Étoile jaune

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Modèle:Voir homonymes

Fichier:Etoile-Jaune-IMG 0942.jpg
Modèle utilisé en France.

L’étoile jaune (Modèle:Lang-de « étoile des Juifs », Modèle:Lang-he hatlaï hatsahov « le chiffon jaune ») est un dispositif de discrimination et de marquage imposé par l’Allemagne nazie aux Juifs résidant dans les zones conquises au cours de la Seconde Guerre mondiale, avec peu d’exemptions.

Fichier:Belgian yellow badge.gif
Modèle utilisé en Belgique.

Pièce de tissu en forme d’étoile de David, de couleur jaune comme son ancêtre la rouelle, et portant généralement l’appellation locale (Modèle:Langue en Allemagne, Juif en France, Modèle:Langue aux Pays-Bas, « J » pour Jood\Juif en Belgique, « HŽ » en Slovaquie, etc.) en caractères imitant la calligraphie hébraïque, elle devait être cousue sur les vêtements de façon inamovible, en évidence, soit sur le côté gauche, soit à l'avant et à l'arrière, selon les directives locales<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Langue, sur le site de l’Modèle:Langue.</ref>. Le refus d’arborer ce dispositif qui rendait les Juifs identifiables en tant que tels a permis la sauvegarde de quelques-uns mais il entraînait la déportation immédiate s'il était découvert.

Histoire

Dispositifs de marquage des Juifs au cours de l’histoire

Modèle:Article détaillé

Fichier:Wormsjews.jpg
Couple juif de Worms, portant la rouelle jaune obligatoire. L'homme tient une bourse d'argent et des bulbes d'ail, souvent utilisés dans la représentation des Juifs (Modèle:S mini)

L’étoile jaune renoue avec la tradition des marques d’infamie imposées aux Juifs au cours des siècles.

La première semble avoir été conçue par le calife omeyyade Modèle:Souverain2 pour honorer les sujets non musulmans qui s’acquittent des taxes (djizia) qui leur sont imposées en vertu de la dhimma mais elles sont bientôt imposées à l’ensemble des dhimmis avec d’autres signes de disgrâce. Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le calife abbasside Jafar al-Mutawakkil (847-861) oblige les non-musulmans à peindre sur leurs demeures des singes (pour les juifs) et des porcs (pour les chrétiens)<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Vers la même époque au Maghreb, le cadi Ahmed ben Tâlib oblige les dhimmis de Kairouan<ref>Louis Massignon, Revue des études islamiques, Volume 9. P. Geuthner, 1935, Modèle:P. (extrait).</ref> à porter sur l’épaule un morceau d’étoffe de couleur blanche portant l’image d’un singe pour les juifs et celle d’un porc pour les chrétiens<ref>Mohamed Tahar Mansour, Du voile et du zunnâr : du code vestimentaire en pays d’islam, L’Or du temps, 2007, Modèle:P. (extrait).</ref> ; ils sont tenus d'accrocher les mêmes images sur leurs portes<ref>Sonia Fellous, Juifs et Musulmans en Tunisie : fraternité et déchirements, université de Paris-IV : Paris-Sorbonne, Société d'histoire des juifs de Tunisie (Paris, France), Jāmiʻah al-Tūnisīyah. Somogy, 2003, Modèle:P. (extrait) Modèle:ISBN.</ref>.

Selon un document du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle conservé dans une gueniza, obligation était faite aux Juifs de Bagdad de porter : Modèle:Citation bloc Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle encore à Jérusalem, les Juifs avaient pour signe distinctif le turban bleu<ref>Frédéric-Auguste-Antoine Goupil, Voyage en Orient fait avec Horace Vernet en 1839 et 1840, Paris, Challamel, 1843, Modèle:P. (lire en ligne).</ref>.

Apparemment importée en Europe occidentale par les croisés, la marque d’infâmie, la rouelle, est imposée aux Juifs et Sarrasins par le concile du Latran de 1215, officiellement afin de limiter les rapports sexuels « accidentels » entre chrétiens et femmes juives ou sarrasines.

L'étoile jaune est instaurée au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle à Prague<ref>Modèle:Ouvrage. Modèle:Plume Modèle:Citation bloc</ref>.

Instauration par les nazis

Fichier:Bundesarchiv Bild 183-B04490A, Berlin, Ältere Frau mit Judenstern.jpg
Une dame âgée portant l’étoile jaune à Berlin en 1941.

L'étoile jaune est mise en place par un décret du Modèle:Date-<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Langue (littéralement « Règlement de police relatif à l'identification des Juifs »)</ref>, signé par Reinhard Heydrich, alors à la tête de l’Office central de la sûreté du Reich. Tous les Juifs âgés de plus de Modèle:Nobr doivent alors la porter de manière bien visible chaque fois qu'ils se montrent en public, sans quoi ils s'exposent, même par négligence, à une amende ou de la détention.

Fichier:Die Katze lasst das Mausen nicht!.jpg
« Celui qui porte ce signe est un ennemi de notre peuple », Parole der Woche, 1er juillet 1942
Fichier:Stars of David from concentration camps.JPG
Étoiles de David provenant de différents camps de concentration, Beth Shalom Holocaust Memorial Centre

Auparavant, en Modèle:Date-, le correspondant en Allemagne du quotidien britannique The Daily Telegraph, signale que des plaques spéciales sont déjà apparues sur les portes de médecins juifs. De couleur bleu clair, ces plaques portent au coin à gauche une étoile de David de couleur jaune et l'inscription Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Dans sa finalité, l'étoile se veut une adaptation du principe de la rouelle de 1215 dont elle reprend la couleur, le jaune, symbole de trahison ou de folie aux yeux des chrétiens du Moyen Âge<ref>Le port de l'étoile juive en Europe, sur le site Mémoire juive et éducation.</ref>.

En France : la Modèle:8e allemande

Le gouvernement de Vichy n'est pas favorable à cette mesure. En Modèle:Date-, François Darlan fait savoir au commandement militaire allemand qu'il s'oppose au port d'un insigne distinctif, qui choquerait l'opinion publique<ref>Annette Wieviorka, Ralph Schor, L'antisémitisme en France pendant les années trente (compte-rendu), Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine, Année 1994, 41-1, Modèle:P.</ref>.

