Thelonious Monk

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Thelonious Monk, né le Modèle:Date de naissance à Rocky Mount (Caroline du Nord) et mort le Modèle:Date de décès à Englewood (New Jersey), est un pianiste et compositeur américain de jazz célèbre pour son style d'improvisation, ainsi que pour avoir écrit de nombreux standards de jazz.

Biographie

Origines familiales

Le nom de famille de Monk vient d'un certain Archibald Monk, propriétaire d'une plantation, qui avait comme esclave au milieu du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle l'arrière-grand-père de Thelonious Monk<ref name="theguardian">Modèle:Lien web.</ref>.

Jeunesse

Thelonious Sphere Monk naît à Rocky Mount en Caroline du Nord le Modèle:Date de naissanceModèle:Sfn. Il semblerait que le nom figurant sur l'acte de naissance soit « Thelious Junior Monk »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, probablement une mauvaise écriture de Thelonious Monk, Junior Modèle:Incise. Ce prénom vient d'un moine bénédictin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle ; le pianiste s'est inventé son deuxième prénom « Sphere », issu d'une déformation du nom de famille de sa mère, Speer<ref name="theguardian"/>.

En 1922, alors qu'il a quatre ans, le futur pianiste, sa mère Barbara, sa grande sœur Marion et son petit frère Thomas s'établissent à Manhattan, au 243 West 63rd Street, à proximité de l'Hudson River. Alors que la plupart des Noirs venus du Sud s'installaient plutôt à Harlem<ref name="Kelley Who"> Modèle:Lien web. </ref>, les Monk choisissent de s'installer dans ce quartier multi-ethnique où se côtoient Noirs-américains, Irlandais, Italiens, Juifs, mais où les affrontements entre communautés sont fréquents et la ségrégation très marquée<ref name="jerry">Modèle:Lien web.</ref>. Son père les rejoint trois ans plus tard, mais pour raisons de santé Modèle:Incise il retourne en Caroline du Nord<ref name="Kelley Who"/>.

Les parents de Thelonious jouent tous les deux du piano ; ils en achètent un, peu après leur arrivée à New York. Barbara emmène ses enfants au concert et paye des cours de piano à Marion. Thelonious, que sa mère destinait au violon, joue de la trompette quelque temps avant d'abandonner à cause d'un problème aux bronches<ref name="Kelley Who"/>. Quand il a Modèle:Unité, le professeur de sa sœur, Simon Wolff, lui donne des leçons de piano classique : Monk travaille ainsi Liszt, Chopin ou Rachmaninov<ref name="Minus"> Modèle:Lien web. </ref>. Il étudie également avec la pianiste de stride Alberta Simmons<ref name="Minus"/>, qui lui apprend également à faire le show<ref name="jerry"/>. Jeune adolescent, il joue à des fêtes et accompagne à l'harmonium sa mère qui chante dans l'église baptiste ; il remporte plusieurs concours de piano amateur à l'Apollo Theater<ref name="Kelley Who"/>.

Monk est un bon élève, très bon en mathématiques<ref name="Wilde Yanbekian"/>. Il suit des cours à la prestigieuse Stuyvesant High School, mais abandonne avant son diplôme pour se consacrer à la musique<ref name="Kelley Who"/>.

Débuts professionnels

En 1935, à Modèle:Unité, il participe à la tournée d'une évangéliste. En 1937, il fonde son quartet et joue dans des bars et des petits clubs à New York.

Il est réformé par l'armée pour « motifs psychiatriques ». En réalité, de nombreux Noirs-américains ont été dans le même cas, soit parce que l'armée ne voulait pas d'eux, soit parce qu'ils trouvaient des moyens d'éviter d'être engagés<ref name="jerry"/>,<ref group=n>Dizzy Gillespie a été réformé en racontant que ce n'était pas une bonne idée qu'il intègre l'armée : vu que des Blancs l'avaient tabassé toute sa vie, il ne pouvait pas garantir qu'il ne se mettrait pas à tirer, par erreur, sur ses compatriotes sur le terrain.</ref>. Monk a expliqué aux recruteurs qu'il ne pouvait pas participer à une guerre de Blancs dans un monde où les Noirs sont aussi mal traités<ref name="jerry"/>.

