Par sa place au sein de la famille royale, elle est d'abord appelée à la Cour de France « Madame Quatrième », puis « Madame Troisième »<ref>Après la mort de sa sœur Marie-Louise en 1733</ref>. Par la suite, elle est connue sous le nom de « Madame Adélaïde » puis à partir de 1752 simplement par « Madame ».
Son éducation se fait à la cour, et non à l'abbaye de Fontevraud comme ses sœurs cadettes. En effet, par mesure d'économies et pour tenter d'assainir les dépenses de l’État, André Hercule de Fleury (1653-1743), cardinal de Fleury et principal ministre de Louis XV depuis 1723, réduit les frais de la Cour, y compris ceux de la famille royale, ce qui conduit à revoir l'éducation des princesses. Marie Adélaïde de France est donc élevée aux côtés de ses sœurs jumelles aînées, Louise-Élisabeth de France (1727-1759), dite « Madame Élisabeth », et Henriette de France (1727-1752), dite « Madame Henriette ». Toutes les trois demeurent dans l'ombre de leur frère, Louis, Dauphin de France.
Les princesses vont parfois prendre les eaux à Plombières dans le duché de Lorraine sur lequel règne à titre nominal et viager leur grand-père Stanislas Leszczynski qu'elles peuvent ainsi visiter.
Caractère
Imbue de son rang, Madame Adélaïde reçoit les hommages de plusieurs partis, dont ceux de son cousin, Louis-François de Bourbon (1717-1776), prince de Conti ou encore Xavier de Saxe (1730-1806), prince de Pologne et de Saxe, son beau-frère. Mais elle choisit le célibat sa vie durant.
Aimant les travaux domestiques, elle est surnommée « Torchon » ou « Madame Torchon » par son père lui-même, dont elle est l'enfant préférée.
Dotée d'un caractère vif, elle s'impose comme cheffe de famille auprès de ses sœurs, à l'exception de la benjamine, Louise de France (1737-1787), plus indépendante.
S'intéressant aux sujets politiques sans avoir le pouvoir d'agir, Adélaïde ne renonce pas à faire connaître ses opinions à la Cour. Son soutien ardent de l'Ordre des Jésuites lui vaut notamment l'hostilité du Parlement de Paris.
Elle lutte également contre l'influence de Jeanne Antoinette Poisson (1721-1764), bourgeoise et épouse de banquier, devenue maîtresse-en-titre du roi, titrée marquise de Pompadour, et qui entend jouer un rôle politique dans les décisions royales.
Cette lutte d'influence sur la jeune archiduchesse tourne en défaveur d'Adélaïde qui finit par ne plus la désigner que par son origine, « l'Autrichienne », surnom qui suivra la future reine jusqu'à la mort.
Les deuils, le secours de la musique et de la religion
La famille royale n'est guère épargnée par les deuils qui se succèdent en son sein, notamment au cours des années 1760. Mis à part l'aînée, Madame Élisabeth, qui épouse à douze ans son cousin, l'infantPhilippe de Bourbon (1720-1765), duc de Parme, afin de rapprocher les Cours d'Espagne et de France, aucune fille du roi ne s'est mariée. Celles qui avaient quitté Versailles pour terminer leur éducation à Fontevraud, sont revenues y vivre, à l'exception de la benjamine, Madame Louise, qui entre dans les Ordres comme carmélite sous le nom de Thérèse de Saint Augustin, en 1770.
Le Modèle:Date, Madame Henriette succombe à la petite vérole, à l'âge de vingt-cinq ans. Sa disparition fait d'Adélaïde, désormais la sœur la plus âgée vivant à la Cour, la nouvelle Madame.
Le Modèle:Date, Louis de France (1729-1765), fils aîné de Louis XV et frère d'Adélaïde, Dauphin de France, meurt de la tuberculose à l'âge de trente-six ans, laissant trois fils - qui deviennent tour à tour roi de France - et deux filles.
Le Modèle:Date, Stanislas Leszczynski (1677-1766), ancien roi de Pologne et grand-duc de Lituanie, duc de Bar et de Lorraine, père de la reine de France, meurt après une agonie douloureuse et longue, brûlé gravement après avoir voulu raviver son foyer.
Le Modèle:Date, Marie-Josèphe de Saxe (1731-1767), veuve du Dauphin qu'elle a veillé durant sa maladie, contracte a son tour le même mal et y succombe, inconsolable.
