Egon Schiele

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Egon Schiele (Modèle:MSAPIModèle:Note, <templatestyles src="Prononciation/styles.css" />{{#invoke:Prononciation|prononciation}}), né le Modèle:Date de naissance à Tulln an der Donau et mort le Modèle:Date de mort à Vienne, est un peintre et dessinateur autrichien rattaché au mouvement expressionniste.

Issu de la petite bourgeoisie, il affirme sa vocation d'artiste contre sa famille. Ses dons en dessin le font admettre à seize ans à l'académie des Beaux-Arts de Vienne et il découvre bientôt d'autres horizons au contact de la Sécession, de l'Atelier viennois et de Gustav Klimt. Modèle:Nobr, alors que son talent se révèle, il fonde un éphémère « groupe de l'Art nouveau » avec plusieurs peintres, musiciens et poètes Modèle:Incise.

Dans un culte égotiste de sa « mission » artistique, Schiele fait du corps dévêtu son champ d'expression privilégié : corps d'adultes, à commencer par le sien, mais aussi d'enfants, ce qui lui vaut en 1912 quelques semaines de prison. Modèle:Nobr, il quitte sa compagne et modèle Wally Neuzil pour épouser, en marge d'autres liaisons, une jeune fille plus « convenable », Edith Harms. Affecté pour raisons de santé à l'arrière du front, il traverse la guerre en peignant beaucoup, commence à vendre, à entrevoir l'aisance, et s'impose à la mort de Klimt en 1918 comme nouveau chef de file des artistes viennois. C'est alors qu'il succombe, ainsi que son épouse enceinte, à la grippe espagnole.

Egon Schiele a produit environ Modèle:Unité sur toile et plus de Modèle:Unité sur papier où le dessin se conjugue volontiers à l'aquarelle et à la gouache : natures mortes, paysages, portraits, allégories et surtout autoportraits et nus féminins et masculins innombrables, aux postures ou détails parfois crus. Même si le trait aigu et la palette se sont adoucis en dix ans, l'ensemble frappe par son intensité graphique, ses contrastes, ses couleurs peu réalistes voire morbides ; quant aux figures décharnées, désarticulées, comme flottant dans le vide, elles semblent incarner l'angoisse sexuelle ou existentielle, la solitude et même la souffrance, dans une œuvre empreinte de violence.

Il est en fait difficile d'annexer Schiele à un groupe. Entre Art nouveau et expressionnisme, dégagé des normes de la représentation et menant sa quête en solitaire sans s'intéresser aux théories, il a exprimé de façon très personnelle sa sensibilité exacerbée tout en se faisant l'écho du désenchantement et des conflits latents d'une société en déclin. Acteur du renouveau artistique autrichien reconnu sinon apprécié de son vivant, il n'a pas été l'« artiste maudit » que la légende a voulu associer à sa vie marginale. Le traitement convulsif ou impudique de ses sujets n'en continue pas moins à surprendre un siècle après. Il est entré dans l'histoire de l'art moderne en peintre et dessinateur majeur, et certains créateurs se réfèrent à son œuvre dès la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Modèle:Sommaire

Biographie

Au-delà des témoignages, archives de galeries, documents familiaux ou administratifs, la courte vie d'Egon Schiele est également connue grâce à ses propres écrits : notations diverses et fragments autobiographiques rédigés dans une prose poétique, auxquels s'ajoutent de nombreuses lettres à des amis, amantes, collectionneurs, acheteursModèle:Note, renseignent sur sa psychologie, sa vie et parfois son travail ou ses conceptions esthétiquesModèle:Sfn. Quant au Journal de prison publié en 1922, dû à son fervent défenseur Arthur RoesslerModèle:Sfn, il a contribué à fonder le mythe de l'artiste incompris victime des rigidités de son époqueModèle:Sfn.

Enfance et formation (1890-1909)

Photo sépia montrant un homme barbu debout, une femme assise en robe longue, une fillette assise, une autre debout, et un garçonnet sur un cheval de bois
Adolf et Marie Schiele en 1893 avec, de gauche à droite, Egon, Melanie et Elvira.

Egon Leo Adolf Ludwig Schiele naît le Modèle:Nobr dans la gare de Tulln, logement de fonction de son père chef de gare à Tulln, au bord du Danube, à une trentaine de kilomètres en amont de VienneModèle:Sfn. Seul fils survivant d'Adolf Schiele (1850-1905) et de Marie née Soukup (1862-1935), il a deux sœurs aînées, Elvira (1883-1893) et Melanie (1886-1974), mais préférera sa cadette, Gertrude dite Gerti (1894-1981). Son enfance est perturbée par ses échecs scolaires et les crises d'un père probablement syphilitique, jusqu'à ce que, décevant les ambitions familiales mais réalisant une vocation très précoce, il aille se former à la peinture dans la capitale.

Un futur ingénieur ? (1890-1904)

Très liée à l'univers du rail, la famille Schiele y espère une carrière pour son unique descendant mâle.

Egon Schiele vient Modèle:Citation. Le grand-père Karl Schiele (1817-1862), ingénieur et architecte venu d'AllemagneModèle:Note, a construit la ligne ferroviaire reliant Prague à la Bavière, et Leopold Czihaczek (1842-1929), époux d'une sœur d'Adolf, est inspecteur des chemins de fer. Le grand-père maternel Johann Soukup, d'origine rurale, a travaillé sur une ligne de train en Bohême-du-Sud et aurait été promoteur immobilier : c'est à Krumau (actuelle Český Krumlov) qu'Adolf Schiele rencontre vers 1880 sa fille Marie, qui devient sa femme. Les jeunes époux disposent d'une modeste fortune en actions de la Compagnie des chemins de fer de l'État autrichien, outre la position avantageuse que représente un emploi dans la fonction publique de ce pays bureaucratiqueModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Dessin d'une locomotive fumante tirant un wagon coupé à droite par le bord de la page
Train dessiné par Egon vers 1900, mine de plomb sur papier, coll. privée (détail).

Le séduisant Adolf aime arborer son uniforme de gala ou promener sa famille en attelage Modèle:Incise. Tulln an der Donau est au tournant du siècle un important nœud ferroviaire et, en l'absence d'autres distractions, l'enfant développe une passion pour les trainsModèle:Sfn : il joue à la locomotive, installe des circuits pour ses wagons miniaturesModèle:Sfn et dès dix ans, s'inspirant des croquis de son père, dessine des gares, des voyageurs ou des convois d'une remarquable précisionModèle:Sfn Modèle:InciseModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Son père l'imagine ingénieur dans ce domaine et s'irrite de sa prédilection pour le dessin Modèle:Incise jusqu'à brûler un jour un de ses carnetsModèle:Sfn.

Après l'école primaire, Tulln étant dépourvue d'établissement secondaire, Egon part en 1901 pour Krems an der Donau, où il apprécie plus le jardin de sa logeuse que la discipline du collègeModèle:Sfn. L'année suivante ce sera le Gymnasium de la ville de Klosterneuburg, où son père a pris une retraite anticipée pour raisons de santé. Egon accuse un gros retard scolaire, se renferme, manque des cours. Définitivement dégoûté de l'école, il ne réussit qu'en dessin, en calligraphie et, malgré une constitution fragile, en éducation physiqueModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Plutôt un artiste (1905-1906)

Bien qu'il l'affecte profondément, le décès de son père va en quelque sorte permettre à Schiele de réaliser sa vocation.

Photo noir et blanc en plan américain d'un adolescent à l'air sérieux, en costume sombre, palette à la main
Egon Schiele en 1906.

L'ambiance familiale pâtit des troubles mentaux paternelsModèle:Sfn. Comme maints bourgeois de son temps, Adolf Schiele a contracté avant son mariage une maladie vénérienne, sans doute la syphilis, ce qui pourrait expliquer que le couple ait perdu deux nourrissons et qu'une encéphalite ait emporté Elvira à l'âge de dix ansModèle:Sfn. En quelques années il est passé de phobies ou manies inoffensives, comme converser à table avec des hôtes imaginairesModèle:Sfn, à des accès de fureur imprévisibles : il aurait ainsi jeté au feu les titres boursiers complétant sa pension. Il meurt de paralysie générale le Modèle:Nobr, âgé de Modèle:UnitéModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Egon semble avoir été lié à son père par une relation très forteModèle:Sfn. Ce décès est Modèle:Citation et, même s'il n'est pas certain que ce père idéalisé eût approuvé son projet de devenir peintreModèle:Sfn, il Modèle:Citation. Ses tout premiers autoportraits, en dandy un peu imbu de sa personne, sont peut-être pour lui un moyen narcissique de compenser la perte du père dont il prétend prendre la place comme « homme de la maison »Modèle:Sfn.

Plus qu'auprès de sa mère, qu'il juge froide et distante, l'adolescent trouve un réconfort dans la compagnie de ses deux sœurs ainsi qu'au sein de la nature, où il dessine et peint quelques gouaches lumineusesModèle:Sfn. Tombée dans la gêne depuis son veuvage, Marie Schiele dépend en partie de son entourage masculinModèle:Sfn, notamment Leopold Czihaczek, tuteur du garçon. Egon, qui attend d’elle d'immenses sacrifices, ne lui sera guère reconnaissant d'avoir finalement soutenu sa vocation : il lui reprochera toujours de ne pas comprendre son art, tandis qu'elle ne lui pardonnera pas de s’y vouer égoïstement sans trop se soucier d'elleModèle:Sfn, et leurs rapports conflictuels donneront lieu à des représentations ambivalentes de la maternitéModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Au lycée de Klosterneuburg, le jeune homme est vivement encouragé par son professeur de dessin, Ludwig Karl Strauch, diplômé des Beaux-Arts et grand voyageur, qui lui apporte une ouverture intellectuelle et élabore pour lui des exercices graduésModèle:Sfn. Il conjugue ses efforts à ceux d'un chanoine critique d'art et du peintre Max KahrerModèle:Sfn pour convaincre Modèle:Mme Schiele et son beau-frère de ne pas attendre qu'Egon soit renvoyé du lycée. Une formation « utile » est d'abord envisagée chez un photographe de Vienne, puis à l’École des arts appliqués, qui conseille pour l'artiste en herbe l’académie des beaux-artsModèle:Sfn. En Modèle:Nobr, son dossier ayant été retenu, Egon passe avec succès les épreuves pratiques du concours d'entrée, pour lesquelles même Strauch ne le pensait pas mûr : ses dessins d'un parfait réalisme ont impressionné le jury et il devient le plus jeune élève de sa divisionModèle:Sfn.


L'expérience académique (1906-1909)

Peinture représentant des proues de bateaux avec mâts et cordages sur une eau aux reflets saccadés
Le Port de Trieste, 1907, huile et crayon sur carton, Modèle:Dunité, coll. privée.

Durant ses trois années aux Beaux-Arts, Schiele reçoit sans plaisir un enseignement strict et conservateur.

Il loge d'abord dans l'appartement cossu de l'oncle Leopold, qui joue à présent les modèles et l'emmène à la campagneModèle:Sfn ou au Burgtheater. Le jeune homme continue à déjeuner chez lui lorsque sa mère s'installe à VienneModèle:Sfn puis lorsqu'il loue un studio-atelier miteux près du Prater, Modèle:Lang 6Modèle:Sfn. Sa pauvreté contrarie ses envies d'élégance : il racontera qu'il devait non seulement fumer des mégots mais se confectionner des faux-cols en papier et arranger, rembourrer, user jusqu'à la corde les vieux habits de son oncle, chapeaux ou chaussures trop grands pour luiModèle:Sfn. Dans cette ville qu'il n'aime pas, il est aussi déçu par ses études que par la routine « bourgeoise »Modèle:Sfn. Il peint beaucoup en dehors des cours, plus provocateur dans le choix de ses sujets (femme qui fume, par exemple) que dans sa manière postimpressionnisteModèle:Sfn. Lors d'un séjour à Trieste qui renforce encore leur affection mutuelle, sa petite sœur Gerti accepte de poser nue pour lui en cachette de leur mèreModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Inchangé depuis un siècle, l'enseignement à l'académie des beaux-arts de Vienne consiste la première année en un apprentissage du dessin très progressif (d'après plâtres à l'antique puis d'après nature, nus puis portraits, modèles masculins puis féminins, étude du drapé puis de la compositionModèle:Sfn) et sous contraintes : crayon sans couleurs, craie sans crayon, rehauts obtenus par le blanc du papier, temps limitéModèle:Etc. Les études conservées attestent des progrès Modèle:Incise comme de la démotivation du jeune Schiele : Modèle:Citation, remarque l'historienne d'art Jane Kallir, la plus grande spécialiste de son œuvre. Il n'obtient d'ailleurs que des mentions « passable »Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.


