Opinion publique

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}
Révision datée du 8 septembre 2023 à 21:47 par >RSVartanian
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)

Modèle:Voir homonymes

Fichier:1963 march on washington.jpg
Manifestation de rue aux États-Unis en faveur de l'égalité des droits, 1963

L’ opinion publique désigne l'ensemble des convictions et des valeurs, des jugements, des préjugés et des croyances plus ou moins partagés par la population d'une société donnée.

De même qu'une opinion se caractérise par son aspect normatif et se différencie de l'esprit critique (marqué, lui, par le questionnement, l'argumentation, l'approche contradictoire et le souci d'approcher une certaine vérité), l'opinion publique peut parfois être construite sur des avis tranchés, des émotions, des informations non vérifiées pouvant se révéler fausses, qu'elles soient véhiculées intentionnellement ou non.

L'ensemble des sociologues s'accordent sur l'idée que ce n'est qu'au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, avec l'apparition des médias de masse, qu'il est légitime de parler de « société de masse » et d'« opinion publique ». Ils démontrent également combien celle-ci est manipulable par des techniques de propagande, ce qui explique notamment l'apparition des grands régimes totalitaires (fascisme, communisme, nazisme…).

Dans les démocraties, la propagande vise essentiellement à influer sur les choix politiques. Plus largement, et dès lors que l'idéologie dominante est le capitalisme, la publicité est considérée comme une forme de propagande visant à façonner les comportements et les styles de vie dans le sens du consumérisme.

À la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le débat confronte essentiellement deux camps :

  • le premier (et le plus important majoritairement) de sensibilité post-marxiste, selon qui l'opinion est façonnée par les propriétaires des grands médias et l'ensemble de leurs soutiens, les acteurs principaux du capitalisme ;
  • le second, minoritaire, de sensibilité technocritique, selon qui l'évolution des moyens de communication et le fait qu'ils sont de plus en plus accessibles à un grand nombre conditionnent les individus au point que la frontière entre « propagandistes » et « propagandés » devient extrêmement relative.

Ce débat est relancé au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, quand, avec internet, les individus ne sont plus seulement "consommateurs" mais "producteurs" d’opinions partagées à une certaine échelle et que, n'étant soumis à aucune déontologie, à la différence des journalistes, un certain nombre d'entre eux en viennent à répandre des quantités de fake news sur les réseaux sociaux.

Évolution du concept

La doxa est généralement considérée comme la figure anticipatrice de l'opinion publique<ref>Roger Lenglet, La Doxa, ancêtre de l’opinion publique, Anousia, 1987</ref>. Cette notion traverse l'histoire de l'Antiquité jusqu'à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et c'est à partir du moment où naissent la démocratie moderne et « les processus qui la renforcent ou la dévoient » que les intellectuels pensent en termes d'opinion publique<ref>Nicole D’Almeida, L'opinion publique, revue Hermès, 2014/3 (n° 70), p. 88-92</ref>.

Selon Dominique Reynié, Modèle:Citation<ref>Dominique Reynié, La théorie de l'opinion publique à la recherche d'un nouveau souffle, Hermès, n° 31, 2001.</ref>.

Antiquité

Les Grecs

La Grèce antique est connue comme le lieu de naissance de la démocratie. D'une part, il s'agit d'une démocratie réduite à un petit nombre de personnes, les aristoi, au sein d'une société esclavagiste, d'autre part « la » Grèce n'existe pas encore, seules existent des cités (s'opposant d'ailleurs souvent les unes aux autres) : la question de l'opinion publique ne se pose donc pas. En revanche se pose celle de l'opinion et l'enjeu des débats menés par les philosophes est précisément de distinguer un simple avis (doxa) d'une réflexion élaborée. Or ce qui permet de faire cette différence, c'est la raison (logos) ; plus exactement sa nature contradictoire, ou dialectique, qui – seule – constitue une garantie d'esprit critique.

Cette distinction émerge probablement dès le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification siècle. Les références morales d'Homère et celles d'Archiloque posent en effet les bases d'une tradition opposant de façon antinomique les images désacralisantes aux représentations distinguées, notamment à travers les fables animalières, les caricatures et la culture de l'injure<ref>Roger Lenglet, Archiloque, ange du vulgaire, in "Du je(u)", revue Anousia, 1985. Et La doxa, ancêtre de l’opinion publique, éditions Anousia, 1987</ref>. C'est donc au moment où apparaît l'opposition entre opinion et jugement qu'émerge le sentiment de légitimité sinon du grand nombre du moins d'un nombre élargi de personnes.

