Boabdil
Modèle:Infobox Biographie2 Boabdil (déformation castillane de Abû Abdil-lah)<ref>Boabdil par déformation de (A)bû Abd Allâh ou (A)bû Abdil-lah par les Castillans.</ref> ou Mohammed XII de Grenade, ou Abû `Abd Allâh “az-Zughbî” Mohammed ben Abî al-Hasan `Alî<ref>arabe : ʾabū ʿabd allāh az-zuḡbī muḥammad ben abī al-ḥasan ʿalī,
Modèle:Langue</ref>, né à Grenade en 1459, est le vingt-deuxième nasride de Grenade.
Fils de Abû al-Hasan `Alî dit Modèle:Citation étrangère<ref>espagnol : viejo, « vieux »</ref>, c'est-à-dire « l'Ancien », il lui succède en 1482 sur le trône de Grenade sous le nom de Muhammad XII. Fait prisonnier en 1484 par les Espagnols au cours de la guerre de Grenade, il a pour successeur son oncle Mohammed XIII az-Zaghall.
Surnommé El Chico<ref>espagnol : chico, enfant, jeune sans doute par opposition avec son père surnommé El Viejo, le vieux</ref> (« le Jeune ») par les Castillans, il est surnommé Az-Zughbî<ref>arabe maghrébin : Modèle:Langue, infortuné</ref> (« l'Infortuné ») par les Arabes.
Les Espagnols se souviennent également sous le nom d'El Moro, « le Maure ».
Contexte : la Reconquista de 1250 à 1482
Commencée au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, la reconquête chrétienne de la péninsule Ibérique est menée par différentes entités politiques, qui au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, sont le royaume de Portugal, le royaume de Castille et le royaume d'Aragon (le royaume de Navarre ayant été reconquis depuis longtemps).
Vers 1250, le Portugal et l'Aragon réussissent à éliminer tout pouvoir musulman sur leur territoire. Le royaume de Castille reprend les grandes villes andalouses de Cordoue et de Séville, mais l'offensive s'arrête en laissant en place le royaume de Grenade, dernier bastion musulman en Espagne.
Ce n'est qu'à la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle que les chrétiens, en l'occurrence la Castille et l'Aragon, unis du fait du mariage de la reine Isabelle et du roi Ferdinand II, dits les Rois catholiques, reprennent l'offensive.
Biographie
Origines familiales et formation
Modèle:...Il est le fils de Abû al-Hasan `Alî, roi de Grenade à partir de 1464 et de la reine `Aïcha. Il a un frère cadet de la même mère.
Abu al-Hasan a aussi deux fils de Zoraya, une chrétienne (Isabelle de Solis) convertie à l'islam.
Premier règne (1482-1484)
Avènement et débuts de Boabdil (1482-1483)
Modèle:...Vers 1480, Abû al-Hasan `Alî envisageant de répudier Aïcha, celle-ci s'enfuit avec ses fils, puis, en 1482, un soulèvement renverse le roi au profit de Boabdil. Les grandes familles du royaume de Grenade prennent parti pour l'un ou pour l'autre.
La victoire musulmane de l'Axarquia (21 mars 1483)
Au Modèle:Date-, le marquis de Cadix et le grand maître de l'ordre de Santiago, Don Alonso Cárdenas, lancent une expédition dans la région littorale située entre Málaga et Vélez-Málaga, appelée Ach-Charqiyya<ref>arabe : aš-šarqīya, Modèle:Langue, L'orientale</ref> par les Arabes et l'Axarquía par les Castillans.
Trois mille cavaliers et mille fantassins partent d'Antequera le Modèle:Date-. Arrivés à la côte, ils prennent la direction de Málaga. Dans cette terre âpre des montagnes de Málaga, une contre-attaque musulmane a lieu dans la nuit du jeudi au Modèle:Date-<ref>11 safar 888 A.H.</ref>. Les chrétiens sont mis en déroute : les chroniques castillanes parlent de mille huit cents morts et prisonniers, dont d'illustres membres de la noblesse<ref name=carpeta>Modèle:Lien web.</ref>.
Cette victore de l'Axarquía est la dernière remportée par les musulmans en Espagne.
La défaite de Lucena (20 avril 1483)
Un mois après cette victoire, Boabdil décide de faire une incursion en territoire chrétien. Son objectif est une place mal défendue, Lucena, dont le gouverneur, Diego Fernández de Cordoue, n'est âgé que de dix-neuf ans. Modèle:Refnec. La ville est mise en état de défense.