Prescrit par la Modèle:8e allemande datée du Modèle:Date- – publique le Modèle:Date- –, le port de l’étoile, que de nombreuses rumeurs évoquaient depuis un an, est rendu obligatoire à compter du dimanche Modèle:Date-<ref name="Laffitte p123">Modèle:Lien web.</ref>,<ref>D'après Léon Poliakov, L'Étoile jaune, éditions du Centre de documentation juive contemporaine, Paris, 1949 : les prévisions de la préfecture de police faisaient état de Modèle:Nombre âgés de plus de Modèle:Nombre, contrôlés en Modèle:Date-, dont Modèle:Nombre de plus de Modèle:Nombre. Modèle:Nombre seront dispensés : Modèle:Nombre et femmes et Modèle:Nombre.

Seront astreints au port de l'insigne : Modèle:Nombre, Modèle:Nombre, soit un total de Modèle:Nombre mais il sera délivré des insignes pour Modèle:Nombre (les internés dans les camps ne sont pas comptés).</ref>.

Dès le Modèle:Date-, la direction des établissements Barbet, Massin et Popelin, sis au 3 de la rue Saint-Fiacre à Paris, tient à la disposition de Dannecker Modèle:Unité de tissu. Le lendemain, celle des fonderies Deberny et Peignot remet à Dannecker les premiers clichés de l’étoile. Une première commande est alors passée par la SS à l’imprimerie parisienne Charles Wauters & Fils<ref>Laffitte Michel, « L'UGIF face aux mesures antisémites de 1942 », Les Cahiers de la Shoah 1/2007 (Modèle:N°), Modèle:P..</ref>.

Le Modèle:Date-, lors de la venue à Paris de Reinhard Heydrich, l'adjoint de Himmler à la tête des SS, une réunion avec Dannecker, chef, à Paris, de la Modèle:Nobr de la Gestapo, chargé de la « question juive », Otto Abetz, ambassadeur d’Allemagne, et Carl-Theo Zeitschel, chargé des questions juives à l’ambassade, précise la formulation du texte de la huitième ordonnance allemande en cours d’élaboration et promulguée le Modèle:Date-. Elle sera imposée à tous les Juifs de plus de Modèle:Nobr, aux Juifs de la zone occupée.

Dès le Modèle:Date-, les employés de l'UGIF apprennent que des insignes vont être distribués dans les commissariats de police<ref name="Laffitte p123" />.

En l'espace de deux semaines, trois étoiles par personne seront distribuées dans les commissariats par la police française, à environ Modèle:Nombre<ref>Centre de Documentation juive Contemporaine-XLIXa-38 Note du Modèle:Date- de Heinz Röthke, chef du « Service juif » à la SS de Paris : Modèle:Nombre jaunes ont été distribuées jusqu’au Modèle:Date- (68 459 à Paris et 10 240 en banlieue). Environ 83 000 jusqu’au Modèle:Date-.

La note précise « qu’environ Modèle:Nombre ont été enregistrés. La raison de la différence se trouve dans le fait qu’un certain nombre de Juifs a entre-temps déménagé en zone libre ou a été déporté. D’autres raisons sont l’exemption du port obligatoire de l’étoile jaune pour des Juifs de certaines nationalités et le fait qu’il y ait des Juifs qui ne se sont pas procurés l’étoile jaune ».</ref> sur Paris et sa banlieue, en échange d'un point textile sur les cartes de rationnement. Doivent porter l'étoile dès le début : les Français, les Allemands, les Belges, les Croates, les Néerlandais, les Polonais, les Roumains, les Slovaques, les Soviétiques, les Yougoslaves et les apatrides.

Mesure tardive

Fichier:Bundesarchiv Bild 183-N0619-506, Paris, Jüdische Frauen mit Stern.jpg
Femmes à Paris portant l'étoile jaune (juin 1942).

Le port obligatoire de l'étoile jaune ne marque en rien le début de la persécution. Le premier acte officiel de discrimination, qui date du Modèle:Date-, fait partie des premières « lois » prises par le régime de Vichy. Quand la Modèle:8e est promulguée, les rafles, sans avoir l'ampleur de [[Rafle du Vélodrome d'Hiver|celle du Modèle:Date-]] dont elle est la préparation psychologique, et les contrôles arbitraires sont déjà fréquents. Le premier convoi pour Auschwitz date du Modèle:Date-.

En revanche, le port obligatoire de l'étoile jaune marque le début l'affichage au grand jour de la politique de persécution et d'une prise de conscience de celle-ci par un public qui pouvait jusqu'alors feindre de l'ignorer.

De rares dérogations

Des dispositions dérogatoires existaient : l'ordonnance indiquait que Modèle:Citation

Les exemptions devaient se limiter aux étrangers issus des pays belligérants (Grande-Bretagne, Canada, États-Unis, États ennemis d'Amérique centrale ou du Sud), pays neutres (Suisse, Espagne, BrésilModèle:Etc.) et des pays alliés de l'Allemagne (Italie, Turquie, Bulgarie et la Grèce occupée) pour éviter les représailles contre les ressortissants allemands ainsi que les interventions des pays neutres<ref>Une note du Modèle:Date-, du Modèle:Langue, chef de la Gestapo, au général Oberg, chef supérieur de la SS et de la Police Modèle:Langue pour la France, souligne comment il précisa à l'ambassadeur Brinon les conditions d'exemptions : Modèle:Citation bloc</ref>.

Dans sa lettre du Modèle:Date- à l'ambassadeur de France, Fernand de Brinon, le général Carl Oberg, chef de la SS en France occupée, souligne : Modèle:Citation bloc

Seront également exemptés les Juifs vivant en mariage mixte, si leurs enfants étaient reconnus comme non juifs.