Au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification siècle, la réflexion philosophique s'empare de ces concepts. Le philosophe grec Parménide oppose le concept de vérité (alétheia) aux opinions erronées qu'il appelle doxai. Toutefois, en matière de savoir politique, qui est ancré dans la pratique, l'opposition entre vérité et doxa est moins netteModèle:Sfn. Ainsi, Platon Modèle:Incise reconnaît cependant dans Les Lois l'existence d'une « opinion vraie » : Modèle:Citation<ref>Les Lois, chap. VI</ref>. De même Aristote, dans son livre la Politique, reconnaît l'existence d'une opinion vraie qu'il appelle « sagesse » ou phronésis (Livre III, 1277b)Modèle:Sfn.

Les Romains

Modèle:Section vide ou incomplète La civilisation romaine, qui va prendre l'ascendant sur toute l'Europe et l'Afrique du Nord, est également esclavagiste. De surcroît, les débats philosophiques ont beaucoup moins d'impact sur la vie politique que chez les Grecs. En revanche, le droit va jouer un rôle essentiel et c'est notamment en son nom qu'émerge un nouveau concept : la chose publique (« res publica », qui donnera plus tard le mot « république »). Même l'Empire est considéré comme « chose publique », indépendante de la personne de l'empereur. En veillant scrupuleusement à ce que le droit soit respecté sur l'ensemble de leurs territoires, les Romains vont élaborer une nouvelle entité qui, par la suite, jouera un rôle central dans la constitution de ce que l'on appelle l'opinion publique : l'État. En effet, si dans les régions conquises la vie quotidienne reste inchangée, les villes perdent leur indépendance vis-à-vis de Rome, ce qui, sur le long terme, va avoir un impact considérable sur les mentalités : le sentiment d'appartenance à une entité politique abstraite.

Moyen Âge

Au Moyen Âge, l'Europe entière est christianisée. Comme sous l'Antiquité, l'ensemble de la population Modèle:Incise est illettrée. Alors que les invasions barbares ont ruiné l'édifice politique élaboré par les Romains, le Pape siège toujours à Rome et l'Église exerce une emprise spirituelle sur les différents monarques. Ce sont donc des religieux qui constituent l'élite de tout le continent et la seule doctrine qu'ils imposent, du moins explicitement, est celle contenue dans la Bible. À cette fin, la population étant illettrée, les fresques et les vitraux ornant les édifices religieux remplissent une fonction éducative : la doctrine est médiatisée par les images et celles-ci sont précisément conçues pour alimenter directement l'imaginaire des populations.

Au cours des dix siècles qui jalonnent le Moyen Âge, les choses vont évoluer. L'Église n'avait pu établir son autorité qu'au terme d'un accord passé avec l'État (en l’occurrence au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle avec l'empereur Constantin). Or, du fait de son audience auprès des princes, elle constitue désormais elle-même un État, implanté sur un territoire et doté de moyens matériels. Son influence spirituelle s'en trouve diminuée. À la longue, au fur et à mesure que s'émousse cette influence et que la société européenne se sécularise, les princes vont retrouver une certaine autonomie et un certain pouvoir. Certes, celui-ci est filtré par celui des seigneuries et l'unité politique de référence reste le fief tandis que le sentiment d'appartenance reste lié à la communauté, de taille restreinte. On n'observe donc rien à cette époque qui puisse s'apparenter au concept d'opinion publique. Certes, en marge de la doctrine enseignée par l'Église, se manifestent toute une multitude de croyances, dont la plus célèbre est celle liée à la sorcellerie, mais, pour qu'émerge le concept d'opinion publique, il faudra attendre que naisse le sentiment d'appartenance à l'État (au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle) puis qu'avec les médias de masse émerge au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle ce que les sociologues appellent la société de masse.

Les quatre siècles séparant le Moyen Âge de l'époque contemporaine vont constituer une phase de transition.

Temps modernes

La sécularisation de la société

Les fresques du peintre Lorenzetti qui ornent une salle du Palais public de Sienne, au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, sont parfois considérées par les historiens comme un des premiers symptômes de la modernité, au sens où elles témoignent d'une ouverture sur le monde dénuée de toute référence religieuse<ref>Patrick Boucheron, Conjurer la peur : Sienne, 1338. Essai sur la force politique des images, Seuil, 2013</ref>. N'y accèdent cependant qu'une partie extrêmement restreinte de la population, laquelle reste globalement sous l'emprise idéologique de l'Église.

