Alexandre Balthazar Laurent Grimod de La Reynière

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Alexandre Balthazar Laurent Grimod de La Reynière, né à Paris le Modèle:Date de naissance- et mort à Villiers-sur-Orge, le Modèle:Date de décès-, est un original, avocat, journaliste, feuilletoniste et écrivain français qui acquit la célébrité sous [[Napoléon Ier|Napoléon {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]] par sa critique spirituelle et parfois acerbe, ses mystifications et son amour de la gastronomie.

La postérité a principalement gardé mémoire de ce dernier aspect de sa personnalité et le considère, aux côtés de Brillat-Savarin, comme l’un des pères fondateurs de la gastronomie occidentale moderne<ref group="N">Dans son analyse des pages de Charles Monselet sur Grimod, Sainte-Beuve écrit déjà en 1865 : Modèle:Citation (Charles-Augustin Sainte-Beuve, Nouveaux lundis, Modèle:T., Michel Lévy frères, Paris, 1868, 464Modèle:Nb p., Modèle:P..)</ref>.

Biographie

Petit-fils d’un fermier général qualifié « le plus déterminé gourmand de son siècle »<ref name = Monselet>Charles Monselet, Les Oubliés et les dédaignés. Figures littéraires de la fin du Modèle:18e, Modèle:T.II, Auguste Poulet-Malassis et Eugène de Broise, Alençon, 1857, Modèle:P..</ref>, Grimod de La Reynière naît<ref group="N">Cet article respecte les recommandations orthographiques de la réforme de 1990.</ref> de l’union du fermier général et administrateur des postes, amateur de bonne chère et mécène<ref>Jean-François Delmas, Le Mécénat des financiers au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : étude comparative de cinq collections de peinture, Centre Roland-Mousnier, Paris IV-Sorbonne, 1995, Modèle:P. lire en ligne</ref>, Laurent Grimod de La Reynière, et de Suzanne Françoise Élisabeth de Jarente de Sénac<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Neil Jeffares, Dictionary of pastellists before 1800, 2008 Généalogie en ligne</ref>,<ref group="N">Nièce de Louis Sextius Jarente de La Bruyère.</ref> qui accueille dans son salon<ref group="N">À l’hôtel Grimod de La Reynière, construit sur ordre de son mari à l’un des angles de la place Louis-XV et de l’actuelle rue Boissy-d'Anglas.</ref> les personnalités les plus importantes de la société parisienne. Cette famille est parmi les plus en vue au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Il naît infirme, sans doigts, « n’ayant, comme partie terminale de ses membres supérieurs, que des moignons métacarpiens, avec intégrité de l’articulation du poignet »<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. On l’équipe de prothèses dissimulées sous des gants de peau blanche qu’il ne quitte que rarement. Ses contemporains affirment que cette infirmité pèse fortement sur son caractère et qu’elle alimente son ressentiment envers ses parents. Ainsi, il n’aimera rien tant qu’humilier les préjugés de caste dont était fort imbue sa mère, en s’affichant avec des roturiers et plus que tout, en se disant « épicier » lors de l’épisode de son négoce à Lyon.

Jeunesse

Au sortir du collège Louis-le-Grand, il voyagea, du Modèle:Date- au Modèle:Date-<ref name="NoirTer">Modèle:Ouvrage.</ref>, dans le Bourbonnais, le Lyonnais, le Dauphiné et la Savoie. Il séjourne à Genève et Lausanne, où il écrit un Éloge de Fréron<ref name=":1">Desnoiresterres, Modèle:Ibid</ref>.

Passionné de théâtre<ref group="N">Enfant, il fut tenu sur les genoux de Mademoiselle Quinault cadette, grande amie de sa mère, et de mademoiselle Luzy.</ref>, il commence, en 1777, à 19 ans, sa carrière de critique dramatique au Journal des Théâtres, alors dirigé par le gendre de Préville, Jean-Charles le Vacher de Chamois<ref name=":1" />. Après la fermeture de ce journal, il collabore au Journal Helvétique de Neuchâtel de 1781 à 1782<ref>Desnoiresterres, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>.

Il éprouve un amour malheureux pour sa cousine Angélique de Bessi, mariée en 1779 à Charles Mitoire<ref>Desnoiresterres, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Cette déception encouragea sa tendance à la misanthropie<ref>Rétif de La Bretonne, Les Françaises, La Fille à la bonne mère, Modèle:T., Modèle:P..</ref>.

