Géométrie non euclidienne
La géométrie non euclidienne (GNE) est, en mathématiques, une théorie géométrique ayant recours aux axiomes et postulats posés par Euclide dans les Éléments, sauf le postulat des parallèles.
Les différentes géométries non euclidiennes sont issues initialement de la volonté de démontrer la proposition du cinquième postulat, qui apparaissait peu satisfaisant en tant que postulat car trop complexe et peut-être redondant avec les autres postulats).
Préambule
Dans les Éléments d'Euclide, l'axiome des parallèles ressemble à la conclusion d'un théorème, mais qui ne comporterait pas de démonstration : Modèle:Énoncé qu'on peut comprendre comme : Modèle:Énoncé
Durant plusieurs siècles, la géométrie euclidienne a été utilisée sans que l'on mette en doute sa validité. Elle a même été longtemps considérée comme l'archétype du raisonnement logico-déductif. Elle présentait en effet l'avantage de définir les propriétés intuitives des objets géométriques dans une construction mathématique rigoureuse.
Approche intuitive de la géométrie non euclidienne
Modèle:Trop de citations En 1902, Henri Poincaré propose un modèle simple dans lequel le cinquième postulat d’Euclide n’est pas valable. La droite est ici définie par extension comme la courbe de plus court chemin qui joint deux points de l’espace considéré. Modèle:Citation bloc
Étienne Ghys commente ce texte de la façon suivante : Modèle:Citation bloc
Histoire des géométries non euclidiennes
Les géométries à n dimensions et les géométries non euclidiennes sont deux branches séparées de la géométrie, qui peuvent être combinées, mais pas obligatoirement. Une confusion s'est établie dans la littérature populaire à propos de ces deux géométries. Parce que la géométrie euclidienne était à deux ou trois dimensions, on en concluait, à tort, que les géométries non euclidiennes comportaient nécessairement des dimensions supérieuresModèle:Note.
Antiquité
La préhistoire de la géométrie non euclidienne est la longue suite de recherches et de tentatives d'éclaircissement du cinquième postulat d'Euclide (l'axiome des parallèles ). Ce postulat — notamment car il fait appel au concept d'infini — a toujours paru un peu « à part » et non évident aux mathématiciens, qui ont cherché soit à le remplacer par un postulat plus simple et plus direct, soit à le démontrer à partir des autres postulats d'Euclide. Ainsi, les mathématiciens arabes et perses dont notamment Thābit ibn Qurra, Alhazen, et surtout Omar Khayyam ont étudié les liens entre le postulat des parallèles et la somme des angles des quadrilatères et des triangles. Khayyam propose ainsi dès le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle une alternative au cinquième postulat d'Euclide, et des tentatives de démonstration de ce postulat par l'absurde<ref>Modèle:DahanPeiffer, chap. 4, Figures, espaces et géométries, section 11 : les géométries non euclidiennes Modèle:P..</ref>.
Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle
Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, John Wallis et surtout Giovanni Girolamo Saccheri se sont inspirés des travaux de ces mathématiciens et ont tenté de démontrer le postulat des parallèles. Saccheri consacra sa vie entière à essayer de démontrer le postulat des parallèles par l'absurde, sans y parvenir. Mais, postulant « l'hypothèse de l'angle aigu », qui postule que la somme des angles d'un quadrilatère est inférieure à quatre angles droits, non seulement il n'aboutit à aucune contradiction mathématique flagrante, mais de plus il découvre tout un ensemble de nouveaux théorèmes, cohérents et riches. Il est sur le point de découvrir une géométrie non euclidienne (la géométrie hyperbolique, dans laquelle l'espace peut admettre une infinité de parallèles à une droite donnée et passant par un point hors de cette droite), mais il n'acceptera jamais ces nouveaux théorèmes qu'il considère comme « répugnants »<ref group=alpha>La conclusion de Saccheri est restée célèbre : Modèle:Citation</ref>.
