Ludwig Tieck

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Modèle:En-tête label Modèle:Infobox Écrivain

Johann Ludwig Tieck, né le Modèle:Date de naissance à Berlin et mort le Modèle:Date de décès dans la même ville, est un poète allemand, traducteur, éditeur, romancier et critique, écrivain du premier romantisme, celui du Cercle d'Iéna, aux côtés des frères Schlegel, de Caroline et Friedrich Schelling, de Novalis, de Fichte. Fils d'un marchand de laine, il étudia la théologie, la philosophie, la littérature. Il séjourna en Italie durant la période 1804-1805, en Angleterre en 1817, où il étudia de près Shakespeare. Il fut dramaturge à la cour de Dresde dès 1825, et appelé à celle du roi Modèle:Souverain3 à partir de 1841.

Il est considéré comme une figure majeure du romantisme allemand, et comme l'un des principaux représentants de l'ironie romantique, théorisée par Friedrich Schlegel, assumée par les proches du Cercle d'Iéna (Modèle:Lien, Novalis, Schleiermacher), composante essentielle du mouvement de la réévaluation esthétique initiée par les romantiques, et qui trouvera chez Ludwig Tieck sa réalisation dans les structures narratives du Chat botté (1797) au théâtre, ou du conte Eckbert le Blond (1797).

Sa notoriété en France provient d'abord de ses contes ; il est à cet égard considéré comme le prédécesseur indispensable d’E. T. A. Hoffmann, qui fut importé par les romantiques et particulièrement admiré en France dans les années 1820.

Il est jugé en Allemagne comme le plus brillant des premiers scripteurs de contes populaires (Volksmärchen), dont la redécouverte par les romantiques visait à exhumer et illustrer un rapport magique au monde.

Ludwig Tieck fut particulièrement proche de Novalis dans les années précédant la mort du poète, et d'August Schlegel, à l'aide duquel il mit la dernière main, en 1833, à une traduction des œuvres de Shakespeare, initiée au début du siècle, et considérée dans toute l'Europe comme l'étalon-or des travaux germaniques à venir sur le dramaturge<ref group="n">Dans http://www.dw.com/en/londons-globe-theatre-honors-shakespeares-german-connection/a-6213792, page consultée le Modèle:Date- : « It was the Schlegel-Tieck edition of 1833 that set the gold standard for Shakespeare translation and laid the foundations for successive generations of German writers to attempt their very own versions. »</ref>.

Biographie

Fichier:Duttenhofer, Luise, Ludwig Tieck (sitzend).jpg
Ludwig Tieck assis, par Modèle:Lien.

Enfance berlinoise

Fichier:Berlin Vue de Marché de Hack 1780.jpg
Berlin, vue du Marché de Hack en 1780.

Ludwig Tieck est le fils d'un autoritaire marchand de laine de Berlin<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref group="n">D'autres sources (Catherine Morris Cox (dir.), Genetic studies of Genius, Modèle:Vol., The Early Mental Traits of Three Hundred Geniuses, Stanford University California, Stanford University Press, 1926, Modèle:P.), reprenant la tradition biographique de L. Tieck initiée par Köpke en 1855, indiquent que son père était "fabricant de cordes".</ref>. Son frère Friedrich est sculpteur et sa sœur Sophie est femme de lettres. Il découvre dans la bibliothèque de son père Modèle:Langue de Goethe, les Brigands de Schiller, Shakespeare et Cervantès<ref>Cf. Alfred Edwin Lusky, Tieck's Approach to Romanticism, R. Noske, 1925, Modèle:P.</ref> ; son père lui lit à voix haute une traduction de La Pluralité des mondes de Fontenelle<ref name="Ludwig Tieck: A Literary Biography">Cf. Roger Paulin, Ludwig Tieck: A Literary Biography, Oxford, Clarendon Press, 1985, Modèle:P.</ref>. En 1782, Tieck se trouve scolarisé au lycée de Friedrichswerder, où il travaille à de premiers travaux littéraires sous la férule de ses professeurs, August Ferdinand Bernhardi, son futur beau-frère, et Modèle:Lien - des Modèle:Citation Talent précoce, « prodige<ref name="Ludwig Tieck: A Literary Biography" /> », il participe à l'écriture de Thaten und Feinheiten renommirter Kraft und Kniffgenies de Rambach (1790), et compose le chapitre Ryno, sous le pseudonyme d'Ottokar Sturm<ref>Erhart Schütz, Brigitte Peters, « Ludwig Tieck (1773-1853): "lasst uns, da es uns vergönnt ist, vernünftig seyn ! - », Herausgeben vom Institut für deutsche Literatur der Humboldt Universität zu Berlin, Peter Lang, Publikationen zur Zeitschrift für Germanistik, 2003, Modèle:P.</ref>, inséré dans le roman de Rambach, Le Masque de fer (Die eiserne Maske, 1792).

Le père de Tieck tâche cependant de décourager son fils de se lancer dans une carrière littéraire<ref>Cf. Roger Paulin, Ludwig Tieck: A Literary Biography, Oxford, Clarendon Press, 1985, Modèle:P.</ref>, et à partir de 1792 Tieck étudie la théologie à Halle, à Göttingen où il ébauche son premier roman, William Lovell, achevé en 1796 ; et enfin à Erlangen<ref name="ERE">Modèle:Ouvrage</ref>. Son amitié avec son frère de lait<ref>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>, fils d'un juge, Wilhelm Heinrich Wackenroder, lui ouvre les portes de la bonne société et renforce son désir de devenir écrivain. Wackenroder devient son compagnon d'errance<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, aux côtés duquel il voyage en Franconie durant l'été 1793 - voyage dont les deux compères tirent un manifeste esthétique inspiré de la vision des églises baroques du Sud de l'Allemagne, du Nuremberg gothique<ref>Cf. « Tieck », Dictionnaire de la littérature allemande (version numérisée), Encyclopædia Universalis France, 2016</ref>, Les Effusions d'un moine, ami des arts (Herzensergiessungen eines kunstliebendes Klosterbruders), et un ouvrage commun : Les Voyages<ref group="n">Le mot voyage, généralement utilisé en français pour traduire le concept du Wanderer allemand, n'en reprend qu'imparfaitement le sens ; le Wanderer est aussi un Errant.</ref> de Franz Sternbald (Franz Sternbalds Wanderungen, achevé après la mort de Wackenroder en 1798), qui reprend la figure du Wanderer cher aux romantiques allemands (les Modèle:Lien de Goethe, composés en 1776 et 1780 ; le poème Der Wanderer de Hölderlin, écrit sous sa première forme en 1797). En 1794, il déménage à Berlin<ref name="ERE"/> et obtient un premier succès avec Peter Lebrecht, histoire sans aventure (1795). Eckbert le Blond (1797) le voit appliquer ses talents à la forme de la nouvelle. Tieck fréquente durant cette période les salons d'Henriette Herz, de Rachel Levin et de Dorotha Veit, où il rencontre les frères Auguste et Friedrich Schlegel.

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Wilhelm Heinrich Wackenroder.

De toutes les fréquentations de Tieck Modèle:Incise le philosophe Friedrich Nicolai, figure importante de l'Aufklärung berlinoise, est pour le jeune écrivain, outre son éditeur, le soutien le plus systématique à sa volonté de créer. De 1795 à 1797, il publie les œuvres de Tieck (entre autres Abdallah, Peter Lebrecht, William Lovell), qui écrit alors sous le pseudonyme de Straußfedern<ref group="n">C'est-à-dire : Plumes d'autruche, qui est aussi le nom donné, en 1787, à un "Ruban de petites histoires" (Ein Bändchen kleiner Erzählung, sous-titre de l'ouvrage), recueil de nouvelles de Johann Karl August Musäus.</ref> ; mais à partir du moment où Tieck délaisse les influences d'autres (Klinger, Rousseau<ref>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>) pour développer dans ses récits la tonalité ironique (ce que Nicolai nomme « excentricité<ref>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref> ») qui deviendra la marque du romantisme, la rupture entre l'éditeur et l'écrivain est consommée. Modèle:Citation À ce moment, il abandonne le style Modèle:Citation. Il écrit dans cette veine Le Chat botté (Der gestiefelte Kater, 1797), où perce l'ironie romantique, paru cent ans après le conte de Perrault.

