Albert de Mun
Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Personnalité politique Adrien Albert Marie, comte de Mun, né le Modèle:Date de naissance au château de Lumigny (Seine-et-Marne) et mort le Modèle:Date de décès à Bordeaux (Gironde), est un militaire, homme politique et académicien français, initiateur du catholicisme social et théoricien du corporatisme chrétien.
Il est légitimiste et défend la Restauration monarchique jusqu’à la mort du comte de Chambord en 1883 et l’encyclique Au milieu des sollicitudes (1892) prônant le ralliement des catholiques à la République.
Adversaire du libéralisme comme du socialisme, il défend nombre de réformes sociales dans un esprit particulier, inspiré du corporatisme d’Ancien Régime : c’est ainsi que sa pensée influença différents mouvements chrétiens, d’abord du catholicisme social, puis de tendances opposées comme la démocratie chrétienne ou la gauche chrétienne protestante, le christianisme social.
Ayant soutenu un temps le général Boulanger puis devenu anti-dreyfusard, il fonde l’Action libérale populaire après la victoire du Bloc des gauches en 1902, s’opposant de façon virulente à la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905, puis défend le réarmement de la France.
Biographie
Jeunesse et guerre franco-prussienne
Fils d'Adrien de Mun, deuxième marquis de Mun, et d'Eugénie Ferron de La Ferronays, Albert de Mun est issu d'une ancienne famille de la noblesse de Bigorre qui a reçu en 1817 le titre de marquis et en 1821 celui de Pair de France. Il est le petit-fils de Claude-Adrien de Mun et celui du ministre Auguste Ferron de La Ferronnays. Par son père, il descend aussi du philosophe Claude-Adrien Helvétius.
Adrien-Albert de Mun est formé à Saint-Cyr, et participe comme capitaine de cavalerie, au conflit franco-prussien de 1870, où il est fait prisonnier.
En captivité en Allemagne à Aix-la-Chapelle, avec son ami René de La Tour du Pin, il découvre un ouvrage d'Émile Keller, député du Haut-Rhin. Il se familiarise également avec le mouvement catholique populaire existant outre-Rhin depuis 1848 à l'initiative de personnalités telles que Lieber, le futur chef du Zentrum, le parti de démocratie chrétienne, et Wilhelm Emmanuel von Ketteler, archevêque de Mayence et Modèle:" selon les mots de Mun<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Légitimisme et question sociale
Les événements de la Commune de Paris et la répression sanglante qu'elle entraîna lui firent mesurer le fossé qui séparait la classe ouvrière du libéralisme. Il fonda alors les « cercles ouvriers », sous la forme de l’Œuvre des cercles catholiques d'ouvriers avec René de la Tour du Pin, Félix de Roquefeuil-Cahuzac, Henri Savatier et Maurice Maignen. Il souhaitait contribuer de cette façon à la rechristianisation du peuple et à la défense de ses intérêts matériels et moraux : l'œuvre des cercles comptait en 1878 375 cercles, Modèle:Nb, et Modèle:Nb des classes dirigeantes.
Il est élu député pour la première fois en 1876 dans la circonscription de Pontivy. En 1881, il est l'un des fondateurs de la revue L'Association catholique où il défend la foi catholique. Défenseur de la Restauration monarchiste, il déclare à Vannes, le Modèle:Date : Modèle:Citation bloc
Catholique et monarchiste légitimiste, il siège à l'extrême droite<ref name=Bio/>. Après la mort du comte de Chambord (Modèle:Date-), qui ruine les espoirs de restauration, il décide de créer un parti catholique et social<ref name=Bio/>, à l'image du Zentrum allemand<ref name=Bio/>. Léon XIII, cependant, s'y oppose<ref name=Bio/> et il abandonne son projet<ref name=Bio/>. Il diffuse cependant ses idées en Europe en participant aux réunions de l'Union de Fribourg, créée en 1884 et qui réunit différents catholiques sociaux<ref name=Bio/>.
Pendant son activité parlementaire, quasiment ininterrompue de 1876 à 1902, il contribua à l'élaboration de presque toutes les lois sociales de la Troisième République, bien que voulant leur donner une tournure particulière.
