Jean de Brienne

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Politicien

Jean de Brienne (Modèle:Circa Modèle:Date de naissance - Modèle:Date de décès), également connu sous le nom de Modèle:Noble-, est roi de Jérusalem de Modèle:Date à Modèle:Date et empereur latin de Constantinople de Modèle:Date à Modèle:Date. Il est le plus jeune fils d'Modèle:Noble, un riche noble de Champagne. Jean, initialement destiné à une carrière ecclésiastique, devient chevalier et possède de petits domaines en Champagne vers Modèle:Date. Après la mort de son frère, Modèle:Noble, il gouverne le comté de Brienne au nom de son neveu mineur Modèle:Noble (qui vit en Italie du Sud).

En 1208, les barons du royaume de Jérusalem proposent à Jean d'épouser leur reine, Marie de Montferrat. Avec le consentement de Modèle:Noble et du pape Modèle:Noble , il quitte la France pour la Terre sainte où il épouse la reine et est couronné avec elle en Modèle:Date. Après la mort de Marie en Modèle:Date, Jean administre le royaume en tant que régent pour leur fille en bas âge, Modèle:Noble, lorsqu'un seigneur influent, Jean d'Ibelin, tente sans succès de le déposer. Modèle:Noble- devient ensuite un chef de file de la cinquième croisade lancée en 1217. Bien que sa prétention au commandement suprême de l'armée croisée n'ait jamais été unanimement acceptée, son droit de régner sur Damiette (en Égypte) est confirmé peu après la chute de la ville aux mains des croisés en Modèle:Date. Il revendique également le royaume arménien de Cilicie au nom de sa seconde épouse, Stéphanie d'Arménie, en Modèle:Date. Après la mort de Stéphanie et de leur fils en bas âge cette année-là, Jean retourne en Égypte. La cinquième croisade se solde finalement par un échec (avec notamment la perte de Damiette) en Modèle:Date.

Jean de Brienne est le premier roi de Jérusalem à se rendre en Europe (Italie, France, Angleterre, León, Castille et Allemagne) pour demander de l'aide pour la Terre Sainte. Il donne sa fille en mariage à l'Empereur du Saint-Empire Modèle:Noble en Modèle:Date, mais les deux hommes se brouillent rapidement, et Frédéric évince Jean du trône de Jérusalem. L'ancien roi passe alors au service du pape en administrant ses domaines en Toscane, en devenant le podestat de Pérouse et en commandant l'armée de Modèle:Noble contre Modèle:Noble en Modèle:Date et Modèle:Date.

Jean de Brienne retrouve une fonction prestigieuse en 1231 lorsqu'il est couronné empereur latin de Constantinople. La mort de Robert de Courtenay en janvier 1228 avait en effet mis sur le trône Modèle:Noble, alors âgé de seulement Modèle:Nombre. Les barons songent d'abord à confier la régence à Modèle:Noble, tzar des Bulgares, mais changent d'avis par crainte de ce dernier, pour porter leur choix sur Jean de Brienne, qui accepte, mais à condition d'être associé au trône, d'où son couronnement en Modèle:Date. Lors de son court règne, Jean de Brienne est assailli de toutes parts par le Second Empire bulgare et par l'Empire de Nicée, auxquels il résiste lors du siège de Constantinople en Modèle:Date. Tout à la fin de sa vie, il entre dans l'ordre franciscain avant de mourir en mars Modèle:Date.

Jeunesse

Origines familiales

Fichier:Map France 1180-fr.svg
Le royaume de France en Modèle:Date.

Au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, le comté de Brienne forme un ensemble plus ou moins homogène au cœur de la Champagne, à l'est de TroyesModèle:Sfn. Ce territoire centré sur la ville-château du même nomModèle:Sfn (actuellement Brienne-le-Château), bénéficie d'une situation favorable, du fait de la proximité avec l'ancienne voie romaine de Châlons à Langres, l'une des principales routes commerciales champenoisesModèle:Sfn.

La maison de Brienne, fondée par Modèle:Noble au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, gouverne le comté depuis la même époque sans discontinuerModèle:Sfn. Bien que de moindre importance que d'autres familles de la même région, la maison de Brienne appartient donc de longue date à l'aristocratie champenoiseModèle:Sfn.

Au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, les comtes de Brienne deviennent vassaux des comtes de Champagne, dont ils reconnaissent sans trop de problème la domination dans la régionModèle:Sfn. Malgré cette soumission, les comtes de Brienne conservent une relative indépendance. Ainsi, lorsque Modèle:Noble quitte ses terres en même temps que Modèle:Noble pour participer à la troisième croisade, il le fait sous sa propre bannière, et en cheminant devant son suzerainModèle:Sfn.

Les rares conflits auxquels prennent part les comtes de Brienne les opposent surtout à des établissements religieuxModèle:Sfn. Dans les années 1080, Modèle:Noble est par exemple excommunié à la suite d'un conflit l'opposant à l'abbaye de Montier-en-Der<ref>Modèle:Article.</ref>. Modèle:Noble, quant à lui, s'oppose à plusieurs monastères champenois, ce qui nécessite l'intervention de la papautéModèle:Sfn.

Ces conflits avec des établissements monastiques n'empêchent pas la maison de Brienne d'acquérir une certaine renommée au cours du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle avec ce que Guy Perry qualifie de Modèle:CitationModèle:Sfn. Modèle:Noble participe à la première croisade avant de se rendre en Terre Sainte en Modèle:Date, Modèle:Noble participe à la seconde, tandis que le fils de ce dernier, Modèle:Noble, participe à la seconde en tant que jeune homme puis à la troisième en tant que seigneur (il trouve d'ailleurs la mort sous les murs de Saint-Jean-d'Acre en Modèle:Date)Modèle:Sfn.

Récits d'un ménestrel de Reims

La jeunesse de Jean de Brienne est globalement méconnue, dans la mesure où il n'est que le benjamin de sa famille. Ainsi, il n'est jamais cité dans les actes de son père, contrairement à ses frèresModèle:Sfn. Une source, cependant, permet de connaître partiellement ses premières années : un texte globalement peu fiableModèle:Sfn écrit à Reims vers Modèle:Date<ref name=":0">Modèle:Article.</ref>,Modèle:Sfn, supposément par un ménestrelModèle:Sfn, et publié en 1878 par Natalis de Wailly sous le titre de Récits d'un ménestrel de Reims au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècleModèle:Sfn.

Selon ce récit, le père de Jean, le comte GauthierModèle:Note, souhaite que le garçon devienne clerc, contre la volonté de son fils. Le jeune homme s'enfuit donc pour trouver refuge à l'abbaye de Clairvaux auprès d'un oncle maternelModèle:Sfn. Là, il est enlevé par des chevaliers, qui, frappés par sa noble allure, entendent en faire l'un des leursModèle:Sfn. Après être entré au service du seigneur de ChâteauvillainModèle:Sfn, Jean se distingue lors de tournois. Son père refuse toutefois de lui donner des terres, ce qui lui vaut le sobriquet de Modèle:Citation. C'est finalement l'écho de ses prouesses chevaleresques qui aurait valu à Jean de Brienne de devenir roi de Jérusalem en Modèle:Date et d'être couronné à BeyrouthModèle:Sfn.

Les historiens modernes accordent peu de foi à ce récitModèle:Sfn, entaché de nombreuses erreurs<ref name=":0" />. Le nom du père du personnage principal ainsi que son homonymie avec le véritable Jean sans Terre sont les plus frappantesModèle:Sfn. De plus, Jean n'avait pas d'oncle maternel à Clairvaux, n'a jamais servi les seigneurs de Châteauvillain et n'a pas été couronné à BeyrouthModèle:Sfn. Malgré tout, Guy Perry concède que les Récits d'un ménestrel de Reims ne sont pas une totale invention : Jean de Brienne a bien un oncle (paternel cependant) qui est dignitaire ecclésiastiqueModèle:Sfn, est effectivement devenu un chevalier renommé dans les tournois champenoisModèle:Sfn et est véritablement très proche des seigneurs de ChâteauvillainModèle:Sfn. La jeunesse de Jean de Brienne peut donc être en partie extrapolée à partir de cette sourceModèle:Sfn.

