Julia Kristeva

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Julia Kristeva (en Modèle:Lang-bg, Yuliya Krasteva), née le Modèle:Date de naissance- à Sliven en Bulgarie, est une philologue, psychanalyste et femme de lettres française d'origine bulgare. Elle est professeure émérite de l'université Paris-Diderot. Elle est la veuve de Philippe Sollers.

Biographie

Née au début de la Seconde Guerre mondiale, elle est la fille d'un comptable dans l'administration de l'Église et d'une mère qui avait suivi des études de biologie. Elle a une petite sœur, Ivanka. Elle étudie dans une école maternelle française religieuse, bientôt interdite par les autorités communistes, puis à l'école communale, tout en continuant de fréquenter l'Alliance française. Venant d'une famille non communiste, elle n'a pas le droit de porter le drapeau à l'école et doit renoncer aux études d'astronomie qu'elle envisageait à Moscou mais, puisqu'elle parlait français, elle sert comme interprète lors de la visite de dignitaires du PCF en Bulgarie, comme Waldeck Rochet. Comme tous les élèves, elle appartient aux Jeunesses communistes ; elle écrit par ailleurs dans le quotidien universitaire Jeunesse populaire<ref name="VF">Julia Kristeva, interviewée par Olivier Bouchara, « Une autre vie que la mienne », Vanity Fair n° 59, juillet 2018, p. 66-73.</ref>.

Grâce à ses connaissances en littérature française, elle vient à Paris en 1965 avec une bourse du gouvernement français<ref name="guardian201803">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Julia Kristeva was communist secret agent, Bulgaria claims, theguardian.com, 28 mars 2018.</ref>,<ref name="VF"/>.

En 1969, elle soutient une thèse sous la direction de Lucien Goldmann, publiée l'année suivante sous le titre Le Texte du roman. Approche sémiologique d'une structure discursive transformationnelle. En 1973, elle soutient un doctorat d'état, publié l'année suivante sous le titre de La Révolution du langage poétique. Elle fait une carrière universitaire, devenant professeure à l'université Paris-Diderot et fondatrice du centre Roland Barthes. Elle est membre honoraire de l'Institut universitaire de France. Elle a donné des enseignements en sémiologie à l'université d'État de New York.

Elle est psychanalyste, membre de la Société psychanalytique de Paris depuis 1987, puis membre titulaire depuis 1997.

Engagements institutionnels et associatifs

De 1971 à 1977, elle partage l'engagement maoïste de Philippe Sollers et de la revue Tel Quel. En Modèle:Date-, elle fait partie des membres fondateurs du Comité des intellectuels pour l'Europe des libertés<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

En 2003, elle fonde avec le professeur Charles Gardou, le Conseil national du handicap (CNH) qui a pour but de sensibiliser, former et informer la population sur les différents handicaps et leurs prises en charge<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Le Modèle:Date-, seront organisés par le CNH les premiers États généraux du handicap à l'UNESCO<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Le but de cette journée qui a réuni plus de Modèle:Nombre, était d'engager la société civile à trouver des solutions pour améliorer la vie et l'insertion des personnes en situation de handicap autour de huit thématiques :

  1. Vie autonome et citoyenne.
  2. Vie, santé, éthique et déontologie.
  3. Vie affective, familiale et sexuelle.
  4. Vie professionnelle.
  5. Vie scolaire.
  6. Vie artistique et culturelle.
  7. Vie sportive et loisirs.
  8. Vie et dignité et grande dépendance.

Les résultats de cette journée seront publiés dans un livre blanc<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

En 2008, elle a créé, à l’occasion du Modèle:100e de la naissance de Simone de Beauvoir, le prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes, récompensant l’œuvre et l’action de personnes qui contribuent à promouvoir la liberté des femmes dans le monde.

En 2011, Julia Kristeva est invitée par le pape Benoît XVI à la Journée de réflexion, de dialogue et de prière pour la paix et la justice dans le monde, à Assise, le Modèle:Date-<ref>Voir sur le site zenit.org.</ref>.

Activités de recherche et littéraires

Julia Kristeva a publié plus d’une trentaine d’ouvrages, notamment sur les écrivains et intellectuels de sexe féminin. Son œuvre a une influence sur le féminisme international contemporain<ref>Voir Kelly Oliver, Reading Kristeva: Unraveling the Double-Bind, Indiana University Press (1993) Modèle:ISBN et Cecilia Sjoholm, Kristeva and the Political, Routledge Publisher (2005) Modèle:ISBN.</ref>.