Ainsi, lors des débats en Modèle:Date- sur la loi Waldeck-Rousseau de mars 1884 autorisant les syndicats, il fit l'apologie des corporations d'Ancien Régime, se plaçant à égale distance du « socialisme d'État » et du laissez-faire<ref name=Bio/>. Il proposait ainsi de créer des « syndicats mixtes », alliant patrons et syndicats afin de « réconcilier le capital et le travail »<ref name=Bio/>, et s'attirant ainsi des répliques cinglantes de Clemenceau<ref>Michel Winock, Clemenceau, éditions Perrin, 2007, Modèle:P.126.</ref>. Le Modèle:Date, il défend à la Chambre l'importance des réformes sociales dans une perspective conservatrice, critiquant la concurrence libérale et l'« avilissement » du travail « au rang d'une marchandise » dans un discours qui rappelle par moments le Manifeste du Parti communiste tout en poursuivant un but manifestement opposé : Modèle:Citation bloc
La loi Waldeck-Rousseau autorisa ces syndicats mixtes, mais leur refusa la faculté d'acquérir que défendait le comte de Mun, qui voulait qu'elles puissent avoir le droit de recevoir des dons et des legs et d'organiser des caisses contre le chômage, la pauvreté, la maladie et la vieillesse<ref name=Bio/>, sorte d'équivalent des sociétés de secours.
L'année suivante, il s'oppose toutefois avec Clemenceau aux aventures coloniales de Ferry et vote contre les crédits donnés à l'expédition du Tonkin<ref name=Bio/>. Cependant, il défendit l'expédition de Madagascar<ref name=Bio/>.
Une association est cependant fondée en 1885 et installée au siège de la Ligue de la Contre-Révolution datant de l'année précédente<ref>L'Histoire, spécial no 162, la droite 1789-1993, janvier 1993, Modèle:P..</ref>. Il s'oppose en Modèle:Date- à la désaffectation du Panthéon<ref name=Bio/>, puis, résolument, à la loi d'exil de juin 1886<ref name=Bio/>. En 1886, il fonde l'Association catholique de la jeunesse française (ACJF) : de Modèle:Nb à son premier congrès, à Angers, en 1887, elle passe à Modèle:Nb en 1914<ref name=Bio/>.
En 1887, il défend sans succès deux propositions de loi visant à protéger les paysans, l'une permettant de maintenir l'indivisibilité des exploitations agricoles, l'autre déclarant insaisissable les petites propriétés<ref name=Bio/>. Une telle proposition ne sera retenue qu'en Modèle:Date-, avec la loi sur le bien de famille insaisissable votée sous Clemenceau.
Il soutint l'aventure populiste du général Boulanger pour contrecarrer la « République bourgeoise » (discours de Romans d'Modèle:Date-<ref name=Bio/>), rencontrant le général à plusieurs reprises pourvu d'une barbe postiche pour ne pas être reconnu par les policiers<ref>Philippe Levillain, Boulanger, fossoyeur de la monarchie, 1982 Modèle:P. ; cité dans L'Histoire, spécial no 162, la droite 1789-1993, janvier 1993, Modèle:P..</ref>. Il vota d'ailleurs contre l'établissement de poursuites contre le général, qui fut finalement condamné par la Haute Cour de justice<ref name=Bio/>.
Après la crise boulangiste, il soutint l'Union pour la France chrétienne<ref name=Bio/>. En 1888, le comte défend un projet de réglementation du travail des femmes<ref name=Bio/> ainsi que le repos dominical<ref name=Bio/>. Le Modèle:Date, il réussit à défendre un amendement interdisant le travail des enfants en dessous de 13 ans<ref name=Bio/>. Il participe aussi aux réformes du droit du travail concernant les accidents professionnels, proposant de substituer à la théorie de la responsabilité délictuelle le principe du risque professionnel<ref name=Bio/>.
En 1890, il soutient la candidature d'Édouard Drumont au conseil municipal du [[7e arrondissement de Paris|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | VIIe{{#if:| }} }} arrondissement de Paris]], mais celui-ci ne parvient pas à se faire élire<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Ralliement de 1892
Finalement, il se rallia à la République dans le sillage des positions de Léon XIII et de la doctrine sociale de l'Église (encyclique Au milieu des sollicitudes de 1892). De Mun accepte de sacrifier ses convictions et de se séparer de beaucoup de ses amis, et déclare, le Modèle:Date, à Grenelle, au congrès de l'ACJF : Modèle:" Il défend alors l'arrêt de travail obligatoire et une indemnité pour les femmes enceintes<ref name=Bio/>.
