Massacres de Sétif, Guelma et Kherrata
Modèle:Infobox Conflit militaire Les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata sont des répressions sanglantes qui suivent les manifestations nationalistes, indépendantistes et anticolonialistes survenues le Modèle:Date dans le département de Constantine pendant la colonisation française de l'Algérie. Ces évènements se déroulent pendant le mandat du président du gouvernement provisoire de la République française, celui de Charles de Gaulle. Ils durent sept semaines et prennent fin le Modèle:Date<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Pour fêter la fin des hostilités de la Seconde Guerre mondiale et la victoire des Alliés sur les forces de l'Axe en Europe, un défilé est organisé. Les partis nationalistes algériens, profitant de l'audience particulière donnée à cette journée, appellent à des manifestations pour rappeler leurs revendications. Les manifestations sont autorisées par les autorités à la condition que seuls des drapeaux français soient agités. À Sétif, après des heurts, un policier tire sur Bouzid Saâl, un scout musulman âgé de Modèle:Nombre, tenant un drapeau de l'Algérie, et le tue, ce qui déclenche plusieurs émeutes et actions meurtrières des manifestants, avant que l'armée n'intervienne<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Il y a cent deux morts parmi les Européens<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Le nombre des victimes algériennes, difficile à établir, est encore sujet à débat soixante-dix ans plus tard. Les autorités françaises de l'époque fixent le nombre de tués à 1 165 (rapport du général Duval). Le gouvernement algérien reprend, par la suite, le nombre de Modèle:Unité avancé par le Parti du peuple algérien (PPA). En Modèle:Date, devant l'Assemblée, il est demandé au ministre de l'Intérieur d'annoncer Modèle:Unité<ref>Par Pierre Fayet représentant des syndicats et dirigeant du parti communiste algérien, Journal officiel de la République française. Débats de l'Assemblée consultative provisoire du 11 juillet 1945</ref>. Selon François Cochet, Maurice Faivre, Guy Pervillé et Roger Vétillard, certains historiens évalueraient le nombre des victimes dans une fourchette allant de Modèle:Unité<ref name="Sétif">François Cochet, Maurice Faivre, Guy Pervillé et Roger Vétillard, « Mai 1945, l'émeute de Sétif », La Nouvelle Revue d'histoire, Modèle:N°, juillet-août 2015, Modèle:P..</ref> alors que Jean-Louis Planche ou Gilbert Meynier donnent pour plausible une fourchette allant de Modèle:Nombre.
Commémorée chaque année en Algérie, Modèle:Citation et même de Modèle:Citation. L'ambassadeur de France en Algérie, dans un discours officiel à l'université de Sétif en Modèle:Date-, a décrit cet événement comme une Modèle:Citation<ref name="Bryant">Modèle:Lien web</ref>.
Prélude
Le contexte
La mise en œuvre des principes de la révolution nationale et des lois du régime de Vichy en Algérie, en particulier par Weygand, avait concouru à y maintenir l'ordre colonial<ref>Sylvie Thénault, « Jacques Cantier, L'Algérie sous le régime de Vichy », Annales. Histoire, Sciences Sociales, Modèle:Vol., Modèle:N°, 2002, Modèle:P..</ref>. Mais, avec le débarquement américain en novembre 1942, les conditions politiques changent. L'entrée en guerre de l'Afrique du Nord aux côtés des Alliés qui se prépare se traduit par une importante mobilisation : Modèle:Nombre d'Afrique du Nord sont mobilisés, soit vingt classes. La population d'Européens en Afrique du Nord étant à cette époque de Modèle:Nombre<ref name="Meyer">Meyer, Algérie, mémoire déracinée, Modèle:P.192-193.</ref>, l'effectif sous les drapeaux en représentait 15,6 %, soit une personne sur six ou sept. Il faut donc souligner la faiblesse des effectifs laissés sur place<ref>Denise Bouche, Histoire de la colonisation, Modèle:Tome, Modèle:P..</ref>.
Pour la première fois est appliquée la conscription aux musulmans qui jusqu'alors en étaient dispensés, ce qui en conduit environ, sur quelque sept millions, 150 000 sous les drapeaux. Messali Hadj, chef du principal mouvement nationaliste algérien, le Parti du peuple algérien, interdit, reste emprisonné et c'est le Modèle:Date- et le Modèle:Date- que plusieurs manifestants ont appelé à la libération de Messali Hadj<ref>Benjamin Stora (propos recueillis par Caroline Venaille), « en France, certains n’ont toujours pas accepté la décolonisation », Le Monde, 21 mai 2010.</ref>. Ferhat Abbas, dirigeant des Amis du manifeste et de la liberté, demande que les musulmans qui s'apprêtent à entrer en guerre soient assurés de ne pas rester Modèle:Citation<ref>Message remis au gouvernement général et aux autorités alliées, texte dans : Kaddache Mahfoud, Histoire de l'Algérie contemporaine, Modèle:Tome, PUF 1980, Modèle:P..</ref>.
Le Modèle:Date, le Comité français de libération nationale adopte une ordonnance attribuant d'office la citoyenneté française, sans modification de leur statut civil religieux (qui était considérée comme une apostasie de l'islam par l'association des ouléma lors de la décennie précédente<ref>Modèle:Article</ref>), à tous les indigènes disposant de décorations militaires et de divers diplômes tels que le certificat d'étudesModèle:, etc. En 1945, environ Modèle:Nombre en bénéficient, ce qui suscite diverses oppositions dans certains milieux européens en Algérie. Les dirigeants nationalistes algériens espèrent alors beaucoup de la première réunion de l'Organisation des Nations unies à San Francisco le Modèle:Date.
Mouvement nationaliste
Le Modèle:Date-, Messali Hadj fonde le parti nationaliste Parti du peuple algérien (PPA), qui réclame l'indépendance. À Guelma, dès le mois d'Modèle:Date-, Messali Hadj rassemble Modèle:Nombre lors d'une réunion publique. En 1939, Guelma comptait une section PPA, composée essentiellement de très jeunes hommes qui diffusaient le journal messaliste El Ouma<ref name=":0">Modèle:Ouvrage.</ref>.
Le Modèle:Date- est adoptée la charte de l'Atlantique, une déclaration solennelle de Franklin Delano Roosevelt qui appelle à respecter Modèle:Citation, qui est largement commentée dans les milieux nationalistesModèle:Refnec.
