Abou el Kacem Chebbi

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Modèle:En-tête label Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Écrivain Abou el Kacem Chebbi (Modèle:Lang-ar), également orthographié Aboul Kacem Chabbi ou Aboul-Qacem Echebbi, né probablement le Modèle:Date à Tozeur et mort le Modèle:Date à Tunis, est un poète tunisien d'expression arabe considéré par Abderrazak Cheraït comme le poète national de Tunisie<ref name="cheraït p.19">Abderrazak Cheraït, Abou el Kacem Chebbi, éd. Appolonia, Tunis, 2002, Modèle:P..</ref>.

Très jeune, Chebbi voyage à travers toute la Tunisie. En 1920, il entre à l'université Zitouna où il connaît de difficiles conditions de vie. En parallèle à l'écriture de ses poèmes, il participe aux manifestations anti-zitouniennes qui agitent alors Tunis. Ayant terminé ses études, il commence à fréquenter des cercles littéraires et, le Modèle:Date, tient une conférence à la Khaldounia avec pour sujet l'imagination poétique chez les Arabes. Il y critique la production poétique arabe ancienne et cette conférence, bien qu'elle déclenche dans tout le Proche-Orient des réactions violentes à son encontre, participe au renouvellement de la poésie arabe. Mais son père meurt en septembre de la même année et, en janvier 1930, Chebbi veut donner à nouveau une conférence qui soit à la hauteur de celle de la Khaldounia. Toutefois, celle-ci est boycottée par ses adversaires, ce qu'il ressent comme un véritable échec. Sa santé, déjà fragile, se dégrade encore considérablement et il meurt subitement à l'âge de 25 ans.

Abderrazak Cheraït considère Abou el Kacem Chebbi comme « l'un des premiers poètes modernes de Tunisie »<ref name="cheraït p.9">Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. Ses poèmes apparaissent dans les plus prestigieuses revues de Tunisie et du Moyen-Orient. Fortement influencé par le romantisme européen des {{#switch: XIX

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}}, Chebbi, qu'on a pu surnommer « le Voltaire arabe »<ref name="habchicomm">Sobhi Habchi, « Y a-t-il un Prométhée oriental ? Le cas d'Abou-l-Qasim Ach-Chabbi », Communications, n°78, 2005, Modèle:P..</ref>, se penche sur des thèmes comme la liberté, l'amour et la résistance, notamment dans son fameux Ela Toghat Al Alaam qui s'adresse « aux tyrans du monde » et qu'il écrit en plein protectorat français de Tunisie.

Biographie

Famille

Chebbi naît au sein d'une noble famille lettrée et intellectuelle en Modèle:Date- (sans doute le 24<ref>Mohamed Hassen Zouzi-Chebbi indique le 4 février dans La Philosophie du poète. L'exemple d'un poète tunisien de langue arabe - Abul Qacem Chabbi, éd. L'Harmattan, Paris, 2005, Modèle:P..</ref>, soit le 3 Safar 1327 dans le calendrier hégirien<ref name="khayma">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Biographie d'Abou el Kacem Chebbi (Khayma).</ref>) dans le hameau familial de Châbbiya (devenu aujourd'hui l'un des quartiers de Tozeur correspondant au lieu-dit Ras El Aïn<ref name="ouertani1-3-09">Ali Ouertani, « La poésie chantée de Chebbi », La Presse de Tunisie, Modèle:1er mars 2009.</ref>)<ref name="cheraït p.23">Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. Châbbiya est à l'origine le nom d'une confrérie mystique fondée par l'ancêtre des Chebbi, Ahmed Ibn Makhlouf Chebbi (1431-1492)<ref name="zouzi25">Mohamed Hassen Zouzi-Chebbi, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. Hatem Bourial s'exprime ainsi sur la date de naissance exacte de Chebbi : Modèle:Début citation blocEst-il véritablement né un Modèle:Date- ? Nul ne le sait vraiment : seule certitude, l'année 1909 fut celle de sa naissance et, de son vivant, il n'apporta aucun démenti à cette date du Modèle:Date-<ref name="bourial16-1-9">Hatem Bourial, « Il s'appelait Aboul Kacem... », Le Renouveau, 16 janvier 2009.</ref>.Modèle:Fin citation bloc

Son père, le cheikh Mohamed Ben Belgacem Ben Brahim Chebbi<ref name="allani26-01-09">Foued Allani, « Dans l'antichambre de l'âme du poète (II) », La Presse de Tunisie, 26 janvier 2009.</ref>, né en 1879, amateur de poésie et de littérature<ref name="zouzi25"/>, a acquis une formation traditionnelle à l'université Zitouna<ref name="chemli21-10-09">Mongi Chemli, « Un poète romantique tunisien : Abou-l-Qasim Chabbi », La Presse de Tunisie, 21 octobre 2009.</ref> ; il part en 1901 étudier à l'université al-Azhar du Caire<ref name="khayma"/>. À son retour, après sept ans, il se marie à la mère de Chebbi<ref name="khayma"/>. On ne sait rien de celle-ci à l'exception de quelques apparitions en filigrane dans certains de ses poèmes comme celui intitulé Cœur maternel<ref name="cheraït p.32">Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. Chebbi est l'aîné de ses frères Abdelhamid et Mohamed Lamine, ou plus simplement Lamine<ref name="khayma"/>. Ce dernier devient secrétaire d'État (équivalent de ministre) de l'Éducation nationale, du Modèle:Date au Modèle:Date, dans le premier gouvernement formé après l'indépendance de la Tunisie<ref name="khayma"/>,<ref>« Entretien avec Mr Chedli Klibi : Puiser en nous-mêmes les accents qui forcent les portes de l'universel », La Presse de Tunisie, 28 mars 2006.</ref>. Abderrazak Cheraït indique qu'il a aussi un troisième frère<ref name="cheraït p.35">Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. Chebbi a également une cousine poétesse, Fadhila<ref name="jafrique2002">Jeune Afrique l'intelligent, n°2137-2145, éd. Jeune Afrique, Paris, 2002, Modèle:P..</ref>.

À peine est-il circoncis que la famille Chebbi quitte Tozeur<ref name="cheraït p.23"/>. En effet, le père de Chebbi étant devenu cadi le Modèle:Date<ref>Slimane Zéghidour, La poésie arabe moderne entre l'Islam et l'Occident, éd. Karthala, Paris, 1982, Modèle:P. Modèle:ISBN.</ref>, cette fonction conduit la famille à parcourir la Tunisie selon les villes où il est nommé<ref name="khayma"/>. Ils arrivent à Siliana en 1910, à Gafsa en 1911, à Gabès en 1914, à Thala en 1917, à Medjez el-Bab en 1918, à Ras Jebel en octobre 1924<ref name="cheraït p.125">Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref> et à Zaghouan en 1927<ref name="khayma"/>. Chebbi reçoit une éducation traditionnelle à l'école primaire coranique de ces diverses localités<ref name="zouzi p14">Mohamed Hassen Zouzi-Chebbi, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. Sa poésie garde la trace de la variété des paysages de ces villes, d'autant plus que le jeune garçon mène une vie plus contemplative que ses camarades, notamment à cause de la fragilité de son cœur dont il souffre très tôt<ref name="cheraït p.23"/>.