Le Modèle:Date-, Boabdil, à la tête de sept cents cavaliers et de neuf mille fantassins, est repoussé devant les murs de Lucena. Il subit de lourdes pertes dues à l'intervention de l'armée du comte de Cabra qui a été averti de la manœuvre des Nasrides. Après plusieurs escarmouches, les Castillans mettent en déroute les forces de Boabdil, qui se révèle piètre commandant. L'armée musulmane est pratiquement détruite et ses étendards sont pris par les Espagnols, qui en installent des représentations dans la cathédrale de Cordoue (anciennement mosquée de Cordoue). Pendant la bataille, le capitaine de Loja, `Alî al-Attar, beau-père de Boabdil, ainsi que plusieurs membres de l'aristocratie grenadine perdent la vie. Boabdil lui-même est fait prisonnier.
Captivité en Castille (1484-1487)
Le royaume de Grenade pendant la captivité de Boabdil
Il est enfermé dans la forteresse de Porcuna.
Dès qu'il est informé de la catastrophe de Lucena, son père Abû al-Hasan, qui dispose du soutien de nombreux habitants de Grenade, réoccupe le trône de Boabdil jusqu'en 1485, puis l'oncle de Boabdil Mohammed XIII az-Zaghall lui succède.
Les conditions imposées à Boabdil pour obtenir sa libération sont les plus humiliantes qu'ait accepté un émir musulman en terre espagnole. Il s'engage à verser un tribut de douze mille doublons de Jaén (l'équivalent de quatorze mille ducats) ; à libérer les trois mille captifs castillans de 1483 ; de livrer comme otages son fils, le prince héritier Ahmad, son frère Yûsuf, et dix jeunes notables de Grenade. Il se reconnaît vassal des rois de Castille et sollicite l'aide de la Castille pour reprendre son trône<ref name=carpeta/>. Néanmoins, il reste captif en Castille.
La prise de Malaga par les Espagnols (1487)
Au Modèle:Date-, à la tête de Modèle:Nb, le roi Ferdinand décide de joindre à la couronne la deuxième ville du royaume de Grenade, son principal port : Malaga. Les armées chrétiennes encerclent la ville. Le chef de la garnison nasride, Ahmad at-Tagrî, prend le commandement à partir du Modèle:Date-. Il est déterminé à combattre jusqu'au bout. Soumis au feu des bombardes castillanes, les musulmans se défendent de leur mieux. En juillet, les vivres viennent à manquer.
Une subite épidémie réduit considérablement les effectifs des assiégeants. À ce moment critique, Ferdinand demande à son épouse Isabelle la Catholique de faire acte de présence pour galvaniser les troupes. Elle fait son apparition dans une armure étincelante, entourée de six cents lanciers, tandis que cent navires chargés de ravitailler les armées chrétiennes bloquent le port de Málaga.
Boabdil se conforme à l'accord secret signé avec les Rois Catholiques et ne fait rien pour défendre Málaga.
En revanche, son oncle Muhammad az-Zaghall, qui s'est exilé à Almería après la chute de Baza, essaie sans succès une manœuvre de diversion pour défendre Málaga en lançant quelques détachements de volontaires nasrides d'Adra contre les chrétiens aux alentours de Vélez-Málaga.
Málaga capitule au bout de trois mois et demi de siège, le Modèle:Date-. Les quinze mille musulmans que les Espagnols font prisonniers sont à bout de force<ref name=carpeta/>.
L'appel à l'aide de Grenade aux musulmans (1485-1489)
Encerclés par les armes chrétiennes, les Grenadins se tournent à partir de 1485 vers leurs anciens alliés, les souverains maghrébins de Fès et Tlemcen, à qui ils demandent de l'aide. Le sultan wattasside Mohammed ben Yahyâ, qui règne à Fès, a signé en 1479 un traité avec la Castille, lui reconnaissant des droits exclusifs sur la côte africaine. Les Zianides de Tlemcen, eux, sont trop occupés par leurs deux voisins Mérinides et Hafsides. Enfin, pour leur part, les Hafsides à Tunis s'efforcent d'avoir les meilleures relations avec la Castille pour pouvoir se protéger contre les Mamelouks d'Égypte.