Dès l'été 1943, les services de renseignements alliés et français constataient que l'Algérie était au bord de l'explosion. Un rapport du Psychological Warfare Branch (PWB), portant sur la période Modèle:Date--Modèle:Date- et que relate l'historien Alfred Salinas dans son ouvrage Les Américains en Algérie 1942-1945 (L'Harmattan, 2013, Modèle:P.), fait état des observations recueillies dans le Constantinois par un informateur français qui écrit notamment : Modèle:Citation.
A cette période, Ferhat Abbas, réunit toutes les forces politiques algériennes (élus, membres du PPA et oulémas) autour d’un projet politique commun : le manifeste du peuple algérien. Le 17 janvier 1943, se réunissent à Alger, chez l’avocat et homme politique Ahmed Boumendjel, des personnalités représentant le PPA comme Lamine Debaghine et Asselah Hocine, des membres de l’association des oulémas comme Larbi Tebessi et Ahmed Taoufik El Madani, des représentants des élus musulmans comme le docteur Abdennour Tamzali, Ghersi Ahmed et Cadi Abdelkader et du président de l'Association des Étudiants Musulmans d'Afrique du Nord (AEMAN) Mohammed el Hadi Djemame. Ferhat Abbas fut chargé d'écrire le texte du manifeste, qu’il rédigea à Sétif, dans une pièce au-dessus de sa pharmacie. Messali Hadj, par l"intermédiaire de messagers, approuve le manifeste publié le 10 février 1943, il y ajoute un additif pour la « constituante souveraine » en avril-juin 1943. Les AML (Amis du Manifeste des libertés) sont créés en mars 1944 pour le défendre, et qui appelleront aux manifestations du 8 mai 1945<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Le Modèle:Date-, à Guelma, ont lieu des réunions privées entre colons à la caisse agricole pour la création d'une milice armée illégale. Des armes sont distribuées aux 176 colons miliciens, ainsi que 23 véhicules et les camions du minotier Marcel Lavie sont mis à leur disposition par le sous-préfet André Achiary. Le Modèle:Date-, le bureau des AML organise un repas à l'hôtel grand Orient de Mohamed Reggi, où Ferhat Abbas soutient Mohamed Reggi pour représenter les musulmans aux futures élections locales<ref name=":0" />.
Au printemps 1945, l'ambiance est tendue parmi la population européenne où circulent des bruits alarmistes prédisant un soulèvement musulman, d'autant que l'Algérie connaît depuis quelques mois une situation alimentaire catastrophique, résultat de l'absence de presque tous les hommes valides. Messali Hadj, principal dirigeant du Parti du peuple algérien (PPA), est déporté à Brazzaville le Modèle:Date. Le PPA organise le [[1er mai|Modèle:Abréviation discrète mai]], dans tout le pays, des manifestations qui se veulent pacifiques et sans armes, et pour la première fois est brandi un « drapeau algérien ». Les manifestations se passent dans le calme sauf à Alger et Oran où ont lieu des affrontements avec la police ; la répression est brutale et fait plusieurs morts, deux à Alger et un à Oran<ref>Pierre Montagnon, La France coloniale, Modèle:Tome, Pygmalion-Gérard Watelet, 1990, Modèle:P..</ref>. Quelques jours plus tard, c'est l'annonce de la reddition allemande et de la fin de la guerre : des manifestations sont prévues un peu partout pour le Modèle:Date.
Selon Benjamin Stora<ref>La Tribune, 21 mai 2005.</ref>, les Français pensaient déjà depuis 1939 que les nationalistes d'Afrique du Nord étaient pilotés par les fascistes italiens ou les nazis allemands et que le Parti du peuple algérien était proche du Parti populaire français, bien que Messali Hadj ait soutenu avant guerre le Front populaire et la République espagnole. Ce sentiment fut renforcé par le fait que le soulèvement eut lieu le jour de la victoire.
Projet d'insurrection nationaliste
Pour les historiens François Cochet, Maurice Faivre, Guy Pervillé et Roger Vétillard, les manifestations et l'explosion de violence qui les accompagne ont pour origine un projet d'insurrection nationaliste pour créer une « zone libérée » avec un gouvernement provisoire, qui serait dirigé par Messali Hadj, mais ces plans doivent être abandonnés après son évasion ratée de résidence surveillée et son transfert à Brazzaville. Ils affirment que l'émeute de Sétif n'est pas une réaction à la mort du porte-drapeau Bouzid Saâl Modèle:Citation<ref name="Sétif"/>.
Le 8 mai 1945 à Sétif
À Sétif, une manifestation nationaliste, géographiquement séparée des manifestations officielles, est autorisée à condition qu'elle n'ait pas de caractère politique : Modèle:Citation.
Cette manifestation commence à envahir les rues dès Modèle:Heure, estimée à plus de Modèle:Nombre<ref name=habib>Ali Habib, « Mai 1945 : répression à Sétif », Le Monde, 15 mai 1995 ; repris dans La Guerre d'Algérie, 1954-1962, recueil d'articles sélectionnés et présentés par Yves Marc Ajchenbaum, Librio/Le Monde Modèle:ISBN, Modèle:P..</ref>, chantant l'hymne nationaliste Min Djibalina (De nos montagnes), défile avec des drapeaux des pays alliés vainqueurs et des pancartes Modèle:Citation, Modèle:Citation et Modèle:Citation. Vers Modèle:Heure surgissent des pancartes Modèle:Citation et en tête de la manifestation Aïssa Cheraga, chef d'une patrouille de scouts musulmans, arbore un drapeau vert et rouge. Tout dérape alors : devant le café de France, avenue Georges Clemenceau<ref>Roger Vétillard, Sétif, mai 1945 – Massacres en Algérie, 2008, Modèle:P..</ref>, le commissaire Olivieri tente de s’emparer du drapeau, mais est jeté à terre. Selon un témoignage, des Européens en marge de la manifestation assistant à la scène se précipitent dans la foule<ref name=Cheraga>« Témoins des massacres du 8 mai 1945 en Algérie », 8 mai 2004.</ref>. Les porteurs de banderoles et du drapeau refusent<ref>Modèle:Citation, témoignage de Zighad Tayeb, dans Redouane Aïnad-Tabet - 8 mai 1945 en Algérie, Alger, 1987, Modèle:P..</ref> de céder aux injonctions des policiers<ref>Roger Vétillard, Sétif, mai 1945 – Massacres en Algérie, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>. Des tirs sont échangés entre policiers et manifestants<ref>Mohammed Harbi, Le dictionnaire du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, 2005, Modèle:P. : Modèle:Citation</ref>.