En 1941, il est le pianiste du Minton's Playhouse, un club de Harlem où la « révolution bebop » a commencé et où venaient jouer jusqu'au petit matin Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Mary Lou Williams, Kenny Clarke, Charlie Christian, Oscar Pettiford, Max Roach, Tadd Dameron ou encore Bud Powell<ref name="Kelley Who"/>. Très populaire dans le milieu du jazz<ref name="jerry"/>, le jeu de Monk et ses inventions harmoniques influencent énormément le développement du bebop, et plusieurs de ses compositions (52nd Street Theme, 'Round Midnight, Epistrophy, I Mean You) sont jouées par ses contemporains<ref name="Kelley Who"/>. Avec Dizzy Gillespie, Charlie Parker ou Bud Powell, il fréquente presque quotidiennement la pianiste et compositrice Mary Lou Williams, qui lui donne des conseils et accompagne cette nouvelle génération de musiciens<ref>Modèle:Lien web.</ref>, qu'elle invite à son émission de radio hebdomadaire sur WNEW, Mary Lou Williams's Piano Workshop<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Malgré cela, Monk ne rencontre pas le succès, et le public comme la plupart des critiques le rejettent<ref name="Kelley Who"/>. Coleman Hawkins est le premier à engager Monk comme pianiste régulier de son groupe, et le premier à le faire enregistrer en 1944<ref name="disco">Modèle:Lien web.</ref>. Hawkins aidera Monk en début de carrière, et Monk lui retournera la pareille en l'invitant à le rejoindre lors de sessions avec John Coltrane en 1957. Il joue également dans le big band de Dizzy Gillespie<ref>Modèle:Lien web.</ref> et pendant l'automne 1945 il joue dans l'orchestre d'Andy Kirk au New Cotton Club<ref name="Schaap"/>.

Fichier:Thelonious Monk, Howard McGhee, Roy Eldridge, and Teddy Hill, Minton's Playhouse, New York, N.Y., ca. Sept. 1947 (William P. Gottlieb 06201).jpg
Thelonious Monk, Howard McGhee, Roy Eldridge et Teddy Hill devant le Minton's Playhouse à New York, septembre 1947.

Époque Blue Note

En 1947, alors qu'il a déjà 30 ans, il enregistre pour la première fois sous son nom pour Blue Note, à l'époque un petit label. Ces enregistrements mettent en valeur ses talents de compositeur, Blue Note ayant alors l'habitude d'offrir plusieurs séances de répétitions à ses musiciens et à privilégier les arrangements élaborés<ref name="jerry"/>. Ces disques sont pourtant des échecs commerciaux<ref name="Kelley Who"/> et critiques<ref name="jerry"/>.

En 1948, il se marie avec Nellie Smith. De leur union naîtra un fils, Thelonious Sphere (T.-S.) Monk (1949), qui deviendra batteur de jazz, et une fille, Barbara (1953-1984). Alors qu'il a besoin d'argent pour sa famille, les années suivantes sont frugales : ses enregistrements sont des échecs et il ne participe qu'à une session d'enregistrement en 1950 avec l'orchestre de Dizzy Gillespie<ref name="disco"/>. Désœuvré, il passe apparemment le plus clair de son temps à jouer au basket dans la rue<ref name="Schaap">Modèle:Lien web.</ref>. Pendant ce temps, Nellie travaille comme couturière. Elle est la principale source de revenus du foyer, mais pour autant ne cesse d'encourager Monk coûte que coûte dans la carrière musicale<ref name="jerry"/>.

En Modèle:Date-, la police de New York découvre de la drogue dans la voiture de Monk et de Bud Powell. La drogue appartient sans doute à Powell mais Monk refuse de témoigner contre son ami. Comme c'est la deuxième fois que Monk est arrêté (la première fois en 1948 pour possession de marijuana<ref name="Kelley Who"/>), la police lui confisque pour six ans sa carte lui permettant de jouer dans les clubs de Manhattan<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Sans le sou, ne pouvant jouer dans les clubs réputés de la 52e rue, Monk est contraint de jouer dans des petits dancings de Brooklyn ou du Bronx, comme le Tony’s Café<ref name="Henri Renaud">Modèle:Lien web.</ref>. Il joue également à des cocktails ou à des Bar Mitzvah pour quelques dollars<ref name="jerry"/>.

