Une chambre en ville

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Fichier:Information icon.svg Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Modèle:Infobox V3/Fin

Une chambre en ville est un film musical dramatique français écrit et réalisé par Jacques Demy, sorti en 1982.

Sur fond de grèves et de conflits sociaux, à Nantes, François, un ouvrier en lutte, et Édith, une fille d'aristocrate, mal mariée à un bourgeois, s'aiment éperdument sous l'œil désabusé et impuissant de la mère d'Édith, veuve d'un colonel, chez qui François a pris la chambre en ville du titre.

Salué par la critique, mais boudé par le public à sa sortie, Une chambre en ville, entièrement chanté comme le sont Les Parapluies de Cherbourg, est beaucoup plus sombre que la plupart des films de Demy. Il exprime sa part d'ombre et permet de reconsidérer l'œuvre du réalisateur sous une autre perspective.

Synopsis

Photo de la rue du Roi-Albert, à Nantes ; elle est longée de bâtiments du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle rectilignes et blancs, on voit au fond se dresser la cathédrale de Nantes
La rue du Roi-Albert, à Nantes, où habite la colonelle et où ont lieu les affrontements.

Le film se déroule en 1955, à Nantes, en pleine grève. François Guilbaud, un ouvrier gréviste, loue une chambre en ville à Modèle:Mme, veuve d'un colonel qu'elle n'aimait pas, ruinée par les frasques de son fils mort. L'appartement se situe dans la rue du Roi-Albert, qui relie la cathédrale à la préfecture, où manifestations et affrontements se déroulent entre les grévistes et les forces de l'ordre.

Guilbaud a une liaison avec une ouvrière, Violette, qui tombe enceinte et veut se marier avec lui. Mais il ne partage pas les sentiments de la jeune femme. Un soir, il fait la rencontre d'Édith, mal mariée à Edmond Leroyer, marchand de télévisions. Édith, nue sous son manteau de fourrure, se prostitue, plus par volonté de se venger de son époux que par besoin financier. C'est le coup de foudre entre eux. Le couple passe la nuit à l'hôtel et chante son amour au petit matin. Or la jeune femme n'est autre que la fille de Modèle:Mme. Celle-ci reçoit, en pleine nuit, la visite de son gendre, qui, armé d'un rasoir, laisse éclater sa colère.

Édith et François décident de vivre ensemble, ce qui n'est pas du goût de l'aristocrate. Au cours d'une nouvelle dispute, alors qu'Édith vient chercher ses affaires, Edmond se coupe la gorge sous ses yeux. Elle se réfugie alors chez sa mère. Violette lui rend visite, au même moment Guilbaud est frappé à la tête pendant de nouveaux affrontements. Ses camarades le portent, inconscient, chez Modèle:Mme, il y meurt. Incapable d'envisager sa vie sans lui, Édith se suicide d'une balle dans la poitrine.

Fiche technique

Distribution

Richard Berry à Cannes en 1996
Richard Berry, interprète de Guilbaud, ici à Cannes en 1996.

Production

Genèse

Fichier:Мишель Легран.jpg
Michel Legrand, pourtant compositeur habituel de Demy, est l'un de ceux qui ont refusé de participer à ce film.