Un jeune homme de Modèle:Nombre<ref>« Saâl Bouzid né le 8 janvier 1919 », El Watan, 8 mai 2005.</ref>, Bouzid Saâl, s'empare du drapeau (blanc et vert avec croissant et étoile rouges<ref>Sur la description précise du drapeau les témoignages divergent, dans un entretien à Liberté Alger Chawki Mostefaï dit avoir dessiné un drapeau vert et blanc avec un croissant à cheval sur le vert et l'étoile sur le blanc. Dans son rapport écrit le 26 mai 1945, le général de gendarmerie Paul Toubert signale que la police a saisi un drapeau tricolore rouge (à la hampe) blanc et vert avec un croissant et une étoile rouges à cheval sur le blanc et le vert. Enfin Roger Vétillard (Sétif, mai 1945 : massacres en Algérie, 2008, Modèle:P., note 106) parle d'un drapeau vert et blanc avec croissant et étoile rouges mais également une main surmontée d'une phrase en arabe Allah Ahkbar.</ref>, couleurs et symbole qui deviendront, en 1962, le drapeau officiel de l'Algérie) mais est abattu par un policier<ref name=Cheraga/>. Immédiatement, des tirs provenant de policiers provoquent la panique. Les manifestants en colère s'en prennent aux Français, au cri de Modèle:Citation étrangère (« tuons les Européens », le mot nessara signifiant « chrétiens »)<ref>Modèle:Citation, d'après Roger Vétillard, Sétif, mai 1945 – Massacres en Algérie, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>, et font en quelques heures Modèle:Nombre et Modèle:Nombre chez les Européens. Il y aurait de 20 à Modèle:Nombre et de 40 à Modèle:Nombre chez les « indigènes »<ref>Roger Vétillard, Sétif, mai 1945 – Massacres en Algérie, Modèle:Opcit, Modèle:P. : Modèle:Citation ; rapport Tubert, §9, message téléphoné des RG du Modèle:Date- Modèle:Citation », dans Roger Benmebarek, Événements de Sétif, mai 1945, Modèle:Nobr, Modèle:P..</ref>. Albert Denier, secrétaire local du Parti communiste algérien, a les deux mains tranchées à coup de serpe par des émeutiers l'ayant pris pour un colonialiste en raison de son chapeau<ref>Algérie : «la chasse est ouverte»</ref>,<ref>SÉTIF D'ALGÉRIE, 8 MAI 1945. Sétif, Une gerbe pour les morts</ref>. Selon Le Maitron, il subit plutôt, après-coup, une amputation médicale en raison de ses blessures aux poignets<ref>Modèle:Chapitre</ref>.
L'armée fait défiler les tirailleurs algériens, qui n'ont pas tiré<ref>Roger Benmebarek, Modèle:Opcit, Modèle:P. ; Roger Vétillard, Sétif, mai 1945 – Massacres en Algérie, Modèle:Opcit, Modèle:P. ; rapport Tubert §4.</ref>, mais, alors que l'émeute se calme à Sétif, dans le même temps, des émeutes éclatent aux cris du Modèle:Citation dans la région montagneuse de petite Kabylie, dans les petits villages entre Bougie et Djidjelli<ref name=habib/>. Des fermes européennes isolées et des maisons forestières sont attaquées et leurs occupants assassinés, souvent dans des conditions particulièrement atroces.
Le 8 mai 1945 à Guelma
Le mouvement s'étend très rapidement, et, l'après-midi même à Guelma<ref name=":0" />, une manifestation s'ébranle. À Modèle:Heure, les manifestants démarrent du cimetière Kermat (place des figuiers). Ils ont pour consigne de ne pas porter d’armes blanches. Ils sont de Modèle:Nombre de Guelma, et de 400 à 500 paysans des douars des environs venus pour le marché. Ils arboraient les drapeaux de la France, des alliés et de l'Algérie et des pancartes Modèle:Citation, Modèle:Citation, Modèle:Citation, Modèle:Citation ou encore Modèle:Citation. Les manifestants marchaient en ordre, et chantaient l'hymne nationaliste Min Djibalina, en criant à intervalles réguliers Modèle:Citation, en soulevant l'index de la main droite, symbole du monothéisme musulman (tawhid). À Modèle:Heure, le cortège arrive à la place Saint-Augustin, au centre-ville, où venaient de s'achever les cérémonies officielles françaises de célébration du Modèle:Date- que suivaient la plupart des chefs des AML de Guelma à partir du café glacier de Mohamed Reggui. Les Français furent effrayés par le bruit de la manifestation arrivée en plein quartier européen, notamment le sous-préfet André Achiary. Il se précipita, en compagnie du premier adjoint au maire socialiste Marcel Champ, du militant communiste Fauqueux, de l'instituteur socialiste Henri Garrivet (futur maire), du président du consistoire israélite Attali, et de huit policiers, et dix gendarmes. Le préfet demanda aux jeunes de se disperser. Les 40 scouts de la troupe Enoudjoum figuraient en costume au premier rang. Mais sous la pression des derniers rangs, le cortège continua d'avancer, Achiary fut bousculé par Ali Abda (Modèle:Nombre) et frappé par un manifestant. Achiary sortit son revolver et tira un coup en l'air, sur le drapeau algérien, qu'il arracha. Les policiers et les gendarmes l'imitèrent, puis chargèrent<ref name="rey" />. Le secrétaire des AML de Millésimo, Mohamed Salah Boumaaza, fut tué d'un coup de feu, et six autres musulmans furent grièvement blessés. Alors il y eut un mouvement de panique parmi les manifestants. Les jeunes fuyaient, les gendarmes les suivaient, les frappaient et tiraient en l'air. Des coups de feu étaient tirés également des maisons sur les manifestants. Il y eut beaucoup de blessés, dont un mortellement blessé qui décéda à minuit. Les manifestants sont refoulés hors Guelma. Les officiers de garnison occupèrent alors les carrefours en faisant des barrages (avec mot de passe), les cafés furent fermés et un couvre-feu fut instauré.
Achiary ordonna l'arrestation des membres du bureau des AML qui étaient au café glacier. La police arrêta en premier Ali Abda et son frère aîné Smaïl, membre du PPA et chef de la section AML de Guelma et leur père Amor. Ils furent brutalisés et la maison pillée. Les policiers saisirent ainsi les archives de la section des AML de Guelma, et dressèrent les listes des membres des AML qui seront arrêtés. Les AML Mohamed Oumerzoug, sergent de réserve, Abdelmadjid Ouartzi, Ahmed Douaouria, Smaïl Belazoug, Mohamed Baddache et Mohamed Boulouh furent arrêtés également le jour même à leur domicile et enfermés dans le « cachot de la mort » à la gendarmerie où ils furent torturés par les miliciens et policiers.