De même, lorsque, deux siècles plus tard, en 1532, le Florentin Nicolas Machiavel publie Le Prince, il faudra qu'une longue période s'écoule avant qu'il soit considéré comme l'un des fondateurs de la politique moderne. Il n'empêche que, dès 1558, un jeune Français s'interroge sur le « fait du prince », plus exactement sur le fait qu'un grand nombre de ses semblables se montrent disposés à se plier aux desiderata du monarque jusqu'à y sacrifier une bonne partie de leur liberté : il s'agit d'Étienne de La Boétie, âgé d'à peine 18 ans, dans son Discours de la servitude volontaire. Ce texte pose la question de la légitimité de toute autorité sur une population et tente d'analyser les raisons de la soumission de celle-ci.

La posture circonspecte de La Boétie va toutefois demeurer ultra-minoritaire : ce qui augmente, en revanche, c'est un certain engouement pour la démocratie et le droit, pour le grand nombre, de participer aux décisions politiques.

Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, plus exactement vers 1640, Hobbes identifie l'opinion à la conscience<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Citation (Elements of Law, I, vi). Voir Modèle:Harvsp et Modèle:Harvsp.</ref>.

Fichier:JohnLocke.png
John Locke

Et cinquante ans plus tard, en 1689, dans son Essai sur l'entendement humain, John Locke reconnaît spécifiquement la valeur de l'opinion, dont il fait l'une des trois sources du jugement moral : Modèle:Citation<ref>Essai, Livre 2, Chap. XXVIII</ref>, laquelle, entre toutes, est « la plus universelle et la plus contraignante ». Selon Sandro Landi, spécialiste d’histoire de la culture politique, Modèle:Citation<ref>Sandro Landi, « Au-delà de l'espace public. Habermas, Locke et le consentement tacite », Revue d’histoire moderne & contemporaine 2012/4 (n° 59-4), pp.7-32</ref>. Locke définit la loi d'opinion comme Modèle:Citation<ref>John Locke, Essai sur l’entendement humain, Paris, Vrin, 2001, I, p. 551.</ref>. Ce faisant, il ravive la tension entre morale et politique et prépare le renversement de la formule qui fondait la doctrine absolutiste de l'État, en introduisant l'idée que veritas non auctoritas facit legem (« c'est la vérité et non le pouvoir qui fait la loi »)Modèle:Sfn.

Les Lumières

Fichier:Jean-Jacques Rousseau (painted portrait).jpg
Jean-Jacques Rousseau

Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, plus précisément durant la période précédant la Révolution française, émergent à la fois les notions d'intérêt général et d'opinion publique. Certes, dans la pure tradition philosophique, l'article Opinion de l'Encyclopédie oppose l'opinion à la science : Modèle:Citation<ref>Article Opinion</ref>. Comme le note l'historienne Mona Ozouf, on trouve alors chez les philosophes la volonté de Modèle:CitationModèle:Sfn.

Pour Malesherbes, en 1775, le public est Modèle:CitationModèle:Sfn. Ce surgissement de l'opinion populaire est lié à l'affaiblissement des autorités traditionnelles, l'Église et la monarchie. Pour les économistes physiocrates, celle-ci est Modèle:CitationModèle:Sfn. Rousseau a une position plus nuancée : s'il voit dans la « volonté générale » un garde-fou contre le despotisme, il s'en méfie aussi dans la mesure où le peuple est facilement influençable : Modèle:Citation<ref>Du Contrat social, II, iii.</ref>. En cela, Rousseau se révèle Modèle:CitationModèle:Sfn.

L'avènement de la République fait du peuple un acteur à part entière, à tel point que Saint-Just parle de Modèle:CitationModèle:Sfn. Le syntagme opinion publique apparaît dans le Dictionnaire de l'Académie en 1798Modèle:Sfn.

Cette opinion publique suscite un certain enthousiasme, notamment par Burke et Bentham Modèle:Référence nécessaire. Dans Qu'est-ce que les Lumières ?, Kant souhaite lui aussi que s'exprime la volonté du peuple entier mais il rappelle l'importance de la raison critique dans le cadre de la société bourgeoise où l'économie privée semble relever de l'ordre naturelModèle:Sfn.

Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle

Modèle:Section vide ou incomplète Des intellectuels tels que Constant et Guizot se montrent également favorables à l'expression du peuple Modèle:Référence nécessaire.

En revanche, John Stuart Mill et surtout Alexis de Tocqueville mettent en doute la prétendue autodétermination de l'opinion populaireModèle:Sfn.

Dans son livre sur Herbert Spencer, John David Yeadon Peel rapporte que le député britannique William Alexander Mackinnon définit en 1828 l'opinion publique ainsi : Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>.