Jeunesse

Chebbi doit suivre la voie tracée par son père<ref name="cheraït p.25">Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref> : il entre donc le Modèle:Date à l'université Zitouna de Tunis<ref name="chemli21-10-09"/> où il apprend le Coran, la tradition de la religion et quelques aspects de poésie mystique<ref name="cheraït p.23"/>. Il habite ainsi dans des médersas pendant dix ans — soit toute son adolescence —, dans des conditions difficiles compte tenu de sa santé précaire<ref name="cheraït p.25"/>. Mohamed Farid Ghazi rapporte que « plus tard dans son Journal, il juge avec sévérité et mépris cet enseignement sclérosé »<ref name="cheraït p.25"/>. Alors que ses deux frères sont inscrits dans des écoles franco-arabes, Chebbi suit une formation dans un arabe pur et classique<ref name="cheraït p.23"/>. Il découvre des auteurs occidentaux, notamment les romantiques, à travers des traductions en arabe<ref name="cheraït p.23"/> qu'il trouve dans la fréquentation assidue, dès 1927, des bibliothèques de la Khaldounia (institut fondé par les nationalistes tunisiens)<ref name="cheraït p.25"/>, du club littéraire de l'Association des anciens élèves du collège Sadiki<ref name="zouzi p14"/> ou du club littéraire An-Nâdi Al Arabi (Foyer arabe)<ref>Mohamed Hassen Zouzi-Chebbi, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>.

À la Khaldounia, il lit Alphonse de Lamartine dont Raphaël (1849) est l'une de ses œuvres préférées<ref name="rachdi16-12-09"/>, Johann Wolfgang von Goethe et ses Souffrances du jeune Werther (1774), Ossian mais aussi des auteurs arabes, comme l'écrivain égyptien Taha Hussein et son essai De la littérature antéislamique (1926), Abbas Mahmoud Al-Akkad et Muhammad Husayn Haykal et son célèbre roman Zaynab (1914)<ref name="chemli21-10-09"/>. Il y lit aussi les œuvres des auteurs de l'école syro-libanaise du Mahjar (diaspora), établie principalement aux États-Unis, dont le poète libanais Gibran Khalil Gibran, Elia Abu Madi et Mikhail Naimy<ref name="latrech">Adel Latrech, « L'universalité de Abou el Kacem Chebbi. L'alchimie du verbe », La Presse de Tunisie, 17 mars 2008.</ref>,<ref name="chemli21-10-09"/>. Il a apprécié toute la production de Gibran et notamment ses poèmes en prose intitulés Al-Awasif (Les Tempêtes, 1920)<ref name="chemli21-10-09"/>. Au sein du club littéraire de l'Association des anciens élèves du collège Sadiki, il accède à la traduction en arabe de Paul et Virginie (1787) de Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre, Les Martyrs (1809) de François-René de Chateaubriand, Pour la couronne (1895) de François Coppée et Sous les tilleuls (1832) d'Alphonse Karr<ref name="chemli21-10-09"/>. Il y lit également certaines œuvres de Lamartine, Victor Hugo, Alfred de Vigny, Alfred de Musset, mais aussi des nouvelles de Colette, de Claude Farrère et de Paul Hervieu<ref name="chemli21-10-09"/>. Il y lit aussi l'ouvrage À quoi tient la supériorité des Anglo-Saxons ? (1897) d'Edmond Demolins, traduit en arabe par Fathi Zaghloul<ref name="chemli21-10-09"/>. Sa curiosité l'amène enfin à lire le poète anglais John Keats, le poète Al-Mutanabbi<ref name="cheraït p.94">Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref> et probablement le Prométhée (1789) de Goethe ou le Prométhée mal enchaîné (1899) d'André Gide<ref name="habchicomm"/>.

Fichier:Abo Al Qassim Al Shabbi.jpg
Abou el Kacem Chebbi durant sa jeunesse.

À partir de quatorze ans, Chebbi écrit ses premiers poèmes<ref name="cheraït p.25"/>. En 1924, son père est nommé à Ras Jebel puis à Zaghouan<ref name="cheraït p.27">Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref> trois ans plus tard. Pendant cette période, Chebbi écrit successivement : Ô Amour (1924), Tounis al-Jamila (La Belle Tunisie, 1925), La Guerre, La Complainte de l'orphelin et Le Chant du tonnerre (1926), Poésie, Rivière d'amour, D'hier à aujourd'hui et L'Éclat de la vérité (1927)<ref name="cheraït p.27"/>. Cette même année, sa concubine à Zaghouan meurt<ref name="allani26-01-09"/>. À 18 ans, Chebbi fait une rencontre importante avec l'éditeur tunisois Zine el-Abidine Snoussi, animateur d'une sorte de cénacle littéraire dans son imprimerie Dar al-Arab (rue Saïda Ajoula dans la médina de Tunis<ref name="bourial16-1-9"/>) qui édite des écrivains comme Mahmoud Messadi, Mustapha Khraïef, Ali Douagi ou Tahar Haddad<ref>Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. Snoussi publie l'année suivante son Anthologie de la littérature tunisienne contemporaine en arabe (1928) où il consacre pas moins de trente pages à Chebbi qui y rédige 27 poèmes<ref name="cheraït p.29">Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>.

Les poèmes de Chebbi sont également publiés dans le supplément littéraire du journal En Nahda<ref name="cheraït p.29"/>. Il milite au sein de l'Association des jeunes musulmans et est élu président du récent comité des étudiants, dans un climat de contestation de l'enseignement zitounien qui agite alors la capitale et qui va jusqu'à des menaces de grève<ref name="cheraït p.29"/>. En tant que membre du conseil de réformes, conseil composé d'étudiants, il insiste « sur la nécessité de rénover et de moderniser l'enseignement scolastique zitounien »<ref name="cheraït p.25"/>. Il rédige alors un Cahier des revendications des étudiants zaytouniens<ref>Collectif, Le rôle des mouvements d'étudiants africains dans l'évolution politique et sociale de l'Afrique de 1900 à 1975, éd. Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture/L'Harmattan, Paris, 1993, Modèle:P. Modèle:ISBN.</ref>. Ayant terminé avec succès ses études secondaires à la Zitouna en 1928, il s'installe à l'hôtel et s'inscrit en cours de droit<ref name="cheraït p.29"/> à l'École de droit tunisien<ref name="zouzi p14"/>.

Il fréquente désormais les réunions et les cercles littéraires, et commence à intéresser les milieux intellectuels et artistiques<ref name="cheraït p.29"/>. Il arbore des tenues plutôt dandy : Chebbi ne met généralement pas de chéchia et se rase la barbe — choses que les Zitouniens n'osent faire qu'après l'indépendance —, il s'habille avec élégance et ne porte pas les insignes obligatoires des bacheliers ès sciences théologiques zitouniens<ref>Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>.