Il est reçu membre de l’Académie des Arcades de Rome<ref group="a">Modèle:Ouvrage.</ref> avec le nom pastoral de « Nerino »<ref>Desnoiresterres, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>.

Destiné par ses parents à la magistrature, il suivit les cours de droit avec un zèle et une assiduité exemplaire, mais il refusa de devenir juge<ref>Desnoiresterres, Modèle:Ibid.</ref>, et, devenu avocat, il préféra exercer son métier à titre gratuit pour une clientèle de pauvres gens en butte à l’impôt ou à la corvée<ref group="a">Ned Rival, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>.

Il fréquente des philosophes, des gens de lettres et des artistes, et les invite à des déjeuners bihebdomadaires fort appréciés de gourmets tels que Andrieu et de gens d’esprit comme Rétif de La Bretonne, Palissot, Beaumarchais, etc. ; il va lui-même choisir les denrées à la Halle où les marchands le surnomment le « fermier général de la cuisine »<ref name = Lacroix>Modèle:Ouvrage.</ref>. En 1780, il se constitue l’éditeur officieux du petit conte en vers, Le Fakir, et, l’année suivante, de la comédie du Flatteur, l’un et l’autre de son protégé Lantier<ref>Desnoiresterres, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>.

Les derniers jours de Modèle:Date-, il adresse à dix-sept personnes, conseillers au parlement, avocats et célibataires comme lui, une invitation sous forme de billet d’enterrement pour un souper public qui se déroule le Modèle:Date-. Il leur offre un repas extravagant, selon les uns pour prouver qu’il peut rester philosophe bien qu’amoureux<ref name = Lacroix/>, selon les autres pour faire la publicité d’une de ses œuvres Réflexions philosophiques sur le plaisir. Par un célibataire. Cette opération réussit pleinement, tout Paris en parle et une seconde édition de l’œuvre est lancée, la première ayant été épuisée dans les huit mois<ref>Guillaume Imbert de Boudeaux, Paule Adamy, Recueil de lettres secrètes, Genève, Droz, 1997, 394Modèle:Nb p., Modèle:P..</ref>. Le déroulement de la soirée et du gueuleton sépulcral est donné par Paul Lacroix qui consacre cinquante-sept pages d’une de ses œuvres à Grimod de la Reynière<ref name = Lacroix/>. D’autres festins du genre sont organisés ensuite. L’année suivante, il crée un « repas archéologique », imité des repas antiques (orgie en moins), qui commence par la présentation d’expériences de physique et d’un spectacle d’ombres chinoises.

La Reynière avait l’humeur vive et batailleuse. Un soir, au parterre de l’Opéra, à une représentation d’Armide, se sentant pressé par la foule : « Qui est-ce qui pousse donc de cette manière ? s’écria-t-il sans se retourner ; c’est sans doute quelque garçon perruquier. » Un militaire, M. de Case, également fils de fermier général, prenant pour lui l’interpellation, lui répondit : « C’est moi qui pousse ; donne-moi ton adresse, j’irai demain te donner un coup de peigne. » Le lendemain, les deux adversaires se rencontrèrent aux Champs-Élysées, en plein jour et devant plus de trois mille personnes. Ils se battirent au pistolet. M. de Case tomba ; la balle lui avait crevé les yeux et labouré la tête. Il mourut quelques heures après<ref>Desnoiresterres, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>. Arrêté par lettre de cachet en 1786, à la suite de la publication d’un mémoire impertinent d’avocat sur Ange-François Fariau de Saint-Ange, il est conduit à l’abbaye de Domèvre où, pendant près de deux ans<ref name = Monselet/>, il mène une vie agréable et paisible entrecoupée de visites d’amis et d’escapades autorisées par l’abbé Joseph de Saintignon, général de la communauté ; son nom disparaît de la liste des avocats au Parlement publiée dans l’Almanach royal de 1787<ref group="a">Ned Rival, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>.

