Union sacrée (mouvement)

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L'Union sacrée est le nom donné au mouvement de rapprochement politique qui a soudé les Français de toutes tendances (politiques ou religieuses) lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale. Le terme fut utilisé pour la première fois à la Chambre des députés le Modèle:Date-, par le président de la République, Raymond Poincaré, dans son message aux Assemblées. Cela fut le cas immédiatement car l’ensemble des organisations syndicales et politiques de gauche, essentiellement la CGT et la SFIO, se rallièrent au gouvernement.

Un mouvement analogue se produisit chez l'ensemble des belligérants comme en Angleterre, en Russie ou en Allemagne, lorsque le Parti socialiste d'Allemagne, le SPD, votera l’entrée en guerre en Modèle:Date-, lançant le mouvement qui prit le nom de Burgfrieden.

Origines

Au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, les Français apparaissaient politiquement très divisés. Ce mouvement unanimiste, qui tient plus du pacte républicain et patriotique, que d'un quelconque parti politique, est donc difficile à comprendre aujourd'hui sans qu'une analyse rétrospective en soit ici entreprise.

Il prend sa source dans le concept historique de « patrie en danger », institué sous la Révolution française, le Modèle:Date.

Tensions internationales et Triple-Entente

La Triple-Entente est une alliance militaire réunissant la France, le Royaume-Uni et l'Empire russe et qui s'oppose à la Triple-Alliance conclue entre l'Empire allemand, l'Empire austro-hongrois et le Royaume d'Italie.

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Loi des Trois ans

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Fichier:Manifestation au Pré-Saint-Gervais contre la loi des trois ans (25 mai 1913)- discours de Jean Jaurès.jpeg
Manifestation du Modèle:Date- au Pré-Saint-Gervais contre la loi des Trois ans - discours de Jean Jaurès.

La loi des Trois ans est votée le Modèle:Date-. Elle instaure un service militaire de trois ans en vue de préparer l'Armée française dans l'éventualité d'une guerre avec l'Allemagne.

Fichier:Jean Jaurès, 1904, by Nadar.jpg
Le dirigeant socialiste Jean Jaurès.

Les socialistes, menés par Jaurès, se sont battus sans succès contre cette montée revancharde, qui inclut une course aux armements et une vaste campagne de propagande belliciste.

Rôle de la CGT

Modèle:Section à sourcer Depuis sa création, la CGT s'oppose à la guerre.

Le Modèle:Date-, elle tient un congrès extraordinaire sur le thème de l'action préventive contre la guerre.

Le Modèle:Date-, la CGT publie un manifeste antimilitariste. La même année, elle participe avec la plupart des syndicats européens à la constitution de la Fédération syndicale internationale qui élit à sa tête l'allemand Carl Legien, déjà secrétaire du Secrétariat syndical international (SSI). L'objectif en est l'action internationale.

Lorsque la tension internationale s'accroît brutalement en Modèle:Date-, elle organise des manifestations syndicales contre la guerre, dont une massive sur les Grands boulevards à Paris, le Modèle:Date-.

En 1914, la CGT par Jouhaux rallie pourtant l'Union Sacrée.

Ralliement des socialistes et des syndicalistes

Assassinat de Jaurès

Modèle:Article connexe

Le Modèle:Date-, à l'annonce de l'assassinat de Jean Jaurès, le gouvernement, qui se réunit dans la nuit, craint des réactions violentes dans les grandes villes, et retient dans la capitale deux régiments de cuirassiers en instance de départ pour la frontière<ref>Jean Pierre Rioux, Jean Jaurès</ref>. Cependant, rapidement, les rapports des préfets et de la police qu’obtient le ministre de l’Intérieur Louis Malvy lui font estimer que les organisations de gauche ne vont pas déclencher de troubles. La direction du parti socialiste (SFIO) fait savoir qu’elle n’appellera pas à des manifestations.

Xavier Guichard, directeur de la police municipale de Paris, indique, dans un rapport adressé au ministère de l’Intérieur le Modèle:Date-<ref>Rapport cité dans : Modèle:Ouvrage.</ref> : Modèle:Citation

Ce même Modèle:1er août, les socialistes, par le biais du secrétaire général de la CGT, décident de soutenir la politique du gouvernement et de se préparer à la guerre.