Conférence retentissante à la Khaldounia

Le Modèle:Date, à la Khaldounia, Chebbi, avec l'appui du club littéraire de l'Association des anciens élèves du collège Sadiki<ref name="chemli21-10-09"/>, tient une conférence retentissante de deux heures sur le thème de « l'imaginaire poétique et la mythologie arabe » et s'indigne que « l'histoire n'a[it] retenu de la mythologie arabe que peu de choses<ref name="cheraït p.95">Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref> », manque qu'il explique en ces termes : Modèle:Début citation blocContrairement à d'autres civilisations, les légendes ou contes ne se trouvent dans aucun recueil, aucun manuscrit. Ils restent dispersés dans différents ouvrages ou sont transmis par la tradition orale, au point que les rassembler serait très difficile<ref name="cheraït p.95"/>.Modèle:Fin citation bloc Son exposé consiste en fait en une rude critique littéraire de la production poétique arabe depuis le premier siècle de l'hégire (Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle)<ref name="cheraït p.31">Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref> qui fait à l'époque scandale<ref name="bekri p.15">Tahar Bekri, Littératures de Tunisie et du Maghreb. Suivi de Réflexions et propos sur la poésie et la littérature, éd. L'Harmattan, Paris, 1994, Modèle:P. Modèle:ISBN.</ref>. Le jeune homme de vingt ans, « qui ne connaît aucune langue étrangère et [...] n'a jamais quitté son pays<ref name="mezzi">Faouzia Mezzi, « Centenaire de la naissance d'Aboulkacem Chebbi, le poète de la vie, de la volonté de la vie », La Presse de Tunisie, 18 décembre 2008.</ref> », surprend par l'originalité de ses idées et l'audace de ses jugements : Modèle:Début citation blocLes poètes arabes n'ont jamais exprimé de sentiments profonds, car ils ne considéraient pas la nature avec un sentiment vivant et méditatif, comme quelque chose de sublime, mais plutôt comme on regarde d'un œil satisfait un vêtement bien tissé et coloré ou un beau tapis, rien de plus<ref name="cheraït p.31"/>.Modèle:Fin citation bloc De plus, il pense que les Arabes « n'avaient comme expression de la beauté que celle de la femme »<ref name="cheraït p.99">Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>, mais il leur reproche qu'au lieu « de la placer sur un piédestal et de la voir d'un regard noble et sacré, à l'exemple des artistes grecs qui en firent leurs muses, le poète arabe ne l'évoque qu'en tant qu'objet de son désir et de sa convoitise charnelle<ref name="cheraït p.99"/> ». Chebbi choque par des propos tels que « la vision de la femme dans la littérature arabe est une vision médiocre, très basse et complètement dégradée »<ref name="cheraït p.99"/>.Modèle:Fin citation bloc

Comme l'indique Ameur Ghedira, cette conférence « [déclenche] d'abord en Tunisie, puis au Proche-Orient, une série de réactions violentes contre son auteur »<ref name="cheraït p.32"/>, surtout de la part des conservateurs et des poètes salafistes<ref name="mezzi"/>. Jean Fontaine remarque quant à lui que « Chebbi voit surtout les aspects négatifs de la poésie arabe ancienne »<ref name="cheraït p.32"/>. Il ajoute que le poète Abou el Kacem Chebbi « adopte la même démarche que les romantiques voulant une littérature qui corresponde à la vie »<ref name="cheraït p.32"/>. Le professeur Mongi Chemli décrit la conférence comme ayant « [sanctionné] l'inévitable : le divorce inéluctable avec l'ancien, la rupture irréversible avec le traditionnel »<ref name="chemli21-10-09"/>. Chebbi rappelle néanmoins : « Si j'appelle de mes vœux le renouveau [...] ce n'est point pour dénigrer la littérature de nos ancêtres »<ref>Abou el Kacem Chebbi, « Pour un renouveau littéraire », Apollo, n°10, juin 1993.</ref>. Muhyi al-dîn Klibi, ami de Chebbi, fait le compte-rendu de la conférence en ces termes : Modèle:Début citation blocCette conférence avait soulevé un grand écho dans les cercles littéraires de telle sorte qu'on peut dire qu'elle constitue le début de la querelle des Anciens et des Modernes, qu'elle a poussé à une sèche polémique entre les partisans du passé et ceux du renouveau<ref name="cheraït p.32"/>.Modèle:Fin citation bloc

Le jour même de cette conférence — qui a lieu pendant le ramadan —, Abou el Kacem Chebbi doit retourner à Zaghouan où son père est gravement malade<ref name="cheraït p.31"/>. Après l'Aïd el-Fitr, il revient à l'imprimerie vérifier l'édition par souscription du texte de sa conférence<ref name="cheraït p.31"/>, qui devient effective en avril<ref name="cheraït p127">Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. Le livre paraît donc finalement et tous les exemplaires disponibles sont vendus<ref name="latrech11-1-10">Adel Latrech, « Un poète qu'on dit rebelle et égaré », La Presse de Tunisie, 11 janvier 2010.</ref>. Fier du succès qu'il obtient, Chebbi compte éditer un recueil de poésie avec 83 poèmes<ref name="cheraït p.31"/>. Il l'intitule Aghani al-Hayat — plus tard traduit par Les Chants de la vie, Odes à la vie, Cantiques à la vie ou encore Hymnes à la vie<ref name="afkarnet">Biographie d'Abou el Kacem Chebbi (AfkarNet).</ref> — et le propose par souscription à quinze francs<ref name="cheraït p.31"/>. Toutefois, ce diwan n'est pas publié de son vivant<ref name="bekri p.16">Tahar Bekri, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>.

Mariage et début de la décadence

En Modèle:Date-, il écrit C'en est trop mon cœur. Vers la fin du mois, son père, mourant, retourne à Tozeur où la famille Chebbi lui rend visite<ref name="khayma"/>. On suppose que c'est à ce moment-là qu'il promet la main de son fils à l'une de ses cousines<ref name="cheraït p.32"/>, Shahla Ben Amara Ben Ibrahim Chebbi<ref name="cheraït p127"/>, avec qui Chebbi a deux enfants : Mohamed Sadok, né le Modèle:Date, qui devient colonel dans l'armée, et Jalal, né le Modèle:Date<ref name="cheraït p.37">Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>, futur ingénieur<ref name="afkarnet"/>. Son père meurt finalement le Modèle:Date<ref name="khayma"/>. Cette disparition le touche profondément et, le 29 octobre<ref name="cheraït p127"/>, Abou el Kacem Chebbi lui rend hommage par son poème Ilâ Allah (1929), qui se traduit par À Dieu<ref name="cheraït p.32"/>. Chebbi dit de lui : Modèle:Citation<ref name="chemli21-10-09"/>.

Fichier:Mahmoud Materi.jpg
Portrait du docteur Mahmoud El Materi.

En Modèle:Date-, un foyer de peste éclate dans le sud de la Tunisie<ref name="allani2-2-09">Foued Allani, « Dans l'antichambre de l'âme du poète (III) », La Presse de Tunisie, 2 février 2009.</ref>. Cette même année, il écrit Ya Ibn Ommi (que l'on peut traduire par Ô mon frère et qui signifie littéralement Ô fils de ma mère), notamment connu pour une phrase célèbre : « La vie n'attendra pas celui qui dort »<ref name="ouertani1-3-09"/>. Cette année 1929 marque aussi le début des véritables complications de sa santé<ref name="khayma"/> qui se dégrade encore considérablement pendant le premier hiver de 1930<ref name="cheraït p.33"/>. Son ami Zine el-Abidine Snoussi le présente au médecin Mahmoud El Materi qui diagnostique une asthénie physique et morale<ref name="khayma"/>. Le [[1er janvier|Modèle:Abréviation discrète janvier]], Chebbi décide de commencer son Journal<ref name="cheraït p.32"/>.

Le 13 janvier, il tient une conférence à la médersa Slimania sur le thème de la littérature maghrébine<ref name="cheraït p.33">Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. Boycottée par ses adversaires, les oulémas zitouniens et les conservateurs, cette conférence s'avère un véritable échec pour Chebbi<ref name="cheraït p.33"/>, la salle, quasiment vide, n'étant composée que de ses proches amis<ref name="mezzi"/>. Magnin pense qu'« une conspiration [...] fut organisée autour de lui par certains tenants de la tradition littéraire »<ref name="cheraït p.33"/>. Chebbi écrit le jour même, semble-t-il, Le Prophète méconnu, long poème publié en petit nombre d'exemplaires dans une plaquette de luxe aux éditions L'Art au service des Lettres<ref name="bourial16-1-9"/>,<ref name="cheraït p.33"/>. Il s'y compare à un « prophète méconnu » et analyse l'état malheureux d'un « poète-philosophe » jugé fou par son peuple « idiot »<ref name="allani2-2-09"/>.

