Prétérition
La prétérition (substantif féminin), du latin praeteritio (« action de passer sous silence »), du supin praeteritum, aussi appelée paralipse, est une figure de style qui consiste à parler de quelque chose après avoir annoncé que l'on ne va pas en parler<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Elle permet de ne pas prendre l'entière responsabilité de ses propos et se reconnaît à l'emploi de formules particulières d'introduction comme Modèle:Citation. Elle ne doit pas être confondue avec l'apophase qui n'a pas le même sens en français qu'en anglais (apophasis).
C'est une figure de rhétorique par excellence, en ce qu'elle influence l'attitude de l'interlocuteur ; elle éveille son attention, ou attise sa curiosité, commente un raisonnement.
Exemples
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- Modèle:Citation (Pierre Choderlos de Laclos, Les Liaisons dangereuses, lettre CXXI)
- Pierre Perret opère une prétérition atypique dans sa chanson La louve : « Cette histoire n'est pas pour vous, n'écoutez pas. D'ailleurs, ce que je dis ne vous regarde pas ».
- La chanson de Jean Jacques Goldman Je ne vous parlerai pas d'elle est une prétérition.
- Le livre de Philippe Muray, Chers Djihadistes, publié en 2002 après les attaques du 11 septembre 2001, est une critique de notre monde écrite sous forme de prétérition.
- Emmanuel Macron, à propos de François Fillon, au cours de la campagne de l'élection présidentielle française de 2017 : Modèle:Citation.
- En réponse aux critiques de Bernard-Henri Lévy dans le cadre du procès Merah, l'avocat Éric Dupond-Moretti lui répond par courrier le 13 novembre 2017 : "Le Modèle:Date-, René Magritte a écrit au critique Dupierreux qu'il n'était "qu'une vieille pompe à merde", je n'ai, hélas ni le talent, ni l'audace de Magritte."Modèle:Référence souhaitée
- Emmanuel Macron, le Modèle:Date-, lors de l'hommage au professeur Samuel Paty, assassiné par un terroriste. "Ce soir, je n'aurai pas de mots pour évoquer la lutte contre l'islamisme politique, radical, qui mène jusqu'au terrorisme. [...] Ce soir, je ne parlerai pas du cortège de terroristes, de leurs complices, ni de tous les lâches qui ont commis et rendu possible cet attentat. Je ne parlerai pas de ceux qui ont livré son nom aux barbares [...]. Ce soir, je ne parlerai pas davantage de l'indispensable unité que toutes les Françaises et les Français ressentent.
- Véran, le Modèle:Date-, parlant de l'inflation en France : Modèle:Citation
Définition
Définition linguistique
La prétérition consiste à interrompre son discours en passant sous silence un fragment d'argumentation ou de récit ; elle est proche de la suspension et de la réticence.
Elle se matérialise par un ensemble de signaux et d'indicateurs linguistiques divers : ponctuation (points de suspension, points d'exclamation), figures de style d'appel (apostrophe), déictiques énonciatifs (pronom personnel de première personne, indices spatio-temporels, aspects verbaux), marques introductives de discours (topos de modestie à l'incipit du texte), rupture du récit (digression, ellipse...), la tournure négative (Modèle:Citation) notamment. La prétérition peut aussi prendre la forme d’une affirmation par laquelle on dit ne pas vouloir faire quelque chose que l’on fait tout de même.
Comme dans l'exemple Modèle:Citation, on peut considérer que l'ironie est la figure hiérarchiquement supérieure à la prétérition ; en effet cette dernière vise à passer sous silence une vérité ou une idée sous-entendue, souvent à des fins d'allusion, d'euphémisme, de litote enfin, figures toutes constitutives de l'ironie.
Définition stylistique
La figure a pour but d'attirer l'attention sur un sujet délicat voire conflictuel ou polémique. Les avocats notamment, ont souvent recours à ces ressources stylistiques afin d'invoquer le pathos des interlocuteurs. Elle leur permet également d'instaurer une connivence avec le public en insistant sur l'évidence du fait que la figure souligne. Les orateurs également fondent leurs discours sur la prétérition, comme Bossuet dans son Oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche : Modèle:Citation bloc
L'effet de la prétérition est ici renforcé par l'utilisation d'une énumération. La figure est en effet adaptable à bon nombre d'autres procédés : métaphores, comparaisons, litotes, euphémismes, etc.
Elle peut également servir pour faire mine de ne pas aborder un sujet, en prétextant son manque de compétence en la matière : Modèle:Citation bloc
La prétérition est très employée dans les descriptions romanesques: pour évoquer un paysage ou une scène ineffables que l'on se refuse à décrire, n'en étant pas capable.
Enfin la figure peut avoir un effet comique, dépendant du contexte et de la capacité pour l'interlocuteur à décoder le sens masqué par la prétérition, en ce sens elle est une figure privilégiée de l'ironie, que note Philippe Hamon notamment.
Genres concernés
La poésie
La chanson
Georges Brassens utilise la prétérition pour son effet comique, notamment dans "Le Gorille" ("La suite serait délectable, / Malheureusement, je ne peux / Pas la dire, et c'est regrettable, / Ça nous aurait fait rire un peu ; / Car le juge, au moment suprême, / Criait : "Maman !", pleurait beaucoup, / Comme l'homme auquel, le jour même, / Il avait fait trancher le cou") et dans "Les Trompettes de la renommée" ("Sous prétexte de bruit, sous couleur de réclame, / Ai-j' le droit de ternir l'honneur de cette dame / En criant sur les toits, et sur l'air des lampions : / " Madame la marquis' m'a foutu des morpions ! " ?").
Le roman
- Modèle:Citation (Victor Hugo : Quasimodo dans Notre-Dame de Paris)
- Modèle:Citation (Balzac, Le Père Goriot)
- Modèle:Citation (Primo Levi, Préambule de Si c'est un homme)
La publicité
Historique de la notion
La notion a pour nom premier celui de prétermission en rhétorique classique. On parle aussi de paralipse.
Pierre Fontanier la nomme Modèle:Citation.
Pour Philippe Hamon, dans Introduction à l'analyse du descriptif, la prétérition se présente comme Modèle:Citation
Figures proches
- Figure « mère » : ironie
- Figures « filles » : aucune
- Paronymes : aucun
- Synonymes : topos de modestie, réticence, suspension, paralipse, aposiopèse, prétermission
- Antonymes : aucun
Notes et références
<references />
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- prétérition sur l'Office Québécois de la Langue Française
- Modèle:Pdf le possible par prétérition ou de l'impossibilité d'être naïf de Michèle Cohen-Halimi: étude de la prétérition chez Nietzsche
Bibliographie
- Francisca Snoeck Henkemans, La prétérition comme outil de stratégie rhétorique, Revue Argumentation et Analyse du Discours, Modèle:N°, 2009