En 1888 l'Américain James Bryce fait émerger le concept d'opinion publique<ref>James Bryce « La nature de l’opinion publique », in La République américaine (The American Commonwealth), 1888</ref>.

Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle

Les débuts de la sociologie

Fichier:Gustave Le Bon.jpg
Gustave Le Bon

Les toutes premières analyses scientifiques du phénomène de l'opinion publique (et plus généralement du comportement des individus à l'ère industrielle) datent de la naissance de la sociologie, à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

En 1895, dans Psychologie des foules, Gustave Le Bon (pionnier de la psychologie sociale) souligne non seulement que le comportement d'un individu peut différer sensiblement quand il est dans une foule ou quand il est isolé<ref>Gustave Le Bon, Psychologie des foules, Alcan 1895. Réed. Hachette Livre BNF, 2012</ref>. La foule, selon Le Bon, est distincte du simple agrégat d'individus. Modèle:Citation<ref>Le Bon, op. cit. p. 12</ref>.

En 1901, Gabriel Tarde, qui a beaucoup correspondu avec Le Bon, publie L'opinion et la foule : Modèle:Citation<ref>Gabriel Tarde, L'opinion et la foule, 1901</ref>. Selon lui, l'opinion publique peut venir concurrencer dangereusement la raison. En revanche, en 1904, le sociologue américain Robert E. Park, passionné par le phénomène de l'urbanisation et théorisant la notion d'espace public, aborde la notion d'opinion publique de manière pragmatique<ref>Robert E. Park The Crowd and the Public, 1904. Trad. fr. Parangon, 2007</ref>.

En 1908 et 1909 l'Américain Wilfred Trotter publie les deux volumes de Herd instinct and its bearing on the psychology of civilized man (L'instinct grégaire et sa manifestation dans la psychologie de l'homme civilisé). Il y introduit la notion de comportement grégaire (herd behavior).

Après la Première Guerre mondiale

C'est principalement aux lendemains de la Première Guerre mondiale que s'amorce le débat sur l'opinion publique et les techniques de manipulation des consciences. Durant le conflit, les journaux ont abondamment utilisé la propagande et le bourrage de crâne pour fédérer les populations contre l'ennemi et valoriser la nation. L'époque est également marquée par la montée des régimes totalitaires (le communisme en URSS et le fascisme en Italie), utilisant les techniques de communication de masse pour susciter l'adhésion à leurs idéologies.

En 1922, deux ouvrages majeurs paraissent de part et d'autre de l'Atlantique : Critique de l'opinion publique de l'Allemand Ferdinand Tönnies<ref>Ferdinand Tönnies, Kritik der öffentlichen Meinung, Berlin, 1922. Trad. fr. Gallimard, 2012</ref> et Opinion publique du journaliste américain Walter Lippmann<ref>Walter Lippmann, Public Opinion, New York, Harcourt, Brace and Company, 1922</ref>. D'autres sociologues lui emboîtent le pas, dont Cantril (Gauguing Public Opinion, 1944) et Ogle (Public Opinion and Political Dynamics, 1948).

  • Le livre de Tönnies est une commande d'un éditeur qui souhaitait un pendant allemand au livre de Tarde. Si son auteur reconnaît le rôle majeur de la presse dans la constitution d’un lien social entre les opinions individuelles, il estime en revanche que l’opinion publique ne saurait être renvoyée à de l’irrationnel et être confondue avec de simples croyances populaires. En effet, si les politiques la guettent, ils la redoutent également car ils savent qu'elle ne forme pas un tout homogène et qu'elle est versatile. Selon Tönnies, il en va d’elle comme d’une assemblée qui débat, puis rend une décision<ref>Publictionnaire, article "Ferdinand Tönnies"</ref>,<ref>Robert Redeker, Tönnies, prophète du règne de l’Opinion publique, IPhilo, 28 avril 2013</ref>. Selon le sociologue Aurélien Berlan, le mérite de Tönnies est de voir dans « ce tribunal moral qu’est l’opinion publique » un facteur « aussi puissant que l’était la religion » mais, en revanche, il ne perçoit pas que cette expression collective est le plus souvent mise sous contrôle<ref>Aurélien Berlan , L’opinion publique et ses élites (recension du livre de Tönnies), La Vie des Idées, 4 novembre 2013</ref>.
Fichier:Walter Lippmann 1914.jpg
Walter Lippmann
  • Le livre de Lippman présente une tonalité ouvertement pessimiste car il présente l'opinion publique comme le symptôme de l'impuissance de l'individu face à la complexité du monde. De surcroît sont étudiées les techniques de manipulation des consciences. Lippmann fait valoir que, pour mener à bien une propagande, une barrière entre le public et les évènements doit nécessairement être instaurée<ref>Walter Lippmann, Public Opinion, partie II, chap. II, section 3</ref>. Selon lui, cette nouvelle forme de propagande, basée sur les recherches en psychologie associées aux moyens de communications modernes<ref>Walter Lippmann, Public Opinion, partie V, chap. XV, section 4</ref>. Il utilise alors l'expression « fabrique du consentement ».