Iéna (1799-1800)

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Vue d'Iéna vers 1790.
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Ferdinand Collmann, portrait de Friedrich Nicolai (ca. 1790).

Ludwig Tieck épouse en 1798 Amalie Alberti<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. L'année suivante, ils s'installent à Iéna<ref name="ERE" /> avec leur fille Dorothea tout juste née<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Iéna est à ce moment de l'histoire allemande le « centre de la philosophie post-kantienne<ref>Modèle:Ouvrage</ref> », et Auguste Schlegel y enseigne à l'université dès 1798. Ludwig Tieck s'installe non loin des Schlegel, et publie à Iéna des textes illustrant les concepts novateurs du romantisme développés dans l'Athenaeum de Friedrich Schlegel. Il y écrit ses pièces les plus connues : Barbe-Bleue (1799), Le Monde à l'envers (1799), Le Prince Zerbino (1799)<ref name="Paulin">Modèle:Ouvrage</ref> et la tragédie de Genoveva (Leben und Tod der heiligen Genoveva, 1799), qui servira de base au livret de l'opéra de Schumann<ref>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>. Il rencontre également le poète Novalis, deux ans avant sa mort. Modèle:Citation Novalis, à cette occasion, juge en effet favorablement le talent imaginatif et tout d'instincts énergiques de son nouvel ami, et lui écrit : Modèle:Citation

Aux côtés de Friedrich et August Wilhelm Schlegel, de leurs compagnes respectives Dorothea Veit et Caroline Böhmer, Novalis, de Friedrich Schleiermacher, de Friedrich Schelling et de Johann Gottlieb Fichte, Ludwig Tieck complète le Cercle d'Iéna, centre du Frühromantik, le premier romantisme allemand.

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Illustration d'une Berceuse de Tieck (Schlaflied) par Ludwig Richter.
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Illustration pour la Genoveva de Tieck.

Après son départ d'Iéna en 1800, il voyage à Hambourg, Dresde, Rome, Prague, Berlin, et enfin en Angleterre, et en 1801 il achève sa traduction de Don Quichotte. De retour d'Italie, il commence à ressentir les premiers effets de la goutte<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, qui devait empirer tout au long de sa vie.

En 1802, son nouveau mécène le comte Finck von Finckenstein le fait venir à Ziebingen près de Francfort-sur-l'Oder<ref name="ERE"/>, puis l'invite régulièrement dans son château d'Alt Madlitz sur l'autre rive de l'Oder<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. À la faveur d'un voyage à Rome en 1806, il rencontre une première fois Samuel Coleridge avec qui il discute des travaux d'Auguste Schlegel initiés dès 1797 sur Shakespeare<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Coleridge sera, avec Thomas Carlyle qui le traduira à partir de 1825, l'un des passeurs principaux de l’œuvre de Ludwig Tieck en Angleterre<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

En 1807, Tieck et sa famille déménagent dans la propriété de son ami Wilhelm von Burgsdorff<ref>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>, considéré comme le véritable père de sa seconde fille, Agnes<ref name=":4">On trouve cette allégation dans Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Cf. également John Sayer, Wolf Graf Baudissin, Life and Legacy, Zurich, Lit Verlag & Co, 2015, Modèle:P.</ref> (1802-1880).

Dresde (1819-1841)

Fichier:Johan Christian Dahl, Dresde en 1839 (détail).jpg
Johan Christian Dahl, Dresde en 1839 (détail).
Fichier:Portrait of Ludwig Tieck, made by Carl Christian Vogel von Vogelstein (Dresde, 1828).jpg
Portrait de Ludwig Tieck, fait par Carl Christian Vogel von Vogelstein (Dresde, 1828).

À la mort du duc von Finckenstein en 1818, sa fille (et l'amante de Tieck<ref name=":4" />) la duchesse Henriette Gräfin von Finckenstein (1774-1847) accompagne les Tieck à Dresde, où ils s'établissent à partir de 1819<ref name="ERE"/>. Ludwig Tieck y travaille à ses traductions de Shakespeare aux côtés d'Auguste Schlegel, avant tout comme coordinateur et éditeur<ref name="ERE"/>. Il entretient à ce moment avec Schlegel des rapports orageux, lesquels ont pour cause les « corrections minimes » (« kleinern Korrekturen ») qu'il prétend apporter à la traduction de son collaborateur<ref>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>. Ces traductions sont achevées par sa fille Dorothea aux côtés de Wolf von Baudissin en 1833, et publiées sous le nom de Conversations nocturnes (Abendgespräche) en 1839.

Tieck travaille bénévolement en tant que directeur du théâtre de la cour<ref name="ERE" />, lequel, sous sa direction, améliore grandement sa réputation<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

C'est à Dresde que Tieck acquiert sa réputation de lecteur hors-pair, laquelle réputation trouve un écho européen dans les revues du temps, où l'on écrit : « L'organe de Tieck possède à un haut degré l'énergie, l'harmonie, la richesse et la flexibilité. Toutes les nuances et toutes les gradations de la voix, depuis le souffle le plus léger jusqu'au tonnerre le plus éclatant, il en dispose à son gré, et il sait les fondre avec tant d'art, qu'elles sont comme les teintes diverses d'un tableau relevées par un fonds commun de lumière. Il domine et dirige sa voix comme un Paganini son archet<ref>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>. » « Dans ces lectures, écrit-on encore<ref>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>, Tieck représentait à lui seul, par la flexibilité de son organe et la variété de ses intonations, toute une troupe d'acteurs. » Le Fraser's Magazine de Londres rend compte, en 1831 pour le public anglais, de ces lectures : Modèle:Citation Le séjour à Dresde est également marqué par la mort de sa femme, de sa sœur, et de sa fille Dorothea en 1841. Sa santé connaît à cette période de graves défaillances<ref name="Paulin" />.

Au sortir du Congrès de Vienne, « au temps de Metternich, Tieck, sorti infirme d'une grave maladie, s'impose à ses contemporains par un cycle de nouvelles, écrites pour la plupart entre 1820 et 1840, dont Goethe le premier vante l'acuité du coup d'œil, l'art de la conversation, le sens de l'humain<ref name="E.Universalis"/>. » De ces vingt années de créativité, à la fois inégale et féconde, Tieck abandonne le genre fantastique pour exploiter résolument la veine historique, la peinture des mœurs, et en tire poésies, nouvelles, romans :

Poésie Nouvelles Romans Autres travaux
Poésies (Gedichte, Dresden, Hilscher, 1821–1823) Nouvelles (Novellen, Dresde, Arnold ; Berlin, Reimer ; Breslau, Max, 1823–1828) La Révolte dans les Cévennes (Der Aufruhr in den Cevennen, Berlin, Reimer, 1826) Vie des poètes (Dichterleben, 1825)
Le Savant (Der Gelehrte, 1827) Le Sabbat des sorcières (Der Hexensabbat, 1831)
Gesammelte Novellen. Vermehrt und verbessert. (Breslau, Max, 1835–1842) Le Jeune Charpentier (Der junge Tischlermeister, Berlin, Reimer, 1836)
Des Lebens Überfluß (1839)
Vittoria Accorombona (Breslau, Max, 1840)

Berlin (1842-1853)

Fichier:BerlinVogelschau1850.jpg
Berlin en 1850.