Au village Millésimo, le garde champêtre Blanc aurait arrêté les frères Boughalmi et Ali Drare, qui n’étaient pourtant pas membres du comité local des AML. Les colons miliciens de la commune les auraient exécutés au milieu du village, pour l'exemple, et auraient pillé leur ferme<ref name=":0" />.
Pendant toute la nuit des patrouilles de gendarmes et de soldats circulèrent dans la ville de Guelma. Des mitrailleuses furent placées à chaque carrefour<ref name=":0" />.
Le sous-préfet dispose de trois compagnies de tirailleurs en formation, tous musulmans. Il consigne la troupe et fait mettre les armes sous clés. Un bataillon d'infanterie de Sidi-Bel-Abbès, convoyé par des avions prêtés par les Américains, arrive le Modèle:Date dans la journée pour évacuer des petits villages d'« Européens » qui sont encerclés par les émeutiers.
Achiary officialise la milice « comité de vigilance » pour mater la « révolte intérieure des arabes » il déclare : Modèle:Citation. La milice rassembla officiellement Modèle:Nombre. 78 miliciens disposaient d'armes de guerre et Modèle:Nombre étaient armés de fusils de chasse<ref name=":0" />.
Dans des fermes isolées des environs de Guelma , 11 Européens sont tués le Modèle:Date- en signe de représailles par la population musulmane<ref name=":0" />.
Le 8 mai 1945 à Kherrata
Le Modèle:Date-, jour de marché et il n'y a pas de défilé prévu pour la fin de la Seconde Guerre mondiale. Rassemblement de près de Modèle:Nombre. Le lendemain vers midi, l'armée française tire sur la population de Kherrata et des villages avoisinants, suivi après par les tirs du bateau-croiseur Duguay-Trouin sur les crêtes des monts de Babor<ref>http://www.elmoudjahid.com/fr/mobile/detail-article/id/77239</ref>. Vers Modèle:Heure, la légion étrangère arrive à Kherrata<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
La répression est massive et dure jusqu'au Modèle:Date-<ref>La répression par l'armée française des manifestations algériennes du 8 mai 1945</ref>,<ref>Le 8 mai 1945, à Sétif, premier acte de la guerre d’Algérie</ref>: Des centaines de personnes ont été abattues une à une avant d'être jetées mortes ou vivantes dans les ravins profonds des gorges de Kherrata<ref>MASSACRES DU 8 MAI 1945 À BÉJAÏA: Kherrata n'a pas oublié</ref>.
Européens tués
Le témoignage de Marcel Lavie, minotier à Héliopolis, est instructif sur l'état de panique des Européens : Modèle:Citation<ref>Maurice Villard, La Vérité sur l’insurrection du 8 mai 1945 dans le Constantinois, éd. Les presses littéraires, 1997, Modèle:Page.</ref>.
Des violences contre les Européens se produisent dans le Constantinois, surtout dans les fermes isolées. Des femmes sont violéesModèle:Référence souhaitée, des meurtres et des mutilations sont commis.
L'historien Jean-Pierre Peyroulou indique : Modèle:Citation<ref name=":1">Modèle:Lien web</ref>.
Le nombre total d'Européens tués est de 102<ref name="stora">Benjamin Stora, Histoire de l’Algérie coloniale (1830-1954), éd. La Découverte, Paris, 1991, Modèle:P..</ref>. Parmi les victimes, on trouve des modérés du « troisième camp », tels le maire radical-socialiste de Sétif, Édouard Deluca, mortellement blessé au ventre par un ancien adjoint, ou Albert Denier, le secrétaire local du Parti communiste, qui aura les deux mains tranchées<ref name="rey">« « Aux origines de la guerre d’Algérie », extraits d’un entretien avec Annie Rey-Goldzeiguer, 14 mars 2002.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Les massacres dans les jours suivants
Des émeutes identiques ont lieu dans plusieurs autres villages au nord de Sétif, où des Européens sont assassinés : Kherrata, Amouchas, Chevreul, Périgot-Ville, et El Ouricia et Sillègue. L'armée française exécute Modèle:Nombre algériens d'Amoucha, le lieu où un siècle plus tôt le général Sillègue avait combattu le dernier bey de Constantine.
Les Modèle:Date- et Modèle:Date-, le croiseur Duguay-Trouin tire à 10 reprises sur la région de cap Aokas<ref name=":1" /> et le contre-torpilleur Le Triomphant, tirent plus de Modèle:Nombre obus sur les campagnes autour de Sétif<ref name="habib" />. L'aviation bombarde et rase plus ou moins complètement plusieurs agglomérations. Une cinquantaine de « mechtas » sont incendiées. Les automitrailleuses font leur apparition dans les villages et elles tirent à distance sur les populations.
Les blindés sont relayés par les militaires arrivés en convois sur les lieux, à l'image d'une milice de Modèle:Nombre qui se forme à Guelma sous l'impulsion du sous-préfet Achiary qui distribue toutes les armes disponibles<ref name="rey" />, soit les Modèle:Nombre de guerre qui équipaient les tirailleurs et se livre à une véritable chasse aux émeutiers. Pendant deux mois<ref name="rey" />, l'Est de l'Algérie connaît un déchaînement de folie meurtrière. De nombreux corps ne peuvent être enterrés, ils sont jetés dans les puits, dans les gorges de Kherrata.
À Guelma, le Modèle:Date-, le sous-préfet Achiary, et chef de la milice, établit un tribunal expéditif. La milice arrêtait les suspects comme les membres des AML (dont l'un de leurs chefs Hamida ben Mohamed Seridi), les professeurs, élèves et membres des medersas, les syndicalistes indigènes de la CGT et les membres des scouts musulmans de la troupe "Enoudjoum", qui furent tous conduits à la prison civile. Le Modèle:Date-, huit des dirigeants AML qui étaient incarcérés furent exécutés : les frères Ouartzi Abdelmadjid et Amar, les frères Abda Ali et Smail, Messaoud Chorfi, Abdelkrim Bensouilah, Ahmed Douaouria, et Mohamed Oumerzoug qui aurait confectionné un drapeau vert avec croissant. Ils furent exécutés par la milice. Les membres du tribunal jugèrent cette exécution tout à fait légitime<ref name=":0" />.
