Méditations cartésiennes

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Modèle:Autre Modèle:Titre en italique Modèle:Infobox Livre Les Méditations cartésiennes (sous-titrées : Introduction à la phénoménologie) sont une œuvre du philosophe allemand Edmund Husserl. Elles constituent la transcription, revue et augmentée par l’auteur, des deux conférences d’introduction à la phénoménologie qu’il prononça à Paris, à la Sorbonne, les 23 et Modèle:Date-.

L'ouvrage, considéré à l'époque par Husserl comme l'œuvre majeure de sa philosophie<ref group="N">Modèle:Citation (Lettre à Ingarden du 21 décembre 1930).</ref>, présente les concepts fondamentaux de sa phénoménologie transcendantale, parmi lesquels la « réduction transcendantale », « l'épochè », le « moi transcendantal » et la « science éidétique ». Pour cet article on prendra essentiellement appui sur l'ouvrage collectif dirigé par Jean-François Lavigne intitulé Les méditations cartésiennes de Husserl de 2016.

Origine et versions du texte

Le titre est une allusion aux Méditations métaphysiques de René Descartes, ce dernier étant vu par Husserl comme le précurseur de la philosophie transcendantale et comme l'auteur d'une démarche radicale qu'il entend reprendre lui-même à nouveaux frais, note Denis Fisette<ref>Modèle:Harvsp</ref> dans sa contribution à Laval théologique et philosophique : Modèle:Citationécrit Husserl<ref name="MCInroduc">Modèle:Harvsp</ref>.

Les conférences dont le texte est issu ont été prononcées en allemand, et une version écrite, revue et développée, en a été confiée par leur auteur à Emmanuel Levinas pour la traduction française, parue dès 1931<ref>Modèle:Harvsp</ref>. La version allemande, dont le texte est parfois assez différent, n'a été publiée qu'en 1950, après la mort de Husserl, et forme le volume Modèle:Rom-maj des Husserliana.

Conférences de 1929

Les 23 et Modèle:Date-, sur l'invitation de la Société française de philosophie et de l'Institut d'études germaniques, Edmund Husserl, alors âgé de soixante-cinq ans, donne à la Sorbonne, dans l'amphithéâtre Descartes, une série de deux fois deux conférences (soit quatre en tout<ref name=Univ>Modèle:Harvsp.</ref>). Elles portent sur l'« Introduction à la phénoménologie transcendantale », et sont prononcées en allemand<ref>Méditations cartésiennes ( Avertissement de l'éditeur)</ref>.

Sur le chemin du retour en Allemagne, Husserl fait une halte à Strasbourg, invité par son ancien élève Jean Héring, professeur à l'Université de Strasbourg. Il y présente à nouveau ses conférences parisiennes. Héring propose de les faire traduire, et confie cette tâche à Emmanuel Levinas, qui allait publier sa thèse de doctorat intitulée Théorie de l'intuition dans la phénoménologie de Husserl<ref>Méditations cartésiennes, Avant-propos de l'éditeur (J.-F. Courtine), édition Vrin.</ref>.

Les versions du texte

La traduction française du texte, probablement remanié au préalable par Husserl<ref name="Méditations cartésiennes">Méditations cartésiennes, Avant-propos de l'éditeur, édition Vrin.</ref>, est assurée par Emmanuel Levinas et Gabrielle Peiffer, et publiée en France en 1931 (d'abord chez Armand Colin, puis reprise par Vrin en 1947). Cette traduction française a été revue par le philosophe Alexandre Koyré avant d'être publiée. Le texte allemand original sur lequel elle s'appuyait a été perdu, mais il en existe une version manuscrite très proche, que Husserl avait offerte à son élève Dorion Cairns (traducteur des Méditations cartésiennes en anglais)<ref name="Méditations cartésiennes"/>.

La version allemande attendra l'année 1950, soit vingt ans plus tard, et après la mort de Husserl, pour voir le jour. Elle est établie, d'après un texte allemand parfois légèrement différent de celui sur lequel s'appuyait la traduction française, par S. Strasser avec un apparat critique, et constitue désormais l'édition de référence<ref name="Méditations cartésiennes"/>. Elle forme le tome Modèle:Rom-maj des Husserliana.