Époque Prestige

En 1952, il signe avec le label Prestige pour Modèle:Unité. Bob Weinstock, producteur chez Prestige, cherche à faire des disques pour le moins d'argent possible, sans répétition, en deux ou trois prises<ref name="jerry"/>. Monk enregistre Thelonious Monk Trio, Monk et Thelonious Monk and Sonny Rollins. Prestige l'engage également comme sideman<ref name="jerry"/>, il collabore avec Art Blakey et en 1954, il participe aux albums de Miles Davis Bags' Groove et Miles Davis and the Modern Jazz Giants.

En 1954, Monk vient pour la première fois en Europe ; il joue et enregistre à Paris, où il se fait copieusement huer<ref name="Henri Renaud"/>. Il rencontre la baronne Pannonica de Koenigswarter Modèle:Incise « Nica », membre de la branche anglaise de la famille Rothschild et mécène de plusieurs musiciens de jazz new-yorkais. Elle restera une amie intime toute sa vie.

Époque Riverside

Au moment de signer pour le label Riverside, en 1955, Monk, reconnu par le milieu du jazz, n'est toujours pas apprécié du grand public, considérant sa musique comme peu accessible. Riverside convainc Monk d'enregistrer deux albums ne contenant que ses interprétations de standards de jazz : Thelonious Monk Plays Duke Ellington et The Unique Thelonious Monk. Le pianiste enregistre ensuite Brilliant Corners, album contenant beaucoup de compositions originales souvent considéré comme un de ses meilleurs<ref> Modèle:Lien web. </ref>.

En 1956, à la suite d'un accident de voiture, il est hospitalisé à l'hôpital Bellevue<ref name="jerry"/>.

En 1957, grâce à l'aide de Pannonica de Koenigswarter, Monk récupère sa carte de musicien l'autorisant à jouer dans les clubs de New York. Il peut ainsi à nouveau être présent sur la scène jazz la plus importante au monde. Durant la période qui suivit il joua abondamment au Five Spot Café dans le cadre d'un quartet comprenant par moments un jeune saxophoniste montant, John Coltrane. Les deux musiciens enregistrent Thelonious Monk with John Coltrane ; on peut également les entendre sur Thelonious Monk Quartet with John Coltrane at Carnegie Hall, enregistré en 1957 et publié en 2005.

Sa carrière commence alors à décoller, et ses finances s'améliorent : Nellie n'est plus obligée de travailler<ref name="jerry"/>. Il joue avec Johnny Griffin, Sonny Rollins, Art Blakey, Clark Terry et Gerry Mulligan.

Fin 1958, Monk et Charlie Rouse sont dans la voiture de Pannonica de Koenigswarter qui les conduit à une date à Baltimore. Durant leur traversée du Delaware, Monk a soif, ils s'arrêtent dans un motel pour demander un verre d'eau. Les propriétaires du motel, racistes, refusent de le servir, alors que Monk refuse de partir tant qu'il n'aura pas son verre d'eau. La police arrive et jette Monk dehors, puis le laisse partir<ref name="jerry"/>. La police les arrête cependant sur l'autoroute et tabassent Monk à coup de matraque. Monk se défend, il est embarqué ; la voiture de Pannonica est fouillée illégalement (les policiers n'ont pas de mandat) et trouvent un peu de marijuana dans le sac de Pannonica. La plainte contre elle n'aboutira pas<ref name="jerry"/>. Monk est condamné pour trouble à l'ordre public, sa carte de club lui est à nouveau confisquée pour un an et demi, jusqu'en début 1960<ref name="jerry"/>.

En 1959 est enregistré The Thelonious Monk Orchestra at Town Hall, avec des arrangements de big band de Hall Overton, qui est un succès critique et public<ref name="Kelley Who"/>.

