Beurre de karité
Le beurre de karité est une huile végétale comestible extraite des fruits du karité, un arbre poussant principalement dans les savanes arborées de l'Afrique de l'Ouest et centrale. Le nom ghariti signifie « arbre à beurre » en wolof du Sénégal et est à l'origine du nom français « karité ».
Le beurre de karité est principalement utilisé dans la cuisine en Afrique et dans l'industrie du chocolat en Europe (comme substitut au beurre de cacao). Il est aussi connu en Afrique, en Europe et aux États-Unis pour ses propriétés cosmétiques assouplissantes et nourrissantes pour la peau qui le font rentrer dans la composition de nombreux produits cosmétiques et aussi pharmaceutiques.
Matière première
Modèle:Article détaillé Le fruit, appelé également karité, se présente sous la forme de grappes de fruits ovoïdes de couleur vert sombre à brun mesurant entre quatre et huit centimètres de long et pesant entre 10 et 57 g<ref name=":92">Honfo, Fernande & H.N., Akissoe & Linnemann, Anita & Mohamed, Soumanou & Boekel, Martinus. (2014). « Nutritional Composition of Shea Products and Chemical Properties of Shea Butter: A Review ». Critical reviews in food science and nutrition. 54. 673-686. 10.1080/10408398.2011.604142. Lire en ligne</ref>.
C'est une baie charnue et comestible<ref>Modèle:Lien web</ref> renfermant une, voire deux amandes dures (comparable à une graine d'avocat i.e. son noyau), d'une teinte blanchâtre, entourée(s) d'une coque mince et de pulpe.
Les fruits de karité sont ramassés entre mai-juin et mi-septembre, généralement par des femmes<ref name=":02">Modèle:Lien web</ref>,<ref name=":53">Modèle:Chapitre</ref>,<ref name=":92" />.
Fabrication
Tant la récolte des fruits que l’extraction du karité voire sa commercialisation à l'échelle locale sont principalement effectuées par des femmes africaines en zones rurales<ref>Modèle:Article</ref>,<ref name=":0">Modèle:Article</ref> d'où son surnom d'« or des femmes » (même si la filière internationale du karité est essentiellement dominée par des hommes)<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Fold N, Reenberg A. 1999. « In the shadow of the 'chocolate war': local marketing of shea nut products around Tenkodogo, Burkina Faso ». Geografisk Tidsskrift / Danish Journal of Geography Special Issue 2: 113–123.</ref>,<ref name=":0" />,<ref name=":62">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Elias M, Saussey M. 2013. « ‘The Gift that keeps on giving’: unveiling the paradoxes of fair trade shea butter ». Sociologia Ruralis 53(2): 158–179.</ref>.
Une fois les fruits ramassés (juin-septembre), ceux-ci sont débarrassés de leur pulpe, ce qui permet d'obtenir alors une noix qu'on fait sécher. On récupère ensuite l’amande en concassant les noix. On la lave et on la laisse sécher dans la coque intacte pour éviter l'acidification (augmentation de la teneur en acides gras libres) de l'amande dues à l'action des microorganismes. Bien préparées les amandes peuvent ainsi se conserver un an sans dégradation.
La récolte des fruits et la préparation des amandes demande une heure de travail par kilo d'amandes sèches.
Ensuite, on concasse l'amande, la torréfie et on la moud pour obtenir une pâte épaisse. Après traitement, trois kilos d'amande donnent environ un kilo de beurre<ref>Modèle:Vid Tout sur le beurre de karité : bienfaits, fabrication, qualité au Burkina Faso par Les Amis du Consulat du Burkina Faso de Nice, réalisation Bernard Chalamon, 2014-2015.</ref>.
Il existe trois méthodes pour extraire le beurre de l'amande contenue dans le fruit du karité.
La méthode traditionnelle
La pâte épaisse obtenue va être mélangée à de l’eau et vigoureusement barattée. La pâte obtenue est brassée avec de longues spatules, tandis que le mélange chauffe.