Elle participe à la revue d'avant-garde Tel Quel fondée par Philippe Sollers en collaborant dans ce groupe avec Michel Foucault, Roland Barthes, Jacques Derrida, Jean-Louis Baudry, Jean-Pierre Faye, Marcelin Pleynet, Jean Ricardou, Jacqueline Risset, Denis Roche, Umberto Eco, Pierre Rottenberg, Jean Thibaudeau et Philippe Sollers<ref name="Hourmant">François Hourmant, Le désenchantement des clercs : Figures de l'intellectuel dans l'après-mai 68, Presses universitaires de Rennes, coll. « Res publica », Modèle:1er mai 1997.</ref>.

Dès son premier livre, Sèméiôtikè. Recherches pour une sémanalyse (1969), Julia Kristeva s'interroge sur le surgissement du texte littéraire ou poétique à l'intérieur du champ historique et social, c'est-à-dire aussi à l'intérieur du langage, mais travaillant contre lui, voulant le transformer. Structuralisme, matérialisme historique, psychanalyse : autant d'épistémès jusque-là restées ignorantes les unes des autres et au carrefour desquelles Julia Kristeva situe, dans les années 1960-1970, sa réflexion théorique sur le langage et l'écriture. Dans ce contexte, Kristeva invente, en 1966, la notion d'intertextualité. Déplaçant les savoirs linguistiques et sémiologiques dans un nouvel espace de référence, Sèméiôtiké (1969) pose les concepts fondamentaux de cette théorie, lesquels seront repris, précisés et complétés dans la première partie de La Révolution du langage poétique (1974) et mis à l'épreuve de l'analyse littéraire dans la seconde partie de ce livre, consacrée aux écritures de Lautréamont et Mallarmé. S'inspirant du dialogisme bakhtinien, Kristeva conçoit l'analyse du texte à la lumière de son intertexte. Le texte redistribue la langue, il est le champ même de cette redistribution.

En 2014, elle est la rédactrice en chef d'un jour du quotidien L'Humanité, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes<ref>Julia Kristeva rédactrice en chef d'un jour de l'Humanité, article du site Internet du quotidien de présentation du numéro de l'Humanité du 7, 8 et 9 mars 2014. https://www.humanite.fr/medias/julia-kristeva-redactrice-en-chef-dun-jour-de-lhum-560559.</ref>.

Julia Kristeva est la présidente du Prix du livre politique<ref>Palmarès du Prix du livre Politique La lettre du libraire, 9 février 2015.</ref>.

Vie privée

En 1967, elle se marie avec Philippe Sollers<ref>« La vie à deux Julia Kristeva et Philippe Sollers. Tête-à-tête », dans Libération du 5 août 1996.</ref> avec qui elle a eu un fils né en 1975.

