Complexe (psychologie)
Modèle:Voir homonymes Dans le langage courant, le mot complexe désigne une carence dans l'estime de soi. Il est alors davantage convenu de parler de complexe d'infériorité.
Chez les professionnels, il prend un sens beaucoup plus large, celui de représentation mentale.
Introduction
Le nom et l'adjectif « complexe » (des mots latins cum plexus : avec des enchevêtrements) sont utilisés dans différents champs de pensée, principalement en psychologie.
- Dans l'usage courant, le nom est assimilé à Modèle:Citation, plus généralement à un sentiment de mal-être. Le mot donne alors lieu alors à des expressions telles que Modèle:Citation ou Modèle:Citation et doit être compris comme Modèle:Citation
- En psychologie institutionnelle, toutefois, le mot prend un sens à la fois plus nuancé et plus général, celui de représentation mentale. Dans cette acception, il a été créé à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle par le psychiatre allemand Theodor Ziehen, dans son livre Psychiatrie für Ärzte und Studirende, un ensemble de carnets publiés en quatre éditions de 1894 à 1911. Il parle alors de « gefühlbetonter Vorstellungs Komplex » (« complexe de représentations chargées d'émotions »).
Joseph Breuer et Sigmund Freud utilisent également le terme en 1895 dans leurs Études sur l’hystérie<ref>Annette Fréjaville, « Œdipe, ses complexes et notre époque », Revue française de psychanalyse, 2002/1, vol. 66, pp. 129-144</ref> mais c'est principalement le psychiatre suisse Carl Gustav Jung qui lui donne la dimension d'un véritable concept, à partir de 1904, tandis que Freud ne l'utilisera que dans un sens restreint, celui de complexe d'Oedipe (dès 1897<ref>Lettre à Wilhelm Fliess du 15 octobre 1897 in Lettres à Wilhelm Fliess 1887-1904, PUF, Coll. « Bibliothèque de psychanalyse », 2006, Modèle:P..</ref>).
On dénombre ainsi un grand nombre de complexes (exemples : le complexe d'Électre, le complexe de Cendrillon, le complexe de Diane, le complexe de Napoléon...).
Psychologie analytique
De 1900 à 1907, Carl Gustav Jung, en poste à l'hôpital du Burghölzli à Zurich (Suisse) avec Eugen Bleuler, travaille sur des expériences d'associations de mots, et met en évidence le fait que certains mots inducteurs entraînent une réponse affectivement chargée chez les sujets soumis à ces expériences. Il en déduit la notion de complexes affectivement chargés, sans que le sujet en ait conscience<ref>Complexe, Psychanalyse et psychologie, Encyclopedia Universalis</ref>. Jung utilise le mot « complexe » pour la première fois en 1904 dans un article intitulé Recherches expérimentales sur les associations de personnes non malades<ref>Complexes (au sens jungien), Le Conflit, 13 décembre 2012</ref>,<ref>Société française de psychologie analytique</ref>.
Ces études l'amènent à s'intéresser aux travaux de Sigmund Freud sur l'inconscient en 1906 puis à rencontrer celui-ci l'année suivante. C'est alors qu'il approfondit sa réflexion, mais en conférant au mot « complexe » une définition plus large que celle de Freud, lequel ramène le complexe à un problème de sexualité refoulée (complexe d'Œdipe). Selon lui, le complexe est d'abord une affaire d'affectivité : Modèle:Citation, écrit-il<ref>C.G. Jung, « Ueber der Psychologie der Dementia praecox » (« La psychologie de la démence précoce », chapitre 3 : « L'influence du complexe à tonalité affective sur les associations », Halle, 1907. Trad. fr. in Psychogenèse des maladies mentales, Albin Michel, 2001</ref>. Ainsi, les complexes expriment Modèle:Citation
Durant toute sa carrière, Jung ne va cesser de revenir sur ce qu'il entend par « complexe. »
En 1922, il souligne son caractère à la fois spontané et envahissant : Modèle:Citation
En 1928, il insiste sur leur caractère « autonome » : Modèle:Citation bloc
En 1931, Jung précise : Modèle:Citation bloc
En 1934, Jung consacre aux complexes tout un chapitre de son livre L'Homme à la découverte de son âme : Modèle:Citation blocModèle:Citation bloc
Jung approfondit alors sa réflexion sur la nature du complexe. Selon lui, celui-ci est non seulement composé d'affects issus d'expériences personnelles mais également influencé par des structures mentales dépassant le cadre de la personnalité du sujet, qu'il appelle « archétypes. » Il distingue alors les deux termes, en même temps qu'il les situe sur le même plan : Modèle:Citation bloc
En 1938, Jung consacre toute une étude à « l'archétype maternel » et au « complexe maternel »<ref>C. G. Jung, « Die psychologischen Aspekte des Mutter-Archetyps », 1938. Trad. fr. « Les aspects psychologiques de l'archétype de la mère », in Les racines de la conscience, Buchet-Chastel, 1971 pp. 87-131</ref>.