Le Modèle:Date-, il enregistre de la musique pour le film Les Liaisons dangereuses 1960 de Roger Vadim : six compositions, un blues improvisé (Six in One) et un spiritual qu'il jouait dans les années 1935 alors qu'il accompagnait un évangéliste<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Époque Columbia

En 1961, Monk a un quartet régulier avec le saxophoniste Charlie Rouse, le contrebassiste John Ore (plus tard remplacé par Butch Warren puis Larry Gales) et le batteur Frankie Dunlop (plus tard Ben Riley).

En 1962, Monk signe chez Columbia, un des plus importants labels de l'époque. Le premier album de cette nouvelle période sera produit par Teo Macero<ref>Marmorstein, Gary. The Label The Story of Columbia Records. New York: Thunder's Mouth, 2007, pp. 314-315.</ref> et intitulé Monk's Dream, suivi par Criss Cross (1963).

En 1963, il joue au Lincoln Center, tourne en Europe et autour du monde. En 1964, il est le troisième musicien de jazz à figurer en couverture de Time<ref name="Kelley Who"/>.

Fichier:Thelonious Monk.jpg
Thelonious Monk en concert à Bruxelles le Modèle:Date-.

Avec sa célébrité viennent les commentaires sur ses excentricités, souvent exagérées. On invente alors de toutes pièces un personnage, celui de Monk reclus, naïf voire idiot, un génie musical dont le talent n'est pas le résultat de son travail mais d'une intuition innée<ref name="Kelley Who"/>.

Au cours des années 1960, malgré le succès, il semble que l'inspiration de Monk s'épuise : il joue surtout des morceaux qu'il a déjà enregistrés, et compose peu, ou alors des morceaux basés sur des grilles de standards de jazz, comme Bright Mississippi qui est un décalque de Sweet Georgia Brown<ref name="Schaap"/>. Il faut tout de même noter l'unique morceau en mesure à Modèle:Mesure composé par Monk, Ugly Beauty, qui figure sur Underground (1967)<ref name="Ugly"/>.

Le Modèle:Date-, Monk est invité par Danny Scher, un jeune lycéen de Modèle:Unité Modèle:Incise, à jouer dans le lycée de Palo Alto en Californie. Dans un contexte marqué par la mort de Martin Luther King et de Robert F. Kennedy, Scher cherche à rapprocher la population majoritairement blanche de Palo Alto et celle majoritairement noire d'East Palo Alto<ref name="Zimmerman">Modèle:Lien web.</ref>, où se déroulait des manifestations pour les droits civiques<ref name="Chinen">Modèle:Lien web.</ref>. Danny Scher colle lui-même les affiches pour ses concerts, à côté de celles promouvant le référendum demandant à ce qu'East Palo Alto soit renommé « Nairobi »<ref name="Chinen"/>. La police s'oppose à ce concert, qui se tiendra quand même devant une foule nombreuse et enthousiaste<ref name="Zimmerman"/>. Un agent d'entretien noir a proposé à Scher d'accorder le piano en échange de l'autorisation d'enregistrer le concert<ref name="Zimmerman"/>. Les bandes paraissent sous le titre Palo Alto en 2020 chez Impulse!, avec l'accord du fils du pianiste T. S. Monk<ref name="Chinen"/>. C'est d'ailleurs le premier album de Monk sur ce label<ref name="Zimmerman"/>.

Columbia commence à viser un public plus jeune et friand de rock, et délaisse ses musiciens de jazz. Le dernier album de Monk en tant que leader est Modèle:Lien, sorti en 1968, avec des arrangements pour big band écrits par Oliver Nelson. Cet album est généralement considéré comme raté par la critique<ref> Modèle:Lien web. </ref>, et est un échec commercial<ref name="Kelley Who"/>.

Fin de carrière et décès

En Modèle:Date-, Charlie Rouse quitte le quartet de Monk. Columbia le laisse tomber en 1972. La santé du pianiste commence à se détériorer, il n'enregistre plus et se produit de moins et moins, avec un groupe qui comprend les saxophonistes Pat Patrick et Paul Jeffrey et son fils T. S. Monk à la batterie<ref name="Kelley Who"/>.