Présentation de l’œuvre

Langage et sémiotique

Sa pensée et son œuvre se situent à la traversée des frontières, s'inscrivant dans un courant de la culture européenne, qui va de Saint Augustin, pour qui la seule patrie, c'est le voyage (In via in patria)<ref>Julia Kristeva, Pulsions du temps, Fayard, 2013, Modèle:P..</ref>, jusqu’à Freud, dont elle rappelle la formule « Là où c'était, je dois advenir »<ref>Julia Kristeva, Parler en psychanalyse : des symboles à la chair et retour, in Pulsions du temps, Fayard, 2013, Modèle:P..</ref>. Comme le souligne Roger-Pol Droit, « une certaine forme de migration serait donc essentielle à la pensée, dans sa forme collective comme dans son évolution individuelle »<ref>Article de Roger-Pol Droit dans Le Monde du 17 novembre 2005, https://www.lemonde.fr/livres/article/2005/11/17/julia-kristeva-je-vis-avec-ce-desir-de-sortir-de-moi_711066_3260.html</ref>. C'est le cas de ses premières œuvres, dont Sèméiotikè<ref>Semeiotikè. Recherches pour une sémanalyse, éditions du Seuil, 1969 (réédition dans la collection « Points » Modèle:N°, 1978).</ref> livre qui suscite un article de Roland Barthes publié en 1970 dans La Quinzaine littéraire, qu'il intitule « L'Étrangère », pour décrire sa démarche en ces termes : « Julia Kristeva change la place des choses : elle détruit toujours le dernier préjugé, celui dont on croyait pouvoir se rassurer et s’enorgueillir ; ce qu’elle déplace, c’est le déjà-dit, c’est-à-dire l’insistance du signifié<ref>L'Étrangère in Roland Barthes, Œuvres complètes, vol. 3, Seuil, 2002, Modèle:P..</ref>. » Dans son analysé de ce livre, Barthes souligne que les concepts élaborés par Kristeva et les objets de son analyse ont en commun d'être « marqués d'une mobilité exorbitante » qui caractérise une grande partie de son œuvre<ref>Roland Barthes, Œuvres complètes, vol. 3, éditions du Seuil 2002, Modèle:P..</ref>. Dans La Révolution du langage poétique (1974), elle développe la théorie du processus producteur de sens dans le langage, composé selon elle, de deux éléments concourants, le symbolique et le sémiotique, en interrogeant les relations entre le langage et le corps vivant<ref>La Révolution du langage poétique. L’avant-garde à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Lautréamont et Mallarmé, édition du Seuil, 1974 (réédition dans la collection « Points » Modèle:N°, 1985).</ref>. Dans son livre suivant, Polylogue (1977), elle poursuit cette analyse de diverses pratiques de symbolisation, de la plus simple, la langue, en passant par la peinture de la Renaissance (Giotto, Bellini) et la littérature moderne (Artaud, Joyce, Céline, Beckett, Bataille, Sollers), jusqu’à leurs approches par la sémiotique et la psychanalyse<ref>Polylogue, édition du Seuil, 1977.</ref>.

Littérature et psychanalyse

Après différentes participations à des ouvrages collectifs (La Traversée des signes, 1975<ref>Julia Kristeva, La traversée des signes, (recueil des travaux du séminaire « pratique signifiante et mode de production»), éditions du Seuil, 1975</ref>, et Folle Vérité, 1979<ref>Folle vérité. Vérité et vraisemblance du texte psychotique, éditions du Seuil, 1979, 307 p.</ref>), Kristeva semble opter pour un nouvel axe de réflexion, moins scientifique et plus « philosophique », en publiant trois ouvrages centrés chacun sur un thème particulier : l'abjection, Pouvoirs de l'horreur (1980)<ref>Pouvoirs de l’horreur. Essai sur l’abjection, Fayard, 1980 (rééd. « Points » Modèle:N°, 1983).</ref>, l'amour, Histoires d'amour (1983)<ref>Histoires d'amour, éditions Denoël, 1983, (rééd. Modèle:Coll. Modèle:N°, 1985).</ref> et la dépression, Soleil noir, dépression et mélancolie (1987)<ref>Soleil noir. Dépression et mélancolie, Fayard, 1987 (rééd. Folio « Essais » Modèle:N°, 1989)</ref>. Dans cette trilogie elle s'appuie sur les œuvres littéraires, ainsi que sur des récits de ses patients, en cherchant à problématiser ce qui met le sujet en péril. Dans Pouvoirs de l'horreur. (1980), la seconde partie est consacrée à l'écriture de Céline. À la croisée du sémiotique et du symbolique, l’expérience esthétique représente pour Kristeva une source de questionnements tant pour la théorie que pour la pratique analytique. Expérience psychanalytique et littéraire se côtoyant et s'interférant, le texte littéraire n'est pas selon elle seulement un objet hétérogène auquel « s'appliquent » artificiellement des concepts psychanalytiques mais elle cherche à explorer l'écriture de Céline, d'Artaud, de Proust ou de Colette, à travers une écoute d'analyste, dans ce que Kristeva appelle « le substrat infrasignifiant de la langue »<ref>Julia Kristeva, Au risque de la pensée, entretiens avec Marie-Christine Navarro, Éditions de l'Aube, 2001, Modèle:P..</ref>, c'est-à-dire les latences infantiles, d'ordre sémiotique, qui se donnent à lire Modèle:Incise dans la langue littéraire. Cette démarche se poursuit dans l'analyse du temps sensible dans l'œuvre de Proust, où pour Kristeva seule l'expérience romanesque « dévoile la vérité du sens et du sensible », en découvrant « sous l'Absolu le jeu des intrigues, l'ambiguïté des caractères et l'immersion des signes dans les sensations »<ref>Julia Kristeva, Le Temps sensible. Proust et l'expérience littéraire, collection NRF Essais, Gallimard, 1994 Modèle:P. et suivantes.</ref>.