Sans doute au cours de l'été 1930, son mariage, dont on ne sait pas grand-chose, est enfin célébré<ref name="chemli21-10-09"/>. Il participe alors à la nouvelle revue de Snoussi, Al-âlam al-adabi (Le Monde littéraire), et au supplément littéraire d'En Nahda ; la revue cairote Apollo publie quelques-uns de ses poèmes<ref name="cheraït p.37"/>,<ref name="mezzi"/>. Il refait une nouvelle version de son diwan mais, toujours par manque de souscripteurs, ne réussit pas à le faire publier<ref name="cheraït p.37"/>. Il n'a alors que vingt ans<ref name="cheraït p.32"/>.

Dernières années

Alors qu'il ressent de plus en plus d'indifférence de la part de ses compatriotes, le poète est en proie à des crises d'étouffement. On parle alors de myocardite et de tuberculose<ref name="cheraït p.33"/>. Selon Mohamed Farid Ghazi, la maladie dont serait atteint Chebbi touche surtout les enfants et les jeunes entre dix et trente ans, principalement les personnes à l'âge de la puberté<ref name="khayma"/>.

Ayant terminé ses études et reçu son diplôme en 1930<ref name="zouzi p14"/>, il effectue un stage de jeune avocat au tribunal de la Driba, mais, en 1931, par déception ou par obligation, il retourne s'installer à Tozeur<ref name="cheraït p.33"/>. Chebbi va alors s'occuper de sa famille, sa mère et ses frères, dont il a désormais la charge<ref name="cheraït p.35"/>. Le 13 octobre, il écrit Prières au temple de l'amour (Salawat fi hakel al-Hob, 1931), inspiré, selon l'homme de lettres kairouanais Mohamed Hlioui, par la beauté d'une jeune touriste européenne de vingt ans se promenant au milieu des palmiers d'une oasis de Tozeur, non loin du village natal du poète<ref name="ouertani1-3-09"/>. Le texte s'ouvre ainsi : Modèle:Vers

Le 17 octobre, sa maladie l'empêche de participer à la réception organisée au casino du parc du Belvédère à l'occasion de la parution de l'ouvrage de Tahar Haddad, Notre femme dans la législation islamique et la société<ref>Souad Bakalti, La femme tunisienne au temps de la colonisation (1881-1956), éd. L'Harmattan, Paris, 1996, Modèle:P. Modèle:ISBN.</ref>. Son premier fils, Mohamed Sadok, naît le 29 novembre<ref name="cheraït p.35"/>. L'année suivante, Chebbi crée l'association de l'amicale du Jérid et l'inaugure par une conférence sur l'hégire le Modèle:Date<ref name="cheraït p.35"/>. Ce même été, il part à Aïn Draham avec son frère Lamine et tous deux font un passage à Tobrouk (Libye), malgré la douleur ressentie par Abou el Kacem en raison de sa mauvaise santé<ref name="khayma"/>.

Pour Chebbi, 1933 est une année féconde : il écrit Pastorale en février<ref name="cheraït p.35"/>. En avril, la revue Apollo publie à nouveau ses poèmes<ref name="renouv9-10-09">Modèle:Pdf « Regards sur une vie », Le Renouveau, 9 octobre 2009.</ref>. Durant l'été, il se rend successivement à Souk Ahras (Algérie) puis à Tabarka où il rédige le Modèle:Date la qasida La Volonté de vivre<ref name="ouertani1-3-09"/>, puis Mes chansons ivres et Sous les branches<ref>Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>,<ref name="cheraït p.35"/>. À l'automne, il rentre à Tozeur<ref name="renouv9-10-09"/> et en décembre, il compose La Chanson de Prométhée<ref name="cheraït p.37"/>. Ce poème de 36 vers, écrit selon la prosodie arabe classique, a pour titre original Nachid al-jabbar aw hakaza ghanna Promithious, ce qui signifie Le Chant du géant ou Ainsi chantait Prométhée<ref name="habchicomm"/>. Quoique non autobiographique, le poème recèle en filigrane les souffrances physiques et morales de son auteur<ref name="habchicomm"/>. La Chanson de Prométhée, écrit à la première personne du singulier s'exprimant au temps du futur, commence par ce distique : Modèle:Vers

Alors que son second fils Jalal voit le jour en janvier 1934, Chebbi compose durant le mois de février L'Aveu, puis Le Cœur du poète en mars, et son célèbre Ela Toghat Al Alaam (Modèle:Langue) — en français Aux tyrans du monde<ref name="cheraït p.37"/> — en avril. Au printemps, il se repose à El Hamma du Jérid, oasis située à proximité de Tozeur<ref name="khayma"/>.

Mais la maladie continue à peser sur lui<ref name="cheraït p.38">Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. Le Modèle:Date, Chebbi part se soigner à l'Ariana où l'on ne parvient pas à identifier la nature de son mal<ref name="cheraït p.38"/>. Il a encore la force de retrouver ses amis, puisqu'une photo de lui prise à Hammam Lif peu avant sa mort paraîtra en couverture d'Al-âlam al-adabi au mois de décembre suivant<ref name="cheraït p.38"/>. Le 3 octobre, il est admis à l'hôpital italien de Tunis — actuel hôpital Habib Thameur — pour une myocardite et y meurt au matin du 9 octobre, à 4 heures, soit le Modèle:1er rajab 1353 du calendrier hégirien<ref name="khayma"/>, alors qu'il est à peine âgé de 25 ans<ref name="cheraït p.38"/>. Sa mort suspend le projet qu'il a eu durant l'été de publier son diwan<ref name="zouzichebbi50">Mohamed Hassen Zouzi-Chebbi, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>.

Caractéristiques de son œuvre

Thèmes

Les thèmes de prédilection d'Abou el Kacem Chebbi sont la vie, la mort, la nature, la liberté, l'amour, la mélancolie, l'évasion, l'isolement, l'exil, la révolte, etc<ref name="khalladi27-19-09">Hechmi Khalladi, « La vie dans tous ses états », Le Temps, 27 décembre 2009.</ref>,<ref name="rachdi16-12-09">Saloua Rachdi, « Le poète dans la voie du prophète », La Presse de Tunisie, 16 décembre 2009.</ref>. Ces thèmes, fortement influencés par le romantisme<ref name="bekri p.15"/>, font que les critiques et les chercheurs qui se sont penchés sur son travail le considèrent lui-même comme un romantique ; Abderrazak Cheraït le juge même comme étant « le poète romantique par excellence, le révolté »<ref name="cheraït p.9"/>.

Avec Chebbi, la poésie tunisienne se modernise car, pour lui, la poésie arabe s'est auparavant calcinée à des finalités (aghrad) qui lui font perdre de sa fraîcheur<ref name="mezzi"/>. Ainsi, Chebbi donne dans Poésie un certain nombre de définitions de la poésie qui rompent avec les conceptions de l'époque<ref name="khalladi27-19-09"/>. Il y définit notamment la poésie comme étant « un cri de l'âme triste », « l'écho d'un cœur en pleurs », « la beauté des lumières crépusculaires » et « l'inspiration de la vie et le langage des anges »<ref name="khalladi27-19-09"/>. Le Modèle:Date, il débute ainsi son Journal : « Je suis un poète. Or le poète a sa manière propre d'appréhender la vie, qui diffère peu ou prou de celle des autres »<ref>Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>.