À l'Modèle:Nobr, l'élève aborde la théorie des couleurs et la chimie mais ses travaux en peinture, qu'il a peut-être partiellement détruits, sont plus difficiles à suivre : ses huiles sur carton aux empâtements typiques du Modèle:Lang (« impressionnisme d'humeur », peinture sur le motif autrichienne d'avant 1900) n'expriment en tout cas pas grand-chose de sa personnalitéModèle:Sfn. À la rentrée suivante il passe sous l'autorité du portraitiste et peintre d'histoire Christian Griepenkerl, directeur de l'École, farouche défenseur du classicismeModèle:Sfn.

Le maître prend vite en aversion cet étudiant rebelleModèle:Note, tout en lui reconnaissant à contre-cœur un talent qu'il a contribué à consoliderModèle:Sfn et qui se ressent par ailleurs du mouvement artistique ambiant du Jugendstil. Si Schiele s'astreint à expédier un dessin par jour pour l'académie Modèle:Incise, il ne la fréquente plus guère que pour disposer de modèles gratuitsModèle:Sfn. Il prend la tête d'un mouvement contestataire puis, diplôme en poche après un examen final médiocreModèle:Sfn, claque la porte entre avril et Modèle:NobrModèle:Sfn. De ce carcan académique étouffant, Egon Schiele sort malgré tout doté Modèle:Citation.

De la Sécession à l'expressionnisme (1908-1912)

Au tournant du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, l'Autriche-Hongrie est figée dans ses faiblesses. Monarque âgé, forces conservatrices, essor économique mais prolétariat misérable, pluralité culturelle en butte aux nationalismesModèle:Sfn,Modèle:Sfn : c'est la « Cacanie » de Robert MusilModèle:Sfn dont Karl Kraus ou Hermann Broch dénoncent eux aussi le vide moral. La capitale vit pourtant un âge d'or : sans remise en question politique ni sociale et avec les faveurs de la classe dominante, le bouillonnement intellectuel et artistique de VienneModèle:Sfn en fait un foyer de modernité rival de ParisModèle:Sfn où Schiele entame un parcours très personnelModèle:Sfn.

Klimt, le modèle (1908-1909)

Photo noir et blanc en plan taille d'un homme dégarni barbu, en blouse brodée et portant un chat dans ses bras
Gustav Klimt en 1910.

Pour le jeune peintre, découvrir l'œuvre de Gustav Klimt, la mouvance de la Sécession viennoise et l'art moderne européen est une étape essentielle mais bientôt dépassée.

Au tournant du siècle, l'imposante Vienne du Ring, marquée par l'art pompier d'un Hans Makart, voit imploser ses habitudes esthétiques comme certains de ses cadres de pensée (Sigmund Freud, Ludwig Wittgenstein)Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Gustav Klimt (1862-1918), qui a d'abord travaillé dans l'ombre de Makart à la décoration du musée d'Histoire de l'art ou du BurgtheaterModèle:Sfn, a fondé en 1897 avec des peintres (Carl Moll), des architectes (Josef Maria Olbrich, Josef Hoffmann) et des décorateurs (Koloman Moser), un mouvement inspiré de la Sécession de MunichModèle:Sfn.

Le Palais de la Sécession est érigé l'année suivante pour combattre l'art officiel ou commercial, faire connaître l'impressionnisme et le postimpressionnisme, ouvrir l'art aux massesModèle:Sfn et promouvoir de jeunes talents souvent issus des arts appliquésModèle:Sfn. En lien avec le concept d'œuvre d'art totale, il s'agit de réconcilier l'art avec la vieModèle:Sfn en réduisant le fossé qui le sépare des arts mineurs, voire de l'artisanatModèle:Sfn,Modèle:Sfn. En 1903 est donc créée, sur le modèle du Arts and Crafts anglais, la Wiener Werkstätte, atelier très productif qui privilégie la stylisation décorative et les motifs géométriques, abstraits ou affranchis de la perspectiveModèle:Sfn : Klimt, dessinant par exemple des mosaïques pour le Palais Stoclet de Bruxelles, lui reste fidèle même après avoir en 1905 quitté la SécessionModèle:Sfn.

Il n'est pas exclu que Schiele, admiratif du Modèle:Citation, ait reçu ses encouragements dès 1907Modèle:Sfn,<ref name="FP">Federico Poletti, L’Art au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, Paris, Hazan, 2006, Modèle:P..</ref>,<ref name="JML2">Jean-Michel Leniaud (dir.), L’Art Nouveau, Paris, Citadelles & Mazenod, 2009, Modèle:P..</ref>. Il le croise à coup sûr lors de la gigantesque [[Kunstschau Wien 1908|Modèle:Lang]] de 1908, exposition d'art internationale où les seize toiles du maître sont pour lui une illumination tandis que celles d’Oskar Kokoschka le frappent par leur violence iconoclasteModèle:Sfn. Reinhard SteinerModèle:Note date de 1910 sa première rencontre personnelle avec Klimt qui, louant son génie du dessinModèle:Sfn et devenant son mentorModèle:Sfn, aurait représenté pour lui une figure paternelleModèle:Sfn.

Dès 1909 en tout cas, Schiele s'approprie en la transformant la manière de Klimt : ses portraits conservent la planéité et quelques éléments décoratifs mais les fonds se videntModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Son activité graphique s'intensifie indépendamment des tableauxModèle:Sfn, il dessine pour la Modèle:Lang des cartes, des modèles de robes ou de costumes d'hommeModèle:Sfn, et aurait collaboré avec Kokoschka à la décoration du cabaret Fledermaus<ref name="JML1">Jean-Michel Leniaud (dir.), L'Art Nouveau, Paris, Citadelles & Mazenod, 2009, Modèle:P..</ref>.



Bravant l'interdiction faite aux étudiants d'exposer hors de l'académie, celui qui se proclame Modèle:Citation participe à la Modèle:Lang de 1909, dernière grande manifestation de l'avant-garde viennoiseModèle:Sfn où le public peut voir des tableaux de Gauguin, Van Gogh, Munch, Vallotton, Bonnard, Matisse, Vlaminck… Les quatre toiles de Schiele passent inaperçues mais cette expérience l'enhardit. Il fonde avec d'anciens élèves de Griepenkerl Modèle:Incise la Modèle:Lang, « groupe de l'Art nouveau » qui en décembre expose collectivement dans une galerieModèle:Sfn,Modèle:Sfn : Arthur Roessler, critique d'art pour un journal social-démocrate, y découvre Schiele avec enthousiasmeModèle:Sfn et le présente bientôt à des collectionneurs comme Carl Reininghaus, industriel, Oskar Reichel, médecin, Eduard Kosmak, éditeur d'artModèle:Sfn.

En quelques mois, Modèle:Nobr, Egon Schiele s'est trouvéModèle:Sfn, son talent a éclosModèle:Sfn et il déclare, ce qui ne l'empêchera pas de le vénérer toute sa vieModèle:Sfn : Modèle:CitationModèle:Sfn,<ref name="JML1" />.

Être soi-même (1909-1911)

Dessin de trois-quarts face d'un jeune homme dont seuls sont peints le visage, les cheveux ébouriffés et les mains effilées se rejoignant sur la poitrine
Autoportrait aux mains jointes sur la poitrine, 1910, gouache, aquarelle et fusain sur papier, Modèle:Dunité, musée d'art de Zoug.

Egon Schiele affirme ses tendances expressionnistes comme son égocentrisme exacerbé.

Dès le Modèle:Nobr il s'éloigne de la Modèle:Lang, dont le manifeste rédigé par ses soins revendiquait l'autonomie de l'artisteModèle:Note : Modèle:CitationModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Il se voit en prophète investi d’une missionModèle:Sfn, l'artiste ayant pour lui un don de prescience : Modèle:Citation, écrit-il avec des accents rimbaldiensModèle:Sfn un rien complaisantsModèle:Sfn.

Cette année est pour Schiele un tournant décisif : il abandonne toute référence à Klimt et, notamment sous l'influence de son ami Max Oppenheimer, penche du côté de l'expressionnisme émergentModèle:Sfn. La peinture à l'huile demeure son but mais il dessine énormément, croquis préparatoires ou œuvres à part entièreModèle:Sfn, et affine sa technique d'aquarelleModèle:Sfn. Cas rare dans l'histoire de l'art, Egon Schiele, ayant déjà acquis une extrême virtuosité, exprime au moment où il les vit des tourments adolescentsModèle:Sfn comme les conflits avec le monde adulte ou l'angoisse de la vie, de la sexualité, de la mortModèle:Sfn. Très enclin à l'introspection, il recompose le monde et l'art à partir de lui-même, son corps et celui de ses modèles devenant un champ d'étude aux limites de la pathologieModèle:Sfn.

Face au nombre d’autoportraits de cette période, Jane Kallir parle d'Modèle:Citation. Cet Modèle:Citation paraît en quête de lui-mêmeModèle:Sfn : sur certains tableaux il se dédouble, sur d'autres il peint seulement son visage, ses mains, ses jambes, ou des membres amputés, sur d'autres encore il est en pleine érectionModèle:Sfn. Ses autoportraits nus semblent enregistrer ses pulsions à la manière d'un sismographeModèle:Sfn. NarcissismeModèle:Note, voire exhibitionnisme, efforts pour canaliser ses démons érotiques dans une société répressive : mais, comme dans ses lettres et poèmes ésotériques, sa préoccupation majeure serait l'expérience de son moi, de sa spiritualité, de son être au mondeModèle:Sfn.



La même crispation torturée se retrouve dans les nus dont l'hermaphrodisme (visages peu différenciés, pénis chétifs, vulves gonflées) pourrait traduire l'ambivalence sexuelle de l'artisteModèle:Sfn. Celui-ci entame une exploration obsessionnelle des corps qui le conduit à exiger de ses modèles des postures quasi acrobatiques. Il a des relations avec certaines des femmes qui posent pour luiModèle:Sfn et un autre modèle féminin témoignera que, sans compter l'exhibition des parties intimes, poser pour lui n'était pas drôle car Modèle:CitationModèle:Sfn. Son regard est-il fasciné et terrifié par sa découverte des femmes et d'une sexualité qui a coûté la vie à son pèreModèle:Sfn, ou bien d'une froideur de scalpelModèle:Sfn ? Il est en tout cas avéré qu'il a pu voir et dessiner librement des patientes enceintes et des nouveau-nés dans une clinique gynécologique, avec l'aval de son directeurModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Ses portraits d'enfants des rues ont plus de naturel. Celui qui se dit Modèle:Citation a le contact facile avec euxModèle:Sfn et convainc sans mal de poser nues pour lui des fillettes venues des quartiers misérables de VienneModèle:Sfn, où la prostitution enfantine, « légitimée » par une majorité sexuelle à Modèle:Nobr, est couranteModèle:Sfn. Pour ses premiers portraits de commande en revanche, aux airs de marionnettes hallucinéesModèle:Sfn, Modèle:Citation, estime Jean-Louis GailleminModèle:Note : certains les refusent, tels Reichel ou KosmakModèle:Sfn.



Malgré un travail intense, ce sont des années de vaches maigresModèle:Sfn. Leopold Czihaczek abandonne tutelle et soutien financier en 1910Modèle:Sfn mais son neveu dépense beaucoup, tant pour ses vêtements ou ses loisirs Modèle:Incise que pour son art. La structure du mécénat dans un pays où il n'y a pas de marchands d'art empêche, en outre, de se faire une clientèle en dehors des collectionneursModèle:Sfn Modèle:Incise,Modèle:Note. Ceci aussi a pu pousser Schiele vers le dessin et l'aquarelle : ils se vendent plus facilementModèle:Sfn. Toujours est-il qu’en avril-Modèle:Nobr le public viennois, encore sensible aux séductions décoratives sécessionnistes, boude sa première exposition personnelle à la très réputée galerie MiethkeModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Scandales (1911-1912)

Fuyant Vienne pour la campagne sans renoncer à son habitude de faire poser des enfants, Schiele s'attire des ennuis.

Au Modèle:Nobr il confie à Anton Peschka sa nostalgie de la nature et son dégoût de la capitale : Modèle:CitationModèle:Sfn.

Photo en couleur d'une maison rouge avec jardin fleuri en terrasse
Maison de Schiele à Krumau.