Une note du Modèle:Date-<ref>Centre de Documentation juive contemporaine - Modèle:XXVa-164, note du 25 août 1942, du Modèle:Langue Heinz Röthke du Modèle:Nobr de la Sipo-SD France à Paris, adressée au Modèle:Langue Helmuth Knochen, concernant l'exemption du port de l'étoile.</ref> de Heinz Röthke, chef du service Juif à la SS de Paris, dresse une liste de Modèle:Nombre, officiellement exemptés du port de l'étoile jaune<ref name=":1">Modèle:Lien web</ref>. Lisette de Brinon, née Franck, est inscrite en tête de liste. Elle est l'épouse de Fernand de Brinon, ambassadeur du gouvernement de Vichy à Paris. Suivent trois exemptions sollicitées par le Maréchal Pétain. Dans une lettre du Modèle:Date-<ref>AN F60 1485 et CDJC-Modèle:XLIXa-90a : lettre du 16 juin 1942, du chef de l'état-major du Modèle:Langue (MbF), accompagnée de la copie d'une lettre du 12 juin 1942, du Maréchal Pétain adressée à l'ambassadeur de France, Fernand de Brinon et une note du 17 juin 1942, du Modèle:Langue Beumelburg, adressées au Modèle:Langue Karl-Albrecht Oberg, concernant l’exemption du port obligatoire de l’étoile jaune pour certains Juifs français.</ref>, adressée à Brinon, Pétain écrit<ref>Archives Nationales F60 1485 du 12 juin 1942</ref> : Modèle:Citation bloc

Une inscription manuscrite du Modèle:Langue Karl Bömelburg, chef de la Gestapo, précise en allemand qu'il s'agit de cent cas. « La liste devra être contresignée par le chef du Gouvernement, Pierre Laval, et transmise à Carl Oberg, chef supérieur de la SS, responsable de la Question juive depuis le 5 mai 1942 »<ref name=":1" />.

Le Modèle:Date-, le docteur Bernard Ménétrel<ref>Docteur Ménétrel.</ref>, l'éminence grise de Pétain, transmettra à Brinon seulement deux demandes précises d'exemptions : Madame de Chasseloup-Laubat<ref group="note">Madame de Chasseloup-Laubat, née Marie-Louise, Fanny Clémentine, Thérèse Stern, à Paris le 4 février 1879. Elle était la fille d’Ernesta de Herschel, connue sous le nom de Maria Star, et veuve du banquier Louis Stern (1840-1900), fils d'Antoine Stern, fondateur de la banque Stern. Marie-Louise Stern a épousé le 21 juillet 1900 à la mairie du Modèle:8e, à Paris, le marquis Louis de Chasseloup-Laubat, aryen, ingénieur civil. La marquise de Chasseloup-Laubat est convertie au catholicisme le 21 août 1900, a eu trois enfants, tous mariés, la princesse Achille Murat (Madeleine (1901-1945) qui avait épousé Achille Alain Joachim Napoléon Murat (1898-1987) en 1923, le comte François de Chasseloup-Laubat, et la baronne Fernand de Seroux.</ref> et Madame de Langlade<ref group="note">Madame de Langlade est née Lucie Stern, sœur de la marquise de Chasseloup-Laubat. Lucie Stern a épousé, le 11 avril 1904, Pierre Girot de Langlade, aryen. Elle s'est convertie au catholicisme le 17 juin 1911. De ce mariage est issu un fils, Louis de Langlade, agriculteur.</ref>. Modèle:Citation précise le courrier. À la différence de sa sœur, Lucie Langlade - bien que convertie au catholicisme depuis 1911 - n'obtiendra pas d'exemption ni le protecteur statut d'aryenne d'honneur. Arrêtée, elle ne sera pas libérée malgré des interventions, et mourra en déportation. Le Modèle:Date-, elle fera partie du convoi Modèle:N° pour Auschwitz et sera envoyée à la chambre à gaz le Modèle:Date-.

Le cabinet de Pétain transmet trois demandes de dérogations dont celle de la générale Billotte, née Catherine Nathan, veuve depuis 1940 de Gaston Billotte, proche de Joffre et Pétain, gouverneur militaire de Paris de 1937 à 1939<ref>CDJC-XLIXa-90a du 16 juin 1942</ref>,<ref name=":1" />.

Parmi les autres exemptions accordées, la comtesse Suzanne de Sauvan d'Aramon<ref group="note">La comtesse Suzanne de Sauvan d'Aramon (1887-1954) est l'épouse du Comte Bertrand de Sauvan d'Aramon (1876-1949), député Fédération républicaine du {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XVe{{#if:|  }} }} arrondissement de Paris (de 1910 à 1914 et de 1928 à 1940), qui vota les pleins pouvoirs à Pétain, fille du banquier Edgard Stern et de Marguerite Fould, mondanité du Tout-Paris (immortalisée par le peintre Carolus-Duran en 1889, visible au Petit-Palais). En avril 1937, les obsèques d’Edgard Stern seront célébrées par le grand-rabbin de Paris Julien Weill. Les Stern ont vu leur hôtel particulier du 20, avenue Montaigne, occupé par les Allemands et pillé de son exceptionnelle collection d’objets et de meubles Modèle:Nobr. Leur propriété de Villette à Pont-Sainte-Maxence (Oise), achetée en 1900, sera également occupée par les troupes d’Occupation, et verra les Jeunesses pétainistes, avant de devenir un centre de convalescence pour prisonniers et les troupes américaines. L’oncle de Modèle:Mme d'Aramon, Jacques Stern, directeur politique du Monde illustré, député des Basses-Alpes de 1914 à 1919 puis de 1928 à 1936, avait été trois fois ministre (cabinet Steeg en 1930 et cabinets Sarraut en 1933 et 1939). Arrêtée à l'hôtel Moderne à Espalion (Aveyron), la comtesse est internée à Drancy le 25 juin 1944.</ref>.

Outre les demandes « relationnelles » considérées comme « indispensables », la note de Röthke fait état de huit cas où l'exemption est accordée Modèle:Citation<ref name=":1" />. Sept autres exemptions relèvent de demandes de l'AST (Modèle:Languee), les services de contre-espionnage ; l'une d'entre elles concerne concerne Josef Hans Lazar, chef de la propagande allemande en Espagne, six exemptions concernent des Juifs « travaillant avec la police anti-juive »<ref name=":1" />. Parmi ces derniers se trouvait Moszek (Maurice) Lopatka, né à Varsovie en 1883. Léon Poliakov le considère comme le plus Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> ; il sera fusillé à la Libération<ref>CDJC-XXVa-189 certificat du 24 juillet 1942</ref>,<ref name=":1" />.

