10 Tevet

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Modèle:Infobox Célébration Le dixième jour du mois de tevet (hébreu : עשרה בטבת Assara BeTevet) est la date de l'un des quatre jeûnes prescrits par les prophètes.

Correspondant selon la tradition rabbinique au « jeûne du dixième mois » évoqué dans le Livre de Zacharie, il commémore le début du siège de Jérusalem par Nabuchodonosor II qui s'achève par la destruction du Temple de Salomon, la conquête du royaume de Juda et l'exil à Babylone.

Il a lieu sept ou huit jours après la fin de Hanoucca (mais sans rapport avec cette fête), en décembre ou en janvier selon les années.

Le 10 tevet dans les sources juives

Dans la Bible hébraïque

Le prophète Jérémie et le chroniqueur du Livre des Rois rapportent, en termes quasi identiques, qu'après que Sédécias eut fait le mal aux yeux d’Adonaï et est entré en révolte contre Babylone : Modèle:Citation

Au même moment, Ézéchiel, déjà déporté en Babylonie avec la suite du roi Joaquin dix ans plus tôt, écrit, enjoint par la parole divine : Modèle:Citation Il compare Jérusalem et ses habitants à une marmite en cuivre remplie de morceaux de viande de choix, brûlant jusqu'à la carbonisation des os, et le récipient lui-même débarrassé de son impureté et de sa crasse. En effet, la « crasse » qui les imprègne ne saurait être éliminée que par la colère divine, exprimée par l'entregent de l'armée babylonienne<ref name="siège">ibid. 24:3-14</ref>.

Au cours de la onzième année de règne de Sédécias, un an plus tard, Jérusalem est détruite. Une importante partie de sa population est exilée ou déserte la Judée. Ézéchiel et l'ensemble des Juifs en Babylonie l'apprennent de la bouche de l'un de ceux-ci au 5 tevet de l'année suivante<ref name="annonce">Ézéchiel 33:21</ref>.

Environ un siècle plus tard, la carte politique du Moyen-Orient a changé : l'empire perse de Cyrus II a vaincu Babylone et, autorise les Juifs à revenir à Sion. Zacharie prophétise alors qu'aux temps messianiques, Modèle:Citation

Dans la littérature rabbinique

Il a été déterminé, à l'issue d'une controverse entre Rabbi Akiva et Rabbi Shimon<ref>Modèle:Abbr Roch Hachana 18b</ref>, que « le jeûne du dixième » désigne bien le 10 tevet, date du début du siège<ref name="siège"/> et non le 5 tevet, jour de l'annonce faite à Ézéchiel<ref name="annonce"/>. De l’emphase placée sur « ce jour » (Ez 24:2), les rabbins déduisent que le jeûne doit être observé le 10 tevet même, quand bien même il aurait lieu le sabbat.

Cependant, la tradition rabbinique ultérieure commémore aussi d'autres évènements qui n'ont pas eu lieu le 10 tevet mais dans les jours qui le précèdent :

