Catherine de Sienne

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Catherine de Sienne (en italien Caterina da Siena), née Catherine Benincasa (en italien Caterina Benincasa) le Modèle:Date de naissance à Sienne, en Toscane, et décédée le Modèle:Date de décès à 33 ans à Rome, est une tertiaire dominicaine et une mystique italienne qui a exercé une grande influence dans l'Église catholique. Elle est déclarée sainte et docteur de l'Église.

Elle est la protectrice officielle de l'Italie, comme saint François d'Assise est le protecteur. Les deux saints ont été consacrés dans la fonction avec Motu proprio du pape Pie XII le 18 juin 1939.

Née à Sienne, elle y grandit et désire très tôt se consacrer à Dieu, contre la volonté de ses parents. Elle rejoint les sœurs de la Pénitence de saint Dominique et y prononce ses vœux. Très vite marquée par des phénomènes mystiques comme les stigmates et le mariage mystique, elle se fait connaître.

Elle accompagne l'aumônier des dominicains auprès du pape à Avignon, en tant qu'ambassadrice de Florence, ville alors en guerre contre le pape. Son influence sur le pape Grégoire XI joue un rôle avéré dans la décision du pontife de quitter Avignon pour Rome. Elle est ensuite envoyée par celui-ci négocier la paix avec Florence. Grégoire XI étant mort et la paix conclue, elle retourne à Sienne. Lors d'extases mystiques, elle dicte ses conversations avec Dieu, constituant sa principale œuvre, Le Dialogue.

Le grand Schisme d'Occident conduit Catherine de Sienne à aller à Rome auprès du pape Urbain VI. Elle envoie de nombreuses lettres aux princes et cardinaux, pour promouvoir l'obéissance au pape et défendre ce qu'elle nomme le Modèle:Citation. Elle meurt le Modèle:Date, épuisée par ses pénitences. Urbain VI célèbre ses obsèques et son inhumation dans la Modèle:Lang à Rome.

La dévotion autour de la dépouille de Catherine de Sienne se développe rapidement après sa mort. Elle est canonisée en 1461, déclarée sainte patronne de Rome en 1866, et de l'Italie en 1939. Avec Thérèse d'Avila, elle est la première femme à être déclarée « docteur de l'Église » en 1970 par Paul VI. Elle est proclamée sainte patronne de l'Europe en 1999 par Jean-Paul II. Elle est aussi la sainte protectrice des journalistes, des médias, et de tous les métiers de la communication, en raison de son œuvre épistolaire en faveur de la papauté.

Par la forte influence qu'elle a eue sur l'histoire de la papauté, Catherine de Sienne est l'une des figures marquantes du catholicisme médiéval. Elle est à l'origine du retour du pape à Rome et a effectué ensuite de nombreuses missions confiées par le pape, chose assez rare pour une simple nonne au Moyen Âge.

Ses écrits, qui ont marqué la pensée théologique Modèle:Incise, font d'elle une des personnalités les plus influentes de la spiritualité chrétienne. La reconnaissance de cette influence par l'attribution du titre de docteur de l'Église, bien que tardive, consacre l'importance de son œuvre.

Biographie

Contexte historique

Modèle:Article détaillé

La vie de Catherine se déroule dans un contexte de grands changements à la fin du Moyen Âge en Europe et particulièrement en Italie. L'apparition de nouvelles cités puissantes (Florence, Gênes, Pise...) marque l'émergence d'un monde nouveau avec la disparition progressive de la féodalité. Ces changements se traduisent par de nombreuses guerres entre les cités, ainsi que des divisions politiques<ref group="C" name="p.24">Modèle:P.24</ref>. Ces guerres, outre les dégâts qu'elles causent à l'agriculture, modifient les rapports entre les villes : les cités sont assiégées, des armées sont constituées de mercenaires se donnant au plus offrant et tirant profit de la guerre ; elles contribuent à un climat instable<ref group="C" name="p.28">Modèle:P.28</ref>.

Le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle voit aussi un profond changement dans le rapport entre l'ordre politique et social et le rapport au pouvoir temporel du pape. Les rois et les princes rejettent la bulle papale Modèle:Lang, dans laquelle le pape déclare la suprématie de l'Église sur les États. Cette opposition et l'échec de la bulle papale conduisent à l'exil de Rome : le pape se réfugie en Avignon en 1309, créant une rupture dans la papauté qui continue à être présente à Rome. Ces changements conduisent, là encore, à une remise en cause de l'ordre féodal qui prévalait pendant le Moyen Âge<ref group="A" name="p.14">Modèle:P.14</ref>,<ref group="C" name="p.28"/>,<ref group="C" name="p.31">Modèle:P.31</ref>. Ce siècle voit également la naissance de la dévotion aux Cinq plaies, l'apogée du mouvement des Flagellants et le développement des images de piété toutes dévouées à l'Homme des douleurs sur lesquelles les dévots, les saints ou mystiques (comme Henri Suso, Brigitte de Suède ou Julienne de Norwich) peuvent dénombrer les plaies<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

De plus, la peste noire qui apparaît en 1347 et ne disparaît qu'en 1441, marque profondément la société européenne, faisant de nombreuses victimes et produisant des bouleversements importants. Cette peste noire est interprétée comme un fléau divin<ref group="C" name="p.21">Modèle:P.21</ref>.

La société siennoise, lieu d'origine de Catherine de Sienne, doit faire face à de nombreuses difficultés économiques, avec le déclin de l'agriculture, du commerce et de l'industrie à la suite de la banqueroute de la famille Buonsignori, provoquant des révoltes populaires et l'apparition de bandes de brigands<ref group="A" name="p.14"/>.

Enfance

Fichier:Birth ot Catherine of Siena.jpg
Naissance de Catherine et Jeanne, Inconnu de l'École de Nuremberg, Legenda Maior, (1466), Berlin, Estampes et dessins, Hs. 78. A. 14, f. 2v.

Vœu de chasteté

Catherine est la vingt-troisième des vingt-cinq enfants<ref>Modèle:Ouvrage</ref> d'un teinturier, Giacomo Modèle:Lang, et de Monna Lapa qui vivra jusqu'à 89 ans<ref>Régine Pernoud La femme au temps des cathédrales, Stock, 1981 page 276 Modèle:ISBN</ref> Elle et sa sœur jumelle Jeanne naissent à Sienne, en Italie (selon la date traditionnellement admise), le Modèle:Date<ref group="Note">La date de naissance de Catherine de Sienne est le fruit de controverses historiographiques. Caffarini donne pour sa naissance la date du 25 mars 1347, jour de l'Annonciation, date marquant le début de l'année dans le calendrier de Sienne de l'époque. Une étude critique de R. Fawtier de 1921, ramène de dix à quinze ans en arrière la date de sa naissance. Cependant la date du 25 mars 1347, celle de la tradition reste la plus communément admise.</ref>, jour de la fête de l'Annonciation faite à Marie<ref group="A" name="p.7">Modèle:P.7</ref>. Jeanne meurt peu de temps après<ref group="A" name="p.7"/>,<ref group="C" name="p.44"/>. La famille Benincasa est une famille pieuse, assez proche de l'ordre des prêcheurs, les dominicains de Camporegio<ref group="A" name="p.7"/>. Giacomo est teinturier de laine, et sans doute de la classe des Popolani (personnes éligibles au gouvernement de Sienne)<ref group="C" name="p.45">Modèle:P.45</ref>. En 1348, la famille adopte un jeune garçon de dix ans, Modèle:Lang, devenu orphelin à cause de la peste, et dont l'oncle Modèle:Lang était marié à la sœur aînée de Catherine<ref group="A" name="p.8">Modèle:P.8</ref>.

L'enfance de Catherine de Sienne semble avoir été très vite marquée par un attrait profond pour Dieu<ref group="B" name="p.20">Modèle:P.20</ref>. D'après les confidences de Raymond de Capoue, elle a sa première apparition vers l'âge de 6 ans, lorsqu'elle marche avec son frère Stefano dans les rues de Sienne. Elle voit, au-dessus de l'église San Domenico, le Christ-Pontife la bénir<ref group="B" name="p.15">Modèle:P.15</ref>,<ref group="C" name="p.45"/>. Cette expérience renforce la ferveur de Catherine. L'éducation religieuse qu'elle reçoit est faite de lectures d'histoires de saints, d'ermites ou des pères du désert. Catherine cherche alors à les imiter<ref group="B" name="p.21">Modèle:P.21</ref>,<ref group="A" name="p.9">Modèle:P.9</ref>, à travers une vie d'ascèse, se soumettant à des mortifications ou recherchant la solitude<ref group="B" name="p.17">Modèle:P.17</ref>,<ref group="A" name="p.10">Modèle:P.10</ref>,<ref group="C" name="p.47">Modèle:P.47</ref>.

L'attrait pour l'ordre des dominicains grandit chez Catherine, alors âgée de 6 ans, lorsque Tommaso entre au noviciat Saint-Dominique en 1353<ref group="A" name="p.8"/>. Tommaso favorise cette dévotion en poursuivant l'éducation chrétienne de Catherine : il lui raconte l'histoire des dominicains, contribuant à renforcer le désir de Catherine de se consacrer à la vie religieuse<ref group="A" name="p.9"/>.

Vers l'âge de 7 ans, Catherine fait vœu de chasteté, selon son biographe Raymond de Capoue. Elle a alors la conviction de sa vocation à entrer dans l'ordre des dominicains<ref group="B" name="p.19">Modèle:P.19</ref>,<ref group="C" name="p.45"/>.

Vie mondaine

Fichier:Catherine of Siena hair.jpg
Catherine se coupe les cheveux en présence du frère Tommaso della Fonte par Alessandro Franchi (1898). Chambre de la maison natale de Catherine de Sienne dans la maison-sanctuaire. Sienne.

Catherine grandit et vers l'âge de treize ans, elle refuse toute coquetterie, bien qu'elle y soit poussée par sa mère. Face à ce refus, sa mère décide alors de passer par la sœur aînée de Catherine, Modèle:Lang, afin qu'elle développe chez la jeune fille le goût de la coquetterie<ref group="B" name="p.20"/>. Catherine se laisse convaincre, se farde, soigne sa toilette.

Quelques mois plus tard, en août 1362, Modèle:Lang meurt en couches<ref group="B" name="p.20"/>,<ref group="A" name="p.13">Modèle:P.13</ref>. La mort de sa sœur traumatise profondément Catherine, elle y voit la conséquence des péchés de vanité et de coquetterie<ref group="B" name="p.20"/>,<ref group="C" name="p.46">Modèle:P.46</ref>. Après ce deuil familial, ses parents cherchent à la marier, mais Catherine s'y refuse catégoriquement. Face à ce comportement, ils cherchent à avoir le soutien de Modèle:Lang, leur fils adoptif entré chez les dominicains, pour convaincre la jeune fille, considérée comme obstinée<ref group="B" name="p.21"/>. Modèle:Lang découvrant la ferme volonté de Catherine de vouloir se consacrer à Dieu lui demande alors de couper ses cheveux afin de prouver la solidité de son projet de vie<ref group="B" name="p.21"/>, ce qu'elle fait, puis elle rentre chez elle<ref group="C" name="p.46"/>.