C'est ce qu'il fait en passant l'été à Krumau, ville natale de sa mère, sur une boucle de la MoldauModèle:Note,Modèle:Sfn. Avec Peschka et un nouvel ami, Erwin Osen Modèle:Incise, il envisage même de fonder une petite colonie d'artistesModèle:Sfn. Le groupe fait jaser par ses excentricités Modèle:Incise, d'autant qu'un lycéen de Modèle:Nobr qui s'affiche avec eux, Willy Lidl, est peut-être l'amant de SchieleModèle:Sfn. Après un hiver à Meidling, celui-ci revient néanmoins se fixer à KrumauModèle:Sfn.

Il s'est lancé dans des allégories sur le thème de la mère (enceinte, aveugle, morte)Modèle:Sfn et des paysages urbains qui dégagent une atmosphère étouffante et inquiétanteModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Pourtant, dans la maison qu'il a louée au bord du fleuve à flanc de coteau, Schiele éprouve pour la première fois de sa vie un bonheur sans mélangeModèle:Sfn,Modèle:Note : il vit avec la discrète Wally Neuzil, âgée de Modèle:Nobr, sans doute ancien modèle de Klimt ; Willy n'a peut-être pas encore été rapatrié à Linz par sa famille ; enfin défilent en permanence Modèle:Citation ainsi que les enfants du voisinageModèle:Sfn.

Dessin en plan américain d'un nu féminin. Modèle très mince, à peine pubère. Bouche, mamelons et vulve soulignés de rouge
Fille nue aux cheveux noirs, 1910, crayon et aquarelle avec rehauts de blanc sur papier, Modèle:Dunité, Albertina.

Cependant l'union libre est très mal vue, Egon et Wally, qui ne vont pas à la messeModèle:Sfn, sont suspectés d'être des agitateurs « rouges », et le village finit par savoir que ses enfants posent pour le peintreModèle:Sfn. Fin juillet, surpris en train de croquer une fillette nue dans son jardin, Schiele doit fuir le scandaleModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Installé un mois plus tard à Neulengbach, il ne change pas son mode de vie, considérant qu'un artiste n'a pas à se soucier du qu'en-dira-t-on ni du fait qu'un bourg de province n'offre pas l'anonymat d'une capitale. Les rumeurs vont à nouveau bon trainModèle:Sfn et en Modèle:Nobr éclate une seconde affaire.

Tatjana von Mossig, Modèle:Nobr, fille d'un officier de marine, s'est amourachée d'Egon et fugue chez lui un soir d'orage. Le couple embarrassé l'héberge pour la nuit et Wally la conduit le lendemain à Vienne puis, la jeune fille ne voulant plus aller chez sa grand-mère, l'emmène dormir à l'hôtel. Lorsqu'elles reviennent, le père de Tatjana a déjà déposé une plainte pour détournement de mineur et viol. Durant l'enquête sont saisis quelque Modèle:Nobr, dont un punaisé au mur, et le peintre est placé en détention provisoire à la maison d'arrêt de Sankt PöltenModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Il y passe environ trois semaines durant lesquelles il exprime son désarroi par l'écriture et le dessinModèle:Sfn : il crie au meurtre de l'art et de l'artisteModèle:Sfn mais comprend qu'il aurait dû solliciter l'accord de leurs parents avant de réaliser ces dessins d'enfants à peine pubères qu'il qualifie lui-même d'« érotiques » et destine à un public particulierModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Egon Schiele comparaît le 17 mai sous trois chefs d'inculpation : enlèvement de mineure, incitation à la débauche, attentat à la pudeur et à la moraleModèle:Sfn. Seul le dernier est finalement retenu, le problème n'étant pas de déterminer si ses œuvres relèvent de l'art ou de la simple pornographie, mais que des mineurs aient pu les voir : l'artiste est condamné à trois jours de prison en plus de la préventiveModèle:Sfn. Ses amis se réjouissent de cette courte peine en comparaison des six mois qu'il encouraitModèle:Sfn, mais Arthur Roessler va lui bâtir une réputation d'artiste martyr à partir de ses souvenirs de cellule et du fait que le juge aurait symboliquement brûlé un de ses dessins en salle d'audienceModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

S'il a pu mesurer durant cette épreuve la fidélité de Roessler, Benesch ou Wally, Schiele en sort très ébranléModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Lui qui a toujours aimé cela voyage durant l'Modèle:Nobr (Constance, Trieste)Modèle:Sfn. De retour à Vienne il loue, Modèle:Lang 101, un atelier qu'il ne lâchera plusModèle:Sfn et qu’il décore comme toujours selon une sobre esthétique « Wiener Werkstätte » : meubles peints en noir, tissus colorés, jouets et objets folkloriquesModèle:Sfn,Modèle:Sfn, sans oublier l'accessoire essentiel à sa peinture qu'est son grand miroir en piedModèle:Sfn. Il rêve à présent d'un nouveau départModèle:Sfn.


La maturité (1912-1918)

Peinture montrant des maisons et deux clochers, celui du fond très haut, sous un ciel stratifié
Stein sur le Danube, vu du sud, 1913, huile sur toile, Modèle:Dunité, Neue Galerie (New York).

Le succès de Schiele va croissant à partir de 1912 et il participe à des expositions en Autriche comme à l'étranger. La Première Guerre mondiale n'interrompt pas son activité, mais sa production, plus riche en peintures, fluctue au gré de ses affectations à l’arrière du frontModèle:Sfn. Par ailleurs, moins rebelle que pénétré de sa mission créatrice, il intègre certaines normes sociales, ce que manifeste un soudain mariage « petit-bourgeois »Modèle:Sfn. La grippe espagnole l'emporte alors qu'il commençait à jouer un rôle clé dans la relève de l'art viennoisModèle:Sfn.

Sortir de soi (1912-1914)

Modèle:Double image multiple

Attisant le mépris de Schiele pour la « Cacanie », le drame de Neulengbach provoque aussi en lui un choc salutaire.

Le peintre se remet lentement de son expérience carcérale et exprime sa révolte contre l'ordre moral à travers des autoportraits en écorché vifModèle:Sfn. De 1912 date aussi Cardinal et Nonne (Caresse), qui parodie Le Baiser de Gustav Klimt et est à la fois symbolique et satirique : Schiele s'y représente en grand prêtre de l'art accompagné dans sa quête par WallyModèle:Sfn, et raille au passage le catholicisme pesant sur l'Autriche-HongrieModèle:Sfn.

L'affaire de Neulengbach a renforcé l'union de Schiele avec Wally bien que, tenant à sa liberté, il lui fasse garder son logement et déclarer par écrit qu'elle ne l'aime pasModèle:Sfn. Il la peint souvent, avec plus de tendresse semble-t-il que plus tard son épouseModèle:Sfn. Le scandale n'a pas arrangé ses rapports avec sa mère mais leurs échanges, où il joue encore au chef de famille, informent sur celle-ci : Melanie vit avec une femme, Gerti et Anton Peschka veulent se marier Modèle:Incise, Marie paraît à son fils inconsciente de son génie. Modèle:Citation, lui écrit-il dans un élan d'exaltationModèle:Sfn révélateur d'une vanité ingénueModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Il aime toujours à se mettre en scène, grimaçant devant son miroir ou l'objectif de son ami photographe Anton Josef TrčkaModèle:Sfn.

Même s'il craint d'y perdre « sa vision », c'est-à-dire la posture introspective qui a jusqu'ici imprégné son œuvreModèle:Sfn, Schiele admet peu à peu que pour sa mission artistique même, il doit abandonner ce que Jane Kallir désigne comme son solipsisme et tenir compte de la sensibilité du public : il cesse de dessiner des enfants, atténue l'audace de ses nusModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn, reprend ses recherches allégoriques. Sans négliger le travail sur papier il transfère ses motifs dans la peinture à l'huile tandis que son style devient moins aiguModèle:Sfn : ses paysages se colorent, ses modèles féminins, plus mûrs, plus robustes, gagnent en modeléModèle:Sfn.

Dessin d'une femme couchée jambes repliées en triangle, en chaussure, bas noirs et dessous blancs avec rubans de couleur
Femme étendue sur le dos, 1914, crayon et gouache, Modèle:Dunité, Kunstmuseum (Bâle).

Son emprisonnement lui a valu une certaine publicité et il rencontre d'autres collectionneurs : Franz Hauer, propriétaire d'une brasserie, l'industriel August Lederer et son fils Erich qui devient un ami, ou encore l'amateur d'art Heinrich Böhler qui prend auprès de lui des cours de dessin et de peintureModèle:Sfn,Modèle:Sfn. L'intérêt pour son travail grandit, à Vienne et dans une moindre mesure en Allemagne : présent dès 1912 à la galerie Hans Goltz de Munich aux côtés des artistes du Cavalier bleu puis à Cologne pour une manifestation du [[Sonderbund (art)|Modèle:Lang]], il envoie ses œuvres dans diverses villes allemandesModèle:Sfn, mais son exposition de l'Modèle:Nobr chez Goltz est un fiascoModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Le début de la guerre n'affecte pas son activité et quelques-unes de ses œuvres sont montrées à Rome, Bruxelles ou ParisModèle:Sfn.

Ses problèmes d'argent tiennent tant à sa propre incurie qu'au conservatisme du publicModèle:Sfn : considérant que vivre au-dessus de ses moyens est typiquement autrichienModèle:Sfn, réduit parfois à coudre ensemble des morceaux de toile, menacé d'expulsion, il est capable de se brouiller avec un acheteur hésitant : Modèle:Citation Modèle:Nobr, il a 2 500 couronnes de dettes (revenu annuel d'une famille modeste) et envisage un emploi de professeur ou de cartographeModèle:Sfn. Échappant en juillet à la mobilisation en raison d’une faiblesse cardiaqueModèle:Sfn et poussé par Roessler car c'est plus lucratif, il s'initie à la pointe sèche, Modèle:Citation selon lui : au bout de deux mois il la maîtrise parfaitement mais l'abandonne, préférant employer son temps à peindre et dessinerModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Du moins vend-il ses quelques estampes et des dessinsModèle:Sfn. Il a reçu des commandes grâce à Klimt, correspond avec la revue Die Aktion et peut écrire à sa mère : Modèle:CitationModèle:Sfn.

Un mariage en demi-teinte (1915-1916)

Photo noir et blanc en buste d'un homme jeune en chemise, cheveux ébouriffés, tête inclinée vers sa droite, main gauche à l'épaule
Egon Schiele vers 1916.

Egon Schiele connaît une période moins productive lorsqu’il doit s’adapter à sa condition d'homme marié et de soldat.

Portrait peint d'une femme en chignon debout de face, robe rayée multicolore jusqu'aux chevilles, bras le long du corps
Portrait d'Edith Schiele en robe rayée, 1915, huile sur toile, Modèle:Dunité, musée d'Art de La Haye.

Pense-t-il déjà « mariage de raison » à l'Modèle:Nobr, lorsqu'il essaie d'attirer par ses facéties l'attention de ses voisines d'en face ? Toujours est-il qu'il écrit le 10 décembre aux sœurs Harms, Adele (Ada) la brune et Edith la blonde, pour les inviter au cinéma, Wally Neuzil devant servir de Modèle:Page h'Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Il opte finalement pour la seconde, sa cadette de trois ans, dont il réussit à convaincre le père, ancien mécanicien devenu petit propriétaire, qui a donné à ses filles une éducation bourgeoiseModèle:Sfn et voit en tout artiste un être bohème immoralModèle:Sfn. L'union est célébrée le Modèle:Nobr selon le culte protestant des Harms, en l'absence de Marie Schiele et de façon précipitée car Egon, jugé entretemps apte au service non arméModèle:Note, doit rejoindre le 21 sa garnison à PragueModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Il a revu une dernière fois Wally, qui a refusé sa proposition de passer chaque année des vacances ensembleModèle:Sfn. Il réalise alors une grande toile allégorique dont ils sont les modèles et qu'il rebaptisera en 1917 Mort et Jeune fille, apprenant que, engagée dans la Croix-Rouge, elle a succombé à la scarlatine sur le front des BalkansModèle:Sfn.

Dessin avec quelques couleurs d'un couple assis à demi-dévêtu, l'homme devant, la femme accrochée à son dos
Couple assis, 1915, crayon et gouache sur carton, Modèle:Dunité, Albertina.