En 1487, une ambassade grenadine sollicite l'aide du sultan mamelouk Qâ'it Bay, qui accepte de menacer l'Église de Jérusalem : il lui demande d'intervenir auprès de la Castille afin que celle-ci renonce à ses attaques contre Grenade ; en cas contraire, Qâ'it Bay ferait subir des représailles aux membres du clergé de l'église de la Résurrection à Jérusalem. Il interdirait en outre aux Européens l'accès à ce sanctuaire et, s'il était nécessaire, il le ferait détruire. Mais les menaces de Qâ'it Bay sont en réalité purement verbales. Le sultan mamelouk et la Castille établissent des relations commerciales en pleine guerre de Grenade. Le Modèle:Date-, Ferdinand le Catholique demande au pape Innocent VIII l'autorisation de vendre du blé « au sultan de Babylone » (Qâ'it Bay) afin d'aider ses sujets menacés par la famine. Le montant de la vente serait utilisé pour couvrir les frais de guerre contre Grenade. En seconde intention, Ferdinand voulait aider le sultan du Caire car il le considérait comme le seul chef musulman capable de résister aux Ottomans dont la puissance ne cessait de croître. Aucune aide efficace n'était donc prévisible de la part d'aucun de ces souverains musulmans. Les Nasrides durent se contenter de volontaires, souvent des fugitifs qui cherchaient à échapper à la répression religieuse dans leur pays<ref name=carpeta />.
Rachel Arié du CNRS décrit les relations pragmatiques et complexes qu'établirent les Nasrides de Grenade avec les sultans maghrébins. Elle écrit :Modèle:Citation bloc
La fin du règne de Boabdil
Le retour au pouvoir
Fin 1487, Almería et Guadix tombent, puis en 1489, c'est le tour d'Almuñécar et de Salobreña.
La puissante famille des Abencérages est accusée d'être vendue aux chrétiens et de vouloir renverser Boabdil. Selon Gines Perez De Hita, historien de la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, trente-six Abencérages auraient été exterminés par Boabdil dans une salle du palais.
Boabdil reste le seul souverain de Grenade. Modèle:Article détaillé
Les derniers mois du royaume (printemps 1491-Modèle:1er janvier 1492)
Au Modèle:Date-, les chrétiens reprennent les hostilités contre Grenade avec une armée puissante de dix mille cavaliers et de quarante mille fantassins. Le Modèle:Date- commence le siège final de la capitale nasride. Ce jour-là, la reine Isabelle Ire{{#if:| }} de Castille jure de ne pas se baigner ni changer de vêtements jusqu'à ce que Grenade soit prise. Au début du siège, le campement des Castillans est détruit par le feu. Isabelle fait alors construire, dans la vallée du Genil, un campement fixe. Elle fait appeler cette ville Sitiadora<ref>espagnol : Sitiadora, lieu où se trouve une place forte</ref>.
Depuis leur capitale assiégée, les Grenadins n'essayent que quelques rares sorties pendant les six mois suivants. Ils ne disposent que d'une cavalerie et d'une infanterie impuissantes face à l'artillerie castillane qui ouvre des brèches dans les murailles de la ville. Fin 1491<ref>Muharram 897 A.H.</ref>, la situation dans Grenade devient très précaire quand le blé, l'orge, le millet et l'huile viennent à manquer. Le passage par l'Alpujarra est devenu impraticable, la neige ayant commencé à tomber et ayant coupé les communications avec cette région méridionale. Boabdil entame des conversations secrètes pour ne rendre la ville que fin Modèle:Date- alors que depuis Modèle:Date-, les Castillans exigent une reddition immédiate.
La chute de Grenade (2 janvier 1492)
Dans la nuit du Modèle:Date- au Modèle:Date-, guidés par Ibn Kumasa et Abû al-Qasim al-Mulihe, deux vizirs de Boabdil, le grand commandeur de León, don Gutierrez de Cárdenas et quelques fonctionnaires castillans, entrent secrètement dans Grenade par un chemin peu fréquenté. Au petit jour, Boabdil livre les clés de l'Alhambra à don Gutierrez dans la tour de Comares. La capitulation officielle date donc du Modèle:Date-<ref>28 safar 897 A.H.</ref>.
Le comte de Tendilla et ses troupes entrent ensuite dans l'Alhambra en suivant le même itinéraire. La bannière de Castille et la croix sont hissées sur l'une des tours de la forteresse de l'Alhambra, qu'on appelle encore aujourd'hui la Tour de la Bougie. Boabdil laisse sa ville et ses palais intacts aux mains de ses adversaires, moyennant un traité de capitulation qui garantit les droits des habitants : ceux-ci peuvent rester en conservant leur religion, leurs autorités juridico-religieuses, leurs biens et même leurs armes (sauf les armes à feu).