Cette action agace profondément ses parents, qui ont toujours des projets de mariage pour elle. Outre les punitions et les brimades, elle est chassée de sa chambre, où elle passait de longs moments seule en prière, et se voit contrainte de remplacer la servante dans les tâches ménagères<ref group="B" name="p.21"/>,<ref group="C" name="p.46"/>. Cette réaction de ses parents ne change pas la volonté de Catherine et ne diminue pas sa ferveur. Elle considère alors que si elle n'a plus de chambre ou de cellule pour prier, c'est qu'elle doit donc faire de son âme une Modèle:Citation, intuition qu'elle développe tout au long de sa vie<ref group="B" name="p.21"/>,<ref group="C" name="p.46"/>.

Catherine reste servante pendant plusieurs mois ; ayant du mal à servir ses parents, elle décide de les servir comme si ses parents étaient Dieu ou des saints. Mais c'est un songe qu'elle aura quelques mois plus tard qui change son attitude. Lors de ce songe, elle voit Dominique de Guzmán lui tendre un lys et un habit des sœurs dominicaines de la pénitence lui assurant qu'elle fera partie de cette congrégation. Au réveil, Catherine révèle devant toute sa famille le vœu secret de chasteté qu'elle avait fait plusieurs années auparavant<ref group="B" name="p.24">Modèle:P.24</ref>. Cette détermination et les phénomènes surnaturels dont elle bénéficiait amènent son père à changer d'avis et à l'autoriser à entrer au couvent<ref group="B" name="p.24"/>.

Entrée en religion

L'étrange maladie

L'autorisation donnée par son père permet à Catherine de mener une vie plus conforme à ce qu'elle désire<ref group="B" name="p.27">Modèle:P.27.</ref>. Elle redouble d'ascèse et dès l'âge de seize ans cherche à vivre une vie assez extrême à travers des jeûnes (elle ne mange plus que du pain et des herbes crues, les historiens parlant à son propos d'« anorexie sainte »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>), des privations de sommeil pour prier et diverses pénitences<ref group="B" name="p.28">Modèle:P.28.</ref>. Sa mère, Lapa, s'inquiète de la santé de sa fille et décide de l'emmener faire une cure à Vignone en val d'Orcia pour se reposer<ref group="B" name="p.28"/>. Ce n'est que de retour des bains que Lapa se décide à demander l'intégration de sa fille parmi les sœurs de la Pénitence de saint Dominique<ref group="B" name="p.33">Modèle:P.33.</ref>.

Les sœurs de la Pénitence de saint Dominique (surnommées les Mantellate du fait de leurs habits noirs, Modèle:Lang en italien) ont pour fondateur Dominique de Guzmán (1170-1221), qui a aussi fondé l'ordre des Frères Prêcheurs. Elles constituent alors un groupement pieux essentiellement composé de veuves qui ne suivent pas au sens strict une règle religieuse, dans la mesure où elles ne font pas de vœux religieux. Elles se consacrent aux œuvres de charité, aux visites des prisonniers ou des malades et se réunissent pour la messe et pour recevoir des instructions religieuses<ref group="B" name="p.33"/>.

Lorsque sa mère la présente, Catherine essuie un refus de la part des sœurs qui la trouvent trop jolie, trop jeune et sans doute trop exaltée et immature pour la vie religieuse<ref group="B" name="p.34">Modèle:P.34.</ref>. Catherine tombe gravement malade peu de temps après, avec de fortes fièvres et couverte de pustules<ref group="B" name="p.34"/>. Cette maladie inquiète Lapa. Catherine demande de nouveau à entrer chez les Sœurs de la Pénitence de saint Dominique. Sa mère veut respecter les volontés de sa fille et permet qu'elle postule de nouveau. Un deuxième entretien a lieu chez les sœurs, bouleversées par l'ardeur et le courage de Catherine, qui les décident finalement à l'intégrer au sein de leur congrégation. La cérémonie a lieu entre fin 1364 et début 1365. Catherine reçoit l'habit blanc des mains du frère Modèle:Lang, maître de la congrégation<ref group="B" name="p.35">Modèle:P.35.</ref>,<ref group="C" name="p.47"/>.

Clôture

Admise chez les sœurs de la Pénitence, Catherine doit faire son noviciat<ref group="Note">Le noviciat est la période de probation et de découverte d'un ordre religieux.</ref> chez elles, sous la direction et l'enseignement des maîtres des tertiaires<ref group="B" name="p.35"/>. Elle reste alors silencieuse et observe de longs moments de prière dans sa chambre, sortant pour assister à la messe et aux offices<ref group="B" name="p.37">Modèle:P..</ref>. Elle continue sa vie d'ascèse et décide de ne prendre de la nourriture qu'après avoir pleuré, ce qu'elle explique dans ses écrits en évoquant le « don des larmes »<ref group="B" name="p.37"/>.

Dans le même temps, Catherine, souvent discrète et silencieuse, commence à avoir une vie mystique importante, connue grâce à son confesseur : elle a des visions et apparitions, et des colloques avec Jésus qui l'enseigne. Elle affirme à son confesseur avoir été instruite par ces apparitions<ref group="C" name="p.47"/>. Ces visions sont aussi suivies de moments de doutes, d'angoisses et de fortes tentations<ref group="B" name="p.40">Modèle:P..</ref>. De ces apparitions, décrites par ses biographes, découlent certains dialogues et certaines intuitions qui ont une profonde influence sur sa vie spirituelle<ref group="B" name="p.42">Modèle:P..</ref>. Au cours de cette période, elle apprend à lire suffisamment pour pouvoir lire la liturgie des Heures<ref group="C" name="p.47"/>.

Une des visions qu'elle a est celle de Dieu, vu sous la forme d'un arbre dont les racines sont unies à la terre et le sommet au ciel. Au pied de l'arbre, elle voit des épines. Ces épines représentent les peines et les difficultés au début pour aller vers Dieu, comme le Christ crucifié. Une personne qui veut aller vers Dieu doit donc passer par ces peines, représentées par les épines, alors que beaucoup s'en échappent, préférant rechercher les plaisirs du monde. Cependant, l'arbre est immuable et ne se refuse à personne, ce que Catherine interprète comme le fait que Dieu ne se retire pas d'une créature qui a le désir de venir à lui<ref group="B" name="p.42"/>.

Mariage mystique

Fichier:Giovanni di Paolo The Mystic Marriage of Saint Catherine of Siena.jpg
Le Mariage mystique de Catherine de Sienne, 1460, Giovanni di Paolo.

Pendant le carnaval de 1368, Catherine a une apparition qu'elle décrit comme étant son « mariage mystique avec le Christ »<ref group="B" name="p.43">Modèle:P.43</ref>,<ref group="C" name="p.48">Modèle:P.48</ref>,<ref group="D" name="p.17">Modèle:P.17</ref>. Au cours de la vision, le Christ lui apparaît et lui remet un anneau, signe qu'elle est son épouse<ref group="B" name="p.44">Modèle:P.44</ref>. La vision s'efface mais Catherine dit ressentir en permanence cet anneau et même le voir, et elle est la seule à l'avoir vu<ref group="B" name="p.45">Modèle:P.45</ref>.

Le mariage mystique, à l'instar du Cantique des cantiques, est le symbole de l'union entre l'homme et Dieu. À travers l'histoire de l'Église, de nombreux auteurs ont parlé, comme Thérèse d'Avila, Origène, Jean de la Croix, François de Sales, Thérèse de Lisieux, de cette union comme étant le sommet de la vie chrétienne, après des périodes de fiançailles, de doutes, d'abandons<ref>Dominique Poirot, Jean de la Croix et l'union à Dieu, Paris, Bayard éditions, coll. « L'aventure intérieure », octobre 1996, Modèle:P.218 sur 268 p. Modèle:ISBN</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Vie publique

Début de l'engagement public

Le mariage mystique marque pour elle le début d'un nouveau changement dans son attitude. Elle participe davantage aux activités des sœurs de la Pénitence à travers la visite des malades qu'elle soigne. Elle met en pratique son amour de Dieu en s'occupant des malades et pauvres<ref group="B" name="p.48">Modèle:P.48</ref>,<ref group="C" name="p.48"/>. Des phénomènes de thaumaturge lui sont attribués, ses biographes affirment qu'elle guérit miraculeusement des personnes<ref group="B" name="p.49">Modèle:P.49</ref>. Elle a souvent des extases, de manière privée ou publique : elle se raidit soudainement, perd connaissance et tous ses membres se contractent<ref group="B" name="p.49"/>. Les moqueries s'accentuent, elle est calomniée et accusée d'être une femme de mauvaise vie<ref group="B" name="p.50">Modèle:P.50</ref>,<ref group="C" name="p.48"/>.

En août 1368, le père de Catherine, Giacomo, tombe malade et meurt, malgré les prières de sa fille<ref group="C" name="p.49">Modèle:P.49</ref>. À la même époque, la ville de Sienne est en proie à des révoltes importantes qui remettent en cause le pouvoir en place, dit Modèle:Citation<ref group="C" name="p.49"/>.

Cette période marque le début d'un engagement public intense, où elle commence à rencontrer et conseiller des dominicains : par l'intermédiaire de Modèle:Lang, elle fait la connaissance de Modèle:Lang, un jeune dominicain qui lui rend visite<ref group="B" name="p.53">Modèle:P.53</ref>. De cette rencontre naît une grande amitié spirituelle entre eux deux : Bartolomeo transmet à Catherine sa connaissance théologique ; elle lui prodigue des encouragements et, plus tard, lui envoie des lettres<ref group="B" name="p.53"/>.

Elle rencontre aussi le frère Lazzarino de Pise, célèbre prédicateur franciscain qui, après avoir été méprisant à son égard, lui demande des conseils pour le guider spirituellement. Elle rencontre ensuite, toujours par l’intermédiaire de Modèle:Lang, le frère Modèle:Lang, dit Caffarini, dominicain qui, après la mort de Catherine, écrit une de ses premières biographies, la Modèle:Lang<ref group="B" name="p.54">Modèle:P.54</ref>. La renommée de Catherine se répand. Celle-ci commence à voyager, sans doute avec Raymond de Capoue, nommé par le pape pour prêcher la croisade<ref group="C" name="p.50">Modèle:P.50</ref>.

Fichier:Domenico Beccafumi 071.jpg
Stigmatisation de sainte Catherine, Domenico Beccafumi, XVI, Getty museum.

Le Modèle:Date, lorsqu'une révolte éclate à Bologne, Catherine rencontre le cardinal Pierre d'Estaing, dit d'Ostie, légat de Bologne, et commence à écrire à d'autres prélats et à des fonctionnaires du pape Grégoire XI<ref group="C" name="p.50"/>. C'est le début de l'engagement de Catherine de Sienne pour la réforme de l'Église et le retour du pape à Rome<ref group="C" name="p.50"/>.

En 1374, la jeune mystique, qui a suscité l'étonnement à Sienne et dans l’ordre dominicain, comparaît devant le chapitre général des dominicains à Florence. Elle y rencontre le bienheureux Raymond de Capoue qui devient son directeur spirituel<ref group="C" name="p.50"/>.

