L'Île mystérieuse

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Livre

L’Île mystérieuse est un roman de Jules Verne, paru en 1875. Il relate les aventures de cinq personnages et un chien qui, fuyant le siège de Richmond pendant la guerre de Sécession, s'échouent sur une île inconnue qu'ils baptisent l'île Lincoln. Grâce à leurs compétences variées et leur astuce, ils s'efforcent de reconstituer une vie confortable sur cette île déserte, mais ils font face à plusieurs périls et à d'étranges phénomènes. Dans une moindre mesure, le roman constitue un prolongement des romans Vingt Mille Lieues sous les mers et Les Enfants du capitaine Grant, certains personnages secondaires étant issus de ces romans.

Historique

L’œuvre est d’abord publiée en feuilleton dans le Magasin d’éducation et de récréation du Modèle:Date- au Modèle:Date-, puis est reprise en volume dès le Modèle:Date chez Hetzel<ref>Bibliographie analytique de toutes les œuvres de Jules Verne, par Piero Gondolo della Riva. Tome I. Société Jules Verne. 1977.</ref>.

Genèse et sources

Jules Verne publie en 1866-1868 Les Enfants du capitaine Grant, puis écrit Vingt Mille Lieues sous les mers paru en 1869. L'idée de traiter le cas d'un groupe de personnes abandonnées sur une île déserte est présente à son esprit depuis quelque temps. Dans les lettres qu'il écrit à son éditeur durant les années 1869 -1870, on perçoit qu'il travaille à ce projet<ref>Modèle:Citation (lettre à Hetzel, mars 1870)</ref>. C'est ainsi qu'il propose à Jules Hetzel, en 1871, le roman L'Oncle Robinson qui décrit la survie d'un groupe de personnes aidées par un marin surnommé l'oncle Robinson. Mais son roman est rejeté ; l'éditeur trouve que l'action est trop lente et demande à Jules Verne de revoir sa copie. Jules Verne abandonne provisoirement l'idée et, après la publication de Autour de la Lune, Le Chancellor, Aventures de trois Russes et de trois Anglais dans l'Afrique australe, Une ville flottante, Le Pays des fourrures et surtout Le Tour du monde en quatre-vingts jours, il se lance dans l'écriture de L'Île mystérieuse.

Son récit s'inspire de manière évidente du roman phare du genre : Robinson Crusoé de Daniel Defoe (1719) et du roman Le Robinson suisse de Johann David Wyss (1812). Il revendique cette filiation aussi bien dans le début du roman<ref>Modèle:Citation, Jules Verne, L'Île mystérieuse - Les naufragés de l'air - Chapitre VI.</ref> que dans une lettre adressée à son éditeur<ref>Modèle:Citation, lettre à Jules Hetzel</ref>. Comme le note Daniel Compère : Modèle:Citation<ref>Daniel Compère, « Les déclinaisons de Robinson Crusoé dans L’Île mystérieuse de Jules Verne », Études françaises, volume 35, numéro 1, printemps 1999, Modèle:P. (lire en ligne).</ref>. Mais il semble aussi que Jules Verne ait été fortement influencé par un récit autobiographique publié par le français François Édouard Raynal, Les Naufragés ou Vingt Mois sur un récif des îles Auckland<ref>Les Naufragés, ou Vingt Mois sur un récif des îles Auckland par François Édouard Raynal chez Hachette Modèle:7e 1874 {{#if:|https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k205638p%7C{{ #if: bpt6k205638p |{{ #if: | {{{t}}} | lire en ligne]}} | {{ #if: |[{{{1}}} lire en ligne]|lire en ligne}} }} sur Gallica}}</ref>, qui relate comment Raynal et quatre compagnons étrangers, Thomas Musgrave, Mac-Larren, George Harris et Henri Forges, apprennent à survivre sur les Îles Auckland après le naufrage de leur bateau, le Grafton, en Modèle:Date-. Christiane Mortelier analyse les deux récits et montre les nombreuses ressemblances sur la situation de l'île (près d'Auckland), le nombre de naufragés, le comportement de ceux-ci (« Aide-toi et le ciel t'aidera » est la maxime de Raynal), jusqu'au titre du premier livre (Les naufragés de l'air)<ref>Jules Verne's Lincoln Island in the Mysterious Island (1874), and its source in Raynal's Wrecked on a reef (1870) par Christiane Mortelier</ref>. En outre, la robinsonnade est un thème qui lui était cher et qu'il a développé dans plusieurs autres romans.