Par un télégramme daté du Modèle:Date<ref>Modèle:Citation Cité par le romancier Stéphane Zagdanski dans Pauvre de Gaulle !, Pauvert, 2000.</ref>, le général de Gaulle, chef du gouvernement provisoire de la république française, ordonne l'intervention de l'armée<ref>D'après le témoignage du garde des sceaux, Pierre-Henri TeitgenModèle:Citation nécessaire.</ref> sous le commandement du général Duval, qui mène une répression violente contre la population indigène. La marine y participe grâce à son artillerie, ainsi que l'aviation. Le général Duval rassemble toutes les troupes disponibles, soit deux mille hommes<ref name=habib/>. Ces troupes viennent de la Légion étrangère, des tabors marocains qui se trouvaient à Oran en passe d'être démobilisés et qui protestent contre cette augmentation de service imprévue, une compagnie de réserve de tirailleurs sénégalais d'Oran, des spahis de Tunis, et les tirailleurs algériens en garnison à Sétif, Kherrata et à Guelma.
À Guelma, les musulmans étaient arrêtés en très grand nombre, il suffisait au milicien de désigner un musulman pour que celui-ci soit conduit à la prison. Comme leur nombre augmentait (125 détenus dans la prison pleine à craquer), de nouveaux locaux furent réquisitionnés : caserne, local des scouts, garage, huilerie… Ils y étaient entassés après avoir été roués de coups. Jugés hâtivement, les condamnés étaient emmenés par camions entiers vers les lieux d'exécution en dehors de la ville (Kef El Bouma, le cimetière musulman Errihane, la carrière Ain Defla). La répression, menée par l'armée et la milice de Guelma, était d'une très grande violence : exécutions sommaires, massacres de civils, bombardements de mechtas. Le Modèle:Date-, Mohamed Reggui (propriétaire du grand hôtel d'orient et café glacier) est exécuté dans la rue devant son hôtel. Le Modèle:Date-, les frères Seridi Ahmed et Hachemi (trésorier adjoint AML) sont exécutés. Le Modèle:Date-, le Préfet de Constantine Lestrade-Carbonel, accompagné du général Duval, commandant de la division de Constantine, arrive à Guelma. Devant les corps des Européens tués le préfet déclare Modèle:Citation
Le Modèle:Date-, les 45 scouts musulmans de la troupe "Enoudjoum" sont exécutés. Le Modèle:Date-, Hafid et Zohra Reggui (frère et sœur de Mohamed), sont exécutés. Les Algériens, dans les campagnes, se déplaçaient le long des routes et fuyaient pour se mettre à l'abri au bruit de chaque voiture. L'historien algérien Boucif Mekhaled, raconte : Modèle:Citation<ref name="mekhaled" />. Les cadavres des musulmans s'entassent, ils sont alors enterrés dans des charniers. Les massacres continuèrent jusqu'à ce que le ministre de l'Intérieur en France, Adrien Tixier, commence à s'intéresser aux "événements" du Constantinois. Mais les charniers posaient problème, il fallait faire disparaître les cadavres. Il fallait les déterrer des charniers trop proches de Guelma (Kef El Bouma, cimetière El Rihane, carrière Ain Defla), les transporter et les brûler dans les fours à chaux de la ferme de Marcel Lavie<ref>« Sétif revient hanter la France coloniale », Libération, Modèle:N°, 7 mai 2005.</ref>. Ainsi, le long des routes les travailleurs municipaux furent alors mobilisés pour des « travaux de réfection ». Les Modèle:Nombre étaient chargés avec l'aide de la gendarmerie.
C’est ainsi que le four crématoire Lavie (Le four, de forme ovoïde, mesurait environ Modèle:Unité de long et Modèle:Unité de haut) est devenu à jamais tristement célèbre. Pendant Modèle:Nombre on brûlait les corps. L'odeur à la ronde était insupportable. Saci Benhamla, qui habitait à quelques centaines de mètres du four à chaux d'Héliopolis, décrit l'insupportable odeur de chair brûlée et l'incessant va-et-vient des camions venant décharger les cadavres, qui brûlaient ensuite en dégageant une fumée bleuâtre<ref name="mekhaled">Boucif Mekhaled, Chronique d’un massacre : 8 mai 1945, Sétif-Guelma-Kherrata, éd. Syros, Paris, 1995, Modèle:P..</ref>, jusqu'à l'arrivée du ministre de l'Intérieur, le Modèle:Date-, qui marqua la fin des massacres à Guelma<ref name=":0" />.
Réactions immédiates
Le Modèle:Date, à la demande du ministre de l'Intérieur Adrien Tixier, de Gaulle nomme le général de gendarmerie Tubert, résistant, membre depuis 1943 du Comité central provisoire de la Ligue des droits de l'homme (où siègent également René Cassin, Pierre Cot, Félix Gouin et Henri Laugier), membre de l'Assemblée consultative provisoire, dans le but d'enquêter sur les évènements. Mais, pendant six jours, du Modèle:Date- au Modèle:Date-, la commission fait du sur-place à Alger. Officiellement on attendait l'un de ses membres « retenu » à Tlemcen. Dans les faits, c'est bien Tubert qui est retenu à Alger. On ne le laisse partir pour Sétif que le Modèle:Date-, quand tout y était terminé. Et, à peine arrivé à Sétif, il est rappelé à Alger le lendemain, sur ordre du gouvernement, par le gouverneur général Chataigneau. Si bien qu’il ne peut se rendre à Guelma.
La répression prend fin officiellement le Modèle:Date. L'armée organise des cérémonies de soumission où tous les hommes doivent se prosterner devant le drapeau français et répéter en chœur : Modèle:Citation<ref name="stora" />,<ref name="mai45">« mai 1945 : les massacres de Sétif et Guelma », LDH de Toulon, 12 juin 2004.</ref>. Des officiers exigent la soumission publique des derniers insurgés sur la plage des Falaises, non loin de Kherrata. Certains, après ces cérémonies, sont embarqués et assassinés<ref name="mekhaled" />.
Peu d'Européens protestent contre ces massacres tandis que Modèle:Lien, médecin juif et résistant (l'un des organisateurs du putsch du 8 novembre 1942, qui a permis le succès de l'opération Torch à Alger), s'élève contre ces derniers. Il publie plusieurs articles dans le quotidien Alger Républicain, réclamant certes la sanction sévère des meurtriers provocateurs qui avaient assassiné Modèle:Nombre, mais à l'issue d'une procédure légale régulière. Et surtout, il dénonce sans réserve les massacres massifs et aveugles de milliers d'Algériens innocents. Il réclame aussi la libération immédiate de Ferhat Abbas, dont tout le monde savait qu'il avait toujours cantonné son action dans le cadre de la légalité. Henri Aboulker estimait que la défense des innocents devait primer toute considération politique.