L'ambassade d'Allemagne à Paris avait examiné d'autres demandes lors d'une réunion tenue le Modèle:Date-<ref>CDJC-Modèle:XLIXa-91b Lettre et note de Hagen au commandant de la Sipo-SD de Paris, du 18 juin 1942.</ref>. « Le 25 août 1942, une note signée Heinz Röthke, chef du service juif de la SS de Paris, dresse une liste de 26 exemptions, accordées jusqu’au 31 août, avec prolongation possible de trois mois »<ref name=":1" />,<ref>CDJC-XXVa-164 du 25 août 1942</ref>.

L'ambassadeur Abetz, avec Oberg, Rudolf Rahn, Zeitschel, Knochen et Hagen, discuteront des demandes d'exemption pour Louise Neuburger, veuve du philosophe Henri Bergson. Il sera également question du pianiste Kostia Konstantinoff, découvert juif tardivement et pilier de la programmation musicale de Radio-Paris<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Si aucune décision ne sera prise pour ces célébrités, en revanche le chef d'orchestre Marcel Lattès bénéficie d'une exemption à compter du Modèle:Date-, jusqu'au Modèle:Date-, qui lui a permis de travailler. Mais, le Modèle:Date-, la police vient le chercher à son domicile parisien. Il sera déporté à Auschwitz par le convoi Modèle:N° du Modèle:Date- et mourra le Modèle:Date- à Modèle:Nombre<ref group="note">Marcel Lattès est né à Nice le Modèle:Date-. Premier prix de piano au Conservatoire de Paris en 1906, ce compositeur oublié dans sa ville natale, a acquis une belle notoriété avant-guerre pour ses opérettes et comédies musicales. La plus célèbre sera Arsène Lupin banquier créée en 1930 aux Bouffes Parisiens avec Jean Gabin, comme jeune premier comique, d'après l’œuvre de son oncle Maurice Leblanc.
Il s'illustra aussi dans la musique d'une quarantaine de films pour des réalisateurs à succès comme Pabst, Abel Gance, Maurice Tourneur, Christian-Jaque, Dréville, Marcel L'Herbier. On lui doit aussi la musique des deux premiers films de l'argentin Carlos Gardel. Engagé volontaire en 1914, il comptera parmi les Modèle:Nobr israélites » raflés à Paris en décembre 1941 et retrouvera la liberté grâce à l'appui de Sacha Guitry et de son frère le banquier Georges Lattès.</ref>.

Les marchands d'art Allan Loebl<ref group="note">Allan Loebl était affilié au syndicat des marchands d'art dont l'industriel Achille Boitel, liquidé par la Résistance en 1944, était membre ainsi qu'Yves Perdoux, qui révéla les cachettes du marchand Paul Rosenberg dans le Bordelais.</ref>, Emmanuel Loebl et Hugo Engel obtiennent des exemptions sur intervention de Hans Posse, chargé par Hitler des acquisitions pour son musée de Linz en Autriche<ref name=":1" />,<ref>CDJC-XXVa-186 documents, du 10 août 1942 au 13 juillet 1943</ref>.

La situation qui restait favorable à certaines nationalités évoluera très vite : le Modèle:Date- (décision préparée le 8), les Juifs hongrois sont astreints à l’étoile par un complément à la Modèle:8e ordonnance. Les Juifs russes vivant en France doivent aussi porter l’étoile, qu’ils viennent ou non des territoires occupés. Le Modèle:Date-, on envisagea d'étendre la mesure aux Juifs bulgares, mais il n'y eut pas de suite (les archives des administrations françaises sont formelles à ce sujet).

Refus de dérogation

Fichier:Bundesarchiv Bild 183-R99297, Paris, Frauen mit Judenstern beim Einkaufen.jpg
Juifs achetant des aliments dans une rue de Paris (8 juin 1942)

Parmi les nombreuses demandes de dérogation pour des personnalités, la majorité n'obtient pas gain de cause.

La veuve de Fernand Widal de l’Académie de médecine<ref group="note">Fernand Widal (1862-1929), académicien de médecine, professeur de pathologie interne et de clinique médicale, spécialiste des maladies infectieuses, hépatiques, cardiaques et du système nerveux, identifia le bacille de la dysenterie, diagnostiqua la fièvre typhoïde dès 1896 et mettra au point un vaccin.</ref>, Sarah-Marcelle Widal née Ulmann avait le soutien notamment en 1942 du Pr René Leriche<ref>CDJC-CXV-52 Lettre du 25 juin 1942.</ref>, président de l’Ordre des médecins<ref group="note">Les Pr René Leriche et Lemierre écrivent en faveur de Mme Widal :

« (Fernand Widal a été) le conseiller éclairé du gouvernement et le maréchal Pétain l'a compté parmi ses amis... »

« C'est au nom du corps médical français tout entier, conscient de ce qu'il doit à Fernand Widal, que nous venons solliciter aujourd'hui qu'une mesure d'exception soit prise en faveur de Mme Widal.

Nous ne doutons pas qu'en intervenant pour obtenir cette mesure d'exception, le Gouvernement ne tienne à montrer que la France, dans son malheur, sait encore honorer la mémoire de ceux qui l'ont loyalement servie et ont contribué à accroître son prestige dans le monde ».

La réponse tiendra en quelques lignes indiquant qu'« une suite favorable » , ne pourra être donnée, l'ordonnance allemande « ne prévoyant pas de dérogation ».</ref>, et Pétain ami de Widal avait été le témoin de mariage de son fils Pierre Widal, en 1936, mais elle n'obtiendra pas de dérogation. Elle meurt six mois plus tard à 70 ans<ref name=":1" />.