L’immersion dans l’eau bouillante va permettre de séparer le beurre des autres composants de l’amande, notamment les impuretés qui se déposent au fond du récipient. Une fois retiré, le beurre flottant en surface est malaxé avant d’être cuit longuement afin de permettre à l’eau de s’évaporer et aux impuretés de se déposer. L’huile (en fait le beurre liquide) ainsi obtenue sera filtrée avant d’être conditionnée. On obtient ainsi du beurre de karité artisanal. Bien qu'il soit fréquent de lire que la chaleur altère quelque peu les qualités du beurre de karité artisanal, seules des analyses comparatives physico-chimiques permettraient d'en avoir la certitudeModèle:Référence souhaitée.
Il est fort probable que cette affirmation justifie une production industrielle du karité au détriment des femmes africainesModèle:Référence nécessaire. Femmes africaines qui sont pourtant détentrices du savoir-faire d'extraction respectueux de l'environnement dès lors qu'elles travaillent dans des conditions dignes et sainesModèle:Référence souhaitée.
Quant aux impuretés restées en bas, ces dernières sont récupérées pour former des boules, qui serviront de combustible pour faire chauffer de nouvelles marmites.
Le résultat s'élève à 30 à 35 % de beurre par poids sec de noix<ref name=":7">Modèle:Lien web</ref>.
- Préparation traditionnelle au Soudan (début du XXModèle:È s.)
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Triage des noix.
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Cuisson des noix, pilage et broyage.
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Cuisson de la pâte brute et décantage final dans une calebasse.
Extraction par pression à froid
L'expression « extraction à froid » est trompeuse. Il s'agit d'une méthode d'extraction industrielle par raffinage présenté par l'industrie cosmétique comme une extraction à froid et relayée par des influenceuses à partir de 2018. L'objectif étant de faire face à la hausse de la demande en karité naturel (non transformé) par le consommateur à la suite de la diffusion de l'émission La quotidienne<ref>Modèle:Lien web</ref> mettant en avant le karité naturel Grand Cru du Bénin <ref>[1]</ref>
Les étapes de l'extraction « à froid » sont les suivantes :
- démucilagination ou dégommage : faire disparaître les cires et mucilages à l’aide d’injection de vapeur d’eau dans l’huile chauffée à environ 70°C. le but est d’éliminer certains composants en suspension dans l’huile ;
- décoloration : ôter les pigments et la chlorophylle en filtrant l’huile à l’aide de charbon actif. L’huile est chauffée entre 90 et 120 °C et la quantité nécessaire de terre à foulon est absorbée. Une fois l’action terminée, l’agent de décoloration est séparé de l’huile par une méthode classique, la filtration ;
- désodorisation : extraire les produits volatils responsables du goût et de l’odeur. De la vapeur sèche, à environ 140 °C, est envoyée dans l’huile chauffée à 180 °C sous vide.
- winterisation ou démargarinisation (étape non obligatoire) : l’huile est refroidie entre 3° et 8° pendant plusieurs heures.
Cette méthode d'extraction reste cependant plus vertueuse que la méthode d'extraction par solvant.
Extraction par solvant
Les amandes sont broyées industriellement puis on utilise un solvant, l'Modèle:Page h'. Le beurre encore contenu dans les amandes se dissout dans l'hexane. Ensuite, on laisse l'hexane s'évaporer et on récupère le beurre de karité. Cette méthode est la plus rentable mais le beurre de karité obtenu est de qualité inférieure.
Le résultat s'élève jusqu’à 45 % de beurre par poids sec de noix<ref name=":7" />.
En Occident
La plus grande partie de la production de beurre ou composants du beurre est issue d'importations sous forme d'amandes transformées en Occident et en Asie, ce qui prive les pays producteurs et les transformatrices traditionnelles d'une part importante de la plus-value de la filière<ref name="Rousseau" />. « Le beurre de karité est extrait à l’aide de procédés industriels, principalement en Europe, puis séparé en deux fractions : une fraction de graisse végétale (stéarine) – vendue pour la formulation d’équivalents ou d’améliorants du beurre de cacao (CBE/CBI) et de margarines – et une fraction d’huile, utilisée comme base bon marché dans la production de margarines, ainsi que comme composante d’aliments fourragers »<ref name=":7" />. La stéarine est aussi revendue aux fabricants de cosmétiques, et malgré des campagnes intensives de marketing sur l'effet bénéfique du secteur dans l'autonomisation des femmes, il représenterait 50 % du karité utilisé dans la filière cosmétique<ref name="Rousseau">Modèle:Ouvrage</ref>.
