L'Exécution de Maximilien
L'Exécution de Maximilien est un tableau réalisé par le peintre Édouard Manet en 1868/1869. La toile représente l'exécution de Maximilien de Habsbourg-Lorraine par un peloton d'exécution républicain en Modèle:Date-.
Après la mort de Manet en 1883, la plus grande toile est découpée et ses fragments se trouvent aujourd'hui à Londres, l'étude à l'huile est envoyée à Copenhague et la première version du tableau à Boston.
Contexte et genèse de l'œuvre
Pendant trois ans, Maximilien avait été empereur du Mexique sous la protection des troupes de Napoléon III. Au bout de ces trois années, l'empereur des Français ordonne le retrait de ses troupes et conseille à Maximilien d'abdiquer et d'embarquer pour l’Europe, car il est lucide vis-à-vis des soulèvements républicains au Mexique et soucieux de ne pas aggraver la situation entre le Second Empire et ses opposants républicains. Pensant la situation encore rattrapable, Maximilien tentera jusqu'au bout de maintenir son empire en place. Il tombe entre les mains des opposants républicains, et est condamné à mort (dans un théâtre transformé en cour de justice) et exécuté.
La nouvelle parvient à Manet au cours de l'Exposition universelle de 1867. Le peintre, depuis toujours fervent républicain, est scandalisé par la manière dont finit ce jeune prince<ref name="Cachin Moffett Wilson Bareau 272">Modèle:Harvsp.</ref>. Il travaille plus d’une année à une petite étude à l'huile, une lithographie (interdite par la censure) et trois grands tableaux. De son vivant, Manet ne peut exposer ni vendre aucune de ces œuvres en France, même après la chute du Second Empire. L’Exécution est exposée dans un pavillon personnel au pont de l'Alma<ref name="Cachin Moffett Wilson Bareau 273">Modèle:Harvsp.</ref>.
Après sa mort en 1883, la plus grande toile est découpée et ses fragments se trouvent aujourd'hui à Londres, l'étude à l'huile est envoyée à Copenhague et la première version du tableau à Boston.
Les différentes versions de Manet
Manet a réalisé plusieurs versions de ce sujet. La première est au Musée des beaux-arts de Boston, des fragments de la deuxième sont rassemblés à la National Gallery de Londres, l'esquisse définitive est à la Ny Carlsberg Glyptotek de Copenhague, la composition finale, à la Kunsthalle de Mannheim<ref name="Cachin Moffett Wilson Bareau 273"/>. Modèle:Citation bloc
Inspirée du Tres de mayo de Goya, et cependant traitée d’une manière radicalement différente, la scène de L'Exécution de Maximilien satisfait Manet qui l'aurait sans doute proposée au salon si on ne lui avait pas fait savoir à l'avance qu'il serait refusé<ref name="Cachin Moffett Wilson Bareau 276">Modèle:Harvsp.</ref>. Mais le tableau, connu dans le milieu artistique, fera des émules notamment avec Gérôme et son Exécution du maréchal Ney. Avec sa séquence des Exécutions, Manet est un exemple du dernier effort pour recréer la grande peinture d'histoire<ref name="Cachin Moffett Wilson Bareau 276"/>.
La dernière version, achevée en 1868 ou 1869, porte la date d'exécution de Maximilien. Elle a été vendue en 1898 par Suzanne Manet pour Modèle:Unité à Paul Durand-Ruel, puis achetée par Denys Cochin pour Modèle:Unité. En 1910 la Kunsthalle de Mannheim l'achète par le biais d'un don de la part de neuf allemands et par l'intermédiaire de la galerie Bernheim-Jeune et de Paul Cassirer pour la somme de Modèle:Unité dans un contexte de controverse<ref>Kurt Martin, Die Erschießung Kaiser Maximilians von Mexiko von Edouard Manet, Berlin, Mann, 1948 (= Der Kunstbrief, Modèle:N°), Modèle:P..</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Konrad Ott, « Erinnerungen an die Erwerbung des Mannheimer Manetbildes „Die Erschießung Kaiser Maximilians“ », Kunst und Künstler, vol. 31, Modèle:N°, mars 1932, Modèle:P..</ref>.
Les condamnés et la figure christique
Maximilien est exécuté en compagnie de deux fidèles : le général Tomás Mejía (représenté avec une peau brune) et l'ancien président et général d'infanterie Miguel Miramón.
Quand il est abandonné par Napoléon III qui rappelle ses troupes en 1867, Maximilien refuse de partir avec le corps expéditionnaire français : « un Habsbourg [disait-il] ne désertera point le poste que la Providence lui a confié »<ref name="p.420">Rose-Marie & Rainer Hagen, Les dessous des chefs-d'œuvre, Cologne, Taschen, 2000, Modèle:P., Modèle:P..</ref>. Il est pris par l'armée républicaine dans la ville de Querétaro après un siège de Modèle:Nb. Dans le cloître où il est retenu, son adjudant trouve la couronne d'épines d'une statue du Christ. Maximilien lui déclare : « Laissez-la moi, elle me va bien »<ref name="p.420"/>. À l'image du Christ, il déclare se sentir « trahi, trompé et volé… et enfin j'ai été trahi pour onze réaux<ref name="p.420"/>… » Dans le tableau de Manet, le sombrero trace autour de son visage une large auréole claire.
Manet avait un jour affirmé : « Il est une chose que j'ai toujours eu l'ambition de peindre. Je voudrais peindre un Christ en croix… Quel symbole ! L'image de la douleur »<ref name="p421">Rose-Marie & Rainer Hagen, Les dessous des chefs-d'œuvre, Cologne, Taschen, 2000, Modèle:P., Modèle:P..</ref>. Modèle:Refnec
Le vrai coupable
Alors que dans sa première version conservée à Boston, les soldats du peloton d'exécution portent les habits et le sombrero des républicains, dans sa version finale, Manet les vêt d’uniformes de l’armée impériale française.
Mais durant le mois de Modèle:Date-, la presse retourne ses accusations vers Napoléon III, à qui elle reproche d'avoir abandonné Maximilien. Dans les deux versions suivantes, Manet change les uniformes des soldats, et donne au sergent en képi rouge les traits de Napoléon III<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
L'inspiration
Le résultat est très largement inspiré du Tres de mayo de Francisco de Goya. Comme lui, il dénonce une scène de guerre. Comme lui, il met en scène des soldats en uniforme français. Les spectateurs aux figures torturées en arrière-plan qui représentent le peuple mexicain, de même que le général Mejía sont traités dans un style très proche de celui de Goya. La composition semble calquée sur le Tres de mayo, mais l'ensemble est cependant traité d’une manière radicalement différente. L'Exécution de Maximilien semble en effet dénuée de toute émotion violente : les soldats abattent tranquillement Maximilien tandis que l’un d’eux est occupé à recharger son fusil et que les badauds se pressent au-dessus du mur.
Manet a volontairement renoncé aux éléments dramatiques relatés par la presse de l'époque : les cercueils qui attendent, le prêtre, les fidèles en larmes et les bandeaux sur les yeux des généraux<ref name="p421"/>. Manet souhaite s'inscrire dans la tradition académique de la peinture historique Modèle:Incise sans doute dans la perspective de participer au salon officiel.
L'instantané photographique
De l'influence des documents photographiques parus dans les journaux<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref> Modèle:Lien web</ref>.
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Peloton d'exécution de Maximilien, commandé par le colonel Palacios (à droite sur la photographie)
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Exécution de Maximilien (à droite sur la photographie) de Miramón (au centre) et de Mejía