Reprenant les travaux de Saccheri en 1766, Jean-Henri Lambert reprend l'hypothèse de l'angle aigu, mais ne conclut pas à une contradiction. Il réalise, au moins dans les toutes dernières années de sa vie, qu'il doit être possible de bâtir des géométries cohérentes, soit à partir de l'hypothèse de l'angle aigu (géométrie hyperbolique), soit celle de l'angle obtus<ref group=alpha>La somme des angles d'un quadrilatère est supérieure à quatre angles droits.</ref> (géométrie elliptique).
Lambert obtient notamment la formule <math>\pi-(\alpha+\beta+\gamma)=C\,\Delta</math>, où Modèle:Mvar est une constante<ref group=alpha>Aujourd'hui, Modèle:Mvar est nommée la « courbure Gaussienne » du plan hyperbolique.</ref>, qui donne l'aire Modèle:Math d'un triangle dont les trois angles sont Modèle:Mvar, Modèle:Mvar et Modèle:Mvar dans une géométrie fondée sur l'angle aigu (nommée de nos jours une géométrie hyperbolique).
Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle
Gauss, dès 1813<ref>Modèle:DahanPeiffer, chap. 4, Figures, espaces et géométries, section 11 : les géométries non euclidiennes Modèle:P..</ref>, a formulé la possibilité qu'il existe d'autres géométries que celle d'Euclide. Cependant il n'a jamais osé publier les résultats de ses réflexions en ce sens « par crainte des cris des Béotiens », comme il l'écrivit lui-même<ref>« Modèle:Langue », lettre de Gauss à Bessel du 27 juin 1829, citée dans Modèle:Ouvrage.</ref>.
On distingue les géométries à courbure négative, comme celle de Lobatchevski (1829) et Bolyai (1832) (somme des angles d'un triangle inférieure à 180°, nombre infini de parallèles possibles à une droite par un point, par exemple la géométrie hyperbolique), des géométries à courbure positive comme celle de Riemann (1867) (somme des angles d'un triangle supérieure à 180°, parallèles se rejoignant aux pôles, par exemple la géométrie elliptique).
La géométrie communément appelée « géométrie de Riemann » est un espace sphérique à trois dimensions, espace fini et cependant sans bornes, à courbure positive régulière, alternative au postulat euclidien des parallèles. Riemann a conçu par ailleurs une théorie étendue des géométries non euclidiennes à n dimensions (conférence de 1854).
L'idée de « géométrie non euclidienne » sous-entend généralement l'idée d'un espace courbe, mais la géométrie d'un espace courbe n'est qu'une représentation de la géométrie non euclidienne, précise Modèle:Lien dans Modèle:Lang (Londres, 1914). Il existe des espaces non euclidiens à trois dimensions.
Différents types de géométrie non euclidienne
Géométrie hyperbolique
Modèle:Article détaillé Lobatchevski, Klein et Poincaré ont créé des modèles de géométrie dans lesquelles on peut tracer une infinité de parallèles à une droite donnée et passant par un même point.
Il est remarquable que seul le cinquième postulat d'Euclide ait été levé ; les géométries non euclidiennes respectent par ailleurs toutes les autres définitions d'Euclide. En particulier, une droite est toujours définie comme la ligne de plus court chemin joignant deux points sur une surface. Il existe plusieurs modèles de géométrie hyperbolique à deux dimensions : le disque de Poincaré, le demi-plan de Poincaré…
Géométrie elliptique
Modèle:Article détaillé Riemann a introduit un autre modèle de géométrie non euclidienne, la géométrie sphérique (parfois appelée géométrie elliptique sphérique). Dans ce cas, par un point extérieur à une droite, on ne peut mener aucune parallèle (autrement dit, toutes les droites passant par un point extérieur à une droite donnée sont sécantes à cette droite, ou encore toutes les droites de l'espace sont sécantes entre elles). Le modèle est très simple :
- les points sont les paires de points antipodes d'une sphère ;
- les droites sont les grands cercles (c'est-à-dire les cercles ayant le même centre que la sphère).