Lorsque Modèle:Souverain3 monte sur le trône de Prusse en 1840, l'année de la publication de Vittoria Accorombona, le monarque invite Tieck à devenir son dramaturge officiel, lui offrant un titre et l'usage estival du Palais de Sanssouci de Potsdam. Tieck accepte les honneurs royaux en 1841<ref name="ERE" />. Sa santé devenue fragile, il souffre d'une attaque durant le voyage à Berlin. Ses premières comédies romantiques sont déjà lointaines ; il n'a que peu de succès auprès de la bourgeoisie berlinoise, qui le suspecte de soumission aux exigences royales. Le drame allemand a muté ; Tieck ne s'est jamais reconnu dans les productions de la nouvelle scène, celles d'August Wilhelm Iffland ou d'August von Kotzebue ; le public ne se reconnaît pas dans celles de Tieck. Cependant, sa création d'Antigone en 1841, puis du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare en 1843, accompagnée de la musique de Mendelssohn, lui apporte un vif succès<ref>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>.

Quand la Révolution de mars (Märzrevolution) a lieu en 1848 juste au-dessous de ses fenêtres sur la Friedrichsstrasse, celui qui, à la suite de Schelling, avait été un ardent admirateur de la Révolution française<ref>Albert Boime, A Social History of Modern Art, Volume 2, Chicago, University of Chicago Press, 1990, Modèle:P.</ref>, se détourne des menées de ses compatriotes.

Il met en vente à Berlin, le Modèle:Date-, les Modèle:Nombre que contenait sa bibliothèque<ref>Cf. le Catalogue de la bibliothèque célèbre de M. Ludwig Tieck, qui sera mise en vente à Berlin le Modèle:Date- et jours suivants, par MM. A. Asher et Comp., Berlin, Trowitsch et fils, 1849</ref>, et qui montre, outre pour l'histoire, la géographie, l'histoire du théâtre, la théologie, la philosophie, l'archéologie, un large intérêt pour les littératures de tous horizons : allemande, anglaise, asiatique, hispanique, française, grecque, latine, néerlandaise, scandinave, slavonique.

En 1852, Thomas Carlyle, son traducteur anglais, rencontre Ludwig Tieck à Berlin<ref>Thomas Carlyle, The Last Words of Thomas Carlyle; Wotton Reinfred. 1892. Reprint. London, Forgotten Books, 2013. 364-5. Print.</ref>.

Tieck meurt le Modèle:Date-, après une longue maladie qui l'a tenu alité près d'un an<ref>Armin Gebhardt, Ludwig Tieck. Leben und Gesamtwerke des "Königs der Romantik", Marburg, Tectum Verlag, 1997, Modèle:P.</ref>. Il avait été atteint de polyarthrite chronique dès l'âge de trente ans, et alliait à cette santé physique fragile une santé psychologique à l'avenant ; Modèle:Citation

Il est enterré le Modèle:Date- au cimetière de la Trinité de Berlin<ref>Armin Gebhardt, ibid., Modèle:P.</ref>.

À la mort de son père, sa fille Agnes Tieck-Alberti brûle nombre de ses papiers personnels, dont la correspondance qu'il entretenait avec la comtesse Henriette von Finckenstein<ref>Cf. Iwan-Michelangelo D'Aprile, Martin Disselkamp, Claudia Sedlarz, Tableau de Berlin: Beiträge zur "Berliner Klassik" (1786-1815), Hannover, Wehrhahn, 2005, Modèle:P.</ref>.

Le premier et dernier des romantiques allemands

Fichier:Weimar 1803.jpg
Le peintre Otto Knille a réuni dans sa fresque Weimar 1803 les romantiques allemands des deux premières générations, le Sturm und Drang et le Cercle d'Iéna. Goethe est au centre, Schiller en retrait à l'extrémité droite du tableau. Tieck est à gauche de Goethe, au-dessus de la muse Terpsichore.

Ami d'enfance de Wilhelm Heinrich Wackenroder, Ludwig Tieck est à peu près du même âge que les frères August et Friedrich Schlegel, Clemens Brentano, Novalis ou Hölderlin. Aux environs de 1850, ayant survécu à tous les grands romantiques, il demeure seul sur une scène dont le décor a complètement changé, et sur laquelle on ne voit monter que des succédanés, le romantisme étant tombé dans l'escarcelle des lieux communs et des belles images. « L’année de sa mort, il y a plus d’un demi-siècle que Novalis n’est plus, quarante-deux ans qu'Heinrich von Kleist, qu’il a aimé et soutenu, s’est suicidé, trente-et-un ans qu’Hoffmann qui le tenait pour un maître a quitté ce monde, victime du tabès, cinquante ans qu’Hölderlin est devenu fou et dix ans qu’il est mort chez le menuisier Zimmer. (...) Ces quelques repères peuvent aider un peu à comprendre comment Tieck, polygraphe virtuose, mort à l’âge de quatre-vingts ans, couvert d’honneurs, a fini par incarner, presque à lui tout seul, cette école romantique qu’il avait, avec quelques autres, fondée et dont il s’était retrouvé, après 1832, date de la mort de Gœthe, dernier représentant d’envergure<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. » Il y gagna dès lors le surnom de Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref> (Modèle:Langue).

C'est dans Romantische Dichtungen (1799-1800) que Ludwig Tieck fut amené à définir clairement ce qu'était le romantisme, comme « un refus, une satire du goût des Lumières et de la morale utilitaire, et comme une attention prédominante aux élans du lyrisme (solitude des forêts, nuits de clair de lune) ou aux formes pittoresques du passé (les évocations médiévales en particulier), sans négliger pour autant le culte de la forme qui doit se prêter à l'expression harmonieuse de notre sensibilité<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. »

« L'époque romantique allemande, dit Giraudoux<ref>Dans Littérature, Paris, Gallimard, coll. "Idées/NRF", 1967</ref>, a été celle où, émergeant plus ou moins selon leur taille, du brouillard répandu sur l'Europe centrale, chacun enfermé dans sa ville, Tieck cherchait la lumière, Novalis la réalité, Kleist la forme, Hoffmann le squelette (...). » Il est, juge pourtant un dictionnaire des auteurs, « le maniériste de l'école, pourrait-on dire ; du romantisme, il ne garde que le côté obscur, nocturne des sens, et introduit le goût de l'horrible, du ténébreux, du magique, du grotesque, qui triomphera ensuite avec l'école d'Heidelberg, d'où il se répandra en France et dans toute l'Europe<ref>Nouveau Dictionnaire des auteurs, Paris, Robert Laffont, coll. "Bouquins", 1994</ref>. » Mais cette manière ténébreuse, orageuse, Tieck la perd semble-t-il un peu avant la charnière de 1840, troquant le déséquilibre énergique des débuts pour un académisme. « La plupart des romantiques sont morts jeunes ; malgré leur extrême longévité, Goethe et Tieck sont, eux aussi, des romantiques morts jeunes. Ni dans Der Vogelscheuche, ni dans les romans historiques, Aufruhr in den Cevennen, Vittoria Accorombona, écrits entre 1835 et 1840, on ne retrouve le grand Tieck d'autrefois. (...) Sa fantaisie est devenue terre à terre, s'amuse d'anecdotes curieuses, se complaît au fini d'un style, il est vrai, éblouissant<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. »

Goethe et Tieck cohabitèrent en Allemagne, le premier à Weimar, le second à Dresde puis à Berlin, sans que l'amitié ou l'estime naisse réellement entre les deux hommes, qu'une génération séparait. Goethe était le représentant primordial du Sturm und Drang dont Tieck parodia les codes plus tard dans ses premiers écrits, et leur appartenance à des cercles d'influence différents garantit l'éloignement entre eux. Goethe, du reste, se jugeait supérieur à Tieck, ainsi qu'Eckermann le rapporte dans sa collation des Conversations avec Goethe<ref>Modèle:Ouvrage</ref> : Modèle:Citation bloc

Tieck était assez conscient cependant du mérite de son aîné pour s'exclamer, lorsque Henry C. Robinson lui lit en 1824 deux poèmes de Wordsworth : « C'est un Goethe anglais ! » (« Das its ein englischer Goethe !<ref>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref> »)

