Jean-François Raguet
Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Biographie2 Jean-François Raguet, né le Modèle:Date de naissance à Modèle:Arrondissement et mort le Modèle:Date de décès à Andilly (Val-d'Oise)<ref>Modèle:Lien web</ref>, est un ancien militant d'extrême-gauche de la fin des années 1960 puis éternel étudiant à la Sorbonne, auteur d'une œuvre unique, en forme de dictionnaire, De la pourriture, pamphlet contre l'Université en général et l'institution philosophique en particulier<ref name="traqueurdesripoux">Le traqueur des ripoux philosophes, L’Express, Modèle:1er juin 2000.</ref>.
L’étudiant du Prytanée militaire
Élève le plus puni du Prytanée national militaire, il était surnommé « le Bolchevique » par ses condisciples<ref>Modèle:4e de couverture du livre De la pourriture, reproduite sur le site du Centre international de recherches sur l'anarchisme, fiche bibliographique Modèle:N°.</ref>.
Le militant
Lors des événements de Mai 68, il fut membre du service d’ordre de l’UNEF<ref>Jean Bertolino, Les trublions : reportage photographique Bertolino-Sipahioglo, Stock, 1968, 400 p., Modèle:P. : Modèle:Citation</ref>. Il affirme avoir été l’un des sept premiers émeutiers arrêtés le Modèle:Date- et emprisonnés le 4<ref>Cf. l’article anonyme « Quelques actions d’éclat du parti imaginaire », dans Tiqqun, Organe conscient du Parti Imaginaire - Exercices de Métaphysique Critique, autoédition, 1999, Modèle:P., qui voit en Raguet un « artiste brut de l’agitation » et cite un de ses tracts datant de 1998 : « j’étais il y a trente ans et dix jours, le 4 mai 1968, l’un des sept premiers étudiants parisiens condamnés à la prison par le régime gaullien, Georges Pompidou étant premier ministre ».</ref>. Trouvé en possession d'une matraque, il fut condamné à 3 mois de prison avec sursis et 300 francs d’amende<ref>Marc Kravetz, Raymond Belloun, Annette Karasenty, L’insurrection étudiante. 2-13 mai 1968 : ensemble critique et documentaire établi, Union générale d’éditions, 1968, 511 p., Modèle:P. : Modèle:Citation.</ref>.
Il milita par la suite à l’extrême-gauche chez les trotskistes lambertistes de l’OCI (section service d’ordre) mais aussi dans d'autres formations de la nébuleuse trotskiste<ref name="couv4" />.
Le trublion de la Sorbonne
S'éloignant des Lambertistes, Raguet devint alors étudiant à vie<ref name="couv4" />, d'abord en médecine, puis prit l'habitude de passer chaque année les écrits de l'agrégation et du CAPES de philosophie. Il entra en conflit dans les années 1990 avec les professeurs de philosophie de la Sorbonne qui, excédés par son impertinence, finirent en 1998 par obtenir son exclusion pour une durée d’un an<ref>Tiqqun, op. cit. : « Précisons que depuis lors, les sordides manœuvres dudit Bourgeois ont abouti, puisque Jean-François Raguet a été effectivement exclu pour un an de l’Université. »</ref>,<ref>Cf. le texte « Dénonciation de l'exclusion de la Sorbonne de JF Raguet ».</ref>. La même année, il connut son moment de gloire à l'Université critique de Jussieu où il se signala par ses diatribes<ref>Modèle:4e de couverture du livre De la pourriture.</ref>,<ref>Fabrice Wolf, CE QUI NE FUT PAS. Réflexions sur le « mouvement des chômeurs » de l’hiver 1997-1998 en France. Cet auteur cite des écrits de Raguet diffusés lors de ces événements : « L’enterrement (provisoire ?) du mouvement des chômeurs », texte diffusé à Paris, 2 février 1998, et « Études sur le “cul plombé”, structure et liberté de l’AG Jussieu des chômeurs », Paris, 20 février 1998.</ref>.
Réintégré un an plus tard, il put mener à bien sa thèse de doctorat, sous la direction de Modèle:Mme Hélène Politis<ref>Raguet, Jean-François (1944-....), Autorités sudoc : Modèle:Citation</ref>,<ref>Politis, Hélène, Autorités sudoc : Modèle:Citation.</ref>.
Complice de Raguet en Modèle:Date- pour manifester contre la Société française de philosophie, le collectif Tiqqun salue en lui « aussi bien la base que le Politburo de l'Internationale des Fouteurs de Merde<ref>Tiqqun, op. cit.</ref> ».