Le regard novateur de Chebbi motive un « rêve de changement, de reconsidération de la condition humaine, par le combat envers tout ce qui pourrait » priver l'homme d'évolution<ref name="mezzi"/>. En outre, même si la poésie de Chebbi reste elle-même assez classique sur la forme — il garde ainsi la métrique classique<ref name="bekri p.15"/> — le fond est d'une grande nouveauté pour l'époque<ref name="bekri-apert p.43">Tahar Bekri et Olivier Apert, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. Ainsi, dans des poèmes comme Ela Toghat Al Alaam où, en plein protectorat, il dénonce le colonialisme français, il fait preuve d'humanisme : Modèle:Citation<ref name="cheraït p.9"/>. Le texte de ce poème s'ouvre ainsi : Modèle:Vers

L'écrivain Jalal El Mokh considère d'ailleurs que la conférence L'Imagination poétique chez les Arabes à la Khaldounia constitue la « ligne directrice » de l'œuvre du poète dans le sens où elle guide ses aspirations et ses objectifs<ref name="khalladi27-19-09"/>. Le journaliste Foued Allani, quant à lui, en vante le texte comme étant « le premier texte arabe ayant formulé de violentes critiques à l'égard d'un art sacré dans la littérature arabe »<ref name="allani19-01-09">Foued Allani, « Dans l'antichambre de l'âme du poète (I) », La Presse de Tunisie, 19 janvier 2009.</ref>.

La poésie de Chebbi est enfin censée exprimer ses sentiments, ses soucis et ses souffrances avec sincérité<ref name="rachdi16-12-09"/>. Il est en ce sens décrit comme le « poète de la douleur et des sentiments exacerbés »<ref name="latrech"/> et Jacques Berque voit ainsi en lui « le meilleur exemple de l'inquiétude arabe des Temps modernes »<ref name="habchicomm"/>. Toutefois, selon Mongi Chemli, la poésie de Chebbi n'offre pas une vision pessimiste du monde ; celui-ci a en effet rappelé que « la vie prévaut sur la douleur »<ref name="chemli21-10-09"/>.

Langue

La poésie est le genre littéraire le plus répandu en Tunisie<ref name="bekri p.15"/> et c'est dans ce contexte que son classicisme se trouve bouleversé par Chebbi qui, bien qu'élevé dans un arabe littéral, apprécie le « parler populaire » tunisien<ref name="cheraït p.39"/>. Il déclare à propos des écrivains tunisiens partisans de l'arabe classique : Modèle:Début citation bloc[Ils] sont prisonniers d'un grand nombre de clichés et de contraintes poétiques qui les forcent à imiter les anciens, ils écrivent une langue qui n'est pas la leur<ref>Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>.Modèle:Fin citation bloc

La particularité linguistique de l'œuvre de Chebbi est qu'il s'exprime « dans un langage nouveau, rompant avec une tradition séculaire »<ref name="bekri p.15"/>.

Prose

La production littéraire de Chebbi ne s'arrête pas à la poésie en vers ; ses écrits en prose présentent également un certain intérêt littéraire<ref name="zouzi p15">Mohamed Hassen Zouzi-Chebbi, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. Pourtant, lors d'une rencontre organisée le Modèle:Date à la Maison de la culture Ibn-Khaldoun à Tunis, le poète Souf Abid note que les poèmes en prose de Chebbi sont méconnus et que même lui, en tant que chercheur, a eu des difficultés à les trouver. Il souligne cependant qu'ils sont au nombre de quinze, traitent de différents thèmes et ont été écrits entre 1925 et 1930<ref>« Rencontre, à la Maison de la culture Ibn-Khaldoun, dans le cadre de la célébration du centenaire de Abou El Kacem Chebbi », Tunis Afrique Presse, 4 avril 2009.</ref>.

De plus, le travail de Chebbi ne s'arrête pas à la poésie ; comme le montre le texte de sa conférence sur L'Imagination poétique chez les Arabes, et aussi son Journal où, par de courts extraits, il exprime une opinion sur lui-même et sur son travail poétique<ref name="zouzi p15"/>. La part autobiographique y est assez réduite, bien qu'il y livre quelques indications sur son caractère, son éducation et ses goûts<ref>Mohamed Hassen Zouzi-Chebbi, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. Ce Journal constitue en fait une sorte de journal intime composé de 22 textes rédigés du [[1er janvier|Modèle:Abréviation discrète janvier]] au Modèle:Date<ref name="allani19-01-09"/>,<ref>Chebbi rédige tous les jours un texte dans son Journal du Modèle:1er janvier au 6 février 1930, excepté les 10, 11, 15, 17, 19, 22, 23, 24, 29, 30 et 31 janvier mais aussi les Modèle:1er, 2, 3 et 4 février.</ref>. Tous ont été rassemblés en un recueil édité pour la première fois à Tunis en 1966, bien que bon nombre d'entre eux aient été publiés dans des journaux du vivant de leur auteur<ref name="allani19-01-09"/>.

Enfin, Chebbi a également entretenu une correspondance, notamment avec Mohamed Hlioui<ref>Fatma Zaghouani, « Célébration du centenaire de l'homme de lettres Mohamed Hlioui », La Presse de Tunisie, 23 décembre 2007.</ref>, Mikhail Naimy, Slimane Aïssa, l'Égyptien Salama Moussa, son ami l'instituteur Mohamed Bachrouch (1911-1944) originaire de Dar Chaâbane ainsi que son éditeur Zine el-Abidine Snoussi<ref>Abdelmajid Sahli, « Chebbi par Kerrou », Le Renouveau, 21 mars 2010.</ref>.

Mise en musique

La poésie de Chebbi offrant une mélodie rythmée, elle a souvent intéressé les chanteurs et les compositeurs qui l'ont mise en musique<ref name="ouertani1-3-09"/>.

La Volonté de vivre a ainsi été interprété par la chanteuse arabe Souad Mohamed sur une musique composée par Halim el-Roumi<ref name="ouertani1-3-09"/>. Une autre version a été composée par Riad Al Sunbati pour être chantée par la même Souad Mohamed<ref name="ouertani1-3-09"/>. Le poème a également été interprété par Leila Hjaiej et Oum Kalthoum<ref name="habchicomm"/>. Prières au temple de l'amour a été chanté par le Libyen Kadhem Nadim mais aussi par Thameur Abdeljaoued ; La Complainte de l'orphelin l'a été par Houyem Younes sur une musique composée par le Libanais Chafiq Abou Chaqra, selon Abdelhafidh Guelmami<ref name="ouertani1-3-09"/>. Ce dernier poème a également été chanté par Adnène Chaouachi et Sonia M'Barek<ref name="ouertani1-3-09"/>. Son poème Ya Ibn Ommi (Ô mon frère, 1929) a aussi été mis en musique sous le titre Khoulikta Talikan ! (Modèle:Langue) et chanté par Fethia Khaïri, Ahmed Hamza et enfin Majida El Roumi<ref name="ouertani1-3-09"/>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Clip de Majida El Roumi chantant Ya Ibn Ommi (Tunisie 7).</ref>. En 2002, alors que la seconde intifada touche le Proche-Orient, la chanteuse Latifa Arfaoui décide de mettre en musique le poème Ela Toghat Al Alaam, en faisant clairement allusion au conflit israélo-arabe dans son clip<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Clip d'Ela Toghat Al Alaam interprété par Latifa Arfaoui (Latifa OnLine).</ref>. Ce poème avait déjà été mis en musique auparavant par Hédi Guella en 1978.