Jacques Demy avait commencé à écrire un roman sur le sujet, au milieu des années cinquante, puis le transforme en scénario à la fin de la décennie<ref name="p144">Modèle:Harvsp</ref>,<ref>Modèle:Harvsp. Jacques Demy y témoigne : Modèle:Citation</ref>. Il met de côté ce projet, car il n'arrive pas à trouver une fin satisfaisante, sans doute parce que l'histoire est trop proche de lui et de la vie de son père<ref name="p288">Modèle:Harvsp</ref>. Dans le roman, et le scénario qu'il reprend en 1964, la veuve du colonel n'a pas de fille, mais un fils homosexuel attiré par Guilbaud, l'ouvrier qu'elle loge ; la fille de l'industriel contre lequel les ouvriers luttent tombe amoureuse du héros ; la colonelle se suicide après la mort de son fils dans un accident de voiture ; Guilbaud et Violette se retrouvent à la fin<ref name="p144"/>. Demy pense réaliser un véritable opéra<ref name="p144"/> mais abandonne à nouveau le projet face aux difficultés pour trouver des fonds, qui furent récurrentes tout au long de sa carrière<ref>Selon les autobiographies de Michel Legrand, Rien n'est grave dans les aigus et J'ai le regret de vous dire oui, Jacques Demy aura toujours eu de nombreuses difficultés de financements et de productions pour tourner certains de ses films, y compris pour Les Parapluies de Cherbourg, ce qui n'est pas étranger pour accepter le film de commande Lady Oscar. L'échec d'Une chambre en ville jeta le froid auprès des producteurs, Demy se retrouva avec plusieurs scénarios ébauchés non réalisés bien que le cinéaste Claude Berri lui garantit un fond élevé pour Trois places pour le 26.</ref>.

Il réécrit l'histoire en 1973 et 1974, sous le titre Édith de Nantes (jeu de mots avec l'édit de Nantes)<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Le scénario se rapproche alors de la version que nous connaissons. Il envisage Catherine Deneuve dans le rôle d'Édith, Gérard Depardieu dans celui de Guilbaud, Simone Signoret pour camper la colonelle et Isabelle Huppert en Violette<ref name="p144"/>,<ref name="p288"/>. Mais il se heurte à plusieurs refus, le plus frappant étant celui de Michel Legrand, son compositeur attitré, à qui le script déplaît, n'appréciant pas les thématiques sociales, y voyant l'influence d'Agnès Varda, et qui, même dans des entretiens tardifs, manifeste toujours l'hostilité envers Une chambre en ville<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>. Le casting aussi est marqué par les refus, celui de Catherine Deneuve, qui tenait à chanter elle-même et non plus à être doublée comme dans les films musicaux précédents<ref name="p144"/>. En 1979 dans Courage fuyons, l'actrice était apparue pour la première fois chantant à l'écran sans doublure<ref>Modèle:Lien web.</ref>. En 1981, l'actrice explique son refus : Modèle:Citation. En 1990, son explication est légèrement différente : Modèle:Citation.

Sans les noms de Legrand, Deneuve et Depardieu — qui soutient l'actrice — Demy ne peut monter la production du film. Il doit à nouveau abandonner le projet, lâché aussi par Gaumont, qu'il avait pourtant réussi à intéresser. En effet, Daniel Toscan du Plantier, échaudé par les échecs commerciaux de films qu'il vient de produire, renonce à financer un projet aussi audacieux, d'autant que Demy, à l'époque, vient aussi d'essuyer un revers commercial avec L'Événement le plus important depuis que l'homme a marché sur la Lune<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Demy regrettera que Modèle:Citation.

C'est en 1981 que le réalisateur peut enfin reprendre son projet. Dominique Sanda, avec qui Demy, l'ayant déjà dirigée dans le téléfilm La Naissance du jour, souhaitait retravailler<ref>Interview de Dominique Sanda dans Madame Figaro, 7 juillet 2007</ref>, sollicite Christine Gouze-Rénal, productrice qui se consacre à l'époque essentiellement aux œuvres télévisuelles, et belle-sœur du nouveau président de la République; cette dernière accepte de produire le projet. Jacques Revaux, qui doublait Jacques Perrin dans Les Demoiselles de Rochefort et Peau d'âne et a entre-temps gagné en notoriété, finance la réalisation de la bande-son et prête sa voix à Richard Berry pour les chants du personnage de Guilbaud<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Il aura donc fallu près de trente ans pour que le projet, au départ littéraire, aboutisse à un film.

Influences

Fichier:Strike4.JPG
La Grève, film d'Eisenstein ayant inspiré Demy.