De fait, dès l'année 1923, le publicitaire Edward Bernays (incidemment neveu de Freud) publie un ouvrage qui fait de lui le père de la propagande politique institutionnelle et de l'industrie des relations publiques, ainsi que du consumérisme américain. En combinant les idées de Gustave Le Bon sur la psychologie des foules, celles de Wilfred Trotter sur la psychologie sociale et celles de Freud sur l'inconscient, il est l'un des premiers à les instrumentaliser pour influencer les individus dans toutes sortes de domaines : aussi bien les idées politiques que l'achat de biens de consommation. Selon lui, une foule ne peut pas être considérée comme « pensante » car seul le ça s'y exprime, c'est-à-dire les pulsions inconscientes. C'est à celles-ci que tout publicitaire doit prioritairement s'adresser<ref>Edward Bernays, Crystallizing public opinion, 1923. Trad. fr. Propaganda. Comment manipuler l'opinion en démocratie, La Découverte, 2007</ref>.

En 1925, Lippmann écrit un nouvel ouvrage, Le public fantôme, dans lequel il reprend et développe son idée : la complexité croissante des réalités sociales est telle qu'elle produit sinon l'indifférence du « public » (les citoyens) du moins son ignorance ; au point qu'elle interdit la formation d'une opinion publique véritable. Selon lui, « les carences des jugements individuels et le comportement largement privé des citoyens aboutissent à menacer la possibilité même d'une solidarité politique en termes de visée du bien commun »<ref>Joëlle Zask, Présentation des textes de Walter Lippmann, « Le public fantôme » (1925), et de John Dewey, « Le public et ses problèmes » (1927), revue Hermès, 2001</ref>.

Années 1930-1950

Fichier:Lazarsfeld1941 Lge.jpg
Paul Lazarsfeld

C'est finalement aux États-Unis (pays pionnier en matière de production et de communication de masse et où naîtront les techniques de sondage d'opinion, en 1936) que s'élaborent les premières véritables études sociologiques sur l'opinion publique et la société de masse. Elle débutent par un séminaire organisé par la fondation Rockefeller à New-York de Modèle:Date- à Modèle:Date-, auquel participent notamment les sociologues Paul Lazarsfeld (pionnier en matière d'enquêtes pour la collecte d'informations) et Harold Lasswell (qui a été propagandiste durant la Première Guerre mondiale et qui est par ailleurs expert en sciences politiques à l’université de Chicago) ainsi que le psychologue Hadley Cantril.

Toutefois, les chercheurs sont également circonspects quant aux changements sociétaux induits par l'émergence des médias de masse. Ainsi, en 1939, William Albig insiste sur le fait qu'il n'est plus possible d'aborder la notion d'opinion publique sans en tenir compte<ref>William Albig, Public Opinion, New York, Londres, McGraw-Hill, 1939</ref>. Un grand nombre d'autres sociologues lui emboîtent le pas : Cantril (Gauguing Public Opinion, 1944), Doob (Propaganda and Public Opinion, 1948), Ogle (Public Opinion and Political Dynamics, 1950), Powell (Anatomy of Public Opinion, 1951), MacDougall (Understanding Public Opinion, 1952)… jusqu'à la publication, en 1955, d'un livre de Katz et Lazarsfeld qui va faire référence : Personal influence<ref>Elihu Katz et Paul Lazarsfeld, Personal influence: The part played by people in the flow of mass communications, 1955. Trad. fr. Influence personnelle : Ce que les gens font des médias, Armand Colin/INA, 2008</ref>. S'appuyant sur une enquête de terrain menée non loin de Chicago, les auteurs battent en brèche l'idée communément admise de la propagande manipulatrice des médias. Ils estiment que les individus s'exposent de façon très variable aux médias et que le processus de l'influence s'opère d'une part sous l'effet de relations interpersonnelles, d'autre part, et en grande partie, sous la suggestion d'acteurs intermédiaires, les "leaders d'opinion" : les idées circulent donc d'abord des médias vers ces intermédiaires puis de ceux-ci vers la population »<ref>Gilles Bastin, Elihu Katz et Paul Lazarsfeld : comment se fabrique l'opinion, Le Monde, 19 juin 2008</ref>,<ref>Commentaire : Jean-Michel Rampon, Communication, Vol. 29/1 | 2011, mis en ligne le 6 septembre 2013</ref>.