Husserl a enfin effectué, de 1929 à 1931, une série de remaniements importants du texte original, visant à en faire un traité systématique. On trouve cette version dans le volume Modèle:XV des Husserliana, établi par Iso Kern. Cette réélaboration des conférences de Paris n'a toutefois pas été terminée par Husserl, qui travaillait au projet d'un grand ouvrage systématique (jamais abouti) et qui a dû abandonner l'idée de publier en Allemagne à cause de la situation politique<ref group="N">En 1933, en application de la législation antisémite adoptée par les Nazis, il se voit interdire l'accès à la bibliothèque de l'université de Fribourg, et il est radié du corps professoral en 1936.</ref>.

Place du texte dans l'œuvre de Husserl

Jean-François Lavigne<ref>Modèle:Harvsp</ref> qualifie Les méditations de texte fondateur à travers lequel Husserl déploie d'une manière publique et synthétique l'ensemble du programme de la « phénoménologie transcendantale ».

Contenu de l'ouvrage

Promouvoir l'idée d'une science universelle, c'est-à-dire, accomplir le rêve de toute la phénoménologie écrit Jean Vioulac<ref>Modèle:Harvsp § 8 lire en ligne</ref> dans son article de la revue Études philosophiques.

Au tout début de ses Méditations cartésiennes, Husserl attribue à la philosophie de Descartes un rôle déterminant dans le développement de sa « phénoménologie transcendantale »<ref>Modèle:Harvsp</ref>,<ref group="N">Modèle:Citation-Modèle:Harvsp</ref>. Dans ce livre, Husserl reprend de façon nouvelle la démarche radicale des Méditations métaphysiques de Descartes pour fonder l'édifice de la « phénoménologie transcendantale » <ref group="N">Avec la « philosophie transcendantale » ou « phénoménologie transcendantale » on a affaire à Modèle:Citation-écrit Husserl-Modèle:Harvsp</ref>.

L'ouvrage se divise en cinq méditations précédées d'une introduction et suivies d'une conclusion. En raison de son importance la cinquième méditation fait à elle seule, l'objet d'une section à part :

  1. Introduction : Introduction à la phénoménologie
  2. Première méditation : L'acheminement vers l'« ego transcendantal »
  3. Deuxième méditation : Le champ d'expérience transcendantale et ses structures générales
  4. Troisième méditation : Les problèmes constitutifs. Vérité et réalité
  5. Quatrième méditation : Les problèmes constitutifs de l'ego transcendantal
  6. Cinquième méditation : Détermination du domaine transcendantal comme « intersubjectivité monadologique »
  7. Conclusion

Introduction

Introduction qui est en fait une introduction générale à la phénoménologie. Husserl présente brièvement Descartes et ses Méditations de prima philosophia dont Modèle:Citation <ref>Modèle:Harvsp introduction</ref>. Husserl reconnaît en Descartes, Modèle:Citation; avec lui, écrit Emmanuel Housset<ref>Modèle:Harvsp</ref>Modèle:Citation . Husserl dénonce Modèle:Citation. Il s'agit pour Husserl, de ressusciter la démarche cartésienne<ref>Modèle:Harvspintroduction</ref>.

Première méditation

Denis Fisette<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref> écrit Modèle:Citation. Comme Descartes, Husserl aurait voulu retrouver le sens de la philosophie à travers l'idée de son commencement radical<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>. Paul Ricœur<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref> signale la difficulté d'établir ce Modèle:Citation<ref group="N"> La philosophie, conçue comme « unité universelle des sciences s'élevant sur un fondement absolu », axée sur un cogito radicalisé</ref>. Dans cet esprit, Husserl adopte la méthode cartésienne, en vertu de laquelle il est amené à rejeter toute proposition qui n'est pas à l'abri du doute. Le sujet doit prendre appui sur des évidences dernières et les thèses avancées à propos du monde doivent reposer sur un fondement indubitable. Dans cette optique, le seul étant qui reste et qui s'avère hors de doute, est le pur ego de ses Modèle:Lang, le Je du « je pense ». Si l'existence du monde ne peut être niée, elle peut cependant être mise « entre parenthèses » et devenir pour nous un simple phénomène<ref group="N">Modèle:Citation-Modèle:Harvsp § 8</ref>.