Enfin, les poèmes de Chebbi ont également été chantés par Mohamed Ahmed, Lotfi Bouchnak, Safia Chamia, Mustapha Charfi, Lilia Dahmani, Ezzeddine Idir, Hédia Jouira, Mohamed Lahmar, Slah Mosbah, Walid Mzoughi, Oulaya, Salma Saâda (femme de Mohamed Saâda) et Abdelkrim Shabou<ref name="ouertani1-3-09"/>.

Influences

Influences reçues par Chebbi

Influences littéraires du romantisme européen

Les premiers poèmes de Chebbi, rédigés entre 1924 et 1927, restent assez ordinaires et leurs thèmes (la femme comme source de plaisir, le vin, les fanfaronnades, l'éloge funèbre, etc.) sont plutôt communs pour cette époque<ref name="rachdi16-12-09"/>. Il en ressort une inspiration omeyyade, abbasside et andalouse<ref name="rachdi16-12-09"/>.

Toutefois, imprégné d'une manière très forte des courants littéraires et poétiques arabes<ref name="khalladi27-19-09"/>, Chebbi représente surtout l'héritage tardif du romantisme qui a dominé l'Europe de la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle au milieu du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref>Tahar Bekri et Olivier Apert, Marcher sur l'oubli (entretiens), éd. L'Harmattan, Paris, 2000, Modèle:P. Modèle:ISBN.</ref>. Lord Byron, mort en héros lors de la guerre d'indépendance grecque, l'a certainement inspiré pour son poème La Volonté de vivre (1933), tout comme John Keats, poète du sensualisme esthétique, et Percy Bysshe Shelley<ref name="latrech"/>. La Chanson de Prométhée rappelle ainsi à Sobhi Habchi le poème Prometheus Unbound (1920) de Shelley, tandis que son titre original (Le Chant du géant ou Ainsi chantait Prométhée) évoque au même Habchi le titre de l'œuvre philosophique de Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra (1883)<ref name="habchicomm"/>. Ce poème, reprenant la métaphore de l'aigle liée à Prométhée, évoque de ce fait L'Albatros (1861) de Charles Baudelaire<ref name="habchicomm"/>.

Mais, à la différence des poètes romantiques français tels que Alfred de Vigny, Alfred de Musset, François-René de Chateaubriand, Lamartine ou encore Victor Hugo, Chebbi n'a pas fait prévaloir le sentiment sur la raison et l'imagination sur l'analyse critique<ref name="latrech"/>. L'écrivaine et poétesse tunisienne Saloua Rachdi fait remarquer une autre différence entre Chebbi et les romantiques européens : pour eux, le romantisme est un courant antirévolutionnaire tandis que pour Chebbi, il est justement un moyen de révolte contre les poètes arabes<ref name="rachdi16-12-09"/>.

Pourtant, on peut remarquer une certaine similitude entre Chebbi et Arthur Rimbaud dans la précocité du génie<ref name="latrech"/>, le premier étant souvent présenté comme le « Rimbaud de l'Afrique du Nord »<ref>Marc Kober [sous la dir. de], Poésies des Suds et des Orients, éd. L'Harmattan, Paris, 2008, Modèle:P. Modèle:ISBN.</ref>. La journaliste Faouzia Mezzi opère aussi une comparaison avec Gérard de Nerval pour les thèmes communs de l'ombre et du rêve<ref name="mezzi"/>. Chebbi se plaint quant à lui par la métaphore de ne pas pouvoir comprendre le français : « Je suis comme un oiseau n'ayant qu'une seule aile. Une aile aux plumes arrachées »<ref name="latrech11-1-10"/> ou « Je ne peux planer dans le monde de la littérature avec une seule aile emplumée »<ref name="rachdi16-12-09"/>. Ameur Ghedira va même jusqu'à écrire que Modèle:Citation<ref name="latrech11-1-10"/>.

Influence du christianisme, de l'école du Mahjar et du romantisme

Fichier:Kahlil Gibran 1913.jpg
Gibran Khalil Gibran en avril 1913.

Chebbi a également été influencé par les auteurs du Mahjar dont les principaux poètes sont Gibran Khalil Gibran (dont Chebbi admire « le génie et l'art éternel ») et Elia Abu Madi<ref name="rachdi16-12-09"/>. Selon l'analyse de Jalal El Mokh, l'influence conjuguée de Gibran et du romantisme sur Chebbi ont amené ce dernier à être imprégné des principes du christianisme<ref name="rachdi16-12-09"/>. En effet, c'est ainsi que l'on peut expliquer, selon El Mokh, l'utilisation par Chebbi de termes liés à cette religion, tels que haykal (temple), taranim (chœur ou chants religieux), tajdif (blasphème), ajras (cloches), raheb (moine), keddis (saint), etc<ref name="rachdi16-12-09"/>. El Mokh indique que certains concepts et idées se rattachant à cette religion sont repris par Chebbi, tels que la déification de la femme, la sacralisation de la maternité, la glorification de l'enfance et de la souffrance, etc<ref name="rachdi16-12-09"/>. Pour El Mokh, il n'est d'ailleurs pas à exclure que Chebbi ait pris connaissance de la Bible et des Évangiles<ref name="rachdi16-12-09"/>. El Mokh tempère toutefois l'inspiration qu'a pu en tirer Chebbi en ces termes : Modèle:Début citation blocSi Chebbi a été profondément influencé par les romantiques chrétiens inspirés par les principes de la pensée biblique et par la vie de Jésus, il n'en reste pas moins vrai que notre poète a su forger sa propre personnalité loin de toute imitation aveugle<ref name="rachdi16-12-09"/>.Modèle:Fin citation bloc

Contexte de la Tunisie des années 1930

Les connaissances et le savoir de Chebbi se sont développés grâce au contact avec les milieux universitaires et les artistes du groupe Taht Essour (« sous les remparts ») dont il faisait partie<ref>Philippe Di Folco, Le goût de Tunis, éd. Mercure de France, Paris, 2007, Modèle:P..</ref>,<ref name="mezzi"/>. La poésie de Chebbi doit dès lors être également replacée dans le contexte socio-culturel de la Tunisie des années 1930, alors sous protectorat français, marqué par l'émergence d'un mouvement d'idées, comme le désir de réformes de l'enseignement, et des concepts culturels tels que l'égalitarisme, le mouvement national, le rapport avec l'autre, l'interprétation et l'analyse du patrimoine, la liberté d'expression ou le syndicalisme<ref name="mezzi"/>.

Chebbi reprend ces idées dans ses conférences et son Journal<ref name="mezzi"/>. Le long métrage Thalathoun (Trente, sorti en 2008) de Fadhel Jaziri témoigne de cette appartenance de Chebbi à ce contexte historique particulier<ref>Chokri Ben Nessir, « Trente : dernier challenge d'un provocateur averti », L'Expression, 11 décembre 2008.</ref>. Faouzia Mezzi le compare par ailleurs à un « Tahar Haddad de la poésie »<ref name="mezzi"/>, Haddad appartenant également à cette génération présentée dans Thalathoun.

Influences exercées par Chebbi

Chebbi n'a que peu influencé ses contemporains<ref name="érichédi5"/>. Dans les années 1930, le monde arabe totalement sous domination coloniale n'est pas inscrit, à quelques exceptions près, dans les courants poétiques modernes comme le surréalisme, le futurisme et Dada<ref name="bekri-apert p.43"/>. Jusqu'à cette période, il existe un décalage entre la poésie arabe et la poésie occidentale moderne et ce n'est que durant les années 1940 que la poésie arabe est totalement imprégnée des nouveaux courants poétiques<ref name="bekri-apert p.43"/>.