Revenir à Paris lui est interdit et sa famille le place devant l’alternative de voyager à l’étranger ou d’être enfermé dans la maison de fous de Maréville. Dans l’obligation d’obéir<ref group="N">Il n’a pas atteint ses 30 ans, âge de la majorité à cette époque.</ref>, il part donc pour Strasbourg, Colmar, Zurich, Neuchâtel et Lausanne avant de se fixer à Lyon où il échappe aux dangers de la Terreur et où il rencontre une actrice qui travaille au théâtre de cette ville, Adélaïde-Thérèse Feuchère. Ils seront longtemps amants avant que de s’épouser<ref group="N">Le mariage daterait du 4 septembre 1790 selon Gustave Desnoiresterres, qui se base sur la correspondance de Grimod, ou de l’année 1812 selon Ned Rival qui a consulté des minutes notariales.</ref>. Leur fille, Adélaïde Jeanne Justine Laure, naît le Modèle:Date-. Elle ne reste pas longtemps dans un foyer où le père est plus souvent en voyage que présent : une lettre de Grimod à Adélaïde, en Modèle:Date-, laisse penser que le bébé a déjà été placé en nourrice et un jugement le prouve tout au moins à partir de Modèle:Date-. La déclaration de décès de l’enfant, à l’âge de trois ans, est faite par l’homme qui prenait soin d’elle et par un voisin, le père étant à Béziers et la mère à Paris.

Fichier:Grimod et compagnie.jpg
Logo de Grimod et compagnie.

Négociant

Il devient négociant en ouvrant à Lyon le commerce « Grimod et compagnie, aux Magasins de Montpellier, rue Mercière » : épicerie, de droguerie et de parfumerie en gros et fabrique de broderie et imagine les principes d’« achat direct au producteur », de « chaînes de magasins » et de « vente à prix fixé ». Il étend les activités de sa société Grimod et compagnie à d’autres villes françaises, où il ouvre des établissements<ref>Pierre-Olivier Fanica, Le Lait, la vache et le citadin. Du {{#switch: e 

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}}, Quae, 2008, 520Modèle:Nb p., Modèle:P., Modèle:ISBN.</ref>. Cependant, s’il exerce cette activité d’enthousiasme, c’est avec une certaine désinvolture, et la défaillance de son associé, qui n’est autre que son père<ref group="a">Ned Rival, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>, s’ajoute au manque de rigueur dans la gestion. Grimod est contraint d’abandonner son commerce.

Carrière artistique et gastronomique

De retour à Paris, il fonde<ref>Maurice Descotes, Histoire de la critique dramatique en France, Tübingen, Gunter Narr, 1980, 406Modèle:Nb p., Modèle:ISBN, Modèle:P..</ref>, le Censeur dramatique<ref>Fiche Gallica en ligne</ref>, où il rédige des critiques théâtrales. Il écrit l’Alambic littéraire<ref>Texte en ligne.</ref>.

Sous le Consulat, il commence la publication de l’Almanach des Gourmands, qui contient tout ce qu’il convient de savoir à cette époque en matière de gastronomie et qui va connaître de nombreuses réimpressions. C’est l’ancêtre du guide gastronomique : cet almanach dont le sous-titre est « guide dans les moyens de faire excellente chère » va inspirer Charles-Louis Cadet de Gassicourt pour sa Carte gastronomique de la France, le Guide Richard du Voyageur en France et les Guides Joanne que reprendront les Guides bleus<ref>Julia Csergo, La gastronomie dans les guides de voyage : de la richesse industrielle au patrimoine culturel, France Modèle:S mini--début Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, 13Modèle:Nb p.</ref>.

Grimod de La Reynière est membre du Caveau moderne dès la naissance de cette société chantante qui se réunit au Rocher de Cancale<ref>Dictionnaire de la conversation et de la lecture, Modèle:T., Belin-Mandar, Paris, 1834, 536Modèle:Nb p., Modèle:P..</ref>. Dès l’année suivante, il collabore au mensuel Journal des Gourmands et des Belles<ref>Texte en ligne</ref>. En 1808, il publie le Manuel des amphitryons. C’est au Rocher de Cancale que se réunit, à son instigation, un jury dégustateur pour goûter et juger des produits des restaurateurs, confiseurs, traiteurs, etc. ; il invente ainsi l’ancêtre du label. Le Modèle:Dr Gastaldy va en être président.

La mort de Grimod de la Reynière est annoncée par faire-part le Modèle:Date-, mais c’est un canular de plus : arrivés au somptueux banquet de funérailles, les invités ont la surprise d’y découvrir l’auteur en parfaite santé<ref>Ferdinand Hoefer (dir.), Biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, Modèle:T., Firmin Didot et frères, Paris, 1858, 992 col., col. 103</ref>.