Le communiqué du gouvernement général le Modèle:Date illustre la manière dont les autorités de l'époque présentent ces événements : Modèle:Début citationDes éléments troubles, d'inspiration hitlérienne, se sont livrés à Sétif à une agression armée contre la population qui fêtait la capitulation de l'Allemagne nazie. La police, aidée de l'armée, maintient l'ordre et les autorités prennent toutes décisions utiles pour assurer la sécurité et réprimer les tentatives de désordre.Modèle:Fin citation
Le Modèle:Date, L'Humanité appelle à Modèle:Citation<ref name="canard enchaîné_13/5/2015">Modèle:Article.</ref>. Le Modèle:Date et le Modèle:Date les événements se précisent et L'Humanité appelle à cesser la répression, à ne pas rendre les musulmans responsables de l'ensemble des troubles et au contraire à pointer les responsabilités des hauts-fonctionnaires du gouvernement général et d'en destituer deux des membres<ref>l'humanité du 13 mai 1945, Modèle:P. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4738519m/f2.item.zoom</ref>,<ref>l'humanité du 15 mai 1945 Modèle:P. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k47385208/f2.item.zoom</ref>.
Le Modèle:Date, Étienne Fajon, membre du bureau politique du Parti communiste français qui participe alors au gouvernement du général de Gaulle, déclare devant l'Assemblée consultative que Modèle:Citation, avant d'ajouter que Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Modèle:Refnec. Le Modèle:Date, le rapporteur de la loi d'amnistie (qui est votée), Jean Toujas, déclare en séance : Modèle:Citation<ref name="toja">Journal officiel, séance du 28 février 1946, intervention du rapporteur, Jean Toja.</ref>.
Mémoires
Dans ses Mémoires de guerre, Charles de Gaulle, président du gouvernement à l'époque des faits, écrit en tout et pour tout : Modèle:Début citation En Algérie, un commencement d'insurrection survenu dans le Constantinois et synchronisé avec les émeutes syriennes du mois de mai a été étouffé par le gouverneur général Chataigneau.Modèle:Fin citation
Houari Boumédiène, le futur président algérien, qui a assisté à ces événements dans sa jeunesse, écrit : Modèle:Début citationCe jour-là, j’ai vieilli prématurément. L'adolescent que j’étais est devenu un homme. Ce jour-là, le monde a basculé. Même les ancêtres ont bougé sous terre. Et les enfants ont compris qu'il faudrait se battre les armes à la main pour devenir des hommes libres. Personne ne peut oublier ce jour-là.Modèle:Fin citation
Kateb Yacine, écrivain algérien, alors lycéen à Sétif, écrit : Modèle:Début citationC’est en 1945 que mon humanitarisme fut confronté pour la première fois au plus atroce des spectacles. J’avais vingt ans. Le choc que je ressentis devant l’impitoyable boucherie qui provoqua la mort de plusieurs milliers de musulmans, je ne l’ai jamais oublié. Là se cimente mon nationalisme.Modèle:Fin citation
Albert Camus dans le journal Combat des Modèle:Date au Modèle:Date<ref>Yves Benot, « Mai 1945 : les « événements de Sétif » analysés par Albert Camus », 28 mars 2005.</ref> demande qu'on applique aux Algériens (il écrit : Modèle:Citation) les Modèle:Citation. Il affirme qu’il y a crise Modèle:Incise que Modèle:Citation et qu’il Modèle:Citation. Plus encore, il proclame que Modèle:Citation.
Ferhat Abbas, dans son testament politique, écrit en 1945 et resté inédit jusqu'en 1994, condamne Modèle:Citation<ref name="Ageron_Persée">Charles-Robert Ageron, « Mai 1945 en Algérie. Enjeu de mémoire et histoire », dans Matériaux pour l'histoire de notre temps, Modèle:Vol., no 39-40, 1995, Modèle:P..</ref>.
Le nombre des victimes
Estimations contemporaines
Le nombre de victimes « européennes » est à peu près admis<ref name=harbi/> et s'élève officiellement à Modèle:Nombre (dont 90 dans la région de Sétif<ref name="Peyroulou">Jean-Pierre Peyroulou, « Les massacres du Nord-Constantinois de 1945, un événement polymorphe », in Abderrahmane Bouchène et al., Histoire de l'Algérie à la période coloniale, La Découverte « Poche / Essais », 2014, Modèle:P..</ref>) et Modèle:Nombre (rapport officiel du général Duval, chef de la division de Constantine<ref name="Pervillé">Guy Pervillé, Pour une histoire de la guerre d'Algérie, Picard, 2002, 356 p, Modèle:P..</ref>). Cette commission parle aussi de Modèle:Nombre tués par les émeutiers dans le même temps.
En revanche, le chiffre du nombre de victimes « indigènes », à la suite de la répression par les autorités publiques ou lors de campagnes de représailles privées, est actuellement source de nombreuses polémiques, notamment en Algérie où la version officielle retient le nombre de Modèle:Nombre.
Une enquête demandée par le gouverneur général Yves Chataigneau comparant le nombre de cartes d'alimentation avant et après les événements conclut à moins de Modèle:Nombre<ref>La paix pour dix ans, Modèle:Page.</ref>. Le gouverneur général de l'Algérie fixa par la suite le nombre des musulmans tués à 1 165 et Modèle:Nombre<ref name="habib" />, Modèle:Nombre, Modèle:Nombre à la peine de mort dont 22 exécutées<ref name="toja" />, chiffres qui seront pris pour officiels. Le général Duval déclarait pour la commission Tubert de 1945 que Modèle:Citation, mais les militaires auraient déjà évoqué à l'époque le chiffre de 6 000 à Modèle:Nombre. Habib affirme que le ministre des Affaires étrangères, Georges Bidault, aurait parlé de Modèle:Nombre, sans préciser sa source<ref name="habib" />.
Pour Antoine Benmebarek, l'administrateur chargé de la région de Sétif lors du massacre, il s'élèverait à Modèle:Nombre<ref name=Benmebarek>Roger Benmebarek, Les Cahiers de la Mémoire Modèle:N° – Événements de Sétif, Mai 1945.</ref>.
