Georges Méliès
Modèle:Autre4 Modèle:Infobox Cinéma (personnalité) Georges Méliès, né Marie Georges Jean Méliès le Modèle:Date de naissance- à Paris et mort le Modèle:Date de décès- dans la même ville, est un réalisateur et illusionniste français. Ayant choisi la prestidigitation comme profession, il profite d'une donation de son père, industriel de la chaussure, pour devenir propriétaire et directeur en Modèle:Date- du théâtre Robert-Houdin, en sommeil depuis la mort du célèbre illusionniste.
Le Modèle:Date-, il découvre avec émerveillement les images photographiques animées lors de la première représentation publique à Paris du Cinématographe par les frères Lumière et propose même de racheter le brevet de la machine<ref>La date est précisée dans l'interview de Louis Lumière par le journaliste André Robert dans Le Petit Parisien, Paris, 14 et Modèle:Date-. Voir Cinémathèque Méliès : Lettre d'information (Modèle:Date-) Modèle:N°, Modèle:P. , "Dossier: la soirée historique du Grand Café, Georges Méliès y assistait...la veille!"</ref>. Un refus poli mais narquois le pousse à se tourner vers un ami londonien, le premier réalisateur britannique, Robert W. Paul, qui lui fournit un mécanisme intermittent avec lequel il tourne son premier film en 1896, Une partie de cartes, réplique du même sujet réalisé par Louis Lumière.
La même année, avec l’Escamotage d'une dame au théâtre Robert Houdin, il utilise pour la première fois en Europe le principe de l'arrêt de caméra, découverte américaine, qui lui assure un franc succès dans son théâtre où il mélange spectacles vivants et projections sur grand écran. Il fait alors de ses tableaux, ainsi qu'il appelle ses films, un nouveau monde illusoire et féerique, mettant à profit les dons de dessinateur et peintre que chacun a pu remarquer dans son adolescence.
Georges Méliès est considéré comme l'un des principaux créateurs des premiers trucages du cinéma, entre autres les surimpressions, les fondus, les grossissements et rapetissements de personnages. Il a également été le premier cinéaste à utiliser des storyboard<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Il a fait construire le premier studio de cinéma créé en France dans la propriété de Montreuil dont son père l'avait également doté. Par son film sur l'affaire Dreyfus, il est aussi considéré comme le premier réalisateur d'un film politique dans l'histoire du cinéma.
Biographie
« Georges Méliès ».
Jeunesse
Georges Méliès naît à Paris au 47 boulevard Saint-Martin devenu depuis le no 29 dans le [[3e arrondissement de Paris|Modèle:3e]] (acte de naissance no 2517 du Modèle:Date-), dans une famille de fabricants de chaussures de luxe, fils de Jean-Louis Stanislas Méliès (1815-1898), originaire de Lavelanet<ref>Modèle:Article</ref> et de Catherine Johanna Schveringh (1819-1899), née d'une mère languedocienne et d'un père néerlandais qui fut le bottier de la reine Hortense, la femme de Louis Bonaparte, roi de Hollande. Jean-Louis et Catherine se marient à l'église Saint-Eustache de Paris, le Modèle:Date-<ref name="Comolet">Modèle:Lien web</ref>.
De cette union naquirent quatre garçons. Georges Méliès était le benjamin de la fratrie constituée également de : Henri (né en 1844 et mort en 1929), Eugène Louis (né en 1849 et mort en 1851) et Gaston (né en 1852 et mort en 1915 en Corse)<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref name="Comolet"/>.
Georges Méliès suit des études au lycée Michelet de Vanves, puis au lycée Louis-le-Grand en compagnie de Maurice Donnay. En 1881, il fait son service militaire à Blois, la patrie du prestidigitateur Robert-Houdin<ref name="herodote">Georges Méliès (1861 - 1938) - Le fondateur du Modèle:7e</ref>. Certains auteurs parlent de ses visites à Saint-Gervais-la-Forêt près de Blois, dans la propriété « Le Prieuré » de Robert-Houdin, sans que ces visites soient attestées<ref>Georges Méliès sur Magiczoom</ref>.
Alors qu’il veut devenir peintre, il travaille un temps dans l'entreprise de son père (il y apprend notamment le métier de mécanicien, qui lui sera très utile ensuite dans sa carrière), qui l'envoie à Londres en Angleterre en 1883 pour y perfectionner son anglais chez un de ses amis, propriétaire d'un grand magasin londonien de confection : il y est vendeur au rayon des fournitures pour corsets et en profite pour apprendre la prestidigitation, notamment à l’Egyptian Hall dirigé par John Nevil Maskelyne, où se produit le célèbre illusionniste David Devant qui l'initie à son art, Méliès lui réalisant des décors en échange.
