Léon Deubel
{{#invoke:Bandeau|ébauche}} Modèle:Infobox Biographie2 Léon Deubel, né le Modèle:Date de naissance- à Belfort et mort le Modèle:Date de décès- à Maisons-Alfort, est un poète français.
Biographie
Deubel est considéré comme un des derniers « Poètes maudits », comme Arthur Rimbaud, Tristan Corbière, Charles Baudelaire…
Un poète maudit est un poète qui se sent incompris et mis au ban de sa propre société, faisant partie du mouvement du Symbolisme (art). La poésie est sa manière de s'exprimer avec ses propres codes. Leur vie est souvent tragique en raison de leur vision différente du monde.
Naissance et jeunesse
Léon Deubel est né à Belfort le 22 mars 1879, de Louis Joseph Deubel et de Marie Joséphine Mayer, tenanciers de l'Hôtel du Nord, au 47 faubourg de France<ref name=":0">Modèle:Lien web.</ref>.
Après s'être installés à Paris où le père obtient un poste de cheminot, les parents de Léon se séparent. Le petit Léon est d'abord élevé par sa grand-mère maternelle et ses tantes Julie et Nani Mayer<ref name=":0" />.
La mère de Léon meurt d'un refroidissement le 5 janvier 1886 lorsqu'il a 6 ans<ref name=":0" />. Léon le vit très mal, il reste malheureux toute sa vie et cherche désespérément de l'attention. Le seul souvenir que le poète dit avoir conservé de sa mère est rapporté par son ami Louis Pergaud : Modèle:Citation De plus, le décès est la cause d'une violente rupture dans sa vie déjà assez perturbée, puisque après la mort de la mère, l'enfant est arraché à sa grand-mère qui l'a élevé, et est confié par son père à son oncle et parrain<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> ou à sa grand-mère paternelle : Modèle:Citation dit Léon Deubel<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Léon effectue sa scolarité à l'institution Sainte-Marie à Belfort, où il échouera au certificat d'études primaires en 1890. Son oncle Léon Deubel, riche épicier, le met alors en pension au collège de Baumes-les-Dames. Le jeune Léon y rencontrera Eugène Chatot avec lequel il partage la même passion pour la poésie. Il y restera jusqu'en 1897, après avoir obtenu son baccalauréat<ref name=":0" />.
Premiers poèmes
Ensuite, Léon doit choisir un métier. Son oncle lui propose de travailler à ses côtés, il refuse et trouve une échappatoire en sollicitant un poste de répétiteur, en juillet 1896. À la rentrée de Pâques 1897, il est donc nommé répétiteur (maître d'internat) au collège de Pontarlier, il y reste d’avril à Modèle:Date-<ref name=":1"/>. Mais il rencontre de nombreuses difficultés dans son travail. Son chef d'établissement note<ref name=":1">Modèle:Ouvrage.</ref> :
Puis en novembre, il est nommé au Collège Louis Pasteur d’Arbois<ref>Lettres de Léon Deubel, page 7.</ref> où il est maître d'internat.
En 1898, Hector Fleischmann publie un de ses premiers recueils de poèmes : Six Élégies d’un jeune homme mélancolique. On y trouve en Liminaire ces vers de Deubel :
<poem>:Le vent fait virer ta bougie,
- Petit ami sur qui voilà
- Le front penché des nostalgies.
- (…)
- Et comme on pleure ou comme on chante,
- Un soir tu répandis ta vie,
- Comme une onde selon sa pente,
- En mineur de six élégies.</poem>
À Arbois, il rencontre Anne, une jeune fille de 18 ans fille d'un professseur du collège, et en tombe amoureux. Ils se séparent après quelques mois<ref name=":1" />
Il écrit en janvier 1898, À Modèle:Mlle A. d’Arbois, Deubel a 18 ans :
<poem>:Vous êtes cette rose blonde
- Éclose au jardin de mon Rêve</poem>Après cette rupture, il est muté le 11 avril 1899, au collège de Calimont à Saint-Pol-sur-Ternoise dans le Pas-de-Calais<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Il y trouvera une situation beaucoup plus difficile<ref>Lettres de Léon Deubel, présentation par Eugène Chatot page XV.</ref>.