En guise de voyage de noces Egon et Edith vont à Prague, où il est incorporé dans de rudes conditions à un régiment de paysans tchèques. Elle s'installe à l'hôtel Paris mais ils ne peuvent que se parler à travers une grilleModèle:Sfn. Egon trouve ces premiers jours d'autant plus durs que, peu politisé mais anti-nationaliste et enviant les pays libéraux, il est un des rares artistes autrichiens à ne pas soutenir l'entrée dans le conflit ni l'effort de guerreModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Il fait ses classes à Neuhaus et passe ses Modèle:Page h' à l'hôtel avec Edith. Celle-ci toutefois, peu préparée à une vie autonome, flirte avec un ancien ami puis avec un sous-officier : Egon s'avère extrêmement jaloux et possessifModèle:Sfn, d'autant qu'il la trouve moins dévouée que WallyModèle:Sfn. Elle, quoique gênée de poser pour lui parce qu'elle doit ensuite vendre les dessins, voudrait lui interdire d'avoir d'autres modèlesModèle:Sfn.

Leur relation s'améliore lorsqu'il revient en août près de la capitaleModèle:Sfn. Envoyé en Modèle:Nobr au camp de prisonniers de guerre russes de Mühling, au nord de Vienne, il est promu caporalModèle:Sfn. Un lieutenant lui procure un atelier et il loue une fermette avec Edith, mais celle-ci, isolée, s'y ennuie : chacun se renferme sur lui-même, leur entente n'étant sans doute pas assez profondeModèle:Sfn Modèle:InciseModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

En dehors des dessins Modèle:Incise, Schiele ne peint qu’une vingtaine de tableaux en deux ans, notamment des portraits de son beau-père, qu'il apprécie, et d'Edith, qu'il peine à animer : elle y a souvent l'air d'une poupée bien sageModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Les occasions d'exposer se raréfient en temps de guerreModèle:Sfn. Le Modèle:Nobr a été inaugurée à la galerie Arnot de Vienne une exposition personnelle dont Schiele a conçu l'affiche, un autoportrait en Saint Sébastien percé de flèchesModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Il participe ensuite à des manifestations organisées par la Sécession viennoise et par celles de Berlin, Munich, DresdeModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Sa période de révolte et de constante recherche formelle touche à sa finModèle:Sfn.

Reconnaissance et décès (1917-1918)

Affecté à Vienne même, Schiele retrouve une intense activité artistique et acquiert une certaine notoriété, au moins dans le monde germanique.

Photo noir et blanc en buste d'un homme de trois-quarts face en costume-cravate, cheveux en arrière
Egon Schiele en 1918.

En Modèle:Nobr il obtient par relations d’être affecté au siège de l'Intendance militaire, dans le quartier central Mariahilf. Un supérieur bienveillant lui confie la mission de dessiner, en vue d'un rapport illustré, les bureaux et entrepôts de ravitaillement du pays : il séjourne notamment au TyrolModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Son retour dans son atelier de Hietzing et les loisirs que lui laisse l'armée le galvanisent : Modèle:Citation, écrit-il à Anton Peschka qui entretemps a épousé Gerti et en a un filsModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Dessin d'une femme en chignon flou, corsage vert, culotte blanche et bas noirs, tête sur son genou gauche qu'elle enlace
Femme assise au genou replié, 1917, crayon, aquarelle et gouache sur papier, Modèle:Dunité, Galerie nationale de Prague.

Schiele se remet à dessiner des nus aux postures déroutantes ou des couples lesbiensModèle:Sfn, dans un style plus naturaliste délié de ses sentiments personnelsModèle:Sfn. Il reprend la peinture de paysage, les portraits, et poursuit ses projets de compositions allégoriques monumentales à partir de petits formatsModèle:Sfn,Modèle:Sfn, qui se vendent d'ailleurs malModèle:Sfn. L'Modèle:Nobr est l'une des plus productives de sa carrièreModèle:Sfn. Reprenant après Anton Faistauer la tête de la Modèle:Lang, il a l'idée d'une Kunsthalle, vaste galerie d'art qui se ferait lieu de rencontre avec le public pour promouvoir les jeunes artistes et relever la culture autrichienneModèle:Sfn : soutenu par Klimt, Josef Hoffmann ou Arnold Schönberg, le projet avorte faute de financementModèle:Sfn.

Schiele fait de nouveau poser ses amis, les membres de sa famille, ainsi qu'Adele Harms, qui ressemble à sa sœur au point que leurs portraits se confondentModèle:Sfn mais n'est, elle, pas du tout prude Modèle:Incise. Il peint de moins en moins Edith, qui a un peu grossi et se plaint dans son journal intime d'être délaissée : Modèle:Citation Elle ne peut plus empêcher que son atelierModèle:Sfn soit envahi comme celui de Klimt par Modèle:Citation, Modèle:Citation. Egon Schiele devient un portraitiste d'hommesModèle:Sfn assez recherché à VienneModèle:Sfn. Le Portrait de la femme de l'artiste assise est acheté par la future Galerie du Belvédère : cette commande officielle Modèle:Incise l'oblige par ailleurs à recouvrir en gris-brun les carreaux bariolés de la jupeModèle:Sfn.

En Modèle:Nobr, Schiele fait un portrait mortuaire de Gustav Klimt et publie dans une revue son éloge funèbre. En mars, la Modèle:49e exposition de la Sécession viennoise est une consécration : occupant la salle centrale avec Modèle:Nobr et Modèle:Nobr sur papierModèle:Sfn,Modèle:Sfn, il vend presque tout, ouvre une liste d'attenteModèle:Sfn et est salué par une partie de la presse spécialisée internationaleModèle:Sfn. Muté en avril au musée de l'armée pour y monter des expositions, il n'a à souffrir que des rationnements durant la dernière année de guerreModèle:Sfn.

Sollicité de toutes parts (portraits, illustrations, décors de théâtre), il note dans son carnet quelque 120 séances de poseModèle:Sfn. Ses revenus augmentent au point qu'il acquiert des œuvres d'autres artistes et loue en juillet un grand atelier, Modèle:Lang 6, non loin du précédent qui reste son appartement. Il apparaît surtout comme l'héritier naturel de Klimt et le nouveau chef de file et défenseur des artistes autrichiens : sur l'affiche de l'exposition il s'était d'ailleurs représenté présidant une de leur réunions en face de la chaise vide du maître défuntModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.



Egon Schiele et sa femme, enceinte depuis avril et dont le journal se fait l'écho d'une solitude désormais acceptée, vivent dans des sphères différentes ; il la trompe tout en veillant sur elle et l'envoie durant l'été se reposer en HongrieModèle:Sfn. Le tableau Couple accroupi Modèle:Incise n'exprime pas plus un désir qu'un refus de paternité, mais plutôt une vision pessimiste de la condition humaine, par l'absence de communication entre les personnagesModèle:Sfn,Modèle:Note : il est néanmoins Modèle:Citation.

Fin octobre 1918, Edith contracte la grippe espagnole, devenue pandémique. Le 27 Schiele fait d'elle un dernier dessin et elle lui griffonne un message d'amour fou ; elle meurt le 28 au matin avec l'enfant qu'elle porte. Le lendemain, Peschka découvre son ami déjà malade grelottant dans son atelier, et l'emmène chez les Harms où sa belle-mère le veille. Le 30 au soir, Egon reçoit une dernière visite de sa mère et de sa sœur aînéeModèle:Sfn. Il s’éteint le Modèle:Date- à 13h et est inhumé le Modèle:Date- aux côtés de sa femme dans le cimetière viennois d'Ober-Sankt-VeitModèle:Sfn.

Apprenant sur son lit de mort l'imminence de l'armistice, Egon Schiele aurait murmuré : Modèle:CitationModèle:Sfn,Modèle:Note.

L'œuvre

Les Modèle:Unité d'Egon Schiele, issus d'un long travail, et ses Modèle:Unité sur papier, promptement exécutées, sont tous empreints des mêmes obsessionsModèle:Sfn, et traités avec une intensité graphique qui transcende la classification par genresModèle:Sfn. La singularité absolue de l'artiste autrichien Modèle:Incise réside dans la façon dont il bouleverse la représentation du corps, chargé de tensions comme d'érotisme ou torturé jusqu'à la laideur<ref name="FP" />,<ref name="JML2" />. Reflet d'un désenchantement sociétal et d'une crise du sujet, en ce début de Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, cette œuvre traversée d'angoisses intimes vise aussi l'universalitéModèle:Sfn.

Peinture dans des tons neutres d'un espace en longueur vers le fond du tableau, avec un lit à droite et peu de meubles
Chambre de l'artiste à Neulangbach (Mon salon), 1911, huile sur bois, Modèle:Dunité, Musée de Vienne.

Entre art nouveau et expressionnisme

Après une adhésion fervente à l'élégance de l'Art nouveau<ref name="FP" />, Schiele penche vers l'expressionnisme naissant. Désormais tendu entre ces deux pôles, il en épure les artifices esthétisantsModèle:Sfn pour extraire les moyens d'exprimer sa sensibilité à vif, sans cesser Modèle:Incise de voir dans la ligne un élément d'harmonisation fondamentalModèle:Sfn.

Influence modérée de Klimt

Indifférent aux théories et mouvements artistiques, Schiele n'a guère emprunté qu'à Gustav Klimt.

Son œuvre ne garde aucune trace du cursus traditionaliste de l'académie des beaux-arts de VienneModèle:Sfn : il a abandonné dès l'Modèle:Nobr la perspective classique ou certains détails formelsModèle:Sfn. S'il n’a pas séjourné à Paris, foyer des avant-gardes européennes, il connaît par les expositions du Palais de la Sécession et par des collections privées Gustave Courbet, l'impressionnisme de Manet ou Renoir, dont se ressentent ses premiers paysages, et le postimpressionnisme, sensible dans ses vues de TriesteModèle:Sfn,Modèle:Sfn : plus que Cézanne ou Gauguin, ce seraient Van Gogh Modèle:Incise, Edvard Munch et le sculpteur George Minne qui l'auraient le plus marquéModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.


Modèle:Double image


Baignant dans l'ère d'influence du Jugendstil, Schiele emprunte d'abord à l'art nouveau « commercial » (affiches, illustrations), voire à Toulouse-LautrecModèle:Sfn, des contours simples, des aplats de couleurs, une bi-dimensionnalité où se confondent premier et second planModèle:Sfn. Désireux de mettre l'accent sur la surface picturale et l'esthétisme de la ligneModèle:Sfn, il s'inspire ensuite des compositions de Gustav Klimt, dont son art serait selon Serge Lemoine une Modèle:Citation. Figure moins érotisée, projetée dans un espace plus ouvert mais comme hostile : déjà sa Danaé s'éloigne de celle de KlimtModèle:Sfn.

Portrait aux tons neutres d'une femme assise de face, tête de profil, silhouette simplifiée
Portrait de Gerti Schiele, 1909, huile, crayon et peinture métallique sur toile, Modèle:Dunité, Museum of Modern Art.
Portrait d'une femme en chapeau assise de face, mine grimaçante et bras croisés
La Hargneuse (Gerti S.), 1909, gouache, aquarelle et fusain avec rehauts de blanc sur papier, Modèle:Dunité, coll. privée.

La [[Kunstschau Wien 1908|Modèle:Lang]] de 1908 Modèle:Incise révélait en effet un essoufflement de la tendance décorative et le besoin d’une peinture plus évocatriceModèle:Sfn. Exploitant la tension entre aspect décoratif et profondeur humaine, Schiele s'écarte rapidement de la stylisation et inverse la tendance de son mentor : loin de saturer les fonds dans l'espèce d’« Modèle:Lang » (horreur du vide) centrale chez KlimtModèle:Sfn,Modèle:Sfn, il en chasse quasiment tout motif pour redonner la primauté à l'humainModèle:Sfn. Moins radicalement toutefois qu'Oskar Kokoschka, Schiele abandonne l’art nouveau vers 1909 pour se concentrer sur la physionomie et la gestuelle du modèleModèle:Sfn.

Vers 1910 son trait se fait plus anguleux, avec des ruptures expressives, et sa palette plus sombre voire irréalisteModèle:Sfn,<ref name="FP" /> : dépouillement, désarticulation à la limite de la caricature, mise en relief du somatique caractérisent ses nus et autoportraitsModèle:Sfn. Cherchant l'émotion avant tout, Schiele utilise des rouges, des jaunes, des verts qui ne se rencontrent pas chez Kokoschka ni Oppenheimer mais dans le fauvisme français et l'expressionnisme allemand : or il ne les connaît pas forcémentModèle:Sfn Modèle:Incise.

Schiele est donc principalement influencé par Klimt, jusque vers 1909-1910. Au-delà, il explore les mêmes thèmes que lui, tels les liens entre vie et mort<ref name="JML2" />, mais dans une orientation expressionnisteModèle:Sfn qui, indépendamment du dynamisme des couleurs, gomme l'aspect ornemental par un tracé incisifModèle:Sfn.