Débuts dans la prestidigitation
De retour à Paris, il épouse, le matin du Modèle:Date- à la [[Mairie du 11e arrondissement de Paris|mairie du Modèle:11e]], Eugénie Genin, amie de la famille de sa mère, pianiste accomplie, fille adultérine d'un négociant en chaussure néerlandais et de sa gouvernante native de Grenoble. La jeune fille, âgée de seulement 14 ans, devenue orpheline à la suite du décès de son père survenu la même année, lui apporte une belle dot. L'office religieux se déroule l'après-midi même à l'église de Choisy-le-Roi<ref name="Comolet"/>,<ref>Georges Méliès</ref>.
Le jeune époux présente quelques numéros de magie dans des brasseries, à la galerie Vivienne, et au cabinet fantastique du musée Grévin, tout en étant journaliste et caricaturiste sous le pseudonyme « Géo Smile ». Il collabore en particulier au journal satirique et antiboulangiste La Griffe, dont son cousin Adolphe Méliès est le rédacteur en chef. Il vend ses parts dans l'entreprise familiale à l'un de ses frères pour Modèle:Unité afin de racheter, en Modèle:Date-, au 8, boulevard des Italiens le théâtre Robert-Houdin à la veuve d'Émile Robert-Houdin, théâtre dont il devient directeur. Pour Modèle:Unité il rachète le matériel des Soirées Fantastiques, dont une dizaine d'automates construits par Robert-Houdin. Il crée des spectacles de prestidigitation et de « grandes illusions » qu'il présente avec plusieurs magiciens (Duperrey, Raynaly, Harmington, Jacobs, Okita, Henry's, Arnould, Carmelli, Foletto, Albany (Coussinet), D'Alvarès, Legris, Maurier), et ses fidèles opérateurs de scène : Marius et Jehanne d'Alcy. Ses spectacles, qui s'achèvent par la projection de photographies peintes sur verre, connaissent rapidement le succès grâce à son esprit inventif, son sens de la poésie et de l'esthétique. Sa collection d'automates, aux gestes plus vrais que nature, contribue à ce succès. En 1891, il crée l'Académie de Prestidigitation, qui devient en 1893 le Syndicat des Illusionnistes de France, puis en 1904, la Chambre syndicale de la prestidigitation. Il contribue ainsi à donner un statut aux magiciens ambulants que la police assimilait à des romanichels. Il en est le président pendant une trentaine d'années.
Découverte du cinéma
Invité à une répétition privée de la première projection publique du Cinématographe des frères Lumière la veille du Modèle:Date-, au Salon indien du Grand Café de l'hôtel Scribe<ref>Salon indien du Grand Café de l'hôtel Scribe, la date est précisée dans l'interview de Louis Lumière par le journaliste André Robert dans Le Petit Parisien, Paris, 14 et Modèle:Date-.</ref>, 14 boulevard des Capucines à Paris, Georges Méliès comprend tout de suite ce qu'il peut faire avec une telle machine et propose d'acheter les brevets des frères Lumière. Leur père, Antoine Lumière, ou l'un des frères, selon les versions et des souvenirs lointains recueillis le plus souvent auprès de vieillards, l'un des trois en tout cas tente de l'en dissuader : Modèle:Citation. Cet avis pessimiste sur l'avenir du cinéma est néanmoins corroboré par les souvenirs plus proches de l'un des opérateurs Lumière, Félix Mesguich, qui raconte comment Louis Lumière lui présente son embauche en 1896 Modèle:Citation.
En repoussant l'offre de Georges Méliès, les frères Lumière veulent-ils simplement écarter un concurrent potentiel ? Pour leur part, ils vont envoyer des opérateurs dans toutes les parties du monde pour en rapporter des « vues photographiques animées », ainsi que Louis Lumière nomme ses films. Mais Georges Méliès est têtu : il achète le procédé de l'Isolatographe des Frères Isola et le projecteur Theatograph commercialisé à Londres par son ami, l'opticien et premier réalisateur de films britannique, Robert William Paul. Il fonde sa propre société de production, la Star Film Modèle:Incise et, dès le Modèle:Date-, il projette dans son théâtre des films inspirés Modèle:Incise de ceux de Louis Lumière (scènes de villes et de champs)<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Films de fiction
Afin de renouveler l'intérêt de son public, Méliès a l'idée de tourner non plus des scènes de la vie quotidienne, mais de courtes fictions, ainsi que les frères Lumière l'ont déjà fait avec leur Arroseur arrosé. Un incident de prise de vues lui aurait fourni une idée nouvelle : alors qu'il filme un omnibus, la manivelle de sa machine se bloque. Le temps de réussir à la faire redémarrer, quelques instants se sont écoulés. Méliès visionne les résultats : l'omnibus se transforme subitement en corbillard. Anecdote véritable, ou belle histoire enjolivée d'un spécialiste du récit merveilleux ? Des collages Modèle:Citation
En réalité, le même effet avait été obtenu auparavant, en 1895, par une équipe de Thomas Edison pour une décapitation dans L'Exécution de Marie, reine des Écossais. Les films Edison étant largement diffusés au Royaume-Uni et en France, il est tout à fait possible que Méliès ait pu voir ce film et en comprendre le principe technique.