Ce serait aussi le cas de toutes les sciences objectives ou positives dont la validité a priori ne pourrait plus être présupposée<ref group="N">Toutefois Modèle:Citation-Modèle:Harvsp</ref>. Une fois mis en doute , au § 8 des Méditations, l'existence absolue du monde, le philosophe réduit à son seul ego, doit néanmoins, trouver une voie qui puisse justifier l'existence indubitable du monde objectif ou commun que perçoit le sujet de attitude naturelle, qu'il ne s'agit pas de nier<ref name="Housset p219">Modèle:Harvsp</ref>.

Par ailleurs, toute science porterait en elle Modèle:Citation <ref>Modèle:Harvsp § 4 </ref>. C'est ce que souligne Bruce Bégout<ref>Modèle:Harvsp</ref>, dans sa contribution et qui précise Modèle:Citation. Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Husserl, remarque Paul Ricœur<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>, expose dans cette première méditation Modèle:Citation. Dans l'évidence écrit Husserl <ref>Modèle:Harvsp § 5</ref> Modèle:Citation. La question devient Modèle:Citation <ref>Modèle:Harvsp § 5</ref>. L'évidence première en soi ou « apodictique », ne serait pas à rechercher dans le monde<ref group="N">Modèle:Citation-Modèle:Harvsp</ref>, mais plutôt sur le chemin du cogito cartésien. Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Paul Ricœur<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref> écrit Modèle:Citation.

Husserl montrerait au (§10), comment Descartes malgré son manque de radicalité, a ouvert la voie à l'élaboration de la « philosophie transcendantale »<ref group="N">Modèle:Citation écrit Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>. Selon ce qu'écrit Bruce Bégout<ref>Modèle:Harvsp</ref> Modèle:Citation. La vie dont parle Husserl Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Deuxième méditation

Dans la deuxième méditation Husserl développerait l'idée d'une fondation transcendantale de la connaissance. Modèle:Citation, souligne Alexander Schnell<ref name="Sp55">Modèle:Harvsp</ref> c'est-à-dire qu'il est autre que le cogito cartésien. Si comme l'affirme Husserl cet ego transcendental n'est rien de psychique ou de mondain Modèle:Citation, s'interroge Alexander Schnell<ref name="Sp55"/>.

En mettant à jour une nouvelle Modèle:Citation Husserl aurait découvert une nouvelle fondation de la connaissance, éloignée de celle de Descartes<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Il s'agit ici de la « subjectivité transcendantale » que Husserl décrit comme une Modèle:Citation et dont il aurait démonté la structure complexe dans la quatrième méditation<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Husserl commencerait à distinguer dans cette deuxième méditation, un « moi » comme pôle des « habitus », de l'« Ego » dans sa plénitude concrète qui comprend ce sans quoi il ne saurait exister concrètement<ref name="Barbarasp109" />.

L'acte de « synthèse » est la forme « originaire » de la conscience<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>. La première synthèse étudiée est la synthèse d'identification<ref group="N">Modèle:Citation-Modèle:Harvsp</ref>,parce queModèle:Citation . À travers ses esquisses successives, l'objet immuable de la nature devient flux temporel pour la conscience remarque Paul Ricœur<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>. Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp § 18</ref>.

Husserl insisterait sur le fait que le moi empirique dit Modèle:Citation, mais regardé d'un point de vue différent. La différence entre « moi empirique » et « moi transcendantal » consisterait en ce que le premier est Modèle:Citation alors que le moi transcendantal, issu du travail de la réduction, se présenterait comme un spectateur « désintéressé »<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Husserl découvrirait que le « Je pense » n'est pas seulement un fondement pour les autres sciences mais en lui-même et pour lui-même, et selon son expression une sphère de Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>,<ref group="N">Modèle:Citation-Modèle:Harvsp § 12</ref>. Il ressort que le caractère apodictique du « Je pense », mis à jour par l'(ἐποχή / epokhế), s'étend à une structure universelle de l'expérience du « Moi »<ref>Modèle:Harvsp § 12</ref>.

Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp § 20</ref>. La perception ne se limiterait pas à l'actualité présente. Nous ne nous contentons pas d'appréhender un dos ou un profil, lorsque nous observons une personne, mais nous nous attendons à ce que les caractéristiques qui sont masquées pour la perception puissent être données, et l'« intentionnalité » fournit à la fois une loi qui unifie les esquisses données et celles auxquelles nous nous attendons naturellement. Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne|</ref>,<ref group="N">Modèle:Citation-Modèle:Harvsp</ref>. Toute perception implique un horizon de potentialités , également données, non actualisées mais anticipées . C'est ce phénomène d'horizon que Husserl découvre avec l'analyse intentionnelle qu'il poursuit tout au long des trois derniers paragraphes de la deuxième méditation<ref>Modèle:Harvsp § 18</ref>.

Troisième méditation

Dans la troisième méditation, Husserl approfondit Modèle:Citation note Martin Otabe<ref name="Otabep10">Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>, dans son mémoire<ref group="N">Modèle:Citation-Modèle:Harvsp</ref>.

Il s'agit de satisfaire deux exigences opposées mais complémentaires. Modèle:Citation. La critique de Paul Ricœur porte sur la compatibilité possible de ces deux interprétations<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>.

Au § 24, Husserl met à jour les caractéristiques phénoménologiques de ce phénomène de l'évidence. Pour Jean-François Lavigne<ref>Modèle:Harvsp</ref>, Husserl dégage dans ses Méditations cartésiennes deux propriétés intentionnelles remarquables du vécu d'évidence :

Ce commentaire de Jean-François Lyotard<ref>Modèle:Harvsp</ref> : l''époché, remplace la certitude absolue mais naïve dans l'existence du monde par une démarche qui consiste à prendre successivement appui, d'évidence en évidence, et pas à pas, jusqu'à son « remplissement » c'est-à-dire, l'indubitabilité qu'apporte l'idée de fondation absolue. Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp § 26</ref>. D'autre part, précise Jean-François Lyotard<ref>Modèle:Harvsp</ref>, Modèle:Citation. La science utiliserait l'évidence sans en savoir exactement la nature.

Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Mais l'évidence par elle-même est incapable de garantir la stabilité de l'étant. Husserl Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Le « Moi » existant, qui vit comme ceci ou cela, effectuant des actes qui ont un sens objectif nouveau, acquiert spontanément ce que Husserl appelle des habitus, c'est-à-dire des modes d'être qui peuvent devenir comme une Modèle:Citation<ref name="Barbarasp109">Modèle:Harvsp</ref>,<ref group="N">Modèle:Citation-Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>.

Quatrième méditation

Dans la Modèle:Citation<ref name="Otabep10"/>. Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Cette interrogation sur le Je transcendantal commence dès le § 8 des Méditations. Dans la quatrième méditation, l'ego transcendantal, selon l'expression de Emmanuel Housset<ref>Modèle:Harvsp</ref>, Modèle:Citation .

Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>:

  1. Le moi comme pôle identique de la multiplicité des actes, du divers des cogitatîones, c'est celui des Ideen I
  2. Le moi en tant que substrat des habitus, c'est-à-dire de l'acquis des convictions retenues et des habitudes contractées<ref group="N">Modèle:Citation-Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>.
  3. Le moi complet, la « concrétion de l'Ego » selon l'expression de Husserl, c'est : Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>.