En 1948, il insiste sur le fait que Modèle:Citation.
En 1959, il affirme qu'ils se manifestent d'autant plus chez les individus que la société leur impose de s'adapter à ses normes : Modèle:Citation bloc
Psychanalyse
La notion de « complexe » est interprétée de différentes façons en psychanalyse.
Complexe freudien
Modèle:Section vide ou incomplète Selon Sigmund Freud, le terme désigne un noyau associatif, réseau de représentations inconscientes formant une structure cohérente. Modèle:Référence nécessaire
Le complexe le plus connu est le complexe d'Œdipe qui se développe à partir du désir sexuel d'un enfant pour le parent du sexe opposé, associé à une rivalité amoureuse envers le parent du même sexe, et entraînant tout à la fois une honte du fait du tabou de l'inceste et une culpabilité du fait des mouvements de haine qu'entraîne la rivalité amoureuse. Très vite ce désir œdipien est refoulé et devient inconscient.Modèle:Référence nécessaire
Freud décrit en outre le complexe de castration.Modèle:Référence nécessaire
Complexe adlérien
Dans les années 1920, Alfred Adler développe la théorie du complexe d'infériorité. Il explique que les individus tendent à développer un sentiment d'infériorité dès leur plus jeune âge ; puis, alors qu'ils grandissent, certains prennent de l'assurance et surpassent ce sentiment quand d'autres n'y parviennent pas et font l'expérience de sentiments persistants d'inconfortModèle:Référence nécessaire.
Complexe lacanien
Lacan décrit trois complexes : le complexe œdipien, le complexe de sevrage et le complexe d'intrusion.Modèle:Référence nécessaire Le complexe se forgerait sur la base d'imagos, et permettrait d'éclairer la structure de l'institution familiale.Modèle:Référence nécessaire
Lacan écrit les complexes familiaux en 1936.
Références
Bibliographie
- Carl Gustav Jung, « Théorie des complexes » texte original : 1934), in L'homme à la découverte de son âme, Genève, Éditions du Mont-Blanc, 1943 (ouvrage plusieurs fois réédité depuis)
- Jacques Lacan, Les complexes familiaux, volume VIII de l'Encyclopédie "La vie mentale", 1938
- Roger Mucchielli , Les Complexes personnels, éditions ESF, 1971. Réed. 1999
- Suzanne Lavitry, « La notion de complexe », in Cahiers de psychologie jungienne, n°2, 1974
- Sarah Contou-Terquem (dir.), article "Complexe", in Dictionnaire Freud, Bouquins, 2015
Liens internes
Liens externes
- Complexe, psychologie et psychanalyse, Encyclopedia Universalis
- De l'autre côté du miroir, la face cachée du complexe, Brigitte Allain-Dupré, Imaginaire & Inconscient, 2004/2, n°14), pp. 103-122
- Au-delà du complexe, Roger Perron et Michèle Perron-Borelli, Le complexe d’Œdipe, 2005, pp. 105-118
- Complexes (au sens freudien), Le Conflit, Modèle:Date-