Georges Méliès décide dès lors d'exploiter le Modèle:Citation, et de faire de ce trucage, l'arrêt de caméra, son fonds de commerce et sa source principale d'inspiration, bientôt imité par beaucoup de cinéastes européens et américains. La première utilisation qu'il fait de ce procédé s'intitule Escamotage d'une dame au théâtre Robert-Houdin, et date de 1896.
En 1897, il crée dans sa propriété de Montreuil, au 1 rue François-Debergue, le premier studio de cinéma en France, un studio de Modèle:Dunité, sa toiture vitrée à Modèle:Nobr du sol dominant la scène, la fosse et la machinerie théâtrale<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Georges Méliès sur Larousse.fr</ref>. Il y filme les acteurs devant des décors peints, inspirés par les spectacles de magie de son théâtre, ce qui lui vaut le surnom de Modèle:Citation. Les acteurs sont aussi bien des amateurs recrutés dans la rue, des artistes de music-hall, des danseuses du Châtelet ou des Folies Bergère, que des membres de son entourage. Il joue lui-même souvent dans ses films. Méliès filme également, faute de pouvoir aller sur place, des « actualités reconstituées » en studio. Son chef-d'œuvre étant le [[The Coronation of Edward VII|Sacre du roi Modèle:Souverain-]], film qui sera présenté à la cour du Royaume-Uni en Modèle:Date-. Il développe aussi un atelier de coloriage manuel de ses films, procédé largement inspiré de ce qui se fait déjà pour la colorisation de photos en noir et blanc. Il se fait ainsi tour à tour producteur, réalisateur, scénariste, décorateur, machiniste et acteur.
Procédé de colorisation
Le contenu féerique ou fantastique d'une grande partie des films de Georges Méliès a contribué à donner à la couleur une place importante dans l'œuvre du maître. Bien que partisan des décors en camaïeux de noir et de blanc, qu'il exécute lui-même en exploitant ses talents de dessinateur, Georges Méliès conçoit ses films autour du procédé de colorisation qui naît très tôt au cinéma, notamment en Modèle:Date- avec les films produits par Thomas Edison, Danse du papillon et Danse serpentine<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Sa mise en scène prévoit ces effets en amont du tournage<ref>Modèle:Article</ref>. Le procédé est long et minutieux, il se fait directement sur la pellicule noir et blanc, sur des copies du négatif original, d'abord photogramme par photogramme à raison de 16 à 18 images par seconde<ref name=":0">Modèle:Ouvrage</ref>. Pour satisfaire à la demande toujours grandissante d'achat de copies colorisées, le procédé est ensuite industrialisé et mécanisé par le biais de pochoirs que l'on utilise déjà en photographie (cartes postales, réclamant cependant un nombre important de "petites mains"). C'est dans un atelier extérieur au studio de Méliès que sont colorisés les films de sa société Star Film, sous la direction de Madame Thuillier<ref>Modèle:Article</ref>. Dans une entrevue donnée à François Mazeline pour le journal L’ami du peuple (du soir), Modèle:Lien parle de son travail : Modèle:Citation
La substance était de la couleur à l'aniline, dissoute dans de l’eau et dans l’alcool avant d’être appliquée<ref>Modèle:Article</ref>. À l'époque, le procédé de colorisation sur pellicule était également employé par les entreprises de Léon Gaumont et des frères Pathé où des ouvrières qualifiées effectuaient le travail<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Problèmes de contrefaçons
De 1896 à 1914, Georges Méliès réalise près de six cents « voyages à travers l'impossible »<ref>Les emprunts de Méliès à Jules Verne sont détaillés par Angélique Mottet, dans Revue Jules Verne 33/34, Méliès et Verne, une histoire de filiations…, Centre international Jules Verne 2011, Modèle:P..</ref>, autant de petits films enchanteurs, mystérieux, naïfs, à la beauté poétique, aujourd'hui parfois surannée. Films d'une durée d'une à quelques minutes, projetés dans des foires et vus comme une simple évolution de la lanterne magique. Son premier film important, l'Affaire Dreyfus (1899)Modèle:Incise, est une reconstitution de 10 minutes qui témoigne de son intérêt pour le réalisme politique. Son Voyage dans la Lune (1902), chef-d'œuvre d'illusions photographiques et d'innovations techniques, d'une longueur exceptionnelle de 16 minutes, remporte un franc succès au point d'être recherché pour une diffusion aux États-Unis. L'historien américain Charles Musser affirme : Modèle:Citation. L'installation de son frère Gaston à New York dès 1903, ouvrant une succursale de la Star Film, destinée à organiser et contrôler la diffusion, fait apparaître que le piratage, non seulement des films de Méliès, mais aussi de ceux de ses amis anglais, est généralisé à tous les niveaux. Toujours selon Musser, la Biograph Company, l'une des plus puissantes sociétés de production de New York, a acheté et payé à Méliès tout un lot de copies de la Star Film, mais elle en a aussitôt tiré des duplicatas hors contrat, qu'elle a revendus à son profit. L'Edison Manufacturing Company, elle, a acheté des copies dont elle a négligé de contrôler l'origine, mais qui s'avèrent être toutes des copies piratées. Gaston fait paraître un avis dans la presse américaine, un texte signé Georges Méliès : Modèle:Citation.