Photo en noir et blanc et de face d'un homme à la moustache et aux cheveux grisonnants, portant une chemise à faux col, une cravate, un veston et une veste épaisse
Paul Deschanel, président de la Chambre des députés durant toute la Grande Guerre et fervent défenseur de l’Union sacrée.

Paul Deschanel, président de la Chambre des députés Modèle:Incise prononce le Modèle:Date- un éloge funèbre du dirigeant socialiste qui reçoit un accueil exalté sur tous les bancs de l’hémicycle. L’accueil de cet hommage par les différents partis politiques français est considéré comme un moment-clé des débuts de l’Union sacrée<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Modèle:Citation bloc

Non-application du Carnet B et mobilisation

Le Modèle:1er août à Modèle:Nobr, afin de ne pas empêcher le ralliement des ouvriers à la guerre par la décapitation des syndicats et rassuré par la réaction des instances nationales de la CGT, le ministre de l’Intérieur, Louis Malvy, décide, dans un télégramme adressé à tous les préfets, de ne pas utiliser le Carnet B.

Fichier:Louis Malvy.jpg
Louis Malvy ministre de l’Intérieur.

Le carnet B avait été créé par le général Boulanger en 1886 pour faciliter les mesures de mobilisation. Il contenait la liste des noms des personnes susceptibles de s'opposer aux ordres de mobilisation ou de troubler l'ordre public en cas de conflit. Ces fichiers étaient tenus par la gendarmerie qui était par ailleurs chargée de le mettre en application<ref>in Olivier Forcade, Modèle:Lien brisé, cahiers du CHEAR, novembre 2007 </ref>. Modèle:Article détaillé

À Modèle:Nobr, ce même Modèle:1er août, une affiche jaune manuscrite est placardée à la préfecture de police, sur les bureaux de poste et les monuments publics. Dans les heures qui suivent, sur les murs de toutes les mairies de France, les affiches blanches d’appel à la mobilisation avec les drapeaux tricolores sont collées.

Le dimanche Modèle:Date-, ainsi que le dit l'historien Jean-Jacques Becker, ayant recensé les sources les plus diverses, les Français se situent Modèle:Citation<ref>cité par J.P. Rioux, op. cit.</ref>.

Le Modèle:Date-, l’Allemagne déclare la guerre à la France ; le lendemain, l’Angleterre déclare la guerre à son tour.

La mobilisation est une grande réussite : on dénombre à peine 1,5 % de défections<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Réactions des socialistes

Les partis sociaux-démocrates ayant très majoritairement rallié la guerre, la Deuxième Internationale se désagrège pratiquement.

Réactions des syndicalistes

Dès le début du conflit, les confédérations membres de la Modèle:Quoi suivent la politique de leur gouvernement respectifs. Le siège de la FSI est alors déménagé de Berlin à Amsterdam, pays neutre.

Le Modèle:Date-, la CGT rallie officiellement l'Union sacrée.

Lors du Conseil national de la CGT, tenu du Modèle:Date- au Modèle:Date-, seule une minorité se prononce contre la guerre. Le Modèle:Date- Pierre Monatte démissionne en protestation contre le ralliement de la CGT à l'Union Sacrée. La guerre fait chuter les effectifs à 50 000 adhérents.

Mesures d'apaisement envers les catholiques

Pour se rallier les catholiques humiliés par la politique anticléricale menée, pendant près de quarante ans, par la Troisième République, politique marquée par les expulsions des congrégations et les conditions de la séparation de l'Église et l'État, le gouvernement décide de suspendre les mesures contre les congrégations religieuses.

Le Modèle:Date-, le ministre de l'intérieur Louis Malvy invite les préfets « à suspendre l’exécution des décrets de fermeture ou de refus d’autorisation pris par application de la loi de 1901<ref>au titre III relatif aux congrégations.</ref>, des arrêtés de fermeture pris en exécution de la loi de 1904<ref>supprimant les congrégations enseignantes.</ref> et de toutes mesures généralement prises en exécution desdites lois ». Cette décision ouvre un régime de tolérance à l’égard des congrégations.

En Modèle:Date-, Aristide Briand intègre un catholique au gouvernement en la personne de Denys Cochin, première fois depuis la politique anticléricale initiée en 1877Modèle:Référence nécessaire.