Composition
À l'état naturel (vierge, brut, première pression à froid), sans aucune transformation, le beurre de karité contient cinq principaux acides gras (triacylglycérides) : l'acide palmitique, stéarique, oléique, linoléique, et arachidique. Parmi ceux-ci, les acides stéarique et oléique atteignent environ 85 à 90 %, selon les provenances.
- Acide oléique (40-60 %) ;
- Acide stéarique (20-50 %) ;
- Acide linolénique (3-11 %) ;
- Acide palmitique (2-9 %) ;
- Acide linoléique (< 1 %) ;
- Acide arachidique (< 1 %)<ref name="Davrieux 2010"> Davrieux, F., Allal, F., Piombo, G., Kelly, B., Okulo, J.B., Thiam, M., Diallo, O.B. & Bouvet, J.-M. (2010) Near Infrared Spectroscopy for High-Throughput Characterization of Shea Tree (Vitellaria paradoxa) Nut Fat Profiles. Journal of Agricultural and Food Chemistry, 58, 7811-7819.</ref>,<ref name=":16">Modèle:Article</ref>.
La proportion relative des acides stéarique et oléique influence la consistance du beurre<ref name=":16" />. L'acide stéarique donne une consistance solide, tandis que l'acide oléique donne une consistance molle ou même liquide. Ainsi, le beurre de karité provenant du plateau Mossi (Burkina Faso) et celui issu du nord du Ghana ont une teneur plus élevée en acide stéarique et sont donc généralement plus durs ; celui en provenance d'Ouganda est liquide et nécessite un fractionnement pour devenir beurre ; les beurres de karité d'Afrique de l'Ouest sont plus variables dans leur consistance<ref name=":16" />.
Outre ses acides gras, le beurre de karité contient des catéchises, des vitamines E, A, acides gras essentiels<ref name=":4">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Alander, J. (2004). « Shea butter-a multifunctional ingredient for food and cosmetics ». Lipid Technol. 16. 202-205. Lire en ligne</ref>, des triterpènes<ref name=":12">Modèle:Article</ref>.
Selon l'origine
La provenance géographique du beurre de karité influence sa composition<ref name=":16" />. En effet, plusieurs études dont une de l'université Ben Gourion du Negev<ref name=":13">Modèle:Article</ref> montre « une variabilité élevée entre les provenances de différentes régions africaines et un effet significatif du climat sur les niveaux de α-tocophérol » (forme de la vitamine E). « La teneur totale en tocophérols (α, β, γ et δ) dans 102 échantillons de beurre de karité de 11 pays varie de 29 à 805 μg/g de beurre de karité, avec une moyenne de 220 μg/g. L'α-tocophérol, la forme principale détectée, constitue en moyenne 64 % de la teneur totale en tocopherol ». Le karité des arbres de « Vitellaria situés dans des climats chauds et secs ont les plus hauts niveaux d'α-tocophérol (par exemple, une moyenne de 414 ng / g dans des échantillons de N'Djamena, Tchad). Les concentrations les plus faibles de α-tocophérol (sont) trouvées dans des échantillons provenant de régions montagneuses froides, en particulier dans le nord du pays (une moyenne de 29 µg/g) »<ref name=":13" />. La même remarque s'applique pour la teneur en acide stéarique et en alcool triterpénique (principalement amyrines, lupéol et butyrospermol), selon une étude japonaise<ref>Modèle:Article</ref>.
L'acide oléique est dominant dans le beurre de karité en provenance d'Ouganda alors que l'acide stéarique est dominant ceux d'Afrique occidentale, d'après une étude italienne portant sur 150 régions des Mali, Burkina Faso, Nigeria et Ouganda<ref>Modèle:Article</ref>.
Des résultats français montrent « les différences entre l'Afrique de l'Est et de l'Ouest dans la composition de la graisse des noix de karité : les noix de l'Est (ont) une teneur en graisse et en acide oléique significativement plus élevée » à partir des prélèvements de « 624 arbres dans cinq pays africains (Sénégal, Mali, Burkina, Ghana et Ouganda) »<ref>Modèle:Article</ref>.