Mais de son côté, Edison, depuis déjà plusieurs années, mène des actions judiciaires contre les encore plus nombreux contrefacteurs à la fois de ses propres films, et de ses inventions. Son appareil de visionnement, le Kinétoscope, a été piraté dans le monde entier, Edison n'ayant breveté l'appareil que sur le territoire américain, ce qu'il se reprochera amèrement plus tard<ref>Thomas Alva Edison, Mémoires et observations, traduction Max Roth, éditions Flammarion, Paris, 1949</ref>. En revanche, il a protégé par des brevets internationaux le type de perforations rectangulaires, à raison de deux jeux de quatre perforations (sprockets en anglais) par photogramme, qui constituent à quelques détails près le film Modèle:Unité tel que nous le connaissons encore aujourd'hui. L'historien français Georges Sadoul note que Modèle:Citation Les frères Lumière, en industriels avisés, pour éviter la contrefaçon, ont doté leur pellicule d'une seule paire de perforations rondes par photogramme, configuration totalement différente de la pellicule Edison, ainsi que l'on peut le constater sur le site de l'Institut Lumière<ref> institut-lumiere.org|Patrimoine Lumière|Le Cinématographe</ref>.
Or, Georges Méliès, lui, n'a guère le sens du commerce, selon son aveu même : Modèle:Citation, il commet l'imprudence de perforer ses films selon le standard Edison. Il agit ainsi car les films piratés de l'Edison Manufacturing Company, qui accompagnent le piratage des kinétoscopes en Europe, sont bien entendu piratés selon ce standard ; Méliès souhaite que ses propres films puissent être vus sur les kinétoscopes de contrebande. Ce faisant, il commet une contrefaçon délictueuse<ref>Modèle:Grammaire du cinéma</ref>. Son bureau de New York l'ayant mis à portée d'Edison, celui-ci comprend qu'il peut espérer compenser son préjudice financier global au détriment du seul Européen facile à poursuivre : Georges Méliès et sa filiale américaine. Commence alors une interminable suite de procès, procès qu'Edison mène aussi contre un nouvel arrivant français : Pathé. Les parties adverses préfèrent finalement passer un accord qui met fin aux poursuites en stipulant que les copies contrefaites seront exploitées par Edison en compensation de son préjudice financier<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Charles Musser, History of the American Cinema, Volume 1, The Emergence of Cinema, The American Screen to 1907, page 402, op. cité</ref>. C'est ainsi qu'Edison obtient l'exploitation de plusieurs centaines de copies du Voyage dans la lune, un manque à gagner important pour la Star Film.
Problèmes financiers et Première Guerre mondiale
Georges Méliès ne parvient cependant pas à rivaliser avec les sociétés à production élevée, ce qui lui fait dire avec amertume : Modèle:Citation. En 1911, Pathé devient le distributeur exclusif de la « Star Film » et prend progressivement le contrôle éditorial sur les films. Voici comment sa petite fille, Madeleine Malthête-Méliès, relate en 1961 cette période : Modèle:Citation
De 1915 à 1923, Méliès monte, avec l'aide de sa famille, de nombreux spectacles dans l'un de ses deux studios cinématographiques, transformé pour l'occasion en théâtre. En 1923, poursuivi par un créancier, il doit revendre à Pathé sa propriété transformée en cabaret d'opérette et quitter Montreuil. « Toutes les caisses contenant les films furent vendues à des marchands forains et disparurent. Méliès lui-même, dans un moment de colère, brûla son stock de Montreuil » selon Madeleine Malthête-Méliès. Ses films sont alors en majorité détruits (notamment fondus pour en extraire l’argent) ou vendus (récupérés au poids et transformés en celluloïd pour les talonnettes de chaussures destinées aux Poilus).