Le journaliste Yves Courrière parle de Modèle:Nombre dans les populations musulmanes<ref name="Courriere">Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Benjamin Stora, Histoire de l'Algérie coloniale 1830-1954, La découverte, Modèle:P.91.</ref> en citant le général français Tubert dont le rapport après les massacres ne donne en réalité aucun bilan global<ref>Rapport Tubert sur le site de la LDH.</ref>.
Dans un rapport à ses supérieurs daté du Modèle:Date-, Edward Lawton Jr., consul général des États-Unis à Alger, affirme que quelqu'un lui a dit que le chiffre des victimes serait d'au moins 30 000<ref>Scott L. Bills, Empire and Cold War, 1990, Modèle:P..</ref>. Le chiffre de 40 000 sera avancé par les milieux nationalistes, puis le gouvernement algérien qui, commémorant ces massacres chaque année, parle des Modèle:Citation. Récemment, Bélaïd Abdessalam, ancien Premier ministre algérien, déclarait dans El Khabar Hebdo que le chiffre de 45 000 a été choisi à des fins de propagande. Le président de la République algérienne Abdelaziz Bouteflika affirme que les massacres ont fait plusieurs dizaines de milliers de morts sans qu'on puisse en préciser le nombre exact, Modèle:Citation.
Estimations récentes
Dans un entretien du Monde avec l'historien Jean-Louis Planche, le journaliste Marc-Olivier Bherer évoque Modèle:Citation<ref>Florian Bardou, « La face cachée du 8 mai 1945 : il y a Modèle:Nombre, les massacres de Sétif préfiguraient la guerre d’Algérie », metronews.fr, 8 mai 2015.</ref>, rappelant les estimations de Jean-Louis Planche<ref>Planche [2006], Modèle:P..</ref>. Guy Pervillé, tout en saluant certains apports du livre de Jean-Louis Planche, juge l'estimation du nombre de morts proposée par l'historien basée sur un raisonnement Modèle:Citation<ref>Jean-Louis Planche, Sétif 1945, histoire d'un massacre annoncé (compte rendu), Guy Pervillé, Outre-mers, année 2009, volume 96, numéro 362, Modèle:P..</ref>, alors que Gilbert Meynier la juge Modèle:Citation<ref name="meynier">Modèle:Article.</ref>.
Pour l'historien Charles-Robert Ageron, les estimations de 5 000 à Modèle:Nombre Modèle:Citation<ref name="Ageron_Persée"/>. Dans son étude qui se penche plus spécifiquement sur Guelma, l'historien Jean-Pierre Peyroulou évalue le nombre de morts pour la seule région de Guelma entre 646 et Modèle:Nombre<ref>Review of Jean-Pierre Peyroulou, « Guelma, 1945. Une Subversion française dans l’Algérie coloniale, 2009 », Joshua Cole, Annales, Histoire, Sciences Sociales, vol. 68, Modèle:N° (janvier-mars 2013), Modèle:P..</ref>. S'efforçant dans un article de faire le bilan total des morts, Peyroulou rejoint l'estimation fournie en 1948 par le journal de Ferhat Abbas, Égalité, qui donna une évaluation comprise entre 15 000 et Modèle:Nombre<ref>« Le cas de Sétif-Kherrata-Guelma (Mai 1945) », Jean-Pierre Peyroulou, sciencespo.fr, 21 mars 2008.</ref> qu'il réactualise ensuite à un chiffre compris entre 10 000 et Modèle:Nombre<ref name="Peyroulou" />.
Selon l'historienne Annie Rey-Goldzeiguer, Modèle:Citation, et l'historien Mohammed Harbi d'ajouter : Modèle:Citation<ref name=harbi>« La guerre d’Algérie a commencé à Sétif », Le Monde diplomatique, mai 2005, Modèle:P..</ref>. Pour Abbas Aroua, la magnitude et l'étendue de ces massacres les placent parmi les plus atroces de l'histoire récente<ref>Abbas Aroua, « Reading Notes on French Colonial Massacres in Algeria », dans An Inquiry into the Algerian Massacres, Hoggar, Genève Modèle:ISBN, Modèle:P..</ref>.
Dans un article publié dans La Nouvelle Revue d'histoire en 2015 contre le vote par le Conseil de Paris d'une motion soutenant que Modèle:Citation<ref name="paris">Conseil de Paris, 2015 V. 153 Vœu pour la reconnaissance et l’instauration d’un lieu de mémoire à Paris des massacres du 8 mai 1945. Conseil Municipal. Extrait du registre des délibérations. Séance des 13 et 14 avril 2015.</ref>, les historiens François Cochet, Maurice Faivre, Guy Pervillé et Roger Vétillard affirment que Modèle:Citation<ref name="Sétif"/>.
Conséquences
Dans un rapport ultraconfidentiel adressé au général Henry Martin commandant le [[19e corps d'armée (France)|Modèle:19e d'armée]] à Alger, le général Duval, en charge de la répression, écrit le Modèle:Date- : Modèle:Citation<ref name="Courriere" />,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Ces propos se vérifient puisque la guerre d'Algérie commence près de dix ans plus tard avec le mouvement simultané de la Toussaint rouge.
Cependant, selon l'historien Charles-Robert Ageron, l'idée qui consisterait à considérer que ces événements marquent le véritable début de la guerre d'Algérie, Modèle:Citation<ref name="Ageron_Persée"/>.
Pour de nombreux militants nationalistes comme Lakhdar Bentobbal, futur cadre du FLN, le massacre symbolise la prise de conscience que la lutte armée reste la seule solution. C'est à la suite des événements du Modèle:Date- que Krim Belkacem, l'un des six fondateurs « historiques » du FLN, décide de partir au maquis. En 1947, le PPA crée l'Organisation spéciale (OS), une branche armée, dirigée par Aït Ahmed puis par Ben Bella.
Reconnaissance de la responsabilité française
En 1946, les actualités françaises présentent les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata comme de Modèle:Citation relevant de l'Modèle:Citation<ref>Modèle:Citation épisode</ref>. Le sujet est censuré jusqu'en 1960<ref name=":0" />. Il faut attendre le Modèle:Date pour que, lors d'une visite à l'université de Sétif, Hubert Colin de Verdière, ambassadeur de France à Alger, qualifie les Modèle:Citation de Modèle:Citation<ref name="Bryant" />. Cet événement constitue la première reconnaissance officielle de sa responsabilité par la République française.
