Le Fanatisme ou Mahomet le Prophète
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Le Fanatisme ou Mahomet est une tragédie de Voltaire écrite en 1739 et jouée pour la première fois à Lille le Modèle:Date au théâtre de la rue de la Vieille Comédie, puis à Paris le Modèle:Date. Voltaire retira sa pièce après trois représentations pour prévenir une interdiction par le Parlement de Paris.
Résumé
La pièce se déroule pendant le siège de la Mecque par Mahomet en 630. Au cœur de sa pièce, l'affrontement entre Mahomet et le vieux Zopire, Schérif (Cheikh) de La Mecque, dont les deux enfants furent enlevés, jadis, par son ennemi. Or, Zopire tient captifs deux esclaves du Prophète, Séide et Palmire, ignorant qu'ils sont, en réalité, ses propres enfants. Cet argument Modèle:Incise est l'un des ressorts les plus classiques de la tragédie, depuis Eschyle jusqu'à Verdi. Il est ici prétexte à un face-à-face philosophique entre Mahomet et Zopire. Mahomet, qui assiège La Mecque, donne le choix à Zopire : revoir les siens ou défendre sa patrie. Zopire, vieillard inexorable, ne fléchit point et, tel le Créon de Sophocle, préfère sa cité à sa descendance. Mahomet, rongé par la haine, convainc alors le jeune Séide d'assassiner Zopire, son propre père : Modèle:Citation.
Voltaire désigne la vertu comme principal ressort du fanatisme. Ainsi, Mahomet apparaît comme un nouveau César, un stratège sachant que l'Empire romain n'est plus, que la Perse est vaincue, que l'Inde est réduite en esclavage, que l'Égypte est abaissée, et que Byzance ne luit plus. L'heure de l'Arabie est enfin arrivée : Modèle:Citation.
Mahomet voit donc sa religion comme une politique. Ne croyant pas aux dogmes qu'il impose au peuple, il sait que ce dernier les épousera avec la fureur des fanatiques. Le Mahomet de Voltaire revendique le droit de berner le peuple pour peu que ce soit avec grandeur, et sert un dieu appelé Intérêt, auquel Voltaire oppose l’Équité. Par cette charge contre l'islam, Voltaire dénonce le fanatisme de toutes les religions monothéistes, ainsi que toute forme d'impérialisme<ref>Modèle:Article</ref>.
Analyse
Avec Mahomet, l’auteur dénonce, du moins en apparence à travers le personnage de Mahomet, le fanatisme et l’intégrisme religieux de l’islam. La pièce connait un succès mitigé à sa représentation à Lille en avril 1741<ref>Modèle:Article</ref>. Voltaire la retire après trois représentations à la Comédie-Française pour prévenir une interdiction<ref name=":0">Œuvres complètes de Voltaire , Voltaire Foundation, University of Oxford, Tome 20B (2002), p. 20-27. Modèle:ISBN</ref>.
Comme souvent chez Voltaire, ce sont pourtant « l'intolérance de l'Église catholique et les crimes commis au nom du Christ » qui sont les premiers visés par le philosophe des Lumières<ref>Pierre Milza, Voltaire Modèle:P., Librairie Académique Perrin, 2007</ref>. C'est bien ce qu'avoue Voltaire lui-même dans une lettre de 1742 : Modèle:Citation<ref>Voltaire, Lettres inédites de Voltaire, Didier, 1856, t.1, Lettre à M. César De Missy, Modèle:1er septembre 1742, Modèle:P.</ref>. Voltaire se retrouve d'ailleurs immédiatement en ligne de mire des dévots qui ne s'y trompent pas. Il est aussi attaqué en justice pour impiété et scélératesse, et doit retirer sa pièce.
Voltaire précise sa pensée en 1748 dans un article sur le Coran paru à la suite de sa tragédie de Mahomet : Modèle:Citation<ref>Morceau écrit et publié en 1748 dans le tome IV des Œuvres de Voltaire, à la suite de sa tragédie de Mahomet</ref>.
Selon Raymond Trousson, Voltaire était tout à fait Modèle:Citation et il parlera par la suite tout autrement de Mahomet dans son Essai sur les mœurs et l'esprit des Nations<ref>Raymond Trousson, Voltaire, Tallandier, 2008, Modèle:P.</Ref>.
On ne saurait toutefois attribuer à Voltaire lui-même, comme s'il exprimait là sa propre pensée, l'apologie de Mahomet qu'il prête à un Turc dans Il faut prendre un parti (1772) <ref> « Il faut prendre un parti » (1772), dans Œuvres complètes de Voltaire, Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 28, chap. 23-Discours d’un Turc, Modèle:P.</ref>.
