Langue homérique
On appelle langue ou dialecte homérique la langue employée dans l’Iliade et l’Odyssée d’Homère, ainsi que dans les hymnes appelés hymnes homériques.
Cette langue épique, déjà archaïque au Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle, est fondée essentiellement sur les dialectes ionien et éolien. Elle alterne formes archaïques et classiques. Déjà sous l’Antiquité, ces particularités étaient expliquées par les nécessités de la métrique grecque. Les scholiastes et les grammairiens, comme Eustathe de Thessalonique, parlent ainsi de la « contrainte du mètre » (Modèle:Grec ancien), en l’espèce l’hexamètre dactylique.
Les Modernes ont repris cette analyse, montrant que cette contrainte préside à la préservation de formes archaïques, l’introduction de nouvelles ou même la création de formes artificielles. Pour Milman Parry, l’existence d’un tel langage, artificiel et adapté aux besoins spécifiques du poète, prouve que ce langage est traditionnel et employé par tous les aèdes de l’époque homérique. Ce postulat a formé la base de sa thèse de l’oralité et de ses explications sur l’épithète homérique.
Phonétique
Voyelles
De manière générale, l’alpha long (Modèle:Grec ancien) de l’ionien-attique (grec classique) est remplacé en ionien par un êta (Modèle:Grec ancien). Ainsi, Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang (le jour) devient Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang, Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang (la déesse Héra) devient Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang. Les Modèle:Grec ancien conservés s’expliquent par un allongement compensatoire, un éolisme (par exemple Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang, « déesse ») ou encore un allongement du alpha bref (Modèle:Grec ancien) pour les besoins de la métrique. Cet allongement métrique se retrouve également dans le passage de Modèle:Grec ancien à Modèle:Grec ancien ou de Modèle:Grec ancien à Modèle:Grec ancien.
Homère emploie souvent, par archaïsme, des formes non contractes. Ainsi, on retrouve la forme Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang (les douleurs) au lieu de Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang ou encore χάζεο<ref>Modèle:Ouvrage</ref> / khádzeo (écarte-toi) au lieu de χάζου / khádzou. Certaines formes contractes sont irrégulières. De même, les finales ne subissent pas de métathèse (permutation) de quantité : Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang et non Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang.
Il existe des formes qui subissent une distension (diektasis), c’est-à-dire que d'une longue accentuée peut naître une brève : Modèle:Grec ancien < Modèle:Grec ancien.
L’apocope est automatique pour certaines prépositions telles que Modèle:Grec ancien, Modèle:Grec ancien ou Modèle:Grec ancien, mais touche aussi beaucoup d'autres mots. Elle est généralement associée à un phénomène d’assimilation.
Consonnes
Homère conserve le double sigma (Modèle:Grec ancien) de l’ionien et de l’ancien attique, là où l’ionien-attique écrit un double tau (Modèle:Grec ancien). Il alterne également formes à simple ou double sigma, pour des raisons de scansion.
Bien que le digamma (Modèle:Grec ancien, qui représentait le son [w]) ait disparu, il est encore employé pour des raisons de scansion. Ainsi du vers 108 du chant I de l'Iliade : Modèle:Citation bloc Modèle:Citation bloc
À l’initiale, le digamma permet d’empêcher l’hiatus ; à l’intérieur d’un mot, il empêche la contraction. Il peut aussi allonger une voyelle par sa chute. On trouve par exemple Modèle:Grec ancien à la place de Modèle:Grec ancien.
Le dialecte homérique est partiellement un dialecte à psilose (amuïssement du son [h] et donc disparition de l’aspiration) : Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang (soleil) devient Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang.
Morphologie
Déclinaison
Certaines terminaisons adverbiales sont utilisées dans la déclinaison : Modèle:Grec ancien pour le génitif et Modèle:Grec ancien pour le datif.
Première déclinaison
Certains masculins, employés dans des épithètes homériques, ont un nominatif en alpha bref : ainsi, Homère utilise Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang au lieu du classique Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang (cavalier).
Le génitif masculin est en Modèle:Grec ancien (ex : Modèle:Grec ancien, « Achille fils de Pélée », premier vers de l’Iliade). Quelques formes archaïques en Modèle:Grec ancien subsistent (ex : Modèle:Grec ancien ou Modèle:Grec ancien).
Au génitif pluriel, la forme non contracte en Modèle:Grec ancien (ex : Modèle:Grec ancien → Modèle:Grec ancien) est d’origine dorienne.
Deuxième déclinaison
Le génitif singulier peut être aussi bien l’archaïque mycénien Modèle:Grec ancien que le classique Modèle:Grec ancien. De même, le datif pluriel en Modèle:Grec ancien alterne avec le classique Modèle:Grec ancien.
Troisième déclinaison
Le datif pluriel peut être une forme en Modèle:Grec ancien. Le type Modèle:Grec ancien fait son génitif en Modèle:Grec ancien et son datif en Modèle:Grec ancien. Le type Modèle:Grec ancien voit parfois apparaître un Modèle:Grec ancien.
Conjugaison
On notera la présence de nombreuses formes irrégulières :
Le verbe « être »
- Modèle:Grec ancien = Modèle:Grec ancien (tu es)
- Modèle:Grec ancien = Modèle:Grec ancien (tu seras)
- Modèle:Grec ancien = Modèle:Grec ancien (il sera)
- Modèle:Grec ancien = Modèle:Grec ancien (j'étais; il était)
- Modèle:Grec ancien = Modèle:Grec ancien (ils étaient)
Les aoristes de plusieurs verbes
- ἤλυθον = ἦλθον (je vins)
- (ἔ)κηον = ἔκαυσα (je brûlai)
Les parfaits de quelques verbes
ὄπωπα = ἑώρακα (j'ai vu)
γεγαώς = γεγονώς (étant né/devenu)
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
Pour les positions classiques :
- P. Chantraine, Grammaire homérique, Klincksieck, coll. « Tradition de l'humanisme », tomes I (1958) et II (1953), nombreuses réimpr. ;
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} M. Parry, « Modèle:Lang », dans Modèle:Lang, Oxford University Press, 1971 ;
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} L. R. Palmer, « Modèle:Lang », dans A. J. B. Wace et F. H. Stubbings (éd.), Modèle:Lang, Macmillan, Londres, Modèle:P. ;
- P. Wathelet, Les Traits éoliens dans la langue de l’épopée grecque, Ateneo, Rome, 1970.
La part respective des éléments ioniens et éoliens est débattue, avec des résultats antagonistes, dans deux livres capitaux :
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} O. Hackstein, Modèle:Lang, Reichert, Wiesbaden, 2002 ;
- D. Haug, Les Phases de l'évolution de la langue épique. Trois études de linguistique homérique, Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen, 2002.