À la Pentecôte, elle reçoit les stigmates du Christ, stigmatisation qu'elle décrit à Raymond de Capoue. Elle n'est pas visible car Catherine aurait prié pour que les stigmates ne se voient pas<ref group="D" name="p.29">Modèle:P.29</ref>.

Défense de la papauté

Ambassadrice officieuse de Florence auprès du pape

Fichier:Catherine de Sienne à Avignon pour que Grégoire XI accorde la paix à Florence.jpg
Catherine de Sienne et Raymond de Capoue implorent à Avignon Grégoire XI de faire la paix avec Florence.

À partir de 1375, elle prend de manière publique la défense des intérêts du pape en s'engageant pour le retour des papes d'Avignon à Rome et pour l'unité et l'indépendance de l’Église. Lors d'une rencontre avec les responsables de la ville de Florence, elle est envoyée par eux auprès du pape afin de tenter de réconcilier la papauté et Florence<ref group="B" name="p.89">Modèle:P..</ref>.

Catherine, accompagnée des Modèle:Lang (?) et de Raymond de Capoue, part en avril 1376 pour Avignon où réside le pape<ref group="B" name="p.89"/>. Ils passent par Bologne où ils se rendent sur la tombe de saint Dominique et arrivent le 18 juin à Avignon à la cour du pape Grégoire XI. Elle obtient une audience avec le pape et informe Florence de l'attitude positive du pape à leur égard, tout en critiquant ouvertement les mesures que Florence a prises contre le clergé<ref group="B" name="p.92">Modèle:P..</ref>.

Peu de temps plus tard, les ambassadeurs de Florence viennent à Avignon afin de voir le Pape ; Catherine de Sienne est ouvertement ignorée par la délégation d'ambassadeurs et la négociation avec les ambassadeurs de Florence se conclut par un échec<ref group="B" name="p.92"/>. Catherine de Sienne reste néanmoins auprès du pape, qu'elle revoit plusieurs fois. Elle le conseille et lui demande à de nombreuses reprises trois choses : la première est de partir pour Rome et de revenir dans la Modèle:Citation, la deuxième est de relancer la grande croisade, et enfin de lutter contre les vices et péchés au sein de l'Église<ref group="B" name="p.93">Modèle:P.93</ref>. Le pape Grégoire XI préfère rechercher la paix avant de partir en croisade, Catherine de Sienne insiste sur le fait qu'il ne faut pas attendre, et qu'au contraire, la paix viendra avec la croisade qui éloignera les guerriers<ref group="B" name="p.94">Modèle:P..</ref>. Dans ses lettres, elle suggère souvent au pape de partir au plus vite pour Rome, et cela malgré la forte opposition des cardinaux qui préfèrent vivre dans la ville d'Avignon<ref group="B" name="p.94"/>.

Catherine suscite la méfiance à Avignon du fait de son influence croissante auprès du pape, mais aussi par ses extases publiques. Elle est suivie secrètement, à la demande du pape, par des théologiens qui après examen ne lui reprochent rien<ref group="B" name="p.94"/>. Elle part visiter le duc d'Anjou pour le convaincre de prendre la gérance de la croisade<ref group="B" name="p.92"/>. Elle reçoit une invitation pour Paris du roi de France Charles V, mais elle décline cette invitation afin de retourner en Avignon avant de rejoindre l'Italie par les voies terrestres<ref group="B" name="p.98">Modèle:P..</ref>.

Le pape quitte Avignon pour Rome

Fichier:Giorgio Vasar retour idéalisé de Grégoire XI à Rome.jpg
Catherine de Sienne escorte le pape Grégoire XI à Rome, le 17 janvier 1377, fresque anachronique de Giorgio Vasari (1511-1574).

L'influence de Catherine de Sienne est sans doute le facteur principal qui conduit le pape Grégoire XI à quitter Avignon pour Rome<ref group="C" name="p.54">Modèle:P..</ref>. Il quitte la cité d'Avignon le Modèle:Date- et embarque pour Marseille, malgré l'opposition d'une partie des cardinaux et les dangers possibles, notamment l'opposition de Florence par la guerre des Huit Saints, mais aussi l'inconnue que représente le retour à Rome<ref group="B" name="p.98" />,<ref group="A" name="p.85">Modèle:P..</ref>. Le pape Grégoire XI part par la mer ; à la suite d'une tempête, il débarque à Gênes le 18 octobre<ref group="A" name="p.87">Modèle:P..</ref>.

Quant à Catherine, elle part par voie terrestre en passant par Saint-Tropez, Varazze, puis Gênes<ref group="A" name="p.86">Modèle:P..</ref>. C'est dans cette dernière ville que, selon la Modèle:Lang, elle aurait de nouveau rencontré Grégoire XI. Le pape poursuit son voyage jusqu'à Rome en passant par Corneto où il parvient le Modèle:Date, puis il arrive à Rome le Modèle:Date- en remontant le Tibre<ref group="B" name="p.102">Modèle:P..</ref>.

Catherine de Sienne demeure à Gênes et ne continue pas son chemin jusqu'à Rome ; elle n'y est pas lors de l'arrivée de Grégoire XI dans la « ville éternelle », bien que des représentations postérieures, anachroniques, la représentent l'accueillant à Rome. Elle reste à Gênes où ses compagnons de route sont victimes de maladies. De plus elle reçoit la visite de sa mère qui la rejoint à Gênes<ref group="A" name="p.88">Modèle:P..</ref>. Elle rencontre les chartreux de Calvi, puis arrive dans sa ville natale, Sienne, au début de l'année 1377<ref group="A" name="p.89">Modèle:P..</ref>.

Val d'Orcia

Fichier:'St. Catherine of Siena Exorcising a Possessed Woman', painting by Girolamo di Benvenuto.jpg
Sainte Catherine de Sienne exorcisant une femme possédée, Girolamo di Benvenuto, 1500-10, musée d'Art de Denver.
Fichier:Girolamo di Benvenutto 001.jpg
Catherine obtient du Christ la libération de sa sœur Palmerina de son pacte avec le diable avant de mourir, Girolamo di Benvenuto (1470-1524), Cambridge (Ma), Modèle:Lang.

Catherine s'installe à Sienne où sa renommée se fait de plus en plus grande. La ville de Sienne lui fait don d'un château qu'elle transforme en monastère, inauguré en avril 1377 : le monastère Sainte-Marie-Des-Anges qui sera détruit peu de temps après sa mort<ref group="B" name="p.102"/>. Elle rencontre Niccolo di Tuldo, condamné à mort car considéré comme possédé par le diable. Elle aurait réussi à lui parler et obtenir sa conversion à la foi catholique<ref group="A" name="p.91">Modèle:P..</ref>. Ses biographes mentionneront au cours de cette période de nombreuses conversions et des exorcismes<ref group="A" name="p.96">Modèle:P..</ref>,<ref group="Note">La geste pour Niccolo di Tuldo et les autres, mentionnée dans les biographies de Catherine de Sienne, contribuent à développer l'image de Catherine comme exorciste, rôle dévolu généralement aux prêtres, et qui reste relativement rare pour les saints mais aussi pour les saintes (en dehors de la Sainte Vierge). Des représentations picturales représentent Catherine chassant des démons.</ref>.

Dès le 15 avril 1377, Catherine fait preuve d'une activité intense. Elle part pour Sienne et supplie par écrit le pape d'instaurer la paix à la suite du massacre de Césène commis par l'armée des Bretons fidèles aux papes<ref group="B" name="p.104">Modèle:P..</ref>. Elle parle aux moines de la chartreuse de Mangiano, parcourt le val d'Orcia afin de favoriser la paix avec le pape. Elle écrit à ce dernier pour promouvoir la paix avec la Toscane et encourage la croisade<ref group="B" name="p.105">Modèle:P..</ref>. Pendant ce temps, la ville de Bologne décide de faire la paix avec Rome le Modèle:Date-<ref group="B" name="p.106">Modèle:P..</ref>.

Paix florentine et la fin de la guerre des Huit Saints

Modèle:Article détaillé

La situation de la papauté de retour à Rome devient cependant difficile concernant la ville de Florence. Face à la désobéissance de la ville, le pape décide d'y instaurer des interdictions, notamment celle d'y célébrer des sacrements, ou de commercer avec la ville sous peine d'excommunication<ref group="A" name="p.98">Modèle:P.98</ref>,<ref group="B" name="p.107">Modèle:P.107</ref>. Grégoire XI envoie une délégation afin de faire la paix mais cette entreprise menée par Raymond de Capoue est un échec. La ville de Florence est d'autant plus opposée au pape qu'elle craint l'arrivée de l'armée de Bretons. Elle décide par conséquent de violer ouvertement l'interdit du pape le Modèle:Date<ref group="A" name="p.100">Modèle:P.100</ref>,<ref group="B" name="p.106"/>.

Face à cette situation portant atteinte au pouvoir de la papauté, d'autant que la ville de Florence est l'une des villes les plus puissantes, Catherine implore la levée de l'interdit et la clémence du pape à de nombreuses reprises dans ses lettres<ref group="A" name="p.102" />. Le pape décide alors d'envoyer Catherine afin de faire plier la ville de Florence. L'envoyée part donc et arrive le Modèle:Date dans la ville infidèle au pape<ref group="B" name="p.107"/>,<ref group="A" name="p.102">Modèle:P.</ref>. Les négociations commencent et Catherine demande à Florence d'obéir au pape tout en demandant à de nombreuses reprises au pape de rechercher la paix. Les négociations avancent notamment par l'intermédiaire du seigneur de Milan, Barnabé Visconti, ce qui conduit à la levée de l'interdit en échange de la restitution des terres aux états pontificaux<ref group="B" name="p.107"/>. Les négociations sont cependant suspendues le 27 mars 1378 par l'annonce de la mort du pape Grégoire XI. Florence envoie immédiatement une délégation pour négocier avec le nouveau pape élu le Modèle:Date : Urbain VI<ref group="A" name="p.102" />.

Face à l'opposition importante de groupes de Florence, qui brûlent les maisons des compagnons de Catherine de Sienne, celle-ci décide de partir un temps en ermitage dans les alentours de Florence<ref group="A" name="p.96"/>. Elle écrit au nouveau pape Urbain, ancien cardinal que Catherine avait rencontré lors de son passage à Avignon, en lui affirmant la nécessité de faire la paix avec Florence quoi qu'il en coûte, craignant l'arrivée de l'« hérésie » (le schisme)<ref group="A" name="p.109">Modèle:P.109</ref>.

Pour apaiser cette révolte et les tensions qui existent au Vatican, le nouveau pape envoie à Florence un rameau d'olivier le Modèle:Date, signe de la volonté du pape de faire la paix avec Florence<ref group="A" name="p.109" />,<ref group="B" name="p.114">Modèle:P.114</ref>. Le 28 juillet 1378, la paix est signée avec le pape, levant les interdits et mettant fin à la guerre des Huit Saints<ref group="A" name="p.109"/>,<ref group="B" name="p.114"/>. Le 2 avril 1379 Catherine part de Florence pour sa ville natale<ref group="A" name="p.109" />.