Lié au mouvement Jeune-Allemagne, Alexandre Weill nous fournit en 1843, dans la Revue indépendante<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, le portrait polémique d'un Tieck vieillissant, aux ordres du roi Modèle:Souverain3, dernier reliquat d'un romantisme mourant, éloigné désormais de toute volonté de changement politique : Modèle:Citation Ce jugement n'est pas unanime au sein des écrivains de la Jeune-Allemagne. Heinrich Heine, probablement son plus grand représentant, dit de Ludwig Tieck qu' « il a été poète, appellation qu'aucun des deux Schlegel n'a méritée », ajoutant : « Il a été le vrai fils d'Apollon<ref>In Lang, Vermeil, Dresch, Henri Heine, 1797-1856 : [exposition, Paris, Bibliothèque nationale, Modèle:Date--Modèle:Date-], Paris, Bibliothèque nationale, 1957, Modèle:P.</ref>. » Malgré cet éloge, Tieck, dans sa lettre à Karl Gustav von Brinckmann datée du Modèle:Date-, appelle Heine « un débauché », « le messie des Juifs ». C'est bien le jugement d'un auteur qui, appartenant à la génération antérieure de celle de Heine, porte un regard pessimiste et méprisant sur l'œuvre d'un écrivain plus novateur qu'il ne l'est lui-même à ce moment de l'Histoire - quand Heine jette, pour sa part, un regard en arrière et reconnaît les apports de Tieck à la littérature allemande renaissante.

Fichier:Carl Christian Vogel von Vogelstein - David d'Angers sculptant le portrait de Ludwig Tieck.jpg
Carl Christian Vogel von Vogelstein - David d'Angers sculptant le portrait de Ludwig Tieck.

Œuvre littéraire

Caractères généraux

Marcel Brion, dans son Allemagne romantique, éclaircit en quelques lignes les principaux éléments d'évolution de la sensibilité de Tieck :Modèle:Citation bloc Mais si son œuvre mérite encore d’être publiée et lue, Modèle:Citation : ainsi les contes à teneur fantastique Modèle:Lien (1797), Le Runenberg (1802) et Amour et Magie (1811). En les racontant, Tieck s’est rapproché de ce qu’on peut nommer Modèle:Citation, ce lieu mental où l’intime et l’universel se rejoignent. Il y évoque la part obscure de la vie, la zone sombre où viennent confluer la peur, la folie menaçante, et l’enfance dont on se souvient d’abord comme une énigme. Ainsi, à l’aube du romantisme, Ludwig Tieck évoque ce que l’on appellera un siècle plus tard l'inconscient. Il parle de la confusion de l’esprit et du corps, de la persistance de ce qu’on croyait oublié, et de la puissance du désir, conçu comme seul moteur de la création et même de la foi. En 1919, Freud a vu dans Le Marchand de sable<ref group="n">Der Sandmann, traditionnellement traduit en français par L'Homme au sable depuis les premières éditions françaises de Hoffmann (Loëve-Veimars, etc), a été retraduit par Philippe Forget dans son édition de l'Imprimerie Nationale (1999) en : Le Marchand de sable, plus lointain du littéral, mais plus proche de la figure inquiétante de Coppelius.</ref> (Der Sandmann, 1817) de E. T. A. Hoffmann, dont le climat d’inquiétante étrangeté doit beaucoup à l’influence de Tieck<ref>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>, une anticipation des découvertes de la psychanalyse<ref>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

La critique encyclopédique contemporaine reconnaît à Tieck les « puissantes impulsions de ce génie précoce, éveillé et rêveur, ironique et fantasque, plus ample d'ailleurs que profond et dont la production abondante, inégale, toujours suggestive, comporte des œuvres qui demeurent : tels, pour la période romantique, les contes et les comédies qui fascinent par leur sinueuse musicalité, l'entrelacement du plaisir et de la douleur, la recherche de l'identité au bord d'un gouffre, les lazzis et les pirouettes<ref name="E.Universalis"/>. Comme traducteur et comme pénétrant critique théâtral, Tieck, sans être une figure de proue, se situe au centre d'un vaste réseau littéraire : il fut l'homme de lettres par excellence, espèce rare en Allemagne. » Si l'on reconnaît aux Schlegel la puissance spéculative, à Novalis la profondeur poétique, à Clemens Brentano la pureté du verbe, Tieck est en son temps reconnu pour la vivacité et l'originalité de son imagination, et sa disponibilité intellectuelle qui l'amène à synthétiser les courants idéologiques et esthétiques de son temps. Modèle:Citation L'aspect cyclothymique de son caractère, évoqué par Pierre Péju, se retrouve dans la versatilité esthétique de Ludwig Tieck : maniant tous les genres littéraires, capable de passer de l'euphorique à l'ironie noire (Eckbert le Blond est d'abord un conte ; mais ce conte s'achève dans le sang et la folie<ref name=":5" />), incarnant enfin les caractères les plus profonds du romantisme allemand : ironie, Witz, satire, mélange des tonalités et des genres. Sa période faste est ainsi celle de ses débuts, sa jeunesse romantique ; la suite de sa carrière, après la publication du dernier volume du Phantasus en 1816 Modèle:Incise oscille entre exploration de tous les genres (roman, théâtre, poésie, nouvelle), tentatives d'érudition<ref>Modèle:Ouvrage</ref> (le théâtre élizabéthain), demi-échecs et demi-succès<ref>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref> dans son genre de prédilection, le théâtre.

Accueil critique de Tieck en France

Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle

En France, Ludwig Tieck est surtout connu pour ses contes, à teneur fantastique Modèle:Incise en raison, sans doute, de l'engouement durable du public pour ce registre littéraire durant tout le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, de Hoffmann à Maupassant. Reconnu comme l'inspirateur de E.T.A. Hoffmann, qui connut une grande fortune critique chez les romantiques français Modèle:Incise à l'orée des années 1820, Ludwig Tieck voit Le Prince Zerbino, « véritable débauche d'imagination », repris en français dès 1799 dans la Bibliothèque germanique<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, où son explosive créativité fait rencontrer à un prince « des arbres, des oiseaux, des tables, des chaises, des instruments de musique qui s'entretiennent avec lui », et où « il n'y a pas jusqu'à l'azur du ciel qui ne se mêle de la conversation ».

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Ludwig Tieck, bronze de David d'Angers (Frick Collection, New York).

C'est à la charnière de 1830, période où les études sur le romantisme allemand battent leur plein, que le public français découvre véritablement les œuvres de Tieck, qui ont été en partie traduites dès 1826. Nodier, Sainte-Beuve, Balzac, Musset, le tiennent alors pour le chef de l'école romantique<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Aux États-Unis, Henry Wadsworth Longfellow et Edgar Allan Poe, qui l'ont découvert, s'enthousiasment pour lui<ref>Robert MINDER, ibid.</ref>. Son nom apparaît alors régulièrement dans les revues littéraires, les bulletins de sociétés savantes, les recueils bibliographiques. Le Sabbat des sorcières paraît en France dès 1833, et ses nouvelles sont traduites par le comte de Corberon dès 1836.

Jules Lefèvre-Deumier synthétise en 1893 la critique française du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle par ce constat<ref>In Jules Le Fèvre-Deumier , Leçons de littérature allemande, Paris, Firmin-Didot, 1893</ref> : « Ludwig Tieck, né à Berlin en 1773, vivra, j'en ai bien peur pour eux, plus longtemps que ses détracteurs. Enthousiaste et sérieux, ami des fabliaux et des fées, panthéiste comme Schelling, néo-catholique comme Schlegel, et protestant dans l'occasion, il est difficile d'avoir un talent et une vie plus à facettes que Tieck ».

Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle

Les rééditions récentes de certains de ses contes (en 2011) ou du Chat botté (en 2012) sont peut-être la preuve d'un regain d'intérêt pour un auteur qui avait disparu des regards durant plus d'un siècle, mais qui cependant n'en avait pas moins été catégorisé parmi les inspirateurs des mouvements littéraires d'avant-garde au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, comme étendard de l'ironie romantique : « De plus, le romantisme affectionne déjà l'excentrique, le monstrueux et le grotesque, la surprise et le dépaysement, comme préalables de l'originalité poétique. Futurisme, expressionnisme, dadaïsme et surréalisme en font autant ; le dernier surtout (...) croit à la possibilité de découvrir la réalité profonde par le rapprochement de phénomènes dissonants, et à la liberté absolue de l'esprit poétique. On songe à Novalis, F. Schlegel, Tieck, Jean Paul, à l'ironie romantique, ainsi qu'à Hugo<ref>Jean Weisberger (dir.), Les Avant-gardes littéraires au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Modèle:Nobr romains : Histoire, Amsterdam/Philadelphia, John Benjamins Publishing Company, 1984, Modèle:P.</ref>. » Dans la lignée de ce jugement, c'est bien la part romantique du premier Tieck que privilégie le lecteur contemporain, du Chat botté (1797) aux contes du Phantasus (1812-1816).

Le genre du conte

Tieck est considéré comme le grand fondateur de la réécriture littéraire et inventive des anciens contes. Certes, avant lui, Goethe avait écrit en 1795 son fameux Märchen (plus tard retitré Le Serpent vert), et invité l’auteur de contes à se laisser porter par une imagination errante et un sens de l’énigme, à disposer dans tout récit des éléments impossibles à interpréter : certes Novalis avait esquissé la théorie romantique du Märchen dans des notes collectées de 1798 à 1801<ref group="n">Dans Novalis, Le Brouillon général, Olivier Schefer (trad.), Paris, Allia, 2000, deux fragments donnent un aperçu de la théorie aphoristique du conte selon Novalis :

« 234. (...) Dans un conte authentique, tout doit être merveilleux - merveilleux sans cohérence - tout s'anime. Chaque chose d'une manière différente. La nature entière doit être merveilleusement mêlée au monde entier des esprits. (...) Le monde du conte est le monde entièrement opposé au monde de la vérité (histoire) - c'est pourquoi il lui est si parfaitement semblable - comme le chaos à l'égard de la création complète. (...) Le conte authentique doit être à la fois présentation prophétique - présentation idéale - présentation absolument nécessaire. Le véritable conteur est un voyant de l'avenir.

986. Un conte est proprement comme une image du rêve - sans cohérence - un ensemble de choses et de conditions merveilleuses - par ex., une fantaisie musicale - les suites harmoniques d'une sphère éolienne - la nature elle-même.

Qu'une histoire soit mise en conte, il s'agit là d'une intrusion étrangère - Un essai amusant, mis en série - un dialogue changeant - une festivité sont des contes. Il y aura un conte supérieur lorsque, sans chasser l'esprit du conte, quelque entendement (cohérence, significations, etc.) s'y manifesteront. Un conte pourrait même devenir utile.

Le ton du c[onte] ordinaire est changeant - mais il peut également être simple. / Composantes du conte. » </ref> et qui formeront le Brouillon général, et en avait donné une idée avec le conte de La Fleur bleue (Die blaue Blume) dans Henri d’Ofterdingen, publié après sa mort par Tieck en 1802. Les frères Grimm s'engouffreront dans la brèche creusée. Mais à la faveur de son voyage en Allemagne du Sud de 1793, au cours duquel il s'intéressa à la culture populaire, c’est Tieck qui contribua à créer l’ambiance du conte romantique et fantastique, et démontra aux écrivains de son temps et des générations à venir les richesses de ce genre littéraire. « Tout en volutes aquarellées que couperaient, nettement, des lignes sombres, les écrits de Ludwig Tieck ont imprégné tout le romantisme allemand. Mais autour d’un point d’impact de ses contes les plus beaux, les ondes concentriques du rêve, de l’enfance, de la peur et de la folie se sont élargies jusqu’à nous. Vitesse et lenteur d’images inoubliables, teintes pastel et encre noire<ref name=":2" /> ». « Le dépouillement des récits de Tieck, peut-on lire ailleurs<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, les apparente au conte populaire (par contre leur contenu trouble les en éloignerait plutôt) ». L'allure poétique des contes populaires a incité Tieck à faire intervenir la poésie dans la réécriture qu'il en propose, « tout au moins dans Eckbert, dans Eckart, et dans le Runenberg. »

« Le premier fait qui s'impose au lecteur des Contes de Tieck est le retour extrêmement fréquent des mêmes types humains, des mêmes situations, des mêmes relations entre les personnages<ref>Michel-François Démet, « L'expérience de la folie et le fantasme de la femme-de-pierre chez L. Tieck », Romantisme, Modèle:Vol., Modèle:N°, 1977, Modèle:P.</ref> », et de thèmes récurrent : l'Etranger, l'Inconscient, le Moi, la figure paternelle, les traits d'union entre le monde réel et celui magique, cristallisé dans des objets ou des personnages - une fleur dans le Rünenberg, un petit chien dans Les Elfes, l'oiseau dans Eckbert le Blond. Cette présence d'un monde (magique) dans le monde (réel) engage Tieck, dans ses contes, à structurer la narration selon le principe de mise en abyme ; c'est particulièrement marquant dans Eckbert, où les situations de diction (narration, récit), s'entremêlent de manière à favoriser l'instabilité du lecteur, puisque le réel, le temps (passé/présent), les lieux, les individualités (récurrence du thème du Double) ne sont plus garantis par des frontières sûres. Tieck applique ce même principe, participant d'un processus ironique théorisé au sein du Cercle d'Iéna par Freidrich Schlegel ou Novalis, à ses productions dramatiques du tournant du siècle. Il reste à ajouter que cette propension qu'a Tieck à brouiller la perception du lecteur préfigure l'Unheimlichkeit du Marchand de sable de E.T.A. Hoffmann, et que l'auteur d'Eckbert est généralement considéré comme le précurseur du conte fantastique allemand qu'incarnera en son plus haut point Hoffmann<ref name=":5">Albert Béguin, « Le Romantisme allemand », in La Coupe d'or et autres contes, Paris, Gallimard, coll. "folio bilingue", 2011, Modèle:P.</ref>.

Ludwig Tieck s'est intéressé à la sorcellerie, aux sorcières et aux sabbats (il fait paraître un Sabbat des sorcières, Chronique de 1459, traduit en français en 1833, soit deux ans après sa parution en langue allemande), à l'exemple d'autres romantiques de sa génération comme les frères Schlegel, Schelling ou encore Novalis. Tout comme les représentants de sa génération, il se passionne pour le Moyen Âge<ref group="n">« Le romantisme allemand était un retour sous toutes les formes vers la littérature et l'art du Moyen Âge ; les Schlegel mettaient au-dessus de tout la vieille naïveté gothique et en prêchaient l'imitation. » (in Modèle:Harvsp.</ref> ; et au sujet de ce même Sabbat, l'éditeur-libraire Eugène Renduel rend hommage en préface au style coloré de Ludwig Tieck : « [On n'y trouve] point des peintures sans date, applicables également à tous les temps et tous les lieux ; M. Tieck ne vous peindra pas un Moyen Âge de convention, à la façon du mélodrame, badigeonné çà et là de quelques reflets lointains et vagues de couleur locale ; il rebâtira pour vous ces vieilles villes de la Flandre et du nord de la France au quinzième siècle, si riches et si commerçantes ; il vous associera à leurs mœurs, leurs croyances, à leurs superstitions (...)<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. »