Il faut attendre les années 1970 pour qu'un mouvement littéraire, Fi ghayr al-amoudi wal-hurr (Poésie autre que métrique et libre), soit lancé par de jeunes poètes comme Habib Zannad, Tahar Hammami<ref name="bekri p.16"/> et Fadhila Chebbi<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Mohammed Saleh Bin Omar, « La féminité rebelle dans le recueil Parfums de terre et de colère », Shehrayar, 12 septembre 2012.</ref>, cousine d'Abou el Kacem et première poétesse à sortir de la métrique classique<ref name="jafrique2002"/>. Ils se libèrent de la métrique poétique arabe, voire du vers libre et s'imprègnent de la poésie libre de Jacques Prévert pour évoquer des expériences du quotidien dans un langage imagé et accessible<ref name="bekri p.16"/>,<ref name="tangka"/>,<ref name="érichédi6">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Éric Sellin et Hédi Abdel-Jaouad, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. Au-delà de ce mouvement, d'autres poètes comme Salah Garmadi dans Al-lahma al-hayya (Chair vive, 1970) écrivent avec des mots typiquement tunisiens, gardent le vers libre et cherchent des thèmes plus universels<ref name="érichédi6"/>, déstabilisant ainsi une « écriture trop conformiste »<ref name="bekri p.16"/>.

Chebbi reste jusqu'au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle l'un des poètes arabes les plus lus par les arabophones<ref>Tahar Bekri et Olivier Apert, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. Il est aussi le poète tunisien le plus connu dans le monde arabe<ref name="érichédi5">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Éric Sellin et Hédi Abdel-Jaouad, « An introduction to Maghrebian literature », Literary Review, hiver 1998, Modèle:P..</ref>, l'un des plus grands poètes arabes du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref name="grichi">Slaheddine Grichi, « Une fresque pour un poète d'exception », La Presse de Tunisie, 9 juillet 2009.</ref>, le plus grand Nord-Africain de ce même siècle<ref>Slimane Zéghidour, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref> et une figure importante de la littérature arabe moderne<ref name="chemli21-10-09"/>. Ses Chants de la vie sont devenus un véritable « bréviaire pour les poètes tunisiens et arabes »<ref name="tangka">Fantaisie arabe et poésie critique (Guide Tangka).</ref>. Sa poésie est par ailleurs incluse dans les programmes scolaires et universitaires<ref name="grichi"/> et on lui consacre régulièrement des thèses<ref name="cheraït p.117"/>.

Héritage

Reconnaissance tardive

Chebbi laisse un total de 132 poèmes et des articles parus dans différentes revues<ref name="cheraït p.39">Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref> d'Égypte et de Tunisie<ref name="zouzi p14"/>,<ref>Ainsi, en 1937, Brahim Bourougaâ publie certains de ses textes dans la revue Bonne moralité paraissant à Sfax.</ref>. Mais il ne parvient pas, malgré trois tentatives, à faire éditer son diwan, recueil de poèmes qu'il a sélectionnés peu de temps avant sa mort<ref name="zouzi p15"/> et qui n'est publié qu'en 1955<ref name="cheraït p.31"/> au Caire<ref name="zouzi p14"/> — soit 21 ans après. C'est fait grâce à son frère Lamine, aidé par le poète égyptien Ahmed Zaki Abou Chadi, alors animateur de la revue Apollo<ref name="zouzichebbi50"/>. Traduit dans plusieurs langues, son diwan est réédité à plusieurs reprises<ref name="zouzi p15"/>, notamment à l'occasion du trentième anniversaire de sa mort, avec une introduction rédigée par Lamine Chebbi<ref name="cheraït p.111">Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. Cette commémoration donne lieu à un festival international qui dure du 24 au Modèle:Date et au cours duquel Chedli Klibi, alors ministre de la Culture, déclare : Modèle:Début citation blocC'est un témoignage de fidélité que de penser [...] à élargir le cercle des participants de cet anniversaire, pour que ce festival soit à l'unisson de la volonté du poète [...] : il a voulu en effet qu'elle soit à l'échelle du monde arabe<ref name="cheraït p.111"/>.Modèle:Fin citation bloc

Fichier:Tozeur AQChebbi.jpg
Buste de Chebbi au lieu-dit Ras El Aïn à Tozeur.

Un colloque est organisé à l'occasion du cinquantenaire de sa mort : Chebbi y est regardé comme étant un « poète mystique, nationaliste, révolutionnaire et philosophe »<ref>Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>. Mikhail Naimy qualifie également Chebbi de « poète unique en son genre »<ref>« Ach Chebbi : Hayetouhou - Chi'irouhou (Chebbi : sa vie, sa poésie), de Aboul Qacem Mohamed Kerrou », La Presse de Tunisie, 5 mars 2009.</ref>. Jean Fontaine note néanmoins que, bien que « pas moins de 2 000 livres et 600 articles parlent de lui [...], le lecteur n'a pas encore à sa disposition ses œuvres complètes. Celles qui ont été publiées par la Maison tunisienne de l'édition, à l'occasion du cinquantième anniversaire de sa mort en 1984 (deux tomes sans même une pagination continue dans chaque volume), ne le sont pas [complètes] »<ref>Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>.

La reconnaissance du génie de Chebbi est en effet aussi bien marquante que tardive. Si sa santé avait été moins fragile, Chebbi aurait sans doute laissé un héritage beaucoup plus important<ref name="cheraït p.39"/>. Najla Arfaoui regrette que Chebbi soit « un mortel que la nature n'a pas favorisé »<ref name="cheraït p.39"/> et résume sa capacité à allier maladie et poésie en ces termes : « Dans sa lutte contre la maladie, [...] la poésie était pour lui l'expression de cet affrontement douloureux »<ref>Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>.

L'année 2009 est celle de la célébration du centenaire de la naissance du poète. Elle est donc jalonnée de tout un programme culturel et littéraire, destiné à enrichir la vie culturelle tunisienne<ref>« Préparatifs de la célébration du centenaire de la naissance du poète Abou el Kacem Chebbi », Info Tunisie, 26 janvier 2009.</ref>. Il est ainsi mis à l'honneur le 9 juillet à l'occasion du Festival international de Carthage, lors d'une opérette du nom d'Al Sabah Al Jadid (« Le Matin nouveau »), montée par Wahida Saghir Baltaji et mise en scène par Hatem Derbal avec une musique du compositeur Rachid Yeddes<ref name="grichi"/> et un scénario de Mohsen Ben Nefissa<ref>Imen Abderrahmani, « Ouverture du Festival international de Carthage 2009 : Chebbi, ce « prophète » inconnu », Le Quotidien, date inconnue.</ref>, et où le poète est joué par l'acteur Mehdi Ayach<ref>Mona Yahia, « Carthage rend hommage au poète tunisien Chebbi », Magharebia, 13 juillet 2009.</ref>. En outre, la Banque de Tunisie (BT) édite un recueil d'une trentaine de ses poèmes, avec une nouvelle préface de son PDG Alya Abdallah. Cet ouvrage est en fait la réédition d'un recueil publié initialement en 1984 à l'occasion du centenaire de la banque et qui contenait une préface d'Ezzeddine Madani et une introduction de Boubaker Mabrouk, ancien PDG de la BT<ref name="seddiklapresse">Raouf Seddik, « Un florilège pour le centenaire de Chebbi », La Presse de Tunisie, 21 janvier 2010.</ref>. Dans l'édition de 2009, le texte est agrémenté de tableaux d'Abdelaziz Gorgi, Mahmoud Sehili, Hatem El Mekki et Zoubeir Turki<ref name="seddiklapresse"/>.