Le pamphlétaire
Ressentant à l’égard des professeurs de philosophie le même écœurement que le curé Meslier pour les hommes d’Église, Jean-François Raguet a décidé de démasquer ces « laquais du pouvoir » dans son œuvre unique, en forme de dictionnaire, De la pourriture, où il décortique deux éditions du Dictionnaire des philosophes publiées aux Presses universitaires de France en 1984 et 1993<ref>Roland Jaccard, « Polémistes dans l’âme », Le Monde des livres, 23 juin 2000.</ref>. Il fustige les auteurs s’auto-célébrant dans leur propre notice, ou s’appropriant le travail d’autrui, ou encore donnant dans la flagornerie. Modèle:Citation<ref name="traqueurdesripoux"/>.
Raguet épingle des noms aussi célèbres que Paul Ricœur, Bourdieu, Badiou, Desanti, Lacoue-Labarthe, Jean-Luc Nancy, le kantien Alexis Philonenko, l’hégélien Bernard Bourgeois, et André Comte-Sponville. Mais quelques auteurs, comme Misrahi et Jankélévitch, se voient salués pour leur compétence et leur honnêteté intellectuelle.
La prose de Raguet oscille entre quolibets et injures : André Comte-Sponville se voit affublé du surnom de « Dédé-la-branlette » (Modèle:P.), Luc Ferry accusé de n’être qu’une « starlette du cirque médiatique le plus convenu et le plus plat » (Modèle:P.). Paul Ricœur (« Pauvre type ! »), aurait eu le tort d’expurger un texte de Husserl d’un passage aux relents racistes<ref>Le traqueur des ripoux philosophes, op. cit.</ref>. Alexis Philonenko est portraituré en ganache d’état-major, qui, grâce à la guerre psychologique, se fait fort de reconquérir à lui tout seul l’Algérie (Modèle:P.). À Badiou qui se voudrait l'égal de Deleuze parce que celui-ci a composé une note sur lui, Raguet rétorque, Modèle:P. de son livre, que « Pasteur s'est penché toute sa vie sur des moisissures et des bactéries sans que cela les ait fait grandir d'un micron ». Et à son tour Raguet compose une note, où nous lisons que « c'est sans doute en usant d'une sorte de microscope philosophique que Deleuze et Guattari ont enfin pu percevoir l'existence de Badiou » (Modèle:P.). Mais enfin, Modèle:P., Raguet lui reconnaît le mérite de ne pas « s'embarrasser de fausse modestie ».
Son style pour le moins discutable, voire violent, ainsi que son goût des calembours faciles (« cancre las »), expliquent peut-être autant le succès relatif de son livre que le fait qu’il n’ait guère été pris au sérieux.
Accueil critique
En 2000, le livre de Jean-François Raguet est évoqué en ces termes par l'essayiste et polémiste Jean-Marc Mandosio dans un essai sur « l’utopie néotechnologique » : « il faut que l'auteur soit une sorte de fou littéraire (...) pour dénoncer en termes crus la « pourriture » des milieux universitaires<ref>Jean-Marc Mandosio, Après l’effondrement : notes sur l’utopie néotechnologique, Éditions de l’Encyclopédie des nuisances, 2000, 219 p., Modèle:P..</ref> ».
L’écrivain et critique littéraire Roland Jaccard évoque dans son journal la publication du pamphlet et compare Jean-François Raguet à Diogène<ref>Roland Jaccard, Journal d’un oisif, Presses universitaires de France, 2002, 189 p., Modèle:P. : Modèle:Citation.</ref>. Dans un compte rendu paru dans le Monde des livres, il prédit que « De la pourriture se lira un jour comme une histoire secrète de la philosophie au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Avec la même délectation qu’on prend à redécouvrir le curé Meslier », tout en estimant que « pour l’instant, il est à craindre que ce brûlot ne soit traité par le mépris qui accompagne les vraies provocations, alors que les fausses, élégamment mondaines et parfaitement inoffensives, sont couvertes d’éloges ».
L’ouvrage a fait l'objet d'un article dans le Canard enchaîné du Modèle:Date- et d’un billet du Monde du Modèle:Date-. La rédaction de la revue Lire signale le premier Modèle:Date- la parution du livre par une note anonyme<ref>Lire</ref>. On y lit : « Raguet ne fait pas dans la dentelle. Mais malgré ses partis pris et ses faiblesses, ce pamphlet parfois sommaire et outrancier ne manque au fond ni de talent ni de souffle ».
Œuvres
- De la Pourriture : comparaison de deux éditions, 1984 et 1993, du Dictionnaire des Philosophes où l’on expose l’accumulation invraisemblable de fraudes et de censures d’une édition à l'autre / Jean-François Raguet. Montreuil : L’Insomniaque, 2000, 262 p. Modèle:ISBN<ref>Notice détaillée dans le catalogue SUDOC.</ref>.
- Philosophie et désinformation. Fraude et censure dans la pensée contemporaine, thèse soutenue à Paris I en 2006 sous la direction d’Hélène Politis, 950 p<ref>Notice détaillée de la thèse (microforme) dans le catalogue SUDOC.</ref>,<ref>Notice détaillée de la thèse (version imprimée) dans le catalogue SUDOC - Présentation : Modèle:Citation</ref>.