La rédaction du Dialogue

Modèle:Article détaillé La fin du conflit avec Florence permet un temps de tranquillité pour Catherine de Sienne<ref group="B" name="p.115">Modèle:P.115</ref>. Elle se retire et tombe souvent en extase, elle affirme converser avec Dieu. Elle dicte alors les paroles qu'elle reçoit dans ses transes<ref group="B" name="p.116">Modèle:P.116</ref>,<ref group="D" name="p.29"/>.

Ses dialogues, sous sa dictée, sont mis par écrit par cinq secrétaires et seront publiés sous différents noms : Le Dialogue, Traité de la Divine Providence, Livre de la Divine Doctrine, Livre de la Divine révélation<ref group="A" name="p.111">Modèle:P.111</ref>. Ce livre se divise en quatre traités : le premier est la Discrétion, le deuxième est l'Oraison ou Traité des Larmes, le troisième est la Providence et le quatrième est sur l'Obéissance<ref group="A" name="p.112">Modèle:P.112</ref>.

La nature de ces écrits, pour Catherine de Sienne qui n'avait pas eu de formation poussée, a été l'objet de débats du fait de l'importance théologique qu'elle a eue dans le christianisme avec la proclamation de Catherine comme docteur de l'Église<ref group="A" name="p.113">Modèle:P.113</ref>,<ref>Le pape Pie II déclare la doctrine développé par Catherine de Sienne comme une doctrine Modèle:Citation</ref>.

Le grand schisme d'Occident (1378-1417)

Modèle:Article détaillé Catherine de Sienne avait, dans ses écrits, mis en garde le pape à de nombreuses reprises contre la possibilité de schisme, qu'elle appelle dans ses écrits l'hérésie. Alors que le pape Urbain VI est élu sans contestation, les cardinaux, principalement français, se réunissent à Fondi le 18 septembre 1378 avec l'appui du comte Gæteni, et décident d'élire le cardinal Robert de Genève comme pape, devenant ainsi l'antipape Clément VII<ref group="A" name="p.125">Modèle:P.125</ref>. Il prend tête de l'armée de Bretons et les envoie en Romagne où ils dévastent la région<ref group="A" name="p.125" />.

Catherine quitte Sienne en novembre 1378 pour Rome où elle arrive le 28 novembre accompagnée de plusieurs membres de son ordre<ref group="A" name="p.126">Modèle:P.126</ref>. Elle est reçue par le pape Urbain VI qui voit dans sa présence un soutien de taille. Catherine vit alors à Rome où elle commence une Modèle:Citation : elle demande à ses amis de prier, décrivant comme une douleur immense cette division de l'Église. Elle recommande d'agir avec charité, seule solution pour elle pour parvenir à résoudre les problèmes de la chrétienté<ref group="A" name="p.129">Modèle:P.129</ref>. Elle reste souvent au Vatican pour prier, et montre un zèle particulier pendant le carême pour la pénitence et les mortifications. Catherine écrit à [[Louis Ier de Hongrie|Louis {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }} de Hongrie]], roi de Hongrie et de Pologne, et appelle à l'obéissance au pape<ref group="A" name="p.133">Modèle:P.133</ref>. Elle compare l'antipape au serviteur du démon et écrit aux nombreux responsables des grandes villes d'Italie afin de les soumettre à l'obéissance du pape<ref group="A" name="p.135">Modèle:P.135</ref>.

Cette séparation du pape est pour Catherine de Sienne un acte très grave dans la mesure où il conduit à faire des membres schismatiques. Selon elle, cela conduit à les couper de la relation avec Dieu en faisant des « membres pourris exclus de la participation du sang » et donc de Dieu<ref group="A" name="p.133" />.

Vaisseau de l'Église

Au début de l'année 1380, Catherine continue de s'activer pour défendre le pape Urbain VI. Elle veut aller à la rencontre de la reine de Naples afin de vaincre son opposition au pape Urbain VI, mais ce dernier s'y oppose, craignant pour sa vie<ref group="A" name="p.142">Modèle:P.142</ref>. Catherine écrit aux cardinaux qui ont élu le pape, avant de s'opposer à lui, leur disant qu'ils ont perdu toute révérence et qu'ils font désormais l'office du démon en s'opposant au pape<ref group="A" name="p.142" />. Raymond de Capoue, le directeur spirituel de Catherine de Sienne, est envoyé par le pape en mission auprès du roi de France, Charles, afin de retrouver sa confiance<ref group="A" name="p.146">Modèle:P.146</ref>. Catherine, sachant sa mort proche, lui fait ses adieux, lui affirmant par écrit qu'ils ne se reverront plus<ref group="A" name="p.133" />.

Catherine, qui a une influence grandissante auprès de religieux se considérant comme ses disciples, décide de leur écrire. Elle demande aux religieux et aux ermites de soutenir le pape mais aussi de venir s'installer à Rome dans ces périodes troubles<ref group="A" name="p.155">Modèle:P.155</ref>. Malade et affaiblie, sans doute en grande partie du fait de ses nombreuses pénitences, elle est épuisée et fait ses adieux à ses amis.

Une anorexie mystique qui la mène au décès

Pendant de nombreuses années, elle s'était habituée à une abstinence rigoureuse. Elle recevait la Sainte Eucharistie presque tous les jours. Ce jeûne extrême semblait malsain aux yeux du clergé et de sa propre fratrie. Son confesseur, Raymond, lui a ordonné de manger correctement, mais Catherine a affirmé qu'elle en était incapable, qualifiant son incapacité à manger d'infermità (maladie). Dès le début de l'année 1380, Catherine ne peut ni manger ni boire de l'eau. Le 26 février, elle perdit l'usage de ses jambes<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Catherine meurt à Rome, le 19<ref name="p.158" group="A">Modèle:P.158</ref> ou 29<ref>Modèle:Ouvrage</ref> avril 1380, à l'âge de trente-trois ans, après avoir subi huit jours plus tôt une forte attaque qui l'a paralysée à partir de la taille. Ses derniers mots furent : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Catherine de Sienne est morte de privations volontaires, certains voudraient ainsi la considérer comme la patronne des anorexiques<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Catherine est enterrée quelques jours plus tard en présence du pape, qui célèbre des obsèques solennelles dans la basilique de la Minerve<ref group="A" name="p.160">Modèle:P.160</ref>.

Héritage

Doctrine spirituelle

Spiritualité

La vie spirituelle selon Catherine de Sienne
Fichier:Anthony van Dyck - Christus aan het kruis met de heilige Catharina van Siena, de heilige Dominicus en een engel.JPG
Représentation de Catherine de Sienne pendant la Passion du Christ - Le Christ en Croix avec Catherine de Sienne, Saint Dominique et un Ange, Antoine van Dyck, vers 1629, musée royal des beaux-arts (Anvers)

Modèle:Article connexe La vie spirituelle consiste pour Catherine de Sienne à l'union à Dieu. Elle décrit cette union à Dieu comme une Modèle:Citation. La Passion du Christ est centrale pour elle qui considère que la mort du Christ sur la croix est un sacrifice, permettant la connaissance de Dieu par la présence du Modèle:Citation<ref group="C" name="p.105">Modèle:P.105</ref>.

Dans ses écrits, elle présente trois étapes de la vie spirituelle. La première consiste en l'amour de la Passion ; elle indique même que la passion du Christ est le meilleur guide pour la vie spirituelle : il Modèle:Citation<ref group="C" name="p.106"/>. La deuxième étape est la conséquence de la première : cet amour conduit pour Catherine de Sienne à l'imitation du Christ, à travers une vie d'ascèse, de sacrifices, de pénitences, de prière et de services aux autres afin de ressembler au Christ et à son sacrifice sur la Croix<ref group="C" name="p.106">Modèle:P.106</ref>,<ref group="C" name="p.111">Modèle:P.111</ref>. Ainsi, l'imitation conduit à vouloir devenir un Modèle:Citation étrangère(Modèle:Citation). La troisième étape consiste à désirer la Croix, c'est-à-dire les souffrances et les difficultés quotidiennes et surmontées, et de s'y attacher, non plus pour soi, mais pour les autres<ref group="C" name="p.111"/>.

La « cellule intérieure » : l'habitation de la Trinité en l'âme

Dans ses écrits elle développe ce que la théologie appelle Modèle:Citation, ou Modèle:Citation : la croyance que Dieu est présent en l'âme<ref group="C" name="p.110">Modèle:P.110</ref>. Cette découverte se fait très tôt chez Catherine. Privée par ses parents de l'accès à sa chambre où elle avait l'habitude de prier, Catherine découvre alors qu'elle peut vivre avec Dieu qui est présent à l'intérieur d'elle-même, dans l'âme. Ce lieu, Catherine le décrit comme sa Modèle:Citation<ref group="C" name="p.46"/>.

Dans ses écrits et les conseils spirituels qu'elle y donne, elle mentionne à différentes reprises l'existence de cette cellule intérieure, comme dans la lettre 223 à Alessia où elle affirme Modèle:Citation<ref group="C" name="p.136">Modèle:P.136</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref> Elle affirme la nécessité d'entrer en soi-même afin d'« habiter par habitude » pour agir en union avec Dieu<ref group="C" name="p.124">Modèle:P.124</ref>. Cette habitation de Dieu en l'âme est centrale pour Catherine de Sienne dans la mesure où elle conduit à Modèle:Citation<ref group="C" name="p.110"/>.

La « cellule intérieure » : connaissance de soi et connaissance de Dieu
Fichier:Agostino Carracci 018.jpg
L'Extase de sainte Catherine de Sienne, Agostino Carracci, 1570, galerie Borghèse, Rome.

La connaissance de soi-même est un élément important déjà développé par des philosophes comme Socrate avec le célèbre connais-toi toi-même, mais aussi par de grands théologiens comme Augustin d'Hippone (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle) qui a, dans les Modèle:Citation étrangère, montré l'importance de la connaissance de soi dans la vie spirituelle : Modèle:Citation, thème qu'il développe encore dans Les Confessions à propos de Dieu : Modèle:Citation<ref group="C" name="p.114">Modèle:P.114</ref>. Cette connaissance est aussi présente avec Bernard de Clairvaux (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle) qui dans sa lettre au pape Modèle:Citation étrangère décrit l'importance de la connaissance de soi-même : Modèle:Citation<ref>Saint Bernard, De Consideratione II, 6, cité et traduit par J. Leclercq, Sain Bernard mystique, Paris, Desclée de Brouwer, 1948, Modèle:P.269</ref>,<ref group="C" name="p.115">Modèle:P.115</ref> Catherine de Sienne, dans ses écrits et ses enseignements, développe cette même conception de l'importance de la connaissance de soi-même. La connaissance de soi-même proposée par Catherine de Sienne ne consiste pas en une relecture psychologique, ou à un repliement égocentrique<ref group="C" name="p.174">Modèle:P.174</ref>.

Elle considère cette connaissance comme centrale à la vie au point d'affirmer dans Dialogue que Modèle:Citation. Pour parvenir à se connaître soi-même, Catherine de Sienne affirme qu'il est nécessaire de rentrer en soi-même, dans ce qu'elle appelle la Modèle:Citation<ref group="C" name="p.116">Modèle:P.116</ref>. Elle invite à ne jamais quitter cette cellule intérieure, même quand on agit<ref group="C" name="p.116"/>.