Tieck dramaturge

« Nous n'avons pas de théâtre. Nous n'avons pas d'acteurs. Nous n'avons pas de spectateurs » : tel est le constat désolant de Lessing dans sa Dramaturgie de Hambourg<ref>Modèle:Ouvrage</ref> de 1767, à quoi il se chargera de remédier. Schelling, dans une série de conférences données à Iéna et à Wurzbourg et réunies dans sa Philosophie de l'art (1802-1805), reprend et étaye ce constat<ref>Modèle:Ouvrage</ref> : « L'Allemagne n'a presque vécu que d'emprunts étrangers ; la seule invention propre aux Allemands reste, en gros, d'avoir donné à leurs poèmes familiaux le ton le plus vil de la philistinerie et de la domesticité, ainsi que d'avoir étalé avec le plus grand naturel, dans leurs comédies ordinaires, l'infamie des conceptions morales dominantes et d'une fausse noblesse de cœur ; rien ne peut effacer cette honte du théâtre allemand, si ce n'est qu'il y a eu d'autres nations pour reprendre à leur compte ces turpitudes allemandes. ». Tieck participe, au même titre que la génération des premiers romantiques dont il est issu, au renouvellement dramatique en Allemagne. Brigitte François-Sappey constate : Modèle:Citation bloc

Cependant Tieck est sensible à la question de la mise en scène. Auteur de nombreux textes théoriques redoublant sa production théâtrale, il n'hésite pas à mettre en scène la critique du théâtre dans ses pièces mêmes. Ainsi il s'élève en 1798, dans Le Monde à l'envers (Die verkehrte Welt), un Modèle:Citation, contre la pratique du théâtre de Cour allemand, hérité à la fois des pièces à machines baroques et de l'opéra français, privilégiant le spectacle sur la réflexion : on y voit donc Modèle:Citation Par son théâtre, Tieck compte poursuivre la réforme du drame allemand, qui menace à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, de transformer le théâtre en « véritables boîtes optique pour enfants » : c'est ce que déclare le personnage de Lothar dans un long dialogue du Phantasus consacré au théâtre.

Le Chat botté et l'ironie romantique

Fichier:Otto Speckter Gestiefelter Kater Illustration.jpg
Otto Speckter, illustration du Chat botté d'après Tieck (1843).
Fichier:Ludwig Tieck - Der gestiefelte Kater.jpg
Le Chat botté de Tieck, édition de 1797.

Le texte de Tieck est publié en 1797 (il sera étoffé en 1811) dans le même ouvrage que Barbe-Bleue (Ritter Blaubart), lui aussi inspiré de Perrault. C'est, explicitement, un conte pour enfant (Kindermärchen). Modèle:Citation Reprenant l'argument de Perrault, Tieck, plutôt que de concentrer son attention sur l'ascension sociale du pauvre jeune homme, préfère focaliser l'attention sur le Chat botté lui-même (redoublé par un bouffon, personnage proprement théâtral, invention du dramaturge), qui devient dans la pièce de 1797 un peu plus que l'instrument de la bonne fortune.Modèle:Citation bloc Dès l'ouverture, Tieck brouille les canons dramatiques en usage. Modèle:Citation La pièce, une comédie, commence par la discussion d'un groupe de personnages, symbolisant les spectateurs (Fischer, Müller, Schlosser, etc.) au sujet de l'intérêt de la pièce à venir, laquelle est supposée, prétend Tieck, faire appel à la part d'enfant que portent en chacun d'eux les spectateurs réels. C'est un conte ; il s'agit de croire à une fiction d'inspiration merveilleuse. Ces spectateurs fictifs expriment leurs craintes au sujet d'un drame qui ne correspond peut-être pas à leur éducation, à leur goût d'adulte : la source d'inspiration du Chat botté, après tout, est un conte populaire français. Finalement, ils font appel à l'auteur lui-même, supposé les rassurer sur le bon goût de sa pièce, et qui finit par calmer leurs craintes, et même par se faire applaudir d'eux en leur démontrant que ce qu'attend un public, c'est un théâtre qui divertisse, non un théâtre qui se fasse l'écho de ce que doit être le goût. L'extrait suivant donne un aperçu de la manière dont Tieck procède pour démonter les rouages de l'illusion dramatique, déviant à chaque réplique la focalisation du spectateur de l'objet supposé central, le Chat, vers sa parole ou vers la vraisemblance de la pièce : Modèle:Citation Modèle:Citation Modèle:Citation Modèle:Citation Modèle:Citation Modèle:Citation Modèle:Citation Modèle:Citation Tieck, en procurant cette mise à distance - que l'on peut appeler ironie, et qui caractérise souvent ses travaux estampillés romantiques -, balise d'entrée de jeu la critique, et guide son spectateur tout au long d'un raisonnement qui doit l'amener à accepter l'usage de la fantaisie, de l'imagination, pour poétiser le réel. « Une pièce révolutionnaire [Revolutionsstück], si je ne m'abuse ! » s'exclamera un des spectateurs fictifs ; et révolutionnaire aussi esthétiquement que politiquement, puisque Tieck, admirateur de la Révolution française, fait s'exclamer aussi son Chat botté : « Freiheit und Gleichheit! — das Gesetz ist ausgefressen! Nun wird ja wohl der Tiers État Gottlieb zur Regierung kommen. » (« Liberté et égalité ! On a mangé la Loi ! Désormais Gottlieb, le Tiers État va prendre le pouvoir, je pense<ref name="Margotton" />. ») Le Chat botté repousse, selon Nicolas Waquet, « les frontières de la comédie et du simple divertissement, [et] soulève des questions profondes sur le phénomène théâtral. Elle préfigure en cela les innovations des surréalistes français, les pièces d'un Pirandello, les expériences d'Adamov, Ionesco et Beckett, ainsi que le théâtre de Bertolt Brecht, animé par un même effort de distanciation<ref>Le Chat botté. Conte pour enfant en trois actes avec entracte, prologue et épilogue. (Der Gestiefelte Kater. Kindermärchen in drei Akten, mit Zwischenspielen, einem Prologue und Epiloge). Traduit de l'allemand, préfacé et annoté par Nicolas Waquet en 2012. Rivages poche / Petite bibliothèque. Modèle:Nb p.</ref>. »

Henri Heine souligne, en portant un regard rétrospectif vers les fondations de la littérature allemande issue du Sturm und Drang et des générations qui en sortirent, combien novateur était l'esprit des pièces de Tieck, et quelle influence décisive il eut sur ses condisciples : Modèle:Citation bloc

Fichier:Tieck par Robert Schneider, 1833.jpg
Tieck par Robert Schneider (1833).

Théorie politique sur le théâtre anglais

« À lire ou à jouer, Shakespeare, que les Allemands appellent unser Shakespeare [notre Shakespeare], est bien le référent absolu<ref name="BFS">Modèle:Ouvrage</ref>. » Ainsi Ludwig Tieck consacrera-t-il une partie de ses travaux sur la dramaturgie à explorer l'art du dramaturge anglais.

Au sujet du Shakespeare's Vorschule de Tieck (École antérieure à Shakespeare) la Revue encyclopédique de 1824<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> produit le compte-rendu suivant : Modèle:Citation blocTrois pièces exhumées par Tieck sont alors examinées rapidement : La Légende du père Bacon de Robert Green, Arden de Feversham et Les Sorcières du Lancastshire de Thomas Heywood.

Cette chronique littéraire met en relief l'aspect conservateur de Tieck, contempteur des révolutions anglaises dont le produit sera le puritain Cromwell, et qui fait s'étioler l'influence du théâtre shakespearien, à l'outrance baroque. Tout comme la Révolution française annule les afféteries du rococo pour les remplacer par le sévère néo-classicisme de David, les révolutions anglaises conduisent l'esprit vers l'empirisme de Locke, de Berkeley, de Hume. Or, le romantisme, et au premier titre le romantisme allemand, s'élèvent contre la conception du monde purement empirique héritée des Lumières<ref group="n">Novalis fait état de cette critique des Lumières dans ses Hymnes à la nuit V parus d’abord dans l'Athenaeum (1798) : Modèle:Citation. Sous une forme plus virulente encore, il réitérait son rejet des Lumières dans son essai Europa, qui ne fut pas publié dans la revue :Modèle:Citation. (in La Chrétienté ou l’Europe, 1799).</ref> ; non pas signe à une allégeance particulière au classicisme, le conservatisme politique de Tieck, sa révulsion quant aux révolutions issues de ce que l'on nomme Progrès, est explicable en partie par son engagement romantique - tout comme son engagement romantique le porte à admirer le soulèvement et la résistance héroïque du peuple français opposé à la Coalition européenne, au cours de la Révolution. Le romantisme est en soi porteur de tels paradoxes.

