Abel Bonnard

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Biographie2

Abel Bonnard (prononcé Modèle:MSAPI) est un écrivain, homme politique, poète français, resté dans l'histoire comme chantre de la collaboration, né le Modèle:Date à Poitiers et mort le Modèle:Date à Madrid.

Entré en littérature avec deux recueils de poèmes, Les Familiers et Les Royautés, il devient une figure des milieux mondains grâce à sa réputation d'homme d'esprit. Grand voyageur, auteur d'une vingtaine d'ouvrages, il connaît le succès grâce à En Chine Modèle:Incise et aux Modérés. Participant aussi à de nombreux journaux, il est élu à l'Académie française en 1932.

Maurrassien, il évolue vers le fascisme dans les années 1930 et se rapproche du Parti populaire français de Jacques Doriot. Partisan d'un rapprochement franco-allemand, il devient, durant la Seconde Guerre mondiale, une figure de la collaboration avec l'occupant nazi. Nommé ministre de l'Éducation nationale en 1942, il fait partie des « ultras » et des derniers partisans du régime de Vichy qui se réfugient à Sigmaringen en 1944.

À la Libération, condamné à la peine de mort par contumace, il est exclu de l'Académie française et s'exile en Espagne. Rejugé en 1960, il voit sa peine commuée mais choisit de se fixer à Madrid, où il meurt en 1968 dans l’anonymat.

Écrivain prolifique, il cesse de publier ses écrits après son exil en 1944. Son essai majeur publié en 1936, Les Modérés, est salué unanimement par des intellectuels de tout bord comme François Mauriac ou Henri Bergson.

Modèle:Sommaire

Biographie

Naissance, famille et enfance

Fils d'Ernest Bonnard, directeur des prisons de la Vienne<ref name="p20"/>, et de son épouse Pauline Benielli<ref>Modèle:Harvsp</ref>, il est corse par sa mère<ref name="p20"/>. Sa tante maternelle, Barberine, est l'épouse du poète Pierre BonardiModèle:Sfn.

Il naît le Modèle:Date-, à trois heures du matin, au 16, rue des Grandes-Écoles à Poitiers<ref name="p20">Modèle:Harvsp</ref>, après un accouchement difficile<ref name="p21">Modèle:Harvsp</ref>. Il reçoit les prénoms d'Abel<ref group=n>Comme son frère aîné mort en bas âge quelques mois plus tôt.</ref>, Jean, Désiré, mais d'après Olivier Mathieu, n'est pas baptisé<ref name="p22">Modèle:Harvsp</ref>.

Lorsqu'il a un an et demi, une petite sœur prénommée Fanny lui naîtModèle:Sfn, mais elle meurt dix mois après, ce qui provoque le départ des Bonnard de PoitiersModèle:Sfn ; en Modèle:Date-, après une mutation du père, la famille déménage donc à Embrun<ref name="p46">Modèle:Harvsp</ref>. Elle s'installe villa Roman, rue des Deux-Casernes<ref name="p47">Modèle:Harvsp</ref>.

Le Modèle:Date- de la même année, un frère vient au monde<ref name="p48">Modèle:Harvsp</ref> et prénommé Eugène<ref name="p47"/>.

Il garde le souvenir de la maison familiale comme d'une Modèle:Citation<ref name="p33">Modèle:Harvsp</ref> ou d'une Modèle:Citation, Modèle:Citation<ref name="p21"/>. Proche et complice de sa mère<ref name="p23">Modèle:Harvsp</ref>, il mène une enfance Modèle:Citation<ref name="p22"/>. Son père, a contrario, est un Modèle:Citation qui exerce sur lui une Modèle:Citation<ref name="p23" />. Il s'ennuie lorsqu'il doit l'accompagner à la maison d'arrêt<ref name="p40">Modèle:Harvsp</ref>. Il rapportera dans son autobiographie L'Enfance les disputes fréquentes de ses parents<ref name="p25">Modèle:Harvsp</ref>.

Il est instruit par sa mèreModèle:Sfn, qui lui fait découvrir des classiques comme Homère, Sophocle, Virgile, La Fontaine, Perrault et les frères Grimm<ref name="p31">Modèle:Harvsp</ref>, et lui raconte des légendes<ref name="p32">Modèle:Harvsp</ref>, et par des professeurs particuliers<ref name="p46"/>. Il sait lire et écrire couramment à quatre ans, commence à apprendre grec et latin à six ; il compose ses premiers vers à huitModèle:Sfn, et très jeune commence un journal intime<ref name="p24">Modèle:Harvsp</ref>. Il fait de fréquents séjours chez ses tantes à Ajaccio<ref name="p40"/>.

Il n'a guère d'amis de son âge ; devant les timbres exotiques, qu'il collectionne, il développe une vaste imagination<ref name="p34">Modèle:Harvsp</ref>. Il se passionne surtout pour les bêtes, en particulier les oiseaux<ref name="p35">Modèle:Harvsp.</ref>.

En Modèle:Date-, les Bonnard quittent Embrun : alors que le père est nommé au centre de détention d’Eysses, à Villeneuve-sur-Lot<ref name="p67">Modèle:Harvsp</ref>, il s'installe avec son frère et sa mère à MarseilleModèle:Sfn.

Formation

Le Modèle:Date-, renonçant à l'instruction à domicile, Abel Bonnard intègre le collège du lycée de Marseille, comme boursier d'État<ref name="p67"/>. Il s'y sent Modèle:Citation, et, guère préparé à la vie sociale, est mis à l'écart par les autres enfants ; il souffre aussi de l'éloignement d'avec sa mère<ref name="p67"/>.

Élève irrégulier et désinvolte, il obtient néanmoins des prix d'excellence en compositions française, latine et grecque et en histoire<ref name="p69">Modèle:Harvsp.</ref> Modèle:Incise et n'en est pas moins remarqué par ses professeurs<ref name="p69" />. Il lit les provençaux Théodore Aubanel et Roumanille, mais aussi Goethe ou Maurras<ref name="p69"/>, et passe la plupart de son temps dans la bibliothèque du lycée et près du Vieux-Port<ref name="p72">Modèle:Harvsp.</ref>. C'est à Marseille qu'il commence à écrire Les Familiers<ref name="p68">Modèle:Harvsp.</ref>.

Il passe ses étés en Corse, où il parcourt l'île<ref name="p73">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="p74">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="p75">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="p76">Modèle:Harvsp.</ref>. Là, il conçoit l'idée d'écrire un Napoléon — projet qu'il poursuivra toute sa vie<ref name="p78">Modèle:Harvsp.</ref>.

Le Modèle:Date-, il est reçu bachelier<ref name="p84">Modèle:Harvsp.</ref>. Lauréat du troisième accessit au concours général en histoireModèle:Sfn la même année, il quitte Marseille pour Paris et s'installe au 17, rue Greuze avec Pauline et Eugène<ref name="p84" />.

Il entre au lycée Henri-IV, puis en khâgne à Louis-le-Grand<ref name="p84"/>. Se faisant remarquer pour son élégance soignée et son caractère distantModèle:Sfn, il fréquente notamment la famille de son compatriote corse Charles Casanova, où il se lie avec plusieurs personnalités comme Jérôme CarcopinoModèle:Sfn. Il se distingue à nouveau en cours de français mais, se montrant un préparationnaire peu appliqué, il préfère fréquenter les courses hippiques avec son camarade Jean CazesModèle:Sfn. Suivant le même Cazes, il apparaît déjà comme un partisan de Paul Déroulède, Modèle:CitationModèle:Sfn ; quand, pour Benjamin Azoulay, il subit également l'influence des Déracinés de Maurice Barrès, qui lui aurait inspiré son mépris des Modèle:Citation et son peu de cas des exigences du concours d'entrée à l'École normale supérieureModèle:Sfn.

De fait, présentant ce concours en 1902<ref name="p84"/>, il échoue avec la moyenne de 23,75 sur 60 et est classé Modèle:25e sur Modèle:Nobr<ref name="p84"/>. Surtout, il néglige de le présenter à nouveau l'année suivante<ref name="p84"/>. Inscrit en Sorbonne<ref name="p85">Modèle:Harvsp.</ref>, il obtient une licence en lettres Modèle:Incise en 1905<ref name="p85"/>.