Dans une lettre du 15 juin 1942 adressée au colonel Simonin, commandant du régiment des sapeurs-pompiers de Paris<ref>https://www.parismuseescollections.paris.fr/en/node/922413#infos-principales</ref>, il est indiqué qu'on ne peut accorder d'exemption aux 28 caporaux et sapeurs-pompiers juifs, y compris pour la tenue de feu<ref>Modèle:Lien web</ref>. Seul, le pompier Albert Lévy de Bordeaux obtiendra momentanément l'autorisation d'exercer son métier dans les cuisines des sapeurs-pompiers sans porter d'étoile<ref>CDJC-CV-90 - Ensemble de lettres du 17au 26 mars 1943 du directeur de la Section d'enquêtes et de contrôle, destinées au délégué régional de la SEC de Bordeaux et au CGQJ, concernant le statut d'Alfred Lévy.</ref> mais sera rattrapé par la loi puis assassiné à Auschwitz-Birkenau en 1944<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Maurice Goudeket<ref group="note">« Arrêté en 1941 dans la « rafle des notables », Maurice Goudeket échappera à la déportation grâce à l’intervention de Sacha Guitry et de Paul Morand auprès de Laval et restera caché jusqu’à la Libération ». Lire en ligne</ref>, « engagé volontaire 14-18, médaillé militaire, croix de guerre, croix du combattant, blessé cité », marié en 1935 à la célèbre écrivaine Colette voit la demande de son épouse refusée par un courrier de Joseph Antignac, du 19 juin 1943<ref>CDJC-CXIII-9 Lettres du 31 mai 194 et du 19 juin 1943 échangées entre Colette et Joseph Antignac, directeur de cabinet du Commissariat général aux questions juives.</ref>,<ref group="note">« J'ai l'honneur de solliciter de votre haute bienveillance que mon mari, Maurice Goudeket, Israélite français, né à Paris le 3 août 1889, engagé volontaire 14-18, médaillé militaire, croix de guerre, croix du combattant, blessé cité, soit dispensé du port de l'étoile de Sion ».

Pour appuyer sa demande, elle souligne qu'à 70 ans, elle ne peut sortir seule pour se rendre à ses rendez-vous professionnels, en raison d'une arthrite de la hanche.

Colette ira jusqu'à mettre en avant sa notoriété outre-Rhin :

" « Je me permets d'ajouter que mes livres et ma personne ont toujours reçu, en Allemagne, l'accueil le plus favorable (tournée de conférences à Berlin, Vienne).

D'autre part, les autorités occupantes m'ont témoigné, ici, chaque fois que l'occasion s'en est présentée, le maximum de courtoisie et de bienveillance.

L'an dernier, le Pariser Zeitung, me prodiguait des éloges sans restrictions.

De son côté, mon mari peut prouver, par de nombreux témoignages que sa vie civile et militaire, écartée de toute politique, fut toujours vouée à l'honneur, et je sais que les autorités occupantes font cas d'un tel détail.

Je n'hésite pas à me porter, pour l'avenir, garante de mon mari.

Espérant que si dans mon long passé j'ai pu rendre services aux lettres, vous voudrez bien prendre soin de ma demande, je mets ici, Monsieur le ministre, l'expression de mes sentiments de gratitude et de considération ».

Le 19 juin 1943, Joseph Antignac, directeur de cabinet au Commissariat général aux questions juives adresse une réponse négative, soulignant que la demande transmise aux autorités allemandes « n'a pas été prise en considération et qu'il m'a été répliqué qu'aucune dérogation n'était admise ».</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Étoile jaune pour des rues

Fichier:Plaque Avenue Rachel - Paris XVIII (FR75) - 2021-08-04 - 1.jpg
  }} }}

A Paris, l'avenue Rachel, menant au cimetière de Montmartre, porte le nom de la grande tragédienne (1821-1858) depuis 1899<ref name=":0">Modèle:Lien web</ref>,<ref>M-P. Hamache et C. Lévy, « Elisa Rachel Félix, dite Rachel » in Archives Juives, Revue d'histoire des Juifs de France, N° 32/2, 2ème semestre 1999.</ref> mais sous l'Occupation, cette rue fait partie de celles que le capitaine Paul Sézille, directeur de l'Institut d'étude des questions juives, voulait marquer d'une étoile jaune, en raison de l'origine juive de l'actrice du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle ; ce projet n'aboutira pas<ref>« Lettre de Paul Sézille à Theodor Dannecker », archives de la préfecture de police, série BA 1817 (dossier B51), cité par Maurice Rajsfus, Opération Étoile Jaune, Le Cherche Midi, 2002.</ref>.

Étoile jaune et zone libre

L'étoile jaune n'a pas été portée en zone libre, même après son envahissement, le Modèle:Date-, par les Allemands et les Italiens à la suite du débarquement allié en Afrique du Nord. En Modèle:Date-, Röthke, lors d'un entretien avec Jean Leguay, secrétaire général de la police, avait évoqué la déportation en zone libre en proposant la dénaturalisation des Juifs.

Pétain s'opposa au port de l'étoile jaune en zone libre mais il fit apposer le tampon « Juif » sur les papiers d'identité. « Tant que je serai vivant, je n'accepterai jamais que cette ignominie qu'est l'étoile jaune soit appliquée en zone sud » déclara-t-il au grand-rabbin Schwartz<ref>Témoignage de Paul Estèbe, chef-adjoint de cabinet du Maréchal Pétain, rapporté par Modèle:Ouvrage.

Michel Cointet, dans Pétain et les Français (Perrin, 2002), Modèle:P., note que dans ses mémoires, Laval rejoindra la position de Pétain : « Je refuserai également l’obligation que les Allemands et le commissaire général voulaient imposer aux Juifs en zone sud de porter l’étoile jaune (…) J’avais refusé le port de l’étoile malgré les exigences allemandes. Ce fut le moindre mal, car l’insertion sur les cartes ne gênait pas les Juifs vis-à-vis des autorités françaises. Elles leur permettait d’échapper, comme travailleurs, au départ pour l’Allemagne, car j’ai toujours donné l’instruction de les exclure des départs. Ils furent seulement requis au tout dernier moment pour les chantiers Todt et il y en eut un nombre infime. »</ref>. Toutefois, une lettre émanant des Allemands, datée du Modèle:Date- et conservée au Mémorial de la Shoah, rapporte que l'étoile jaune fut bien introduite en zone sud, Modèle:Référence souhaitée sauf dans la zone occupée par l'Italie.

Réaction des autorités religieuses

Le pasteur Marc Boegner, président de la Fédération protestante de France, écrira à Pétain le Modèle:Date- pour lui exprimer « la douloureuse impression éprouvée par les Églises de son ressort devant les nouvelles mesures prises par les autorités d'occupation à l'égard des Israélites ». Et le pasteur André Bertrand, un de ses vice-présidents, adressera une lettre aux pasteurs de la zone occupée rappelant « l'égalité des races devant Dieu ».