Le Modèle:Date, le film tunisien Abou El Kacem Chebbi, le poète de l'amour et de la liberté (2009) remporte le Grand prix du Festival international du film documentaire de Khouribga<ref name="filmkhouribga">« Festival international du film documentaire de Khouribga : le film tunisien Abou El Kacem Chebbi remporte le Grand prix », Maghreb Arabe Presse, 24 octobre 2010.</ref>. Ce documentaire de quarante minutes réalisé et produit par Hajer Ben Nasr remporte également le prix du jury de la critique Noureddine-Kachti<ref name="filmkhouribga"/>.

Le poème Ela Toghat Al Alaam devient en 2011 un slogan populaire dans le cadre de la révolution tunisienne, puis de celle égyptienne<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « Tunisian Poet's Verses Inspire Arab Protesters », National Public Radio, 30 janvier 2011.</ref>. Dans cette optique, le Marocain Réda Allali, leader du groupe Hoba Hoba Spirit, sort en 2011 une chanson intitulée La Volonté de vivre où il mêle citations du poème éponyme et slogans des manifestants du mouvement du 20 Février<ref>Leïla Slimani, « Maroc : rappeurs et sans reproches », Jeune Afrique, 30 janvier 2012.</ref>.

Hommages

Fichier:Mausolée Echebbi, Tozeur, 2022 20220324 170726.jpg
Tombeau du poète à Tozeur.

En 1953, la collection Autour du monde des éditions Seghers à Paris publie certains de ses poèmes traduits en français<ref name="cheraït p.117"/>. En juin 1955, à l'occasion du retour de Habib Bourguiba en Tunisie<ref>Symboles de la Tunisie (Students of the World).</ref> les deux premiers vers de son poème La Volonté de vivre<ref name="chemli21-10-09"/> sont intégrés à la fin de l'hymne national tunisien Humat Al-Hima, sans doute par le nationaliste Mongi Slim : Modèle:Vers

Un prix littéraire, créé à son nom, par Boubaker Mabrouk, en 1984<ref name="presse24-05">« Prix Aboulkacem Chebbi de la Banque de Tunisie », La Presse de Tunisie, 24 mai 2010.</ref> ou 1986 selon les sources, récompense chaque année un manuscrit d'un auteur tunisien, et, depuis 1994, celui d'un auteur arabe en général<ref>Hatem Bourial, « Prix littéraires : la reconnaissance des écrivains », La Presse de Tunisie, 8 janvier 2007.</ref>,<ref>« Des plumes d'ici et d'ailleurs », La Presse de Tunisie, 20 mai 2009.</ref>. Placé sous l'égide du ministère de la Culture, le prix a une valeur de 10 000 dinars tunisiens en 2010<ref name="presse24-05"/>.

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Billet de trente dinars à l'effigie du poète (1997-2013).

On trouve également à Tozeur, sa ville natale, de nombreuses traces de Chebbi : son tombeau, transformé ensuite en mausolée, est inauguré le Modèle:Date<ref name="cheraït p.117"/>, un médaillon de bronze est scellé au mur de Bab El Hawa en 1995, une statue le représentant est érigée dans la zone touristique en 2000 et son buste est élevé aux environs de Tozeur, en 2002, face à un aigle. La galerie de peinture du musée Dar Cheraït, fondé en 1990 par Abderrazak Cheraït à Tozeur, lui rend également hommage<ref>Galerie de peinture (Musée Dar Cheraït).</ref>.

Le portrait de Chebbi figure sur quatre timbres de la Poste tunisienne<ref>Liste des timbres représentant Abou el Kacem Chebbi (Poste tunisienne).</ref> basés sur des dessins de Hatem El Mekki<ref>Timbre n°768 dessiné par Hatem El Mekki et émis le 20 novembre 1962 (Poste tunisienne).</ref>,<ref>Timbre n°1241 dessiné par Hatem El Mekki et émis le 9 octobre 1984 à l'occasion du cinquantenaire de la mort de Abou el Kacem Chebbi (Poste tunisienne).</ref>, Yosr Jamoussi<ref>Timbre n°1471 dessiné par Yosr Jamoussi et émis le 12 août 1995 (Poste tunisienne).</ref> et Skander Gader<ref>Timbre n°1841 dessiné par Skander Gader et émis le 24 février 2009 (Poste tunisienne).</ref>, ainsi que sur le billet de trente dinars<ref>Driss Abbassi, Entre Bourguiba et Hannibal. Identité tunisienne et histoire depuis l'indépendance, éd. Karthala, Paris, 2005, Modèle:P. Modèle:ISBN.</ref> émis le Modèle:Date<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Billet de trente dinars représentant Abou el Kacem Chebbi (Collection de billets de banque de Tunisie).</ref> par la Banque centrale de Tunisie<ref name="cheraït p.117">Abderrazak Cheraït, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref> puis sur le billet de dix dinars émis le Modèle:Date<ref>« Tunisie – Un nouveau billet de 10 dinars mis en circulation, à partir du 28 novembre 2013 », Business News, 27 novembre 2013.</ref>. Enfin, des rues, des places, le lycée de Kasserine<ref name="cheraït p.117"/>, un club littéraire situé à El Ouardia<ref name="bekri-apert p.43"/> et une salle du palais présidentiel de Carthage portent son nom<ref>Image de la salle Abou el Kacem Chebbi (Présidence de la République tunisienne).</ref>.

Publications

Modèle:Colonnes

La plupart des poèmes de Chebbi ont été traduits en français par Ameur Ghédira<ref name="ben amor">Modèle:Pdf Mohamed Salah Ben Amor, « La traduction de la littérature tunisienne en langues étrangères (Beït Al-Hikma : 17 et 18 avril 1998) », Meta, vol. 45, n°3, septembre 2000, Modèle:P..</ref>. Lors d'un colloque sur le thème de « La traduction de la littérature tunisienne en langues étrangères », Rafiq Ben Ouennes est le seul à émettre un avis favorable sur la traduction qu'il a examinée lors de la deuxième séance scientifique<ref name="ben amor"/>. En l'occurrence, cette traduction est celle des poèmes de Chebbi qui est, selon Ben Ouennes, la seule à avoir atteint un degré de perfection<ref name="ben amor"/>. Lors de la troisième séance scientifique, Ahmed Remadi relève « quelques incohérences sans gravité » dans la traduction en français du Journal de Chebbi par Mongi Chemli et Mohamed Ben Ismaïl<ref name="ben amor"/>. Il estime tout de même qu'elle dévoile « un grand effort de transmission des idées de Chebbi dans un style purement français »<ref name="ben amor"/>.

En 2019, LCM Éditions publie un recueil de textes choisis d'Abou el Kacem Chebbi, traduits par Inès Horchani sous le titre Si seulement ma poésie, qui reprend l'expression arabe Layta chi'rî ; cette anthologie met en lumière la solitude du poète et son besoin de justice et de beauté.

Notes et références

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Bibliographie

Français

Arabe

  • Abou El Kacem Mohamed Kerrou, Chebbi : sa vie, sa poésie, coll. Livre d'Al Horria, éd. Al Horria, Tunis, 2009

Italien

  • Salvatore Mugno, Il difficile mestiere di « Poeta nazionale » dans Abu'l-Qasim Ash-Shabbi, I canti della vita, édition bilingue arabo-italienne, traduit de l'arabe par Imed Mehadheb, réinterprétation poétique de Modèle:Lien, essai introductif de Salvatore Mugno, préface d'Abderrazak Bannou et postface d'Aldo Nicosia, éd. Di Girolamo Editore, Trapani, 2008, Modèle:P. Modèle:ISBN

Liens externes

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