Jacques Demy tire son inspiration de ses souvenirs. Il met en scène des lieux qu'il fréquentait, comme le passage Pommeraye où il a vécu son enfance et son adolescence à déambuler, entre autres pour aller au cinéma<ref name="Taboulay 11" />. Le drame est aussi traversé par l'évocation des grèves et manifestations qu'il a connues, ou dont son père lui a fait le récit. L'une d'entre elles avait conduit à la mort d'un ouvrier, lors d'un affrontement avec les forces de l'ordre<ref name="Taboulay 11" />,<ref name="p331">Modèle:Harvsp</ref>. Nantes, ville traversée par l'histoire et les tensions qu'elle soulève, joue ainsi un rôle fondamental dans la construction du film<ref name="p331"/>.

Le réalisateur se nourrit aussi de ses souvenirs cinématographiques : Le jour se lève de Marcel Carné et Jacques Prévert, avec son ouvrier frappé par le destin<ref name="p331"/> ; Quai des brumes et sa passion amoureuse ainsi que son personnage d'amant pitoyable, joué par Michel Simon, qui préfigure Edmond<ref name="p331"/> ; Les Portes de la nuit et son héroïne qui traverse le film en vison, comme Édith, et dont certaines répliques sont reprises par Demy<ref>Modèle:Citation et Modèle:Citation. Voir Modèle:Harvsp</ref> ; L'Éternel Retour, scénarisé par Jean Cocteau, pour l'image finale des deux amants morts, allongés l'un à côté de l'autre<ref name="p331"/> ; les films de Sergueï Eisenstein pour les scènes de manifestations.

Musique

Après le refus de Michel Legrand, Demy contacte Michel Colombier qui s'intéresse au projet. Celui-ci, qui ne peut composer en présence de quiconque, enregistre des propositions de musique sans se fonder sur le scénario, ni sur les paroles. Il estime que c'est à Demy de faire le tri et travaille donc à partir d'une interprétation confuse de l'atmosphère générale du film. La seule exception réside dans les scènes de confrontation entre manifestants et CRS, pour lesquelles il a travaillé à partir des dialogues<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Colombier orchestre sa partition pendant l'hiver 1981 et procède à l'enregistrement en février 1982.

Tournage

photo du pont transbordeur de Nantes en 1914
Le pont transbordeur de Nantes (ici en 1914) détruit en 1958 et reconstitué pour le film à l'aide d'un effet spécial appelé Modèle:Langue.

Les scènes en intérieur ont été tournées aux studios de Billancourt, du 13 avril au Modèle:Date-, celles en extérieur à Nantes même du 19 au 27 mai. Un nouveau tournage, pour les scènes en intérieur, est effectué à Paris du 1er au 3 juin<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Le budget empêche le tournage intégral en décor naturel. De plus, Jacques Demy s'enthousiasme à l'idée de travailler, pour la première fois, en studio. Il sera néanmoins déçu par cette expérience<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Le décorateur Bernard Evein est particulièrement vigilant sur la continuité entre les décors naturels, en extérieur, et ceux des studios. Il crée cette continuité notamment autour de la couleur bleue : Modèle:Citation.

C'est aussi le décorateur qui, avec l'aide d'un spécialiste du trucage, André Guérin, recrée pour les besoins du générique un monument disparu, le pont transbordeur de Nantes, grâce à un effet appelé Modèle:Langue. Ce procédé consiste à poser au premier plan une plaque de verre sur laquelle a été reproduite une photo du pont transbordeur détruit à la fin des années 1950, et de filmer le port de Nantes à travers la plaque, en jouant avec la perspective. Le temps du générique, ce trucage donne ainsi l'illusion que le pont enjambe à nouveau le port et permet au spectateur de voir la ville telle qu'elle était à l'époque de la narration<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Le documentaire Jacques Demy tourne Modèle:Citation montre la méthode utilisée par Demy pendant le tournage des scènes : un appareil passe la musique déjà enregistrée, sur laquelle les comédiens se fixent pendant la prise en chantant par-dessus. Danielle Darrieux évoque les qualités du réalisateur : gentil, calme, précis<ref name="tournage">Modèle:Harvsp</ref>.