Les Nouvelles Maladies de l’Âme

En 1988, Julia Kristeva publie Étrangers à nous-mêmes<ref>Étrangers à nous-mêmes, éditions Fayard, 1988 (réédition en Folio « Essais » Modèle:N°).</ref>, consacré aux thèmes de la migration, de l'exil et de l'altérité. Faisant suite à cet essai, Les Nouvelles Maladies de l’Âme<ref>Julia Kristeva, Les Nouvelles Maladies de l’Âme, éditions Fayard, 1993</ref>, tente de définir les spécificités nouvelles des patients d’aujourd’hui ainsi que l'ensemble des images médiatiques, qui aplanissent les différences et les émotions, produisent également une uniformisation de l’âme ou de la psyché. Kristeva affirme que « les nouvelles maladies de l’âme sont les difficultés ou des incapacités de représentations psychiques qui vont jusqu’à mettre à mort l’espace psychique »<ref> Julia Kristeva, Les Nouvelles Maladies de l’Âme, éditions Fayard, 1993, Modèle:P..</ref>.

Modèle:Citation bloc

Kristeva poursuit cette problématique dans Sens et non-sens de la révolte, pouvoirs et les limites de la psychanalyse, publié en 1996, en posant la question si face à la culture « show » ou « entertainment » il est possible de bâtir et d'aimer une culture-révolte ? C'est-à-dire ni « une nouvelle version de l'engagement », ni « une promesse paradisiaque », mais, au sens étymologique et même proustien de la révolte : dévoilement, retournement, déplacement, reconstruction du passé, de la mémoire et du sens<ref>Sens et non-sens de la révolte. Pouvoirs et limites de la psychanalyse I. Fayard, Paris, 1996, Introduction.</ref>.

Réflexion sur le féminin

Entre 1999 et 2002, Kristeva publie la trilogie Le Génie féminin: la vie, la folie, les mots, consacrée à trois femmes du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Incise, où elle se dissocie du « féminisme massificateur » et insiste sur l'irréductible singularité de chaque sujet. Sans ignorer la différence sexuelle, Julia Kristeva explore l'économie libidinale et psychique spécifique au sujet féminin, non pour cerner une illusoire identité féminine Modèle:Incise, mais pour dépasser l'enfermement dans les catégories sexuelles et ouvrir, via l'interrogation des identités, à la question de la singularité de chacun. La réflexion de Kristeva sur le féminin part en effet de la conviction que l'ultime aboutissement des droits de l'homme et de la femme n'est autre que l'idéal formulé par Duns Scot et que l'époque contemporaine a désormais les moyens de réaliser: l'attention portée à l'hecceitas<ref>Julia Kristeva, Modèle:Citation, in Le génie féminin, vol. III, Colette, éditions Fayard, 2002, réédition Modèle:Coll., Gallimard, p. 540-558.</ref>.

Des Chinoises

Publié en 1974, Des Chinoises a été critiqué notamment dans le cadre des études postcoloniales, certains analystes y décelant des stéréotypes orientalistes et essentialistes. Ainsi, la théoricienne de la littérature Gayatri Chakravorty Spivak souligne la présence dans ce livre « de généralisations vraiment incroyables au sujet de l’écriture chinoise »<ref name=Bahri>Modèle:Chapitre</ref>. Selon Rey Chow, théoricienne du postcolonialisme, J. Kristeva a tendance à « vénérer les indigènes comme des objets muets » ; s'il est vrai que J. Kristeva a voulu proposer dans cet ouvrage une critique du discours occidental, elle en a reproduit certains mécanismes ; Kristeva aurait présenté notamment la culture chinoise comme une culture « féminine », tombant ainsi dans le piège d'une représentation essentialisante de l'autre<ref name=Bahri/>. Plus modérée dans son appréciation, la spécialiste de l'ethnicité Modèle:Lien affirme que « la “Chine” de Kristeva diffère des textes orientalistes des {{#switch: XX

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}}, du fait que les différentes figures orientalistes qu’elle développe sont censées représenter des ruptures avec l’idéologie colonialiste »<ref name=Bahri/>.