Ce sont les copies piratées ou confisquées de ses films, retrouvées plus tard quand enfin les chercheurs se sont intéressés à l'histoire du cinéma, qui ont permis de sauver la plus grande partie de l'œuvre du maître.
Dernières années
En 1925, Méliès retrouve une de ses principales actrices, Jehanne d'Alcy (de son vrai nom Charlotte Faës, dite Fanny). Elle vend jouets et sucreries dans une boutique installée dans la gare Montparnasse. Ils se marient et s'occupent ensemble de la boutique<ref>Modèle:Lien web.</ref>. C'est là qu'en 1929 Léon Druhot, rédacteur en chef de Ciné-Journal (revue de cinéma qui cessa de paraître en 1938), le retrouve et le fait sortir de l'oubli. Les surréalistes découvrent alors son œuvre. Dans ses Mémoires, Claude Autant-Lara<ref>La Rage dans le cœur, 1984</ref> décrit la vie de Méliès alors qu'il était devenu simple vendeur de bonbons. Bernard Natan envoyait des chèques à Méliès. Cette période de sa vie a inspiré à l'écrivain américain Brian Selznick le livre L'Invention de Hugo Cabret, adapté en film par Martin Scorsese en 2011.
Après la mort de sa fille aînée Georgette, comédienne, décédée en 1930 à la suite d'une maladie contractée en Algérie pendant une tournée théâtrale, Méliès recueille sa petite-fille Madeleine Fontaine âgée d'environ sept ans, avant qu'elle ne soit élevée par sa grand-mère paternelle<ref>Modèle:Lien web</ref>.
En 1932, Méliès est accueilli au château d'Orly, maison de retraite de la Mutuelle du cinéma<ref>La Mutuelle du cinéma fut fondée en 1921 par Léon Brézillon, Président du syndicat français des exploitants du cinématographe</ref> (depuis, le château du Parc abrite l'école Georges-Méliès), où sa vie s'achève en compagnie de sa seconde épouse.
Méliès meurt d'un cancer le Modèle:Date-, à l’hôpital Léopold-Bellan au 19-21 rue Vercingétorix à Paris. Il repose au cimetière du Père-Lachaise (Modèle:64e), dans la même ville<ref name="Bauer" />. Sa tombe est ornée d'un buste à l'effigie du cinéaste. En Modèle:Date-, une campagne de financement participatif est lancée par son arrière arrière-petite-fille, afin de sauver sa tombe<ref>Modèle:Lien web</ref>.
L'après-Méliès
Principales inventions et techniques utilisées
Procédés importés
Georges Méliès importe de la photographie et de la fantasmagorie des techniques qui deviennent les premiers effets spéciaux du cinéma :
Surimpression
La technique de la surimpression existait en quelque sorte avant la photographie. Cette technique avait fait ses premiers pas dès la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle dans les apparitions de spectres au cours de séances de projection par lanterne magique, grâce à un voile de tulle tendu devant le public, sur lequel on projetait le personnage dessiné<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Ce personnage pouvait aussi être visible sur scène en chair et en os, grâce à un miroir sans tain.
Méliès l’adapte au cinéma : après une première prise de vues, il rembobine la pellicule et impressionne de nouvelles images sur les premières. Méliès privilégie cette technique pour les songes et les cauchemars, et pour les scènes fantastiques. Modèle:Citation. Cette technique permet aussi de donner à un personnage fantomatique une consistance diaphane à travers laquelle le décor où il évolue est visible, ou pour le faire apparaître ne touchant pas le sol, comme dans La Sirène (film, 1904), où le personnage de la dame aquatique semble flotter dans l’air, comme en lévitation, le présentateur (Georges Méliès) passant sous elle à quatre pattes pour bien montrer qu’aucun artifice mécanique ne la soutient.
Fondu et fondus enchaînés
Couramment employé en projection de lanterne magique, le fondu était obtenu en activant un volet qui ouvrait ou obturait progressivement le faisceau de projection afin de ménager les yeux de l’assistance. Les fondus enchaînés nécessitaient au moins deux lanternes. Le volet de chaque lanterne était combiné avec l’autre et quand on activait un volet dans un sens, l’autre volet fonctionnait dans l’autre sens. Les projections de dessins ou de photographies pouvaient ainsi se dérouler harmonieusement dans le cadre de ce que nous appelons aujourd’hui un diaporama.