Cependant la situation administrative de Deubel s’aggrave. Le Modèle:Date-, alors qu’il est à Boulogne-sur-Mer chez un ami, il reçoit l’annonce de sa révocation. Désormais la misère va commencer.
Détresse
L’arrivée à Paris le Modèle:Date- au soir<ref>Lettres, pages 64.</ref> ouvre sur la misère. Pour un bachelier, donc d’un niveau d’étude assez rare à l’époque, aucun débouché s’il n’a pas de relations. Modèle:Citation. Et plus tard : Modèle:Citation
À trois heures du matin, dans le Paris de la Belle Époque :
<poem>:Seigneur ! Je suis sans pain, sans rêve et sans demeure,
- Les hommes m’ont chassé parce que je suis nu.</poem>
Et lorsqu’il trouve un abri précaire :
<poem>:J’ai faim, j’ai froid, la lampe est morte
- Au fond de ce soir infini.</poem>
Il écrit les poèmes Détresses II et Détresse I qui trouveront place dans le recueil suivant : Le Chant des Routes et des Déroutes. Enfin alerté, son oncle paternel, qui dirige une affaire d’épicerie en gros, lui apporte une aide jusqu’au début de son service militaire. Mais Deubel est marqué par l’épreuve :
<poem>:La vie résonne comme un pas
- Qui s’est égaré sur la route,
- Et l’ombre luit comme une voûte
- Dont tu ne t’échapperas pas.</poem>Son oncle tente de l'aider mais ce n'est pas suffisant. Le 9 décembre 1900, il part au service militaire à Nancy au Modèle:79e de ligne, à la Modèle:6e Compagnie<ref>Modèle:Lien web.</ref> et s'engage pour 3 ans.
En 1903, Léon Deubel rencontre Louis Pergaud à l’occasion du mariage de ce dernier à Belmont (Doubs)<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Le soleil d’Italie
Au cours des trois ans de service militaire à Nancy, Léon Deubel reçoit deux petits héritages, de sa mère et d'une tante de sa mère<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> de 12 000 F. Une forte somme à l’époque : un petit repas coûte 0,75 F. Léon Deubel s’enivre de poésie et peut faire publier Le Chant des routes et des Déroutes ainsi que Sonnets intérieurs. Puis, dès le service militaire fini, Léon fasciné par l'Italie, y fait un voyage en septembre 1903. Il visite Venise, Florence, Fiesole, Pise, c’est une révélation. La lumière du sud le transforme. À son retour, fin 1903, il fait un long séjour à Durnes, dans un petit village du Doubs, chez son ami Louis Pergaud où il a quelques relations amoureuses qui se terminent mal. Il fait paraître Vers la vie, Sonnets d’Italie, La Lumière natale. Mais ses ressources financières étant à bout, ces recueils paraissent en très peu d’exemplaires.
À son retour, Léon Deubel trouve enfin un emploi régulier de secrétaire à la Rénovation Esthétique. Il héberge Edgard Varèse, écrit, fait paraître Poésies, avec des poèmes d’une nouvelle manière, plus rigoureuse, moins naturelle. On y trouve Tombeau du poète, L’Invitation à la promenade :
<poem>:Mets tes bijoux roses et noirs
- Comme les heures du souvenir
- Mets ce qui s’accorde, ce soir,
- À ce qui ne peut revenir :
- (…)
- Ta robe de crêpe léger
- Plus incertaine qu’une charmille
- Qui fait trembler dans les vergers
- L’herbe frileuse à tes chevilles ;
</poem>
Mais la Rénovation Esthétique change de propriétaire ; Deubel est remercié. Désormais, la misère va reprendre. Il ne trouvera que quelques ressources épisodiques dans un travail de secrétaire au service de Persky, riche mécène habitant la Suisse, qui lui confie parfois la mise au net de diverses traductions d’auteurs russes.