Romans

En 2004, Kristeva publie le roman Meurtre à Byzance, un polar historique et métaphysique, où à travers une sombre histoire de meurtres en série, et un cheminement sur les traces d'Anne Comnène, princesse byzantine et historienne, elle aborde le sujet de l'immigration, du déracinement et de la perte d'identité dans un voyage vers l'innommable.

Entre récit et traité, le roman Thérèse mon amour paraît en 2008, et s'inscrit dans la suite des biographies que Julia Kristeva, sous le titre Le Génie féminin, a consacrées à Hannah Arendt, Mélanie Klein et Colette. Il s'agit d'un récit de la vie de Thérèse d'Avila avec de multiples échos entre ce que Thérèse a vécu au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et le surgissement du continent religieux aujourd’hui, où Kristeva cherche à faire renaître au présent l'énigme de l'expérience intérieure de la sainte.

La pensée du temps entre la réalité à la fiction est le thème de son sixième roman L'Horloge enchantée, publié en 2015, où elle met en scène des personnages appartenant à des époques différentes, qui ont en commun le fait d'éprouver le temps et dialoguent avec l'horloger du château de Versailles, Claude-Siméon Passemant autour de sa pendule astronomique.

Controverses

Position à l'égard du maoïsme

En 1974, elle se rend en Chine avec Philippe Sollers, François Wahl, Marcelin Pleynet et Roland Barthes, à l'invitation du gouvernement chinois. Elle publie à son retour sous le titre Des Chinoises un livre s'interrogeant sur l'altérité de la Chine à travers des portraits de femmes chinoises. Selon Guy Sorman ce livre est élogieux au sujet de Mao Zedong qui, selon les écrits de Kristeva, Modèle:Citation et Modèle:Citation Alors que prend fin la révolution culturelle, toujours selon Sorman, elle aurait affirmé n'avoir Modèle:Citation<ref name=":0">Mao ou l'étrange fascination française pour le sado-marxisme, par Guy Sorman, lefigaro.fr, 15 octobre 2007.</ref>. Ces citations non sourcées que lui attribue Sorman ne se trouvent pourtant pas dans les écrits de Kristeva. À la fin de son livre, elle souligne la féminisation des postes de pouvoir introduite par Mao : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Selon Thierry Wolton, Julia Kristeva est la plus « dithyrambique » des cinq voyageurs. « Son maoïsme teinté de féminisme y a trouvé son compte ». Il cite la conclusion de son livre Des Chinoises « La voie est prise, en Chine, pour un socialisme sans Dieu et sans Homme ». Julia Kristeva voit dans le statut des Chinoises l'avenir de la condition féminine : une femme travailleuse libre, une femme mère épanouie, une femme émancipée »<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Cependant, dès 1971, l'écrivain Simon Leys (dans Les Habits neufs du président Mao), a révélé à l'Occident les massacres de la révolution culturelle ; en 1974, le goulag chinois est plein de prisonniers… et de prisonnières<ref name=":0" />.

Selon Viviane Forrester le livre de Kristeva n’est nullement maoïste et ne fait aucun éloge de Mao ; elle observe que Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>. Dans sa thèse de doctorat Le voyage en Chine de Tel Quel et de Roland Barthes (1974). Enjeux, embûches, enseignements, l'universitaire Qingya Meng note au contraire que « l’approche idéologique de l’auteure consiste à montrer les apports bénéfiques du communisme pour améliorer la condition des femmes (…) Elle estime que non seulement les femmes chinoises sont intégrées à tous les échelons de la vie politique et donc à la construction du projet socialiste, mais grâce au communisme de Mao, elles sont libérées des fortes traditions morales et sociales qui pèsent sur elles depuis l’époque ancienne »<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Tel Quel et Julia Kristeva prendront leurs distances avec le maoïsme à la fin de l'année 1976.