Ses rapports avec son frère Eugène Modèle:Incise se dégradent, alors que lui réussit ses études avec brio<ref name="p85"/>. Abel, déçu par l'esprit « sorbonnard », auquel il reproche de Modèle:Citation, préfère se consacrer à son œuvre en germe<ref name="p86">Modèle:Harvsp.</ref>. Ne côtoyant pas les autres étudiants, il préfère s'isoler dans sa chambre et entretenir des relations épistolaires, notamment avec Paul Géraldy<ref name="p87">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="p88">Modèle:Harvsp.</ref>. Même s'il connaît beaucoup de monde, il ne fréquente guère qu'Émile Despax et Léo Larguier<ref name="p88"/>.

Il se rend pour la première fois en Italie en 1903, et s'inscrit à son retour comme élève de l’École du Louvre<ref name="p90">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="p91">Modèle:Harvsp.</ref>, où il reste deux ansModèle:Sfn. Dans le même temps, il s'essaie au dessin en reproduisant des silhouettes croisées dans les rues de ParisModèle:Sfn.

Poète, essayiste et journaliste

Débuts à la Belle Époque

Un premier poème, « Les vergers », paraît en 1904 dans La Revue latine dirigée par Émile FaguetModèle:Sfn.

En 1906, grâce à l'appui d'Ernest DupuyModèle:Sfn et de François Coppée<ref name="p94">Modèle:Harvsp.</ref>, il publie son premier recueil de vers, Les Familiers, composé au domaine de Fontlaure à Éguilles chez Joachim Gasquet<ref name="p222">Modèle:Harvsp.</ref> et dédié à sa mère<ref name="p91" />. Il lui assure une certaine assise dans les milieux littérairesModèle:Sfn, et est couronné par la Bourse nationale de voyage littéraireModèle:Sfn ainsi que par le nouveau prix de poésie de l'Académie française<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

D'aucuns suscitent une polémique en prétendant qu'Edmond Rostand se serait fortement inspiré de l'ouvrage de Bonnard pour écrire Chantecler<ref name="p93">Modèle:Harvsp.</ref>.

Son style fait aussi débat : Jules Bois y voit alors un vériste et un naturalisteModèle:Sfn, tandis que Marcel Ballot le range parmi les symbolistesModèle:Sfn. Il fréquente effectivement Catulle Mendès, Sully Prudhomme et Jean Richepin, tous trois affiliés à ce courant<ref name="p97">Modèle:Harvsp.</ref>. Mais Bonnard est principalement soutenu par Coppée, chef de file du Parnasse — Azoulay allant jusqu'à estimer qu'il en fait alors son Modèle:CitationModèle:Sfn. C'est lui qui devient son maître jusqu'à sa propre mort en 1908Modèle:Sfn,<ref name="p96">Modèle:Harvsp.</ref>.

Également à l'été 1906, il est invité à lire ses vers dans son premier salon, celui d'Herminie de RohanModèle:Sfn. Il commence à la même époque à fréquenter le salon de Thérèse Murat Modèle:Incise et de sa sœur Charlotte de Ludre-Frolois, où il rencontre le Tout-Paris<ref name="p98"/>. Il participe aussi aux Modèle:Citation chez René Boylesve<ref name="p98"/>.

Dupuy lui ayant présenté Henri de RégnierModèle:Sfn, il le retrouve à l'automne 1906 à VeniseModèle:Sfn, visitant la place Saint-Marc avec la princesse Bibesco<ref name="p98">Modèle:Harvsp.</ref>. Il gagne ensuite Rome, où il retrouve Carcopino qui l'introduit au palais FarnèseModèle:Sfn. Il est aussi accueilli par Joseph Primoli, lettré, photographe et amateur d'art<ref name="p28">Modèle:Harvsp</ref>, dans son palais, et logé dans sa villa d'AricciaModèle:Sfn. Dans cet Modèle:Citation, il travaille à un recueil de Sérénades, abandonné par la suiteModèle:Sfn. Ernest Dupuy l'introduit dans les milieux mondains de Rome<ref name="p88"/>, tandis qu'il fréquente théâtre, opéra et dînersModèle:Sfn. Avec Primoli, il court Côme ou la SicileModèle:Sfn. Dans son journal, Bonnard moque Benielli — malgré l'affection qu'il lui porteModèle:Sfn. Si certains auteurs, comme Olivier Mathieu, en ont fait le père biologique de Bonnard<ref name="p26">Modèle:Harvsp</ref>, cette hypothèse apparaît infondée aux yeux de Benjamin AzoulayModèle:Sfn.

Fichier:M napol - Spadini 1917 Primoli, Giuseppe 1280281.JPG
Joseph Primoli, dont certains auteurs ont fait Modèle:Incise le père biologique d'Abel Bonnard.

Il continue par ailleurs de séjourner en Provence, où il fréquente le groupe de la revue Le Feu : Joseph d'Arbaud, son vieil ami Joachim Gasquet, Xavier de Magallon et Émile Sicard<ref name="p99">Modèle:Harvsp.</ref>.

Après son retour à Paris en mars 1907, il se réinstalle avec sa mère et son frèreModèle:Sfn. Il passe l'été au Maroc, puis l'automne en Normandie, où il rédige une série de poèmes destinés à la publication dans la Revue de ParisModèle:Sfn.

Le Modèle:Date-, il fait partie du comité d'initiative du « groupe des 45 », dont font partie avec lui Henri Barbusse, Tristan Bernard, Francis de Croisset, Reynaldo Hahn, Gabriel de La Rochefoucauld ou Paul Reboux<ref name="p100">Modèle:Harvsp.</ref>. Le second dîner, où il retrouve Pierre Mortier, a lieu le Modèle:Date-<ref name="p100"/>.

Entretemps, en 1908, écrit et publie coup sur coup deux autres volumes de poésie, Les Royautés et Les Histoires Modèle:Incise. Charles-Ferdinand Ramuz voit dans Les Histoires un roman en vers, marquant un tournant dans son œuvreModèle:Sfn. En outre, Abel Bonnard, au long de sa carrière, usera aussi du vers libre, comme dans son Poème du débauché paru dans la presse en 1938<ref name="p94"/>.

Les deux volumes sont présentés au prix Archon-Despérouses, dans le jury duquel siègent Paul Bourget et Maurice Barrès — avec lequel il entretient une antipathie tenace<ref name="p102">Modèle:Harvsp.</ref> : Les Royautés obtiennent en revanche le prix<ref name="p100"/>.

Échaudé cependant par la mauvaise réception critique des HistoiresModèle:Sfn, il se voit offrir une chronique régulière dans FigaroModèle:Sfn. Selon Azoulay, ce passage à la presse semble se révéler Modèle:Citation pour BonnardModèle:Sfn, le muant pour de bon en Modèle:CitationModèle:Sfn. Le Modèle:Date-, son premier article est consacré à « L'Enfance »Modèle:Sfn. En parallèle, il donne des chroniques aux Annales politiques et littéraires, ainsi que des conférencesModèle:Sfn.

En septembre, il retourne en Italie ; il retrouve Carcopino, avec lequel il mène une vie Modèle:CitationModèle:Sfn. Il passe par Rome, Venise et d'autres villesModèle:Sfn. Il en tire une évocation de la Sérénissime pour Le Figaro, et y compose pour Sarah Bernhardt une pièce aujourd'hui perdueModèle:Sfn. Il inaugure aussi une tradition personnelle de voyage annuel en ItalieModèle:Sfn.

C'est à l'automne 1909Modèle:Sfn que se forme ce que Paul Morand et Régnier ont appelé la Modèle:Citation ou Modèle:Citation<ref name="p91"/>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Le groupe se compose principalement de camarades de l'École du Louvre, dont Charles Du Bos, Auguste Gilbert de Voisins, Émile Henriot, Edmond Jaloux, Eugène Marsan, Francis de Miomandre<ref name="p105">Modèle:Harvsp.</ref> et son proche ami Jean-Louis Vaudoyer<ref name="p91"/>.