Mort
Pauvre, inadapté à la vie sociale, Léon Deubel se suicide en se jetant dans la Marne après avoir brûlé tous ses manuscrits. Le Modèle:Date-, des mariniers retirent de la Marne le corps de Léon Deubel, décédé vers le six juin. Il a alors six sous en poche<ref>Modèle:Article.</ref>.
Son tombeau sera marqué par Épitaphe :
<poem>:J’ai voulu que ma vie entière
- Fût comme une arche de clarté
- Dont la voussure, large et fière
- Descendît vers l'éternité
- Et traversât dans la lumière
- Le torrent noir de la cité.</poem>
Il est inhumé au cimetière parisien de Bagneux, Modèle:11e, où sa tombe subsiste toujours.
Opinions et hommages littéraires
De très nombreux poèmes d’hommage ont été écrits pour la célébration posthume de Léon Deubel.
<poem>:Je te connaissais un peu, Léon Deubel.
- J'aurais pu m'approcher de toi comme ceux-là
- Qui t'ont contemplé sur la dalle mouillée.
- […]
- Je te connaissais un peu, Léon Deubel.
- Ton départ est une chose si amère
- Que j'arrête pour laisser couler mes yeux. </poem>
Extraits de Parler de Pierre Jean Jouve, Crès, Modèle:Date-<ref>Réédité dans : Pierre Jean Jouve, Œuvre I, Mercure de France, 1987, p. 1490-1491.</ref>.
<poem>:J’ai vu Léon Deubel sur la dalle gluante
- Que baisa le front blanc de Gérard de Nerval.</poem>
Extrait de Les Spectres, poème de Fagus, Le Divan, Modèle:Date-.
<poem>:Cette nuit là
- Auprès de toi, Deubel, J’ai veillé auprès de toi
- Toi, l’homme abattu, chair nue et morte sur le froid des dalles.</poem>
de Marcel Martinet, qui reconnut avec Louis Pergaud le corps de Deubel à la Morgue.
Des déclarations émues de Léon Bocquet : Modèle:Citation.
Et Jean Mistler, Secrétaire perpétuel de l’Académie Française : Modèle:Citation
Hommages
En 1930, la place Léon-Deubel, près de la porte de Saint-Cloud dans le [[16e arrondissement de Paris|Modèle:16e]] de Paris est inaugurée en son hommage, grâce au soutien de la Société des amis de Léon Deubel, présidée par Georges Duhamel, et comprenant entre autres Léon Bocquet (son biographe), André Bacqué, Blanche Albane, Jeanne-Flore Dété…
Un portrait en buste, œuvre du sculpteur japonais Hiroatsu Takata, est visible à Maisons-Alfort.
Une copie de ce buste, réalisée par le statuaire Philippe Besnard, a été érigée dans le square Lechten à Belfort, sa ville natale en 1935<ref>Modèle:Lien web.</ref>. À Belfort, une rue porte le nom du poète, et quelques vers de Deubel sont inscrits au fronton du portail du cimetière Bellevue. En 1960, le Proviseur du lycée de garçons a proposé au Maire de monter un dossier afin de baptiser le lycée du nom du poète belfortain<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
En 2013, la Ville de Belfort a célébré le centenaire de la mort du poète par une série d'événements : expositions, lectures, conférences, spectacles (création d'un opéra-rock par le groupe Gens de la lune et Francis Décamps, et d'une comédie musicale "Cabaret imaginaire" par le Conservatoire de Belfort) retraçant la vie de Léon Deubel <ref>Modèle:Lien web.</ref>, et décision de donner à la Bibliothèque Municipale de Belfort le nom de Léon Deubel.
Œuvre
- La Chanson balbutiante. Éveils, Sollicitudes, la Chanson du pauvre Gaspard (1899)
- Le Chant des Routes et des Déroutes (1901)
- À la Gloire de Paul Verlaine (1902). Poème récité sur la tombe de Paul Verlaine le Modèle:Date-.