Même quand son style s'apaise à la veille de la guerreModèle:Sfn, son art s'expliquerait au fond toujours par une contradiction entre le désir klimtien de créer une surface décorative et celui d'Modèle:CitationModèle:Sfn.

Aspects techniques

Étroitement corrélée à sa vie intérieure, l'évolution des moyens artistiques de Schiele a été fulgurante.

Il a toujours ambitionné Modèle:Citation : en 1918 il exécute ses dessins presque d'un jetModèle:Sfn. Les témoins ont vanté ses talents de dessinateur. Otto Benesch, fils de son premier mécène, évoque ainsi les séances de pose où quantité de dessins précédaient la réalisation d'un portrait : Modèle:CitationModèle:Sfn. Son trait est synthétique et précisModèle:Sfn.



Qu'il ait ou non connu les réflexions de Vassily Kandinsky à ce sujet, Schiele travaille sa ligne pour la charger d'émotion, la brise pour en faire un support privilégié d’expressivité, de psychologie voire de spiritualitéModèle:Sfn. Le trait anguleux du début des Modèle:NobrModèle:Sfn cède progressivement à des contours plus ronds, plus voluptueux, agrémentés parfois de Modèle:Citation ou de hachures et petites boucles transposées peut-être de la gravureModèle:Sfn.

Peinture représentant sur un drap et un fond neutre compartimenté un homme en robe brune et une femme en robe courte enlacés à genoux dans un équilibre improbable
Mort et Jeune fille, 1915, huile sur toile, Modèle:Dunité, Galerie du Belvédère.

Modèle:Citation, tantôt nerveuse et saccadée, tantôt dolente et frémissanteModèle:Sfn. Hormis entre 1911 et 1912 où le tracé à la mine de plomb très dure se voit à peineModèle:Sfn, les contours à la mine grasse sont appuyés. Ils marquent une frontière entre la planéité de la feuille et les volumes du sujetModèle:Sfn, que le peintre sculpte davantage les dernières années : il finit par ombrer ses portraits au fusain d'une façon presque académiqueModèle:Sfn.

Dans ses dessins, Schiele use de l'aquarelle et de la gouache, plus maniable, parfois épaissie à la colle pour forcer le contraste. Il est passé d'aplats juxtaposés avec de légers chevauchements à des transitions plus fondues, et il pratique également le lavisModèle:Sfn. Dès 1911 sa technique est au point : sur un papier lisse voire traité pour repousser l'eau, il travaille ses pigments en surface ; la feuille est compartimentée en zones colorées soignées chacune à partModèle:Sfn, certaines, comme les vêtements, étant comblées à grands coups de brosse plus ou moins visiblesModèle:Sfn. Sertir la figure d'un rehaut de blanc ou de pigment n'aura qu'un tempsModèle:Sfn ; mêler mine de plomb, craie, pastel, peinture à l'eau et même à l'huile durera jusqu'à la finModèle:Sfn.

Modèle:Citation À partir de 1910, les couleurs acides ou discordantes s'atténuent au profit de bruns, noirs, bleus, violets foncésModèle:Sfn n'excluant ni le blanc ni les tons vifs, ocres, orangés, rouges, verts, bleus, même pour les chairsModèle:Sfn. Ce chromatisme peu soucieux de réalismeModèle:Sfn dérive volontiers Modèle:Citation. De la veille à la fin de la guerre, la palette de Schiele, qui lui importe moins que la qualité sculpturale du dessin, s'assourditModèle:Sfn,Modèle:Sfn. En peinture il pose la couleur par petites touches, utilise aussi la spatule, expérimente la détrempeModèle:Sfn comme le glacisModèle:Sfn.

Modèle:Citation, estime Jane KallirModèle:Sfn. Son œuvre a évolué des lignes brisées et des formes agressives de la transgression vers une ligne fermée et des formes plus classiques : Malafarina compare son parcours à celui du Modèle:Citation qu'était Amedeo ModiglianiModèle:Sfn et W. G. Fischer ajoute que Modèle:Citation.

Compositions récurrentes

À l'instar de ses sujets non vivants, ses figures contorsionnées sont comme suspendues et saisies en plongée.

Peinture montrant en plongée et plan américain deux filles allongées, enlacées, regardant le spectateur
Deux filles sur une couverture à franges, 1911, gouache, aquarelle, encre et mine de plomb, Modèle:Dunité, coll. privée.

Faisant table rase de la perspective linéaire en vigueur depuis la Renaissance et de l'illusion spatiale qu'elle induit, Schiele adopte sur ses sujets un point de vue surplombant inhabituelModèle:Sfn. Lui qui rêve de survoler les villes tel un rapace privilégie également dans ses nus et ses portraits une vision proche de la perspective aérienne : à Krumau, il se rend sur la colline du château pour voir la ville et le fleuve ; dans son atelier, il monte souvent sur un escabeau pour dessiner de plus ou moins haut, sur un genou, ses modèles allongés par terre ou sur un sofaModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Enfin il lui arrive de combiner vue plongeante, frontale et latérale quand il représente deux personnages, ou le même dans des positions différentesModèle:Sfn.

Dessin d'une femme nue, tête en bas de la feuille, bras en avant, corps sans jambes en diagonale
Nu au bonnet vert, 1914, crayon, aquarelle et gouache sur papier japon, Modèle:Dunité, Albertina.

En réaction au foisonnement ornemental de l'Art Nouveau et de Klimt en particulier, Egon Schiele simplifie l'arrière-plan, le réduisant à un fond anodin jusqu'à l'éliminer complètementModèle:Sfn. Ses dessins laissent visible la couleur blanche ou crème du papier. Sur les toiles, le fond souvent gris clair d'avant 1910Modèle:Sfn devient ensuite plus sombre, indéterminé, ou se résume à une juxtaposition de surfaces colorées suggérant un décorModèle:Sfn qui confine à l'abstractionModèle:Sfn.

Modèle:Citation, ce qui leur confère, surtout quand ils sont nus, une sorte de vulnérabilitéModèle:Sfn,Modèle:Sfn. L'impression de flottement fait que certains dessins pourraient aussi bien être tournés dans un autre sensModèle:Sfn.

À la différence de Klimt, Schiele pense silhouette et structure avant mise en couleurModèle:Sfn. Tandis que les formats carrés des peintures appellent à centrer le sujetModèle:Sfn, les corps dessinés sont cadrés de façon particulière : décentrés, toujours susceptibles d'être tronqués (pieds, jambes, bras, haut de la tête…)Modèle:Sfn,Modèle:Sfn, ils sont inscrits comme de force dans les marges de l'espace de représentation dont des pans restent videsModèle:Sfn.

Cadrages excentrés, fond vacant, vue plongeante, simultanéité d'états non synchrones provoquent chez le spectateur un sentiment d'inachèvement ou de décalage par rapport au réelModèle:Sfn.

Appropriation des genres

Egon Schiele ne remet pas tant en cause les genres fixés par la tradition académique puis enrichis au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle que leur traitement et leurs frontières : ainsi l'autoportrait envahit-il nus et allégories. Pour les portraits de commande et les thèmes existentiels, il choisit souvent de grandes toiles (Modèle:Dunité) ou la forme carrée prisée par la Sécession viennoiseModèle:Sfn : il réserve les petits formats sur papier à des sujets plus intimistesModèle:Sfn dont le choix choque certains de ses contemporainsModèle:Sfn.

Paysages et natures mortes

Dominés par les paysages urbains, les motifs non humains de Schiele se font métaphores Modèle:Citation.

Peinture de quatre arbres frêles alignés sur un vallonnement sombre sous un ciel stratifié
Quatre arbres, 1917, huile sur toile, Modèle:Dunité, Belvédère.

Modèle:Citation : il pratique peu la peinture sur le motif mais garde de ses promenades des impressions visuelles qui nourrissent l'œuvre à l'atelierModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Ses paysages et natures mortes, d'abord réalisés dans les divers styles coexistant au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Incise, glissent ensuite vers un anthropomorphisme plus ou moins symboliqueModèle:Sfn.

L'artiste a toujours fui la métropole moderne et, à l'inverse des impressionnistes, des futuristes italiens ou d'un Ludwig Meidner, n'en montre ni le trafic ni l'agitationModèle:Sfn. Il préfère les bourgs du Danube ou de la MoldauModèle:Sfn, non sans les trouver déprimants. Désertes, bordées voire entourées d'une menaçante eau sombre, les fenêtres des maisons ouvrant sur des trous noirsModèle:Sfn : cette représentation subjective des villes correspond à l'état affectif du peintre, à son sentiment que les choses meurentModèle:Sfn ou que, emplies d'une vie cachée, elles existent indépendamment des hommesModèle:Sfn.

Loin de signifier une distance par rapport au motif, la perspective aérienne permettrait d'y projeter Modèle:Citation, comme disait son ami le peintre Albert Paris Gütersloh : ceux-ci font place durant les dernières années à des observations plus concrètes, linge qui sèche par exempleModèle:Sfn. Un peu avant 1914 et quoique toujours privés de personnages, les paysages urbains de Schiele semblent « se réveiller » et, débarrassés de toute dimension symbolique, arborent des couleurs pimpantesModèle:Sfn ou servent de prétexte à des constructions très graphiques autour de verticales, horizontales et diagonales bien marquéesModèle:Sfn.



Comme dans ses poèmes de jeunesse ou ceux de l'expressionniste Georg Trakl, Schiele privilégie l'automne pour sa peinture de paysage, souvent centrée sur des arbresModèle:Sfn : chez lui, Modèle:Citation, avance Wolfgang Georg FischerModèle:Sfn. Dans une stylisation qui frise l'abstraction, il semble s'identifier aux éléments du paysage, évoquant d'ailleurs dans une lettre à Franz Hauer Modèle:Citation ainsi que leurs sentiments Modèle:CitationModèle:Sfn. Jusqu'à la fin, ses paysages moins réalistes que visionnaires demeurent très construits et plutôt mélancoliques, même lorsque la palette se réchauffe et que les formes s'adoucissentModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Quant aux natures mortes, Schiele en a peint très peu. Hormis quelques objets ou des coins de la prison de Sankt Pölten, ce sont des fleurs, surtout des tournesols, isolés et étiques comme ses arbres voire étêtés par le cadrage, dépourvus de la chaleur qu'ils peuvent avoir chez Van GoghModèle:Sfn : la manière dont les feuilles brunies pendent par exemple le long de la tige évoque des attitudes humaines ou quelque chose de mortModèle:Sfn.

Portraits

Portrait dans les marrons d'un homme assis de face, yeux clos, tête de côté, bras devant le torse, mains tendues en sens opposé
Portrait d'Arthur Roessler, 1910, huile sur toile, Modèle:Dunité, musée de Vienne.

Modèle:Citation

Egon Schiele a d'abord peint ses sœurs, sa mère, son oncle, puis a élargi le cercle de ses modèles à ses amis artistes et aux critiques d'art ou collectionneurs s'intéressant à son travail Modèle:InciseModèle:Sfn.

Arthur Roessler observe chez lui une indéfectible fascination pour les personnages ou gestes expressifs stylisés : marionnettes exotiques, pantomimes, danses de Ruth Saint DenisModèle:Sfn. Le portrait de Roessler lui-même, en 1910, est ainsi structuré par un jeu de mouvements et directions contraires ; une forte tension intérieure émane du regard hypnotique de l'éditeur Eduard Kosmack ; une symbolique indécise Modèle:Incise unit dans une certaine raideur Heinrich Benesch à son fils OttoModèle:Sfn. De tels portraits posent la question de savoir Modèle:CitationModèle:Sfn.

Cessant de s'identifier à ses modèles (masculins) après 1912, Schiele témoigne d'une finesse de perception croissante, d'abord dans ses dessins puis dans les portraits de commandeModèle:Sfn. Il parvient à rendre les états d'âme des modèles à l'aide d'un nombre réduit de détailsModèle:Sfn, attitudes, mimiquesModèle:Sfn, même si par exemple Friederike Maria Beer, fille d'une amie de Klimt, paraît encore un peu désincarnée, suspendue en l'air telle un insecte dans sa robe de la WerkstätteModèle:Sfn. Dans certains portraits, estimait Roessler, Schiele Modèle:CitationModèle:Sfn,Modèle:Sfn.



Vers 1917-1918, l'artiste cadre toujours ses personnages de façon serrée mais se réapproprie l'espace autour d'euxModèle:Sfn, parfois un décor censé les représenter, comme les livres amoncelés autour du bibliophile Hugo KollerModèle:Sfn. Dans le portrait de son ami Gütersloh, l'application vibratoire des couleurs annonçait peut-être un nouveau tournant esthétique dans la carrière de SchieleModèle:Sfn.