Aspect
La consistance du beurre de karité dépend de son origine géographique donc de sa teneur en acides gras<ref name=":16" />. En général, le beurre solide est d'aspect cireux à température ambiante. Il devient huileux au-delà de 34 °C. Son point de fusion s'élève à 28 et 35 °C. Sa couleur va du blanc crème au jaune crème<ref>« État des lieux des actions menées dans la filière karité », op. cit., p. 98</ref>, mais la principale couleur du karité naturel africain est le jaune crème, un indicateur important du fait qu'il n'a pas subi de transformation supplémentaire susceptible de lui faire perdre ses propriétésModèle:Référence souhaitée.
Qualité
La qualité d'un beurre de karité dépend du terroir de provenance, de son climat, de la qualité des amandes mais surtout du mode de conservation<ref name=":11" /> des noix de karité (en empêchant la germination des graines) et du mode de production du beurre (traditionnel, mécanisé ou semi-mécanisé, industriel). Les laboratoires de contrôle de la qualité des produits exportés pour garantir le respect des spécifications définies par les clients étrangers prennent généralement en compte des indicateurs de qualité concernant l’humidité, l’acidité libre et le taux d’impuretés<ref>« État des lieux des actions menées dans la filière karité », op. cit., p. 16-17</ref>.
Le taux d'insaponifiables est l'indicateur de la présence de bio actifs donc d'efficacité d'une huile végétale. Cette information n'est jamais divulguée sur la base de preuves d'analyses. Pourtant, concernant le karité, elle permettrait d'éclairer le consommateur sur le niveau de transformation donc la qualité et l'efficacité du beurre de karité et améliorerait nettement le revenu des femmes productrices de karité.
Il n'existe pas à ce jour de standard de qualité mondialement reconnue, chaque entreprise ayant ses propres critères.
Certains producteurs choisissent par exemple de ne pas laisser les noix sécher au soleil mais de les fumer pour les sécher alors que cela dégrade grandement la qualité du beurre obtenu en ayant chargé les noix en hydrocarbures<ref name=":7" />.
L'Alliance globale du Karité (ou Global Shea Alliance, AGK)<ref>Modèle:Lien web</ref> réunissant tous les acteurs de l'industrie du karité a pour but de définir des standards qui manquent cruellement à la filière au détriment des Modèle:Unité de productrices de karité d'Afrique et l'organisme ProKarité d'instruire les femmes sur les méthodes pour une production de meilleure qualité qui serait plus lucrative<ref>« État des lieux des actions menées dans la filière karité », ProKarité, op. cit., dont pp. 93-98 : Retranscription du film Le karité aujourd'hui, y a l'argent dedans, Table Filière Karité (TFK), Projet d’Appui aux Filières Bio Alimentaires (PAF), avril 2002</ref>.
L'Alliance Internationale pour les Femmes du Karité (AIFK) vise elle un développement de l'industrie du karité garantissant les droits des productrices de karité et une meilleure information du consommateur<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Un beurre de karité de qualité n'a pas une mauvaise odeur, se conserve plus longtemps et est plus riche en éléments précieux<ref name=":8">E.T. Masters, J.A. Yidana, P.N. Lovett, « Rendre la gestion plus rationnelle grâce au commerce : les produits du karité en Afrique », UnaSylva, vol. 55, 2004, pp. 46-52 Modèle:Pdf Lire en ligne</ref>.
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Sac de noix récoltées, Ghana
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Noix séchant au soleil, Zantiébougou, Mali
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Four (en terre) à karité
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Malaxage, Mali
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Beurre de karité durant le processus de barattage, Ghana
De nombreux organismes participent à la promotion des exportations du beurre de karité<ref name=":10">USAID, WATH, « La chaîne de valeur du beurre de karité », Synthèse d'étude et recommandations pour WATH, Rapport Technique WATH n° 1 par John Holtzman, novembre 2004</ref>.