Réactions à la pièce
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Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, dans Paris et les faubourgs, aucun comédien n'a le droit de parler en français sur les planches, ce monopole revenant aux acteurs de la Comédie-Française, subventionnée par l’État. En échange, celui-ci contrôle tout. En 1741, il force Voltaire à retirer sa pièce après trois représentations<ref name=":0" />.
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Napoléon Bonaparte n'apprécie pas la pièce. Il dit à Goethe, lors de leur rencontre le 2 octobre 1808, que Modèle:Citation<ref>Mémoires de Goethe. Voyage, campagne de France et annales, Johann Wolfgang von Goethe, 1861</ref>. En exil à Sainte-Hélène, il condamne encore la pièce<ref>Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène, Dépôt du Mémorial, 1824, t.3, avril 1816, Modèle:P. Modèle:Citation</ref>,<ref>Gourgaud, Journal de Gourgaud, Flammarion, 1947, t.2, 20 juin 1817, Modèle:P. : Modèle:Citation</ref>.
Pour Ernest Renan : Modèle:Citation<ref>Ernest Renan, Études d'histoire religieuse, éd. Michel Lévy frères, 1858, Modèle:P. et 250</ref>.
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En Modèle:Date-, dans le contexte de l'affaire des caricatures de Mahomet (Modèle:Date- – Modèle:Date-), a lieu à Saint-Genis-Pouilly une tentative d'empêcher la pièce d'être présentée par Hervé Loichemol<ref>Voir Rachad Armanios, « Modèle:Lien brisé », Le Courrier, 9 décembre 2005 et Jack Dion, « Modèle:Lien brisé », Marianne2, 17 décembre 2005.</ref>.
Hervé Loichemol avait déjà essuyé à Genève un refus de faire jouer la pièce. Celui-ci avait accusé Tariq Ramadan d’avoir incité à la censurer.
Tariq Ramadan rédige une lettre ouverte publiée dans la Tribune de Genève dans laquelle il déclare : Modèle:Citation bloc
Le Maire de Genève, Modèle:Refsou.
Caroline Fourest, dans la revue politique Prochoix, affirme le contraire. Pour elle, Ramadan a joué sa part dans la décision de ne pas subventionner la pièce d'Hervé Loichemol<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
En août et septembre 2022, la pièce est représentée au Théâtre du Nord-Ouest à Paris, dans une mise en scène d'Erwan Barillot<ref>Modèle:Article</ref>.
Notes et références
Bibliographie
- Principaux textes de Voltaire sur Mahomet et l'islam
- Examen important de Milord Bolingbroke (1767), Chap. XXXV - Des sectes et des malheurs des chrétiens jusqu'à l'établissement du mahométisme (chapitre ajouté en 1767)
- Remarques pour servir de supplément à l'Essai sur les Mœurs et l’Esprit des nations (1763), Chap. IX. - De Mahomet, dernier texte important de Voltaire sur Mahomet
- Lettre civile et honnête à l’auteur malhonnête de la Critique de l’histoire universelle de M. de voltaire (1760), lettre de Voltaire au sujet de Mahomet
- Essais sur les Mœurs, (1756), Chap. VI. - De l’Arabie et de Mahomet
- Essais sur les Mœurs, (1756), Chap. VII. - De l’Alcoran, et de la loi musulmane. Examen si la religion musulmane était nouvelle, et si elle a été persécutante
- Dictionnaire philosophique (édition posthume de Kehl de 1789) , article « Alcoran, ou plutôt Le Koran (1748) ». Cet article écrit et publié en 1748 dans le tome IV des Œuvres de Voltaire, à la suite de sa tragédie de Mahomet ne figure pas dans le Dictionnaire philosophique de Voltaire publié de son vivant et qui ne comprenait que 73 articles en 1764 puis 118 articles en 1769 dans sa Modèle:Lien brisé.
- Le fanatisme, ou Mahomet le prophète (1736) sur Gallica (BNF)
- Voltaire et l'islam
- Faruk Bilici, L’Islam en France sous l’Ancien régime et la Révolution : le jeu d’attraction et de répulsion, section Voltaire et l'islam, Rives nord-méditerranéennes, no 14, 2003, Modèle:P..
- Sur la pièce
- Une critique de l’œuvre
- Toutes les représentations de la pièce au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle sur le site CÉSAR