Dessin d'une femme nue musculeuse, debout, coupée aux genoux, tenant un tissu
Nu debout au drap bleu, 1914, gouache, aquarelle et mine de plomb, Modèle:Dunité, Germanisches Nationalmuseum.

Nus

Modèle:Citation

Dessin peint d'un tronc d'homme vu de dos, colonne vertébrale saillante, bras droit écarté du corps, plié à angle droit
Nu masculin assis vu de dos, v. 1910, aquarelle et fusain sur papier, coll. privée.

La nudité crue, privée du voile de la mythologie ou de l'histoireModèle:Sfn, non canalisée ni esthétisée par les canons classiques, scandalise encore beaucoup au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècleModèle:Sfn. Or, abandonnant l'Art nouveau qui célèbre lui aussi la beauté et la grâce, le peintre autrichien casse d'abord des images traditionnellement idéalisées avec ses dessins provocateurs de jeunes prolétaires, de couples homosexuels notamment lesbiens, de femmes enceintes et, dans un registre parodique, de nouveau-nés Modèle:Citation. Ses modèles féminins et masculins, y compris lui-même, ont l'air mal nourris ou rachitiquesModèle:Sfn et leur physique volontiers asexué a pu faire parler d'« inféminité » à propos de ses nus fémininsModèle:Sfn.

Jusque vers 1914 et comme Oskar Kokoschka, Egon Schiele dessine ou peint avec Modèle:Citation des visages émaciés déformés par des rictus et des corps dont la chair se raréfie : membres osseux, articulations noueuses, squelette affleurant sous la peau, brouillant la frontière entre intérieur et extérieurModèle:Sfn. Si les hommes sont plus souvent vus de dos que les femmes, tous donnent l'impression de corps souffrants, brutalisés par leur posture, disloqués ou avec des moignonsModèle:Sfn : tandis que la ligne brisée leur confère une fragilité crispéeModèle:Sfn, la vision plongeante augmente leur présence suggestive et le vide leur vulnérabilitéModèle:Sfn. Quant aux parties génitales, elles sont tantôt escamotées, ou suggérées par une note rouge, tantôt soulignées, exhibées au milieu de vêtements relevés et de chairs blanches, comme dans le tableau Vue en rêveModèle:Sfn.

Sur les dessins, des surfaces quasi abstraites distinguées par la couleur s'opposent à la facture plus réaliste des parties corporellesModèle:Sfn, et les zones de chairs aux masses sombres des cheveux ou des vêtementsModèle:Sfn. Modèle:Citation, estime Bertrand Tillier, rappelant que la critique viennoise parlait de « pourriture » face aux teintes verdâtres ou sanguinolentes des débutsModèle:Sfn. Dans les peintures de la fin, les corps se détachent sur un vague mobilier ou un drap froissé pareil à un tapis volantModèle:Sfn.



L'évolution des dernières années conduit le peintre à représenter des icônes plutôt que des femmes individualisées. Gagnant en réalisme, en épaisseur distincte de la personnalité de l'artiste, ses nus deviennent paradoxalement interchangeablesModèle:Sfn,Modèle:Sfn : les modèles professionnelles ne se distinguent pas toujours des autres, ni Edith d'Adele HarmsModèle:Sfn. Pour Jane Kallir, Modèle:Citation.

Portrait sur fond gris clair d'un homme très maigre de trois-quarts face, jambes écartées, sans pieds, bras entourant la tête
Nu masculin assis (autoportrait), 1910, huile et gouache sur toile, Modèle:Dunité, musée Leopold.

Autoportraits

Egon Schiele a laissé une centaine d'autoportraits dont des nus Modèle:Citation.

Surchargés d'éléments expressifs, notamment de 1910 à 1913, ses autoportraits ne sont pas flattésModèle:Sfn : d'une maigreur ascétique, le peintre se montre dans d'étranges contorsions, le visage hirsute, grimaçant ou encore affligé d'un strabisme, clin d'œil probable à son nom de famille, Modèle:Lang signifiant « loucher » en allemand. Comme dans les portraits, sa quête de vérité impliquant une nudité impudiqueModèle:Sfn,Modèle:Sfn n'a pas de rapport mimétique avec l'aspect réelModèle:Sfn. Son corps poilu, plissé, marbré de couleurs fantasmatiques, ou tronqué quand il n'est pas à moitié coupé par le cadrage, n'illustre pas seulement son désir de contester l'idéalisation classique mais le fait que chez lui, Modèle:Citation.

Dessin coloré de deux têtes d'homme similaires, l'une courbée sur l'autre qui est contre son cou et sa poitrine
Autoportrait double, 1915, crayon et aquarelle sur papier, coll. privée.
Portrait d'un homme assis de face, nu avec une veste sombre et tenant d'une main son sexe en érection énorme et rouge
Eros, 1911, craie, gouache et aquarelle sur papier, Modèle:Dunité, coll. privée.

Le motif symbolique du double, hérité du romantisme allemand, apparaît dans plusieurs autoportraits. Schiele pense-t-il à la variabilité de ses traits, ou à un corps astralModèle:Sfn ? Suggère-t-il les contradictions de sa psychéModèle:Sfn, la crainte d'une dissociation de son moiModèle:Sfn, cherche-t-il à le réunifierModèle:Sfn ou à suggérer une dualitéModèle:Sfn ? Figure-t-il Modèle:Incise une image du pèreModèle:Sfn, l'idée d'un surmoiModèle:Sfn ?

Modèle:Citation. C'est dans ce sens qu'Itzhak Goldberg se penche sur l'importance des mainsModèle:Note dans les tableaux et particulièrement les autoportraits nus de Schiele. Ceux-ci d'après lui Modèle:Citation : le sujet projette alors ses mains loin de son corps ou tourne vers le spectateur un regard inquiet, comme pour se dédouaner d'agissements coupablesModèle:Sfn.

Jean-Louis Gaillemin voit dans ces séries d'autoportraits une quête de soi volontairement inaboutie, une sorte d'expérimentationModèle:Sfn. Reinhardt Steiner pense que Schiele cherche plutôt à y exprimer une force vitale ou spirituelle dont l'idée lui viendrait de Friedrich Nietzsche et du théosophisme alors en vogueModèle:Sfn : Modèle:Citation, écrivait-t-ilModèle:Sfn. Quoi qu'il en soit, Jane Kallir leur trouve Modèle:Citation tandis que Wolfgang Georg Fischer conclut à une Modèle:Citation.

Allégories

Dès 1910 et jusqu'à sa mort, Egon Schiele Modèle:Citation.

Photo noir et blanc d'un homme debout de profil, main gauche sur la hanche, la droite sur une toile au mur avec deux grands personnages
Schiele devant la toile Rencontre (cliché Anton Trčka).

Il se rappelle peut-être les toiles monumentales qui ont lancé la carrière de KlimtModèle:Sfn. Il s'attribue surtout une réceptivité proche du mysticismeModèle:Sfn et, valorisant la peinture à l'huile, cherche à y traduire ses visions quasi religieuses. Depuis 1912 Schiele a gardé une vision de lui-même comme saint martyr victime des philistinsModèle:Sfn : dans Les Ermites, hommage à Klimt, tous deux en robe de bure semblent faire bloc sur un fond videModèle:Sfn. Ses compositions s'inscrivent comme celles d'un Ferdinand Hodler dans une tradition Modèle:Citation héritée du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, qui voit en l'artiste un prophète voyant ou un martyr : leur interprétation n'en est pas moins délicate, beaucoup ayant en outre disparuModèle:Sfn.

L'année 1913 le voit se lancer dans des toiles empreintes d'une spiritualité obscureModèle:Sfn : il aurait ambitionné une immense composition grandeur nature pour laquelle il multiplie des études d'hommes dont un cartouche calligraphié précise le caractère psychologique (Le Danseur, Combattant, Le Mélancolique) ou ésotérique (Dévotion, Rédemption, Résurrection, Conversion, Celui qui appelle, La vérité fut dévoilée)Modèle:Sfn. Carl Reininghaus est très intéressé mais ce travail reste inachevé : les toiles sont redécoupées, seule subsiste Rencontre (Autoportrait avec un saint) devant laquelle Schiele se fait photographier en 1914 par son ami Anton TrčkaModèle:Sfn.

Dans les années qui suivent, les grands formats carrés l'invitent à développer le sujet sur un mode emphatique ; des autoportraits se mêlent à des personnages dont le corps s'étoffe, dont les attitudes évoquent des extases ritualisées (Cardinal et Nonne, Les Ermites, Agonie)Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Celles qui ont pour sujet la mère ou la naissance relèvent d'une thématique symboliste traitée de manière lugubre du fait des rapports entre Egon et Marie Schiele. Titres Modèle:Incise, figures maternelles closes sur elles-mêmes, thème récurrent de la cécité, indiquent qu'il s'agit de maternité non pas heureuse mais « aveugle », c'est-à-dire sans amour, et liée au malheurModèle:Sfn,Modèle:Sfn. En même temps, Modèle:Citation.



Si les dernières grandes toiles paraissent plus voluptueuses et moins sombres Modèle:Incise, le message derrière l'anecdote demeure énigmatique car elles sont coupées de leur finalité, sinon inachevéesModèle:Sfn.

Singularité et signification

Dès 1911 émergent au fond dans l'œuvre de Schiele trois thématiques interdépendantes et transversales : naissance, mortalité, transcendance de l'artModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Cela explique son goût pour l'allégorie mais passe avant tout par sa manière unique de traiter le corps humain, influencée moins par ses fantasmes Modèle:Incise que par son époque et une société dont il traduit assez consciemment faiblesses et obsessions.

Le corps et les pulsions

Egon Schiele Modèle:Citation, la place du sexe dans son œuvre étant souvent mal compriseModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Dessin coloré montrant de profil un couple debout enlacé, la femme cuisses nues relevées, tous deux regardant le spectateur
Acte d'amour, 1915, crayon de couleur sur papier, Modèle:Dunité, musée Leopold.

Quoique s'abstenant de tout rapport physique avec ses modèles mineures, il ne cache pas qu'elles le troublentModèle:Sfn et la rumeur lui prête la plus importante collection viennoise d'estampes japonaises pornographiquesModèle:Sfn : au vu de ses premiers nus, nombre de ses contemporains voient en lui un obsédé sexuel voyeur et exhibitionniste. Si ces œuvres ont d'abord été le lieu d'expression de ses angoisses personnellesModèle:Sfn, une distanciation affective et stylistique après 1912 prouve en tout cas qu'il a intégré les normes sexuelles de son tempsModèle:Sfn, et son ami Erich Lederer déclare : Modèle:Citation

Modèle:Citation Depuis le début, le travail de Schiele sur les corps est indissociable de sa quête artistiqueModèle:Sfn, de ses expérimentations formelles sans lien nécessaire avec le sujet représentéModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Contorsionnés jusqu'au grotesque, ces corps demeurent aux yeux de certains d'une charge érotique intense<ref name="FP" />,<ref name="JML2" /> tandis que d'autres jugent inverse l'effet de leur nudité torturéeModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn : Modèle:Citation, écrit J. Kallir, mais sont au contraire Modèle:CitationModèle:Sfn ; Modèle:Citation ; sensualité et érotisme Modèle:Citation, renchérit Bertrand TillierModèle:Sfn.

Portrait d'une femme allongée sur son coude gauche, jambes en bas verts repliées sur la poitrine, bras droit sous un genou
Femme allongée aux bas verts, 1917, gouache et crayon gras sur papier, Modèle:Dunité, coll. privée.

À travers une gestuelle au besoin exagérée, les nus de Schiele se font le véhicule privilégié d'une représentation de sentiments ou tendances universels, à commencer justement par les émotions et pulsions sexuellesModèle:Sfn. La provocation vise les normes esthétiques imposées comme les interdits de la société Belle Époque : obscène peut-être mais non voyeurModèle:Sfn, Schiele est un briseur de tabous qui ose évoquer le sexe, la masturbation ou l'homosexualité, masculines et fémininesModèle:Sfn.

Or il en donne le plus souvent une image non pas jouissive ni sereine, mais inquiète, sans joie, marquée d'une composante névrotique voire morbideModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Ses modèles ont rarement l'air détendu ou épanoui Modèle:Incise. Ses autoportraits donnent à voir un phallus triste et privé d'objet, qui trahit les obsessions comme le malaise coupable de l'homme civiliséModèle:Sfn. Tillier rapproche de l'art du poète Hugo von Hofmannsthal cette aptitude peut-être sado-masochiste à traquer les petits secrets honteux de l'individuModèle:Sfn.