Naissance et formation culturelle

La naissance de Jean de Brienne a parfois été placée en 1148<ref>Modèle:Lien web.</ref>, mais James Michael Buckley a toutefois démontré en 1957 qu'une telle datation était impossible, à cause de tous les problèmes qu'elle soulevaitModèle:Note,Modèle:Sfn. Cette erreur repose sur le témoignage de Georges Acropolite, un historien byzantin qui rencontre Jean de Brienne à la cour de Constantinople en 1231 et le décrit comme âgé Modèle:CitationModèle:Sfn,Modèle:Sfn. George Acropolite n'a cependant que Modèle:Nombre lorsqu'il voit Jean de Brienne, d'où son erreur de presque une génération qu'il est d'ailleurs le seul à commettre parmi ses contemporainsModèle:Sfn. En se basant sur les travaux de James Buckley, les historiens actuels, Guy Perry en tête, placent plutôt la naissance de Jean de Brienne aux alentours de 1170-1175Modèle:Sfn,Modèle:Sfn, étant donné la date du mariage de ses parents (1166Modèle:Sfn) et les dates de naissances de ses frères aînés (estimées aux alentours de la fin des années 1160Modèle:Sfn,Modèle:Sfn).

Jean de Brienne est donc le dernier fils du comte Modèle:Noble et d'Agnès de Montfaucon.Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Il a trois frères aînés : Gautier, Guillaume et André, ainsi qu'une sœur cadette, IdaModèle:Sfn. Comme c'est couramment le cas dans les familles nobles de l'époque, Modèle:Noble destine son dernier fils à une carrière ecclésiastique et l'envoie dans un monastèreModèle:Sfn. Même si son parcours n'est pas connu, Jean n'y reste pas assez longtemps pour prononcer ses vœuxModèle:Sfn, et, au plus tard au milieu des années 1190Modèle:Sfn, il est de retour à la cour de Brienne, peut-être à la faveur de la mort son père, survenue en 1191 en Terre sainte au cours de la troisième croisadeModèle:Sfn. Le comté de Brienne passe à cette occasion à Modèle:Noble. Jean est mentionné pour la première fois dans une charte de 1192 (ou 1194) émise par son frère, ce qui semble indiquer qu'il est alors présent à sa courModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

De son passage dans un monastère, Jean de Brienne garde au cours de sa vie un certain goût pour la poésie, qui est alors un passe-temps en vogue dans la noblesse champenoise, comme le montre l'exemple du comte de Champagne Modèle:Noble, surnommé Modèle:CitationModèle:Sfn. Quelques chansons en français écrites par Jean sont éditées au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> ainsi qu'un poème en italien écrit vers 1220 et intitulé Donna, audite como<ref>Modèle:Lien web.</ref>, qui est à la fois une preuve de sa maîtrise de cette langue et l'un des premiers exemples de littérature en italien, avec le Cantique des créatures, de François d'AssiseModèle:Sfn.

Premières expériences guerrières

Lorsqu'il commence à apparaître dans les actes de son frère, Jean de Brienne n'a rien du noble déshérité décrit dans les Récits d'un ménestrel de ReimsModèle:Sfn. En tant que frère du comte de Brienne, il fait partie de la haute aristocratie champenoise et est lui-même le seigneur de plusieurs terres : Trannes, Jessains, Onjon, Pel et DerModèle:Sfn. C'est également à cette époque que Jean affirme ses compétences martiales, notamment au travers de tournois dans lesquels il se fait remarquerModèle:Sfn. Il semble d'ailleurs bénéficier de prédispositions naturelles à la chevalerie, puisque lorsqu'ils le verront plus tard dans sa vie, les chroniqueurs Salimbene de Adam et Georges Acropolite seront frappés par sa grande taille et sa force, deux caractéristiques qui font que Jean de Brienne était décrit comme beauModèle:Sfn.

Le véritable baptême du feu de Jean intervint en 1196 contre Modèle:Noble, cousin des rois de France, comte de Nevers, d'Auxerre et de Tonnerre. À court d'argent, ce turbulent seigneur avait entrepris de piller ses vassaux pour se renflouer<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Guillaume de Brienne, frère de Modèle:Noble- et seigneur de Pacy-sur-Armançon, dont les terres relèvent de la suzeraineté de Courtenay, refuse de le laisser faire et entre en rébellion. Le comte de Brienne lève une armée pour aller aider Guillaume, et Jean prend part à la campagne. La fratrie ravage la vallée de la Cure, assiège sans succès Vézelay<ref name=":1">Modèle:Ouvrage.</ref> puis brûle une poignée de villages avoisinants<ref name=":1" />, ce qui pousse Modèle:Noble à renoncer à ses ambitionsModèle:Sfn.

Régent de Brienne

Régence de Modèle:Noble-

Modèle:Voir

Gravure en noir et blanc montrant Gautier III en armure et à cheval, sur sa main droite est perché un faucon
Sceau de Modèle:Noble-, comte de Brienne.

Jean de Brienne émerge réellement sur la scène politique tout au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, lorsque son frère délaisse le comté de Brienne pour porter plus loin ses ambitionsModèle:Sfn. En effet, Gautier épouse en 1200 Elvire de Lecce, fille du roi Tancrède de Sicile et de Sibylle d'Acerra. Cette dernière vient alors de s'échapper de Sicile, conquise par l'empereur Modèle:Noble en 1194 à la suite de la mort de Tancrède<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Sibylle d'Acerra trouve le soutien de Philippe-Auguste, qui offre son appui à qui voudra aider Sibylle et sa fille Elvire. C'est finalement Modèle:Noble- qui épouse en Modèle:Date Elvire de Lecce et hérite donc de ses prétentions sur le royaume de Sicile<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Dans la foulée, Gautier quitte la Champagne pour Rome, et laisse l'administration du comté de Brienne à son frère JeanModèle:Note. Gautier ne revient sur ses terres que brièvement à l'été 1200 avant de repartir combattre en Italie, où il va mourir en Modèle:Date, après avoir été capturé par Diépold d'AcerraModèle:Sfn.

Peu de choses sont connues sur l'activité de Jean de Brienne entre Modèle:Date et Modèle:DateModèle:Sfn. En 1201, il reçoit de la part de Modèle:Noble des terres dans les environs de Mâcon et LongsolsModèle:Sfn, qui deviennent par la suite des enjeux de litiges avec la régente de Champagne, Blanche de Navarre, qui estime que ces domaines relevaient de son douaire et étaient donc inaliénablesModèle:Sfn. Le conflit est réglé par une charte qui stipule que Blanche verse Modèle:Unité à Jean pour reprendre possession des terresModèle:Sfn. À cette occasion, plusieurs nobles champenois comme Gaucher de Joigny et Simon de Joinville se portent garants de JeanModèle:Sfn. Plus tard, ce dernier sera à son tour garant pour un seigneur de Broyes, ce qui atteste son appartenance à l'élite aristocratique champenoiseModèle:Sfn.

Comte-régent de Brienne

La mort de Modèle:Noble- en Modèle:Date- permet à Jean d'exploiter la situation ambigüe dans laquelle il se trouve, puisqu'il devient à ce moment le dernier survivant de sa fratrie et l'aîné de la maison de BrienneModèle:Sfn. Modèle:Noble- laisse cependant derrière lui un fils posthume, également nommé Gautier, qui est donc en théorie à la fois héritier du comté de Brienne par son père et du royaume de Sicile par sa mèreModèle:Sfn. Mais la mort de son mari prive Elvire de Lecce de l'appui nécessaire pour faire valoir ses prétentions siciliennes, aussi se remarie t-elle assez rapidement à Giacomo di Sanseverino, Modèle:Lien pour pouvoir continuer son activité en ItalieModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Le futur Modèle:Noble- restant auprès de sa mère, Jean reste quant à lui à la tête du comté de Brienne pour en assurer la régenceModèle:Sfn. En apparence, rien ne change pour lui avec la mort de son frère. Cependant, sans que cela ne semble causer de problèmesModèle:Sfn, il accapare le titre de comte de Brienne et s'intitule comme tel dans les chartes qu'il émetModèle:Sfn. Cette pratique, qui aurait été qualifiée d'usurpation dans d'autres régions du royaume de France, n'était pas inédite dans le comté de Champagne<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Portrait en couleur d'une femme, issu d'une enluminure médiévale
Représentation de Blanche de Navarre dans le Liber Genealogiae Regum Hispaniae d'Alphonse de Carthagène, Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle.

L'une des premières actions de Jean en tant que comte est de couper ses relations avec Elvire de Lecce et son fils pour se recentrer exclusivement sur le comté de Brienne, alors qu'il avait soutenu (financièrement notamment) les actions de son frèreModèle:Sfn. Guy Perry voit là l'une des premières preuves de la prudence qui caractérisera la politique de Jean de Brienne lorsqu'il deviendra roi de JérusalemModèle:Sfn. Une fois libéré des troubles siciliens, Jean peut se concentrer sur les troubles champenois. En effet, la succession du jeune Modèle:Noble suscite à ce moment des tensions dans le comté : l'enfant descend d'une branche cadette de la maison des comtes de Champagne par son père Modèle:Noble-, tandis que les deux filles d'Modèle:Noble- présentent l'avantage de descendre de la branche aînée, même si elles sont en Terre sainte, et pas en ChampagneModèle:Sfn. La régente, Blanche de Navarre, trouve alors en Jean de Brienne un appui de poids dans la consolidation de son contrôle sur le comté, tandis qu'elle confirme le comte-régent dans sa fonctionModèle:Sfn.