Aux législatives de 1893, il est battu dans le Morbihan, les royalistes non ralliés préférant porter leur voix sur le candidat radical, Étienne Lamy<ref name="JMM">Jean-Marie Mayeur, Les Débuts de la {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | IIIe{{#if:| }} }} République, 1871-1898, éd. du Seuil, 1973, Modèle:P. sq.</ref>, qui l'emporte, avec Albert Le Clec'h<ref name=Bio/>, autre rallié, sur de Mun. Il participe toutefois, avec Jacques Piou, à la fondation de la Droite constitutionnelle, qui rassemble les catholiques ralliés mais n'obtient que 35 sièges<ref name=Bio/>. Il est cependant réélu lors d'une élection partielle, le Modèle:Date, à Morlaix<ref name=Bio/>, où il sera constamment réélu, en 1898, 1902 et 1904 sans concurrence ; en 1910 et 1914<ref name=Bio/>.
En Modèle:Date-, à l'occasion d'une intervention à la Chambre des députés de Jaurès, qui fait suite à des perquisitions opérées chez un « anarchiste » de retour des grèves de Carmaux en vertu des « lois scélérates », alors que Jaurès évoquait la manifestation des Invalides à laquelle avait participé, une dizaine d'années plus tôt, Albert de Mun (et qui avait fini en pillages de boulangeries), de Mun interrompt ainsi l'orateur : Modèle:Citation bloc
Antidreyfusisme et Action libérale populaire
Il est élu à l'Académie française au premier tour le Modèle:Date.
Lors de l'affaire Dreyfus, il fustige le « Syndicat » (juif) protégeant Alfred Dreyfus<ref name="W254">Michel Winock, Clemenceau, éditions Perrin, 2007, Modèle:P.251 et 254.</ref>. Le Modèle:Date, deux jours après la publication de J'accuse…! par Émile Zola, il s'élève à la Chambre des députés contre ce dernier et L'Aurore<ref name=W254/> : celle-ci vote, par 312 voix contre 122, les poursuites contre l'écrivain<ref name=W254/>.
Pendant l'affaire Dreyfus, il rejoint la Ligue de la patrie française, ligue anti-dreyfusarde modérée<ref>Jean-Pierre Rioux, Nationalisme et conservatisme. La Ligue de la patrie française, 1899-1904, Beauchesne, 1977</ref>,<ref>Ariane Chebel d'Appollonia, L'Extrême-droite en France, Modèle:P..</ref>. Il y côtoie les peintres Edgar Degas et Auguste Renoir, les poètes José-Maria de Heredia et Pierre Louÿs, le compositeur Vincent d'Indy, Jules Verne, etc.
En 1901, il fut avec Jacques Piou l'un des fondateurs d'Action libérale populaire, le parti politique des catholiques ralliés à la République. Ennemi sans concessions du gouvernement Waldeck-Rousseau et du [[Émile Combes|Modèle:"]], il s'oppose résolument à la loi de séparation des Églises et de l'État de 1905<ref name=Bio/>.
En 1909, Albert de Mun prit position contre l'Action française, en souhaitant publier un article dans le journal L'Univers, intitulé « Descendons dans la rue ». Malgré l'opposition d'un prêtre, le père Marie-Albert Janvier, proche de l'Action française, il maintint sa position et trouva un soutien en la personne du cardinal Amette.
Malade, il abandonne peu à peu les questions de politique intérieure à l'hémicycle, pour se consacrer à l'écriture d'articles dans Le Figaro, La Croix et Le Gaulois<ref name=Bio/>. Il siège cependant à la Commission des affaires étrangères<ref name=Bio/>, et défend le général Lyautey lors de la crise d'Agadir (1911)<ref name=Bio/>. Il défend la loi des trois ans (1913) et entre même à la Commission du budget pour y défendre son application, appuyant le projet d'un emprunt de Modèle:Nb de francs<ref name=Bio/>.
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, il fonde l'œuvre des aumôniers volontaires, obtient le Modèle:Date-, la reconnaissance des aumôniers militaires volontaires par le gouvernement Viviani et accompagne, à sa demande, Raymond Poincaré replié sur Bordeaux<ref name=Bio/>. Lors de la bataille de la Marne, il écrit : Modèle:Citation bloc
Il meurt d'une crise cardiaque le Modèle:Date à Bordeaux<ref name=Bio/>.
Mariage et descendance
Albert de Mun épouse le Modèle:Date- Simone d'Andlau (château de Voré, Rémalard, Orne, Modèle:Date- - Paris {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | VIIIe{{#if:| }} }}, Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web.</ref>), fille de Jean Richard Léonce, comte d'Andlau, conseiller-général de l'Orne, et d'Aline d'Orglandes. Par son père, elle était aussi une descendante du philosophe Claude-Adrien Helvétius. Dont quatre enfants :
- Bertrand de Mun, officier de cavalerie, capitaine d'état-major, chevalier de la Légion d'honneur, député de la Marne (Versailles, Modèle:Date- - Paris {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | VIIIe{{#if:| }} }}, Modèle:Date-), marié en 1897 avec Marcelle Werlé, dont postérité.