Le groupe se réunit au Caffè Florian à Venise<ref name="p105"/>. Il loge chez les sorelle Zuliani, à côté du palais Venier<ref name="p108">Modèle:Harvsp.</ref>. Dans la ville, Bonnard prend des cours de chinois avec un certain Tchou Kia Kien<ref name="p106">Modèle:Harvsp.</ref>. Il y rencontre aussi Gabriele d'Annunzio, mais leurs relations ne sont que froidement courtoises<ref name="p110">Modèle:Harvsp.</ref>.

Au tournant des années 1910, il commence à visiter l'Europe, avec pour commencer Munich et le Rhin à Schlangenbad en 1910Modèle:Sfn, puis Thoune en 1911, Bienne en 1912, Interlaken en 1913Modèle:Sfn, enfin l'Autriche et la Hongrie<ref name="p104">Modèle:Harvsp.</ref>. Il vit quelque temps à Muhlbach, en Alsace<ref name="p104"/>. Il écrit dans Les Guêpes, journal maurrassien<ref name="p99"/>.

Puis, pendant quelques années, il cesse de publier<ref name="p111">Modèle:Harvsp.</ref>. Mais il amasse des centaines de cahiers d'ébauche<ref name="p112">Modèle:Harvsp.</ref>. Parmi ceux-ci, on dénombre des projets de romans d'aventures, de textes fantastiques ou de science-fiction, picaresques, policiers<ref name="p113">Modèle:Harvsp.</ref>. Il multiplie aussi les ébauches d'autobiographies, de nouvelles<ref name="p114">Modèle:Harvsp.</ref> et de portraits dans la veine des Caractères, et les notes sur tous les sujets<ref name="p115">Modèle:Harvsp.</ref>. Mais surtout, il écrit des milliers de pages poétiques<ref name="p116">Modèle:Harvsp.</ref>, parmi lesquels un Chant d'enthousiasme, un Hymne à soi-même et une Ode aux grands hommes<ref name="p118">Modèle:Harvsp.</ref>.

Il fait enfin paraître, en 1913, deux romans, Le Palais Palmacamini et La vie et l’amour, qualifiés de Modèle:Citation par Mathieu, se déroulant en Italie et à Rome et dont les héros sont fortement inspirés de sa personne<ref name="p120">Modèle:Harvsp.</ref>. Selon Silvia Disegni, Le Palais est probablement inspiré de sa rencontre avec Primoli<ref>Modèle:Chapitre.</ref>. Azoulay relève qu'il est manifestement passé inaperçu du public littéraire, même s'il lui vaut les félicitations appuyées de Marcel ProustModèle:Sfn. Quant à La Vie et l'Amour, il reçoit un accueil mitigéModèle:Sfn.

À cette époque, dans l'immédiat avant-guerre, il traîne, avec Paul Géraldy et Pierre Mortier, à Montmartre, et notamment au cercle des artistes russes, et se tient à l'écart des mouvements « avant-gardistes » de l'époque<ref name="p124">Modèle:Harvsp.</ref>. À partir de 1910, il est d'ailleurs éclipsé comme coqueluche des salons par Jean CocteauModèle:Sfn.

En Modèle:Date-, il publie dans Le Figaro une « Ode au héros futur », qui en appelle à Modèle:CitationModèle:Sfn.

Le Modèle:Date-, il témoigne au procès d'Henriette Caillaux, qui vient d'assassiner Gaston Calmette, directeur du journal et proche de Bonnard<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Durant la Grande Guerre

Mobilisé en 1914, il tient à jour durant la Première Guerre mondiale un manuscrit, qu'il intitule Caractère de la guerre<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, et poursuit ses lecturesModèle:Sfn.

Il demande à être versé dans l'infanterie mais se voit opposer un refusModèle:Sfn. Il est affecté comme soldat au service des automobiles à Paris, puis conduit une ambulance de première ligne en ChampagneModèle:Sfn.

Il est muté en 1916 comme officier de marine et envoyé en ItalieModèle:Sfn. Il est alors nommé auxiliaire cryptographe sur le MarceauModèle:Sfn.

En 1918, il rejoint les bâtiments de DunkerqueModèle:Sfn. Repoussant avec succès les assauts ennemis, il sera pour cela décoré de la croix de guerre 1914-1918, et recevra en outre la Légion d'honneur pour ses services d'état-majorModèle:Sfn.

Démobilisé le Modèle:Date-, il publie l'année suivante un long poème aux accents patriotiques voire Modèle:Citation, La France et ses mortsModèle:Sfn.

Entre-deux-guerres

Il repart en voyage dès Modèle:Date-, en Allemagne puis en ItalieModèle:Sfn. Ayant abandonné Le Figaro, il ne publie plus que de rares et courtes chroniques dans les AnnalesModèle:Sfn.

En 1920, il accompagne Paul Painlevé dans sa mission en Chine<ref>Modèle:Lien web</ref>, étant lui-même envoyé par le ministère de l'Instruction publiqueModèle:Sfn. Il est aussi missionné par la Revue des deux mondesModèle:Sfn. Il voit Pékin, puis observe la modernisation et la disparition des coutumes ancestrales au sein des milieux de pouvoirModèle:Sfn. Il étudie la culture et la spiritualité, et traverse le pays alors en guerreModèle:Sfn. Il rentre à Marseille en Modèle:Date-, après neuf mois de voyageModèle:Sfn. Il fait d'abord paraître en quatre parties, entre Modèle:Date- et Modèle:Date-, son récit intitulé « Dans la Chine d'aujourd'hui »Modèle:Sfn. Puis à la fin de l'année, il en tire un livre paru chez Fayard, En ChineModèle:Sfn. L'ouvrage connaît un vaste succès et reçoit le grand prix de littérature de l'Académie française la même année. Il inaugure une série de plusieurs récits de voyage qui se révèlent Modèle:Citation et Modèle:Citation, et, où faisant œuvre de moraliste, il se propose d'analyser l'Modèle:Citation visités, contribuant ainsi à renouveler ce genre littéraireModèle:Sfn.

Chroniqueur, il continue d'écrire pour plusieurs journaux : Le Journal, Comœdia, le Journal des débats, La Revue hebdomadaireModèle:Sfn ou encore Paris-Midi. En 1921, il intègre la rédaction du Gaulois, journal de droite nationalisteModèle:Sfn. En 1922, il fait œuvre de critique d'art dans La République françaiseModèle:Sfn. Il conserve ainsi Modèle:CitationModèle:Sfn.

Azoulay note qu'il côtoie alors de plus en plus des publicistes conservateurs, comme Eugène Marsan ou Jérôme Tharaud, tout en maintenant sa position dans les milieux mondains, et en s'insérant dans des milieux plus officiels via notamment les grands dîners parisiensModèle:Sfn.

Fichier:Joachim & Marie Gasquet.jpg
Joachim et Marie Gasquet.

En 1923, après s'être lié avec Pierre Lebaudy, il prend en charge une chronique dans le Journal des débatsModèle:Sfn. À l'automne de la même année, il s'embarque avec lui pour une croisière sur la Méditerranée, qui large les amarres successivement en Corse, dans les îles Baléares, le long de l'Andalousie, à Casablanca, Alger et TunisModèle:Sfn. En 1924, c'est cette fois la Méditerranée orientale qu'ils explorent, puis l'Adriatique en 1925, avant d'effectuer en 1926 une croisière transatlantique qui les mène jusqu'au BrésilModèle:Sfn. Il en tire Au Maroc (1927), compilation d'articles pour la Revue de Paris qui fait peu de bruit, puis surtout Océan et Brésil, qui reçoit les éloges d'André Bellessort, Régnier, ou encore André ThériveModèle:Sfn. Divers autres articles seront repris dans Le Bouquet du monde en 1938.

En 1926, faisant exception à son silence en matière de jugement sur ses pairs écrivains, il s'oppose dans une dispute de presse au critique Paul Souday, un de ses plus tenaces adversaires, qui met en cause ses compétencesModèle:Sfn. La même année, il donne La Vie amoureuse d'Henri Beyle (Stendhal), suivi deux ans plus tard du Supplément à De l'amour de Stendhal.