Certification
Les classifications et labels du beurre de karité pour le commerce international se multiplient du fait de l'attrait des pays occidentaux pour ce produit mais ne se superposent pas toujours<ref name=":62" />. On trouve ainsi différentes certifications<ref>« Guide à l’exportation du beurre de karité », CCIMA, Projet du programme régional ouest africain de l'USAID, par Peter Lovett, Emily Miller, Philip Mensah, Vanessa Adams et Catherine Kannenberg au Centre pour le Commerce en Afrique de l’Ouest (WATH). 2006. Lire en ligne</ref> :
- biologique : issu de systèmes durables d’exploitation entretenus en l’absence d’intrants chimiques (pesticides, fongicides, engrais, etc.) ; les produits peuvent être étiquetés « 100 pour cent biologique », « biologique » ou « à base de produits biologiques » (Ecocert<ref name=":11" />) Cosmecert <ref>Modèle:Lien web</ref>;
- commerce équitable ou éthique : issu de productions aux conditions sûres de travail, avec préfinancement, des prix plus élevés que ceux pratiqués sur le marché local pour les produits destinés au marché international et l’absence de main d’œuvre esclave ou de travail des enfants ; le label de commerce équitable WFTO<ref>Modèle:Lien web</ref> est l'un des labels garantissant à la fois une juste rémunération et la préservation des savoirs traditionnels des artisans et petits producteurs.
Ces labels reposent sur des démarches qualité suivantes :
- Assurance qualité : pour un produit contrôlé par un tiers de la qualité tel un laboratoire qui se conforme aux normes internationales ;
- Traçabilité : pour un produit où toutes les étapes du processus de production (transactions d’achat, différentes étapes de la transformation, main d’œuvre utilisée, dates de transformation, emplacements, etc.) figurent<ref>Depuis le 1 janvier 2005, l’Union européenne exige que tous les produits agricoles soient traçables de source (Reg. 178, janvier 2002) et certaines procédures douanières exigent aussi des documents minimaux sur la traçabilité comme un certificat d'origine.</ref> sur un « certificat d’origine »
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}}GlobalGAP (ex EurepGAP)<ref>Modèle:Lien web</ref> : norme européenne depuis 1997 pour déterminer les facteurs de Bonnes pratiques agricoles (BPA) comme la Gestion intégrée des cultures (ICM), la Désinsectisation intégrée (IPC), le Système de gestion de la qualité (QMS), l’analyse des risques-points critiques pour leur maîtrise (HACCP), la santé, la sécurité et le bien être du travailleur, la pollution et la gestion de la protection de l’environnement.
Il existe notamment « le Projet d’Appui Technique à la Filière Karité (ProKarité<ref name=":11">IRSAT (Institut de recherches en sciences appliquées et technologies), Pro-Karité (Projet d'appui technique à la filière karité), Département de Technologie Alimentaire (DTA), « Etat des lieux des actions menées dans la filière karité », par Magali SAUSSEY (Doctorante en Sociologie), Serge P. Firmin KONSEIGA (Ingénieur d’Etat en Industries Agroalimentaires), dir. Dr Bréhima DIAWARA (Coordonnateur National du projet Pro-karité, Chef du DTA), janvier 2005. Lire en ligne</ref>) lancé en 2004, qui est soutenu par le Fonds commun pour les produits de base (CFC,{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}}« Common Fund for Commodities») et le Gouvernement néerlandais, avec un appui technique de la FAO (OAA). Mis en œuvre par le CIRAF, le projet ProKarité vise à élaborer un programme de certification des produits basé sur un ensemble harmonisé de paramètres et de normes de qualité à établir aux niveaux régional et international »<ref name=":8" /> tels que ONAC, PAF (Projet d’Appui aux Filières Bio Alimentaires), ECOCERT, etc.<ref>« Etat des lieux des actions menées dans la filière karité », op. cit., p. 20-21</ref>
Usages
Alimentaire
Le beurre de karité est considéré comme une graisse végétale saine<ref name=":1">Modèle:Lien web</ref>.
Environ 90 % de la production mondiale de beurre de karité sont destinés à un usage alimentaire principalement dans l'industrie du chocolat et autres confiseries. En particulier en Europe (et non pas aux États-Unis<ref name=":10" />), ce beurre « est utilisé comme substitut au beurre de cacao<ref name=":2">Modèle:Lien web</ref> en raison des propriétés physiques et chimiques similaires<ref name=":4" /> pour l'enrobage des chocolats et des bonbons, pour modifier les points de fusion ou créer des textures prisées par les consommateurs »<ref name=":1" />. Il entre également dans la composition de biscuits et pâtes feuilletées pour les humains mais aussi comme élément dans l'alimentation fourragère pour les animaux<ref name=":10" />.
En Afrique, dans les régions où il est produit, on l'utilise comme un beurre classique ou une huile comestible de friture en cuisine ou ajouté aux sauces comme liant et pour en modifier le goût<ref name=":5">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} John Audu (Federal University of Agriculture, Makurdi | UAM · Department of Agricultural and Environmental Engineering), « Effect of extraction methods on food and biodiesel properties of shea-nut oil (Vitellaria paradoxa) », février 2018</ref>.