Cette géométrie donne une courbure positive de l'espace (la somme des angles d'un triangle est supérieure à deux droits, ou la somme de deux angles successifs d'un quadrilatère est supérieure à deux droits, ou encore il existe un triangle dont tous les angles sont droits).
Notes et références
Notes
Références
Voir aussi
Bibliographie
Aspects historiques
- Luciano Boi, Le problème mathématique de l'espace - Une quête de l'intelligible, Springer-Verlag (1995)Modèle:Commentaire biblio
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Marvin J. Greenberg, Euclidean & Non-Euclidean geometries - Development & History, W.H. Freeman & Co., New-York (Modèle:3e édition-1996)Modèle:Commentaire biblio
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Max Jammer, Concepts of space - The history of theories of space in physics, Dover Publications, Inc. (Modèle:3e édition-1993)Modèle:Commentaire biblio
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- A. Papadopoulos et Guillaume Théret, La théorie des parallèles de Johann Heinrich Lambert (édition critique du mémoire de Lambert, traduction française, avec commentaires mathématiques et historiques), éd. Blanchard, coll. Sciences dans l'Histoire, Paris, 214 p., 2014. Modèle:ISBN
Ouvrages de mathématiques
- Modèle:Bourguignon1
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Norbert A'Campo et Athanase Papadopoulos, Notes on hyperbolic geometry, in: Strasbourg Master class on Geometry, pp. 1--182, IRMA Lectures in Mathematics and Theoretical Physics, Vol. 18, Zürich: European Mathematical Society (EMS), 461 pages, 2012 Modèle:ISBN, Modèle:DOI
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- Modèle:Berger1Modèle:Commentaire biblio
- Jean-Marc Daudonnet, Bernard Fischer, Courbure des surfaces. Introduction aux géométries non euclidiennes, JIPTO 2009 Modèle:ISBN
- Modèle:DoubrovineFomenkoNovikov (Première partie : géométrie des surfaces, des groupes de transformations et des champs).Modèle:Commentaire biblio
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Birger Iversen, Hyperbolic Geometry, London Mathematical Society Student Texts 25, Cambridge University Press, 1992 Modèle:ISBN
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Ouvrages pour physiciens théoriciens
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Yvonne Choquet-Bruhat et Cécile DeWitt-Morette, Analysis, Manifolds and Physics - Part I: Basics, North-Holland, 1989 Modèle:ISBN
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- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Mikio Nakahara, Geometry, Topology and Physics, Institute of Physics Publishing, 2003, Modèle:2e éd. illustrée Modèle:ISBN
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Charles Nash et Siddhartha Sen, Topology and Geometry for Physicists, Academic Press, 1983 Modèle:ISBN
Ouvrages de philosophie
- Gaston Bachelard, Le nouvel esprit scientifique, 1934.Modèle:Commentaire biblio
- Imre Toth, Liberté et vérité. Pensée mathématique et spéculation philosophique, Paris, Éditions de l'Éclat, 2009, 144 p. Modèle:Commentaire biblio
- Imre Toth, Palimpseste. Propos avant un triangle, Paris, Presses universitaires de France, 2000, 528 p., Modèle:ISBN.
Aspects ludiques
Jean-Pierre Petit, Le Géométricon, bande dessinée de la collection Les Aventures d'Anselme Lanturlu, éd. Belin, Modèle:ISBN
Articles connexes
Liens externes
- Modèle:Autorité
- Modèle:Bases
- Modèle:Dictionnaires
- Modèle:Lien vidéo
- Promenade non euclidienne, conférence donnée par Charles Boubel, ENS Lyon.
- Tractrices, pseudosphère
- Géométries planes non euclidiennes sur le site universitaire associé à Cabri Géomètre
- Plan hyperbolique, par Xavier Hubaut