En 1928, il promet à Marie Gasquet, veuve de son ami Joachim, d'écrire Les Belles Fêtes, ce qu'il ne fera jamais<ref name="p222"/>. Il livre en revanche dans le même temps coup sur coup L'Enfance, L'Amitié et L'Argent. C'est aussi à cette période qu'il s'éloigne de beaucoup de ses anciens amis, notamment de Pierre Mortier<ref name="p222"/>. Il s'adjoint les services de son frère comme secrétaire<ref name="p222"/>. En 1929 est publié son Saint François d'Assise. En 1937 paraîtra encore Savoir aimer.

Le début des années 1930 est pour lui l'occasion d'une intense activité artistique : il visite beaucoup d'expositions et s'adonne au dessin<ref name="p223">Modèle:Harvsp</ref>. De là, il tire des articles de critique d'art et puise de l'inspiration pour écrire Rome — publié en 1931<ref name="p223" />. C'est alors qu'il se brouille avec Bergson<ref name="p270">Modèle:Harvsp</ref>. Le 11 juin de la même année, candidat à l'Académie française, il échoue contre Pierre Benoit alors que son ami Jules Cambon, malade, n'a pas pu prendre part au vote<ref name="p227">Modèle:Harvsp</ref>. Mais, un an après, le Modèle:Date<ref name="p227"/>, il est élu membre de l'Académie au fauteuil de Charles Le Goffic en s'imposant largement face à Francis de Croisset, René Pinon, Alfred Poizat et Jérôme Tharaud<ref>Modèle:Article</ref>. Son talent d'écrivain, mais aussi son entregent, son activité mondaine et ses dons de « causeur » expliquent son élection<ref name="MonsieurBonnard">Modèle:Article</ref>. Le Modèle:Date-, en présence d'un public dense et composé de « longues moustaches »<ref name="p228"/>, il est reçu, Modèle:Citation par le cardinal Baudrillart<ref>Modèle:Article</ref>, après que ses amis, au premier titre desquels l'amiral Lacaze, lui eurent remis son épée<ref>Modèle:Article</ref> due à l'orfèvre André FalizeModèle:Sfn au cours d'une brève cérémonie au siège du Journal des débats<ref name="p228">Modèle:Harvsp</ref>. Il devient l'un des trois plus jeunes académiciens<ref name="p228"/>.

Après son élection, il déménage avec sa famille dans un appartement plus grand et à même d'héberger sa bibliothèque et ses bibelots de voyageModèle:Sfn. Il déclare à un journaliste qu'il regrette de n'avoir plus le temps de voyager, qu'il aimerait entreprendre un nouveau périple en Asie, et que son prochain ouvrage sera le Napoléon qu'il prépare de longue date<ref name="p228"/>.

Abel Bonnard, selon Olivier Mathieu, est Modèle:Citation. Il y est, Modèle:Citation. Mais il est aussi le nègre de plusieurs auteurs : toujours d'après Mathieu, il est ainsi l'auteur de la moitié du Turenne du général Weygand<ref name="p231"/>,<ref name="p232">Modèle:Harvsp</ref>.

Selon certains, membre influent de l'Académie, il y aurait largement favorisé l'élection de Charles MaurrasModèle:Sfn.

En politique

Engagement dans la mouvance « nationale » (années 1930)

Fichier:Abel Bonnard 1933.jpg
Abel Bonnard en 1933.

Très tôt, il a des contacts parmi les hommes politiques : Léon Bérard, Maurice Paléologue, André Tardieu ou Weygand, comme son ami André Delacour, lui font des confidences et lui donnent des informations ; il les rassemble dans son journal sous le titre Choses sues<ref name="p226">Modèle:Harvsp</ref>. Jules Cambon lui insuffle le goût politique<ref name="p227"/>.

Revenu des longs voyages, il se cantonne cette fois-ci à l'Europe<ref name="p235">Modèle:Harvsp</ref>, et notamment à l'Espagne<ref name="p236">Modèle:Harvsp</ref>, d'où il ramène Navarre et Vieille-Castille<ref name="p237">Modèle:Harvsp</ref>, à la Yougoslavie<ref name="p237"/>, à Venise<ref name="p238">Modèle:Harvsp</ref> et à Bruxelles, où il représente l'Académie<ref name="p244">Modèle:Harvsp</ref>.

Benjamin Azoulay souligne qu'il dresse l'éloge de Benito Mussolini dès 1923 dans Le Gaulois, et qu'il se montre Modèle:Citation en 1924 dans En Chine, s'opposant à un métissage risquant à l'en croire de conduire à l'uniformisation du monde, et flétrissant l'héritage des LumièresModèle:Sfn. Il se fait connaître des milieux politiques nationalistes à partir de 1925 par sa collaboration au quotidien de Georges Valois, Le Nouveau Siècle, puis au Courrier royal avec Henry Bordeaux et Georges Bernanos. Proche de l'Action française, sa pensée politique est celle d'un nationalisme maurrassien, antiparlementariste. Il préside en Modèle:Date- l'ouverture des cours de l'institut d'Action française, aux côtés de Maurras<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>. C'est un habitué des dîners des « Affinités françaises »<ref group=n>Sur ces dîners, cf. la page consacrée à leur fondateur, Louis de Fraguier.</ref>, qu'il préside à plusieurs reprises Modèle:Incise et où il valorise le rôle des élites, un thème qui lui est cher<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>,. Il assiste à d'autres dîners, par exemple en 1933<ref>Modèle:Article</ref>, 1934<ref>Modèle:Article</ref> ou 1939<ref>Modèle:Article</ref>.

On le trouve aux banquets du cercle Fustel de Coulanges, proche de l'Action française, à des réunions de la Jeune Droite : il préside en Modèle:Date- un dîner de La Revue du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle de Jean de Fabrègues, et participe à des réunions de la revue Combat, en juin et à l'automne 1936<ref>Modèle:Harvsp</ref> : par exemple, une organisée par la revue en Modèle:Date- sur le thème « tradition et révolution », avec Gillouin, Brasillach et le critique d’art de Combat Jean Loisy, ou une autre sur « l'art d'État et l'art de classe »<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Harvsp</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>.

Le Modèle:Date-, il déclare à Candide : Modèle:Citation bloc

Il est sceptique quant à l'action des ligues, en particulier lors de la crise du 6 février 1934 : il évoquera dans un discours en 1937 Modèle:Citation.

La victoire du Front populaire en 1936 le pousse à publier ce qui est son œuvre politique majeure, Les Modérés<ref name="p245">Modèle:Harvsp</ref>, qui critique les parlementaires ainsi que la démocratie. Il rejoint des personnalités « nationales » comme René Gillouin et Gaston Le Provost de Launay au comité directeur du Rassemblement national pour la reconstruction de la France (1936-1937), aux côtés du général Maxime Weygand ou Bernard Faÿ notamment, qu'il a pu côtoyer aux « Affinités françaises »<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>,<ref name="p271">Modèle:Harvsp</ref>. En Modèle:Date-, il suit la dépouille mortelle de Jacques Bainville<ref name="p271"/>. En Modèle:Date-, il préside un meeting nationaliste qui, avec comme orateurs Louis Darquier de Pellepoix et Henri Massis, célèbre l'action antibelliciste de Maurras et Thierry Maulnier, et y préconise la « Révolution nationale »<ref>Modèle:Harvsp</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>. On le trouve encore aux côtés de Maurras, à un dîner de « L'Œillet blanc » Modèle:Incise en 1936 et comme président d'une conférence de Bernard Faÿ donnée en 1939 sous les auspices de ce cercle<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>.

Il se rapproche du Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot, et prend la présidence de ses Cercles populaires français en 1937<ref name="p272">Modèle:Harvsp</ref>, participe à des meetings<ref name="p272" />,<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>. Il préside en 1937 une conférence de Doriot donnée au Cercle des chambres syndicales patronales, ce qui donne l'occasion à la gauche de moquer le prétendu caractère « populaire » du PPF<ref group=n>On trouve en effet à cette conférence sur le communisme le président de la Confédération générale du patronat français Claude-Joseph Gignoux, Nicolle du Comité de salut économique et de la CGPF, et des hommes politiques de droite tels Xavier Vallat ou Gaston Le Provost de Launay. Bonnard est entouré par Doriot d'une part et la duchesse de La Rochefoucauld d'autre part.</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>.