Accueil

Une chambre en ville reçoit un soutien unanime de la critique française. Mais le public ne suit pas et le film n'est classé que quatorzième au box-office, avec Modèle:Nombre le premier jour et Modèle:Nombre la première semaine, loin derrière L'As des as de Gérard Oury, un film populaire sorti la même semaine, qui attire environ Modèle:Nombre le premier jour et cumule Modèle:Nombre la première semaine<ref name="polémique1">Modèle:Harvsp</ref>. En 1983, le drame musical a cumulé Modèle:Nombre sur Paris et sa périphérie<ref>Chiffres communiqués par Le Film français dans la saison cinématographique du Film français</ref>, contre cinq millions et demi sur toute la France pour la comédie d'aventures de Gérard Oury.

Le film va alors être au centre d'une polémique dans la presse écrite, déclenchée involontairement par les critiques de cinéma qui cherchent à promouvoir l'objet de leur admiration<ref name="polémique1"/>,<ref name="Vaugeois2">Modèle:Harvsp</ref>,<ref name="polémique2">Modèle:Harvsp</ref>. 23 critiques, réunis autour de Gérard Vaugeois, publient dans le numéro de Télérama du 10 novembre, un texte intitulé Modèle:Citation, dans lequel les auteurs opposent le film de Demy et celui d'Oury, parlant de Modèle:Citation, pointant le rôle perdu par la critique, désormais, à leurs yeux, Modèle:Citation, et n'hésitant pas à parler d'échec du cinéma français, comparant le sort public d'Une chambre en ville à celui de La Règle du jeu. Parmi les signataires, figurent notamment Jacques Siclier, du Monde, Philippe Collin, de Elle, Michel Boujut, des Nouvelles littéraires, plusieurs journalistes de L’Humanité, du Matin, la plupart des critiques de Télérama, et des journalistes d’Antenne 2, de France Culture et de l’Agence France-Presse<ref name=LM2022>Modèle:Article</ref>. Les journalistes de Libération, contactés, refusent de s'associer à cette tribune, ne souhaitant pas opposer ainsi une œuvre de Jacques Demy à une autre de Gérard Oury, et ne trouvant pas si grave que la critique de cinéma ne soit plus aussi prescriptive<ref name=LM2022 />. Un journaliste de Libération, Gérard Lefort, confirme ce point de vue face à Michel Boujut au cours de l'émission radio Le Masque et la Plume sur France Inter<ref name=LM2022 />. Jean-Pierre Berthomé souligne la maladresse de l'argumentation de cette tribune, montrant notamment que le film de Demy a profité d'une promotion et d'une distribution bien supérieures à celles d'autres films qui ont eu les faveurs du public<ref name="polémique1"/>. Gérard Vaugeois, en 2008, assume le texte et l'argumentation, et reprend la comparaison avec La Règle du jeu<ref name="Vaugeois2"/>.

Dans Le Monde daté du Modèle:Date-, 80 critiques publient un nouvel appel, moins ouvertement polémique et cette fois avec des journalistes de Libération. Cet appel se résume en fait à la phrase suivante, en gros et en gras, dans un espace de type publicitaire, suivi des critiques signataires : Modèle:Citation<ref name=LM2022 />. L'affaire devient encore plus médiatisée quand Jean-Paul Belmondo, héros de L'As des as, se jugeant mis en cause, publie dans la presse une Modèle:Citation, qui dénonce l'intolérance des critiques et leur mépris du public, et rappelant que le succès d'un film peut inciter le public à aller en voir d'autres. L'acteur écrit : Modèle:Citation<ref>Gilles Durieux, Belmondo, Le Cherche-midi, 2009, pages 283-287</ref>. S'ensuivent de nombreux articles, tribunes, dont la Modèle:Citation de Gérard Vaugeois<ref name="Vaugeois2"/>.