Dès Modèle:Date-, Jean est à la cour de la régente, et en Modèle:Date-, il est présent lorsque le roi de France accorde un sursis à la Champagne en déclarant qu'il est de coutume en France que l'héritage paternel d'une personne ne puisse être contesté avant qu'elle n'ait atteint l'âge de la majoritéModèle:Sfn. En outre, à peu près à la même époque, Jean et le comte Guillaume de Joigny assistent à la prestation d'un serment de loyauté envers Blanche de la part d'un troisième comte, Guillaume de SancerreModèle:Sfn.

En dehors de leur solidarité réciproque pour se maintenir dans leurs titres respectifs, la proximité entre Jean de Brienne et Blanche de Navarre a été l'objet de questions chez les historiensModèle:Sfn. Dès le Moyen Âge, une continuation de la chronique d'Ernoul tente d'expliquer le départ de Jean pour la Terre sainte par l'inimitié du roi de France : ce dernier aimerait Blanche, tandis qu'elle aimerait JeanModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Guy Perry accorde peu de crédit à cette idée, d'autant plus que Jean n'apparaît pas souvent dans les chartes de la régente de Champagne, dont il n'est probablement pas l'un des plus proches soutiensModèle:Sfn.

Roi de Jérusalem

Accession au trône

Fichier:Map Crusader states 1197-fr2.svg
Les États latins d'Orient en 1196-1205.

Le véritable tournant de la vie de Jean de Brienne intervient en 1210 lorsqu'il est couronné roi de Jérusalem, au terme d'un processus mal connuModèle:Note,Modèle:Sfn.

Le royaume de Jérusalem est alors une mince bande côtière, dominée par les ports jumeaux d'Acre et de Tyr, mais sans la ville sainte elle-même, reprise par Saladin en Modèle:Date-Modèle:Sfn. Après l'assassinat de Conrad de Montferrat en Modèle:Date-, le royaume passe entre les mains de Modèle:Noble et d'Modèle:Noble au gré des mariages successifs de la reine titulaire, Isabelle de JérusalemModèle:Sfn. Cependant, la mort de cette dernière et de son mari en Modèle:Date- place sur le trône sa fille, Marie de Montferrat, alors âgée de seulement Modèle:Nobr. La régence est assurée par Jean d'IbelinModèle:Sfn. Un premier projet de mariage est prévu pour le Modèle:Date- entre Marie et Modèle:Noble, qui est censé pouvoir apporter l'aide militaire dont le royaume a besoinModèle:Sfn. L'implication du pape Modèle:Noble ralentit toutefois tellement le processus que le roi d'Aragon abandonne le projetModèle:Sfn.

Après ce premier échec, la désignation de Jean de Brienne pour épouser Marie de Monteferrat est le résultat de calculs politiques de la part de Blanche de NavarreModèle:Sfn. C'est en effet dans le royaume de Jérusalem que vivent les deux filles de l'ancien comte de Champagne Modèle:Noble-, qui présentent toujours un risque pour la succession du fils de Blanche, ThibautModèle:Sfn. La régente de Champagne noue donc un réseau de fidélité en Orient latin tout au long des années 1200 en essayant d'organiser le mariage des deux jeunes filles à des figures croisées, afin de les détourner de leurs prétentions champenoisesModèle:Sfn. De plus, Jean bénéficie au Levant de la fidélité de son oncle, Gautier de Montbéliard, qui est alors connétable du royaume après avoir servi dans les campagnes militaires de Modèle:Noble en Italie et été régent du royaume de ChypreModèle:Sfn.

À la recherche d'un roi et influencés par le réseau de Blanche de Navarre et la présence de Gautier de Montbéliard, les barons du royaume entament au début de l'année 1208 de longues négociations avec le comte-régent de BrienneModèle:Sfn, qui reçoit l'appui du roi de France Philippe-Auguste (voyant peut-être là un moyen de se débarrasser d'un seigneur qu'il n'apprécie pasModèle:Sfn) et du pape Modèle:NobleModèle:Sfn. Ils offrent en plus Modèle:Unité chacun à Jean pour financer son projetModèle:Sfn. Cet argent est un atout certain, mais Jean peine à mobiliser des troupes pour sa cause en raison de la croisade des Albigeois, qui accapare beaucoup d'hommesModèle:Sfn. C'est finalement avec Modèle:Unité qu'il embarque à destination de la Terre sainte à l'été 1210. Le mariage entre Jean, la quarantaine, et Marie de Montferrat, âgée alors de Modèle:Nombre, est célébré le Modèle:Date et le couple est couronné le Modèle:Date- dans la cathédrale de TyrModèle:Sfn.

Difficile début de règne

Photos couleur de deux faces d'une pièce de monnaie, dont l'une montre le portrait de face d'un homme.
Monnaie émise par Al-Adel, alors gouverneur de Mésopotamie, en Modèle:Date ou Modèle:Date.

Les espoirs que suscitent l'accession au trône de Jean de Brienne sont nombreux. Depuis la perte de Jérusalem en Modèle:Date-, le royaume est dépouillé de sa raison d'être originelle. La troisième croisade (Modèle:Date--Modèle:Date-) n'a permis que la reconquête d'une fine bande côtière dominée par Acre et Tyr, tandis que l'arrière-pays et Jérusalem restent aux mains du sultan de Damas Al-Adel, frère et successeur de SaladinModèle:Sfn. L'arrivée de Jean coïncide d'ailleurs avec l'expiration d'une trêve conclue entre Al-Adel et Modèle:Noble en Modèle:Date-Modèle:Sfn. En Modèle:Date-, alors que le sultan propose le renouvellement de cette trêve, le Grand Maître du Temple, Philippe du Plaissis, use de son influence pour le faire rejeter en prétextant que le futur roi de Jérusalem ne doit avoir les mains liées par aucune trêveModèle:Sfn,Modèle:Sfn. L'arrivée d'un roi soutenu par le pape, le roi de France et la régente de Champagne engendre donc une forte attente dans l'Orient latinModèle:Sfn.

Dès son couronnement, Jean de Brienne mène une politique active qui lui vaut une certaine popularitéModèle:Sfn. Il sait se concilier les ordres militaires et conclut une nouvelle trêve de cinq ans avec Al-Adil prenant effet en Modèle:Date-Modèle:Sfn. Parallèlement, il échange avec la papauté pour demander une nouvelle croisade au terme de cette trêveModèle:Sfn et autorise certains de ses vassaux à participer à une expédition vers Damiette avec les TempliersModèle:Sfn. Cependant, à peine deux ans après son mariage, Marie de Montferrat meurt peu de temps après avoir donné naissance à une fille prénommée IsabelleModèle:Sfn. Cela déclenche un conflit juridique lorsque Jean d'Ibelin (qui administrait Jérusalem avant le couronnement de Jean) met en doute le droit du veuf à régnerModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Jean envoie Raoul de Mérencourt, évêque de Sion, à Rome pour obtenir l'aide du Saint-SiègeModèle:Sfn. Le pape Innocent le confirme comme souverain légitime au début de l'année Modèle:Date- et exhorte les prélats à le soutenir, usant si nécessaire de sanctions pour faire respecter la volonté papale. La plupart des seigneurs de Jérusalem restent fidèles au roi en reconnaissant son droit d'administrer le royaume au nom de sa fille en bas âgeModèle:Sfn. Jean d'Ibelin finit par quitter la Terre Sainte pour s'installer à Chypre.Modèle:Sfn. En Modèle:Date-, Jean se remarie avec Stéphanie d'Arménie, par qui il obtient des revendications sur le royaume arménien de CilicieModèle:Sfn. Jean sait cependant que ses jours sur le trône de Jérusalem sont comptés : la mort de Marie de Montferrat a mis un terme définitif à son ambition de fonder une dynastie de roi de Jérusalem, et il perdra le pouvoir lorsque sa fille atteindra sa majoritéModèle:Sfn.