Tieck et Shakespeare

Fichier:Schlegel-tieck translation.jpg

Tieck est considéré tour à tour comme l'un des passeurs majeurs de Shakespeare auprès du public romantique de son temps<ref>« Parmi ses nombreuses traductions, le Don Quichotte de 1799 et le Théâtre de Shakespeare (1826-1833), établi en collaboration avec A. G. Schlegel et Dorothée Tieck, brillent d'un éclat particulier. Ses commentaires scéniques du théâtre élisabéthain ont de leur côté marqué une date. » (in Robert MINDER, Modèle:Lien web.</ref>, et comme un exégète aveugle qui n'aura pas réussi à rendre lisible le dramaturge anglais, le laissant, selon Eduard Gans, « insondable, incommensurable, impénétrable » pour jamais<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Il reste que Ludwig Tieck, non content de lire Shakespeare dans les salons<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, a passé une partie de sa vie à agréger des séries d'écrits portant sur Shakespeare dans le but d'en dresser une somme critique majeure - laquelle somme ne vit, à l'exemple des Passages de Benjamin, jamais véritablement le jour. Dans cette entreprise aporétique, Tieck se considérait entravé par la contradiction selon laquelle le travail critique d'explication qu'il tâchait de mener à bien risquait d'altérer le texte originel.

Liste des œuvres de Ludwig Tieck

La plupart des volumes ci-dessous constituant des éditions originales n'ayant jamais été traduites en français, les références bibliographiques qui sont fournies respectent les normes universitaires allemandes ou anglo-saxonnes le cas échéant.

Œuvres complètes

  • Schriften. Volumes 1–28. Berlin: Reimer, 1828–1854. (Sous le nom d'« Arno Schmidt, Referenzbibliothek »)
  • Werke in vier Bänden. Nach dem Text der Schriften von 1828–1854. München: Winkler, 1963–1966
  • Schriften. En 12 volumes. Édition de Hans P. Balmes, Manfred Frank [et al.] Frankfurt am Main: Deutscher Klassiker-Verlag, 1986
    • 1. Jugendwerke / Die Sommernacht / Schriften 1789–1793. Commentaires d'Achim Hölter, 1991 (coll. « Bibliothek deutscher Klassiker Modèle:N° »)
    • 6. Phantasus. 1985 (coll. « Bibliothek deutscher Klassiker Modèle:N° »)
    • 7. Gedichte. Édition de Modèle:Lien, 1995 (coll. « Bibliothek deutscher Klassiker Modèle:N° »)
    • 11. Der junge Tischlermeister / Die Vogelscheuche / Das Alte Buch / Eigensinn und Laune / Schriften 1834–1836. Édition de Uwe Schweikert, 1988 (coll. « Bibliothek deutscher Klassiker Modèle:N° »)
    • 12. Vittoria Accorombona / Des Lebens Überfluss / Waldeinsamkeit / Schriften 1836–1852. Édition de Uwe Schweikert, 1986 (coll. « Bibliothek deutscher Klassiker Modèle:N° »)

Travaux (sélection)

  • Abdallah. Eine Erzählung. Berlin, Leipzig: Nicolai, 1795
  • Modèle:Lien. 2 Bde. Berlin, Leipzig: Nicolai, 1795–1796
  • Modèle:Lien, 1796.
  • Modèle:Lien. 3 volumes. Berlin, Leipzig: Nicolai 1795–1796
    • Volume 1. Berlin et al., 1795.
    • Volume 2. Berlin et al., 1796.
    • Volume 3. Berlin et al., 1796.
  • Wilhelm Heinrich Wackenroder, Ludwig Tieck, Modèle:Lien. Berlin: Unger, 1797.
  • Die sieben Weiber des Blaubart. Eine wahre Familiengeschichte. Commentaires de Gottlieb Färber [i.e. Ludwig Tieck]. Istanbul: Murusi, 1212 [i.e. Berlin: Nicolai, 1797]
  • Volksmärchen. Commentaires de Peter Leberecht [i.e. Ludwig Tieck]. 3 Bde. Berlin: Nicolai 1797 (Contenant de Tieck : Modèle:Lien, Modèle:Lien und Barbe-Bleue).
  • Modèle:Lien, 1797
  • Modèle:Lien. Eine altdeutsche Geschichte. 2 volumes. Berlin: Unger, 1798
    • Volume 1. Berlin, 1798.
    • Volume 2. Berlin, 1798.
  • Romantische Dichtungen. 2 volumes. Jena: Frommann, 1799–1800
  • Prinz Zerbino, oder die Reise nach dem guten Geschmack, gewissermassen eine Fortsetzung des gestiefelten Katers. Ein Spiel in sechs Aufzügen. Jena: Frommann, 1799
  • Wilhelm Heinrich Wackenroder: Phantasieen über die Kunst, für Freunde der Kunst. Commentaires de Ludwig Tieck. Hamburg: Modèle:Lien, 1799
  • Poetisches Journal. Commentaires de Ludwig Tieck. Jena: Frommann, 1799
  • Modèle:Lien, 1804
  • Kaiser Octavianus. Ein Lustspiel in zwei Theilen. Jena: Frommann, 1804
  • Modèle:Lien, 1811
  • Phantasus. Eine Sammlung von Märchen, Erzählungen, Schauspielen und Novellen. 3 volumes. Berlin: Realschulbuchhandlung, 1812–1816
    • Volume 1. Berlin, 1812.
    • Volume 2. Berlin, 1812.
    • Volume 3. Berlin, 1816.
  • Gedichte. 3 volumes. Dresden: Hilscher, 1821–1823
  • Novellen. 7 volumes. Dresden: Arnold; Berlin: Reimer; Breslau: Max, 1823–1828.
  • Dramaturgische Blätter. 2 volumes. Breslau: Max, 1826; Modèle:3e : Leipzig: Brockhaus, 1852
  • Modèle:Lien. Première partie. Roman, 1825
  • Modèle:Lien. Berlin: Reimer 1826
  • Modèle:Lien. Roman, 1827
  • Der Hexensabbat. Roman, 1831
  • Gesammelte Novellen. Vermehrt und verbessert. 14 volumes. Breslau: Max, 1835–1842
  • Modèle:Lien. Novelle in sieben Abschnitten. 2 volumes. Berlin: Reimer, 1836
  • Modèle:Lien. Roman, 1839
  • Modèle:Lien. 2 volumes. Breslau: Max, 1840
  • Kritische Schriften. 4 volumes. Leipzig: Brockhaus 1848–1852 (Volumes 3 et 4 parus sous le titre : Dramaturgische Blätter. Zum ersten Mal vollständig gesammelt.)
  • Gesammelte Novellen. Vollständige auf's Neue durchgesehene Ausgabe. 12 volumes. Berlin: Reimer, 1852–1854
  • Nachgelassene Schriften. Auswahl und Nachlese. Commentaires de Rudolf Köpke. 2 volumes. Leipzig: Brockhaus, 1855
  • Das Buch über Shakespeare. Handschriftliche Aufzeichnungen. Aus seinem Nachlass. Commentaires de Henry Lüdeke. Halle: Niemeyer, 1920 (coll. « Neudrucke deutscher Literaturwerke des 18. und 19. Jahrhunderts Modèle:N° »).