  • c'est un 8 tevet que la traduction grecque de la Bible hébraïque, la Septante, est achevée<ref name="CA">Choulhan Aroukh Orah Hayim 580:2 en se basant sur l’Arbaa Tourim Orah Hayim 580, qui cite lui-même le Baha"g.</ref>.
    Ce jour est considéré comme un désastre car bien que cette traduction soit le produit d'un miracle (selon le Talmud, les 70 Sages travaillant isolément optent pour la même traduction de passages potentiellement litigieux<ref>T.B. Meguila 9b</ref>), la polysémie des termes hébraïques se perd, ainsi que de nombreux enseignements et le sens profond des versets, quelle que soit la qualité de la traduction<ref>Modèle:Lien web ; voir aussi Modèle:Lien web</ref> ;
  • le 9 tevet est lui aussi un jour triste, bien que la raison n'en soit, selon le Baal HaTourim et le Choulhan Aroukh, « pas connue<ref name="CA"/> ».
    Parmi les explications les plus populaires :
    • le 9 tevet serait, selon la plupart des commentateurs de cette assertion, la date du décès d'Ezra le Scribe et, peut-être, de Néhémie<ref>Ta"z Orah Hayim 580 ; Maguen Avraham 580:6 & Mishna Beroura 580:13 qui s'appuient sur les selihot récitées le 10 tevet ; Birkei Yossef Orah Hayim 580 qui signale avoir vu cette explication dans un manuscrit des Halakhot Guedolot (dont le Baal HaTourim ne devait pas avoir connaissance), Orach Chaim 580:6.</ref>,
    • le 9 tevet serait, selon certains, la date de naissance de Jésus de Nazareth, ainsi que le confirmerait un calcul astronomique d'Abraham bar Hiyya<ref>Tossefot Hadashim lè Meguilat Taanit, édition Vilna, cités in Encyclopedia Talmudit (édition numérisée, Bar Ilan's Responsa Project, v. 1.17+, 2009), vol. 18, col. 640, note 33</ref>,
    • le 9 tevet serait, selon une autre tradition, la date de décès de Rabbi Shimon HaKalpus (« Simon le séparateur » des juifs et des chrétiens). Celui que l’on connaîtrait plus tard sous le nom de Saint Pierre aurait en fait été, selon le Toledot Yeshou, secrètement envoyé par les Sages auprès des premiers chrétiens afin qu’il instaure des pratiques les distinguant des Juifs tout en continuant à pratiquer « l'authentique judaïsme » en secret<ref>Modèle:Lien web</ref>. Le silence des rabbins sur la raison du deuil serait par conséquent une forme d'autocensure<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Observance du 10 tevet dans le judaïsme rabbinique

Statut du 10 tevet

Les malheurs du 10 tevet sont commémorés (avec ceux des jours qui le précèdent) par l'un des quatre jeûnes publics instaurés par les prophètes<ref name="CA"/>.

Ce jeûne a, comme Yom Kippour, pour but d'inciter au repentir<ref>Maïmonide, Mishné Torah, hilkhot taaniyot 5:1 ; R'Shlomo Ganzfried, Modèle:Lien chapitre 121, paragraphe 1 (121:1)</ref>. Il est observé de l'aube au crépuscule<ref>Yossef Karo, Choulhan Aroukh, Orah Haïm 549-550 & 561-562</ref> et il est permis de manger la nuit<ref>K.C.A. 121:8</ref>.
Il marque un tel deuil qu'il doit être observé par les mariés dans la semaine qui suit leur mariage<ref>ibid. 121:7</ref> mais les femmes enceintes ou allaitantes et les malades en sont dispensés<ref>ibid. 121:9</ref>.

Le jeûne du 10 tevet a pour particularité d'être observé le jour où il tombe<ref name="Ez242"/>, même un vendredi (tout autre jeûne public est repoussé au dimanche suivant ou avancé au jeudi)<ref>ibid. 121:6</ref>. Il devrait en être de même si le 10 tevet devait avoir lieu un chabbat<ref>Sefer Aboudirham, Hilkhot Taanit, cité par le Beit Yossef sur Orah Hayim 550</ref> mais la conformation du calendrier hébreu rend cette situation impossible, le 10 tevet ne tombe jamais un chabbat<ref>Choulhan Aroukh Orah Hayim 428:2 - cf. The Fast of the Tenth of Tevet sur OU.org, consulté le 6/1/2010</ref> (ni un lundi).

Certains représentants des mouvances non-orthodoxes du judaïsme ont contesté la pertinence de ce jeûne, sur base d'une tradition consignée dans les écrits de Moïse Maïmonide<ref>Maïmonide, Mishneh Torah, Hilkhot Taaniot chapitre 5, paragraphe 18</ref> qui envisage l'abolition des jeûnes dans un lointain futur utopique. Cette remise en question n'est pas acceptée dans le judaïsme orthodoxe et les courants traditionalistes du judaïsme conservative<ref>A Time to Mourn sur le site de My Jewish Learning, consulté le 10 janvier 2010</ref>.

Liturgie

Le jeûne du 10 tevet, comme jeûne public, donne lieu à une bénédiction particulière aux jours de jeûne, Anenou (« réponds-nous »), intercalée dans la prière lors des offices de prière du matin et de l'après-midi. Dans la prière individuelle, les orants l’incluent dans la bénédiction shome'a tefila (sans hatima). Au cours de la répétition de la prière par l’officiant, celui-ci la récite après la bénédiction goël Israël (avec hatima)<ref name="Davar">Davar yom beyomo, in siddour Rinat Israël, Modèle:P., éd. Moreshet, Bnei Brak 1984</ref>.