Mais Jules Verne s'inspire aussi de son propre univers ; c'est ainsi qu'il fait réapparaître deux personnes : Ayrton, le traître des Enfants du Capitaine Grant, et le mystérieux Nemo de Vingt Mille Lieues sous les mers. Il crée ce lien en dépit de toute vraisemblance chronologique. En effet, les aventures de Cyrus Smith et ses compagnons se déroulent de 1865 (siège de Richmond) à 1869. Or le roman Les Enfants du capitaine Grant situe le naufrage du Britannia en 1862 et le sauvetage du capitaine en 1864. Ayrton, abandonné sur l'île Tabor, y aurait vécu trois ans dans la solitude, ce qui est incompatible avec les dates de L'Île mystérieuse. Qu'à cela ne tienne : Verne invente de nouvelles dates pour la première aventure (1855 pour le sauvetage). Jules Hetzel s'en émeut mais ne peut qu'avertir le lecteur par une note de bas de page. De même, dans Vingt Mille Lieues sous les mers, l'action se déroule durant les années 1866-1867 et le récit de Pierre Aronnax est censé être publié en 1869. Cela est incompatible avec le fait que Cyrus Smith puisse reconnaître le capitaine Nemo à partir du récit de Pierre Aronnax. De plus, comment le livre aurait-il pu arriver entre les mains des colons ? Le lecteur aura droit à une seconde note de bas de page de l'éditeur pour présenter l'anachronisme.

Accueil

Ce roman de Jules Verne renoue avec le public premier de la série Les voyages extraordinaires : les jeunes épris d'aventure. C'est un succès immédiat et plus de Modèle:Nombre sont vendus du vivant de l'auteur<ref>Les classiques de la littérature jeunesse, l'île mystérieuse</ref>.

Présentation succincte

Résumé

L'Île mystérieuse raconte l'histoire de cinq personnages et un chien : l'ingénieur Cyrus Smith, son domestique Nab, le journaliste Gédéon Spilett, le marin Pencroff, l'adolescent Harbert et le chien Top. Pour échapper au siège de Richmond où ils sont retenus prisonniers par les sudistes pendant la guerre de Sécession, ils décident de fuir à l'aide d'un ballon. Pris dans un ouragan, ils échouent sur une île déserte, qu'ils baptiseront l'île Lincoln en référence au président américain Abraham Lincoln<ref>L'île mystérieuse - Première partie, fin chap XI. Modèle:Citation.</ref>.

Après avoir mené une exploration de l'île, ils s'y installent en colons et commencent à la civiliser. Une présence semble veiller sur eux et les aider dans toutes les circonstances difficiles, voire tragiques.

Organisation

Le roman se découpe en trois périodes :

Les personnages principaux et secondaires

Modèle:Article détaillé

Fichier:Ile Mysterieuse 49.jpg
Pencroff et Harbert Brown (couché), illustration extraite de l'édition originale.

Les naufragés sont au nombre de cinq :

  • Cyrus Smith : ingénieur, savant, celui qui est capable de faire du feu, de la poterie ou des explosifs. La personne à laquelle l'ensemble de la troupe se réfère quand une décision est à prendre.
  • Gédéon Spilett : reporter de guerre.
  • Bonadventure<ref>s:L’Île mystérieuse/Partie 3/Chapitre 6Modèle:Citation</ref> Pencroff : marin, homme aussi habile pour la couture que pour la menuiserie, qui deviendra fermier par la suite.
  • Harbert Brown : 15 ans, orphelin, pris en charge par Pencroff. Avide d'apprendre, il apporte à la compagnie son savoir botanique.
  • Nab (Nabuchodonosor) : ancien esclave affranchi par son maître Cyrus Smith, il lui reste fidèle par reconnaissance et admiration.