L'archevêque de Paris, le cardinal Suhard, plaidera pour des demandes d'exemptions<ref>AN F60-1485 : Lettre du chanoine Maurice Bohan à Brinon, le 14 octobre 1942 : « Des exemptions ont été accordées par le commandement militaire pour la Belgique Nord de la France dans une ordonnance Modèle:N° du Modèle:1er juin 1942. Ces exemptions ont été accordées :

  1. à des femmes catholiques mariées à des Juifs ;
  2. à des époux Juifs vivant dans un mariage mixte, lorsque de ce mariage sont issus des enfants qui ne sont pas considérés comme Juifs.

Cette règle vaut, même si le mariage est dissous.

Votre haute autorité ne pourrait-elle pas intervenir auprès de Modèle:M. le Commandant Militaire pour la France, pour que semblable exemption puisse être accordée aux Juifs qui en feront la demande et qui pourront justifier qu’ils remplissent les conditions d’exemptions prévues ».</ref>.

Dans son sermon du Modèle:Date-, à la Sainte-Chapelle, le suppléant du cardinal prendra position contre l'étoile, rappelant que « les Juifs et les Chrétiens sont des frères »<ref>CDJC-XLIXa-94a Rapport du 25 juin 1942 du Modèle:Nobr de la Sipo SD de Paris au Modèle:Nobr.</ref>.

À Vichy, rapporte Georges Wellers, « le RP Victor Dillard, devant ses fidèles de l'église Saint-Louis, les invite à prier pour les Modèle:Nombre que l'on bafoue en leur faisant porter l'étoile jaune ».

L'abbé Jean Flory, curé de Montbéliard, lors de la messe de minuit de 1942, en présence d'Allemands en uniforme, avait fait porter par les enfants de chœur en procession un enfant Jésus à l'étoile jaune. Dans la crèche, Joseph et Marie portaient aussi l'étoile. L'affaire n'aura pas de suite<ref>L'action de l'abbé Flory (1886-1949), ordonné en 1911, curé de Montbéliard à partir de 1937, est rapportée dans Chrétiens et Juifs sous Vichy, 1940-1944 : sauvetage et désobéissance civile, par Limor Yagil (Éditions du Cerf, 2005). L'Abbé Jean Flory : documents et témoignages recueillis par Joseph Ball (1978).</ref>.

Le statut des Juifs obligea l'archimandrite de Meudon, Serge Feffermann, haut dignitaire de l'Église russe orthodoxe, à porter l'étoile jaune. Dans une lettre au CGQJ du Modèle:Date-, il demande à ne plus porter l'étoile, après avoir rappelé avoir quatre grands-parents juifs et sa conversion à Modèle:Nombre : « Un demi-siècle passé au service de l'Église catholique orthodoxe pouvait me faire croire que jamais rien ne me rappellerait ma lointaine origine israélite. Or, actuellement, à cause de règlements, peut-être trop rigoureusement interprétés, je suis astreint à porter l'étoile de Sion, que j'ai reniée à jamais, et qui comporte le plus douloureux sacrifice qui puisse être imposé à un prêtre, celui de ne pouvoir participer à la célébration de service religieux ». Sa demande sera rejetée le Modèle:Date-<ref>Centre de Documentation Juive Contemporaine- Modèle:XXXII-149/150 Lettre du 17 décembre 1942.</ref>.

Les Juifs sépharades, qui figuraient parmi les dérogations du second statut des Juifs accordées aux anciens combattants, ont fait l'objet de demandes d'exemption générale des mesures anti-juives. En Modèle:Date-, le directeur du Statut des personnes au Commissariat général aux questions juives demandera même conseil au consul général d'Espagne à Paris. Bernardo Rolland répondra que « la loi espagnole ne fait aucune distinction du fait de leur confession entre ressortissants espagnols », et il prônera de ne pas appliquer le statut aux sépharades<ref>Centre de Documentation Juive Contemporaine - Modèle:XXXII-180/81 Lettre de juillet 1942 de Jacques Ditte au consul général d'Espagne.</ref>. Les mères israélites sépharadiques adressèrent une lettre au maréchal Pétain en ce sens<ref>Centre de Documentation Juive Contemporaine- Modèle:XXXII-182 Lettre du 22 septembre 1942.</ref>. Darquier de Pellepoix, commissaire général aux questions juives, mettra un terme aux hésitations en Modèle:Date- en décidant l'application du statut<ref>Centre de Documentation Juive Contemporaine- Modèle:XXXII-185/86.</ref>.

Autres signes distinctifs imposés par le régime nazi

Fichier:Bundesarchiv Bild 183-B13329, Russland, Ghetto Chisinau, Jüdische Frauen.jpg
Femmes portant une étoile blanche sur fond noir, ghetto de Chisinau en Moldavie (août 1941)

En Pologne, les Allemands obligèrent les Juifs de plus de douze ans à porter un brassard blanc avec une étoile de David bleue au centre, sur le bras droit. En Croatie, le brassard était jaune avec une étoile noire au centre.

En Roumanie, à partir du Modèle:Date-, le port de l'étoile sera étendu à l'ensemble du pays : une étoile noire sur fond blanc. Dans l'armée, le grade des juifs est représenté par des étoiles jaunes, le port des feuilles de chêne sur la casquette leur étant interdit.

Port de l'étoile jaune

Ne pas porter l'étoile : quels risques ?

L'étoile jaune devait être solidement cousue. Ne pas la porter ou même la dissimuler constituaient des infractions à l'ordonnance allemande, et un motif suffisant de déportation. Un Juif sans étoile prenait également un risque accru de dénonciation.

«... entre 850 et 900 personnes ont été arrêtées par la SEC entre l’automne 1942 et l’été 1944, et parmi elles, environ 650 ont été déportées... D’après les registres de la SEC, tenus entre le 15 juin 1943 et le 14 juillet 1944, sur 568 personnes arrêtées, 283 l’ont été pour infractions aux ordonnances allemandes, soit 50,7 % (port de l’étoile et interdiction de fréquenter les magasins sauf de 15 à 16 heures) »<ref>Laurent Joly, Vichy dans la Solution Finale 1941-1944, Grasset, 2006</ref>.