La prière du Tahanoun inclut les selihot, poèmes liturgiques implorant le pardon divin (les rites ashkénaze et sfard ajoutent en outre la récitation de l’Avinou Malkenou). Trois hommes sont appelés pour la lecture de la Torah dans la parasha (section de lecture) vayehal Moshe (Exode 32:11-14 & 34:1-10), dans laquelle Moïse intercède en faveur de son peuple après la faute du Veau d’or<ref name="Davar"/>.

Lors de l'office de l'après-midi, les rites ashkénaze, sfard, géorgien et italien font suivre cette lecture de la haftara (section de lecture dans les Livres prophétiques) Darshou Hashem (Isaïe 55:7 - 56:8)<ref name="Davar"/>.

Lorsque le jeûne du 10 tevet a lieu un vendredi (comme en 2010), il est rompu à la tombée de la nuit, lorsque les gens rentrent de la synagogue<ref>K.C.A. 122:1, cf. Beit Yossef Orah Hayim 249:4 & Mishna Beroura 249:21</ref>. C'est l’unique occasion où une parasha et une haftara sont lues un vendredi après-midi ; le Tahanoun et l’Avinou Malkenou ne sont cependant pas récités<ref>B.Y. O.H. 550:3</ref>.

Observance du 10 tevet dans le karaïsme

Les Karaïtes, adeptes d'un courant juif scripturaliste (acceptant comme autorité la Bible hébraïque mais non sa tradition orale d'interprétation rabbinique) s'accordent avec le judaïsme rabbinique sur la date du 10 tevet comme jeûne du dixième mois<ref>Modèle:Lien web</ref> bien que, selon la détermination du calendrier karaïte par observation directe de la nouvelle lune et de la germination du blé, le « dixième jour du dixième mois » n'est pas forcément célébré à la même date (grégorienne) que le 10 tevet du calendrier juif<ref>Nehemia Gordon, Holidays and New Moons, consulté le 18/10/2009</ref>.

Leur liturgie est cependant différente<ref>Cf. Stephen C. Reif & al., Hebrew manuscripts at Cambridge University Library: a description and introduction, Cambridge University Press, Modèle:ISBN, Modèle:P.</ref>, sans mention des calamités des 8 et 9 tevet car elles n'ont pas de base scripturaire.

Observance du 10 tevet en Israël

Fichier:PikiWiki Israel 32920 Religion in Israel.jpg
Le rabbin de la communauté bulgare, Abraham Bekhar, allume un cierge à la mémoire des victimes de la Shoah, début des années 1950.

Peu après la déclaration d'indépendance de l'état d'Israël, ses deux Grands-Rabbins, Yitzhak HaLevi Herzog et Modèle:Lien, décrètent le 10 tevet Yom HaKaddish HaKélali (« jour du Kaddish public »), à la mémoire des victimes de la Shoah, dont la date du décès est pour la plupart inconnue<ref name="Davar"/>,<ref name="jafi">Modèle:Lien web</ref>.

Cette date est préférée pour plusieurs raisons par le public religieux au Yom HaShoah (jour de commémoration de la Shoah et du soulèvement du ghetto de Varsovie), institué en 1951 et officialisé en 1959 par le premier ministre David Ben Gourion et le président Yitzhak Ben-Zvi :

  • le Yom HaShoah a lieu le 27 nissan et la Loi juive interdit de porter le deuil en nissan<ref>cf. K.C.A. 107:1-2</ref> ;
  • le jeûne du 10 tevet est le plus court de l'année, aisé à observer, même par des personnes fragiles<ref>Modèle:Lien web</ref> ;
  • selon le Grand-Rabbin Yisrael Meir Lau, commémorer la destruction des Juifs d'Europe à la date où les malheurs des Judéens commencent est un symbole d'espoir que ces malheurs s'achèvent<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Le jeûne s'accompagne donc en Israël (et dans quelques communautés de la Diaspora<ref name="jafi"/>) de cérémonies de Yahrzeit (anniversaire de décès), avec récitation du kaddish par les endeuillés ayant perdu un proche dans la Shoah et allumage de nerot haneshama (« bougies pour l'âme »).

Notes et références

Modèle:Références

Annexes

Liens externes

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