Malgré les relatifs succès de son début de règne et l'affermissement de sa position, Jean de Brienne est confronté à de nombreuses difficultés dans son nouveau royaume. Ce dernier est d'abord frappé dans les années 1210 par une série de mauvaises récoltes qui plombent son économie, déjà fragilisée par l'emprise presque hégémonique des marchands vénitiens à Acre et à TyrModèle:Sfn. De plus, la popularité du nouveau roi s'érode rapidement, au fur et à mesure de la mort de ses premiers conseillersModèle:Sfn, comme Gautier de Montbéliard, mort en Modèle:Date-, mais aussi lorsque l'espoir d'une croisade menée rapidement pour reprendre les terres perdues en 1187 disparaît avec la trêve conclue avec Al-AdelModèle:Sfn,Modèle:Sfn. La tentative de Jean d'Ibelin pour déchoir Jean de son trône illustre cette baisse de popularitéModèle:Sfn.

La mise en route de la cinquième croisade en Modèle:Date- vient finalement faire oublier la plupart de ces difficultésModèle:Sfn.

Cinquième croisade

Lancée officiellement en Modèle:Date- par le pape Modèle:Noble, la cinquième croisade ne s'élance réellement qu'après de longues tergiversations en raison des difficultés internes rencontrées par les différents souverains de l'Occident chrétienModèle:Sfn. Les croisés n'arrivent en Terre sainte qu'à l'automne 1217, après de nombreuses difficultés logistiques dans les ports d'Italie et de DalmatieModèle:Sfn. Les principaux souverains qui gagnent le royaume de Jean de Brienne sont le roi Modèle:Noble et le duc Modèle:Noble ainsi qu'Hugues de Chypre (avec qui Jean de Brienne est en très mauvais termes depuis des années) et Modèle:Noble. À eux cinq, les souverains ne réunissent qu'une fraction de leurs troupes de départ, puisque le manque de navires a laissé en Europe une partie des armées croiséesModèle:Sfn. Malgré tout, les chrétiens disposent d'une force jamais vue en Terre sainte depuis la troisième croisadeModèle:Sfn. La question de la conduite de cette armée hétéroclite reste cependant en suspens, puisque chaque armée entend être commandée par son suzerain, tandis que Jean de Brienne se considère comme le meneur naturel de cette croisade engagée pour la reconquête de son royaume, et que les ordres militaires entendent obéir avant tout à leurs chefsModèle:Sfn. L'expérience des troupes du royaume de Jérusalem sur leurs propres terres, ainsi que les capacités de leur roi conduisent toutefois Jean de Brienne à être la figure dominante des croisésModèle:Sfn. Cependant, la désorganisation liée au manque de ravitaillement en raison des mauvaises récoltes et le caractère hétéroclite des armées présentes rendent ce contrôle tout relatifModèle:Sfn.

Modèle:Images

L'objectif de la cinquième croisade était clair : reconquérir le territoire perdu par le royaume de Jérusalem, surtout la ville sainte elle-même. Cependant, le moyen de remplir cet objectif est un point de discorde majeurModèle:Sfn. Le Modèle:Noble avait entériné l'idée de conquérir l’Égypte pour ensuite monnayer ces conquêtes contre la restitution des terres du royaume de Jérusalem, mais les nécessités matérielles de l'armée obligent les croisés à revoir ces plansModèle:Sfn. Leur premier objectif est alors de trouver de quoi nourrir leurs troupesModèle:Sfn.

Opérations en Terre sainte

Le Modèle:Date-, les croisés partent d'Acre et remontent la plaine d'Esdraelon. Al-Adel, surpris par l'offensive soudaine des chrétiens, se retire à Ajlun, prêt à intercepter toute attaque sur Damas et laisse à son fils Malik al-Mu'azzam Musa le soin de défendre JérusalemModèle:Sfn. Les chrétiens prennent ainsi rapidement Beït Shéan, qu'ils saccagentModèle:Sfn. Après cette première prise, les croisés peuvent se déplacer librement, sans crainte d'être inquiétés par Al-Adel. Ils en profitent pour se rendre à Capharnaüm et se baigner dans le Jourdain tout en cherchant des reliques à ramener en OccidentModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Fichier:Mount Tabor4.jpg
Vue sur la vallée de Jezreel et le mont Thabor.

Jean de Brienne est cependant déçu de ces opérations limitées, et cherche à recentrer la croisade sur son objectif initial, qui avait aussi été son casus belli, à savoir la prise du mont Thabor, dont la fortification par les musulmans avait été le prétexte à l'appel de la croisade par Modèle:NobleModèle:Sfn. Les problèmes de commandement de la croisade éclatent au grand jour lorsque Modèle:Noble et Hugues de Chypre refusent de le suivre dans son entrepriseModèle:Sfn. Jean n'attend pas les ordres militaires et lance une attaque infructueuse sur le fort le 3 décembreModèle:Sfn. Deux jours plus tard et avec l'aide des ordres militaires, une nouvelle attaque est lancée sans plus de succès, ce qui contraint les croisés à se retirer à AcreModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Olivier de Paderborn, clerc très au fait des techniques de siègesModèle:Note loue les tactiques employées par Jean de Brienne mais regrette son abandon rapide de l'attaque, que Jacques de Vitry attribue à un manque de machines à même de prendre la forteresseModèle:Sfn.

Le début de l'année 1218 voit deux figures majeures de la croisade quitter les opérations, lorsque Hugues de Chypre meurt le 10 janvier en laissant son royaume à un enfant de Modèle:Unité et qu'Modèle:Noble rentre dans son royaume avec ses reliques, considérant avoir rempli son sermentModèle:Sfn. Jean de Brienne ne dispose alors plus que de l'appui des ordres militaires et de Modèle:Noble, en proie à des difficultés financièresModèle:Sfn. Cependant, des croisés frisons et français retenus en Europe par le manque de navires commencent à arriver en Modèle:Date-Modèle:Sfn. Dans l'intervalle, Jean fait fortifier Césarée et édifier Château PèlerinModèle:Sfn, l'une des plus grandes forteresses templières en Terre sainte, tandis qu'Al-Adel fait démanteler la forteresse du mont Thabor, jugée trop vulnérable et difficile à tenirModèle:Sfn.

Avec l'arrivée de renforts, les objectifs de la croisade sont redéfinis par un conseil convoqué par Jean : comme le préconisait le concile de Latran en Modèle:Date-, les croisés vont tenter de s'emparer du delta du Nil, en espérant échanger un port comme Damiette ou Alexandrie contre JérusalemModèle:Sfn. Les objectifs sont multiples : priver les Ayyoubides de leur province la plus riche, les empêcher de déployer des flottes en Méditerranée orientale et rendre Jérusalem indéfendable en la plaçant à la merci d'une prise en tenaille entre Acre et l’ÉgypteModèle:Sfn. Contrairement aux débuts de la croisade, la question du commandement ne se pose plus, puisque Jean de Brienne est le seul roi présentModèle:Sfn. Cependant, il ne dirige que les aspects militaires, laissant les aspects politiques et financiers au légat pontifical Pélage Galvani, ce qui va amener de nombreux conflits entre les deux hommesModèle:Sfn.

Siège de Damiette

Modèle:Voir

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Le delta oriental du Nil.

Le Modèle:Date-, l'armée croisée s'embarque à destination de l’Égypte, tenue en vice-royauté par Al-Kâmil, fils d'Al-AdelModèle:Sfn. Une avant-garde sous le commandement de Modèle:Lien prend pied devant Damiette le 29, bientôt rejointe par le reste de l'armée menée par Jean de BrienneModèle:Sfn. En réponse, Al-Adel lève une armée en Syrie, tandis que le vice-roi d’Égypte dispose ses troupes dans un camp fortifié, au sud de DamietteModèle:Sfn. La ville est importante d'un point de vue stratégique car, depuis une tour située sur une petite île, il est possible de bloquer le seul bras navigable du Nil avec une lourde chaîneModèle:Sfn. Le premier assaut sur la tour, tenté en juin, se solde par un échecModèle:Sfn. C'est après cette première tentative qu'Olivier de Paderborn invente un engin de siège prenant la forme d'une tour construite sur deux bateaux arrimés l'un à l'autre, recouverts de cuir et équipés d'échellesModèle:Sfn. Le Modèle:Date-, les croisés lancent l'assaut sur la tour. Après une journée de combats acharnés, elle tombe aux mains des assaillants, qui brisent la chaîne et érigent un pont de navires pour atteindre les remparts de la ville elle-mêmeModèle:Sfn.