Le dernier enregistrement studio de Monk date de novembre 1971 chez Black Lion Records. La même année, il tourne au sein du groupe Modèle:Lien, qui comprend également Art Blakey, Dizzy Gillespie, Al McKibbon, Sonny Stitt et Kai Winding.

Le Modèle:Date-, Thelonious Monk joue son dernier concert accompagné de Paul Jeffrey, Larry Ridley, et de son fils T. S. Monk.

Fatigué, malade, souffrant d'hypertrophie bénigne de la prostate<ref name="jerry"/>, il vit chez Pannonica de Koenigswarter les six dernières années de sa vie sans toucher le piano, parlant très peu. Il subit une attaque cérébrale le Modèle:Date-, il reste dans le coma et meurt le Modèle:Date-<ref name="Kelley Who"/>. Il est enterré au Cimetière de Ferncliff à Hartsdale, New York.

Personnalité

Personnage complexe, Monk a souvent été caricaturé et présenté comme un solitaire, un naïf voire un idiot, un génie dont le talent est inné<ref name="Kelley Who"/>.

Peu loquace au point de rendre en général l'exercice de l'interview compliqué<ref name="Wallace">Modèle:Lien web.</ref>, Monk est effectivement un excentrique prêtant grand soin à sa façon de s'habiller, flashy et élégante à la fois, choisissant avec soin les étranges chapeaux qu'il portait en permanence<ref name="Iverson Yorker"/>,<ref name="Hersch">Modèle:Lien web.</ref>. Il avait un humour assez particulier, souvent mal compris<ref name="Kelley Who"/>. Monk était très conscient de ses actes et de leur perception, ses excentricités ne sont pas le fruit de sa maladie, mais plutôt un goût et un choix personnel, comme il le laisse entendre lui-même à l'auteur Frank London Brown : Modèle:Citation

En réalité, il n'est pas un solitaire : simplement, quand il ne travaille pas, il reste chez lui près de sa famille dont il est très proche<ref name="Kelley Who"/>. Il vit une vie de famille tout à fait ordinaire<ref name="Minus"/>, participe aux fêtes, aux anniversaires, et écrit des morceaux pour ses enfants : Little Rootie Tootie pour son fils, Boo Boo’s Birthday et Green Chimneys pour sa fille. Il écrit également une chanson de Noël, A Merrier Christmas<ref name="Kelley Who"/>. C'est un père attentif et attentionné, ayant par exemple toujours refusé tout châtiment corporel à une époque où ils étaient presque la normeModèle:Sfn. Il est également féru de sports et de jeux : basket-ball, ping pong, billard ou yahtzee auquel il pouvait jouer de longues heures avec sa femme Nelly<ref name="10 Things"/>.

Il était connu pour être toujours en retard, peut-être même par moments boire beaucoup et fumer du cannabis<ref name="Minus"/>,<ref name="Wallace"/>. Le très professionnel Dizzy Gillespie l'a ainsi renvoyé de son orchestre dans les années 1940, lassé qu'il ne soit jamais à l'heure, voire qu'il ne vienne pas du tout<ref name="Schaap"/>. Pour Modèle:Lien, ses retards sont à comprendre comme une forme de protestation contre le fait qu'il n'était pas assez payé. Il ne faut de plus pas exagérer ces retards : il est très ponctuel dans les années 1960, alors qu'il tourne beaucoup, qu'il a des problèmes d'insomnies et des traitements médicaux<ref name="jerry"/>.

Maladie

D'après son biographe Modèle:Lien, Monk était bipolaire<ref name="Iverson Yorker"/>, trouble dont les premiers symptômes sont visibles dans les années 1940<ref name="jerry"/>. Il était sujet à des crises, parfois espacées de plusieurs mois, entre lesquelles il était parfaitement normal<ref name="jerry"/>.

Dans les années 1960, alors que Monk accède à la reconnaissance critique et publique, les difficultés mentales et physiques s'accumulent, exacerbées par un mauvais traitement médical et par un rythme de vie stressant et fatigant, la vie de musicien de jazz n'étant pas simple<ref name="jerry"/>.