Boabdil fait excaver les tombes de ses ancêtres Mohammad II, Yusef I, Yusef III et Abu Saad pour qu'elles ne soient pas détruites par les chrétiens. Il les fait transférer dans le cimetière de la mosquée de Mondújar, à une quarantaine de kilomètres du lieu de son exil (et à Modèle:Nb à l'ouest de Grenade).
La tradition tenace rapporte que, sur le chemin de l’exil, au lieu-dit du « dernier soupir du maure », Boabdil se retourna vers la capitale de son royaume perdu et se mit à pleurer. Sa mère Aicha Fatima, une forte femme, lui lança alors sèchement : « Pleure comme une femme, un royaume que tu n’as pas su défendre comme un homme. », en arabe « ابكِ مثل النساء ملكاَ مضاعا لم تحافظ عليه مثل الرجال ».
Dans ses écrits, Christophe Colomb dit avoir assisté à la reddition et au départ de Boabdil<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Après la victoire espagnole : un destin mal connu
Exilé au sud-est de Grenade, à Laujar de Andarax dans les montagnes des Alpujarras où Ferdinand lui a accordé une seigneurie, Boabdil perd sa femme Morayma, qui est enterrée dans la mosquée de Mondújar.
Trahi par son vizir, Yusef Aben Comixa, qui revend sans son consentement la seigneurie pour Modèle:Nb aux Rois Catholiques, Boabdil est contraint d'embarquer en Modèle:Date- du port d'Adra pour rejoindre l'Afrique du Nord.
Selon la légende, une fois embarqué, Boabdil regarde dans la direction de la côte, lance son épée dans les flots et promet de revenir un jour la chercher.
L'historien du XVIIe siècle Al Maqqari a écrit que Mohammed XII a traversé la Méditerranée jusqu'à Melilla puis s'est rendu à Fès où il a construit un palais. Il y resta jusqu'à sa mort en 1533/1534 (en 940 A.H.)<ref name=":0">Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Il a été enterré près du Musala (lieu de la prière spéciale pendant les fêtes islamiques) situé à l'extérieur de "Bab Sheria" à Fès<ref name=":0" />. Boabdil a laissé dans le deuil deux fils; Yusef et Ahmed<ref name=":0" />. Al-Maqqari a rencontré ses descendants en 1618 à Fès ; ils vivaient dans un état de pauvreté et comptaient sur la Zakat<ref name=":0" />.
Un autre lieu de sépulture de Boabdil est suggéré par l'arabisant du fin du XIXe siècle M.C. Brosselard, qui traduisit une longue ordonnance en écriture andalouse sur une dalle d'onyx longue d'un mètre conservée au musée municipal de Tlemcen. Cette épitaphe marquait le tombeau du roi exilé notre seigneur Abou-Abdoullah qui mourut à Tlemcen en mai 1494, âgé de trente-quatre ans. Le conflit entre les lieux et les dates de décès peut provenir d'une confusion entre Muhammad XII et son oncle El Zagal, également mort en exil nord-africain<ref name="Drayson7">Modèle:Ouvrage</ref>.
Le chroniqueur espagnol Luis del Mármol Carvajal<ref>Modèle:Ouvrage</ref> a écrit Modèle:Citation. Cette source est également reprise par Louis de Chénier, diplomate du roi de France Louis XVI, dans ses Recherches historiques sur les Maures et l'Histoire de l'Empire du Maroc publiées à Paris en 1787<ref>Modèle:Google Livres et Modèle:Google Livres</ref>.
Légendes
Dans la mémoire populaire espagnole, Boabdil est devenu un héros romantique de la Reconquista, compte tenu des événements liés à la perte de son royaume. Son nom est donc fréquemment évoqué à propos de Grenade.
- Le massacre des Abencérages dans la salle dite des Abencérages à l'Alhambra
- Le soupir du Maure (Suspiro del Moro) est un col situé à douze kilomètres au sud de Grenade.
- La chaise du Maure (Silla del Moro)
Notes et références
Annexes
Bibliographie
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage ou coll. « Libretto », 2004 Modèle:ISBN
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:OuvrageModèle:Commentaire biblio
Articles connexes
Liens externes
- Modèle:Autorité
- Modèle:Bases
- Modèle:Dictionnaires
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Nicolás Homar Vives, Reyes y Reinos Genealogias, Granada
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} www.hukam.net, Modèle:Langue Les Nasrides, Les Banû al-Ahmar à Grenade.