- Léliancolies. La Chanson du pauvre Gaspard (1902). Paris, édition de la Revue Verlainienne (reprend des textes déjà publiés).
- Sonnets intérieurs (1903)
- Vers la vie (1904). Reprend Le Chant des Routes et des Déroutes, Sonnets intérieurs, et ajoute les poèmes inédits de Evocations. Publié à 17 exemplaires.
- Sonnets d'Italie (1904). Éditions du Beffroi, publié à 7 exemplaires.
- La Lumière natale, poèmes (1905), réédition au Mercure de France en 1922.
- Poésies (1905)
- Poèmes choisis (1909). Paris, Éditions du Beffroi.
- Pour commémorer l’anniversaire de la mort de V. Hugo, Akademos, octobre 1909.
- Ailleurs (1912). Plaquette de 16 pages publiée en français à Berlin.
- Régner, poèmes (1913). Mercure de France, avec une très belle introduction de Louis Pergaud. Réédition avec préface d'Irène de Palacio aux Editions Complicités (2023).
- Œuvres de Léon Deubel. Vers de jeunesse. La Lumière natale. Poésies. Poèmes divers. L'Arbre et la Rose. Ailleurs. Poèmes divers. Appendice, préface de Georges Duhamel (1929)
- Lettres de Léon Deubel (1897-1912) (1930) Introduction et notes par Eugène Chatot, Le Rouge et le noir, 278 pages.
- Chant pour l'amante (1937)
- Léon Deubel, Poèmes 1898-1912 (1939). Mercure de France, présentation par Georges Duhamel, 333 pages (l'anthologie la plus complète à ce jour).
- Florilège Léon Deubel, publié à l'occasion de son centenaire (1979). L'Amitié par le Livre, présentation et choix de Henri Frossard. 80 pages, avec des poèmes inédits en fac-similé.
Mise en musique
- Léon Deubel a lui-même mis en musique quelques-uns de ses poèmes. Modèle:Citation
- Deubel a hébergé Edgar Varèse dans les locaux que La Rénovation esthétique avait mis à sa disposition, au 5 rue Furstenberg<ref>Orthographe des Lettres de Léon Deubel.</ref>. Varèse a mis en musique plusieurs poèmes de Léon Deubel : Poésie de Léon Deubel, à Madame Chapuis, lent et triste. Il s'agit du poème Détresse I : J'ai faim, j'ai froid, la lampe est morte<ref>Voir le fac-similé aux Modèle:2e, Modèle:3e et Modèle:4e de couverture des Auteurs comtois n°4.</ref>.
- Épitaphe (2014). Opéra Rock en 12 tableaux, créé à l'occasion du centenaire de sa disparition par Francis Décamps et son groupe Gens de la Lune.
Pour approfondir
Bibliographie
- Léon Deubel, roi de Chimérie, par Léon Bocquet. Bernard Grasset, 1930. 280 pages.
- Maurice Favone, Le Poète Léon Deubel, Paris, R. Debresse, Bibliothèque de l’artistocratie, 1939, 63 pages.
- Les Poètes maudits d'aujourd'hui (1972). Editions Seghers. Présentation et choix de Pierre Seghers pour Léon Deubel: pages 107 à 123.
- Léon Deubel, choix et présentation de Henri Frossard. Collection Auteurs comtois, Modèle:N°, Besançon, CRDP, 1987. 112 pages. Avec des poèmes inédits en fac-similé.
Liens externes
- Le poème tombeau du poète sur Biblisem
- La Chanson balbutiante Lire sur Gallica.
- Le Chant des Routes et des Déroutes Lire sur Gallica
- Sonnets intérieurs Lire sur Gallica
- La Lumière natale Lire sur Gallica la réédition de 1922
- Chant pour l'amante Lire sur Gallica
- Poésies Lire sur Wikisource
- Régner Lire sur Wikisource