Cette habitude d'intériorité conduit pour Catherine de Sienne à comprendre dans quelle mesure nous n'existons que grâce à Dieu : Modèle:Citation<ref group="C" name="p.116"/>. Dans le Dialogue, elle voit dans les conséquences du péché, la manifestation de notre néant<ref group="C" name="p.117">Modèle:P.117</ref>. Néanmoins, cette reconnaissance de notre néant et de nos fautes ne constitue pas pour Catherine de Sienne la connaissance de soi, mais elle doit aller plus loin, car la personne doit découvrir, par la foi, la bonté et la miséricorde de Dieu dans ses limites : Modèle:Citation<ref>Lettre CC (154) à sœur Constance Modèle:Lien web</ref>,<ref group="E" name="p.174">Modèle:P.174</ref>,<ref group="E" name="p.175">Modèle:P.175</ref>

La connaissance de soi-même est donc profondément unie à la connaissance de Dieu, une connaissance en soi de Dieu<ref group="E" name="p.175"/>. Pour Catherine la connaissance de soi-même n’est possible qu’en passant par le regard de Dieu : « L’âme ne se voit pas par elle-même mais par Dieu, et elle voit Dieu par Dieu en tant qu’il est amour »<ref group="E" name="p.175"/>,<ref name="Capoue">Lettre à Raymond de Capoue</ref>. L’âme peut découvrir qu’elle a été créée à l’image de Dieu, et que bien souvent elle s’en écarte par ce que Catherine appelle le péché, ce n’est que par la connaissance de soi-même que nous pouvons faire l’expérience de notre misère qui est surmontée par l’Amour de Dieu présent en nous : Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref> Pour Catherine de Sienne, la connaissance de Dieu commence par la connaissance d'elle-même. C'est donc l’action de la connaissance de soi-même, avec ses limitations, qui conduit, pour Catherine de Sienne, à la découverte de l'amour de Dieu et de sa miséricorde, par la contemplation de la Passion<ref group="C" name="p.118">Modèle:P.118</ref>.

Le chemin de cette connaissance de soi-même n'est cependant pas facile pour Catherine de Sienne, car ce sentiment de l'amour et de la miséricorde de Dieu peut disparaître. Elle invite donc à une vie de vertu, de patience et d’humilité afin de fuir le péché et s’unir plus à Dieu. Or cette recherche de vertu est difficile et demande de prendre le chemin de la Croix<ref group="E" name="p.179">Modèle:P.179</ref>. L'existence de tentations est présente, ce qu'elle appelle une Modèle:Citation<ref group="C" name="p.119">Modèle:P.119</ref>. Le moyen d'y résister est alors de revenir dans cette connaissance de soi-même.

La vie intérieure est pour Catherine de Sienne un continuel va-et-vient entre la connaissance de soi-même qui conduit à la connaissance de Dieu. Cette connaissance de Dieu conduit à une meilleure connaissance de soi-même et à une plus grande persévérance qui s'ouvre à la charité du prochain par humilité<ref group="C" name="p.119"/>.

Néanmoins, la connaissance de soi-même et de Dieu n’est pas une fin en soi pour Catherine de Sienne. Celle-ci doit conduire non pas au repliement sur soi, mais à l’Amour du prochain qui est aimé de la même manière. Catherine affirme ainsi : « Contemplant en elle-même l’effet de l’amour infini et voyant l’image qu’est la créature, elle trouve Dieu en son image. Cet amour que Dieu lui porte, elle le voit s’étendre à toute créature, et cela la force aussitôt à aimer le prochain comme soi-même, puisque Dieu l’aime souverainement. »<ref group="E" name="p.181">Modèle:P.181</ref>,<ref>Lettre à Capoue</ref> La connaissance de soi-même devient pour Catherine la source de l’apostolat et de l’ouverture à l’autre<ref group="E" name="p.182">Modèle:P.182</ref>.

Réforme de l'Église

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Grégoire XI reçoit Catherine de Sienne à Avignon, Fresque de Giovanni di Paolo, vers 1460, musée Thyssen-Bornemisza, Madrid.

La vie de cette sainte est profondément marquée par sa volonté de rénovation de l’Église. Son ecclésiologie, c'est-à-dire la conception qu’elle se fait de l’Église, n’est pas à proprement parler révolutionnaire : elle ne remet pas en question les structures hiérarchiques traditionnelles de l’Église<ref group="C" name="p.188">Modèle:P.188</ref>, comme le fait plus tard le concile de Constance en 1417, et elle ne remet pas non plus en cause son système juridique<ref group="C" name="p.188"/>. De même, elle ne remet pas en cause la possibilité pour le pape d’avoir et de gérer des biens temporels. Cependant, elle considère que l’Église est en crise du fait du manque d'intérêt pour la dimension spirituelle, car les membres de l'Église sont trop préoccupés par les considérations temporelles de pouvoir et de richesse. Catherine ne nie pas les considérations temporelles mais elle considère que celles-ci doivent toujours être secondes, la conversion et la vie des croyants avec Dieu étant sa principale mission<ref group="C" name="p.178">Modèle:P.178</ref>. Elle appelle de ses vœux et à de nombreuses reprises à une rénovation.

Rôle de l’Église et ministère du Christ dans l’Église

Modèle:Article connexe Catherine de Sienne considère que l’Église est l’épouse du Christ<ref group="E" name="p.275">Modèle:P.275</ref>,<ref group="C" name="p.182">Modèle:P.182</ref>. Pour elle, le pape, mais aussi tous les baptisés, sont responsables des biens du « Sang de l’Agneau »<ref group="C" name="p.185">Modèle:P.185</ref>. L'Église est pour elle la gardienne, celle qui communique les dons de Dieu, c'est l'Église qui transmet la Modèle:Citation divine<ref group="E" name="p.277">Modèle:P.277</ref>. Pour Catherine, les fruits de l’Église sont nécessairement bons dans la mesure où ils dépendent de la charité et du Modèle:Citation, mais aussi du fait de son origine spirituelle : l'Église est Modèle:Citation<ref group="E" name="p.281">Modèle:P.281</ref>.

Elle utilise la métaphore du jardin pour parler de l'Église, jardin où tout le monde a une place, et où chaque baptisé est une plante<ref name="Ogimo">Lettre à Nicolas da Ogimo</ref>,<ref group="E" name="p.279">Modèle:P.279</ref>,<ref group="C" name="p.181">Modèle:P.181</ref>. Elle considère les prêtres comme des plantes qui doivent être odorantes, et ceux qui ne sont pas encore chrétiens comme de possibles plantes dans le jardin<ref group="C" name="p.188" />. Elle désire que l'Église puisse être le jardin où l'on puisse Modèle:Citation<ref name="Ogimo"/>,<ref group="E" name="p.279"/>.

L’Église reste profondément unie pour Catherine de Sienne : chaque personne a non seulement sa place mais aussi son rôle. L’union de toutes les personnes de l’Église se fait par sa relation à Dieu, au « Sang de l’Agneau ». La raison de l’autorité de l’Église découle pour Catherine de Sienne de cette union à Dieu qui engendre une union entre tous les membres<ref group="C" name="p.187">Modèle:P.187</ref>. L'Église est pour elle un lieu où chaque personne a une place, une responsabilité spécifique, qui amène à une relation d'interdépendance. C'est cette interdépendance qui conduit à avoir besoin les uns les autres, à l'ouverture à l'autre et au respect des différentes vocations. Cette ouverture conduit à faire naître la charité entre ses membres, charité qui n'est possible que par l'amour du prochain<ref group="E" name="p.284">Modèle:P.284</ref>.

Problèmes dans l’Église
Fichier:Giovanni di Paolo 013.jpg
Sainte Catherine recevant la communion des mains du Christ, Giovanni di Paolo, Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Metropolitan Museum of Art, New York.

L’Église, avec les papes en exil à Avignon et les divisions qu'elle traverse, notamment sur le rôle temporel du pape et de ses biens, sont les éléments marquants pendant l’époque de Catherine de Sienne. Face à cette situation, Catherine appelle à la rénovation de l’Église. Elle analyse ces difficultés comme étant le fruit d’un manque de foi, de piété, et les conséquences du péché<ref group="C" name="p.181"/>,<ref group="C" name="p.173">Modèle:P.173</ref>. Pour elle, les difficultés sont le fruit du péché et du manque de vertu de l’Église. Elle ne nie pas les prétentions temporelles des papes, mais elle considère que le service de Dieu doit être prioritaire sur toute autre considération<ref group="C" name="p.174"/>.

Catherine de Sienne affirme aussi à de nombreuses reprises dans sa correspondance avec le pape, que les problèmes ne sont pas extérieurs à l'Église, mais qu'une grande source des problèmes vient de l'intérieur de l'Église. Elle considère que les problèmes de l'Église viennent de ses membres qui sont remplis d'amour-propre, d'impureté et d'excès d'orgueil<ref name="Ogimo"/>,<ref group="E" name="p.279"/>. Dans sa correspondance, elle admet avoir elle aussi une part de responsabilité dans les problèmes de l'Église<ref group="E" name="p.289">Modèle:P.289</ref>.

Ainsi le manque de foi, de vertu des prêtres ou des cardinaux est pour Catherine de Sienne l'une des principales difficultés de l'Église<ref group="E" name="p.88">Modèle:P.88</ref>. Elle n'hésite pas à écrire au pape Urbain VI, lui recommandant de mener une guerre contre les péchés, et les siens aussi, plutôt que tout autre type de guerre<ref group="E" name="p.74">Modèle:P.74</ref>.

Rénovation de l'Église

Catherine de Sienne juge la crise de l'Église comme étant une crise spirituelle. Elle y voit une occasion pour l'Église de retrouver sa nature primitive<ref group="E" name="p.286">Modèle:P.286</ref>. Elle appelle ainsi à cette Église primitive, comme elle l'écrit dans une lettre à Grégoire XI : Modèle:Citation<ref group="E" name="p.75">Modèle:P.75</ref>. Afin de parvenir à la rénovation du corps religieux, elle demande souvent au pape de nommer des pasteurs vertueux et appelle à la conversion des membres de l’Église<ref group="C" name="p.174"/>. Elle recommande au pape Urbain VI de s’entourer d’un « Conseil des saints » composé de personnes vertueuses<ref group="C" name="p.186">Modèle:P.186</ref>, affirmant Modèle:Citation<ref group="C" name="p.187"/>. Dans sa correspondance, elle invite ses disciples à obéir et à lutter pour l'Église, en s'oubliant et en affrontant les Modèle:Citation. Afin d'y parvenir elle n'hésite pas à inviter à une lutte virile pour l'Église Modèle:Citation<ref group="E" name="p.282">Modèle:P.282</ref>. Enfin, elle voit dans l’arrivée de nouveaux convertis (notamment les « infidèles ») une source de rénovation, ceux-ci étant à même de lutter par leurs futurs exemples contre le vice et le péché qui règnent dans l’Église<ref group="C" name="p.176">Modèle:P.176</ref>.

