Discours de la méthode
Modèle:Titre mis en forme Modèle:Sous-titre Modèle:Confusion Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Livre Le Discours de la méthode (sous-titré : Pour bien conduire sa raison, et chercher la vérité dans les sciences) est un texte philosophique publié anonymement par René Descartes à Leyde le Modèle:Date. Il devait originellement servir d'introduction générale aux traités scientifiques écrits par l'auteur (La Dioptrique, Les Météores et La Géométrie). Il s'agissait pour Descartes Modèle:Citation<ref>Lettre au Modèle:Nobr, Modèle:Date-. Cette remarque n’est pas isolée dans la correspondance de Descartes, comme l'atteste encore une lettre à Mersenne, Modèle:Date-.</ref>
Toutefois, la célébrité du texte est devenue telle qu’il est désormais souvent publié seul, comme un essai indépendant. Il est reconnu comme l'une des œuvres fondatrices de la philosophie moderne occidentale<ref name=":0">Modèle:Ouvrage</ref>.
Présentation générale
Contexte de la publication
Le Discours de la méthode a été écrit par Descartes quelques années après le procès de Galilée (Modèle:Date-), qui avait été condamné par l’Église à cause de son ouvrage Dialogue sur les deux grands systèmes du monde. Descartes avait écrit en 1632-1633 un Traité du monde et de la lumière dans lequel il défendait la thèse de l’héliocentrisme<ref name="Encyclopedie">Modèle:Lien web.</ref>. Il préfère ne pas publier cet ouvrage<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, mais ne renonce pas totalement et décide finalement de le présenter sous une autre forme et de le publier anonymement.
Contenu
Ce discours marque une rupture avec la tradition scolastique, jugée trop « spéculative » par Descartes (sixième partie), et se présente plutôt comme un plaidoyer en faveur du progrès des techniques et pour une nouvelle fondation des sciences sur des bases plus solides. Il fut rédigé directement en français, langue vulgaire, Descartes voulant par là s’opposer à la tradition scolastique (qui avait pour habitude d’écrire en latin) et s’adresser à un public plus large que les savants et les théologiens. Il souhaitait « être compris des femmes et des enfants<ref>Dictionnaire des sciences philosophiques, 1845. page 462. Et voir cet article. Et Modèle:Lien web.</ref> ».
Dans ce discours, Descartes expose son parcours intellectuel de façon rétrospective, depuis son regard critique porté sur les enseignements qu'il avait reçus à l'école, jusqu'à sa fondation d'une philosophie nouvelle quelques années plus tard. Il y propose aussi une méthode (composée de quatre règles) pour éviter l'erreur, et y développe une philosophie du doute, visant à reconstruire le savoir sur des fondements certains, en s'inspirant de la certitude exemplaire des mathématiques – la célèbre phrase « je pense donc je suis » (cogito, ergo sum), qui permet à Descartes de sortir du doute, lui servira à ce titre de premier principe. Par ailleurs, il y résume ses méditations sur l'âme et sur Dieu, dont il donne une version beaucoup plus étendue dans les Méditations métaphysiques, quatre ans plus tard.
Le Discours de la méthode est aussi l’occasion pour Descartes de présenter une morale provisoire, tenant en quelques maximes de conduite rendues nécessaires par la méthode elle-même<ref>Modèle:OuvrageModèle:Commentaire biblio</ref>, et de développer des considérations sur les animaux (théorie des « animaux-machines ») et sur le rôle du cœur dans la circulation du sang. Enfin, le traité présente des déclarations sur le rapport de l’homme à la nature, représentatives de la modernité, puisque Descartes y dit que les hommes doivent se « rendre comme maîtres et possesseurs de la nature » par le progrès des techniques, au premier plan desquelles il recommande d’améliorer la médecine.
Historique de publication
Publié le Modèle:Date-, le texte se compose de La Dioptrique, les Météores et La Géométrie, le tout accompagnés d’une préface : le Discours de la méthode<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Descartes sera rapidement identifié comme en étant l’auteur par les intellectuels de la République des Lettres de l’époque<ref name="Encyclopedie" />.
Chose notable, le texte est écrit en français, et non en latin, langue des savants européens et des humanistes. Descartes justifie cela, dans une lettre datée du Modèle:Date, par une exigence de compréhensibilité. Il souhaitait en effet que tous puissent lire son texte, et l'a ainsi écrit de sorte que Modèle:Citation ; les femmes ne recevant pour la plupart, à cette époque, aucune instruction latine<ref name=":0" />.
Cependant, la première édition en français (1637) connut un succès mitigé. Une édition en latin (Specimina philosophiae, « Échantillons de philosophie ») suivit en 1644. La première réédition en français n'aura lieu qu'en 1657, après la mort de Descartes. Au total, dix éditions des Specimina se succèdent entre 1644 et la fin du siècle, contre cinq éditions en langue française du Discours et des Essais dans le même temps. En dépit des attentes de Descartes, les éditions latines semblent bien avoir été le vecteur privilégié de la diffusion de l'ouvrage auprès de la communauté scientifique<ref>1637, le Discours de la méthode - Un succès mitigé</ref>.