Méliès l’adapte au cinéma par un ingénieux et pourtant simple procédé : il bouche progressivement l'objectif avec une soie ou un feutre noirs, rembobine sur quelques dizaines de photogrammes, redémarre la caméra dont l'objectif est obturé par la soie, enlève progressivement la soie, débouchant ainsi l'objectif ; les prises de vues se succèdent après un bref mélange des deux. Méliès utilise cet effet avec le suivant (l’arrêt de caméra), mais il s’en sert également pour ne pas passer brutalement d’un plan à un autre dès lors qu’il tourne plusieurs plans (plusieurs « tableaux »). Contrairement à ses amis britanniques de l’École de Brighton, il rechigne à faire se succéder un plan à un autre. Le fondu enchaîné lui semble un bon procédé pour éviter ce qui est en fait le propre du cinéma, mais ce dont il n’aura jamais conscience. Le fondu enchaîné Modèle:Citation.
Procédé retrouvé
En 1895, deux cinéastes de l'équipe de Thomas Edison, William Heise et Alfred Clark, inventent un trucage pour "décapiter" la reine Marie Stuart dans L'Exécution de Marie, reine des Écossais<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Pour effectuer le remplacement du corps du personnage avant son exécution par un mannequin décapité, ils arrêtent la prise de vues au moment où la hache s'abat sur la royale nuque. Les figurants sont priés de ne pas bouger pendant que l'on substitue à la comédienne (en fait, un comédien<ref>Modèle:Ouvrage</ref>) un mannequin vêtu à l'identique. La prise de vues peut reprendre, la tête roule dans la poussière et le bourreau la brandit fièrement. Après développement, on coupe les photogrammes surexposés qui révèlent l'arrêt et le redémarrage de la caméra, et on soude les deux parties avec de l'acétone<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
La légende veut que Georges Méliès soit le découvreur de ce procédé. Cependant, il faut considérer qu'à l'époque, les films circulaient d'un pays à l'autre et que notamment les films Edison étaient connus à Londres, puisqu'ils étaient exportés pour alimenter le parc européen de kinétoscopes exploités sous licence Edison<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Georges Méliès fréquentait Londres et entretenait des liens d'amitié avec Robert W. Paul, le premier réalisateur anglais, qui lui avait déjà fourni le mécanisme de sa première caméra. Méliès a-t-il visionné L'Exécution de Mary, reine des Écossais ? C'est probable, mais il est possible aussi qu'il ait redécouvert ce truquage à l'occasion de la fameuse panne qui a interrompu sa prise de vues place de la Madeleine. Toujours est-il qu'il systématise cet effet en le portant à une complexité inégalée à l'époque, comme dans Le Déshabillage impossible, quand un voyageur tente en vain de se déshabiller pour se mettre au lit, au cours duquel 24 arrêts de caméra sont exécutés. Modèle:Citation.
Décors en trompe-l'œil
Il ne s'agit pas d'attribuer la paternité du trompe-l'œil à Georges Méliès, mais de rappeler qu'il possédait depuis l'enfance ce qu'on appelle un solide coup de crayon. Au cinéma, il met ainsi son talent de dessinateur au service des décors de ses films, qu'il peint lui-même, et notamment en exécutant d'habiles trompe-l’œil, donnant l'illusion de la réalité sur 3 dimensions à des surfaces peintes à plat.
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Surimpression permettant la modification de taille des personnages.
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L'Homme à la tête en caoutchouc Même effet par surimpression et un rapprochement du personnage vers la caméra.
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Méliès revient à ses prédécesseurs américains avec l'arrêt de caméra qui va permettre de décapiter l'incendiaire.
Reconnaissance posthume
À la charnière du théâtre et du cinéma, l'importance capitale de Georges Méliès dans le cinéma en tant que divertissement populaire, est reconnue aujourd'hui dans le monde entier.
- D. W. Griffith dit de Méliès : Modèle:Citation et Charles Chaplin rajoutera Modèle:Citation
- Georges Méliès est décoré par Louis Lumière de la Légion d'honneur en 1931.
- Depuis 1946, le prix Méliès couronne chaque année le meilleur film français ou de coproduction française.
- Le Modèle:Date-, la Poste française émet un timbre d'une valeur de Modèle:Unité à l'effigie de Georges Méliès. Il fut retiré de la vente le Modèle:Date- après avoir été tiré à Modèle:Nombre<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
- Le documentaire américain Georges Méliès, cinema magician, de Luciano Martinengo et Patrick Montgomery, Modèle:Unité, rend hommage au cinéaste en 1978.
- Les recherches de Serge Bromberg aboutissent en 2010 à l'édition d'un coffret de DVD avec 200 films restaurés de Georges Méliès.