En comparaison de l'important dispositif déployé par les chercheurs américains, les Européens s'en tiennent à des positions réservées et plutôt convenues. Après une analyse poussée de Jean Stoetzel sur la « théorie des opinions », en 1943<ref>Jean Stoetzel, Théorie des opinions, Paris, PUF, 1943</ref>, la réflexion s'essouffle. Tout au plus, en 1956, l'économiste et sociologue français Alfred Sauvy, publie un Que sais-je sur le sujet<ref>Alfred Sauvy, L'opinion publique, PUF, coll. Que Sais-Je ?, 1956</ref> et l'année suivante, le philosophe Gaston Berger coordonne un ouvrage collectif rendant compte de débats tenus à l'Institut d'études juridiques de Nice mais dont la réception est limitée.

Fichier:Jacques Ellul, 1990 (cropped).jpg
Jacques Ellul
(ici en 1990)

Années 1960

En revanche, en 1962, Jacques Ellul publie un ouvrage important dans lequel, d'une part il rend compte des différentes recherches effectuées aux États-Unis, d'autre part il expose un ensemble de théories personnelles<ref>Jacques Ellul, Propagandes, Armand Colin, 1962. Réed Economica, 1990 et 2008</ref>. Selon lui, tout d'abord, ce ne sont pas seulement les mass media qui influent sur les mentalités mais les techniques dans leur ensemble dans la mesure où, de concert, formant un tout cohérent, elles génèrent et développent un conformisme d'un type nouveau : un attachement extrême au confort matériel. Ensuite, ce ne sont pas seulement les messages de propagande classiques (centrés sur la « guerre psychologique ») qui limitent l'esprit critique mais toutes sortes de « techniques immatérielles », en premier lieu les relations publiques et les informations dans leur totalité, dès lors que les unes comme les autres se focalisent sur les faits et l'actualité, déconnectant par conséquent ces faits de leurs valeurs et de leur sens. Enfin, la ligne de démarcation entre propagandistes et propagandés s'atténue toujours plus : il est intellectuellement malhonnête de faire porter toute la responsabilité du « bourrage de crâne » sur les premiers car, inconsciemment, les seconds sont leurs complices, ils souhaitent en effet fuir la réalité et les responsabilités qu'elle leur impose.

Modèle:Citation bloc

Sondages d'opinion

Modèle:Section vide ou incomplète Un élément particulier fait considérablement évoluer le débat sur l'opinion publique : le sondage d'opinion. Dans ce contexte, le sociologue Pierre Bourdieu considère l'opinion publique comme un objet construit, Modèle:Citation. Il ajoute que Modèle:Citation. Bourdieu intitule d'ailleurs son article Modèle:Citation<ref>Pierre Bourdieu, « L'opinion publique n'existe pas », Les Temps modernes, 29 (318), janv. 73 : 1292-1309. Modèle:Lire en ligne</ref>.

La fabrique de l'opinion

L’inoculation psychologique a montré qu'elle pouvait influencer l'opinion publique lors des élections américaines en 2000, en augmentant l’intérêt de certains groupes participants pour la campagne électorale, leurs connaissances vis-à-vis des candidats ainsi que leur intention d’aller voter, comparativement au groupe contrôle<ref>Modèle:Article</ref>.

Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle

Modèle:Section vide ou incomplète Dans le sillage d'un Bourdieu, le sociologue Alain Accardo considère que la réalité de l'« opinion publique » Modèle:Citation<ref>Alain Accardo, Introduction à une sociologie critique. Lire Pierre Bourdieu, Agone, coll. « Éléments », 2006, p. 40-41.</ref>.

L'avènement d'internet dynamise le débat puisqu'avec internet, les individus ne sont plus seulement consommateurs mais aussi producteurs de médias.

Les réseaux sociaux

Modèle:... Des médias sociaux comme Instagram et Facebook ont notamment été utilisés pour influencer l'opinion publique<ref name=":0">Modèle:Lien web</ref>.

Les appels à la démocratie participative

Modèle:Article détaillé Modèle:...

La montée en puissance du populisme

Modèle:...

Le partage dématérialisé des connaissances

Modèle:...

Facteurs d'influence

Modèle:...Des médias sociaux comme Instagram et Facebook ont notamment été utilisés pour influencer l'opinion publique<ref name=":0" />.