Première partie
Considérations touchant les sciences
Descartes ouvre son Discours par une remarque proverbiale qui n’est pas dénuée d‘une pointe d’ironie : « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ; car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont <ref>Modèle:Lien web.</ref>». Descartes nous explique dans cette première partie que le bon sens (puissance ou pouvoir de juger) est réparti également chez chaque être humain, mais dépend de la manière dont chaque individu utilise cette faculté. C'est cela même qui crée la divergence des opinions.
Cela fait écho à la phrase de Montaigne : Modèle:Citation bloc.
La même observation se trouve aussi au début du chapitre Modèle:XIII de Leviathan de Hobbes. Soulignant son intérêt pour toutes les sciences et les lettres, que ce soit la poésie, les mathématiques, les écrits des anciens païens, la théologie ou la philosophie, Descartes entreprend des recherches dans les pensées les plus étrangères et anticonformistes de son époque, bien qu’il pût passer pour sot, afin de s’en faire son propre jugement. Il dénonce néanmoins des sciences aussi superstitieuses que l’astrologie, l’alchimie, la magie… Il privilégie surtout les mathématiques, rappelant son goût pour cette science lors de ses études au [[collège royal de La Flèche|collège de Modèle:Nobr]] : Modèle:Citation bloc
C'est en se fondant sur ces connaissances aussi diverses, également acquises lors de voyages, que Descartes apprend à consolider son savoir, tout en n'oubliant pas d'extraire de ses sources le vrai du faux.
Deuxième partie
Règles de la méthode
Enfermé dans son poêle (chambre chauffée), Descartes établit un retour à sa pensée et sa subjectivité acquise dans sa jeunesse sans vouloir se soucier des principes déjà fondés. Ce retour à la raison lui semble nécessaire, à l'image d'une ville construite d'une part par des hommes de raison, qui ont fondé les premières ruelles ordonnées, guidés par la volonté, et d'autre part, par quelques architectes fous, qui ont construit les grandes places, guidés par la fantaisie et la fortune. Démontrant que le travail seul peut être plus efficace qu'un travail de groupe par la conduite plus simple du raisonnement de construction de l'œuvre, du bâtiment…
Descartes se prépare donc à remettre en question tous les concepts qu'il connaît, afin que rien de fantaisiste ne vienne polluer sa pensée, au profit de la raison inconditionnelle ; pour ce faire, il s'impose quatre préceptes :
- Ne recevoir aucune chose pour vraie tant que son esprit ne l'aura clairement et distinctement assimilée préalablement.
- Diviser chacune des difficultés afin de mieux les examiner et les résoudre.
- Établir un ordre de pensées, en commençant par les objets les plus simples jusqu'aux plus complexes et divers, et ainsi de les retenir toutes et en ordre.
- Passer toutes les choses en revue afin de ne rien omettre.
Descartes l'appliqua d'abord à l'arithmétique avant de l'appliquer à la philosophie.
Troisième partie
Règles de la morale
Afin de ne pas être irrésolu dans ses actions Modèle:Citation (par la remise en cause de toute connaissance), Descartes fonde une morale « par provision » (c’est-à-dire en attendant mieux), une morale qui respecte quatre maximes :
- En premier, « d'obéir aux lois et aux coutumes de mon pays retenant constamment la religion en laquelle Dieu m'a fait la grâce d'être instruit dès mon enfance». De plus, les opinions auxquelles on se conforme sont choisies. Il faut que les opinions soient modérées, viennent des gens les plus sensés et doivent être celles de l'endroit où on se trouve.
- En second, il s'agit d'être « le plus ferme et le plus résolu en mes actions que je pourrais, et de ne suivre pas moins constamment les opinions les plus douteuses lorsque je m'y serais une fois déterminé, que si elles eussent été très assurées ». Ceci afin de pratiquer toute chose comme bonne et de ne point être soumis à la mauvaise conscience d'avoir suivi une chose que l'on sait maintenant mauvaise.
- La troisième maxime Modèle:Citation<ref>Cette règle lui a peut-être été inspirée par des souvenirs de la morale stoïcienne qu’il avait dû étudier à l’école. Il avoue en tous cas s’inspirer « des anciens ».</ref>
- La quatrième maxime, dit Descartes, c'est « d'employer toute ma vie à cultiver ma raison, et m'avancer autant que je pourrais en la connaissance de la vérité, suivant la méthode que je m'étais prescrite ».
Après cela, Descartes entreprit un voyage qui dura neuf années, à observer, chercher la vérité, et « déraciner » les idées reçues.Modèle:Réfsou
Il ne s’adonna toutefois pas encore à la philosophie, mais se forgea de solides idées.
Quatrième partie
Fondements de la métaphysique
Descartes reconsidère tout ce qu’il sait au cours de méditations métaphysiques<ref>Les Méditations métaphysiques furent publiées en Modèle:Nobr, mais sa composition prédate la publication du Discours Modèle:Nobr.</ref> ; tout objet, toute chose et toute pensée devient alors faux et illusoire.