La prise de la tour de Damiette coïncide avec d'importants changements politiques chez les Ayyoubides. En effet, le Modèle:Date-, Al-Adel meurt à Modèle:Unité, et son sultanat est partagé entre ses fils Al-Muazzam (qui garde la Syrie) et Al-Kâmil (qui conserve l’Égypte sur laquelle il règne déjà)Modèle:Sfn. Les croisés ne saisissent cependant pas l'opportunité fournie par ces changements pour attaquer Damiette et la prendre rapidement, puisqu'ils préfèrent attendre des renforts avant de lancer leur assaut sur les rempartsModèle:Sfn. Ces troupes fraîches attendues sous les murs de Damiette sont assez hétéroclites : une forte armée levée par le pape Modèle:Noble, ainsi que des croisés français et anglais menés par Modèle:Noble et Modèle:NobleModèle:Sfn.

Portrait dessiné en noir et blanc d'un dignitaire religieux.
Pélage Galvani.

La troupe pontificale, commandée par le légat Pélage Galvani, n'arrive devant Damiette qu'à la mi-septembreModèle:Sfn. Pélage est un diplomate expérimenté mais manquant pourtant totalement de tactModèle:Sfn. Il avait notamment déjà été envoyé en mission dans l'Empire latin de Constantinople pour améliorer les relations avec l'Église grecque, mais elles en étaient ressorties encore plus tenduesModèle:Sfn. Pour ce clerc intransigeant, il va de soi que le légat apostolique a autorité sur la croisade, ce qui provoque dès son arrivée des tensions avec Jean de Brienne, qui avait été unanimement accepté comme commandantModèle:Sfn.

C'est dans ce contexte de dissension entre les croisés qu'Al-Kâmil attaque leur camp en octobre, mais est repoussé, principalement grâce à l'action du roi de JérusalemModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Plusieurs autres assauts sont tentés par les musulmans au cours du mois d'octobre, avant que l'arrivée des troupes françaises et anglaises menées par Hervé de Donzy et Hugues de Lusignan ne les fassent cesserModèle:Sfn. Les croisés, une fois libérés de cette menace, ne peuvent cependant toujours pas tenter d'assaut sur Damiette en raison d'une inondation de leur camp le Modèle:Date-, puis d'une épidémie qui tue 1/Modèle:6e des soldatsModèle:Sfn. Les deux camps sont finalement paralysés par un hiver inhabituellement froid, qui suspend totalement les opérations jusqu'en février 1219Modèle:Sfn.

Alors que le siège dure depuis presque un an, la situation se débloque finalement en février. Mécontenté par la stratégie uniquement défensive de son sultan, Imad al-Dîn ibn Meshtub, émir de Naplouse, projette de tuer Al-Kâmil pour le remplacer par l'un de ses frèresModèle:Sfn. Ne se sentant plus en sécurité au sein de l’armée, Al-Kamil abandonne son camp dans la nuit du 4 au 5 février 1219Modèle:Sfn. Privées de leur commandant, les troupes se dispersent et laissent le champ libre aux croisés, qui peuvent dès lors isoler complètement DamietteModèle:Sfn. Avec l'aide d'Al-Muazzam, Al-Kâmil écrase rapidement la conjuration, mais Damiette est irrémédiablement perdue pour lui, car la situation de la ville, entourée de canaux, de lagunes et de rivières, empêche de déloger les croisés de leurs positionsModèle:Sfn. Malgré tout, le sultan d'Égypte lance fréquemment des assauts pour occuper les troupes chrétiennes et les empêcher d'attaquer la ville en elle-mêmeModèle:Sfn. Alors que le siège de Damiette entre dans sa deuxième année, la situation est donc dans une impasseModèle:Sfn.

Enluminure médiévale montrant deux hommes en train de parler en se serrant la main.
Al-Kâmil (à gauche), représenté ici avec Modèle:Noble dans une miniature tirée d'un manuscrit de la Nova Cronica de Giovani Villani.

Tandis qu'en Terre sainte, Al-Muazzam prépare en mars la cession de Jérusalem aux croisés en abattant ses murs et en démantelant des forteresses avoisinantes, en Égypte, Al-Kâmil accentue la pression sur les croisés en les harcelant par derrière à chaque tentative d'assautModèle:Sfn. Devant les échecs réguliers et meurtriers de leurs assauts, qui ont alors coûté la vie à un certain nombre de nobles, le moral des assiégeants de Damiette décline rapidement pendant l'été, d'autant plus que Jean de Brienne et le légat Pélage se déchirent sur la stratégie à adopter, l'un préférant continuer le siège, l'autre voulant attaquer le camp du sultanModèle:Sfn. C'est finalement la deuxième option qui est mise en œuvre, sans aucun ordre, lorsque des soldats se lancent à l'attaque du camp musulman le Modèle:Date-Modèle:Sfn. Malgré les tentatives de Pélage pour contrôler cet assaut désordonné, les croisés sont violemment repoussés par une contre-attaque, et leur camp n'est sauvé que par l'intervention de Jean de Brienne à la tête des nobles anglais et des ordres militairesModèle:Sfn. Devant ce spectacle, François d'Assise, venu en Orient en espérant y apporter la paix par la négociation, réussit difficilement à obtenir de Pélage l'autorisation d'aller parlementer avec le sultan d'ÉgypteModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Al-Kâmil est de toute manière prêt à négocier avec les croisés : l’Égypte est menacée par la famine, et des troubles politiques pressants agitent le monde musulmanModèle:Sfn. Fin septembre, une trêve est conclue entre les musulmans et les chrétiens, mais ces derniers refusent d'envisager la signature d'une paix, ce qui déclenche un nouveau conflit entre Jean de Brienne et Pélage Galvani. Tandis que le roi de Jérusalem est favorable à une paix dans laquelle Al-Kâmil céderait à toutes les exigences des croisés en Terre sainte, Pélage s'y oppose en arguant que le sultan veut conserver deux forteresses en Transjordanie, ce qui aurait pour effet de rendre la ville sainte indéfendable sur le long termeModèle:Sfn. C'est finalement l'avis du légat qui est suivi par la majorité des chefs croisésModèle:Sfn.

Enfin, le Modèle:Date, à la faveur du manque de défenseurs causé par les maladies, les croisés réussissent à prendre pied sur les murs de DamietteModèle:Sfn. La ville tombe alors sans opposition de la part de la garnison, qui se révèle presque anéantie par les maladiesModèle:Sfn.

Fin de la croisade

Le conflit latent entre Jean de Brienne et Pélage éclate véritablement une fois Damiette prise. Tandis que le légat pontifical entend gouverner au nom du pape les terres conquises, le roi de Jérusalem veut affirmer son autorité sur la croisade en gardant Damiette pour luiModèle:Sfn. C'est finalement ce dernier qui l'emporte, en menaçant Pélage de se retirer de la croisadeModèle:Sfn.

Jean de Brienne la quitte cependant au printemps 1220 pour des raisons mal connues. Il pourrait s'agir d'appuyer en Arménie les revendications de sa femme Stéphanie d'Arménie, sans succès puisque cette dernière meurt peu de temps après son départModèle:Note,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. L'hypothèse la plus probable pour expliquer ce départ est que Jean fut rappelé dans son royaume pour contrer des attaques ayyoubidesModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Après avoir repoussé les musulmans, Jean repose ses troupes à Acre pendant Modèle:UnitéModèle:Sfn. Il reçoit durant cette période la visite de son neveu, Modèle:Noble, auquel il rend la pleine possession des terres qu'il détient encore officiellement en ChampagneModèle:Sfn.

Jean est rappelé de son royaume par Pélage le Modèle:Date-Modèle:Sfn à la suite de l'arrivée du duc Louis de Bavière, le plus haut responsable impérial que Modèle:Noble- ait jamais envoyé en OrientModèle:Sfn. Renforcé par l'arrivée des troupes impériales, Pélage refuse une nouvelle offre de paix d'Al-Kâmil et élabore une offensive censée culminer avec l'arrivée de l'empereur en personne pour marcher sur le CaireModèle:Sfn. Jean, une nouvelle fois, s'oppose au légat, mais n'est plus écoutéModèle:Sfn. Les troupes musulmanes reculent devant la force de l'ost croisé, qui compte jusqu'à Modèle:Nobr d'après les contemporainsModèle:Sfn. Poussé par ces signes qu'il pense prometteurs, Pélage s'enfonce toujours plus profondément le long du Nil, et s'aperçoit trop tard que les musulmans l'ont encercléModèle:Sfn. À la mi-août, les croisés sont pris au piège, autant par leurs ennemis que par les crues du Nil. Une retraite chaotique s'organise, lors de laquelle Jean de Brienne se distingue une nouvelle fois en repoussant des assauts de cavalerieModèle:Sfn. Le Modèle:Date-, Pélage est contraint de négocier avec Al-KâmilModèle:Sfn. Discrédité par l'échec de son offensive, le légat envoie son rival de longue date, Jean de Brienne, pour mener les discussionsModèle:Sfn. Le sultan, qui sait qu'il tient l'essentiel des croisés à sa merci, leur offre une paix surprenamment généreuseModèle:Sfn. Les chrétiens doivent abandonner Damiette et observer une trêve de huit ans, qui doit être confirmée par l'empereurModèle:Sfn. Un échange de tous les prisonniers sera effectué de part et d'autre. Le sultan, pour sa part, rendra la Vraie Croix. Jusqu'à la reddition de Damiette, la croisade doit remettre ses chefs (Pélage, le roi Jean, le duc de Bavière, les maîtres des ordres et dix-huit autres personnages, comtes et évêques) comme otagesModèle:Sfn. Il envoie en échange un de ses fils, un de ses frères et plusieurs jeunes émirsModèle:Sfn.