Il ne rompt pas pour autant avec les milieux d'Action française et les autres cercles « nationaux ». C'est alors que le PPF prône l'union des « nationaux », avec notamment la création du Front de la liberté (FL). Il devient en 1936 membre du comité d'honneur du cercle Jacques Bainville de Paris, aux côtés de Maurras et Léon Daudet notamment<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Il prend la parole en Modèle:Date- au meeting organisé au Vélodrome d'hiver pour célébrer la sortie de prison de Charles Maurras, comme d'autres personnalités du monde des « nationaux ». Maurras mérite alors selon lui Modèle:Citation<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>,<ref group=n>Il lit aussi une adresse d'André Chaumeix. D'autres personnalités sont présentes, notamment l'académicien André Bellesort, Lucien Romier, Henri Massis, René Dommange, Xavier Vallat, Philippe Henriot, Louis Marin, Jean Chiappe, Pierre Taittinger, etc.</ref>. En 1939, on le trouve encore à la table d’honneur lors d’une réunion organisée par Charles Trochu salle Wagram pour célébrer l’élection de Maurras à l’Académie française, en présence du « maître » et aux côtés de Le Provost de Launay, Henry Lémery, Gillouin, Georges Claude, Firmin Roz, etc.<ref>L’Action française, 5-3-1939, Le Temps, 6/3/1939</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>. En outre, il préside une réunion du cercle Fustel de Coulanges, aux côtés de Maurras, au cours de laquelle les orateurs montrent Modèle:Citation, dans le contexte du Modèle:150e de la Révolution française : une réunion « nécessaire pour sauver l'honneur de l'esprit français devant une glorification frauduleuse » selon Bonnard, qui affirme : Modèle:Citation<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>.

Il prend position contre le racisme dans un article du Journal des débats du Modèle:Date- intitulé « Les esprits libres » ; en outre, il fait élire Maurice Paléologue à l'Académie et attribuer le grand prix de littérature à André Suarès<ref name="p244"/>, et Les Modérés reçoivent les louanges de personnalités juives comme Henry Bernstein, André Maurois, Henri Bergson<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Néanmoins, il prend des notes sur le racisme et la question juive en 1937<ref name="p268">Modèle:Harvsp</ref>, qui ne seront publiées qu'un demi-siècle plus tard et qui montrent son évolution vers l'antisémitisme — évolution qui lui vaut les attaques de la Ligue internationale contre l’antisémitisme (LICA)<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Ce futur ministre de l'Éducation est convaincu qu'il n'est Modèle:Citation et qu'elle doit être réservée à une élite<ref>Modèle:Article</ref>. Il exprime souvent cette idée dans ses conférences et ses écrits, depuis son Éloge de l'ignorance en 1926 Modèle:Incise, notamment dans les cercles « nationaux » qui partagent ses convictions réactionnaires sur ce sujet, comme le cercle Fustel de Coulanges<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>. Selon lui, l'instruction n'est bonne ni pour les femmes<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, ni pour le peuple. Bonnard fait l'apologie de l'instinct, de l'élitisme, de la sélection, du bon sens populaire<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Il figure au comité de patronage de la Ligue de l'éducation française, lancée en 1936<ref>Modèle:Article.</ref>.

En 1935, il signe le Manifeste pour la défense de l’Occident et la paix en Europe<ref name="p271"/>. Il soutient l'Espagne du général Franco<ref>Modèle:Article</ref> et préside une réunion de L'Ordre national « en hommage à l'Espagne nouvelle »<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>.

Proche ensuite du comité France-Allemagne<ref>Modèle:Harvsp</ref>, il voyage en Allemagne en 1937 ; le quotidien Le Journal publie ses impressions et ses interviews d'Adolf Hitler<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref> et du théoricien nazi Alfred Rosenberg<ref>Modèle:Article</ref>. La presse nazie souligne ses prises de position en faveur du rapprochement franco-allemand<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>. Ainsi, il sympathise avec Otto Abetz<ref name="p266">Modèle:Harvsp</ref> et Ernst Jünger<ref name="p267">Modèle:Harvsp</ref> et, le Modèle:Date-, il reçoit Leni Riefenstahl à Cherbourg<ref name="p239">Modèle:Harvsp</ref>.

C'est vers cette période qu'il rompt avec ses amis juifs, notamment Bernstein et Maurois<ref name="p270"/>. En 1939, représentant l'Académie à l'occasion du tricentenaire de la naissance de Racine, il rencontre António de Oliveira Salazar, chef de l'Estado Novo, à Lisbonne<ref name="p268"/>.

En Modèle:Date-, sa vieille amante Thérèse Murat lui consacre une longue conférence au Cercle Bainville, avant de mourir l'année suivanteModèle:Sfn. Azoulay voit dans cette disparition celle du Modèle:Citation et à l'antigermanismeModèle:Sfn.

Après que la guerre éclate, il est mobilisé brièvement dans un bureau de la MarineModèle:Sfn.

Il prononce encore une conférence, le Modèle:Date- ; il est aussi en contact avec Louis Thomas, futur collaborateur<ref name="p280">Modèle:Harvsp</ref>.

Partisan de la collaboration (1940-1944)

Fichier:Abel Bonnard.jpg
Abel Bonnard vers 1942.

Il est davantage collaborationniste que maréchaliste sous l'Occupation : membre d'honneur du Groupe Collaboration, il prône Modèle:Citation. Il écrit dans Aujourd'hui, Le Cri du peuple (quotidien du PPF), France-Japon, La Gerbe et Le Matin<ref>Modèle:Lien web</ref>. Dans La Nouvelle Revue française de Modèle:Date-, il dit sa réjouissance d'être Modèle:Citation de l'Europe des Lumières<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref> ; auteur d'éditoriaux dans Je suis partout, il se fend notamment d'un article intitulé « Les réactionnaires »<ref>Modèle:Harvsp</ref>, dans lequel il marque sa rupture avec le royalisme et l'antigermanisme de Maurras ; les deux hommes ne devaient plus se revoir<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Avec Xavier de Magallon, il fréquente la fine fleur de la collaboration : Otto Abetz, Arno Breker, Modèle:Lien, Modèle:Lien, Modèle:Lien, Modèle:Lien, etc.<ref name="p297">Modèle:Harvsp</ref> ; il reçoit Ernst Jünger, qui voit en lui Modèle:Citation. Dans Les Décombres, Lucien Rebatet saluera Modèle:Citation. Son collaborationnisme exacerbé, et le soutien qui lui est apporté par Abetz, lui valent le surnom d'« Abetz Bonnard<ref name="Buisson 2008">Modèle:Harvsp</ref> ».

Le Modèle:Date-, il est désigné par Vichy membre du Conseil national<ref name="p294">Modèle:Harvsp</ref>. La même année, il fait paraître ses Pensées dans l'action<ref name="p291">Modèle:Harvsp</ref>. Du 21 au Modèle:Date-, il fait partie du célèbre groupe de sept écrivains français Modèle:Incise qui se rendent au congrès international de littérature à Weimar, où ils rencontrent Joseph Goebbels<ref name="p298">Modèle:Harvsp</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Il y rencontre son ami John Knittel<ref name="p298"/>. Avec Brasillach et Drieu, il se recueille sur les tombes de Goethe et Schiller<ref name="p299">Modèle:Harvsp</ref>. Il y retourne dès 1942 avec, en sus, Georges Blond et André Thérive<ref name="p298"/>.

Il soutient la formation de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF) en Modèle:Date-<ref name="p311"/> ; il est membre de son comité de patronage.

En Modèle:Date-, il se réconcilie avec Pierre Bonardi, l'époux de sa tante avec lequel il était brouillé depuis son enfance<ref name="p302"/>.

Il signe en mars 1942 le manifeste des intellectuels français contre les crimes britanniques, lancé par le PPF, au titre de président des Cercles populaires.

Ministre de Vichy

Fichier:Microfiche abel bonnard paris 1942 collection baud.jpg
Microfiche d'Abel Bonnard.

Le Modèle:Date-, il est appelé au gouvernement de Vichy par Pierre Laval qui le nomme ministre de l'Éducation nationale<ref name="p301">Modèle:Harvsp</ref>. Sa nomination est saluée dans La Gerbe et dans Je suis partout sous la plume de Robert Brasillach<ref name="p301"/>, mais moquée par Jean Guignebert au micro de la BBC<ref name="p301"/>,<ref name="p302">Modèle:Harvsp</ref>.