Il présente l'avantage de se conserver sans agent de conservation<ref name=":2" /> grâce à ses quantités relativement importantes d'insaponifiables (4-11%) et tocophérols qui permettent d'assurer la stabilité aux huiles et graisses<ref name=":4" />.
Cosmétique et pharmaceutique
Les 10 % restants de la production mondiale de beurre de karité sont à destination de l'industrie cosmétique<ref name=":1" /> et la demande ne cesse de croître. Les industries cosmétiques et pharmaceutiques consomment ainsi chaque année entre 2 000 et 8 000 tonnes de beurre de karité<ref name=":7" />. En Europe, des centaines de produits en contiennent, principalement sous une forme transformée industriellement. Le beurre de karité est mentionné bien en évidence sur l’étiquette »<ref name=":7" />,<ref>Modèle:Lien web</ref>sans possibilité pour le consommateur de savoir s'il s'agit de karité naturel riche de ses bioactifs.
Propriétés
De nombreuses études se sont penchées sur les propriétés du beurre de karité naturel <ref name=":5" /> :
- Action protectrice contre le dessèchement de la peau (xérose)<ref>« Beurre de karité brut non raffiné, extraction naturelle, origine Burkina Faso, issu du commerce équitable FLO/Max Havelaar », Fiche produit, 2006</ref> ; activité hydratante pour la peau et les cheveux, propriétés particulières de douceur et d'onctuosité ;
- Protection contre l'érythème solaire grâce à l'action de ses esters d’acide cinnamique, « qui offrent une protection contre les ultraviolets (UV) »<ref name=":8" /> ; il entre ainsi dans la composition de produits de protection solaire<ref>Modèle:Article</ref>,<ref name=":7" /> ;
- Action contre le vieillissement de la peau grâce au lupéol qui prévient ses effets « en inhibant les enzymes qui dégradent les protéines de la peau »<ref name=":8" /> ;
- Puissante action anti-inflammatoire<ref name=":9">Modèle:Article</ref>,<ref name=":12" /> (notamment sur l'œdème des membres<ref name=":4" />) et antioxydante<ref name=":6">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Honfo, Fernande & H.N., Akissoe & Linnemann, Anita & Mohamed, Soumanou & Boekel, Martinus. (2014). « Nutritional Composition of Shea Products and Chemical Properties of Shea Butter: A Review ». Critical reviews in food science and nutrition. 54. 673-686. 10.1080/10408398.2011.604142. Lire en ligne</ref>,<ref name=":12" /> (grâce aux tocophérols et aux catéchises qu'il contient<ref name=":7" />) avec un effet inhibiteur sur la promotion des tumeurs de la peau<ref name=":9" /> ;
- Action cicatrisante sur les plaies en tant qu'agent émollient<ref>Elodie DHALLUIN, Faculté des Sciences Pharmaceutiques et biologiques de Lille, « Optimisation de la prise en charge de la dermatite atopique par la gestion de la corticophobie du pharmacien à l’officine », (thèse) 18 avril 2018, p. 57. Lire en ligne</ref>,<ref name=":14">Modèle:Article</ref> et stimulant le processus renouvelable naturel de la peau<ref name=":5" /> ; réparation de la barrière cutanée<ref name=":12" /> ; traitement des dermites sèches desquamatives, des mains gercées avec crevasses, des ulcères, vergetures, eczémas<ref name=":8" />,<ref name=":14" />, pour des lésions non infectées<ref name=":3">Modèle:Ouvrage</ref>, par régénération des couches épidermiques superficielles. Ainsi, plusieurs produits émollients ou kératolytiques de laboratoire vendus en pharmacie en contiennent pour lutter contre la dermatite atopique (eczéma atopique ou dermite du nourrisson)<ref>Camille Dubois, « Prise en charge de la dermatite atopique et intérêt des probiotiques dans son traitement », Sciences pharmaceutiques. 2017. dumas-01639838, (thèse) p. 98. Lire en ligne</ref>,<ref name=":3" />,<ref>Bayer HealthCare, « Prise en charge de la dermatite atopique », communiqué de presse, 2018. Lire en ligne</ref> ou le psoriasis<ref>Marie Demiot, Université de Poitiers, Faculté de Médecine et de Pharmacie, « Le psoriasis : physiopathologie, traitements et bénéfices des soins thermaux à La Roche Posay », novembre 2014 (thèse). Lire en ligne</ref>,<ref>Clémence VITRE, Université de POITIERS, Faculté de Médecine et de Pharmacie, « Psychodermatologie Appliquée au psoriasis et à la dermatite atopique », (thèse doctorat en pharmacie) 14 avril 2014, p. 96. Lire en ligne</ref>,<ref>Quelques produits de soins contenant du beurre de karité utilisés pour le psoriasis : Xérial P (kératolytique) / contre la dermatite atopique : Lipikar AP, Xémose (émollient)</ref>.
