La résidence principale de l'orchestre est le Musikverein, une salle de concert rectangulaire, aux tons ivoire et dorés et à l'acoustique exceptionnelle. Il se produit chaque été au Festival de Salzbourg. Depuis 1941, l'orchestre donne chaque Modèle:Date- un concert consacré à la musique de la famille Strauss : le concert du nouvel an.
L'origine de l'Orchestre philharmonique de Vienne remonte à 1842, lorsque Otto Nicolai forme ce qui s'appelait alors l'Académie philharmonique. Son activité débute le Modèle:Date-, avec un concert donné par les soixante-quatre musiciens que compte alors la formation musicale viennoiseModèle:Sfn. C'était un orchestre totalement indépendant qui prenait ses décisions à partir d'un vote démocratique de tous ses membres : ce sont ces mêmes principes qui régissent l'orchestre encore aujourd'hui.
Quand Nicolai quitte Vienne en 1847, l'orchestre est quasiment démantelé et peu actif jusqu'en 1860, quand Carl Eckert prend la direction. Il donne une série de quatre concerts en abonnement et, depuis lors, l'orchestre n'a cessé de jouer. Suivront Felix Otto Dessoff de 1860 à 1875 et Wilhelm Jahn en 1882 et 1883.
Chefs des concerts d'abonnement (1842-1933)
Le Philharmonique de Vienne n'a pas de chef permanent. Tous les ans, un artiste est choisi pour diriger tous les concerts de la saison au Musikverein de Vienne. Ces chefs sont nommés « Modèle:Langue », simplement parce que les concerts qu'ils doivent diriger sont inclus dans l'abonnement au Musikverein. Certains de ces engagements sont renouvelés pendant de nombreuses années, d'autres se terminent au bout de peu de temps.
De 1875 à 1898 (excepté lors de la saison 1882-1883 où il était en conflit avec le comité orchestral) Hans Richter est chef principal.
Avec l'Anschluss (1938), les autorités allemandes voulurent supprimer définitivement l'orchestre et en exclure les instrumentistes juifs : il faudra l'intervention de Wilhelm Furtwängler pour sauver l'existence de l'orchestre et garder ses membres classés demi-juifsModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Cependant, dès le printemps 1938, l'orchestre, qui comptait Modèle:Nobr en 1935, est purgé de ses douze musiciens juifsModèle:Sfn. Fin 1945, alors que cinq d'entre eux sont morts dans des camps d'extermination nazis, la moitié des membres de l'orchestre sont adhérents du parti nazi<ref name="AP_2014_10_08">Modèle:Lien web.</ref>,Modèle:Sfn.
Dans le même temps, le Philharmonique travaille avec d'autres chefs, au Festival de Salzbourg, pour des enregistrements ou des occasions particulières. Avec l'élargissement de ses activités, l'orchestre décide d'abandonner ce système en 1933. Depuis, seuls des chefs invités sont engagés pour chaque concert, tant à Vienne que dans les autres lieux.
Les noms de trois de ces chefs sont plus particulièrement associés à la période d'après-guerre : Karajan et Böhm, qui furent nommés chefs honoraires, et Leonard Bernstein, distingué en qualité de membre honoraire de l'orchestre.
Ses membres sont recrutés exclusivement parmi ceux de l'Orchestre de l'Opéra d'État de Vienne, ce qui permet non seulement d'assurer la qualité artistique de l'ensemble, mais aussi de garantir l'équilibre financier de la formation — puisque c'est l'Opéra qui prend par exemple en charge les retraites — et d'augmenter les revenus des musiciens concernés, qui se partagent les recettes des concerts et des enregistrements.
Le processus d'intégration est très long : les musiciens doivent d'abord prouver leurs capacités en jouant pour l'Opéra et le Ballet durant un minimum de trois ans. Ce n'est qu'ensuite qu'ils peuvent présenter leur candidature auprès du conseil d'administration du Wiener Philharmoniker.