Ils sont accompagnés de Top, le chien courant de Cyrus Smith qui n'a pas voulu abandonner son maître, et apprivoiseront un orang-outan, Jup.

Ils seront rejoints par Tom Ayrton (Les Enfants du capitaine Grant. Partie 2 Chapitre VII « ...Tom Ayrton, matelot de première classe »), bandit repenti, et feront connaissance avec le capitaine Nemo.

Thèmes abordés dans le roman

Robinsonnades

L'objectif de Jules Verne est de s'appuyer sur le modèle de Daniel Defoe, mais davantage pour s'en démarquer que pour l'imiter. On retrouve ainsi des thèmes récurrents comme la tenue d'un journal ou les préoccupations classiques sur île ou continent ; préoccupations que l'on retrouve d'ailleurs dans d'autres œuvres de Jules Verne comme Deux ans de vacances.

Mais Verne se démarque volontairement de son modèle : les naufragés arrivent sur l'île complètement démunis et doivent donc se débrouiller seuls sans aucun outil à leur disposition. La caisse qui arrivera miraculeusement beaucoup plus tard se présente plutôt comme une récompense pour améliorer l'ordinaire que comme l'apport salvateur d'instruments vitaux.

Jules Verne insiste d'ailleurs sur ce point<ref>Voir note précédente sur Defoe.</ref>. Jules Verne pense que Daniel Defoe est dans l'erreur en imaginant que Robinson Crusoé ait pu rester humain après plus de 25 ans séparé des hommes. Avec le personnage d'Ayrton, il offre une contre-analyse : l'homme coupé de l'humanité s'animalise.

L'île, mère nourricière

Fichier:Ile Mysterieuse 03.jpg
L'île mystérieuse.

Jules Verne présente avec l'île Lincoln une île qu'il sait n'être pas réaliste.

Censée être située Modèle:Coord, à environ Modèle:Nombre à l'est de la Nouvelle-Zélande, on y trouve une richesse impensable, tant au point de vue botanique et zoologique qu'au point de vue minéral et climatique. Jules Verne ironise lui-même sur le caractère invraisemblable de l'île : Modèle:Citation, fait-il dire à Pencroff<ref>L'île mystérieuse - l'abandonné, Chap IX.</ref>. Gérard Chazal voit dans l'île mystérieuse la mère nourricière qui accueille les naufragés dans son sein, mais qui les expulse dans les dernières pages du roman, comme il voit d'ailleurs en Nemo le père protecteur qui disparaît lui aussi à la fin du roman dans l'explosion et l’engloutissement de l'île<ref>Gérard Chazal, Interfaces - Enquêtes sur les mondes intermédiaires</ref>.

Le rôle de la science

Dans les Voyages extraordinaires, Jules Verne a pour volonté de transmettre le savoir aux jeunes lecteurs, savoir géographique, savoir biologique et savoir scientifique<ref>Modèle:Citation, Christian Chelebourg, Les voyages extraordinaires de Jules Verne. Une poétique de la science.</ref>. C'est ainsi que dans L'Île mystérieuse, il fait de l'ingénieur Cyrus Smith le détenteur des connaissances scientifiques de son siècle. Grâce à lui, on découvre comment :

  • allumer un feu sans allumette, ni silex,
  • mesurer des hauteurs,
  • déterminer des longitudes et des latitudes,
  • construire un four à poterie,
  • élaborer de la nitroglycérine et du pyroxyle,
  • s'initier à la métallurgie en raffinant et travaillant du minerai de fer,
  • fabriquer des bougies,
  • construire un ascenseur hydraulique,
  • alimenter en électricité un télégraphe par une pile rudimentaire,
  • fabriquer des vitres.

Les connaissances en botanique et sciences naturelles du jeune Harbert sont presque encyclopédiques pour un si jeune âge et permettent à la petite colonie de survivre. On peut remarquer que, chez Jules Verne, la science ne trouve son accomplissement que dans son application pratique et non dans une recherche théorique.