Mise en œuvre de l’Union sacrée

Proclamation

Fichier:Poincare larger.jpg
Raymond Poincaré

L’Allemagne ayant déclaré la guerre à la France le 3 août, le lendemain la volonté présidentielle d’« union » est rapportée devant les deux chambres par le président du Conseil René Viviani :Modèle:Citation bloc

Application sur le terrain

Même si le gouvernement s'attend à quelques réticences de la part des socialistes qui menacent le pays de grève générale mais également de la part des catholiques, les Français s'unissent dès la déclaration de guerre. Lors du remaniement du second gouvernement Viviani, le Modèle:Date-, l'union sacrée se manifeste par l'entrée de l'extrême gauche, mais pas de la droite nationaliste<ref name="Fig">François Cochet, « La France en armes - Une union vraiment sacrée ? », Le Figaro, mardi 15 juillet 2014, page 18.</ref>.

Le souvenir de la guerre de 1870 joue sans doute fortement dans le rassemblement, grâce à une propagande anti-allemande et à l'espoir de récupérer l'Alsace-lorraine. S'y ajoutent des éléments conjoncturels, comme la rupture de la neutralité belge par les Allemands et la menace qui pèse sur l'intégrité du territoire national.

À Reims, le maire radical et anti-clérical Jean-Baptiste Langlet fait entrer dans le conseil municipal deux de ses opposants, à la place de conseillers municipaux mobilisés<ref name="Fig"/>.

Premières atteintes à l’Union sacrée

Réunions de Zimmerwald et Kienthal en Suisse

Conférence de Zimmerwald (1915)

La conférence de Zimmerwald se tient en Suisse du 5 au Modèle:Date. Elle réunit au total trente-huit délégués de différents pays d'Europe<ref name="dreyfus68">Michel Dreyfus, L'Europe des socialistes, 1889-1989, Complexe, 1991, Modèle:P..</ref>. Ces délégués représentent des groupes socialistes en opposition avec les partis officiels qui soutiennent, comme la SPD ou la SFIO, l'entrée en guerre de leurs pays respectifs. Dans le manifeste rédigé par Léon Trotsky, on peut d'ailleurs lire concernant le SPD : Modèle:Citation et pour la SFIO Modèle:Citation<ref>Manifeste cité dans : Alexandre Zévaès, Histoire des partis socialistes en France. Le parti socialiste de 1904 à 1923, Paris, 1923, Modèle:P..</ref>. La conférence réunit des représentants allemands, français, russes, italiens, britanniques, suisses, suédois, norvégiens, néerlandais, polonais, roumains, bulgares, ainsi que de l'organisation socialiste des travailleurs juifs.

Les délégués dénoncent la guerre. Le manifeste se compose de différents chapitres dont la Déclaration franco-allemande commune aux socialistes et syndicalistes français et allemands et le manifeste en lui-même. La déclaration franco-allemande proclame : Modèle:Citation<ref>Manifeste cité dans : Nicolas Faucier, Pacifisme et antimilitarisme dans l'entre-deux-guerres, 1919-1939, Paris, 1983, p. 35.</ref>. La guerre est un produit de l'impérialisme<ref name="dreyfus68" />, du chauvinisme et du militarisme : Modèle:Citation<ref>Manifeste cité dans : Olivier Wieviorka/Christophe Prochasson, La France du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle: Documents d'histoire, Paris, 1994, p. 222.</ref>. Ce manifeste appelle également à l'union des travailleurs de tous les pays dans la lutte contre la guerre : Modèle:Citation<ref>Manifeste cité dans : Alexandre Zévaès, op. cit., p. 166.</ref>.

Conférence de Kienthal (1916)

Les socialistes vont se rassembler par la suite à Kienthal du 24 au Modèle:Date-, leur rassemblement prenant une tournure plus révolutionnaire. On lit dans un projet de Manifeste, écrit avant la conférence : Modèle:Citation<ref>Projet de manifeste pour la conférence de Kienthal</ref>.