Fin de vie

La mort de ses parents lui a laissé une fortune suffisante ; il se retire dans son château de Villiers-sur-Orge, dans l’Essonne, où il passe les quinze dernières années de sa vie en compagnie de son épouse, et où il se livre à la mystification des invités qu’il reçoit, le bâtiment étant équipé, a-t-on dit, d’ouvertures secrètes, de trappes et de machineries comme un théâtre<ref group="N">Michel Onfray a cependant relevé que cet équipement ne figurait pas dans les actes notariés et les inventaires après décès. V. Michel Onfray, La Raison gourmande, Paris, Grasset & Fasquelle, 1995, 254Modèle:Nb p., Modèle:P..</ref>.

À sa mort, il ne reste plus grand-chose de la fortune héritée de ses parents<ref>La France littéraire, Modèle:2e, Modèle:T., Bureaux de la France littéraire, Paris, 1838, 512Modèle:Nb p., Modèle:P..</ref>.

Citations

Principales publications

Fichier:Almanach-des-Gourmands.jpg
Page de titre de l'Almanach des Gourmands, Modèle:2e, 1804. Bibliothèque de la Gourmandise, Hermalle-sous-Huy.
  • Le Flatteur, comédie en 5 actes et en vers libres, avec Étienne-François de Lantier, 1782 ;
  • Le Songe d’Athalie, 1783. Attribué aussi à Rivarol et au marquis de Champcenetz ;
  • Réflexions philosophiques sur le plaisir, 1783. Attribué aussi à Étienne François de Lantier ;
  • Lorgnette philosophique trouvée par un R. P. capucin sous les arcades du Palais-royal et présentée au public par un célibataire, 2 volumes, 1785 ;
  • Mémoire à consulter et consultation pour Me Marie-Émile-Guillaume Duchosal, avocat en la cour, contre le sieur Ange Fariau de Saint-Ange, coopérateur subalterne du Mercure de France, 1786 ;
  • Modèle:Ouvrage ;
  • Peu de chose, idées sur Molière, Racine, Crébillon, Piron, etc. Hommage à l’Académie de Lyon, Paris, 1788 ;
  • Lettre d’un voyageur à son ami sur la ville de Marseille, 1792 ;
  • Moins que rien, suite de Peu de chose, ouvrage d’un genre assez neuf et plus moral qu’on ne pense, 1793 ;
  • Visions d’un bon homme. Première vision, 1803 ;
  • L’Alambic littéraire, ou Analyses raisonnées d’un grand nombre d’ouvrages publiés récemment, 2 volumes, 1803 ;
  • Almanach des Gourmands, servant de guide dans les moyens de faire excellente chère ; par un vieil amateur, 7 volumes, 1803-1810. Réédition : Editions Valmer-Bibliophilie, Paris, 1984, réédition en fac-similé des 8 volumes reliés pleine peau. Tirage strictement limité à 1000 exemplaires tous numérotés - Mercure de France, coll. « Le Petit Mercure », 2003 Modèle:ISBN ; Réédition en 8 volumes (Modèle:Date-) par les éditions Menu Fretin, 1120Modèle:Nb p. Modèle:ISBN
  • Manuel des amphitryons, contenant un traité de la dissection des viandes à table, la nomenclature des menus les plus nouveaux et des éléments de politesse, 1808. Réédition : Éditions Métailié, 1995 Modèle:ISBN ;
  • Revue des comédiens, ou Critique raisonnée de tous les acteurs, danseurs et mimes de la capitale, par M***, vieux comédien, et par l’auteur de la Lorgnette des spectacles, avec Fabien Pillet, 1808 ;
  • Avantage de la bonne chère sur les femmes, discours d’un vrai gourmand, 1870 ;
  • Calendrier gastronomique, suivi des Aphorismes du professeur, par Brillat-Savarin, et des Sonnets gastronomiques, par Charles Monselet, 1946.
  • Variétés gourmandes, suivi du Traité des excitants modernes par Honoré de Balzac, Henri Kaeser, Lausanne, 1951, 268 p.

Notes et références

Notes

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Références

Modèle:Références

Référencement à Ned Rival, Grimod de la Reynière le Gourmand Gentilhomme

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Bibliographie

Liens externes

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