Pour les relations que doit avoir l'Église avec ceux qui s'opposent à elle, comme Florence puis les autres villes, Catherine recommande toujours la clémence et la douceur de la part du pape. Elle affirme à de nombreuses reprises que Florence, alors en conflit ouvert avec le pape, ne sera vaincue que par la paix<ref group="E" name="p.79">Modèle:P.79</ref>. Catherine demande avant tout de la douceur, de la clémence et de la paix aux papes face aux villes rebelles contre son autorité<ref group="C" name="p.173"/>,<ref group="E" name="p.93">Modèle:P.93</ref>. C'est ainsi qu'elle incite le pape à la douceur : « avec les armes de la douceur, de l’amour et de la paix, plutôt que la rigueur et la guerre »<ref group="C" name="p.178"/>. Cette recherche de la clémence vient de sa conception de l'Église, composée de pécheurs, et le meilleur moyen de vaincre le péché est par le moyen de l'amour et de la prière et en s'offrant pour le salut des pécheurs<ref group="E" name="p.292">Modèle:P.292</ref>.

Fichier:Benvenuto di Giovanni (1436-1518) Grégoire XI fresque de l’Ospedale Santa Maria della Scala à Sienne.jpg
Départ d'Avignon et arrivée à Rome de Grégoire XI, fresque de Girolamo di Benvenuto à l’Ospedale Modèle:Lang à Sienne.
Fichier:Ghent Altarpiece D - Adoration of the Lamb 2wide.jpg
L'Agneau mystique, panneau du polyptyque de Jan Van Eyck (1432) conservé à la cathédrale Saint-Bavon de Gand.

Le « sang de l'agneau »

Modèle:Article connexe

La dévotion au Modèle:Citation ou Modèle:Citation est une dévotion qui existe déjà dans le christianisme à la naissance de Catherine de Sienne, notamment auprès d'autres mystiques chrétiens. Dans ses écrits, Catherine se réfère à de nombreuses reprises au sang du Christ et invite à Modèle:Citation<ref group="C" name="p.157">Modèle:P.157</ref>.

Cette dévotion est une conception théologique développée par de nombreux théologiens qui voient dans le sang du Christ, versé sur la Croix, le fait que le Christ, par son sang, rachète le péché. La délivrance du péché n'est pas seulement un discours, mais peut se vérifier par le sang versé<ref group="C" name="p.158">Modèle:P.158</ref>. Pour Catherine de Sienne, le sang devient une preuve du rachat des fautes par le Christ : Modèle:Citation<ref>Lettre CCLI, Lettre de Catherine de Sienne à Sano di Maco Modèle:Lien web</ref>,<ref group="C" name="p.159">Modèle:P.159</ref>

Le péché nécessite une réparation, pour Catherine de Sienne, parce que c'est une offense faite à Dieu. Or aucune réparation ne peut être à la hauteur de l'offense qui est faite à Dieu : Modèle:Citation<ref>Lettre XLV, Lettre de Catherine de Sienne</ref>. Pour expier ces fautes, et donc accéder à la justice de Dieu, c'est le sang du Christ qui est versé à travers sa mort sur la croix<ref group="C" name="p.159"/>.

Le sang du Christ représente donc pour Catherine de Sienne le salut pour les pécheurs. Ce salut est donné à chacun afin de le sauver du péché, et le sang versé représente donc la justice de Dieu et le salut donnés par amour par Dieu comme l'écrit Catherine de Sienne : Modèle:Citation<ref>Lettre LVIII (222) à Thomas d'Alviano Modèle:Lien web</ref>,<ref group="C" name="p.161">Modèle:P.161</ref>. Le précieux sang représente donc pour Catherine de Sienne l'amour de Dieu qui meurt par amour et pour nous sauver : Modèle:Citation<ref>Le Dialogue IIe partie Chapitre IX (25)</ref>,<ref group="C" name="p.161"/>.

Dans les écrits de Catherine de Sienne, le sang est donné par Dieu pour sauver l'humain du mal, et elle l'identifie à la grâce<ref group="C" name="p.162">Modèle:P.162</ref>. De cette dévotion naît aussi la dévotion au cœur du Christ, source inépuisable du sang. Elle est, pour Catherine de Sienne, le signe de la nouvelle alliance entre Dieu et les hommes et qui permet d'accéder au paradis.

Raison et sensualité

Fichier:Lesser Poland St. Catherine of Siena.jpg
Sainte Catherine de Sienne assiégée par des démons. Vers 1500, anonyme, musée national de Varsovie.

Catherine de Sienne met en garde à de nombreuses reprises sur la division qui peut exister dans l'amour. Elle affirme qu'en l'homme il existe deux types d'amour, l'un qui est dirigé vers Dieu et l'autre, qui est égocentrique, l'amour propre. Elle considère ces deux types d'amour comme étant irréconciliables<ref group="E" name="p.194">Modèle:P.194</ref>,<ref name="Capoue"/>. Pour Catherine de Sienne, l'amour propre est le foyer de tous les vices et de tous les péchés et il conduit à la séparation de Dieu<ref group="E" name="p.193">Modèle:P.193</ref>. Il est nécessaire pour Catherine de Sienne de se séparer de l'amour propre et de ses conséquences, c'est-à-dire la sensualité ou la recherche du plaisir ou de la reconnaissance, dans la mesure ou cet amour propre s'oppose à l'amour de Dieu : Modèle:Citation<ref>Lettre CLXIX (123) à Maître Jean Modèle:Lien web</ref>,<ref group="E" name="p.194"/>.

Catherine de Sienne invite donc ses disciples à une guerre contre la sensualité par le moyen de la raison : Modèle:Citation<ref group="E" name="p.194"/>. C'est par le moyen de la conscience que l'on peut parvenir à dominer la sensualité comme elle l'écrit dans une de ses lettres : Modèle:Citation<ref>Lettre CCCIV (296) à François Pépin Modèle:Lien web</ref>,<ref group="E" name="p.200">Modèle:P.200</ref>

Elle invite à avoir une Modèle:Citation contre la vie des sens et lutter contre la sensualité<ref group="E" name="p.196">Modèle:P.196</ref>. Elle invite à toujours lutter contre la sensualité, afin de ne pas avoir deux amours inconciliables, entre l'amour de Dieu et l'amour propre. Ce combat n'est pas sans difficultés, et elle affirme à ce propos, que Modèle:Citation<ref>Lettre 62</ref>, ou encore Modèle:Citation<ref>Lettre CCXLII (234) à Mathieu, fils de Jean Colombini de Sienne Modèle:Lien web</ref>,<ref group="E" name="p.197">Modèle:P.197</ref>. Cette recherche de la vertu est importante, mais elle doit tout le temps chercher à connaître la source de l'amour propre. Elle invite à toujours couper à la source la sensualité par la recherche de l'origine de son amour propre Modèle:Citation<ref group="E" name="p.201">Modèle:P.201</ref>. Elle met ainsi en garde contre la vertu qui ne serait pas réfléchie par la recherche de l'origine de la sensualité : Modèle:Citation<ref>Lettre 65</ref>,<ref group="E" name="p.201"/>.

Le combat qu'elle préconise conduit à vider son être de tout amour propre, et cette absence permet de remplacer l'amour propre par l'Amour de Dieu qui emplit la personne : Modèle:Citation<ref>Le Dialogue, Chapitre 54</ref>,<ref group="E" name="p.198">Modèle:P.198</ref>. La source du combat et de la haine de la sensualité n'est autre que l'amour de Dieu, qui très vite s'avère plus facile. Elle affirme ainsi : Modèle:Citation<ref group="E" name="p.202">Modèle:P.202</ref>.

La doctrine du pont

Fichier:Joseph Mallord William Turner 028.jpg
Le Pont du diable de Saint Gotthard, huile sur toile, 1803-1804, Joseph Mallord William Turner

Dans son ouvrage Le Dialogue, Catherine développe un traité de christologie (doctrine sur Jésus-Christ), à travers ce qui est appelé la Modèle:Citation<ref group="D" name="p.82">Modèle:P.82</ref>. Ce traité se veut une démonstration de la place centrale du Christ dans le rôle de médiateur entre l'homme et Dieu<ref group="B" name="p.79">Modèle:P.79</ref>.

Au cours d'une image qu'elle développe, Catherine décrit l'importance du Christ comme un pont qui permet de traverser un fleuve où tout le monde se noie. Ce fleuve empêche d'accéder à l'autre rive, celle qui est décrite alors comme le paradis, le lieu de l'union à Dieu<ref group="D" name="p.79">Modèle:P.79</ref>. Le pont qui permet de traverser ce fleuve est le Christ, avec trois marches. Ces trois marches représentent les trois étapes de la vie chrétienne, mais aussi les principales plaies du Christ en croix : les pieds sont les premières marches du pont, mais ils représentent le désir de Dieu qui conduit l'âme à vouloir connaître et mieux aimer Dieu. La deuxième marche du pont est le cœur du Christ, lieu de l'union à Dieu et de la connaissance de soi et de Dieu. La dernière marche est la bouche du Christ, symbole de l'union à Dieu et de la paix intérieure<ref group="D" name="p.80">Modèle:P.80</ref>. Le pont n'est accessible qu'à travers la connaissance de soi, la pratique des vertus, mais aussi la miséricorde de Dieu<ref group="D" name="p.86">Modèle:P.86</ref>.

La pratique de la connaissance de soi et des vertus est le seul moyen de passer le pont. Ceux qui ne suivent pas cette voie sont alors emportés par les flots des divers désirs désordonnés comme l'avarice, la concupiscence charnelle, l'orgueil, l'injustice et le mensonge qui conduisent à l'enfer<ref group="D" name="p.86"/>. Le libre arbitre a une place primordiale dans cette doctrine du pont. En effet, pour Catherine, l'homme étant libre et à l'image de Dieu, c'est par sa volonté et le désir de Dieu que l'homme peut le choisir ou non en succombant aux tentations : Modèle:Citation<ref group="D" name="p.87">Modèle:P.87</ref>,<ref>Extrait du livre Le Dialogue, chapitre XIII (43)</ref> Cette pratique de la vertu, à travers les tentations, a pour objectif de mieux se connaître soi-même et de développer la connaissance de Dieu en soi. Elle conduit à développer la vertu mais aussi la vie d'oraison<ref group="D" name="p.89">Modèle:P.89</ref>.

Fichier:Cortona Triumph of Divine Providence 01b.jpg
La Divine providence (Modèle:Lang), fresque (1633-1639) de Pierre de Cortone, palais Barberini, Rome.

Traité de la Providence

Modèle:Article connexe Le problème de la providence en théologie, pose celui de la liberté de l'homme, dans la mesure où Dieu aurait par la providence une action sur l'homme. La théologie cherche alors à concevoir dans quelle mesure l'homme peut être libre, et Dieu intervenir dans la vie. Dans son ouvrage Le Dialogue, Catherine de Sienne fait une demande à Dieu, celle que la miséricorde soit faite à l'Église<ref group="D" name="p.65">Modèle:P.65</ref>. La réponse à cette question conduit à développer toute une vision de la providence, au point que Le Dialogue est considéré comme un traité sur la Providence<ref group="A" name="p.111"/>.