Une technique utilisée par certains groupes d’intérêts consiste à produire des sondages non-représentatifs afin de biaiser les résultats<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Sondage d'opinion

Modèle:Article détaillé Modèle:...

Notes et références

Modèle:Références

Bibliographie

(classement par ordre chronologique des éditions)

1900-1950

  • Gabriel Tarde, L'opinion et la foule, Félix Alcan, 1901
  • Ferdinand Tönnies, Kritik der öffentlichen Meinung, Berlin/New York, 1922.
    Trad. fr. Critique de l’opinion publique, Gallimard, Paris, 2012
  • Modèle:Ouvrage
  • Edward Bernays, Crystallizing public opinion, 1923.
    Trad. fr. Propaganda. Comment manipuler l'opinion en démocratie, La Découverte, 2007
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} William Albig, Public Opinion, 1939
  • Serge Tchakhotine, Le viol des foules par la propagande politique, Gallimard 1939
  • Jean Stoetzel, Théorie des opinions, Paris, PUF, 1943
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Hadley Cantril, Gauguing Public Opinion, 1944
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Leonard W. Doob, Propaganda and Public Opinion, New York, H. Holt, 1948
  • David Krech et Richard Crutchfield, Theory and Problems of Social Psychology, 1948.
    Trad. fr. Théorie et problèmes de psychologie sociale, PUF, 1952
  • Jean-Marie Domenach, La propagande politique, éditions PUF, 1950
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Marbury B. Ogle Jr, Public Opinion and Political Dynamics, Boston, Houghton Mifflin, 1950

1950-2000

  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Norman John Powell, Anatomy of Public Opinion, New York, Prentice-Hall, 1951
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Curtis D. MacDougall, Understanding Public Opinion, New York, McMillan, 1952
  • Elihu Katz et Paul Lazarsfeld, Personal influence: The part played by people in the flow of mass communications, 1955
    Trad. fr. Influence personnelle : Ce que les gens font des médias, Armand Colin/INA, 2008
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} William Albig, Modern Public Opinion, New York, Mcgraw-Hill, 1956
  • Alfred Sauvy, L'opinion publique, éditions PUF, 1956
  • Gaston Berger, dir. L'opinion publique, éditions PUF, 1957
  • Vance Packard, The Hidden Persuaders, New York, D. McKay, 1957 ;
    Trad. fr. La persuasion clandestine, Calmann-Lévy, 1958
  • Kurt Lewin, Psychologie dynamique, , éditions PUF, 1959
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Valdimer O. Key Jr, Public Opinion and American Democraty, New York, 1961
  • Jacques Ellul, Propagandes, Armand Colin, 1962 ; Réed. Economica, 1990
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Jürgen Habermas, Strukturwandel der Öffentlichkeit 1962
    trad. fr. L’espace public. Archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise, Payot, 1978
  • Maurice Halbwachs, Esquisse d'une psychologie des classes sociales, , éditions Marcel Rivière, 1964
  • Jacques Desabie, Théorie et pratique des sondages, Dunod, 1966
  • Roger Mucchielli, Introduction à la psychologie structurale, , éditions Dessart, 1968
  • Pierre Bourdieu, « L'opinion publique n'existe pas », Modèle:Date-, Les Temps modernes, 29 (318), janv. 73 : 1292-1309. Modèle:Lire en ligne
  • Paul Watzlawick, John Weakland et Richard Fisch, Change. Principles of Problem Formation and Resolution, Norton, 1974 ;
    Trad. fr. Changements : paradoxes et psychothérapie, Seuil, 1975
  • Alain Girard, Jean Stoetzel, Les sondages d’opinion publique, PUF, 1979
  • Yvon Lafrance, La théorie platonicienne de la Doxa, éditions Les Belles lettres, 1981.
  • Roger Lenglet, Archiloque, ange du vulgaire, in "Du je(u)", revue Anousia, 1985
  • Pierre Bourdieu, « Les sondages, une science sans savant », pp. 217-224 in : Choses dites, Paris : Ed. de Minuit (Le sens commun), 1987
  • Roger Lenglet, La Doxa, ancêtre de l’opinion publique, éditions Anousia, 1987
  • Roger Mucchielli, Opinions et changement d'opinion, ESF, 1988
  • Patrick Champagne, Faire l'opinion. Le nouveau jeu politique, Editions de Minuit, 1990
  • Noam Chomsky et Edward S. Herman, Manufacturing Consent, The Political Economy of Mass Media, 1988.
    Trad. fr. La fabrique de l'opinion publique, Le serpent à plumes, 2003
  • Patrick Champagne, Faire l'opinion. Le nouveau jeu politique, Paris, Éditions de Minuit, 1990
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Elisabeth Noelle-Neumann, Öffentliche Meinung. Die Entdeckung der Schweigespirale, Ullstein, Frankfurt 1991,
  • Modèle:Ouvrage
  • Arlette Farge, Dire et mal dire, l'opinion publique au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Ed. du Seuil, 1992.
  • Modèle:Chapitre
  • Modèle:Article
  • Loïc Blondiaux, « Ce que les sondages font à l'opinion publique ». Politix, vol. 10, n°37, Premier trimestre 1997. p. 117-136
  • Loïc Blondiaux, La Fabrique de l'opinion. Une histoire sociale des sondages , Ed. du Seuil, 1998
  • Agemir Bavaresco, La théorie hégélienne de l'opinion publique, L'Harmattan, 1998
  • Dominique Reynié, Le triomphe de l'opinion publique. L'espace public français du {{#switch: au
 | e | er | = 
   Modèle:S mini-{{#ifeq: XX|-| – | XX }}Modèle:S mini- siècle
 | 
   Modèle:S mini-{{#ifeq: au|-| – | au }}Modèle:S mini- siècle

