Machiavélisme

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Nicolas Machiavel (1469-1527)

Le machiavélisme désigne dans le langage courant une conception de la politique prônant la conquête et la conservation du pouvoir par tous les moyens.

L'adjectif machiavélique, passé dans le langage courant, fait référence à l'interprétation noire et manipulatrice de l'ouvrage le plus connu de l'humaniste florentin de la Renaissance Nicolas Machiavel, Le Prince (1531) ; il est à distinguer du terme machiavélien formé par contraste pour désigner les concepts issus de la philosophie politique de Machiavel, sans porter de jugement.

On pourrait définir le principe du machiavélisme par cet extrait de son traité Le Prince : « [le Prince] est souvent obligé, pour maintenir l'État, d'agir contre l'humanité, contre la charité, contre la religion même. Il faut [...] que tant qu'il le peut il ne s'écarte de la voie du bien, mais qu'au besoin il sache entrer dans celle du mal. » (Machiavel, Le Prince, 1532) ; ce qui signifie donc qu'on doit parfois s'opposer aux valeurs et aux droits humains, pour garder le pouvoir et préserver la société et/ou le gouvernement<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Modèle:Sommaire

Historique

Ce terme, qui aurait été lancé par Henri EstienneModèle:Sfn, est attesté dans des publications françaises dès 1611<ref>CNRTL.</ref>. Il s'applique à l'ensemble des méthodes décrites par Machiavel dans Le Prince pour conquérir ou conserver le pouvoir. Comme le définit Raymond Aron, « le machiavélisme est l'effort pour percer à jour les hypocrisies de la comédie sociale, pour dégager les sentiments qui font véritablement mouvoir les hommes, pour saisir les conflits authentiques qui constituent la texture du devenir historique, pour donner une vision dépouillée de toute illusion de ce qu'est réellement la société<ref>Les Étapes de la pensée sociologique, Gallimard, 1976.</ref> ».

Les attaques contre Machiavel sont d'abord venues de religieux soucieux de préserver les apparences de moralité de la vie publique, surtout après le Concile de Trente, quand son ouvrage intitulé Le Prince a été mis à l'index. Ce traité expose l'art de la conquête et de la conservation du pouvoir, en se fondant sur la compréhension et la manipulation des sentiments humains et populaires. En ce sens, il tranche avec les traités politiques traditionnels, dont le but était d'éclairer le chef d'État sur l'usage juste et vertueux du pouvoir. De l'œuvre pourraient être retenues ces citations : « Car la force est juste quand elle est nécessaire », « Si tu peux tuer ton ennemi, fais-le, sinon fais t’en un ami », ou encore : « Sur cela s’est élevée la question de savoir s’il vaut mieux être aimé que craint, ou être craint qu’aimé ? On peut répondre que le meilleur serait d’être l’un et l’autre. Mais, comme il est très difficile que les deux choses existent ensemble, je dis que, si l’une doit manquer, il est plus sûr d’être craint que d’être aimé. »

On ne retient souvent de la philosophie politique de Machiavel que cet aspect d’absence de scrupules, cette idée que « la fin justifie les moyens ». Le machiavélisme est associé à un éloge du cynisme et de la manipulation en politique. C'est particulièrement vrai concernant les Modèle:Nobr rom à Modèle:XXII du Prince, qui énoncent de manière froide les moyens de conserver le pouvoir (par exemple, l'exécution brutale, cruelle et publique des opposants, pour frapper les esprits et décourager la contestation de l'autorité du Prince)<ref>Voir Le Prince dans Wikisource.</ref>. En fait, l'œuvre de Nicolas Machiavel recense toutes les conduites et les mesures à prendre pour bien gouverner une principauté. Les circonstances dans lesquelles l'auteur conçoit son œuvre ne sont pas anodines. Nicolas Machiavel est tout simplement un fonctionnaire destitué et exilé au moment de son récit, qui s'attache à mettre par écrit son expérience de la politique afin d'aider le nouveau gouvernement de Florence.

Si Machiavel, aujourd'hui encore, est souvent présenté comme un homme cynique, dépourvu d’idéal et d’honnêteté, cela tient à l'interprétation de l'œuvre qui s'est répandue après sa mort, en partie sous l'influence du huguenot Innocent Gentillet qui publie à Genève en 1576 un important ouvrage pour réfuter l'œuvre de Machiavel, intitulé Discours sur les moyens de bien gouverner. Souvent appelé Discours contre Machiavel ou Anti Machiavel, cet ouvrage est largement diffusé à travers toute l’Europe. Gentillet accuse Machiavel de « mépris de Dieu, de perfidie, de sodomie, tyrannie, cruauté, pilleries, usures étrangères et autres vices détestables<ref>Cité par Modèle:Harvsp.</ref>». Comme le note l'historien Jacques Heers, Il s'agit là de clichés sans fondement Modèle:Citation

Cette image sera durablement attachée à la personne du Florentin : Modèle:Citation Cette image change avec les circonstances : Modèle:Citation En somme, ainsi que le synthétise Claude Lefort, Modèle:Citation

Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert définit ainsi le terme : Modèle:Citation bloc

La plupart des synonymes de machiavélisme que donne le dictionnaire sont négatifs, tels intrigue, artifice, astuce, ruse, rouerie, fourberie, roublardise, manigance, hypocrisie, dissimulation, calcul, perfidie<ref>CNRTL.</ref>.

Si le terme s'est implanté dans la langue, c'est aussi parce qu'il marque l'instauration d'un rapport neuf à la politique. En effet, le machiavélisme existait en politique bien avant Machiavel, mais sans susciter la réprobation : Modèle:Citation Encore aujourd'hui, le terme connote Modèle:Citation.

La première étude fouillée sur Machiavel et le machiavélisme est due à Alexis-François Artaud de Montor, Machiavel : son génie et ses erreurs (1833).

Une philosophie à plusieurs niveaux

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Modèle:Souverain3.

On peut ajouter que Le Prince n'était pas, au départ, destiné à être publié. Machiavel l'avait conçu comme un présent à son prince Modèle:Souverain3. Il voulait le faire profiter de sa connaissance acquise par une longue expérience des vicissitudes politiques de son époque, et par une étude assidue de l'histoire ancienne, en particulier celle de l'Antiquité.

En fait, tout autant que celui du cynisme, Machiavel peut être considéré comme le père du pragmatisme en politique. La vertu première du prince n'est en effet pas morale mais politique : c'est l'aptitude à conserver le pouvoir en sachant doser la crainte et l'amour qu'il peut inspirer, de façon à maintenir l'ordre et l'unité de sa cité.

Une philosophie controversée

Pour Jean-Jacques Rousseau, Le Prince est une dénonciation en filigrane de la tyrannie : « En feignant de donner des leçons aux rois, il en a donné de grandes aux peuples. Le Prince est le livre des républicains ». Cette interprétation n'est toutefois pas dominante chez les exégètes de Machiavel.

De nombreux auteurs, comme Modèle:Souverain3, aidé par Voltaire (dans l'Anti-Machiavel) ont critiqué Machiavel. Mais, comme le souligne Napoléon, qui a largement commenté Le Prince, beaucoup ont lu Machiavel mais peu l'ont compris.

Le machiavélisme peut aussi faire allusion à une forme d'humour houleux aux connotations socio-politiques se rapprochant du luciférianisme<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Notes

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Annexes

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Bibliographie

Articles connexes

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