À l'hôtel de Rochechouart, siège du ministère, il s'installe dans le bureau de Jules Ferry<ref>Modèle:Lien web</ref>. Son équipe ministérielle est composée principalement de René Georgin, directeur de cabinet, Jacques Bousquet<ref>Modèle:Lien web</ref>, Pierre Couissin<ref>Modèle:Lien web</ref>, Maurice Gaït, Serge Jeanneret<ref>Modèle:Lien web</ref>, Jean Mouraille, Marcel Giraudet, Jean-Alexis Néret, André Lavenir et Maurice Roy<ref name="p308">Modèle:Harvsp</ref> ; il a également Alfred Cortot comme conseiller technique<ref>Modèle:Lien web</ref>, tandis que Marie Susini devient sa secrétaire particulière<ref>Voir sur corsenetinfos.corsica.</ref>.

Membre du gouvernement, il n'assiste plus aux séances de l'Académie, ni n'intervient dans les médias<ref name="p309">Modèle:Harvsp</ref>, si ce n'est dans La NRF dirigée par Drieu<ref name="p313">Modèle:Harvsp</ref> et au micro de Radio-Paris<ref name="p316">Modèle:Harvsp</ref>.

Durant son passage au gouvernement, Bonnard est surtout connu du grand public pour la rumeur sur son homosexualité lancée par Jean PaulhanModèle:Sfn, dont témoigne les sobriquet de « La Belle Bonnard » ou « Gestapette » (inventé par le chroniqueur Jean Galtier-Boissière et repris par Pétain)<ref>Modèle:Harvsp</ref>,<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Lui-même, à en croire Patrick Buisson, aurait volontiers entretenu la rumeur par ses allures de dandy, ou en s'affichant lors de sa prise de fonctions avec un jeune directeur de cabinet au physique avantageux<ref name="Buisson 2008" />. Buisson affirme à cet égard que : Modèle:Citation Azoulay confirme qu'il multiplie durant cette période Modèle:Citation. Mais cette prétendue homosexualité est cependant contestée par Olivier Mathieu, qui argue de l'existence de liaisons féminines dans la vie de l'écrivain<ref name="Buisson 2008" />, ainsi que par Benjamin AzoulayModèle:Sfn,Modèle:Sfn, pour qui elle demeure Modèle:CitationModèle:Sfn.

Malgré son attitude laudatrice en public, il n'apprécie guère Philippe Pétain, qu'il décrit dans son journal comme Modèle:Citation. Il pousse à la coopération franco-allemande dans le domaine des échanges culturels<ref name="Epstein 2008 43">Modèle:Harvsp</ref> et fait connaître ses positions anticléricales<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

En Modèle:Date-, il inaugure la grande exposition consacrée à Arno Breker à l'Orangerie<ref name="p310">Modèle:Harvsp</ref>, puis entame une tournée des écoles primaires<ref name="p310"/>. Le Modèle:Date-, il entre au comité de la Légion tricolore<ref name="p310"/>, avatar de la LVF. En octobre, il participe à Paris aux journées de l'agence de presse Inter-France organisées par Dominique Sordet<ref name="p306">Modèle:Harvsp</ref>,<ref name="p307">Modèle:Harvsp</ref>. Il multiplie également les décrets imposant le service du travail obligatoire (STO) aux étudiants<ref name="Buisson 2008" />, fonde, en Modèle:Date-, une chaire d'ethnologie et d'histoire du judaïsme à la Sorbonne, confiée à un antisémite, Henri Labroue<ref name="Epstein 2008 43" />, ainsi qu'un institut anthropo-sociologique<ref name="p311">Modèle:Harvsp</ref>. Il applique à la lettre les lois antisémites du régime français collaborateur en procédant à la révocation de tous les juifs en poste dans l'Éducation nationale, et notamment de l'inspecteur général de l'instruction publique Jules Isaac, auteur des célèbres manuels scolaires d'histoire Malet et Isaac, en déclarant le Modèle:Date- : Modèle:Citation

Le Modèle:Date-, il est désigné membre du conseil municipal de Paris<ref name="p316"/>, représentant le [[16e arrondissement de Paris|Modèle:16e de Paris]]<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Le Modèle:Date-, il est l'un des fondateurs du Service d'ordre légionnaire (SOL), embryon de la Milice<ref name="p311"/>. Il révoque Simone de Beauvoir en Modèle:Date- pour Modèle:Citation, mais échoue à faire de même pour Sartre<ref>Modèle:Article.</ref>.

Il porte la responsabilité d'avoir, dans l'Modèle:Nobr, donné un ordre de mission à un certain Jean-François Lefranc de laisser revenir à Paris Modèle:Incise la précieuse collection (mise en caisses) de Modèle:Unité anciens d'Adolphe Schloss, dont ce marchand d'art parisien avait été désigné « administrateur »<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Transférée en 1939 de Paris au château corrézien de Chambon, la collection y fut localisée le Modèle:Date-, emballée en cinq ou six jours et dérobée par les hommes de main de la Gestapo<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Le Modèle:Date-, il est conspué au Quartier latin par un groupe de Modèle:Unité en médecine<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Le Modèle:Date-, il se dispute violemment avec son frère Eugène, qui lui reproche sa politique Modèle:Citation<ref name="p319">Modèle:Harvsp</ref>,<ref name="p320">Modèle:Harvsp</ref>.

Le Modèle:Date-, peu après l'exécution de Philippe Henriot, il fait partie de la vingtaine de signataires de la « note des ultras », qui réclament la Modèle:Citation<ref name="p321">Modèle:Harvsp</ref>. L'Humanité clandestine s'attaque alors à ce Modèle:Citation et Modèle:Citation<ref name="p321"/> et appelle à se venger sur sa famille<ref name="p322">Modèle:Harvsp</ref>.

Le Modèle:Date-, il commence ses préparatifs de départ pour l'exilModèle:Sfn. Mais le 17, sa voiture est volée devant le ministère par son collaborateur Jean Georges, avec à l'intérieur de l'argent liquide, sa garde-robe et son journalModèle:Sfn. Il est donc bloqué à Paris et trouve refuge pour la nuit avec son frère et sa mère à la résidence de l'ambassade d'Allemagne, Abetz lui livrant une voiture militaire en remplacementModèle:Sfn.

Le même jour, avec Jean Bichelonne, Maurice Gabolde, Raymond Grasset et Paul Marion, il assiste à son dernier conseil des ministres<ref>Modèle:Lien web</ref>. Il reste en poste jusqu'au Modèle:Date-, date à laquelle il quitte Paris<ref name="p322"/>. Malgré sa relative longévité à ce poste, son œuvre de ministre est mince mis à part ses actions antisémites, ce qui est paradoxal compte tenu de ses réflexions antérieures sur l'éducation<ref name=Barreau477/>.

Fuite, condamnation et exil (1944-1968)

Le Modèle:Date-, dernier ministre à fuirModèle:Sfn, il retrouve Pétain à Belfort<ref name="p323">Modèle:Harvsp</ref>. Le Modèle:Date-, il part pour Sigmaringen<ref name="p323"/>.

Sigmaringen

Arrivé à Sigmaringen avec sa vieille mère et son frère<ref name="p323"/>, il y retrouve les « ultras » de la collaboration, Fernand de Brinon, Marcel Déat, Jacques Doriot et Georges Oltramare, et les écrivains Céline et Rebatet<ref name="p323"/>. Il se garde de soutenir la Commission gouvernementale fantoche de Brinon, se tenant à l'écart des intrigues du château et logeant en ville avec sa familleModèle:Sfn.

Le Modèle:Date-, il assiste aux funérailles de Doriot<ref name="p323"/>.

Il se lie en revanche avec Louis-Ferdinand CélineModèle:Sfn, ou avec l'Allemand Gerhard HellerModèle:Sfn.

Fichier:Grab der Pauline Bonnard Sigmaringen.jpg
Tombe de Pauline Bonnard au cimetière de Sigmaringen.

Il passe l'essentiel de son temps en recherches historiques dans la bibliothèque du château, et à rédiger des notes pour la défense de Laval lors de son futur procèsModèle:Sfn.