Au cours du développement de la question de la miséricorde, la liberté de l'homme est clairement réaffirmée Modèle:Citation<ref>Le Dialogue, chapitre XV (14)</ref>,<ref group="D" name="p.65"/>. Néanmoins, la finalité de l'homme est décrite comme l'union à Dieu. Dieu cherche donc à faire miséricorde à l'homme. Outre le désir de l'eucharistie qui est décrite comme l'un des moyens de rapprocher l'homme de Dieu, Catherine affirme que Dieu donne aux pécheurs progressivement les conditions appropriées de la connaissance de leurs erreurs par des moyens pratiques et théoriques<ref group="D" name="p.71">Modèle:P.71</ref>.

Dieu agit avec la providence par le moyen de la charité qui unit les hommes les uns aux autres du fait de l'interdépendance de l'homme : Modèle:Citation<ref group="D" name="p.72">Modèle:P.72</ref>.

Le deuxième moyen est celui de la conscience de l'homme, qui a progressivement du dégoût et des remords pour les actions liées à l'amour propre<ref group="D" name="p.71"/>. Des changements de situations personnelles, produites par la providence selon les personnes, ont pour objectif de sortir l'homme de ses attaches, afin qu'il ne puisse plus réaliser ses erreurs Modèle:Citation<ref>Extrait du livre Le Dialogue 143</ref>,<ref group="D" name="p.71"/>.

Toujours selon Catherine, ces remords de conscience ont pour objectif de se connaître soi-même et donc de découvrir Dieu, donnant le désir de commencer un chemin de vertu. En découvrant Dieu en lui, cela conduit à développer le désir de s'unir avec Dieu, contribuant à approfondir la vie spirituelle<ref group="D" name="p.72"/>.

Le don des larmes

Fichier:Sépulcre Arc-en-Barrois 111008 09.jpg
Sépulcre (scène de l'onction du corps du Christ), 1672, dans l'église Saint-Martin d'Arc-en-Barrois.

Le don des larmes, ou doctrine des larmes, est un enseignement développé dans le livre du Dialogue de Catherine de Sienne (aux chapitres 88 à 97). Elle affirme avoir, à sa demande, eu un enseignement sur ce que la théologie appelle le Modèle:Citation. C'est-à-dire la valeur spirituelle des larmes et leurs fruits respectifs<ref group="B" name="p.121">Modèle:P.121</ref>. L'importance que Catherine de Sienne donne aux larmes dépasse la perspective théologique classique dans la mesure où le corps devient un instrument de communication privilégié avec Dieu<ref group="D" name="p.112">Modèle:P.112</ref>.

Catherine de Sienne développe dans Le Dialogue cinq sources de larmes, qui n'ont pas la même valeur spirituelle<ref group="D" name="p.114">Modèle:P.114</ref>. Ces larmes dont elle parle sont des larmes qui procèdent du cœur. Les larmes qui ont le plus de valeur pour elles sont celles qui sont dues à l'amour et à la vertu ; elles peuvent avoir une valeur Modèle:Citation<ref group="D" name="p.114"/>.

Les premières sont celles qui découlent de l'amour sensuel, de l'attachement aux choses matérielles et aux plaisirs. Elles n'ont pour Catherine pas de valeur spirituelle car elles proviennent de l'amour propre. Le deuxième type de larmes est celles qui sont le fruit de la peur du péché et de l'enfer. Même si elles sont décrites comme imparfaites, car très peu liées à l'amour, elles ont néanmoins une valeur spirituelle<ref group="B" name="p.121"/>.

La troisième source des larmes vient des personnes qui pleurent tout en commençant à aimer Modèle:Citation, mais qui continuent d'avoir de l'amour propre<ref group="B" name="p.121"/>.

Le quatrième type de larmes, sont celles qui proviennent de la charité pour le prochain, ceux qui pleurent, en aimant Dieu sans égard pour eux, elles ont une grande valeur spirituelle, puisqu'elles n'ont pour source que l'amour et la compassion du prochain<ref group="B" name="p.121"/>.

La cinquième source des larmes, appelées les Modèle:Citation. Ces pleurs sont le fruit de l'union à Dieu, dans la mesure où l'union entre l'âme et Dieu est telle qu'elle conduit à ne plus pouvoir se communiquer par les mots. Les larmes deviennent l'ultime langage, elle fait alors parler Dieu pour décrire la valeur du sentiment dont provient ces larmes : Modèle:Citation<ref group="D" name="p.115">Modèle:P.115</ref>

Place dans l'ordre dominicain

Fichier:Virgen del Rosario Santo Domingo y Santa Catalina de Siena.jpg
La Vierge du Rosaire, saint Dominique et sainte Catherine de Sienne, Lucas de Valdés, vers 1700, (huile sur toile, Modèle:Dunité). Musée des beaux-arts de Séville.

Modèle:Article détaillé Catherine de Sienne, bien qu'elle ne soit pas contemporaine du fondateur de l'ordre des Prêcheurs, est néanmoins l'une des principales figures dominicaines<ref group="D" name="p.13">Modèle:P.13</ref>. Elle est devenue la figure féminine de l'ordre dominicain, comme Claire d'Assise l'est pour les franciscains<ref group="D" name="p.13"/>. Elle est d'autant plus importante qu'elle est, avec Albert le Grand et Thomas d'Aquin, l'une des trois personnalités dominicaines à avoir été déclarée docteur de l'Église du fait de l'importance de ses écrits spirituels et théologiques.

Catherine de Sienne et Raymond de Capoue jouent un rôle important dans le processus de rénovation de l'ordre des prêcheurs. En effet dans la période troublée que vit l'Église Catholique au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Catherine appelle à un retour aux sources de la vocation dominicaine<ref group="D" name="p.55">Modèle:P.55</ref>,<ref group="C" name="p.103"/>. Elle prend souvent pour modèle saint Dominique, et dans son ouvrage majeur, Le Dialogue, elle cite à plusieurs reprises le charisme originel donné par Dominique, mettant en garde contre ceux qui désobéissent à la règle qu'il donna<ref>Modèle:Citation Le Dialogue (155)</ref>,<ref group="D" name="p.55"/>,<ref group="C" name="p.103">Modèle:P.103</ref>. Cette volonté de retourner aux sources de l'Ordre des Prêcheurs, faite avec Raymond de Capoue, qui devient maître de l'ordre des Prêcheurs, conduit à en faire une figure importante au sein des dominicains.

De plus la spiritualité et la vie de Catherine de Sienne correspondent sous de nombreux aspects à la spiritualité de saint Dominique : la place importante de la prédication et de la recherche du salut, mais aussi l'importance de la contemplation et de la transmission de la connaissance de Dieu, propres à la spiritualité dominicaine<ref group="C" name="p.104">Modèle:P.104</ref>. Cette correspondance entre la vie et les écrits de Catherine de Sienne et le fondateur de l'ordre, Dominique de Guzmán, conduit ainsi à en faire l'une des principales figures féminines de l'ordre, notamment à travers des œuvres d'art, qui représentent Dominique de Guzmán avec Catherine de Sienne. Ces représentations sont anachroniques dans la mesure où Dominique de Guzmán est mort en 1221, plus d'un siècle avant la naissance de Catherine de Sienne.

Postérité

Reconnaissance par l'Église catholique

Fichier:Pintoricchio 018 detail.jpg
Pie II canonise Catherine de Sienne, Fresque de Pinturicchio dans la Libreria Piccolomini à la cathédrale de Sienne. Entre 1502 et 1507.

Canonisation, docteur de l'Église, patronage

Le procès en canonisation de Catherine de Sienne commence dès 1411, mais est suspendu du fait du Grand Schisme d'Occident et ne reprend qu'après le Concile de Constance et l'élection du pape Martin V<ref group="A" name="p.168">Modèle:P.168</ref>,<ref group="E" name="p.132">Modèle:P.132</ref>. C'est le pape Pie II qui déclare Catherine de Sienne sainte le 29 juin 1461, jour de la fête des apôtres Pierre et Paul, dans la Basilique vaticane<ref group="A" name="p.168"/>. Sa fête se célèbre initialement le jour de sa mort, le 29 avril. En 1628, le pape Urbain VIII déplace la date au jour suivant afin de ne pas superposer sa fête avec celle de saint Pierre de Vérone. Par ailleurs, il reconnaît à Catherine de Sienne la véracité des stigmates<ref group="A" name="p.168"/>.

La ville de Rome rend d'importants hommages à Catherine de Sienne par la restauration de l'église où elle est vénérée en présence du pape Pie IX en 1855.

Pie IX dans le décret du 13 avril 1866 déclare Catherine de Sienne co-patronne de Rome<ref group="A" name="p.169">Modèle:P.169</ref>. Le Modèle:Date, Pie XII déclare Catherine de Sienne sainte patronne principale d'Italie, au même niveau que saint François d'Assise<ref group="A" name="p.169"/>.

Le 3 octobre 1970, Paul VI donne à Catherine de Sienne le titre de Docteur de l'Église<ref>Modèle:Lien web.</ref>, elle devient ainsi la seconde femme à obtenir cette distinction dans l'Église (après Thérèse d'Avila et avant Thérèse de Lisieux)<ref group="A" name="p.169"/>. Le Modèle:1er octobre 1999, Jean-Paul II la déclare co-patronne de l'Europe avec Edith Stein et Brigitte de Suède<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Reconnaissance des stigmates

Fichier:Wga Pompeo Batoni Ecstasy of St Catherine of Siena.jpg
Catherine de Sienne recevant les stigmates, Pompeo Batoni, huile sur toile, 1743, musée de la villa Guinigi de Lucques

Modèle:Article détaillé

L'existence des stigmates de Catherine de Sienne est reconnue par l'Église catholique. Bien qu'il existe plusieurs personnes qui auraient reçu des stigmates, comme le capucin Pio de Pietrecilna au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle dont le processus de reconnaissance a été ouvert lors de sa canonisation, l'Église catholique a toujours été particulièrement prudente, refusant généralement de les reconnaître officiellement. Au cours de l'histoire, seulement deux personnes ont bénéficié de la reconnaissance officielle des stigmates : François d'Assise et Catherine de Sienne<ref>Dictionnaire de spiritualité, article « Stigmates ».</ref>.

Après son procès en canonisation en 1461, l'ordre dominicain cherche à faire reconnaître les stigmates de Catherine de Sienne ; ils reçoivent une opposition des Franciscains, dont le fondateur est alors le seul stigmatisé reconnu<ref group="D" name="p.31">Modèle:P.31</ref>. Le pape Sixte IV, pape anciennement franciscain, interdit par une série de bulles entre 1472 et 1478, de représenter la stigmatisation de Catherine sur les murs des églises, et d'en parler aux fidèles<ref group="D" name="p.31"/>,<ref group="D" name="p.134">Modèle:P.134</ref>. Ce n'est qu'en 1630 que le pape Urbain VIII reconnaît l'existence des stigmates, tout en précisant qu'ils n'étaient pas sanglants mais des stigmates lumineux, cela étant dû à la description que Catherine donne à Raymond de Capoue de sa stigmatisation : Modèle:Citation<ref group="D" name="p.31"/>. Catherine de Sienne ayant, d'après Raymond de Capoue, prié pour que les stigmates ne se voient pas<ref group="D" name="p.31"/>.