Demy, embarrassé, se contentera d'une simple déclaration dans Les Nouvelles littéraires du Modèle:Date- et d'une page publicitaire de remerciements à ses soutiens dans Le Monde. Mais la polémique contribue à le marginaliser, le fait passer pour un mauvais perdant et le met involontairement dans le camp d'une « intelligentsia » coupée du public, ce qui est pourtant à l'opposé de ses principes<ref name="polémique2"/>. En 1986, dans Libération, Marguerite Duras, qui vient de découvrir le film, constate son succès grandissant auprès du public, assurant que celui-ci Modèle:Citation. Jacques Siclier juge pour sa part que c'est le sujet d'Une chambre en ville qui lui a porté préjudice et non le succès de L'As des as<ref>Jacques Siclier, Le cinéma français : de Baisers volés aux Nuits fauves, 1968 - 1993, Volume 2, Ramsay, 1993, page 270</ref>.

Distinctions

Récompenses

Nominations

En 1983, Une chambre en ville est nommé dans neuf catégories lors de la 8e cérémonie des César, sans en recevoir aucun. Ce furent les seules nominations aux César pour Jacques Demy<ref>Modèle:Lien web</ref> :

Analyse

Personnages

  • Modèle:Mme Langlois. Souvent filmée un verre d'alcool à la main, désabusée, dépassée par les événements, cette veuve de colonel s'ennuie dans son appartement, où elle garde fermée la chambre de son fils mort, qui l'a ruinée par ses frasques<ref name="Taboulay 178" />. Elle « vomit » les bourgeois<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Ses dialogues sont marqués d'emphase et d'hyperbole au point que sa fille lui demande de ne pas faire de mélodrame<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Elle affectionne aussi les locutions populaires<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Pour Michel Chion, elle est représentative, chez Demy, de ces Modèle:Citation qui donnent à la vie Modèle:Citation.
  • Édith Leroyer. Fille de la veuve Langlois, mariée insatisfaite qui se prostitue par révolte, Édith est nue sous son manteau de fourrure durant l'intégralité du film. L'image d'une femme en vison vient du film de Marcel Carné, Les Portes de la nuit, où une belle inconnue incarnée par Nathalie Nattier fait fantasmer le personnage joué par Yves Montand<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Édith reste inflexible, tant face à sa mère que face à son mari. C'est cette inflexibilité qui la conduit au suicide. Pour Jean-Pierre Berthomé, qui fait un parallèle avec Les Parapluies de Cherbourg, Édith est Modèle:Citation. Elle forme avec sa mère une image renouvelée des relations mère-fille si prégnantes dans Lola ou Les Parapluies de Cherbourg<ref name="p335"/>.
  • François Guilbaud. Héros du film, l'ajusteur-outilleur des chantiers navals refuse l'amitié de l'aristocrate, mais franchit les barrières de classe par amour pour sa fille. Avec ce personnage, Demy assume la part archétypale du personnage : Modèle:Citation. Il s'attache par ailleurs à faire de Guilbaud Modèle:Citation de la collectivité des grévistes Modèle:Citation
Michel Piccoli
Michel Piccoli (ici en 1993) incarne Edmond.
  • Edmond Leroyer. Amoureux transi, impuissant, le personnage d'Edmond, marié à Édith, rappelle celui de Zabel dans Le Quai des brumes. Edmond pousse jusqu'au bout de l'abjection une logique déjà présente chez Guillaume dans Les Demoiselles de Rochefort. Il incarne l'amour auto-destructeur. Avec lui apparaît dans le cinéma de Demy une nouvelle valeur, Modèle:Citation. Enfermé dans sa boutique de télévisions, il n'est qu'Modèle:Citation. Après avoir fait un scandale chez Modèle:Mme Langlois, il se tranche la gorge devant sa femme<ref name="Taboulay 178" />.
  • Violette Pelletier. La petite amie de Guilbaud semble Modèle:Citation, selon Jean-Pierre Berthomé, qui met en relation les différents films de Demy. Fille-mère comme Geneviève, fille du peuple, attentionnée envers sa mère comme Madeleine l'était envers Élise, elle présente cependant des traits nouveaux, notamment une fierté et un refus de la résignation absents de ses devancières<ref name="p335"/>.
  • Modèle:Mme Pelletier. Mère attentionnée comme l'était Élise avec son neveu dans Les Parapluies de Cherbourg, Modèle:Mme Pelletier est une nouvelle figure féminine sacrificielle, résolue à renoncer à son bonheur pour celui de sa fille<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Un Modèle:Citation