Conférences de femmes pacifistes

Modèle:Article connexe Deux congrès de la minorité pacifiste du mouvement international féministe réunissent des femmes issues de nombreux pays en 1915. En mars se tient ainsi le congrès de Berne, organisé sous l'impulsion de l'Internationale socialiste des femmes, et en avril-mai le congrès de La Haye, qui regroupe des femmes pacifistes mais non socialistes, et qui donnera naissance à la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté<ref name="Walle">Marianne Walle, « Allemagne, 1915. Le féminisme à l'épreuve de la guerre », Guerres mondiales et conflits contemporains, 2005/3 (n° 219), p. 63-69.</ref>. Le second congrès est soutenu en France par un petit groupe réuni autour de Gabrielle Duchêne ; il diffuse une brochure pacifiste qui lui vaut d'être perquisitionnée par la police. Membre de la section, Hélène Brion est elle jugée en conseil de guerre<ref>Évelyne Morin-Rotureau, Combats de femmes 1914-1918, 2004, p. 5-13.</ref>.

Grèves et mutineries de 1917

L'Union sacrée, qui touche toute la société, se dégrade progressivement : la Révolution russe, l'usure des combats et les privations favorisent la résurgence des clans politiques — en septembre 1917, les socialistes refusent de participer au gouvernement. Les socialistes décidèrent en effet que l'Union sacrée ne soutenait pas les intérêts des travailleurs, et refusèrent de défendre davantage ce qu'il considéraient désormais être une pure guerre impérialiste. Le nationalisme et le revanchisme avaient réussi à écarter les socialistes de l'objectif de rassembler sous la même bannière tous les travailleurs du monde : l'Internationale, dont un des buts devait éviter que les peuples se battent les uns contre les autres sous prétexte de défendre « leur pays » ou « leur nation »Modèle:Non neutre.

Au cours de l'année 1917, on compte 696 grèves et 293 810 grévistes en France. Parallèlement, les effectifs de la CGT remontent à 300 000. Les 6 et Modèle:Date- c'est la rupture de l'Union sacrée. Au même moment a lieu la Révolution d'Octobre en Russie.

En 1918, on recense 499 grèves et 176 187 grévistes en France et la CGT passe à 600 000 adhérents.

Reconstitution de la Fédération syndicale internationale

En 1914, l'American Federation of Labor propose lors de son congrès, qu'un congrès ouvrier international se réunisse dès la fin du conflit pour reconstituer la FSI. Cette idée est reprise en 1915 à Londres, lors d'une réunion rassemblant Français et Anglais, puis à nouveau à Leeds en 1916, avec cette fois les Belges et les Italiens en plus. La Conférence de Leeds demande aussi que soit développée l'Organisation internationale du travail, créée en 1901 à Bâle.

En Modèle:Date-, la conférence de Berne organisée par la FSI reprend le programme de la réunion de Leeds. Puis en Modèle:Date-, une réunion syndicale à Londres se prononcent pour le programme du président Woodrow Wilson et la création de la Société des Nations.

Fin de l’Union sacrée

Luttes sociales

En 1919, en dépit des avancées sociales obtenues avec les lois sur les conventions collectives ou sur l'octroi de la journée de 8 heures, le Modèle:1er mai 500 000 manifestants défilent à Paris et on comptera un mort. La CGT passe à un effectif de 1 million et demi d'adhérents. Dans l'année, on compte 2 206 grèves et 1 160 000 grévistes en France.

Élections législatives de 1919

Composé principalement de la droite conservatrice, avec la Fédération républicaine, l'Alliance républicaine démocratique et l'Action libérale, ainsi que de plusieurs partis de la droite radicale, le Bloc national se veut la continuation patriotique de l'Union sacrée, rassemblée autour de la figure de Georges Clemenceau.

Dans certains départements, l'Alliance républicaine démocratique, les radicaux-socialistes et les républicains-socialistes présentent encore des listes communes de « concentration républicaine », tandis que la SFIO s'en est totalement retirée.

La campagne pour les élections législatives du Modèle:Date- s'oriente principalement autour de deux thèmes :

  • Le patriotisme, qui se traduit par la mise en avant de l'union sacrée et des anciens combattants, mais aussi du traité de Versailles. Le Bloc national fonde sa campagne en grande partie sur le slogan « L'Allemagne paiera ! ».
  • La peur du bolchévisme : la radicalisation du mouvement ouvrier ainsi que de la SFIO marquée par l'accroissement des grèves et la Révolution russe.

Le Bloc national remporte une large victoire avec 433 sièges contre 180. Les socialistes remportent plus de voix qu'aux élections de 1914, mais perdent 34 députés sur 102.

La Chambre ainsi constituée sera surnommée « Chambre bleu horizon » (la couleur des uniformes français).

L'Union sacrée est politiquement terminée.

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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