Louise Jacobson, une lycéenne de Modèle:Nombre, arrêtée chez elle, rue des Boulets dans le {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XIe{{#if:|  }} }} arrondissement de Paris, par la police française. Incarcérée à Fresnes le Modèle:Date-, Drancy, Beaune-la-Rolande, elle sera déportée par le convoi Modèle:N° du Modèle:Date- et mourra gazée à son arrivée à Auschwitz. La jeune fille a laissé six mois de lettres émouvantes écrites pendant sa captivité, que sa sœur publiera en 1989, adaptées au théâtre sous le titre Les lettres de Louise Jacobson<ref>Nadia Kaluski-Jacobson, Les Lettres de Louise Jacobson et de ses proches 1942-1943, Laffont, 1997.</ref>.

Le 8 décembre 1942, l’inspecteur zélé Robert Douillet interpelle dans le métro Albert Morhaim âgé de 18 ans qui ne porte par d’étoile, et le conduit au siège de la SEC où il est brutalisé. Quelques heures plus tard, Douillet et un autre inspecteur se rendent chez les parents du garçon, à Champigny-sur-Marne, et les arrêtent avec deux autres enfants, Roger et Rachel. Les cinq membres de cette famille sont déportés le 11 décembre 1943 dans le convoi n° 47 puis assassinés<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

La philosophe Elisabeth de Fontenay rappelle que toute la famille de sa mère (née Hornstein) est morte à Auschwitz : « la mère de ma mère, la soeur de ma mère et son mari, ainsi que leurs deux enfants qui avaient le même âge que moi et mon frère. Micheline et Daniel Feinstein, 11 ans et 9 ans... Ils ont été déportés en mars 1944. Dénoncés, probablement par des voisins. Aucun d'entre eux n'avait jamais porté l'étoile jaune »<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Fichier:BoruchSZLEZIINGER.EtoileJaune.jpg
Adolescent portant l'étoile jaune.

Des enfants qui ne portaient pas l'étoile sont aussi dénoncés et arrêtés : Sylvie Rosenthal, 12 ans, internée au camp de La Lande, précédemment réfugiée à Pornic avec sa mère et son frère puis à Angers<ref>CDJC-XLII-32 - Lettre du 28 août 1942 de Jean Osvald pour adopter la fillette, adressée à Louis Darquier de Pellepoix, commissaire général aux questions juives. CDJC-XLII-41 Documents administratifs du 22 septembre 1942 au 10 mars 1943.</ref>, est déportée à Auschwitz par le convoi n° 36 parti de Drancy le 23 septembre 1942, qui comptait 29 enfants et 4 adolescents, de 1 an à 15 ans, domiciliés à Tours ; tous assassinés<ref name=":2">Modèle:Lien web</ref>. Colette Rozen, 12 ans également, scolarisée à Wassy, est arrêtée dans sa salle de classe le 27 janvier 1944 puis est déportée à Auschwitz, après ses parents déportés deux ans plus tôt<ref>Récit de Sylviane Cuartero pour Guysen Israël News, du 14 avril 2007.

Le père, Mordka Rozen, arrêté à Saint-Dizier (Haute-Marne), incarcéré à Châlons-sur-Marne, fera passer des courriers aux familles d'accueil de ses enfants, Colette Rozen et sa petite soeur Anette, 3 ans, avant d'être déporté avec son épouse Bayla le 27 juillet 1942 : " J'espère que Colette n'aura pas besoin de porter l'insigne vu que nous ne sommes plus là. Elle n'attirera pas l'attention des gens ".</ref>.

On peut aussi être déporté pour avoir « mal porté » son étoile. Le 15 mars 1943, Chil Kelerman est arrêté car à ce moment, il « changea de main une serviette en cuir qu’il portait sous son bras et qui dissimulait son étoile »<ref>Archives Nationales, AJ38 205</ref> ; il est déporté le 25 mars 1943. Le 12 janvier 1944, rue des Poissonniers, l’inspecteur Fournier « a remarqué une femme présentant toutes les caractéristiques de la race juive, qui se livrait à différentes emplettes (…) en dehors des heures prescrites et dissimulait son étoile sous une pèlerine de lainage »<ref>Archives Nationales, AJ38 215</ref> ; ainsi, Rebecca Goldberg, âgée d'une soixantaine d'années, est déportée une semaine plus tard dans le convoi n° 66<ref name=":2" />. Le 24 mars 1944, Léa Beer est arrêtée « sous prétexte que le voile de deuil qu’elle portait cachait son étoile » ; elle sera déportée début mai 1944<ref>Archives Nationales, Z6 830/19179</ref>.

Dans certaines circonstances, ne pas porter l'étoile a pu aussi sauver la vie. Dans le Mémorial des enfants juifs déportés de France, Serge Klarsfeld cite le témoignage de Sarah Lichtstein, arrêtée à Modèle:Nombre, avec sa mère, lors de la rafle du Vél d'Hiv', le Modèle:Date-<ref>Éditions Fayard, 2011.</ref> : Modèle:Citation bloc

Ils ont refusé l'étoile

Plusieurs personnalités n'ont pas porté d'étoile jaune<ref>Modèle:Lien web</ref>, parmi elles Robert Débré<ref>Modèle:Lien web</ref>, Max Jacob<ref name=":3">Modèle:Lien web</ref>, Louise Jacobson (17 ans)<ref name=":2" /> ou Françoise Giroud<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Robert Debré

Volontairement, Robert Debré n'a pas porté l'étoile jaune. Dans ses mémoires, il revient sur son choix<ref>Robert Debré : L'honneur de vivre (Stock - Hermann 1974), Modèle:P..</ref> : Modèle:Citation bloc

En Modèle:Date-, il sera inquiété par la police française alors qu’il se rend sans étoile à l’Académie de médecine. Dans son rapport d’enquête, l’inspecteur Henri Soustre, indique avoir interrogé le médecin à son domicile : Modèle:Citation.

L’enquêteur précise que ce décret n’est pas signé de Pétain mais du secrétaire d’État à l'Éducation nationale, Jérôme Carcopino, le Modèle:Date-, réintégrant le Modèle:Pr dans ses fonctions à l’Académie avec effet rétroactif : Modèle:Citation

Le rapport poursuit : Modèle:Citation.