De même que les mouvements de ses modèles seraient des fantasmagories, Modèle:Citation, note FischerModèle:Sfn. Les nus de Schiele, Modèle:Citation sur la puissance de l'inconscient, confirme Itzhak Goldberg après Jane KallirModèle:Sfn, et la plupart des commentateurs d'évoquer les recherches de Charcot et Freud sur l'hystérieModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Schiele a d'abord violé à sa façon le même tabou que ce dernier : le mythe de l'enfance asexuée qui avait pu permettre à un Lewis Carroll de photographier en toute bonne conscience des petites filles plus ou moins dévêtuesModèle:Sfn.


Modèle:Double image


Explorant les ressources expressives de la physionomie jusqu'aux limites de la pathologie, Schiele a produit des dessins que Steiner rapproche, par leurs crispations spasmodiques ou extatiques, des dessins et sculptures anatomiques du Modèle:DrModèle:Sfn. Il est d'ailleurs possible qu'il ait pu voir des photographies prises à l'Hôpital de la Salpêtrière lorsque Charcot mettait en scène ses maladesModèle:Sfn. Modèle:Citation

Reflet d'un monde en déclin

Peinture représentant des maisons serrés en une sorte de carré dans des tons neutres du clair au foncé
Ville morte III, 1911, huile sur bois, Modèle:Dunité, musée Leopold.

La brutalité traversant l'œuvre de Schiele est à comprendre comme une réaction à une société sclérosée qui étouffe l'individuModèle:Sfn.

Ses fonds vides dégagent une impression onirique rappelant l'intérêt de l'époque pour le rêve (Freud, Schnitzler, Hofmannsthal, Trakl)Modèle:Sfn mais, loin de l'univers hédoniste de la Sécession viennoise, Egon Schiele repousse le voile ornemental qu'un Klimt, dans sa quête d'harmonie, tente de jeter sur la dureté des réalités sociales et le mal-être de la Belle Époque en Autriche-HongrieModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.

La ville morte, thème très « fin de siècle » en Europe (Gabriele D'Annunzio, Georges Rodenbach), paraît dans la série des Modèle:Nobr-1912 le symbole Modèle:Citation, Modèle:Citation. Par ailleurs, esthétique expressionniste de la fragmentationModèle:Sfn, rictus asymétriques, corps tétanisés atteignant au tragique par leur dépouillement ou leur laideur incarneraient les souffrances de toute une société et participeraient à la dénonciation des conventions bourgeoisesModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Dans les portraits et surtout les autoportraits, le thème du double ainsi qu'une représentation infidèle au sens réaliste peuvent figurer Modèle:Citation et renvoyer, comme chez Freud, Ernst Mach ou Robert Musil, à la crise du sujet, à une identité devenue problématique dans un monde désenchanté insaisissableModèle:Sfn.

Moins rebelle par exemple qu'un Kokoschka, Egon Schiele n'est pas l'anarchiste qu'ont voulu voir de nombreux critiquesModèle:Sfn. Il reflète l'esprit de l’avant-garde viennoise qui, sans vouloir révolutionner l’art de fond en comble, revendique plutôt une tradition qu’elle estime dévoyée par l’académismeModèle:Sfn. Dans le sillage de la Sécession, Schiele est convaincu que les arts sont seuls à même d'enrayer la décomposition culturelle et les tendances matérialistes de la civilisation occidentale, dont la vie moderne, la misère sociale puis l'horreur de la Première Guerre mondiale lui paraissent les conséquences directes : il ne fait pas place à celles-ci dans son œuvre, non par nostalgie mais dans une sorte d'espoir de rédemption esthétiqueModèle:Sfn.

Modèle:Citation Passant du symbolisme allégorique de Klimt à un modernisme plus brutal, il achève la transition du {{#switch: au

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}}Modèle:Sfn. Dans un environnement plus novateur, peut-être aurait-il franchi le pas vers l'abstractionModèle:Sfn.

Dessin de profil d'un homme nu avec un boléro, tête penchée en avant, une main tendue devant lui, l'autre le long du corps
Prédicateur, 1913, gouache, aquarelle et crayon sur papier, Modèle:Dunité, musée Leopold.

Condition humaine et transcendance de l'art

Egon Schiele acquiert très tôt la conviction que l'art, et lui seul, peut vaincre la mortModèle:Sfn.

Il est possible qu'il ait d'abord trouvé dans l'art un moyen de s'affranchir des autorités et contraintes diverses qu'il supportait malModèle:Sfn. Son œuvre n'en pose pas moins des questions existentielles sur la vie, l'amour, la souffrance, la mortModèle:Sfn.

Sa prédilection pour l'autoportrait peut s'expliquer parce que ce serait le seul genre artistique Modèle:Citation. Tout comme ses villes désertes et ses façades aveugles, les paysages de Schiele, ses arbres frêles, ses fleurs fanées offrent en marge de leur aspect décoratif une image de la condition humaine et de sa fragilitéModèle:Sfn. Ses enfants laids, ses mères mélancoliques dégagent une impression de totale solitude, Modèle:Citation.

Portrait sombre d'un homme de face, émacié, les yeux clos, avec derrière une silhouette grisâtre et devant une grande main maigre
Les voyants d'eux-mêmes II (L'Homme et la Mort), 1911, huile sur toile, Modèle:Dunité, musée Leopold.

Modèle:Citation, écrit-il dans un de ses poèmes vers 1910-1911, et elles sont conjointes dans son œuvre. Si à l'instar d'Arthur Schnitzler ou d'Alfred Kubin, Schiele conçoit la vie comme une lente maladie mortelleModèle:Sfn, il éprouve face à elle et à la nature un élan que contrebalance son angoisse de s'y perdre, et traduit son ambivalence en corsetant cette surabondance d'énergie pulsionnelle Modèle:CitationModèle:Sfn. Roessler disait que dans ses nus il avait Modèle:CitationModèle:Sfn, persuadé que Modèle:CitationModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Et dans un autoportrait comme Les voyants d'eux-mêmes, le double figurant la mort paraît lui-même la regarder avec effroi tandis qu'il tente d'immobiliser le vivantModèle:Sfn. Chaque tableau deviendrait dès lors Modèle:Citation et de la natureModèle:Sfn. L'œuvre est pour Schiele une incarnation véritable : Modèle:Citation

Peinture montrant sur un drap froissé une femme de face genoux pliés, tenant embrassé un homme accroupi de dos
L'Étreinte, 1917, huile sur toile, Modèle:Dunité, Galerie du Belvédère.

Modèle:Citation Modèle:CitationModèle:Sfn. Philippe Comar pense aussi que Modèle:Citation. Jane Kallir conclut néanmoins que Modèle:Citation.

Il semble d'ailleurs qu'il projetait en 1918 Modèle:Incise un mausolée où des chambres emboîtées se seraient succédé sur les thèmes « existence terrestre », « mort », « vie éternelle »Modèle:Sfn.

Postérité

La reconnaissance d'Egon Schiele au plan international n'a pas été immédiate ni linéaire mais s'est faite d'abord dans le monde anglo-saxon et surtout après la Seconde Guerre mondiale. L'esprit subversif émanant de ses corps torturés commence à hanter d'autres artistes dès les Modèle:NobrModèle:Sfn. S'il est présent dans les grands musées du monde, Vienne conservant les plus importantes collections publiques, la plupart de ses œuvres, désormais très cotées, appartiennent à des particuliersModèle:Sfn.

Fortune de l'œuvre

Reconnaissance internationale

La consécration de Schiele comme artiste de premier plan a plus tardé en France que dans d'autres paysModèle:Sfn.

Le recensement chronologique de ses œuvres n'est pas simple. Elles sont généralement datées et signées, dans une sorte de cartouche au graphisme changeant influencé par le JugendstilModèle:Sfn : mais le peintre, qui ne leur donnait pas toujours de titre et les datait souvent de mémoire dans ses listes, se trompait à l'occasion. Des centaines de faux ont en outre commencé à se répandre, peut-être dès 1917-1918Modèle:Sfn, alors que certaines œuvres attestées par des documents ont été perdues. Plusieurs spécialistes se sont donc successivement attelés à des catalogues raisonnés : Otto Kallir en 1930 puis en 1966, Rudolf Leopold en 1972Modèle:Sfn, Jane Kallir, petite-fille d'Otto, en 1990 Modèle:Incise puis derechef en 1998, le Kallir Research Institute mettant son catalogue en ligne vingt ans plus tardModèle:Sfn, après que la maison d'édition Taschen a publié en 2017 celui de Tobias G. Netter.



À sa mort, Egon Schiele est un peintre reconnu dans le monde germanique, mais plus pour ses dessins et aquarelles que pour ses huilesModèle:Sfn Modèle:Incise. Pendant la période du nazisme, ses œuvres sont considérées comme de l'art dégénéré : si plusieurs collectionneurs juifs autrichiens émigrent avec une partie de leurs acquisitions, beaucoup d'œuvres de Schiele sont spoliées Modèle:Incise ou détruitesModèle:Sfn. Il faut attendre l'après-guerre pour qu'il soit de nouveau à l'affiche en Autriche, en Allemagne de l'Ouest, en Suisse, à Londres ainsi qu'aux États-UnisModèle:Sfn.

En dehors de Rudolf Leopold, dont les collections d'art moderne ont servi de base au musée éponymeModèle:Sfn, le galeriste et historien d'art Otto Kallir (1894-1978) a joué un rôle essentiel pour la notoriété de Schiele dans puis en dehors de la sphère culturelle germanique. En 1923, il inaugure à Vienne sa Modèle:Lang (« Galerie nouvelle »), située à proximité de la cathédrale Saint-Étienne (Modèle:Lang), par la première grande exposition posthume de toiles et dessins d'Egon Schiele, dont il dresse un premier inventaire en 1930. Contraint après l'Anschluss de quitter l'Autriche, il ouvre à Paris une galerie qu'il nomme « Saint-Étienne », rapidement transférée à New York sous le nom de Galerie St. Etienne, et travaille dès 1939 à faire découvrir aux États-Unis les œuvres de Schiele : grâce à lui elles commencent à entrer dans les musées américains au cours des années 1950 et à faire l'objet d'expositions durant la décennie suivanteModèle:Sfn.

En France, l'art autrichien est longtemps tenu pour essentiellement décoratif donc secondaireModèle:Sfn. Jusque vers 1980, les musées nationaux ne possèdent aucun tableau de Schiele, ni même de Klimt, vu pourtant comme le « pape » de l'Art nouveau viennoisModèle:Sfn. L'exposition de 1986 au Centre Pompidou à Paris marque un tournant : sous la direction de Jean Clair, cet événement intitulé « Vienne. 1880-1938 : naissance d'un siècle » n'expose que des artistes viennois, sans y mêler les avant-gardes françaisesModèle:Sfn. Vingt ans plus tard, l'exposition du Grand Palais « Vienne 1900 : Klimt, Schiele, Moser, Kokoschka », dont le commissaire principal est Serge Lemoine, sort de l'ombre le peintre et décorateur Koloman Moser mais consacre surtout les trois autres comme une Modèle:Citation de la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle à 1918Modèle:Sfn : avec Modèle:Nombre, Schiele est le plus représenté<ref>Présentation de l'exposition</ref>.

S'il demeure longtemps étudié avant tout pour ses sujets plus ou moins choquants (symboliques, sexuels, etc.)Modèle:Sfn, l'exposition qui se tient à la Fondation d'entreprise Louis-Vuitton, à Paris, pour le centenaire de sa mort, tente une approche formelle, technique de l'œuvre, autour de la ligne, et non par genres ou sujetsModèle:Sfn.

Importance dans le monde de l'art

Depuis le dernier quart du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, des artistes de toutes sortes se réfèrent à Egon Schiele, dont la cote grimpe sur le marché de l'art.

Dessin d'une femme nue debout, de face, tête de côté, jambes écartées coupées aux genoux avec des bas de même couleur que la bouche et les têtons
Nu debout aux bas rouges, 1914, crayon, aquarelle et gouache sur papier, Modèle:Dunité, musée Leopold.

Une quarantaine d'années après sa mort, ses nus impudiques et angoissés, traduisant son refus du carcan moral austro-hongrois, ont une influence sur le mouvement rebelle de l'Actionnisme viennois, qui place le corps au cœur de ses performances : Modèle:Citation, estime la critique d'art Annick Colonna-CésariModèle:Sfn,<ref>Articles d'Annick Colona-Césari, dans Connaissance des arts.</ref>. Depuis les années 1980, diverses expositions au musée Leopold ou au musée des Beaux-Arts de Winterthour ont montré qu'à travers des moyens différents s'exprime Modèle:Citation chez Schiele d'une part et d'autre part chez Schwarzkogler, Brus, la plasticienne féministe Valie Export, la peintre néo-expressionniste Maria LassnigModèle:Sfn, ou encore, pour les plus jeunes, Elke Krystufek et d'autresModèle:Sfn.