Critique de l'utilisation de termes mathématiques

Parmi ses critiques, les physiciens Alan Sokal et Jean Bricmont, dans Impostures intellectuelles, dénoncent une utilisation de termes techniques mathématiques ou physiques par Kristeva, qui seraient destinés, selon eux, à impressionner un lecteur qui ne possède pas les connaissances permettant de juger du bien-fondé de l'utilisation de ces termes et à Modèle:Citation<ref>Modèle:Article </ref>. Analysant des passages de trois articles, parmi ses premiers, datés des années 1960, ils mettent en évidence ce qui, d'après eux, démontre la méconnaissance des termes mathématiques qu'emploie Julia Kristeva. Pour Dominique Pinsolle, Modèle:Citation<ref>Les sources du relativisme postmoderne</ref>. Dans le journal Le Monde, Jacques Treiner juge que la réponse de Kristeva est une Modèle:Citation<ref>Le Monde, Modèle:Date-, Jacques Treiner, Sokal-Bricmont : Non, ce n'est pas la guerre.</ref>.

Dans Libération, le biophysicien Vincent Fleury publie un article intitulé « L'escroquerie Sokal-Bricmont », où il juge qu'au lieu d'un livre sérieux Sokal et Bricmont « se contentent de citer des extraits d'ouvrages et de leur appliquer des jugements comme « ridicule », « risible », « perle d'hilarité ». Nous surprendrons Sokal et Bricmont en flagrant délit de malhonnêteté. De deux choses l'une, ou bien Sokal et Bricmont ne savent pas lire, ou bien ils extraient à dessein des phrases de leur contexte dans le but de ridiculiser un auteur à peu de frais. S'agissant de Julia Kristeva, ils déterrent un texte ancien et donnent ainsi l'impression que l'essentiel de l'œuvre de cet auteur tourne autour de formalisations. Cela fait hausser les épaules de toute personne bien informée »<ref>Modèle:Article.</ref>.

Julia Kristeva répond à la polémique dans un article du Nouvel Observateur, où elle affirme que « les sciences humaines, et tout particulièrement l’interprétation des textes littéraires et l’interprétation analytique, n’obéissent pas seulement à la logique des sciences exactes. Elles n’« appliquent » pas toujours ces « modèles », mais les empruntent, les exportent et les font travailler comme des « traces », qui se modifient dans un « transfert » entre sujet et objet, interprète et données. À l’intérieur de cette économie, l’élément emprunté cesse d’être précisément un modèle, pour se transformer, se déplacer, s’appauvrir ou s’enrichir »<ref>Modèle:Article.</ref>.

Espionnage

Le Modèle:Date, The New York Times publie un article sur les relations de Julia Kristeva et les services d'espionnage bulgares, ce qu'elle nie fortement<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Jennifer Schuessler & Borgana Dzambazova. Bulgaria Says French Thinker Was a Secret Agent. She Calls It a 'Barefaced Lie'. The New York Times, April 1, 2018. La version imprimée, en date du lundi 2 avril 2018, dans le New York Times, p. C1 & C3, est intitulée: intellectual Caught Up In a Furor. French thinker denies claims she was a secret agent.</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Julia Kristeva was communist secret agent, Bulgaria claims. The Guardian, Wednesday, March 28, 2018..</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Take a look at the Files of Julia Kristeva Released by the Bulgarian Dossier Commission. novinite.com. March 31, 2018.</ref>. En Modèle:Date-, la commission bulgare qui identifie les personnes qui avaient travaillé pour les services secrets de l'ère communiste annonce que Kristeva, sous le nom de code « Sabina », aurait été collaboratrice du premier département du Comité pour la sécurité de l'État. Le département supervisait le renseignement dans le domaine des arts et des médias<ref name="guardian201803" />,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Fall einer poststrukturalistischen Ikone – Julia Kristeva war eine Spionin des Geheimdiensts, nzz.ch, 28 mars 2018.</ref>. Elle aurait collaboré avec les services de renseignement bulgares entre 1970 et 1973, étant « définitivement exclue de l'appareil de collaboration début 1973 », selon les documents rendus publics<ref>Modèle:Article.</ref>. Un des documents conservés dans le dossier intitulé Inventaire des sommes dépensées par Sabina, marqué « Top secret ! », indique qu'il n'y a aucune somme, ni rémunération, ni dépense, et constitue juste un formulaire vierge<ref>Modèle:Article.</ref>. Julia Kristeva réagit en déclarant que cette allégation n'est « pas seulement grotesque et fausse », mais « diffamatoire »<ref>Modèle:Lien web.</ref> et que « cette manipulation est tissée de ragots rapportés et de pseudo-sources médiatiques surinterprétées, sans aucune valeur probatoire dans cette farce pénible. Plus encore, le crédit que l’article accorde à des informations archivées dans un bâtiment stalinien, participe Modèle:Incise à la perpétuation sans complexe de ces méthodes totalitaires »<ref>Modèle:Article.</ref>. Le journaliste bulgare, Christo Christov, spécialiste des archives de la Sécurité d'État en Bulgarie communiste, a proposé une lecture documentée et comparative du dossier « Sabina », avec des précisions sur la loi bulgare<ref>Christo Christov, Julia Kristeva: ce qui a été omis dans la lecture du cas «Sabina», mediapart.fr, 2 avril 2018, trad. fr. 9 avril 2018.</ref>. L’historienne Sonia Combe, ayant travaillé sur les archives secrètes bulgares et celles de la Stasi, publie un article dans Le Monde à ce sujet où elle affirme que « l’accusation de collaboration avec les services de renseignement bulgares sous le communisme portée contre Julia Kristeva devrait nous remettre en mémoire les difficultés que présente l’interprétation d’un dossier de police, qui plus est quand il émane d’une police politique. L’aura de l'archive policière est telle qu'on en oublie qu'elle peut être aussi source de désinformation »<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Œuvres