Lettres (sélection)

  • Briefe an Ludwig Tieck. Sélectionnées et commentées par Karl von Holtei. 4 volumes. Breslau, Trewendt, 1864
  • Letters of Ludwig Tieck. Hitherto unpublished. 1792–1853. Sélectionnées et commentées par Edwin H. Zeydel, Percy Matenko and Robert Herndon Fife. New York: Modern Language Assoc. of America, 1937. [Millwood, N.Y.: Kraus Reprint Co., 1973]
  • Ludwig Tieck und Ida von Lüttichau in ihren Briefen. Commentaire d'Otto Fiebiger. Dresden, in Mitteilungen des Vereins für Geschichte Dresdens, Modèle:N°, 1937
  • Letters to and from Ludwig Tieck and his circle. Unpublished letters from the period of German romanticism, including the unpublished correspondence of Sophie and Ludwig Tieck. Sélectionnées et commentées par Percy Matenko, Edwin H. Zeydel, Bertha M. Masche. Chapel Hill: Univ. of North Carolina Press, [1967]. (Studies in the Germanic Languages & Literatures, No. 57). Modèle:ISBN
  • Ludwig Tieck. Commentaires par Uwe Schweikert. 3 volumes. München: Heimeran, 1971 (Dichter über ihre Dichtungen. Modèle:Vol./I–III)
  • Ludwig Tieck und die Brüder Schlegel. Briefe. Sélectionnées et commentées par Edgar Lohner. München: Winkler, 1972 [d'après les travaux d’Henry Lüdeke, nouvelle édition]

Traductions (sélection)

Tieck en tant qu'éditeur

  • Poetisches Journal, Jena 1800 (mehr nicht erschienen), publié par Friedrich Frommann
  • Minnelieder aus dem schwäbischen Zeitalter, neu bearbeitet und herausgegeben von Ludewig Tieck, mit Kupfern, Berlin 1803
  • Novalis Schriften, 2 volumes. Commentaires de Ludwig Tieck et Friedrich Schlegel. Berlin: Reimer, 1837<ref>Modèle:Ouvrage</ref>
  • Heinrich von Kleists hinterlassene Schriften. Commentaires de Ludwig Tieck. Berlin: Reimer, 1821
  • Lenz’ gesammelte Schriften, Berlin 1828 [Au sujet de Jakob Michael Reinhold Lenz]
  • Solger's nachgelassene Schriften und Briefwechsel. Commentaires de Ludwig Tieck et Friedrich von Raumer. Leipzig: Brockhaus, 1826 [Au sujet de Modèle:Lien]
  • Gesammelte Novellen von Franz Berthold. Commentaires de Ludwig Tieck. Leipzig: Brockhaus, 1842 [Au sujet d'Modèle:Lien]

Traductions contemporaines en français (sélection)

Fichier:Camões, Camoens dans la prison de Goa, Moreaux pinxit et lith.jpg
Camões dans la prison de Goa, lithographie de Moreaux.

Influences notables

Le poète portugais Luis de Camões, dont il retrace la vie dans Mort d'un poète (1826), le poète italien Torquato Tasso (personnage secondaire de sa nouvelle Vittoria Accorombona, 1840), auteurs respectivement des Lusiades et de la Jérusalem délivrée, furent pour Tieck (outre Shakespeare) des modèles de la profondeur (Tiefsinn) poétique.

Postérité non littéraire

Musique

Tieck et Wagner

Fichier:Max Tannhäuser.jpg
Gabriel von Max, Le Tannhäuser (1878).

Une nouvelle de Tieck, Le fidèle Eckhart et le Tannenhäuser (située dans le recueil des Märchen aus dem Phantasus, 1812) inspira en partie le Tannhäuser de Wagner, plus particulièrement les épisodes de la visite au Pape et de la mort d'Elisabeth.

Wagner rencontra Tieck à Berlin en 1847, et laissa un compte-rendu détaillé de sa conversation avec le poète de 74 ans, qui demeurait alors le seul membre survivant de la première génération des écrivains romantiques allemands. Tieck connaissait le livret de Tannhaüser, qui avait été en grande partie inspiré par son Eckhart écrit un demi-siècle auparavant, et celui de Lohengrin. D'après ce compte-rendu, il s'était trouvé impressionné par les deux textes. Il est clair, à en croire le journal de Cosima Wagner, que Wagner garda pour la prose et pour la poésie de Tieck un intérêt vivace jusqu'à la fin de sa vie. Dans Ma Vie, il évoque cette rencontre comme une précieuse expérience. Cependant, à peine quatre ans plus tard, en 1851 Modèle:Incise Wagner se montra bien plus virulent à son égard dans sa défense, à caractère autobiographique, Une Communication à mes amis. Sans dénier toute influence du vieux poète dans sa découverte de la légende de Tannhaüser, Wagner minimisa la dette qu'il avait non seulement envers Tieck, mais aussi envers E.T.A. Hoffmann<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Autres adaptations

Brahms a mis en musique quinze textes issus du roman Modèle:Langue (« Les Amours de la belle Maguelone et de Pierre, comte de Provence », de 1797) sous le titre Die schöne Magelone (La belle Magelone), opus 33.

Judith Weir adapte le conte de Tieck Eckbert le Blond en opéra, en 1993.

Fichier:Stamps of Germany (Berlin) 1973, MiNr 452.jpg
Timbres à l'effigie de Tieck émis en 1973 par Berlin.

Film

Une de ses nouvelles, Léonor, a été adaptée au cinéma en 1975 par le réalisateur Juan Luis Buñuel<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Astronomie

L'astéroïde (8056) Tieck porte son nom depuis 1999<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Modèle:Références nombreuses

Voir aussi

Bibliographie

  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Letters to and from Ludwig Tieck and his circle - including unpublished correspondence of Sophie and Ludwig Tieck, éditées par Matenko, Zeydel et Masche, Chaple Hill, University of North Carolina Press, 1967
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Louis Tieck, Le sabbat des sorcières, chronique de 1459, Éditions Eugène Renduel, traduit de l'allemand, Paris, 1833.
  • Modèle:Ouvrage
  • Modèle:ADB
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien: König der Romantik. Das Leben des Dichters Ludwig Tieck in Briefen, Selbstzeugnissen und Berichten, Berlin: Verlag der Nation 1981 Modèle:ISBN
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Cord-Friedrich Berghahn: Das Wagnis der Autonomie. Studien zu Karl Philipp Moritz, Wilhelm von Humboldt, Heinrich Gentz, Friedrich Gilly und Ludwig Tieck, (= Germanisch-romanische Monatsschrift: Beiheft 47) Heidelberg: Winter 2012 Modèle:ISBN
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien: ‚Lucri bonus odor’ oder wie aufgeklärt ist Friedrich Nicolai? Konstituenten kultureller Selbst- und Fremdwahrnehmung in den Reiseberichten über Franken von Fr. Nicolai, W. Wackenroder und L. Tieck. In: Rainer Falk, Alexander Košenina (Hrsg.): Friedrich Nicolai und die Berliner Aufklärung, Wehrhahn Verlag, Hannover 2008 Modèle:ISBN, S. 339–358.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien: "der Vorhang fällt endlich zum letzten Mal, die Zuschauer gehen nach Hause". Literarisches Posttheater: Ludwig Tiecks "Der gestiefelte Kater" und "Die verkehrte Welt". In: Ders.: Die Entweltlichung der Bühne. Zur Mediologie des Theaters der klassischen Episteme. Berlin: Modèle:Lien, 2015 Modèle:ISBN, S. 139–171.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien: Ludwig Tieck. Studien zur Konzeption und Praxis romantischer Poesie, Kronberg/Taunus: Athenäum 1978 Modèle:ISBN
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien: Die Ironie als entwicklungsgeschichtliches Moment. Ein Beitrag zur Vorgeschichte der deutschen Romantik, Jena: 1909 (Reprografischer Nachdruck: Darmstadt : Wissenschaftliche Buchgesellschaft 1976 Modèle:ISBN.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien: Die Tieck’sche Shakespearekritik, Bonn: König 1846, Nachdruck: Hildesheim u. a.: Olms 1981 Modèle:ISBN

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