Peut-être parce que s'y est tenue la première rétrospective Egon Schiele hors des frontières d'Autriche et d'Allemagne, c'est aux États-Unis et dans une moindre mesure au Royaume-Uni que son influence est la plus forte : les personnages grimaçants de Francis Bacon s'inscrivent dans son sillage tandis que la photographe Sherrie Levine s'approprie dix-huit de ses autoportraits dans son œuvre Modèle:Lang (« Après Schiele »)Modèle:Sfn. Jean-Michel Basquiat ne s'est pas plus réclamé de lui que Cy Twombly en son temps : mais il connaissait son travail, ce qui pousse la Fondation Vuitton à monter en 2018 en parallèle les expositions Schiele et BasquiatModèle:Sfn. L'artiste Tracey Emin revendique, elle, cette filiation, et raconte avoir découvert Schiele grâce aux pochettes d'albums de David Bowie inspirées de certains autoportraitsModèle:Sfn. Dans plusieurs chorégraphies enfin, de Christian Ubl ou Léa Anderson, les mouvements des danseurs paraissent calqués sur les postures des modèles du peintre autrichienModèle:Sfn.

Peinture montrant sous un ciel stratifié deux groupes de maison avec devant du linge sur des cordes
Maison avec lessive colorée, Banlieue II, 1914, huile sur toile, Modèle:Dunité, coll. privée.

Les nus de Schiele continuent à heurter : en 2017, lors d'une campagne annonçant les manifestations prévues à Vienne pour le centenaire de sa mort, les municipalités de Londres, Cologne et Hambourg exigent que les affiches reproduisant des nus, tels le Nu masculin assis de 1910 ou le Nu debout aux bas rouges de 1914, soient barrées d'un bandeau masquant les parties sexuelles et sur lequel est inscrit : Modèle:Citation (« Désolé ! Vieux de Modèle:Nombre et pourtant encore trop osé pour aujourd'hui ! »)<ref>Revue Beaux-Arts, 14.11.2017.</ref>,<ref>Journal romand Le Matin, 20.03.2018.</ref>.

La cote de Schiele n'en progresse pas moins depuis le début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle. À titre d'exemple, une huile de dimensions modestes, un Bateau de pêche à Trieste datant de 1912, est estimé en 2019, avant sa mise en vente chez Sotheby's, entre Modèle:Unité de livres (entre Modèle:Unité d'euros)<ref>Modèle:Article.</ref>, tandis qu'un petit dessin découvert par hasard dans un dépôt-vente du Queens est évalué entre 100 000 et 200 000 dollars (90 000 à 180 000 euros)<ref>Le Figaro, 4.08.2019.</ref>. En 2011 déjà, afin de pouvoir conserver le Portrait de Walburga Neuzil (Wally) en indemnisant ses légitimes propriétaires à hauteur des Modèle:Nombre de dollars fixés à l'issue d'une longue bataille juridique, le musée Leopold met en vente le paysage Maisons avec lessive colorée de 1914Modèle:Sfn : le tableau part à plus de Modèle:Nombre de dollars (plus de Modèle:Nombre d'euros)<ref>Quotidien canadien Le Devoir, 23.06.2011.</ref>,<ref>Le Journal des Arts, 24.06.2011.</ref>, battant le record de Modèle:Nombre de dollars (plus de Modèle:Nombre d'euros) atteint cinq ans avant par un autre, car les paysages de Schiele sont rares sur le marché<ref>Le Figaro, 6.05.2011.</ref>,<ref>L'Express, 6.05.2011.</ref>.

Domaine muséal

Cinq musées en Autriche

Hormis les acquisitions des grands musées du monde, les plus importantes collections publiques d'œuvres d'Egon Schiele se trouvent dans les musées autrichiens, quatre à Vienne, un à Tulln an der Donau.

En plus des carnets de croquis et d'un gros fonds d'archives, la Modèle:Lang, collection graphique de l'Albertina, rassemble plus de 150 dessins et aquarelles issus de ceux qu'avait commencé à acheter en 1917 la Galerie nationale de Vienne, complétés ensuite par des œuvres acquises sur les collections d'Arthur Roessler et Heinrich Benesch, ainsi que par des dons du fils d'August Lederer, ErichModèle:Sfn.

Le musée Leopold est riche de plus de 40 huiles et 200 dessins de Schiele, réunis à partir de 1945 et durant près de quarante ans par Rudolf Leopold, qui s'est attaché notamment à racheter celles des Juifs autrichiens ayant émigré à cause du nazisme.

La Galerie du Belvédère possède en marge de son énorme fonds Gustav Klimt des œuvres importantes de l'expressionnisme autrichien, dont un bon nombre de toiles parmi les plus célèbres de Schiele, telles Mort et Jeune fille, L'Étreinte, La Famille, Mère avec deux enfants ou le Portrait d'Otto Koller.

Quant au musée de Vienne, ensemble de musées historiques de la capitale, il détient des œuvres provenant principalement de la collection d'Arthur Roessler, comme son portrait ou celui d'Otto Wagner, des natures mortes, etc.

Le musée Egon Schiele enfin, inauguré en 1990 dans la ville natale de l'artiste, met surtout l'accent sur sa jeunesse et ses études à l'Académie des beaux-arts de Vienne, à travers des œuvres originales et des reproductionsModèle:Sfn.


Principales expositions

Affiche représentant un homme maigre percé de flèches avec des caractères noirs au-dessus et en-dessous
Autoportrait en Saint Sébastien, 1915, couleurs et encre de Chine, Modèle:Dunité, musée historique de Vienne.
De son vivant

1908 : Klosterneuburg, Kaisersaal de la maison religieuse.
1909 : « Modèle:Lang », Vienne ; « Modèle:Lang », Vienne, galerie Pisko.
1910 : « Modèle:Lang », Prague.
1911 : « Egon Schiele », Vienne, galerie Miethke ; « Modèle:Lang », Munich, galerie Hans Goltz.
1912 : « Modèle:Lang », Sécession de Munich et Vienne, Hagenbund.
1913 : « Modèle:Lang », Munich, galerie Hans Goltz.
1914 : « Modèle:Lang », Vienne, galerie Pisko ; « Modèle:Lang », Kunsthalle de Brême.
1915 : « Modèle:Lang », Vienne, galerie Arnot.
1917 : « Modèle:Lang », Stockholm, Liljevalchs konsthall.
1918 : « Modèle:Lang », Vienne, Palais de la Sécession.

Posthumes
Portrait d'une femme brune en jupe longue et torse nu
Moa, 1911, mine de plomb, gouache et aquarelle sur papier, Modèle:Dunité, coll. privée.

1919 : « Modèle:Lang : Egon Schiele », Vienne, Gustav Nebehay Kunsthandlung.
1923 : « Egon Schiele », Vienne, Neue Galerie.
1925-1926 : « Egon Schiele », Vienne, Kunsthandlung Würthle.
1928 : « Modèle:Lang », Vienne, Neue Galerie et Hagenbund.
1939 : « L'Art autrichien », Paris, Galerie Saint-Étienne ; « Egon Schiele », New York, Galerie St. Etienne.
1945 : « Klimt, Schiele, Kokoschka », Vienne, Neue Galerie.
1948 : Modèle:24e Biennale de Venise ; « Modèle:Lang », Vienne, Modèle:Lang ; « Modèle:Lang », Vienne, Neue Galerie.
1956 : « Egon Schiele : Modèle:Lang », Berne, Gutekunst & Klipsetin.
1960 : « Egon Schiele » : Boston, Institute of Contemporary Art ; New York, Galerie St. Etienne ; Louisville (Kentucky), Speed Art Museum ; Pittsburgh, Carnegie Institute ; Minneapolis Institute of Art.
1964 : « Egon Schiele : Modèle:Lang, Londres, Marlborough Fine Arts ; « Modèle:Lang », New York, Galerie St. Etienne.
1965 : « Gustav Klimt & Egon Schiele », New York, Musée Solomon R. Guggenheim.
1967 : « Modèle:Lang », Darmstadt, Mathildenhöhe.
1968 : « Gustav Klimt, Egon Schiele : « Modèle:Lang », Vienne, Modèle:Lang et musée d'histoire de l'art ; « Egon Schiele : Modèle:Lang », Vienne, Österreichische Galerie Belvedere ; « Egon Schiele : Modèle:Lang » et « Egon Schiele (1890-1918) : Modèle:Lang », New York, Galerie St. Etienne.
1969 : « Egon Schiele : Modèle:Lang, 1909-1918 », Londres, Marlborough Fine Art.
1971 : « Egon Schiele Modèle:Lang », Des Moines Art Center.
1972 : « Egon Schiele : Modèle:Lang », Londres, Fischer Fine Art.
1975 : « Egon Schiele », Munich, Haus der Kunst ; « Egon Schiele : Modèle:Lang », Londres, Fischer Fine Art.
1978 : « Modèle:Lang », New York, Serge Sabasky Gallery.
1981 : « Modèle:Lang », Kunsthalle de Hambourg ; « Egon Schiele : Modèle:Lang », musée historique de la ville de Vienne ; Linz, Neue Galerie ; Munich, Villa Stuck ; Hanovre, Kestnergesellschaft.
1985 : « Modèle:Lang », Vienne, Künstlerhaus (Maison des artistes).
1986 : « Otto Kallir-Nirenstein : Modèle:Lang », musée historique de la ville de Vienne ; « Vienne, 1880-1938. L'Apocalypse joyeuse », Paris, Centre Pompidou.
1989 : « Modèle:Lang », Kunsthaus de Zurich ; Vienne, Kunstforum ; Munich, Kunsthalle der Hypo-Kulturstiftung.

Dessin d'une femme allongée en blouse, culottes et bas, jambes repliées sur la poitrine
Wally à la blouse rouge, 1913, crayon, gouache et aquarelle sur papier, Modèle:Dunité, Neue Galerie.

1990 : « Modèle:Lang », Vienne, Albertina ; « Modèle:Lang », musée du Comté de Nassau (New York) ; « Egon Schiele : Modèle:Lang », musée historique de la ville de Vienne.
1991 : « Egon Schiele : Modèle:Lang », Londres, Royal Academy.
1995 : « Schiele », Martigny, Fondation Gianadda ; « Egon Schiele. Modèle:Lang », Kunsthalle Tübingen ; Düsseldorf, Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen ; Kunsthalle de Hambourg ; Paris, musée national d'Art moderne.
2001 : « La Vérité nue : Gerstl, Kokoschka, Schiele, Boeckl », musée Maillol de Paris.
2003 : « Egon Schiele, entre érotisme et angoisse », musée d'Art moderne de Lugano.
2004 : « Egon Schiele : Modèle:Lang », Vienne, musée Leopold.
2005 : « Modèle:Lang », Amsterdam, musée Van Gogh.
2005-2006 : « Klimt, Schiele, Moser, Kokoschka, Vienne 1900 », Paris, Grand Palais.
2018-2019 : « Egon Schiele », Paris, Fondation Louis Vuitton.
2020 : « Hundertwasser-Schiele. Modèle:Lang », Vienne, musée Leopold.

Hommages divers

  • Arts visuels :

Notes et références

Notes

Modèle:Notes

Références

  • G. Malafarina, Tout l'œuvre peint d'Egon Schiele, 1983 :

Modèle:Références

  • S. Sabarsky, Egon Schiele - Dessins et Aquarelles, 1984 :

Modèle:Références

  • W. G. Fischer, Egon Schiele - Pantomimes de la volupté - Visions de la mortalité, 2007 :

Modèle:Références

  • R. Steiner, Egon Schiele (1890-1918) - L'âme nocturne de l'artiste, 2001 :

Modèle:Références

  • J. Kallir, Egon Schiele - Dessins et Aquarelles, 2004 :

Modèle:Références

  • J.-L. Gaillemin, Egon Schiele - Narcisse écorché, 2005 :

Modèle:Références

  • S. Lemoine (dir.), Vienne 1900, 2005 :

Modèle:Références

  • Fondation Louis Vuitton, Egon Schiele, 2018 :

Modèle:Références

  • Autres sources :

Modèle:Références

Voir aussi

Modèle:Autres projets

Poésies de Schiele traduites en français

Bibliographie sélective en français

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Liens externes

Modèle:Liens

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