Il faudra attendre 1972 pour qu'il soit diagnostiqué<ref name="Lizzie"/>, et traité par lithium et Thorazine<ref name="jerry"/>. On lui administre également de l'adrénaline, qui, mélangé à la Thorazine, détériore son état<ref name="Lizzie"/>.

Ses légers excès d'alcool (il a arrêté de boire à la fin de la cinquantaine) et de drogue peuvent avoir été une façon pour lui de surmonter ce trouble, n'ayant pendant longtemps été ni traité ni diagnostiqué<ref name="Minus"/>. Il n'a cependant jamais été dépendant<ref name="Lizzie">Modèle:Lien web.</ref>.

À partir des années 1970, il a également souffert d'hypertrophie bénigne de la prostate, l'amenant à lutter contre l'incontinence lors de ses derniers concerts<ref name="jerry"/>.

Style

Monk a toujours cherché à être original, tant dans son jeu que dans ses compositions<ref name="harris">Modèle:Lien web.</ref>. Son style a suscité les plus vives réactions, tant il bouscule la mélodie, l'harmonie et le rythme.

Influences

La musique de Monk, même si elle est radicalement moderne, est profondément ancrée dans la tradition du jazz : blues, swing de Kansas City, boogie-woogie et stride<ref name="Iverson Variants">Modèle:Lien web.</ref>, notamment Earl Hines<ref name="Hersch"/>. D'après Monk lui-même, sa principale influence est le pianiste de stride James P. Johnson<ref name="Henri Renaud"/>. On peut également faire un rapprochement avec Duke Ellington pour le jeu de piano<ref>Modèle:Article.</ref>, même si Monk ne s'en est pas réclamé<ref name="Henri Renaud"/> : il a même prétendu avoir découvert les standards du Duke qu'il interprète sur Thelonious Monk Plays Duke Ellington<ref name="Wilde Yanbekian"/>.

Bebop

Monk a affirmé avoir été à l'origine du développement du bebop. Ces déclarations de Monk sont à remettre dans leur contexte : à la fin des années 1940, Parker ou Gillespie sont des stars du jazz, alors que Monk reste dans l'anonymat et la précarité. Affirmer son importance dans le bebop, c'est aussi chercher à trouver des engagements et à vendre des disquesModèle:Sfn.

Le style personnel de Monk ne s'inscrit pas vraiment dans les canons du bebop, pour autant, son travail harmonique, avec ses renversements particuliers et ses accords de passages inédits, a eu une énorme influence sur tous les musiciens du bebop<ref name="Henri Renaud"/> : de Dizzy Gillespie à Bud Powell en passant par Tadd Dameron, tous sont venus le voir pour qu'il leur montre au piano ses accordsModèle:Sfn.

Fichier:Nachtconcert van Thelonious Monk in het Concertgebouw, Bestanddeelnr 912-3527.jpg
Thelonious Monk en concert à Amsterdam le 15 avril 1961.
Jeu au piano

Le style pianistique de Monk est l'un des plus facilement identifiables de l'histoire du jazz<ref name="Henri Renaud"/>. Alors que ses contemporains de l'époque bebop jouaient des accords simplifiés à la main gauche et des lignes mélodiques rapides à la main droite, Monk accorde la même importance au jeu de ses deux mains, avec une main gauche jouant des rythmes issus du stride ou beaucoup plus anguleux<ref name="Kelley Who"/>. Son jeu est très physique et met en jeu tout son corps : il n'hésite pas à arrêter de jouer pour danser quand le groupe swingue<ref name="Iverson Yorker"/>.

Monk joue très souvent des intervalles dissonants de seconde (majeure ou mineure). Il dit avec humour qu'Modèle:CitationModèle:Sfn. Mais loin d'être des fausses notes (ailleurs Monk les qualifie de « fausses erreurs »), leur répétition fait œuvre de procédé : on peut y lire une volonté d'imiter les glissandos entre deux notes que produit la voix ou les instruments à cordesModèle:Sfn.