- Henri de Mun (Villerville, Modèle:Date- - Paris {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XVIe{{#if:| }} }}, Modèle:Date-), marié en 1901 avec Annie Perquer, dont postérité.
- Marguerite-Marie de Mun (Paris {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | VIIIe{{#if:| }} }} Modèle:Date- - Paris {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XVIe{{#if:| }} }}, Modèle:Date-), mariée en 1902 (divorce en 1923) avec Jean Hennessy, député de la Charente, ambassadeur de France, (1874-1944), dont postérité.
- Fernand de Mun (château de Voré, Rémalard, Modèle:Date- - Pornic, Modèle:Date-), marié en 1907 avec Anne de Bourqueney, dont postérité.
Mandats parlementaires
Témoignage
La cousine d'Albert de Mun, Élisabeth de Gramont, duchesse de Clermont-Tonnerre, consacre plusieurs pages de ses Souvenirs<ref>Au Temps des équipages, Grasset, 1928.</ref> à Albert de Mun ; le frère de ce dernier, Robert de Mun, avait d'ailleurs épousé la tante de la duchesse, Jeanne de Gramont. Modèle:Citation bloc
Hommages
Un buste d'Albert de Mun ornait auparavant la salle des Quatre-Colonnes du palais Bourbon, faisant pendant à celui de Jean Jaurès. Ces deux personnages représentaient la parité politique au sein de l'institution. Toutefois, le buste du comte a été remplacé en 2016 par un buste d'Olympe de Gouges. Le buste d'Albert de Mun est maintenant dans le salon Abel de Pujol, salon utilisé traditionnellement plus spécialement par les députés de droite, toujours au palais Bourbon.
Plusieurs lycées catholiques portent aujourd'hui son nom, dont les lycées privés sous contrat Albert-de-Mun à Nogent-sur-Marne (le lycée Albert-de-Mun), dans le Val-de-Marne, et celui dans le [[7e arrondissement de Paris|Modèle:7e de Paris]], 2 rue d'Olivet<ref>Modèle:Lien web.</ref>, ainsi que l'école primaire publique Albert-de-Mun à Rennes et Modèle:Refnec.
Le nom d'Albert de Mun a aussi été donné à :
- une avenue à Paris,
- diverses rues en France (Rennes, Bordeaux, Saint-Nazaire, Brest).
Distinctions
- Modèle:Déco Chevalier de la Légion d'honneur (31 mai 1871)<ref>Modèle:Lien web</ref>
Principales publications
- Discours [et écrits divers] (7 volumes, 1888-1904)
- La Loi des suspects : lettres adressées à M. Waldeck-Rousseau, président du conseil des ministres (1900)<ref>Texte en ligne.</ref>
- Contre la séparation (2 volumes, 1905)<ref>Texte en ligne 1 et 2.</ref>
- Ma vocation sociale : souvenirs de la fondation de l'Œuvre des cercles catholiques d'ouvriers, 1871-1875 (1908)<ref>Texte en ligne.</ref>
- Les Dernières heures du drapeau blanc (1910)
- Combats d'hier et d'aujourd'hui (6 volumes, 1911)
- Pour la Patrie, Émile-Paul Frères (1912)
- L'Heure décisive (1913)
- La Guerre de 1914, derniers articles d'Albert de Mun (Modèle:Date--Modèle:Date-) (1914)
Notes et références
Sources
- Les papiers personnels d'Albert de Mun sont conservés aux Archives nationales de France, site de Pierrefitte-sur-Seine, sous la cote 378AP : Inventaire du fonds.
Références
Annexes
Bibliographie
- Edward Montier, A L'école d'Albert de Mun, 1945
- Jacques Prévotat, Les Catholiques et l'Action française, Fayard, Modèle:Coll, préface de René Rémond, 2001 Modèle:ISBN
- Gérard Cholvy, Christianisme et société en France au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. 1790-1914, Modèle:Coll
- Philippe Levillain, Albert de Mun. Catholicisme français et catholicisme romain, du Syllabus au Ralliement, Rome, École française de Rome, 1983, 1070 p.
- Modèle:DicoParlement1889
- Robert Garric, Albert de Mun, Flammarion, 1934, 248 p.
- Modèle:Ouvrage