Le Modèle:Date-, le gros des troupes croisées quitte l’Égypte et Al-Kâmil rentre dans Damiette. La cinquième croisade est officiellement terminéeModèle:Sfn.

Tournée européenne et fin de règne

Dans le désastre de la fin de la cinquième croisade, Jean de Brienne prend une décision jusqu'ici inédite pour un roi de Jérusalem : celle de se rendre lui-même en Occident pour solliciter l'appui des grands souverains européensModèle:Sfn,Modèle:Sfn. En plus de cet appui, Jean entend aussi chercher en Europe un mari pour sa fille Isabelle, alors âgée d'une dizaine d'années, mais également régler les troubles causés par son cousin, Modèle:NobleModèle:Sfn. Ce dernier avait en effet déclenché la guerre de succession de Champagne contre Blanche de Navarre en revendiquant le comté au nom de sa femme en Modèle:Date avant d'être battu et de renoncer à ses prétentions en Modèle:DateModèle:Sfn.

Un an après la fin de la croisade, à la fin de l'année Modèle:Date, Jean prend donc la mer en compagnie de son rival, Pélage Galvani, en confiant la régence de son royaume à Modèle:LienModèle:Sfn. La première destination de sa tournée est l'Italie. Jean débarque à Brindisi à la fin du mois d'octobre et se rend directement à Rome pour réclamer au pape que tous les territoires conquis lors d'une éventuelle future croisade soient donnés à son royaumeModèle:Sfn. Malgré l'opposition de Pélage, Modèle:Noble et l'empereur Modèle:Noble acceptent cette demandeModèle:Sfn. Jean se rend ensuite en France pour y rencontrer Philippe-Auguste, peu de temps avant la mort de ce dernierModèle:Sfn,Modèle:Sfn. À la suite de cette visite en France, Jean traverse la Manche pour effectuer la première et dernière visite d'un roi de Jérusalem en AngleterreModèle:Sfn. Il se rend ensuite en Espagne, pour y épouser Bérengère, la sœur de Modèle:Noble, qui est aussi la nièce de Blanche de Castille, alors reine de FranceModèle:Sfn. Pendant ce temps, le pape et le grand maître de l'ordre teutonique, Hermann von Salza, élaborent un plan pour contraindre Modèle:Noble- à respecter ses vœux de croisadeModèle:Sfn.

Enluminure médiévale montrant un roi avec ses attributs (couronnes et sceptre). Un faucon est à côté de lui, en bas à gauche de l'image.
Modèle:Noble- et son faucon représentés dans son livre De arte venandi cum avibus (De l'art de chasser au moyen des oiseaux).

En effet, l'empereur avait promis lors de son couronnement à Aix-la-Chapelle le Modèle:Date-, de partir en croisade. En cela, il reprenait le vœu formulé par son grand-père Frédéric Barberousse, qui était effectivement parti en Orient<ref name=":2">Modèle:Ouvrage.</ref>. Cependant, Frédéric retarde indéfiniment ce projet devant la résistance des communes lombardes révoltées dans les années 1220<ref name=":2" />. La mort de sa première épouse, Constance d'Aragon, en Modèle:Date, fournit au pape un moyen de le contraindre à respecter ses vœux, tout en l'éloignant des États pontificaux, pour lesquels il est une menace<ref name=":2" />. Le souverain pontife propose donc à Jean de Brienne que Frédéric épouse sa fille. Jean n'accepte qu'après avoir obtenu des garanties pour son titre de régentModèle:Sfn. Les négociations en vue du mariage sont quasiment terminées lorsque Jean est en France, mais la cérémonie n'intervient qu'en Modèle:Date-, après un premier mariage par procuration entre la jeune Isabelle, alors âgée de 14 ans, et un représentant de l'empereurModèle:Sfn. Le Modèle:Date-, le mariage est réellement célébré à BrindisiModèle:Sfn. Cependant, une rupture brutale ne tarde pas à survenir entre l'empereur et le roi de Jérusalem lorsque le premier refuse de tenir ses engagements vis-à-vis du second. Frédéric dénonce notamment l'arrangement selon lequel Jean devait conserver le titre de roi jusqu'à sa mortModèle:Sfn. Dans la foulée, Jean est lâché par les barons Jérusalemites venus en Italie avec leur reine, qui préfèrent les espoirs suscités par un soutien impérialModèle:Sfn. Frédéric bénéficie également d'un statut plus fermement établi, en étant le mari de la reine, là où Jean occupe une fonction assez inéditeModèle:Sfn.

Dépossédé de son royaume en quelques jours, Jean se rend à la cour d'Modèle:NobleModèle:Sfn. Le pape l'assure de son soutien, mais n'a aucun moyen de s'opposer à l'empereurModèle:Sfn. Pour lui aussi, la volte-face de Frédéric est un affront, puisque les négociations du mariage avaient été menées à son initiativeModèle:Sfn. Cependant, la seule façon pour le pape d'exprimer son opposition à l'action de Frédéric est de refuser de s'adresser à lui en tant que roi de JérusalemModèle:Sfn.

Années italiennes

Au service du pape

Devant l'incapacité du pape à lui apporter un quelconque soutien, Jean se met en quête d'alliés plus puissantsModèle:Sfn. Il tente notamment d'agiter les villes du nord de l'Italie, traditionnellement rebelles à l'autorité impériale et engagées depuis Modèle:Date- dans une deuxième ligue lombardeModèle:Sfn. Cependant, conscient que l'agitation en Italie empêche Frédéric de partir en croisade, Modèle:Noble enjoint à Jean de cesser d'agiter les villesModèle:Sfn. Le pape tente une dernière fois en Modèle:Date- de faire tenir ses promesses à Frédéric, sans succèsModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Le pape n'avait que peu d'illusion sur ses chances lors de sa demande, puisque le même jour, il accorde à Jean la charge de recteur du patrimoine de Saint Pierre en Tuscie, en étendant ce domaine à la ville stratégique de PérouseModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Modèle:Noble est remplacé à sa mort par Modèle:Noble en Modèle:Date-Modèle:Sfn.

Enluminure représentant un dignitaire religieux représenté au milieu de la lettre G au début d'un texte.
Modèle:Noble- représenté sur un manuscrit médiéval. Vers 1270. Bibliothèque universitaire de Salzbourg.

Le nouveau pape ne change rien à la situation, qui arrange les deux parties : Jean a besoin de l'argent que la papauté lui offre, tandis que la papauté a besoin des talents militaires de JeanModèle:Sfn. Grégoire fait en effet face à de graves troubles civils à Rome, qui le poussent à installer la Curie à Pérouse, sous la protection de son recteurModèle:Sfn. Le rôle de protecteur militaire de Jean s'accroît encore en Modèle:Date-, lorsque la rupture est totale entre la papauté et l'empereur FrédéricModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Ce dernier est en effet à ce moment de retour en Italie après avoir rebroussé chemin sur la route de la croisade, en raison d'une épidémie ayant frappé son arméeModèle:Sfn. Grégoire voit là une rupture inacceptable des accords conclus avec son prédécesseur, et réagit fermement en excommuniant Frédéric en octobre, puis en renouvelant la sentence un mois plus tardModèle:Sfn. Il prévoit en plus de cette sanction spirituelle une expédition visant à confisquer le royaume de SicileModèle:Sfn. Modèle:Noble- cherche à regagner les faveurs du pape en reprenant le chemin de l'Orient en Modèle:Date-, mais la mort d'Isabelle le 25, peu de temps après avoir accouché d'un fils nommé Conrad le met dans la même situation de régence que Jean de Brienne quelques années plus tôtModèle:Sfn.