Or, puisque tout est illusoire, il se demande comment savoir avec certitude qu’il existe lui-même, qu’il n’est pas lui-même néant. Pour Descartes, le simple fait de se poser cette question l’amène aussitôt à une réponse certaine : « je pense, donc je suis ». Il jugea cette vérité comme le premier principe incontestable de la philosophie qu’il cherchait.
Puisqu’il a trouvé une proposition qui soit vraie, il se demande ce qui doit être requis pour qu’une proposition soit vraie ; et il conclut que « les choses que nous concevons fort clairement et fort distinctement, sont toutes vraies », mais il ajoute tout de suite qu'il y a quelques difficultés à « bien remarquer quelles sont celles que nous concevons distinctement ».
Il établit ensuite le concept de dualité de l’âme et du corps : ce qui fait être un humain est son esprit ; cette Modèle:Citation
Puis il en vint à se dire que la perfection de ce savoir acquis (cogito, ergo sum) venait de quelque chose d’extérieur à lui-même. Il émit alors l’idée que les éléments de la nature étaient existants, et comprit que sa propre conscience lui avait été insufflée par la nature par un tout dont chaque élément dépendait l’un de l’autre.
Ce tout, c’était Dieu : la perfection, l’immuable, l’infini, l’éternel, le tout connaissant, le tout puissant, par opposition au néant et autres choses comme le doute, l’inconstance, la tristesse…
L’idée de Dieu acquiert le statut d’idée la plus certaine et la mieux démontrée, dans la continuité des objets de la géométrie.
Cinquième partie
Ordre des questions de physique
Descartes vient ici parler des principes physiques qui découlent naturellement des principes métaphysiques dont il traite dans les parties précédentes.
Il y expose notamment sa théorie sur la circulation du sang qu’il explique comme étant due à la dilatation rapide du sang par la chaleur lorsqu’il est dans le cœur<ref>Modèle:Article.</ref>.
Enfin, c’est dans cette partie qu’il nous fait part de sa fameuse théorie des « animaux-machines », c’est-à-dire comme étant des êtres totalement dénués de raison et n’agissant qu’en fonction de la disposition de leurs organes. Pour lui, seul l’homme dispose d’une âme.
Extrait : Modèle:Citation bloc
Sixième partie
Voici un extrait de la sixième partie permettant de comprendre « Quelles raisons l’ont fait écrire » : Modèle:Citation bloc
Réception
Les propositions de Descartes provoquent nombre de réactions aussi bien parmi les catholiques, notamment les Jésuites dont il avait reçu l'enseignement, que parmi les protestants<ref name="Quelques témoignages de la réception de l'œuvre">Modèle:Lien web</ref> :
- René Descartes, Lettre à Mersenne, 16 octobre 1639, f.2
Querelle d'Utrecht
Gisbertus Voetius (1589-1676), influent prédicateur de l'Église réformée et recteur de l'université d'Utrecht, devient l'un des adversaires les plus virulents de Descartes, dont les thèses sont enseignées par un de ses disciples, Henricus Regius (1598-1679), professeur de médecine et de botanique dans la même université<ref name="Quelques témoignages de la réception de l'œuvre" />,<ref>René Descartes et Martin Schook, la Querelle d'Utrecht, éditions Theo Verbeek</ref>.
Diffusion aux Pays-Bas, en Allemagne puis en France
Diversement appréciées selon les sensibilités théologiques, culturelles et politiques, les propositions de Descartes sont enseignées, promues ou au contraire fermement combattues et condamnées dans les universités des Pays-Bas, d'Allemagne puis de France<ref name="Quelques témoignages de la réception de l'œuvre" />.
Réaction de l'Église catholique
La réaction de l'Église catholique fut plutôt négative, puisqu'elle mit un certain nombre d'œuvres de Descartes à l'Index en 1663, mais cela ne concerna pas le Discours de la méthode<ref>Index Librorum Prohibitorum, lire en ligne, p. 281, consulté le 8/10/2023</ref>.
Notes et références
Annexes
Bibliographie
Primaire
- Modèle:Ouvrage
- Discours de la méthode, version audioFichier:Speaker Icon.svg
- Discours de la méthode, édition Adam et Tannery, 1902. (Pdf, 80 pages, 362 Ko)
Secondaire
- Grimaldi, et Marion, J.-L. (éds.), Le Discours et sa méthode, Paris, P.U.F. 1987.
- Jean-François Revel préface: Descartes inutile et incertain LP 2593 Le Discours de la Méthode.
- Henri Gouhier, Descartes, Essais sur le Discours de la Méthode, la Morale et la Métaphysique, Vrin, 1973 (traduction japonaise, 1985)
- Henri Méchoulan (dir.), Problématiques et réception du Discours de la méthode et des Essais, Vrin, 1989, 352 p.
Articles connexes
- Révolution copernicienne
- Relation entre science et religion
- Maîtres et possesseurs de la nature
- Théologie de la nature
- Controverses du cartésianisme
Liens externes
- 1637, le Discours de la méthode sur le site de la bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne (BIS)