Céline, qui évoquera dans D'un château l'autre ainsi que dans ses Entretiens familiers avec Robert Poulet l'admiration et le charme que cette grande amatrice de poésie exerceront sur lui, est le dernier médecin de sa mèreModèle:Sfn. Elle meurt le Modèle:Date-<ref name="p323"/>, des suites d'une chuteModèle:Sfn. Il signe son acte de décès, avant qu'elle soit inhumée au cimetière de Sigmaringen. Déat relève que Bonnard se montre Modèle:CitationModèle:Sfn.

Le 22, à la gare de Sigmaringen, il fait ses adieux à Céline en partance pour le DanemarkModèle:Sfn.

Une fois sa mère disparue, il peut planifier sa fuite : il commence par tenter de joindre le Portugal, puis l'Espagne, mais gagne cependant la Suisse avec le couple Laval à la fin avril 1945Modèle:Sfn. Mais expulsés, ils doivent se rabattre sur Feldkirch puis, le 1er mai, sur BolzanoModèle:Sfn.

L'Espagne

En prison

Le Modèle:Date-, avec son frère, Maurice Gabolde, Paul Néraud ainsi que Jeanne et Pierre Laval<ref name="p326">Modèle:Harvsp</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>, il se replie à MeranoModèle:Sfn, puis s'envole pour l'Espagne dans un avion prêté par le diplomate allemand Rudolf Rahn<ref name="p326"/>.

Arrivé dans le pays sans passeport, il est incarcéré à la forteresse du château de Montjuïc — où il s'occupe en dessinant<ref name="p333">Modèle:Harvsp</ref> les voiliers sur la mer qui est procheModèle:Sfn. De fait, Azoulay relève que son frère et lui y vivent Modèle:Citation, aux frais du régime franquisteModèle:Sfn. Le 30 juillet, il salue pour la dernière fois Laval, qui se rend en France pour être jugéModèle:Sfn.

Condamné à mort

Entre-temps, il est mis à l'index par le Comité national des écrivains pendant l'épuration<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Les Lettres françaises, 16 septembre 1944, Modèle:P.sur Retronews.</ref>. Le Modèle:Date-, après un procès d'un quart d'heure marqué par le réquisitoire de l'avocat général Marcel Blanchet<ref>Modèle:Lien web</ref>, il est condamné à mort par contumace pour Modèle:Citation et Modèle:Citation<ref name="p333"/>,<ref name="p334">Modèle:Harvsp</ref>. Se voyant retirer ses décorations et confisquer ses biens<ref name="p334"/>,<ref>Modèle:Lien web</ref>, il encourt la peine de dégradation nationale, laquelle entraîne, le Modèle:Date-, sa radiation par ordonnance de l'Académie française<ref group=n>Modèle:Citation</ref>,<ref name="p336">Modèle:Harvsp</ref>,<ref name="Racine">Modèle:Harvsp</ref>. Il partage ainsi le sort du maréchal Pétain<ref name="Racine"/> et de Charles Maurras<ref name="Racine"/>.

Mais, contrairement à ces deux derniers, et comme Abel Hermant<ref name="Racine"/>, il verra son fauteuil pourvu de son vivant<ref name="Racine"/> : le Modèle:Date-, élu face à Léon-Paul Fargue et Martin-Saint-René<ref>Modèle:Lien web</ref>, Jules Romains lui succède<ref name="p336"/>.

Installation dans le pays

Finalement libéré le Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web</ref>, il séjourne dans un hôtel de Barcelone<ref name="p336"/>. Autorisé, le Modèle:Date-, à circuler sur le territoire espagnol<ref name="p336"/>, il obtient l'asile politique<ref>Modèle:Harvsp</ref>, grâce à l'appui de José Félix de Lequerica<ref name="Belleroche 1975">Modèle:Harvsp</ref>,<ref name="p326"/>. Il peut ainsi résider à Salamanque<ref>Modèle:Lien web</ref>, avant de s'établir définitivement à Madrid à l'automneModèle:Sfn, où il restera une douzaine d'années. Dans le même temps, il rencontre une Alsacienne qui devient sa maîtresse<ref name="p338"/>.

Eugène Bonnard meurt en Modèle:Date-<ref name="p338">Modèle:Harvsp</ref>, des suites d'un cancer du foieModèle:Sfn.

Là, sombrant dans la misère, il donne des chroniques traduites en espagnol au journal MadridModèle:Sfn. Il se contente d'un repas par jourModèle:Sfn, change souvent de domicile<ref name="p338"/>, et doit se rendre une fois par semaine au poste de policeModèle:Sfn.

Il rencontre des personnalités espagnoles, ainsi Manolete<ref name="p338"/>, mort en 1947<ref name="p339">Modèle:Harvsp</ref>. Il retrouve aussi d'anciens collaborateurs, comme Josée, la fille de Laval<ref name="p339"/>, Paul MorandModèle:Sfn, ainsi que Georges Guilbaud et sa jeune épouse Maud, qui le trouvera Modèle:Citation, et qu'il chargera de la documentation autour de l'étude sur Napoléon qu'il prépare de longue date, et les frères José Ignacio et Modèle:Lien<ref name="Belleroche 1975" />.

En 1949, il finit par obtenir une carte de résidence qui le dispense de visites à la policeModèle:Sfn.

En Modèle:Date-, il rencontre incidemment l'illustrateur Pierre Labrouche, coauteur avec lui de Navarre et Vieille-Castille<ref name="p339"/>. Tous les vendredis, jusqu'en 1957, il publie une chronique dans Madrid<ref name="p340">Modèle:Harvsp</ref>. Peu avant sa mort, il fréquente assidûment Amélie d'Orléans, ancienne reine du Portugal, qui aurait été sa dernière maîtresse<ref name="p355">Modèle:Harvsp</ref>.

Le Modèle:Date-, alors que la Haute Cour de justice s'apprête à juger les derniers hauts responsables du régime de Vichy, à savoir Louis Darquier de Pellepoix, Maurice Gabolde, André Masson et lui-même, il annonce, seul des quatre et à la surprise générale, son intention de se présenter à son procès<ref name="p340" />.

Nouveau procès

Le Modèle:Date-, accompagné de ses défenseurs, Jacques Martin-Sané et André Toulouse, il quitte Madrid pour Paris, où il se constitue prisonnier<ref name="p341">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Arrivé à l'aéroport du Bourget, où il a le temps de répondre à quelques questions de journalistesModèle:Sfn, il y est interpellé puis est conduit à la prison de Fresnes, où on lui signifie le mandat d'arrêt dont il fait l'objet. Incarcéré deux heures et demie<ref>Modèle:Lien web.</ref>, il est mis en liberté provisoire<ref name="p343">Modèle:Harvsp.</ref> pour raison médicaleModèle:Sfn.

Il séjourne dans une maison de santé à Enghien, puis dans un appartement du boulevard Pereire et dans un hôtel à Passy<ref name="p343"/>, chez son ami Émile RipertModèle:Sfn. Au début de 1959, il rentre deux semaines à Madrid pour consulter son médecinModèle:Sfn, mais revient dans la foulée à Paris<ref name="p343"/>.

C'est le Modèle:Date-, salle de Brosse<ref name="p345">Modèle:Harvsp.</ref> au Sénat, que la Haute Cour siège dans une séance extraordinaire présidée par le député Jean de Broglie<ref name="p344">Modèle:Harvsp.</ref>. Le Monde salue un procès Modèle:CitationModèle:Sfn. Le jury est composé de sept députés et six sénateurs, et l'avocat général est Raymond Lindon<ref name="p344"/>. Parmi les témoins de la défense, on compte André Lavenir, ancien membre du cabinet de Bonnard, Alexandre Rauzy, ancien député de l'Ariège, et Pierre Taittinger<ref name="p344"/>. Dans le public, se trouve notamment Jacques Benoist-Méchin<ref name="p344"/>.