Aux § 37 et 38, Husserl reprend ce que le § 17 déjà avait établi, c’est-à-dire que la vie égologique est une « vie synthétique »<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>. À ce stade l'ego  n'est plus pour Husserl, une parcelle du monde ni une simple capacité de réflexion mais, Modèle:Citation écrit Emmanuel Housset<ref>Modèle:Harvsp</ref>,<ref group="N">Modèle:Citation-Modèle:Harvsp § 33</ref>. Emmanuel Housset<ref>Modèle:Harvsp</ref> poursuit Modèle:Citation

Les deux derniers paragraphes (40) et (41) de la quatrième méditation, explicitent le passage de l'ego cogito cartésien à l'« idéalisme transcendantal » . Le § 40 pose la question à savoir : que si l'expérience naturelle amène à conclure que Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp § 40</ref>. Paul Ricœur<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref> écrit : Modèle:Citation. La « subjectivité transcendantale » découverte apparaît comme Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp § 41</ref>. Emmanuel Housset<ref>Modèle:Harvsp</ref> conclut que Modèle:Citation.

Cinquième méditation

Bernard Bouckaert<ref name="Bouckaert p633">Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>, dans un article de la Revue philosophique de Louvain, désigne la cinquième Méditation cartésienne <ref>Modèle:Harvsp</ref>, comme Modèle:Citation. Bernard Bouckaert<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>, souligne la nouveauté radicale de la pensée husserlienne de l'intersubjectivité. Paul Ricœur<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>, en souligne l'importance<ref group="N">Modèle:Citation-Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>.

Position générale du problème

Dans son article, Bernard Bouckaert<ref name="Bouckaert p633" />, rappelle la position traditionnelle (antérieure à Husserl) dans laquelle Modèle:Citation . Comme il le fait remarquer, une telle conception tend à confondre « intersubjectivité » et « universalité ». Pour Husserl, l'objectivité est qualifiée d'intersubjective, non parce qu'elle est universelle mais Modèle:Citation<ref group="N">Selon Eugen Fink , d'après Bernard Bouckaert Modèle:Citation-Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>. Cette définition n'est pas seulement sémantique, elle souligne une différence d'ordre ontologique entre le concept classique et le concept husserlien <ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>.

Husserl tente de montrer que la constitution de l'« objectivité » (à savoir le sens d'être du monde objectif qui est d'être un monde commun où chaque chose est la même pour tous), n'est rien d'autre que la bonne interprétation de l'« intersubjectivité ». Modèle:Citation, écrit Emmanuel Housset<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

L'affirmation de l'existence d'une autre conscience constituante, à la base du phénomène de l'intersubjectivité, est contradictoire, avec la thèse de l'« idéalisme transcendantal » que professe Husserl, comme quoi c'est à l'intérieur de l'Ego que se constitue tout sens d'être. Dans le processus de « constitution » qui accompagne l'époché, le problème de l'intersubjectivité prend un tour particulier et s'énonce ainsi : Modèle:Citation. Husserl pense arriver à lever cette contradiction Modèle:Citation<ref name="Barbarasp148">Modèle:Harvsp</ref>,<ref group="N">Expliquer la constitution de l' alter ego (la présence d'autrui), à partir de l' ego constitue une difficulté note Renaud Barbaras qui s'interroge Modèle:CitationModèle:Harvsp</ref>. Pour résoudre ce paradoxe Modèle:Citation pense Renaud Barabaras<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Avec l'existence d'autrui, mon monde cesse d'être l'œuvre exclusive de mon activité synthétique pour devenir un monde objectif qui transcende chaque monde privé et est commun à tous<ref name="Barbarasp148"/>.

Si « autrui » doit être sujet absolu comme je le suis moi-même, on est au-delà de la constitution d'un secteur de l'objectivité mondaine<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Conformément à sa démarche générale, Husserl pose le problème ainsi : Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp § 42</ref>.

Dans l'essai collectif dirigé par Jean-François Lavigne, le commentaire sur la cinquième se subdivise en deux parties (les § 42 à 48) et (les § 49 à 62) confiées respectivement à deux auteurs, Dominique Pradelle et Natalie Depraz, la première visant à délimiter ce qui relève du propre par rapport à ce qui relève de l'étranger, la deuxième à expliciter la « génération » (le mode d'apparition) de l'étranger à partir de la sphère du propre<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Les paragraphes 42 à 48

Pascal Dupond<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref> fait ressortir ainsi la problématique de cette méditation : Modèle:Citation.