Le Modèle:Date, son successeur, Bernard Bajolet, déclare devant les étudiants de l'université du 8 mai 1945 de Guelma qu'Modèle:Citation. Il ajoute : Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Son discours est diversement reçu par la presse algérienne : L'Expression titre Modèle:Citation tandis qu'El Watan note Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Une étape supplémentaire dans la reconnaissance est franchie au début de la présidence de François Hollande, qui voit s'oppérer un réchauffement des relations franco-algériennes<ref>Modèle:Lien web</ref>. Le Modèle:Date, François Hollande, alors en visite d'État à Alger, déclare devant les deux chambres du Parlement algérien réunies pour l'occasion : Modèle:Citation. Le Modèle:Date, son secrétaire d'État aux Anciens combattants et à la Mémoire, Jean-Marc Todeschini, devient le premier membre d'un gouvernement français à assister aux commémorations des massacres. Devant le mausolée de Bouzid Saâl, le jeune scout tué le Modèle:Date- pour avoir brandi un drapeau algérien, il dépose une gerbe de fleurs rapidement rejointe par celle de Tayeb Zitouni, ministre des Moudjahidine. S'il ne fait pas de discours, il inscrit néanmoins dans le livre d'or du musée national de Sétif : Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Souvenir en France
La ville de Rennes, jumelée avec celle de Sétif depuis 1982, créée en 1988 un « square de Sétif » où chaque année, le Modèle:Date-, un collectif d'associations dont celle du jumelage organise une commémoration<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Depuis 2008, la ville d'Aubervilliers se souvient des victimes de ces massacres dans une cérémonie qui se tient le Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
En 2009, le réalisateur franco-algérien Rachid Bouchareb tourne le film Hors-la-loi, qui évoque les événements<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>. Avant même sa sortie en septembre 2010, le film est critiqué en France par des associations de pieds noirs et de harkis, certains députés et le secrétaire d'État aux Anciens combattants Hubert Falco. Il est également critiqué par certains historiens<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. En réaction, le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand est interpellé à l'Assemblée nationale par le député Daniel Goldberg qui juge que l'État n'a pas à dicter une histoire officielle<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>.
En 2016, des municipalités de la Ceinture rouge (Nanterre, Choisy-le-Roi) décident d'organiser, en marge des célébrations du jour de la victoire, une commémoration pour les victimes des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata. Cette initiative est ouvertement critiquée par Roger Vétillard ainsi que par Dimitri Casali<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>, auquel Maurice Ulrich répond par un billet dans L'Humanité<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Confrontées à la sensibilité de la communauté des rapatriés d'Algérie et de leurs descendants, il semble que les autorités françaises aient opté pour une politique des petits pas. Lors d'une visite à Alger en Modèle:Date-, le président François Hollande avait déclaré : Modèle:Citation Il avait ajouté que Modèle:Citation<ref name="Libé">Modèle:Lien web.</ref>.
Commémoration en Algérie
Le Modèle:Date-, Modèle:75e du début des massacres, le président algérien Abdelmadjid Tebboune décrète que le Modèle:Date- sera désormais la Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>
Notes et références
Annexes
Bibliographie
Monographies académiques
- Modèle:Article.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Chapitre.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage Modèle:Commentaire biblio SRL.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Article.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
Témoignages et monographies non-académiques
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage.
- Maurice Villard, Le Modèle:Date- - Sétif - Guelma - Le Constantinois, Montpellier, A.C.E.P., 2010.
- Maurice Villard, La Vérité sur l'insurrection du Modèle:Date- dans le Constantinois, menaces sur l'Algérie française, Amicale des hauts plateaux de Sétif, 1977.
Articles
Ouvrages généraux
- Yves Benot, Massacres coloniaux, Paris, éd. La Découverte, 2001.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage
- Francine Dessaigne, La Paix pour dix ans, Éditions Gandini Modèle:ISBN.
- Jean-Claude Pérez, L'Islamisme dans la guerre d'Algérie, logique de la nouvelle révolution mondiale, Dualpha 2004/2014 (prix Véritas 2014).
- Annie Rey-Goldzeiguer, Aux origines de la guerre d’Algérie 1940-1945 : de Mers El-Kébir aux massacres du Nord-Constantinois, Paris, éd. La Découverte, 2001.
- Alfred Salinas, Les Américains en Algérie 1942-1945, Paris, L'Harmattan, 2013.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Benjamin Stora, Le Transfert d'une mémoire - De l'« Algérie française » au racisme anti-arabe, Paris, éd. La Découverte, 1999.
Littérature
- Malek Ouary, La montagne aux chacals, Éditions Garnier, Paris, 1981 Modèle:ISBN (roman).
- Yacine Kateb, Le cadavre encerclé dans Le cercle des représailles, Seuil, Paris, 1959 Modèle:ISBN (théâtre).
Documents audiovisuels
Documentaires
- Mehdi Lallaoui et Bernard Langlois, Les massacres de Sétif – un certain Modèle:Date-, 1995.
- Yasmina Adi, L'autre Modèle:Date-, aux origines de la Guerre d'Algérie, 2008.
- Meriem Hamidat, Mémoires du Modèle:Date-, 2008.
- La Guerre d'Algérie, de Yves Courrière et Philippe Monnier (1972). Une toute petite partie du documentaire est consacrée au massacre.
Films
- Hors-la-loi de Rachid Bouchareb (2010) porte, entre autres, sur le massacre de SétifModèle:Commentaire biblio
Articles connexes
- Histoire de l'Algérie | Guerre d'Algérie
- Massacres d'août 1955 dans le Constantinois
- Belkheir (Millésimo), Kef l-Bomba, Hammam Ouled Ali, station de pompage de Guelma
- 8 mai 1945
- Histoire de l'empire colonial français pendant la Seconde Guerre mondiale
Liens externes
- Rappel historique des massacres répressifs à Sétif en mai 1945 dans le journal de 20 h sur France 2 (Modèle:Date-).
- Le début de la guerre d'Algérie 1945-1955, colloque de l'École normale supérieure lettres et sciences humaines du 20 au Modèle:Date-].
- Mohammed Harbi, « La guerre d'Algérie a commencé à Sétif ».
- Rapport du consul de Suisse de 1945.
- Extraits du rapport officiel de la commission Tubert de 1945 (l'intégralité du rapport est accessible sous le même lien).
- Guy Pervillé, « Le 8 mai 1945 et sa mémoire en Algérie et en France ».
- Étude de Roger Benmebarek, préfet honoraire.
- Les massacres de Sétif – un certain 8 mai 1945, film de Mehdi Lallaoui et Bernard Langlois, 1995, diffusé sur le site Mediapart.
- Modèle:Lien web (dossier).