Le magistrat instructeur, le conseiller Guy Raïssac, déclare dans son rapport qu'aucun des griefs retenus contre Bonnard n'est fondé<ref name="p344"/>. Interrogé, Bonnard ne renie pas son engagement passé<ref>Modèle:Lien web.</ref> ; il est applaudi dans le public<ref name="p345" />. Son intervention est reproduite dans Écrits de ParisModèle:Sfn. Le lendemain, second et dernier jour d'audience<ref name="p345"/>, l'avocat général Lindon dresse un violent réquisitoire contre lui<ref name="p346">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Modèle:Me souligne, lui, que Bonnard Modèle:Citation<ref name="p347">Modèle:Harvsp.</ref>.

Après deux heures de délibération du jury, il est condamné à dix ans de bannissement avec sursis, avec effet à partir du Modèle:Date- : la peine Modèle:Incise est donc déjà purgée. Il voit, en outre, sa dégradation nationale rapportée, et est déclaré fondé à Modèle:Citation à la Libération<ref name="p347"/>. Mais, à propos du terme Modèle:Citation, il dit : Modèle:Citation ; n'acceptant donc pas cette « flétrissure morale », il retourne à Madrid quelques jours plus tard<ref name="p348"/>.

Retour à Madrid

Il fait encore paraître, en Belgique, deux plaquettes reprises d'anciens articles, et, après une visite de son directeur Raymond Bourgine en 1962<ref name="p355"/>, accepte d'écrire cinqModèle:Sfn articles dans Le Spectacle du Monde<ref name="p348"/>. À la fin de Modèle:Date-, il fait un ultime séjour à Paris<ref name="p352">Modèle:Harvsp.</ref>. Il continue à vivre dans la pauvreté<ref name="p353">Modèle:Harvsp.</ref>, et reçoit quelques subsides via Emmanuel Berl, Jacques Guérard et Paul Morand<ref name="p352"/>. Certains de ses anciens éditeurs lui versent des droits d'auteur, et la bibliothèque de Caen, qui acquiert une part de sa bibliothèque<ref group=n>Le fonds Abel-Bonnard sera en effet constitué avec Modèle:Unité (cf. Modèle:Lien web).</ref>, l'indemnise<ref name="p352"/>.

Parmi ses quelques plaisirs, on compte ses promenades nocturnes près du Jardin botanique royal, et ses visites au palais d'Orient, à la puerta de Alcalá et à la statue équestre de Philippe IV<ref name="p353"/>. Il dîne régulièrement avec Léon Degrelle, Claude Martin, Saint-Paulien et Otto Skorzeny<ref name="p354">Modèle:Harvsp.</ref>, tandis que Jacques Benoist-Méchin lui rend visiteModèle:Sfn, et qu'il reçoit des visites amicales de Jean-Marie Le Pen<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Il donne des leçons de français dans certains quartiers de Madrid<ref name="p352"/>. Il s'intéresse à Degas, Gobineau, Leopardi<ref name="p362">Modèle:Harvsp.</ref>. Malgré les sommes qu'on lui propose pour écrire ses Mémoires, il refuse ces offres<ref name="p353"/>. Cependant, en 1962, il rédige son Testament politique<ref name="p355"/> — resté à l'état de manuscrit. En Modèle:Date-, les derniers exemplaires de l'édition originale des Modérés disponibles chez Grasset sont mis au pilon<ref name="p363">Modèle:Harvsp.</ref>. Au même moment, Roger Nimier<ref>Modèle:Lien web.</ref> propose à Bonnard de faire rééditer certains de ses livres ; mais il meurt dans un accident quelques semaines plus tard<ref name="p363"/>.

En 1963, il envoie son témoignage sur Céline, qui vient de mourir, aux Cahiers de l'HerneModèle:Sfn.

Son dernier voyage hors d'Europe, Bonnard l'accomplit à Tenerife, dans les îles Canaries, en Modèle:Date-<ref name="p365">Modèle:Harvsp.</ref>. Alors que, toujours à Madrid, il déménage dans le quartier de Prosperidad Modèle:Incise il est terrassé par un infarctus<ref name="p367">Modèle:Harvsp.</ref>. Il multiplie les problèmes de santé<ref name="p368">Modèle:Harvsp.</ref>. Il écrit dans une lettre : Modèle:Citation. Il lit son Modèle:Citation<ref name="p368"/>, et Cournot, Modèle:Citation.

Le Modèle:Date-, il remercie un ami : Modèle:Citation. Le Modèle:Date-, il est admis à l'hôpital Jiménez Díaz pour une thrombose coronaire<ref name="p371">Modèle:Harvsp.</ref>.

Mort

Fichier:Tombe d'Abel Bonnard à Madrid en février 2018.jpg
Tombe d'Abel Bonnard à Madrid en février 2018.

Ayant refusé de recevoir les derniers sacrements<ref name="p372">Modèle:Harvsp</ref>, l'un de ses ultimes propos est : Modèle:Citation ; sur sa table, se trouvent le Coran et un livre de Schopenhauer<ref name="p374">Modèle:Harvsp</ref>. Âgé de 84 ans, il meurt « seul et abandonné », le Modèle:Date- à Modèle:Heure<ref name="p371"/>.

Ses obsèques, qui ont lieu le lundi de la Pentecôte 1968, se déroulent de manière quasi confidentielle<ref name="p374"/>. Son acte de décès, signé par un simple employé des pompes funèbres, porte la mention Modèle:Citation.

Enterré au Sacramental de San Lorenzo y San José<ref name="p374"/>, à la concession numéro 136, sa tombe porte simplement<ref name="p374"/> :
Modèle:Centrer Il a interdit, par testament, le rapatriement de ses cendres en France<ref name="p378">Modèle:Harvsp</ref>.

Postérité

Les livres d'Abel Bonnard, ses manuscrits Modèle:Incise et ses archives sont dispersés et vendus<ref>Modèle:Harvsp</ref>,<ref name="p375">Modèle:Harvsp</ref>.

Bonnard désigne, dans son testament daté du Modèle:Date-, Suzanne Roth-Matthis comme légataire universelle<ref name="p375"/>. Ses archives passent ensuite notamment dans les mains d'Modèle:Lien, Bernard et Marcel Laignoux, Christian du Jonchay, Jacques Guérard, Paul Morand et Maurice Gaït<ref name="p375"/>. La duchesse de Durcal aurait fait main basse sur la collection des articles parus dans Madrid<ref name="p276">Modèle:Harvsp</ref>.

Après-guerre, Bonnard tombe dans un relatif oubli, son parcours ayant peu intéressé les historiens. Parmi les rares synthèses consacrées au personnage, on compte un article de Jacques Mièvre, publié en 1977 dans la Revue d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, et une biographie rédigée par Olivier Mathieu, un militant néo-nazi et négationniste<ref name=Barreau477>Modèle:Harvsp</ref>, que Patrick Buisson qualifie de Modèle:Citation de Bonnard<ref name="Buisson 2008" />.

Dans la pièce radiophonique Terminus Sigmaringen de Louis-Charles Sirjacq, diffusée en 2006 sur France Culture, il apparaît avec la voix de Jacques Ciron<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>.

En 2014, un jeu en ligne sur le site de France 3, « Sauvons le Louvre », met en scène Abel Bonnard<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Olivier Mathieu soutient qu'après avoir été attiré par la pompe du catholicisme dans sa prime enfance, Bonnard était devenu païen — inclination qui aurait parcouru son œuvre<ref name="p36">Modèle:Harvsp</ref>,<ref name="p37">Modèle:Harvsp</ref>. Cette affirmation est contestée par Philippe Baillet dans la notice de sa réédition des Modérés en 1993.

Ouvrages

Posthumes

Distinctions

Décorations

Prix

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

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Annexes

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Bibliographie

{{#if: Cette bibliographie est classée dans l'ordre chronologique et, lorsque plusieurs publications s'étalent sur une année, dans l'ordre alphabétique du nom des auteurs.

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Cette bibliographie est classée dans l'ordre chronologique et, lorsque plusieurs publications s'étalent sur une année, dans l'ordre alphabétique du nom des auteurs.
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Articles

Notices de dictionnaire

  • Modèle:Chapitre.
  • Modèle:Chapitre.
  • Xavier Eman, « Abel Bonnard : l'esthète combattant », dans Pierre Saint-Servant (dir., préf. Alain de Benoist), Les Maudits : ces écrivains qu'on vous interdit de lire, Paris, La Nouvelle Librairie, 2019, p. 91-96.

Ouvrages

Liens externes

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