Dans ces paragraphes, Husserl étudie le type de réduction à mettre en jeu pour distinguer entre ce qui appartient à l'ego en propre et ce qui ne lui appartient pas : l'« étranger »<ref name="Deprazp176">Modèle:Harvsp</ref>. Il constate qu'autrui ne peut à l'instar des autres choses être explicité à partir de la simple expérience que nous en avons. Il n'y a pas d'essence d'ego, pas d'ego en général<ref group="N">La prétention éidétique semble vide, les variantes possibles de l'ego ne seraient qu'un jeu qui ne contiendraient que mes propres ego imaginaires et non pas des ego possibles note-Modèle:Harvsp</ref>. Or nous avons, contre toute logique, l'expérience Modèle:Citation. Or tout objet pensable reste selon les principes de la constitution transcendantale une formation de sens de la subjectivité pure, donc y compris « autrui ». La tâche à accomplir, relève Pascal Dupond<ref name="Dupondp13">Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>, se présente ainsi : Modèle:Citation. Or poursuit Pascal Dupond<ref name="Dupondp13"/>, Modèle:Citation. Résoudre cette contradiction c'est poser les bases d'une Modèle:Citation <ref>Modèle:Harvsp § 43</ref>. La cinquième méditation veut être le lieu où se tranche cette dualité, résume Dominique Pradelle<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

En guise d'étape nécessaire le § 44 est entièrement consacré à la détermination de ce que Husserl nomme la « sphère d'appartenance », qui se construit par l'élimination de tout ce qui lui est étranger<ref>Modèle:Harvsp § 44</ref>. Modèle:Citation<ref name="Dupondp13"/>. Mais comme le remarque Husserl lui-même au § 46 la définition de la « sphère d'appartenance » simplement comme ce qui ne m'est pas étranger présuppose la notion de l' autre<ref>Modèle:Harvsp § 44</ref>. En fait, il est nul besoin de l'expérience du monde objectif ni de celle d'autrui pour avoir celle de ma propre « sphère d'appartenance »<ref>Modèle:Harvsp § 44</ref>, <ref group="N">Modèle:CitationModèle:Harvsp § 44</ref>.

Modèle:Citation souligne Martin Otabe dans son mémoire<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>. Mais comme le fait remarquer Dominique Pradelle<ref>Modèle:Harvsp</ref>, la sphère du propre n'est pas limitée à ce qui est inclus dans le flux de vécus et aux propriétés permanentes de ce dernier (habitus). En fait, selon Husserl, c'est la totalité du monde qui appartient à cette sphère. Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>.

Les paragraphes 49 à 62

Après avoir abordé la « sphère du propre » Husserl se tourne vers l'exploration du domaine de ce qui lui est étranger, et de sa génération à partir du propre<ref name="Deprazp176"/>. Husserl cherche d'abord à thématiser sous le terme de « monde primordial », une zone d'indifférenciation originaire, qui serait la source et autoriserait la distinction dérivée du Je et de l'autre <ref group="N"> Modèle:Citation-Modèle:Harvsp</ref>. Husserl conçoit l'objectivité du monde à travers l'intersubjectivité des « monades »<ref group="N">Modèle:Citation-Modèle:Harvsp § 49</ref>. À noter que Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Pascal Dupond<ref name="Dupondp18">Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>, parle de Modèle:Citation. Husserl invoque à ce propos une harmonie des monades<ref group="N">S'agissant de la constitution du monde objectif Husserl le conçoit comme Modèle:Citation-Modèle:Harvsp § 49</ref>. Martin Otabe<ref name="Otabep29">Modèle:Harvsp lire en ligne</ref> remarque que Husserl ne peut pas se servir de notions provenant du sens général d'« être humain » pour enclencher son analyse, puisqu'elle doit justement expliciter leur constitution à partir de l' ego primordial.