Max Jacob

Fichier:Au sol dans la chapelle, en avant droit de l'autel est gravé cette indication "Max JACOB priait ...".jpg
Plaque dans La Chapelle de l'Abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire : endroit où Max Jacob priait au moment de son arrestation.

Né de confession juive, converti au catholicisme à Modèle:Nombre et oblat, Max Jacob (1876-1944) a été surnommé « le poète à l’étoile ». Modèle:Citation écrit-il dans une lettre alors qu’il s’est réfugié à Saint-Benoît-sur-Loire<ref name=":3" />.

Dans son poème Amour du prochain, initialement intitulé L'Etoile jaune des juifs et dédié à son ami le poète Jean Rousselot, il écrit :

« Qui a vu le crapaud traverser une rue ? C’est un tout petit homme, une poupée n’est pas plus minuscule. Il se traîne sur les genoux : il a honte, on dirait…? Non ! Il est rhumatisant. Une jambe reste en arrière, il la ramène ! Où va-t-il ainsi ? Il sort de l’égout, pauvre clown. Personne n’a remarqué ce crapaud dans la rue. Jadis personne ne me remarquait dans la rue, maintenant les enfants se moquent de mon étoile jaune. Heureux crapaud, tu n’as pas l’étoile jaune. »

Dans une lettre, il compare l’étoile à une « étiquette » :

« Je t’ai expliqué qu’il m’est impossible de voyager avec l’étiquette jaune sans me livrer aux fantaisies inculpatoires de la police (…) Vous ne le comprenez pas parce que vous ne savez pas de quelle manière la police se conduit vis-à-vis de nous : les rafles, etc. Et y aller sans étiquette c’est être en faute, donc en péril. Ici, je vis comme je veux ».

Finalement, il est arrêté par la Gestapo d'Orléans le Modèle:Date, avant d'être déporté au Camp de Drancy, où il meurt d'épuisement deux semaines plus tard<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Avocats et notaire

Chez les avocats et notaires Juifs, certains envisageront une action collective de protestation.

Le Modèle:Date-, Carltheo Zeitschel, expert aux Questions Juives à l’ambassade d’Allemagne, s’adresse en ces termes à Dannecker : Modèle:Citation

En marge la mention « À Drancy ! » sera rajoutée à la main<ref>CDJC-Modèle:XLIXa-110 : cette note évoquait aussi le contrôle de Modèle:Nombre juifs et la manifestation prévue le 7 juin 1942 en réaction à l'introduction de l'étoile.</ref>,<ref>Centre de documentation juive contemporaine - Modèle:XLIXa-110.</ref>.

Le Modèle:Date-, Röthke demandera une enquête qui n'aboutira pas en raison des vacances judiciaires et le bâtonnier Jacques Charpentier refusera de faire appliquer la Modèle:8e ordonnance. Il répondra que douze à quatorze avocats juifs sont encore en fonction qu'ils « ne portent pas l'étoile, volontairement, malgré les observations faites »<ref>Centre de documentation juive contemporaine - Modèle:Nobr.</ref>.

Port par des non-juifs

En France, par défi, un certain nombre de non-Juifs, en particulier les zazous, se sont affichés avec une étoile jaune portant l'inscription Modèle:Citation à la place du mot Modèle:Citation.

Une légende veut que, durant l'occupation du Danemark par l'Allemagne nazie, le roi Christian X, voire selon les versions, la population non-juive dans son ensemble, portaient aussi l'étoile jaune afin de soutenir leurs concitoyens juifs en rendant inefficace la mesure de l'occupant. Toutefois, la mesure n'a pas été imposée au Danemark ; cette histoire est par conséquent fausse<ref>Est-il vrai que le roi Modèle:Nobr du Danemark portait une étoile jaune pour montrer son soutien envers les Juifs danois ?, sur la foire aux questions du Modèle:Langue traitant de la Résistance et des opérations de sauvetage.</ref>.

On retrouve la même légende avec le sultan Modèle:Nobr du Maroc, alors que le territoire marocain ne fut jamais sous occupation allemande. Il refusa de promulguer l'ordonnance allemande dans le protectorat français en répondant au représentant de l'administration coloniale : Modèle:Citation. Néanmoins, il avait signé un dahir, en Modèle:Date-, instaurant le Modèle:Langue dans les professions libérales.

Dérogations contestées de Papon

À la Modèle:68e journée d'audience de son procès, Maurice Papon, l'ancien secrétaire général de la préfecture de Gironde, évoquera ses interventions pour « sauver des juifs ». Il estimera à « au moins Modèle:Nombre libérées ou exemptées des convois entre 1942 et 1944 » et assura que son service des questions juives accorda « Modèle:Nombre au port de l'étoile jaune, ce qui donnait une chance supplémentaire aux juifs d'échapper aux Allemands ». Ces dérogations auraient concerné Modèle:Nombre et Modèle:Nombre.

Michel Slitinsky, partie civile à l'origine du procès, contestera ces chiffres en les ramenant à seulement Modèle:Nombre accordées<ref group="note">Audience du 16 février 1998.</ref>.

Témoignages

Modèle:Citation bloc

Henri Jeanson rapporte : Modèle:Citation

Références culturelles

  • En 1973, dans le roman Un sac de billes de Joseph Joffo, le narrateur, un écolier, échange son étoile jaune contre un sac de billes, qui donne son titre à l'œuvre.
  • En 1986, dans son sketch On me dit que des Juifs se sont glissés dans la salle ?, l'humoriste Pierre Desproges incarne, au second degré, un personnage antisémite qui présente l'étoile jaune avec une évidente mauvaise foi comme un objet de fierté pour les Juifs, qu'ils instituèrent eux-mêmes :

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  • Dans la chanson Petit Simon (« Simon » étant un prénom d'origine hébraïque) de Hugues Aufray figure le refrain

Modèle:Citation.

Dans d'autres pays

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Jeunes juifs tunisiens retirant l'étoile jaune de leur revers, face à des soldats alliés, dans un village tunisien (1943).

Notes et références

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Notes

Modèle:Références

Références

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Annexes

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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