Malgré tout, il ne faut pas oublier que Monk a d'abord été formé à la musique classique<ref name="10 Things"> Modèle:Lien web. </ref>. La pianiste et compositrice Mary Lou Williams, qui a rencontré Thelonious Monk au milieu des années 1930 à Kaycee dans le Wyoming, alors qu'il n'a pas encore 20 ans, raconte qu'à l'époque, Modèle:Citation Il existe d'ailleurs une bande où l'on entend Monk jouer un arrangement de All God’s Children Got Rhythm de Mary Lou Williams, il y montre un jeu assez différent de son style habituel, plus « conventionnel ». Il joue le morceau plusieurs fois, le rendant de plus en plus « monkien »<ref name="Iverson documents"/>.

Plusieurs musiciens, parmi lesquels Miles Davis, Lennie Tristano ou Oscar Peterson, admiraient les compositions de Monk tout en rejetant son jeu de piano<ref name="Iverson Yorker">Modèle:Article.</ref>.

Accords

Les accords de Monk sont autant harmoniques que le résultat d'un travail sur le son et le timbre. Il joue par exemple sur les résonances en distribuant parfois quelques notes sur plusieurs octaves, aboutissant à des combinaisons surprenantes (par exemple associer la septième mineure et la septième majeure, ou la 9e juste et la 9e diminuée) mais qui trouvent du sens en regard des différentes harmoniques des sons<ref name="Iyer">Modèle:Lien web.</ref>.

Il est également connu pour l'utilisation récurrente de quinte diminuées (ou 11eModèle:Dièse) et de septièmes mineures<ref name="Iyer"/>.

Monk est un des premiers à utiliser des accords demi-diminués dans le jazz (par exemple Do Mi Modèle:Bémol Sol Modèle:Bémol Si Modèle:Bémol), tels que l'on peut en entendre dans 'Round Midnight<ref name="Henri Renaud"/>. Il utilise également très fréquemment des substitutions tritoniques.

Rythme

Tous les morceaux de Monk (à l'exception d'Ugly Beauty<ref name="Ugly"> Modèle:Lien web. </ref>) sont écrits à quatre temps. Le pianiste mettait un point d'honneur à ce que chaque morceau, chaque musicien « swingue »<ref name="Henri Renaud"/> : il a beaucoup joué dans des orchestres de danse où le rythme est central<ref name="Wallace"/>.

Monk est connu pour ses silences, qui créent des espaces alors inédits dans le jazz. Il n'était pas rare qu'il s'arrête de jouer pour laisser la place aux autres musiciens<ref name="Kelley Who"/>, comme le raconte Miles Davis : Modèle:Citation

Compositions

Thelonious Monk a beaucoup composé, et nombre de ses morceaux sont devenus des standards de jazz : Ask Me Now, Blue Monk, Epistrophy, In Walked Bud, 'Round Midnight, Straight, No Chaser, Well, You Needn'tModèle:Etc

Modèle:Article détaillé

Discographie

De son vivant, plus de Modèle:Unité de Thelonious Monk ont été publiés, sous son nom ou sous le nom d'autres musiciens. Depuis sa mort, d'autres enregistrements sont disponibles : par exemple en 2005 un inédit live avec John Coltrane.

Modèle:Article détaillé

Hommages et postérité

Distinctions

Dans la musique

Plusieurs musiciens ont écrit des compositions en hommage à Monk, notamment<ref name="Iverson Yorker"/>,<ref name="Iverson documents"> Modèle:Lien web. </ref> : Modèle:Colonnes

De nombreux musiciens ont enregistré des albums reprenant les compositions de Monk, notamment les pianistes Bud Powell, Tommy Flanagan, Fred Hersch ou Laurent de Wilde, les saxophonistes Steve Lacy ou Pierrick Pédron, le guitariste Éric Löhrer, le trompettiste Wynton Marsalis, le batteur Paul Motian ou la chanteuse Carmen McRae. Modèle:Article détaillé

Le Thelonious Monk Institute of Jazz est créé en 1986 par la famille de Monk et Maria Fisher. Sa mission est d'offrir des cours de jazz dans les écoles publiques dans le monde entier. Un prestigieux concours annuel est organisé depuis 1987.

Noms donnés en son honneur

Voir aussi

Bibliographie

Ouvrages

Articles

Filmographie sur Thelonious Monk

Liens externes

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Notes

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Références

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Annexes

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Articles connexes


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