La description de l'expérience d'« autrui » débute par un exposé des différentes modalités de l'accès à l'autre, Modèle:Citation<ref name="Deprazp183">Modèle:Harvsp</ref>. Au § 50 commencent les trois moments de la constitution d’autrui<ref name="Dupondp18"/>. Natalie Depraz<ref>Modèle:Harvsp</ref> parle de son côté d'une saisie « analogisante » dont Husserl détaille les composantes principales : la passivité (§ 51), la temporalité (§ 52), et l'imagination (§ 53) avec comme boucle finale l' « empathie ».

Le premier moment autorise grâce à la « synthèse passive d'association » Modèle:Citation<ref name="Dupondp19">Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>. Husserl distingue un premier niveau perceptif qui correspond pour le corps physique, au mode de présence de toute chose, c'est-à-dire selon son expression « en chair et en os » ; et au niveau le plus élevé un « alter ego » (comme moi-même ou autre moi-même)le fait d'autrui (c'est-à-dire un autre moi-même)<ref name="Deprazp183"/>. Mais autrui ne peut être analysé qu'à partir de son seul sens d'alter ego, c'est-à-dire en tant que « non-Je » se modalisant sous la forme d'un « autre-Je »; autrui dans sa spécificité propre ne nous est pas directement accessible<ref name="Otabep29"/>. Avec autrui il y aura donc à privilégier les prédicats de proximité et de familiarité dont il faudra distinguer les modes de « donation »<ref>Modèle:Harvsp</ref>.D'autres phénoménologues, comme Emmanuel Levinas, insistent au contraire sur l'altérité radicale d'autrui et font appel à l'éthique. Husserl semble privilégier la connaissance d'autrui dans ce qu'elle a de plus ordinaire et de plus quotidien<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Au § 51, Husserl interroge la spécificité de la présence charnelle avec laquelle autrui se manifeste. Présence qui n'est pas celle d'un simple corps comme les choses mais qui n'est pas non plus analogue à la présence de mon propre corps. Il pense pouvoir le faire à l'aide d'un type particulier d'intentionnalité médiate nommée co-présentification, et qui est un type spécifique d'« apprésentation », l'apprésentation « analogisante »<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>. Toute apprésentation est précédée d'une présentation, ce sera en l'occurrence le « corps charnel » d'autrui qui possèdera Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>,<ref group="N">Modèle:Citation-Modèle:Harvsp § 51</ref>. Ce transfert analogique n'est possible qu'au sein d'une concordance originaire, c'est-à-dire Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>,<ref group="N"> Husserl parle d'une Modèle:Lang que Emmanuel Levinas traduit par accouplement (§ 51) et Natalie Depraz par « appariement »</ref>. Comme le souligne Natalie Depraz<ref>Modèle:Harvsp</ref>. cette « synthèse passive » de type « associatif » a pour trait remarquable de laisser l'autre Modèle:Citation.

Au deuxième moment avec le § 52, l'expérience d'autrui va se spécifier grâce au phénomène temporel<ref name="Depraz p189">Modèle:Harvsp</ref>. Modèle:Citation<ref name="Depraz p189" />. L'expérience du Modèle:Citation<ref name="méditationp97">Modèle:Harvsp § 52</ref> du corps d'autrui, nous le fait percevoir comme un organisme véritable, Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>,<ref Group="N">Modèle:Citation-Modèle:Harvsp § 52</ref>.

Troisième moment de la constitution d'autrui : Modèle:Citation<ref name="Dupondp19"/>. Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref>.

Au § 53, l'imagination autorise le transfert ou la transposition entre deux lieux corporels vécus, moi-même et autrui (concrètement il s'agit de notre capacité d'imaginer ce que vit autrui). Husserl en explore les limites et notamment l'expérience de la mort d'autrui<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Au § 54, Husserl regroupe enfin, sous le terme d'« empathie », (Modèle:Lang) l'ensemble des moments précédents constituant pour lui, l'expérience d'autrui.

Pour Pascal Dupond<ref>Modèle:Harvsp lire en ligne</ref> Modèle:Citation.

Références

Modèle:Références

Notes

Modèle:Références

Liens externes

Bibliographie

Articles connexes

Modèle:Colonnes.

Modèle:Portail