L'orchestre a un fonctionnement autogéré qui n'exclut cependant pas une tendance au conservatisme (il n'a accepté des femmes dans ses rangs qu'en 1997, lesquelles sont au nombre de 19 sur les 140 membres) et une tendance à rechigner à s'ouvrir aux instrumentistes étrangers, particulièrement les non-continentaux, comme le déplore le trompettiste Ibrahim Maalouf<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Auprès des chefs d'orchestre, il est réputé pour son caractère rétif mais aussi son excellence technique et artistique.
Sonorité et instruments
Le son caractéristique de l'orchestre philharmonique de Vienne peut être attribué d'une part à l'utilisation d'instruments et d'un style de jeu fondamentalement différents de ceux des autres grands orchestres.
La trompette a un système de valves rotatives et une dimension moindre.
Le trombone et le tuba ont un doigté et un système de valves différents.
Les timbales sont fabriquées avec des peaux de chèvre naturelles au lieu de peaux synthétiques, et s'accordent au moyen d'une poignée à la place d'une pédale.
Les contrebasses retrouvent le placement traditionnel en ligne derrière les cuivres.
Le cor viennois est une variante du cor naturel avec plusieurs « tons » (tubes de différentes longueurs) reliés afin de pouvoir jouer l'échelle chromatique. De perce plus fine mais plus longue, il est doté d'un système à palettes qui a l'avantage de produire des attaques plus souples et des notes liées plus coulées. En outre, le cor viennois est fabriqué dans un alliage plus résistant que le cor d'harmonie traditionnel (double cor en fa/si bémol).
Chez les cordes, chaque groupe (premiers violons, seconds violons, altos, violoncelles et contrebasses) résonne comme si c'était un seul musicien qui jouait. Cela s'entend notamment dans le vibrato.
Ces instruments et leur couleur sonore caractéristique ont fait l'objet d'une vaste étude scientifique menée par le Professeur Gregor Widholm de l'Institut pour la culture du son viennois à l'Académie de musique et des arts de la scène.
En tournée internationale, le prix des places est au moins le double de celui payé pour entendre un orchestre local. Au Musikverein, tous les concerts sont annoncés complets sur le site de l'orchestre. La liste d'attente pour les concerts d'abonnement en semaine est de six ans et de treize ans pour les abonnements en week-end.
Tradition masculine de l'orchestre et sa caractéristique ethnique
Depuis sa fondation, au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, l'orchestre se composait exclusivement d'hommes. D'où celui-ci fit l'objet de critiques de la part de groupes féministes, car seules quelques femmes avaient pu jouer en supplémentaires, alors qu'elles forment la majorité des élèves du conservatoire de Vienne<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Toutefois, en Autriche, cette tradition était tout à fait légale jusqu'à ce qu'en 1993, une loi obligeant l'égalité dans le domaine public ait effectivement été établie<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Finalement, cette loi bouleversa la situation, en cassant cette longue tradition. Désormais, des associations autrichiennes doivent choisir entre deux possibilités : soit conserver la tradition excluant les membres féminins en renonçant aux soutiens financiers issus du secteur public, soit accepter les femmes afin de garder les subventions publiques. Après que l'administration des Petits Chanteurs de Vienne eut nommé, pour la première fois dans ses 500 ans d'histoire, une première directrice Agnes Grossmann en 1996<ref>Modèle:Lien web.</ref>, une première femme auprès de l'orchestre philharmonique, Anna Lelkes, harpiste, devient en 1997 membre après avoir joué avec l'orchestre hors statut pendant quelque vingt ans<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>. À la suite de la retraite de Modèle:Mlle, une autre harpiste Charlotte Balzereit devient à son tour la seule femme membre de l'orchestre.
Par ailleurs, historiquement, l'orchestre n'acceptait pas non plus de membres de minorités visibles. Un violoniste demi-asiatique en devint membre pour la première fois en 2001. Des responsables de l'orchestre font l'objet de critiques pour avoir soutenu que le maintien de son uniformité ethnique européenne était nécessaire pour préserver l'esprit, « l'âme », et la haute qualité d'exécution.