- Le documentaire Le voyage extraordinaire de Serge Bromberg et Éric Lange rétablit en 2011 une copie en couleur du Voyage dans la Lune.
- Le film Hugo Cabret de Martin Scorsese, adapté du livre de Brian Selznick, L'Invention de Hugo Cabret, est une adaptation libre de la biographie de Georges Méliès (incarné par Ben Kingsley).
- 1995 : Queen se sert des scènes du Voyage dans la Lune pour le vidéo-clip de Heaven for Everyone.
- Le clip des Smashing Pumpkins : Tonight, Tonight lui rend hommage, on y voit notamment un navire appelé le SS Méliès.
- Georges Méliès apparaît comme protagoniste dans le roman La Mécanique du cœur (ainsi que dans le film qui en est adapté, sorti en 2013) de Mathias Malzieu en incarnant une figure de mentor par rapport au personnage principal, Jack.
- Une rue porte son nom à Noisy-le-Grand.
- La promotion 2005 des conservateurs du patrimoine de l'Institut national du patrimoine porte son nom.
- En 2011, la ville de Genève, à l'occasion de la Modèle:20e de la Fête de la Musique, présente un hommage de la musique contemporaine au cinéaste Georges Méliès, avec un ciné-concert du compositeur Carlos Grätzer<ref>Fête de la Musique, Ville de Genève[1]</ref>.
- Film de Georges Franju : Le Grand Méliès (1952 - 30 min) retraçant la vie de Méliès. Le rôle de Méliès est tenu par son fils André, Madame Georges Méliès Jehanne d'Alcy tient le sien, le commentaire étant dit par Marie-Georges Méliès.
- La réalisatrice australienne Jennifer Kent cite Georges Méliès parmi les influences qui lui ont permis d'élaborer l'esthétique de son film Mister Babadook.
- Dans le Modèle:12e arrondissement de Paris, le square Georges-Méliès lui rend hommage.
- Un portrait de Méliès était à bord de la mission Artemis I de la NASA, qui a parcouru une orbite autour de la Lune<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Reconstitution de l'œuvre de Méliès
Henri Langlois, créateur de la Cinémathèque française, a contribué à la postérité du cinéaste en sauvant, peu avant sa mort, une partie de ses films (aussi bien issus de sauvegardes effectuées directement à partir des négatifs d’origine que, pour l'essentiel de son œuvre, de copies illégales), dont il a supervisé la restauration. La petite-fille de Georges Méliès, Madeleine Malthête-Méliès, devient à 20 ans la secrétaire d'Henri Langlois dans la toute nouvelle Cinémathèque française. Celui-ci Modèle:Citation<ref>C. Renou-Nativel, dans le quotidien La Croix, Modèle:Date- Modèle:P.</ref>. Madame Malthête-Méliès voyage alors sur tous les continents pour leur recherche et leur identification. Elle rédige une biographie de son grand-père : Georges Méliès, l'enchanteur, parue en 1973 et enrichie en 2011<ref>Nouvelle version parue aux Éditions La Tour verte</ref>. Sa famille fonde en 1961 l'association Cinémathèque Méliès - Les Amis de Georges Méliès, participe à L'année Méliès en 2011 et contribue à la réalisation d'un livre collector contenant 3 DVD de films de sa collection<ref>Georges Méliès à la conquête du Cinématographe. Édition Studio Canal</ref>. La diffusion des films du Maître est entreprise par d’autres admirateurs. Ainsi, un coffret de DVD contenant la quasi-totalité des films retrouvés est distribué par Lobster Films et édité sous le titre Georges Méliès, le premier magicien du cinéma. Le Voyage dans la Lune (1902) est proposé en noir et blanc, mais aussi dans sa version originale en couleur (peinte à la main, image par image). Cette version coloriée fit le tour du monde, puis fut longtemps considérée comme perdue. Une copie est miraculeusement retrouvée en 1993 à Barcelone, en très mauvais état, les spires de pellicule étant « jointives », c’est-à-dire collées<ref name="fondation-groupama-gan">Dernières restaurations : Le Voyage dans la Lune (version couleur) - Fondation Gan pour le cinéma</ref>. À partir de 1999, Lobster Films commence des travaux extrêmement délicats pour décoller et numériser les images. La restauration du film est soutenue par la Fondation Groupama Gan pour le cinéma et la Fondation Technicolor pour le patrimoine du cinéma en collaboration avec Lobster Films. Les images manquantes (perdues ou trop dégradées), sont reprises de la meilleure version noir et blanc du film, prêtée par Madeleine Malthète-Méliès et recoloriées. La restauration engagée permet au public de redécouvrir cette œuvre importante du cinéma mondial<ref name="fondation-groupama-gan"/>. Un siècle après la réalisation du film, les outils numériques actuels sont utilisés pour réassembler les fragments de Modèle:Nombre du film et les restaurer une par une<ref name="fondation-groupama-gan"/>, ces nouveaux outils soulevant de nouvelles questions quant à la restauration des films<ref>Modèle:Article</ref>.