}}, Odile Jacob, 1998

  • Vladimir Volkoff, Petite histoire de la désinformation, Editions du Rocher, 1999

Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle

  • Joëlle Zask, L'opinion publique et son double; Livre I: L'opinion sondée; Livre II: John Dewey, philosophe du public, L'Harmattan, coll. "La philosophie en commun", 2000
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Jacob Shamir et Michal Shamir, The Anatomy of Public Opinion, Ann Arbor: University of Michigan Press, 2000
  • Laurence Kaufmann, « L’opinion publique ou la sémantique de la normalité », Langage et société, n° 100 2002/2, p. 49-79. Modèle:Lire en ligne Modèle:Pdf
  • Dominique Reynié, « La théorie de l’opinion publique à la recherche d’un nouveau souffle », Hermès, n° 31, 2001
  • Laurence Kaufmann, « L’opinion publique : oxymoron ou pléonasme ? », Réseaux, n° 117 2003/1, p. 257-288. Modèle:Lire en ligne Modèle:Pdf
  • Julien Théry, « fama : L’opinion publique comme preuve. Aperçu sur la révolution médiévale de l'inquisitoire ({{#switch: -
 | e | er | = 
   Modèle:S mini-{{#ifeq: XIV|-| – | XIV }}Modèle:S mini- siècle
 | 
   Modèle:S mini-{{#ifeq: -|-| – | - }}Modèle:S mini- siècle

}}) », dans La preuve en justice de l'Antiquité à nos jours, dir. Bruno Lemesle, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2003, p. 119-147. Modèle:Lire en ligne

  • John Stauber et Sheldon Rampton, L’industrie du mensonge - Lobbying, communication, publicité et médias, Complété et préfacé par Roger Lenglet, Agone, coll. « Contre-feux », 2004
  • Jacques Antoine, Histoire des sondages, Odile Jacob, 2005
  • François-Bernard Huyghe, "Maîtres du faire croire. De la propagande à l'influence", Vuibert 2008
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Kirk Wetters, The Opinion System. Impasses of the Public Sphere from Hobbes to Habermas, New York, Fordham University Press, 2008
  • Pierre Karila-Cohen, L'État des esprits. L'invention de l'enquête politique en France (1814-1848), Presses Universitaires de Rennes, 2008, 401 p.
  • Nicole d'Almeida, L'opinion publique, CNRS Éditions, 2009
  • Bertrand Binoche, Religion privée, opinion publique, Vrin, 2012
  • Arnaud Mercier, Médias et opinion publique, CNRS (coll. Les essentiels d'Hermès), 2012
  • William T. Bianco et David T. Canon, "Public Opinion." In American Politics Today, 3ème édition, New York, W.W. Norton, 2013

Revues

  • « Une opinion publique internationale ? », dossier de Raisons politiques, n° 19 2005/3. Modèle:Lire en ligne

Voir aussi

Articles connexes

Modèle:Colonnes

Liens externes

Modèle:Liens

 | e | er | = 
   Modèle:S mini-{{#ifeq: XIV|-| – | XIV }}Modèle:S mini- siècle
 | 
   Modèle:S mini-{{#ifeq: -|-| – | - }}Modèle:S mini- siècle

}})",
in B. Lemesle (ed.), La preuve en justice de l'Antiquité à nos jours, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003, p. 119-147]

Modèle:Portail