On peut notamment citer une coentreprise danoise (AstionPharma<ref>Modèle:Lien web</ref>) qui « utilise actuellement des insaponifiables de karité pour produire un traitement anti-inflammatoire contre l’arthrite et une crème pour le traitement local de l’eczéma et d’autres lésions cutanées (notamment dues à l’herpès) » et commercialise un « produit «nutraceutique» à base de karité qui a la capacité, cliniquement démontrée, de réduire le cholestérol chez l’humain »<ref name=":7" />,<ref name=":8" />.
Une étude conjointe (chinoise, américaine et espagnole) récapitulative parue en 2017<ref name=":03">Modèle:Article</ref> met en évidence les effets bénéfiques des composants de certaines huiles végétales par l'application sur la peau (voie topique) et si elle reconnaît au beurre de karité des vertus anti-inflammatoires et antioxydantes, elle est plus mesurée dans la possibilité qu'il puisse réparer la barrière cutanée en cas d'atteinte et avance qu'il n'existe aucune preuve concrète de l'effet spécifique du traitement topique par le beurre de karité contre le vieillissement de la peau, la cicatrisation des plaies ou allant dans le sens de propriétés anti-cancérigènes<ref name=":03" />.
Le beurre de karité favoriserait aussi une augmentation de la circulation capillaire locale, ce qui permettrait une réoxygénation tissulaire et améliorerait l'élimination des déchets métaboliquesModèle:Référence nécessaire.
Hygiène
- En tant que corps gras dans la fabrication de savons<ref name=":5" />
- Comme fixateur pour coiffure<ref name=":15">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Emmanuel Y. Wornyoh, Pradeep L. Menezes, and Michael R. Lovell (Department of Mechanical Engineering & Department of Industrial Engineering, University of Wisconsin-Milwaukee, USA), « THE TRIBOLOGICAL PERFORMANCE OF GREEN SHEA BUTTER », Proceedings of the ASME/STLE 2011 International Joint Tribology Conference, IJTC2011, October 23-26, 2011, Los Angeles, California, USA. Lire en ligne </ref>.
Autres
- En tant qu'huile pour lanterne dans les zones rurales<ref name=":5" />,<ref name=":6" /> ;
- Pour la fabrication de bougies ou en tant que cire d'étanchéité<ref name=":15" /> ;
- A des fins culturelles lors des cérémonies comme les naissances, les mariages et les funérailles<ref name=":5" /> ;
- Dans son récit de voyage au milieu du XIVe siècle, l'explorateur marocain Ibn Battuta indique que le beurre de karité entre dans la composition d'une chaux pour recouvrir les murs de certaines habitations au Mali<ref>Fauvelle-Aymar François-Xavier, Hirsch Bertrand, « Voyage aux frontières du monde. Topologie, narration et jeux de miroir dans la Rihla de Ibn Battûta », Afrique & histoire, 2003/1 (Vol. 1), p. 75-122. Lire en ligne</ref>,<ref name=":53" />.
Notes et références
Articles connexes
Liens externes
- Modèle:Autorité
- Modèle:Dictionnaires
- Modèle:Bases
- Marlène Elias et Judith Carney, « La filière féminine du karité : productrices burkinabè, "éco‑consommatrices" occidentales et commerce équitable », Cahiers de géographie du Québec, Volume 48, numéro 133, avril 2004, Modèle:P..
- Guide à l'exportation de beurre de karité par USAID
de:Karitébaum#Sheabutter es:Vitellaria paradoxa#La mantequilla de Karité