Modèle:Citation, affirme le réalisateur dans le documentaire sur le tournage d'Une chambre en ville<ref name="tournage"/>. La comparaison avec Les Parapluies et l'opéra s'impose puisque les deux films sont entièrement chantés. Mais la structure musicale est très différente. Dans Une chambre en ville, il n'y a plus d'air autonome, mais Modèle:Citation. On peut cependant isoler quelques thèmes, principalement dans les scènes d'amour<ref name="Berthomé 337" />.

Michel Colombier indique que Jacques Demy voulait Modèle:Citation. Il évoque à propos du film Modèle:Citation, où les personnages passent d'une émotion violente à son contraire, comme dans la littérature ou l'opéra russes<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Colombier ajoute que Demy avait pour modèle la collaboration entre Prokoviev et Eisenstein<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Le réalisateur avait travaillé sur une comédie musicale russe, à partir de l'automne 1973 et dans les années suivantes, et avait déjà pensé à y faire jouer Dominique Sanda et Michel Piccoli<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Le registre épique perceptible dans Une chambre en ville évoque au critique Gérard Vaugeois les films du réalisateur russe Eisenstein, comme Alexandre Nevski et La Grève<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Musique et dialogues

Chaque thème musical passe d'un personnage à l'autre. Le premier monologue de Modèle:Mme Langlois est ainsi répété une dizaine de fois par d'autres protagonistes du film. Pour Michel Chion, ces répétitions sur des paroles différentes créent Modèle:Citation. Ainsi le thème musical, sur lequel la colonelle, lors de leur première discussion, assène à sa fille Modèle:Citation, est répété cent fois, dans d'autres situations, par d'autres personnages, créant des échos entre la classique dispute entre mère et fille et d'autres scènes<ref name="p109"/>.

Chion analyse les rapports entre la musique et les mots. Selon lui, on accorde trop d'importance à l'idée que le chant donnerait de la grâce et de la fantaisie à la parole, alors qu'Modèle:Citation. Les mots retrouvent la force qu'ils ont dans la vie réelle, ils peuvent être Modèle:Citation. Ainsi, ce poids qu'ils ont dans la réalité, le roman ou l'opéra, leur est redonné par un Modèle:Citation. Cette analyse est confirmée par Jean-Pierre Berthomé, qui indique que le chant permet de mettre en valeur les inflexions du langage parlé<ref name="p336"/>, la musique agissant comme un Modèle:Citation.

De plus, avec le chant, le spectateur n'a plus à chercher une signification cachée en interprétant la prononciation des acteurs, dans une approche psychologiste des dialogues. Les chanteurs qui doublent les acteurs ne jouent pas sur des sous-entendus, ils ne dissimulent pas des intentions<ref name="p109"/>. Le chant permet aussi de donner une Modèle:Citation, comme lorsque la mère de Violette lui dit :Modèle:Citation. La musique oppose dans les aigus Modèle:Citation à Modèle:Citation dans les graves et dans la cadence de la période musicale. Modèle:Citation, souligne Michel Chion.

Un film politique ?

Préfecture de Nantes
La Cathédrale Saint-Pierre, point de départ des manifestants.