Essais linguistique et littérature

  • Le Langage, cet inconnu. Une initiation à la linguistique, SGPP, 1969 (publié sous le nom Julia Joyaux ; rééd. Seuil, Modèle:Coll Modèle:N°, 1981)
  • Semeiotikê. Recherches pour une sémanalyse, Seuil, 1969
  • Le Texte du roman. Approche sémiologique d’une structure discursive transformationnelle, La Haye, Mouton, 1970
  • La Traversée des signes (ouvrage collectif), Seuil, 1975
  • Polylogue, Seuil, 1977
  • La Révolution du langage poétique. L'avant-garde à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Lautréamont et Mallarmé, 1985
  • Le Temps sensible. Proust et l'expérience littéraire, Gallimard, 1994, rééd. Modèle:Coll, 2000
  • Dostoïevski (anthologie), Buchet/Chastel, 2020

Essais psychanalyse et philosophie

  • Folle Vérité (ouvrage collectif), 1979
  • Pouvoirs de l'horreur. Essai sur l'abjection, Seuil, 1980
  • Histoires d'amour, Denoël, 1983
  • Au commencement était l'amour. Psychanalyse et foi, Textes du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Hachette, 1985
  • Soleil noir. Dépression et mélancolie, Gallimard, 1987
  • Étrangers à nous-mêmes, Fayard, 1988
  • Les Nouvelles Maladies de l’Âme, Fayard, 1993
  • Le Génie féminin, Fayard, rééd. Gallimard, 2003–2004, Modèle:Coll :
    • 1. Hannah Arendt, 1999
    • 2. Melanie Klein, 2000
    • 3. Colette, 2002
  • Au risque de la pensée, Éditions de l'Aube, 2001
  • Cet incroyable besoin de croire, Bayard, 2007
  • Seule, une femme, Éditions de l'Aube, 2007
  • Beauvoir présente, Fayard, 2016

Essais autobiographiques

  • Des Chinoises, Éditions des femmes, 1974<ref>Modèle:Lien web.</ref> ; rééd. Pauvert, 2001
  • Du mariage considéré comme un des beaux-arts, avec Philippe Sollers, Fayard, 2015
  • Je me voyage. Mémoires, entretiens avec Samuel Dock, Paris, Fayard, 2016

Romans

  • Les Samouraïs, 1990
  • Le Vieil Homme et les loups, 1991
  • Possessions, 1996
  • Meurtre à Byzance, 2004
  • Thérèse mon amour, récit, Fayard, 2008
  • L'Horloge enchantée, Fayard, 2015

Recueils d’inédits

  • La Haine et le pardon, texte établi, présenté et annoté par Pierre-Louis Fort, Fayard, 2005
  • Pulsions du temps, texte établi, présenté et annoté par David Uhrig, Fayard, 2013

Distinctions

Récompenses

Décorations

Notes et références

Modèle:Références nombreuses

Annexes

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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