Le Modèle:Date, Marie Leszczyńska (1703-1768), épouse de Louis XV, reine de France et de Navarre, affectée par la mort de son père, survenue deux ans plus tôt, décède à son tour, à Versailles.
Le Modèle:Date, Louis XV (1710-1774), est emporté par la variole. Devenu mal-aimé en France, et plus encore craignant la contagion, le roi est pleuré et veillé par ses filles vivant encore à la Cour (Madame Adélaïde, Madame Victoire et Madame Sophie) uniquement, ce qui fait moquer leur amour filial.
Dès lors, Adélaïde trouve dans la musique, comme dans la religion, une véritable raison de vivre.
Le règne de Louis XVI
À la mort de son frère (1765) puis de sa belle-sœur (1767), Madame Adélaïde devient la dépositaire de leurs papiers et d'une instruction à l'égard du futur roi, son neveu, Louis XVI. Ce document est ouvert deux jours après la mort de Louis XV, le 12 mai 1774, lors d'un petit conseil de famille, en présence du nouveau souverain. Il désigne alors trois principaux ministres possibles :
Jean-Baptiste de Machault (1701-1794), comte d'Arnouville, qui n'est finalement pas rappelé aux affaires de l'État.
Ayant perdu son influence à la Cour, reprise en main par la nouvelle reine, Madame Adélaïde fait figure de ligne des mécontents de la politique royale et des tentatives de réformes destinées à sauver la monarchie. Mais davantage que son neveu, c'est Marie-Antoinette qui cristallise son mépris, notamment par le comportement insouciant des premières années de la jeune souveraine.
Après les morts de Madame Sophie (Modèle:Date) et de Madame Louise (Modèle:Date), Madame Adélaïde et Madame Victoire sont les dernières enfants de Louis XV en vie. Elles sont très proches l'une de l'autre, et se réfugient dans la religion, au point de passer pour des bigotes. La nouvelle de l'expulsion des Jésuites les consterne au plus haut point.
Leur départ crée une émotion certaine, jusque sur les bancs de l'Assemblée nationale où l'on craint qu'il incite d'autres membres de la famille royale, dans une période où l'émigration, encore tolérée, ne fait que renforcer la défiance des révolutionnaires à l'égard de la monarchie.
Le Roi leur facilite la procuration des passeports. Elles sont néanmoins arrêtées à Arnay-le-Duc, le temps de décider de la conduite à tenir. Elles ne reprennent la route qu'après que le comte de Mirabeau (1749-1791) ait défendu leur cause devant l'Assemblée, raillant les députés « qui [ont] passé quatre heures entières à délibérer sur le départ de deux dames qui aiment mieux entendre la messe à Rome qu'à Paris <ref name=":0" />». Elles parviennent au duché de Savoie dont leur nièce, Clotilde de France (1759-1802), est l'épouse de l'héritier du trône. Puis elles arrivent finalement à Rome, le Modèle:Date, où elles rencontrent dès le lendemain le papePie VI (1717-1799) en audience privée.
La montée au pouvoir de Napoléon Bonaparte n'est pas pour les rassurer. Les succès militaires du général les contraignent à quitter Rome pour la Cour de Naples, où règnent Ferdinand Ier (1751-1825), roi de Naples et de Sicile de la Maison de Bourbon, et son épouse, Marie-Caroline d'Autriche (1752-1814), sœur de l'Autrichienne que Mesdames ont tant conspuée, et qui, de ce fait, ne les apprécie pas.
Elles y demeurent peu, obligées de fuir à nouveau, en 1798, l'avancée des troupes françaises. Mesdames atteignent d'abord Corfou puis Trieste, sur les terres relevant alors de la Couronne autrichienne. C'est là que, le Modèle:Date, Madame Victoire décède des suites d'un cancer du sein. Madame Adélaïde, épuisée elle aussi par de longs voyages à un âge avancé, se retrouve seule avec la marquise de Roquefeuil, qui a renoncé à sa fortune et à sa position pour les suivre en exil. La princesse meurt à son tour, le Modèle:Date.
Quinze ans plus tard, une fois la monarchie restaurée, Louis XVIII (1755-1824) fait transférer leurs dépouilles à l'abbaye de Saint-Denis.
Un roman de Frédéric Lenormand, Les Princesses vagabondes (1998), décrit la fuite de Mesdames en Italie à partir de 1791 et jusqu'à leur mort. Dans sa biographie Mesdames de France, Bruno Cortequisse rend honneur aux filles de Louis XV et décrit leur existence de vacuité.