Cette reconnaissance tardive des stigmates est peut-être due aussi à la place des femmes dans la société<ref group="D" name="p.31"/>. Les hommes ayant le contrôle intellectuel et spirituel de l'Église, ils admettent moins facilement la reconnaissance des révélations privées et le rôle public des femmes dans l'Église, même si Raymond de Capoue, supérieur de l'ordre des prêcheurs, reconnaît et valorise cette intervention publique<ref group="D" name="p.32">Modèle:P.32</ref>. De plus, des critiques sur le rôle de Catherine de Sienne sont émises, lui attribuant du fait de ses mauvais conseils la responsabilité du Grand Schisme d'Occident par son manque de connaissance politique. La place de Catherine de Sienne et de ses écrits est au début critiquée, ce qui ne facilite pas la reconnaissance de sa stigmatisation<ref group="D" name="p.32"/>.

Dévotion

Les dévotions autour de Catherine de Sienne se développent rapidement. Très vite, elle reçoit les honneurs réservés aux serviteurs de Dieu. Trois ans après sa mort, le Modèle:Date, son cercueil est transporté du cimetière du couvent à la basilique Santa Maria sopra Minerva de Rome par Raymond Delle Vigne<ref group="A" name="p.166">Modèle:P.166</ref>. C'est en 1430 que l'archevêque de Florence, Antonino Pierozzi, décide de donner un tombeau à Catherine de Sienne. Il fait faire, par le sculpteur Isaia da Pisa, une châsse qui est le reliquaire actuel de Catherine de Sienne<ref group="A" name="p.168"/>.

Raymond delle Vigne décide de séparer la tête du reste du corps et l'envoie à Sienne<ref group="A" name="p.166"/>. Sa tête est translatée lors d'une cérémonie le 5 mai 1384 à l'église Saint-Dominique de Sienne, avec une grande fête, en présence de plus de 400 filles vêtues de blanc, ainsi que des dominicains, sa mère Lapa et de nombreuses personnes. Dans le même temps, un doigt de Catherine de Sienne est donné à Stefano Maconi, chartreux, relique qui est aujourd'hui exposée dans la basilique Santa Maria sopra Minerva<ref group="A" name="p.167">Modèle:P.</ref>. Un reliquaire avec une phalange du pouce de la sainte figure également dans la vitrine des reliquaires de la basilique San Domenico de Sienne, près de sa chapelle<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Une autre relique, celle de son pied gauche, est exposée dans la Basilique de San Zanipolo de Venise<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Elle a fortement influencé Rose de Lima et Kateri Tekakwitha, également déclarées saintes par l'Église catholique.

Des églises portent le nom de Catherine de Sienne. Les plus importantes en sont le sanctuaire Sainte-Catherine-de-Sienne et l'église Santa Caterina da Siena.

Sources de la biographie

Fichier:Francesco vanni, raimondo da capua, autore della leggenda maior di santa caterina, 1596, 02.jpg
et }}Modèle:S mini- siècles }} }}

Les principales sources biographiques de Catherine de Sienne sont assez précoces après sa mort. Bien que ces sources soient en grandes parties hagiographiques, dans la mesure où elles insistent principalement sur les évènements extraordinaires de sa vie en cherchant à les crédibiliser, elles ne sont cependant pas reniées comme sources historiques<ref group="C" name="p.40">Modèle:P.40</ref>. Ces sources n'offrent pas une description historique rigoureuse selon les critères modernes de l'histoire, mais elles permettent quand même une analyse historique, dans la mesure où de nombreux évènements de la vie de Catherine sont vérifiables à travers d'autres sources<ref group="C" name="p.40"/>.

La principale source provient de Raymond de Capoue, l'un des confidents de Catherine de Sienne, qui écrit sa biographie après sa mort, racontant de nombreuses anecdotes ou des faits dans le livre Modèle:Citation étrangère<ref group="A" name="p.15">Modèle:P.15</ref>. Il s'appuie sur sa connaissance de Catherine de Sienne mais aussi sur les confidences qu'il a pu recevoir des proches amis de Catherine de Sienne tels Modèle:Lang son confesseur, sa mère Lapa, ou des proches de sa famille<ref group="A" name="p.16">Modèle:P.16</ref>,<ref group="C" name="p.43">Modèle:P.43</ref>.

Les trois autres sources principales sur Catherine de Sienne sont celles écrites par Tommaso Caffarini, dominicain qui rencontre Catherine de Sienne et écrit Modèle:Citation étrangère, abrégé de confidences de Catherine de Sienne. Il écrit sa biographie après sa mort, racontant de nombreuses anecdotes ou des faits déjà présent dans le livre Modèle:Citation étrangère complété par des témoignages recueillis par ses soins<ref group="A" name="p.54">Modèle:P.54</ref>,<ref group="C" name="p.43"/>.

C'est aussi les écrits d'un anonyme, Modèle:Citation étrangère (Modèle:Citation), qui sont l'une des sources de sa biographie<ref group="C" name="p.44">Modèle:P.44</ref>. La dernière source importante est le procès en canonisation de Catherine de Sienne, dit Modèle:Citation, qui donne des indications sur sa vie<ref group="A" name="p.28">Modèle:P.28</ref>,<ref group="C" name="p.43"/>.

Les autres sources importantes de la biographie de Catherine de Sienne sont les nombreuses lettres qu'elle écrit. Ces lettres permettent de connaître ses différentes correspondants et le contenu de sa correspondance. Bien que recopiées à diverses reprises, elles sont cependant considérées par les recherches historiographiques de l'historien R. Fawtuer comme étant de Modèle:Citation<ref>R. Fawtier, L Canet, La double expérience de Catherine Benicasa, Paris, Gallimard, collModèle:Citation, Modèle:P.194</ref>.

Les écrits spirituels de Catherine de Sienne, les Oraisons, et le Dialogue, écrit ou recueillis par ses secrétaires ou ses proches sont les principales sources de sa pensée, permettant de connaître son évolution et sa pensée doctrinale<ref group="C" name="p.41">Modèle:P.41</ref>.

Iconographie catherinienne

Catherine de Sienne est rapidement devenue un sujet des peintres pendant la Renaissance<ref group="A" name="p.170">Modèle:P.170</ref>. La plus ancienne représentation connue de Catherine de Sienne est due au peintre Andrea Vanni, son contemporain et l'un de ses proches « Modèle:Lang », en 1390. Cette représentation sur un mur de l'église Saint-Dominique à Sienne a été déplacée dans la Chapelle des voûtes, en 1667, où elle est encore présente<ref group="A" name="p.170"/>.

De nombreuses représentations se développent autour de Catherine de Sienne, représentant les différents faits marquants de sa vie, notamment le « mariage spirituel » ou « mariage mystique »<ref group="Note">L'iconographie la représente souvent avec Jésus qui lui passe un anneau au doigt, et l'empereur Maximilien qu'elle refusa d'épouser, foulé à ses pieds. Cf. Modèle:Ouvrage</ref>, les stigmates, ou encore sa présence auprès du pape. Les peintres représentent aussi Catherine tenant un lys dans ses mains, symbole de sa virginité, ou des écrits<ref group="A" name="p.171">Modèle:P.171</ref>. En plus du lys et de l'habit religieux blanc à manteau bleu des dominicaines, elle est souvent représentée avec une couronne d'épines ou un crucifix, et parfois avec une discipline, un cœur à ses pieds, un crâne, un livre<ref>Gaston Duchet-Suchaux, Michel Pastoureau, La bible et les saints, guide iconographique, Paris, Flammarion, 1990 Modèle:ISBN, Modèle:P..</ref>. Les peintres la représentent à côté de la Vierge, ou d'autres saints, notamment les représentations de Notre Dame du Rosaire qui la représentent avec saint Dominique<ref group="A" name="p.170"/>. Le pape Pie IX la fait représenter dans la mosaïque de sa tombe, d'après un dessin de Lodovico Seitz, comme protectrice de la papauté, en train de tenir la tiare et la rapporter à Rome<ref group="A" name="p.173">Modèle:P.173</ref>.

Œuvres

Fichier:Caterina - Libro della divina dottrina, circa 1475 - 2367969.jpg
Libro della divina dottrina (v. 1475).

Modèle:Article détaillé Catherine de Sienne est entrée dans la postérité du fait de l'importance qu'ont prise ses écrits. Proclamée docteur de l'Église par le pape Paul VI, ce titre de l'Église catholique consacre l'importance de ses écrits, le titre de docteur de l'Église étant une reconnaissance de l'Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Catherine de Sienne, ne sachant pas écrire, dictait ses écrits. On note cependant trois grands types d'écrits de Catherine de Sienne : sa correspondance tout au long de sa vie, que ce soit à ses disciples, à Raymond de Capoue ou aux papes, son ouvrage Le Dialogue, qui est un traité spirituel, et ses Modèle:Citation<ref group="C" name="p.83">Modèle:P.83</ref>.

Les Modèle:Citation ou Modèle:Citation de Catherine de Sienne devaient être nombreuses, mais seulement 26 en ont été transmises. La première édition des oraisons a été publiée en 1500, dans une édition des lettres de Catherine de Sienne dans laquelle les Oraisons ont été publiées en appendice. En 1707, elles furent réimprimées, puis réimprimées de façon régulière à partir de 1886<ref group="C" name="p.83"/>. Ces Oraisons ont été écrites entre 1376 et 1380, sans doute par des disciples de Catherine de Sienne : elles ne furent pas dictées par Catherine de Sienne, mais plutôt recueillies par ses disciples<ref group="C" name="p.84">Modèle:P.84</ref>.

Le Dialogue, dicté par Catherine de Sienne à ses secrétaires, dont Étienne Maconi<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, connaît une renommée grandissante à partir de la canonisation de Catherine de Sienne. La première édition de son ouvrage a lieu à Bologne en 1472, alors que l'imprimerie n'est présente en Italie que depuis 5 ans<ref group="D" name="p.134"/>. Les rééditions à Venise sont particulièrement nombreuses : 1504, 1517, 1547, 1579, 1589<ref group="D" name="p.134"/>. Une traduction en latin est publiée en 1601 à Cologne, puis rééditée de manière régulière jusqu'au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. La proclamation de Catherine de Sienne comme docteur de l'Église en 1968 contribue à la réédition de ses œuvres, la dernière traduction en langue française étant faite en 1992 par Lucienne Portier<ref group="D" name="p.135">Modèle:P.135</ref>.

Voir aussi

Modèle:Autres projets Modèle:Catégorie principale

Bibliographie

Œuvre de Catherine de Sienne

Sources

Biographies

  • André Vauchez, Catherine de Sienne, Cerf, 2015
  • Christiane Rancé, Catherine de Sienne, Le feu de la sainteté, Le Seuil, 2008
  • Modèle:Mgr Lodovico Ferretti, Sainte Catherine de Sienne, Cantagalli, 1998
  • Émile Chavin de Malan, Vie de Catherine de Sienne, 1850
  • Bernard Sese, Petite Vie de Catherine de Sienne, Desclée de Brouwer, 2005
  • Modèle:Ouvrage

Études, essais

Revues

Émission de web TV

Articles connexes

Liens externes

Modèle:Liens

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Principales sources utilisées

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Modèle:Références

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Autres sources

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