Cependant, pour Jules Verne, la nature est une ennemie toujours prête à prendre sa revanche<ref name="documents.irevues.inist.fr">Christian Chelebourg, Les voyages extraordinaires de Jules Verne. Une poétique de la science.</ref>. Il n'est pas rare en effet que Jules Verne montre l'impuissance des personnages face au déchaînement de la nature: tempêtes, inondations<ref>Voir Les Enfants du capitaine Grant</ref>, tremblement de terre<ref>Voir Les Enfants du capitaine Grant ou Le Volcan d'or</ref>, éruptions volcaniques<ref>Voir Le Volcan d'or</ref>… Concernant L'Île mystérieuse, Jules Verne envisageait initialement que l'éruption finale engloutisse aussi les colons, mais son éditeur Jules Hetzel refusa une telle fin<ref name="documents.irevues.inist.fr"/>. C'est ainsi que les colons trouvent in extremis un refuge sur un rocher, mais Verne précise alors : Modèle:Citation

L'humanité

Dans L'Île mystérieuse, Jules Verne réfléchit à l'effet du groupe dans l'humanisation des êtres. Il présente pour cela trois êtres vivants : Jup l'orang-outan, Ayrton et le capitaine Nemo. Il est curieux de voir qu'au milieu du livre<ref>L'abandonné, chap XII.</ref>, Jup est considéré comme un membre à part entière de la colonie. Il est plus qu'apprivoisé, il est humanisé. Le contact de la civilisation l'a transformé.

Pour Jules Verne et les colons, c'est presque un homme : Modèle:Citation, fait-il dire à Pencroff au sujet de Jup. Lui-même emploie à son égard les termes de « Maître Jup », « digne singe », qui lui confèrent une nature presque humaine. Cette humanisation de Jup se situe à peine un chapitre avant la découverte d'Ayrton que la solitude a transformé en bête.

Le cas d'Ayrton est intéressant car il a été l'objet d'un échange entre Jules Verne et son éditeur Hetzel. Jules Verne est persuadé qu'on ne peut rester seul plus de dix ans sans perdre son humanité. C'est l'une des invraisemblances qu'il reproche à Robinson Crusoé. Son éditeur trouve que la sauvagerie d'Ayrton dure trop longtemps et présente l'avis de plusieurs aliénistes qui affirment que douze ans de solitude ne peuvent transformer ainsi un homme en une bête. Mais Jules Verne n'en démordra pas. Il a besoin d'Ayrton parce que pour lui, Modèle:Citation<ref>Conférence de Jean Auba sur Jules Verne</ref>. Son humanisation passera par les mêmes phases que celles de Jup. Il faudra la patience du groupe qui l'apprivoisera et lui rendra ses qualités humaines. Bandit sans foi ni loi, Ayrton ne sera pas racheté par la solitude mais par le contact plein d'amitié d'un groupe de colons. Et c'est quand, enfin, une larme coule de ses yeux qu'il retrouve sa qualité d'homme<ref>Ah, te voilà donc redevenu homme, puisque tu pleures ! (Cyrus Smith, L'île mystérieuse, L'abandonné, chap. XV)</ref>. Son admission finale au sein du groupe passe, comme pour Jup, par un épisode où il risque sa vie pour sauver un des membres.

Le dernier personnage qu'évoque Jules Verne est celui du capitaine Nemo, misanthrope aigri qui finit ses jours dans son Nautilus et est dérangé dans sa retraite par l'arrivée des colons. L'énergie de ceux-ci, la solidarité dont ils font preuve finissent par forcer son admiration et le réconcilient avec l'humanité. Jules Verne fait dire à Nemo : Modèle:Citation<ref>L'Île mystérieuse, Le secret de l'île, chap. XVII</ref>, développant ainsi son idée que faire partie de l'humanité, c'est devenir humain.

Autres thèmes

  • La recherche de la liberté (fuite de Richmond assiégée).
  • La lutte pour la survie dans un milieu hostile.
  • Le retour à l’état sauvage (Tom Ayrton abandonné sur l’île Tabor).
  • Le rachat de ses fautes (en particulier le personnage d’Ayrton).
  • L’image du sauveur (en la personne du capitaine Nemo et de Robert Grant qui recueille les naufragés de l’île Lincoln à bord du Duncan).

Adaptations

Illustrations

Bibliographie

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

Modèle:Autres projets

Articles connexes

Liens externes

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