Et c’est ainsi que le Modèle:Date-, des films de Méliès, dont le Voyage dans la Lune, ont été présentés lors de la soirée de lancement de la Modèle:Citation par l’UNESCO<ref>Modèle:Lien web</ref>. Contrairement à une confusion parfois rencontrée<ref name="cannes-voyage-lune">Modèle:Lien web</ref>, le Voyage dans la Lune n'est pas classé au patrimoine mondial de l'UNESCO<ref>Liste du patrimoine mondial</ref>.
Pour ce film, en 2011, le groupe musical français Air (Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin) compose une bande originale<ref name="cannes-voyage-lune"/>.
En Modèle:Date, les Archives françaises du film annoncent avoir retrouvé Match de prestidigitation, un film de deux minutes réalisé par Méliès, réputé perdu depuis des années<ref>Découverte d'un film de Méliès de 1904 réputé perdu</ref>.
La même année, 80 négatifs originaux sont retrouvés par la société Lobster Films au sein de la Bibliothèque du Congrès aux États-Unis, notamment le négatif original du Juif errant<ref>Le mystère Méliès, documentaire de Eric Lange.</ref>. La restauration de ces négatifs est immédiatement engagée.
Liste non exhaustive de ses films
Modèle:Article détaillé On estime qu'en dix-sept ans d'activité Georges Méliès a réalisé près de Modèle:Nombre de 1 à Modèle:Nombre, en privilégiant trois genres : la féerie et le fantastique, la science-fiction et la reconstitution historique. Il est à noter que selon la législation en vigueur concernant les droits d'auteur, l'ensemble des réalisations de Georges Méliès est passé dans le domaine public au Modèle:Date-, l'année suivant le soixante-dixième anniversaire de sa mort<ref>Vianney Aubert, « Le patrimoine du cinéma se découvre sur Internet », Le Figaro du Modèle:Date-</ref>. Cependant, il reste le droit moral appartenant à la famille de Georges Méliès, ainsi que le droit de reproduction appartenant aux propriétaires des copies originales des films de Méliès<ref>Pour toute information à ce sujet : www.meliesfilms.com/contact/.</ref>.
Dans l'art et culture
Littérature
- 2007, Georges Méliès est un des personnages principaux du roman La Mécanique du cœur de Mathias Malzieu.
Bande dessinée
- 2010, Georges Méliès apparaît dans Le Diable amoureux et autres films jamais tournés par Méliès de Frantz Duchazeau et Fabien Vehlmann, chez Dargaud ainsi que dans Histoires incroyables du cinéma – Tome 1 aux éditions Petit A Petit Bd Eds.
- 2021, il apparaît dans Alice Guy de Catel Muller et José-Louis Bocquet, publié chez Casterman.
Cinéma
- 1952, Le Grand Méliès de Georges Franju.
- 2011, Georges Méliès est interprété par Ben Kingsley dans Hugo Cabret (Hugo) de Martin Scorsese ;
- 2014, il est un des personnages principaux du film d'animation musical Jack et la Mécanique du cœur, adapté du roman La Mécanique du cœur, où il est doublé par Jean Rochefort.
Documentaires
- 1997 : La Magie Méliès de Jacques Mény.
- 2021 : Le mystère Méliès de Serge Bromberg.
Notes et références
Annexes
Bibliographie
Modèle:Commentaire biblio Modèle:Commentaire biblio
- Modèle:Chapitre.
- Modèle:Article.
- Laurent Mannoni, Méliès, la magie du cinéma, La Cinémathèque française / Flammarion, 2020.
- Musée Méliès. La magie du cinéma, Flammarion, 2021.
Évocation artistique
- Modèle:Ouvrage.
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- Alexis Michalik, Le Cercle des Illusionnistes, Paris, 2014 Modèle:ISBN.
Articles connexes
Liens externes
- Site officiel de l’association « Cinémathèque Méliès - Les Amis de Georges Méliès »
- Le site officiel de l’association « Les Amis de Georges Méliès - Cinémathèque Méliès »
- Georges Méliès, L'homme-orchestre
- Georges Méliès et les professionnels de son temps - Aude Bertrand, diplôme national de master, 2010 Modèle:Pdf
- Georges Méliès, Magicien du cinéma - Cinémathèque française