En 1970, Otto Strasser, ancien président de la Philharmonie de Vienne, écrit dans ses mémoires : Modèle:Citation bloc<ref name="Osborne_2010_06_17" />
La première flûte du Philharmonique de Vienne, lors d'une interview pour une station de radio en 1996, retournant la critique, a qualifié de « raciste » et de « sexiste » la position de ceux qui reprochent à l'orchestre sa longue tradition masculine et son caractère ethnique européen, déclarant : Modèle:Citation bloc
En 2003, un membre de l'orchestre déclarait dans une interview pour un magazine : Modèle:Citation bloc
En 2007, l'orchestre compte dans ses rangs quatre femmes, soit deux pour cent de l'effectif : une harpiste, une flûtiste, une altiste et une violoncelliste. Un conflit subsiste concernant la non titularisation d'une violoniste.
Helene Kenyeri et Konstanze Brosch, qui avaient intégré le pupitre de hautbois de l'orchestre de l'Opéra d'État de Vienne en Modèle:Date-, avaient de fortes chances d'être admises rapidement aux deux postes vacants ou en passe de l'être de Walter Lehmayer et Günter Lorenz au Philharmonique dans la mesure où la classe de hautbois du conservatoire ne comptait que trois garçons pour dix-sept filles et que le hautbois viennois n'est enseigné nulle part ailleurs<ref name="Osborne_2010_06_17" />,<ref>Modèle:Lien brisé.</ref>. Tel ne fut pas le cas pour Helene Kenyeri qui fut licenciée en Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web.</ref>, sa non-titularisation suscitant scandales dans la presse et division de l'orchestreModèle:Sfn.
Les archives de l'orchestre pendant la Modèle:2e mondiale
À la suite de la demande par l'historien Modèle:Lien, député autrichien du parti des Verts, de l'examen, par une commission indépendante, de l'histoire de l'Orchestre entre 1938 (Anschluss) et 1945 (effondrement du IIIe Reich), l'Orchestre, après un premier refus, ouvre finalement ses archives en Modèle:Date- à trois historiens<ref name="AFP_2013_01_22">Modèle:Lien brisé.</ref>.
À l'origine de cette décision se trouve la révélation par Harald Walser et Modèle:Lien de l'attribution à Arthur Seyss-Inquart en 1942 et Baldur von Schirach en 1966 de l'« Anneau d'honneur », la plus haute distinction décernée par l'Orchestre. Harald Walser considère en outre que le Concert du Nouvel An de 1939 était non un Modèle:Citation, ainsi que le présente le site internet de l'Orchestre, mais l'une des Modèle:Citation et regrette que la mémoire des musiciens de l'Orchestre d'origine juive Modèle:Citation ne soit pas honorée<ref name="AFP_2013_01_22_2">Modèle:Lien web.</ref>.
Selon Modèle:Lien, premier violon et président du conseil d'administration des Wiener philharmoniker, la remise de l'anneau au Gauleiter de Vienne Von Schihrach est une initiative individuelle et il n'en existe Modèle:Citation dont il rappelle qu'elles sont totalement et librement accessibles aux historiens. Il précise que l'ouvrage de l'historien Fritz Trümpi<ref name="Trümpi_2011">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Fritz Trümpi, Politisierte Orchester. Die Wiener Philharmoniker und das Berliner Philharmonische Orchester im Nationalsozialismus, Böhlau, Wien 2011, Modèle:ISBN.</ref> publié en 2011 témoigne de la transparence à ce sujet<ref name="AFP_2013_01_22" />.
Modèle:Lien, professeur à l'Université de Vienne, à l'origine de la découverte récente d'informations relatives à la proximité d'Herbert von Karajan avec le régime nazi, est responsable de l'étude. Il est associé à Fritz Trümpi (Orchestres politisés : les Orchestres philharmoniques de Vienne et de Berlin sous le national-socialisme<ref name="Trümpi_2011" />) et Bernadette Mayrhofer, historienne dont la recherche porte sur l'exclusion et la déportation des musiciens juifs<ref name="AFP_2013_01_22" />.
Les trois historiens sont chargés de rendre un rapport sur « la politisation de l'orchestre sous le nazisme », « les biographies des musiciens exclus, persécutés et, éventuellement, assassinés pour des raisons racistes et politiques » et « les archives disponibles sur la nazification et la dénazification ». Leurs travaux ont été publiés sur le site internet de l'Orchestre en Modèle:Date-<ref name="AFP_2013_01_22" />.