Modèle:Noble ne tolère cependant pas qu'un souverain excommunié soit à la tête d'une croisade en Terre Sainte et assemble donc en Occident des armées pour renverser l'empereurModèle:Sfn. Jean de Brienne est un choix Modèle:Citation pour les mener, dans la mesure où il est le souverain le plus éminent et le meilleur commandant disponible pour la papauté, et que son ressentiment contre Frédéric est un gage de fidélitéModèle:Sfn. Avec la mort de sa fille en avril, il n'a cependant plus l'espoir de redevenir roi de Jérusalem un jour, mais Guy Perry émet l'idée que la guerre si se prépare pousse Jean à convoiter le trône de Sicile, que son frère Modèle:Noble- n'avait pas réussi à conquérirModèle:Sfn. À l'automne Modèle:Date-, Rainald d'Urslingen, le légat impérial pour la Marche d'Ancône, Spolète et la Toscane maritime, attaque les États pontificaux, déclenchant ainsi un conflit ouvertModèle:Sfn.

Guerre des Clés

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Carte de l'Italie centrale montrant les États pontificaux et les territoires voisins.

Le conflit connu sous le nom de Modèle:Citation, d'après l'emblème de la papauté, commence pour Jean de Brienne par une tâche d'une importance capitale pour le pape. Avec le cardinal Giovanni Colonna, il doit repousser Rainald d'Urslingen des États du pape, ce qu'il réussit à faire entre l'automne Modèle:Date- et le début de l'année Modèle:Date-, en prenant notamment Ancône et SpolèteModèle:Sfn,Modèle:Sfn. L'avancée d'une autre armée papale dans le Bénévent contraint Rainald à se réfugier dans la forteresse de Sulmona, où il est assiégé par Jean et le cardinal ColonnaModèle:Sfn.

L'ancien roi de Jérusalem quitte le siège en Modèle:Date- pour se rendre à la Curie, à Pérouse, pour conclure un accord qui va lui donner un titre impérial. En effet, en Modèle:Date, Robert de Courtenay, empereur latin de Constantinople, est mort en laissant le trône à son frère de dix ans, Modèle:NobleModèle:Sfn. Les barons de l'Empire latin se mettent alors en quête d'un protecteur expérimenté capable d'exercer la régence, tandis que l'Empire est menacé par Modèle:Noble, tzar des BulgaresModèle:Sfn. Ils se tournent donc vers Jean de Brienne, qui bénéficie de sa position d'allié du Saint-Siège. La visite de Jean à Pérouse en pleine guerre des Clés est donc l'occasion pour lui de signer un traité préparé par des mois de négociations en amont pour ne pas reproduire la situation qu'il avait connue avec Modèle:Noble-Modèle:Sfn. Selon les termes de cet accord, Jean est élu empereur à vie de Constantinople en tant que co-dirigeant, un statut entériné par le mariage de sa fille Marie avec Modèle:Noble-, qui devient lui aussi co-dirigeant (et n'aura le droit de se proclamer empereur unique qu'à la mort de Jean de Brienne)Modèle:Sfn. Ce dernier exige également que ses descendants héritent de l’Épire et de la Macédoine, même si ces deux régions ne font pas partie de l'Empire latin de Constantinople, mais de l'Empire de Nicée, gouverné par Modèle:NobleModèle:Sfn.

Malgré cette nouvelle situation avantageuse pour lui, Jean de Brienne regagne le siège de Sulmona, qu'il retrouve dans des conditions difficiles. Les armées pontificales subissent après quelques mois de guerre une situation financière très précaire et Jean est contraint de payer ses hommes avec des biens volés dans des établissements religieuxModèle:Sfn. Le chroniqueur Matthieu Paris relaie ces accusations, comme d'autres brutalités commises par les troupes pontificales, notamment en Sicile, l'autre front de la guerre des ClésModèle:Sfn. Le retour de Jean permet au cardinal Colonna de gagner à son tour Pérouse pour demander en vain des fondsModèle:Sfn. Finalement, les deux hommes doivent abandonner le siège de Sulmona à l'été Modèle:Date- pour porter secours à Pélage Galvani, le vieil ennemi de Jean, envoyé à la tête d'une armée dans les AbruzzesModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Une fois rassemblées, les deux armées pontificales se mettent en route vers CapoueModèle:Sfn.

Le débarquement de Modèle:Noble- en personne à Brindisi le Modèle:Date est un coup dur pour le camp du pape : l'empereur est victorieux en Orient un an seulement après son départ, puisqu'il a repris Jérusalem aux musulmans en acceptant un traité similaire à ceux qui avaient été proposés aux croisés lors de la cinquième croisade (le traité de Jaffa)Modèle:Sfn. Les troupes pontificales sont bientôt repoussées sur tous les frontsModèle:Sfn. Jean de Brienne, comme Giovanni Colonna ou Pélage Galvani, se retirent dans les États pontificaux pour y lever des fonds pour la poursuite de la guerre<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Cependant, l'empereur cesse sa contre-offensive à la limite des États du pape pour entamer des négociations<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> qui aboutissent au traité de San Germano en Modèle:Date-. Jean de Brienne sollicite alors l'autorisation du pape de quitter toutes ses fonctions pour se retirer en France, afin de réunir des hommes et des fonds pour prendre sa nouvelle fonction de régent et co-empereur de l'Empire latin de ConstantinopleModèle:Sfn.

Empereur de Constantinople

Accession au trône impérial

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Situation de l'Empire latin en 1230.

Pour son retour en Orient, Jean de Brienne s'immisce dans une situation complexe. En effet, depuis le sac de Constantinople en Modèle:Date, l'Empire byzantin n'existe plus<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,. Le territoire de l'ancien empire est alors morcelé en plusieurs États, dont l'Empire latin de Constantinople, mais aussi l'Empire de Nicée et celui de Trébizonde. L'Empire dont Jean doit prendre la tête se trouve pris en tenaille entre deux États menaçants : la Bulgarie d'Modèle:Noble et l'Empire de Nicée de Modèle:Noble, qui veulent tous deux reconquérir Constantinople pour restaurer à leur avantage l'Empire byzantinModèle:Sfn. Le tzar des Bulgares est tout particulièrement une menace, puisqu'il fut un temps envisagé pour la régence de l'Empire de Constantinople avant que les barons ne se portent sur Jean de Brienne à cause de leurs craintes de voir Modèle:Noble- rattacher Constantinople à la BulgarieModèle:Sfn.

Jean de Brienne n'arrive pas immédiatement dans son nouvel empire. Il s'implique d'abord dans la politique intérieure du royaume de France, en accompagnant notamment le jeune saint Louis en Bretagne, où il combat des barons révoltésModèle:Sfn. Il s'implique également dans la pacification de sa Champagne natale, un autre foyer de révolte contre Modèle:Noble-Modèle:Sfn. Après avoir recruté des troupes en France, Jean revient en Italie en Modèle:Date, pour négocier un traité avec le doge de Venise, Jacopo Tiepolo, qui accepte en échange de la confirmation par Jean des possessions et privilèges vénitiens dans l'Empire latin de le transporter à Constantinople, lui et sa suite de Modèle:Nobr et Modèle:NobrModèle:Sfn. Jean se met en route en août. Parallèlement, le pape reconnaît finalement le titre de roi de Jérusalem à Modèle:Noble-.

C'est finalement à l'automne 1231 que Jean est couronné empereur à Saint-SophieModèle:Sfn. Sa domination ne s'étend alors qu'aux environs immédiats de Constantinople, sous la triple menace de l'empire de Nicée, du despotat d'Épire et du Second Empire bulgareModèle:Sfn.

Début de règne

Lors de son accession au trône, Jean doit donc faire face à une situation politique, géographique et militaire très défavorable. En effet, il ne dispose pas des moyens financiers permettant la défense de son nouveau territoire et ne dispose pas plus des moyens de changer cette situationModèle:Sfn. C'est cependant ce qu'il tente de faire en maintenant son alliance avec Venise et en confirmant huit jours après son couronnement les engagements pris précédemmentModèle:Sfn. En plus des privilèges commerciaux qui lui sont accordés, la cité des Doges presse Jean dès le début de son règne d'intervenir militairement contre Modèle:Noble, qui soutient une révolte anti-vénitienne en Crète, ce que le nouvel empereur refuse de faire, préférant attendre que Vatatzès soit davantage engagé ailleurs pour l'attaquerModèle:Sfn.

