont Modèle:Lang (La Chose d'un autre monde), de Howard Hawks et Christian Nyby (1951).
Théréministes actuels
Musiques de films et de séries
En 1945, Miklós Rózsa utilise cet instrument dans sa musique pour La maison du Docteur Edwardes d'Alfred Hitchcock, plongeant ainsi le spectateur dès le générique dans l'ambiance de folie du personnage principal du film<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Mais c'est dans les années 1950 que le thérémine a été largement utilisé pour créer les ambiances sonores des films de science-fiction, comme Le Jour où la Terre s'arrêta (1951). On le retrouve aussi dans certaines séries télévisées fantastiques, comme Le Sixième Sens (Modèle:Lang) en 1972, pour souligner certains passages de l'action, ou policières anglaises à l'instar d'Inspecteur Barnaby (Modèle:Lang) dont le thème musical a été composé par Modèle:Lien. Celui-ci n'est pas interprété avec une scie musicale mais bien avec un thérémine, par Celia Sheen (1940-2011), avec un instrument fabriqué par l'ingénieur britannique Anthony Henk<ref>Modèle:Lien web</ref>. Parmi les utilisations récentes, notons les compositions de Danny Elfman, notamment dans la bande originale du film Modèle:Lang ou dans celle de [[Frankenweenie (film, 2012)|Modèle:Lang]], ainsi que la composition de Justin Hurwitz pour le film [[First Man : Le Premier Homme sur la Lune (film)|Modèle:Lang]].
Utilisation dans les musiques populaires
Modèle:Section à sourcer Modèle:Colonnes
Simulateur de thérémine
Il existe un exemple de simulateur ou émulateur de thérémine utilisant l'interface homme-machine naturelle Kinect pour Xbox 360, capable de reconnaître les mouvements du corps, développé par le designer Ken Moore<ref>Modèle:Lien web</ref>. Jean Girvès<ref>Modèle:Ouvrage</ref> a proposé dans les années 80, un système (le LUM) qui utilise des faisceaux lumineux pour suivre les mouvements d'un danseur et produire les sons correspondants, à l'aide de divers appareils de transduction. Il existe des logiciels pour ordinateur qui émulent un thérémine à la souris.
Le Modèle:Date, Google propose un Doodle pour les Modèle:Unité de la naissance de Clara Rockmore<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>, célèbre joueuse de thérémine. Celui-ci permet à l'internaute de jouer du thérémine via son navigateur à l'aide de sa souris. Il permet notamment de choisir plusieurs réglages comme la clef utilisée, la gamme, l'octave ou le timbre de l'instrument.
Notes et références
Notes
Références
Annexes
Bibliographie
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Albert Vincet Glinsky et Ann Arbor, Modèle:Lang, Ed. U.M.I, 1992.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Clara Rockmore, Modèle:Lang, révision par David Miller et Jeffrey McFarland-Johnson, 1998. Disponible en pdf.
- Modèle:En-US Albert Glinsky, Modèle:Lang, Urbana, Illinois, University of Illinois Press, 2000, Modèle:ISBN.
- Modèle:En-US Mark Brend, Modèle:Lang, San Francisco, Backbeat, 2005 Modèle:ISBN.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Carolina Eyck, Modèle:Lang, Berlin, SERVI Verlag, 2006, Modèle:ISBN.
- Modèle:En-US T. J. Pinch et Frank Trocco, Modèle:Lang, Harvard University Press, 2009, Modèle:ISBN.
- Coralie Ehinger et Jimmy Virani, Manuel d’initiation au theremin, Éditions des Sentiers, 2012 (deuxième édition revue et corrigée en 2014), traduit en anglais et en japonais.