Cette attente a toutefois un effet délétère pour la défense de l'Empire latin. En effet, la plupart des chevaliers qui avaient suivi Jean à Constantinople rebroussent chemin lorsqu'ils comprennent que la croisade qu'ils attendaient n'aura pas lieuModèle:Sfn. De plus, la réputation de Jean en pâtit puisqu'il est taxé d'apathie et d'immobilisme par ses contemporainsModèle:Sfn. Philippe Mouskes illustre dans sa Chronique rimée (écrite entre Modèle:Date- et Modèle:Date-) les difficultés rencontrées par Jean de Brienne lorsqu'il dit qu'il n'avait les moyens Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,Modèle:Sfn. Malgré tout, Jean de Brienne peut compter sur le soutien des princes d'Achaïe, appartenant à la famille d'origine champenoise des Villehardouin. Il reçut notamment Modèle:Unité de la part de Modèle:Noble, toujours au début de son règneModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Sur le plan religieux, Jean facilite l'installation des ordres mendiants sur son territoire. À Constantinople, il accueille les Dominicains, mais semble personnellement plus proche des Franciscains, qui étaient déjà solidement installés dans l'Empire avant son arrivéeModèle:Sfn. Cette proximité entre Jean et les Frères mineurs n'était alors pas nouvelle puisqu'il avait déjà facilité leur installation dans le royaume de Jérusalem lorsqu'il en était le roiModèle:Sfn. La religion joue également beaucoup dans les menaces qui pèsent sur l'Empire latin de Constantinople. En effet, il est entouré de voisins orthodoxes, particulièrement à partir de Modèle:Date-, quand Modèle:Noble rompt son alliance avec la papauté et retourne vers l'orthodoxie, et donc également vers VatatzèsModèle:Sfn. L'orthodoxie devient ainsi le ciment d'une alliance entre les deux souverains, que les tentatives de négociation entre la papauté et le patriarche de Nicée ne suffit pas à dissoudreModèle:Sfn. Le résultat est même strictement inverse puisque le synode de Nymphaeon, censé promouvoir le dialogue, se termina en Modèle:Date par une dispute entre les deux parties, chacune accusant l'autre d'être hérétique<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Chapitre.</ref>.

Finalement, c'est Jean de Brienne qui déclenche les hostilités en Modèle:Date contre Vatatzès, pour tenter de satisfaire ses alliés vénitien et de se dés-encercler par la même occasionModèle:Sfn. Profitant que ce dernier se soit rendu en personne envahir Rhodes, l'empereur latin décide d'attaquer l'avant-poste nicéen de Lampsaque, dans les DardanellesModèle:Sfn. Déjà occupé à Rhodes et en Crète, Vatatzès ne dispose pas de suffisamment de troupes pour s'opposer à Jean de Brienne Modèle:Sfn. Mais l'armée de ce dernier a des lacunes dans le domaine du renseignement qui le conduise à surestimer les forces nicéennes Modèle:Sfn. Les Latins s'en tiennent donc à la conquête d'une petite portion de littoral et installent une garnison à PegaiModèle:Sfn. Peu après cette courte entreprise militaire, des membres des ordres mendiants tentèrent sans succès de négocier une trêve d'un an lors du synode de NymphaeonModèle:Sfn. Dans la foulée, l'alliance pressentie depuis des années entre la Bulgarie et l'Empire de Nicée est conclue, et une cible désignée : ConstantinopleModèle:Sfn.

Guerre des trois Jean

L'alliance entre Vatatzès et Asen est scellée par le mariage du fils du premier, Modèle:Noble, avec la fille du second, Hélène de BulgarieModèle:Sfn. En Modèle:Date-, Jean de Brienne tente une médiation avec Vatatzès, grâce à l'entremise de deux Franciscains et de deux Dominicains, sans succès. Dans une lettre décrivant leurs négociations, les clercs décrivent même Jean comme un Modèle:CitationModèle:Sfn. Après l'échec de cette dernière tentative de paix, les deux souverains alliés concluent au début de l'année Modèle:Date un traité organisant le partage de l'Empire latin : Vatatzès doit recevoir Constantinople, tandis que Asen doit se voir conforter dans sa domination des BalkansModèle:Sfn,Modèle:Sfn. La guerre qui devient alors inévitable sera connue sous le nom de Modèle:Citation, du nom des belligérants : Jean de Brienne, Modèle:Noble et Modèle:Noble, aussi connu à l'époque sous le nom de Jean AsenModèle:Sfn Modèle:Article détaillé Les opérations militaires débutent lorsque les avant-postes latins en Thrace sont éliminés dans grande résistance par Asen, tandis que Vatatzès fait de même en Asie mineure et à GallipoliModèle:Sfn. Les deux armées coalisées arrivent très rapidement sous les murs de Constantinople, qu'elles commencent à assiégerModèle:Sfn. La tactique bulgaro-nicéenne est de prendre la ville grâce à des assauts à la fois terrestre et maritimes destinés à regrouper les défenseurs sur un point des remparts pour pouvoir attaquer ailleurs. Les assiégeants sont aidés en cela par leur nombre, largement supérieur à celui des assiégésModèle:Sfn. Depuis l'intérieur de sa capitale, Jean de Brienne prend la tête de plusieurs sorties contre les assiégeants, qui réussissent à remonter le moral de ses troupes, à défaut de changer la situation militaire. L'importance de ces sorties en termes de propagande se retrouve dans le récit qu'en fait Philippe Mouskes : habituellement très critique à l'encontre de Jean, il fait l'éloge de ses sorties lors du siège et le compare à des figures comme Hector, Roland, Ogier le Danois et Judas MaccabéeModèle:Sfn.

Le premier tournant du siège de Constantinople est l'arrivée d'une flotte de secours vénitienne, après que la cité des Doges ait été appelée à l'aide par Jean de Brienne dès les premiers jours du siègeModèle:Sfn. Commandée par le duc de Naxos Angelo Sanudo, cette flotte réussit à mettre en déroute celle de VatatzèsModèle:Sfn. Le siège de Constantinople est alors brièvement levé. Pensant que les armées bulgaro-nicéennes n'allaient rien tenter avant le prochain printemps, Sanudo et sa flotte quittent la ville. Cependant, à l'automne Modèle:Date-, les coalisés ont rétabli leur siègeModèle:Sfn.

Le deuxième blocus de la ville est sensiblement moins violent que le premier, puisque Vatatzès et Asen cessent leurs tentatives d'assaut et que le blocus naval laisse passer les messages de Jean de Brienne au pape Modèle:Noble, qui est informé de la situation à la mi-décembreModèle:Sfn. Les événements de Constantinople sont relayés en Occident, ce qui déclenche une mobilisation des républiques de Venise, Gênes et Pise pour venir en aide à l'Empire latin, bien que ces trois États soient rivauxModèle:Sfn. C'est cependant le prince d'Achaïe, Modèle:Noble, qui arrive le premier pour secourir Constantinople. Comme la flotte de Sanudo en Modèle:Date-, il force le blocus maritime de Vatatzès, qui est le secteur le plus faible du dispositif de siège bulgaro-nicéen, au début de l'année Modèle:Date-Modèle:Sfn.

Face à ce deuxième échec, l'alliance entre les deux souverains orthodoxes se rompt, pour deux raisonsModèle:Sfn. Premièrement, la prise de Constantinople est hautement improbable au vu des difficultés des assiégeants à contrôler efficacement la merModèle:Sfn. Deuxièmement, Asen n'est pas prêt à engager ses forces dans de nouveaux assauts pour la prise d'une ville qui ne lui reviendra pas quoiqu'il arrive. Le tzar des Bulgares choisit donc de retirer ses troupes du siège. Dans la foulée, Vatatzès se replie égalementModèle:Sfn.

Après la fin de la guerre, une trêve est probablement conclue entre les différentes parties, peut-être à l'initiative d'Angelo Sanudo, selon Robert Saulger au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècleModèle:Sfn. Que cette trêve ait été formellement conclue ou non, les belligérants de Modèle:Date- ne reprennent pas les hostilités avant plusieurs annéesModèle:Sfn.

Ascendance

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Mariages et enfants

Jean épousa en 1210 (vers l'âge de quarante ans) Marie de Montferrat (1191-1212), reine de Jérusalem, fille de Conrad de Montferrat et d'Isabelle de Jérusalem, roi et reine de Jérusalem, qui donna naissance à :

Veuf, il se remaria en 1214 avec Rita d'Arménie (ap. 1195 - † 1220), fille de Modèle:Noble, roi d'Arménie et d'Isabelle, qui donna naissance à :

  • Jean (1216-1220).

De nouveau veuf, il se remaria en 1224 avec Bérengère de Léon, fille du roi Modèle:Noble et de Bérengère de Castille. De ce troisième mariage, il eut :

Notes et références

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Bibliographie

Sources primaires

Sources secondaires

Articles connexes

Liens externes

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