Modèle:Citation, déclare Jacques Demy dans le documentaire sur le tournage du film<ref name="tournage"/>. Aux Cahiers du cinéma, il précise ses intentions : Modèle:Citation.

Néanmoins, de nombreux critiques mettent en avant la portée politique d'Une chambre en ville. Pour Gérard Vaugeois, le cinéma de Demy est un des plus politiques du paysage français, mais Modèle:Citation. Pour lui, ce film est celui qui va le plus loin dans la description de tous les affrontements de classe possibles<ref name="Vaugeois2"/>. Même si les différences sociales jouaient un rôle important dans Lola ou Les Parapluies de Cherbourg, Modèle:Citation. Les tensions sociales étaient de plus en plus présentes dans les films précédents de Demy, Lady Oscar<ref>Modèle:Harvsp</ref> et Le Joueur de flûte. Mais Demy devient ici explicite, ressentant le besoin de faire prononcer à la colonelle sa pensée<ref>Modèle:Citation dit-elle à Guilbaud</ref>, dans le but évident d'éviter d'être mal interprété comme cela avait été le cas avec Les Parapluies<ref name="p341"/>.

On ne se rassemble plus dans un carnaval, mais dans une manifestation, sous un drapeau tricolore qui rivalise avec celui de la préfecture et des forces de l'ordre, dans un face-à-face épique avec les CRS<ref name="p341"/>.

La part d'ombre de Jacques Demy

Photo du Monument aux mort, Cours Saint-Pierre, à Nantes
Le cours Saint-Pierre à Nantes.

Le film est nourri de citations extraites du reste de l'œuvre du réalisateur. Comme Les Parapluies de Cherbourg, il est entièrement chanté. Comme Lola, il se passe à Nantes. On y retrouve des personnages qui font écho à d'autres, notamment les couples mère-filles, si importants dans ces deux films<ref name=p335/>. Demy multiplie les auto-citations. Dans le magasin de télévisions, on découvre qu'un appareil appartenant à Modèle:Mme, personnage de Lola, est en réparation<ref name="p334">Modèle:Harvsp</ref>. Le satyre en imperméable de ce même film réapparaît dans le passage Pommeraye, et croise Dominique Sanda<ref name=p148>Modèle:Harvsp</ref>. Édith et Guilbaud se croisent sans se remarquer au début du film, écho au chassé-croisé amoureux, dicté par le hasard, de Catherine Deneuve et Jacques Perrin dans Les Demoiselles de Rochefort<ref name="p334"/>. Les allusions sont donc nombreuses, créant un effet de continuité certain.

Mais Une chambre en ville apparaît surtout comme un Modèle:Citation. Le film rend Modèle:Citation.

Photo du Passage Pommeraye à Nantes
Le passage Pommeraye à Nantes.

Il est ainsi fait un usage complètement différent de la ville de Nantes : alors que Lola se déroulait dans les quartiers luxueux de la ville, Une chambre en ville met en scène le centre militaire, des rues fermées par de hauts immeubles et bloquées par les forces de l'ordre<ref name="p333">Modèle:Harvsp</ref>. La lumière du soleil n'entre pas dans les appartements, et la colonelle ne sort jamais de sa « prison »<ref name="Berthomé 337" />. Les deux duos amoureux entre Guilbaud et Violette ont lieu en extérieur et, si le premier, rempli de l'insouciance de la jeune fille, se passe dans le décor ouvert et lumineux du cours Saint-Pierre, le deuxième, celui de la rupture, se passe dans un marché clos par des colonnettes et des cars grillagés<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Le passage Pommeraye, seul décor commun aux deux films, témoigne de ces changements : lumineux et fréquenté dans Lola<ref name="p333"/>, il devient sombre et abandonné quand Édith le parcourt pour se rendre à Modèle:Citation qu'est le magasin de télévisions de son mari<ref name="p148"/>,<ref name="p333"/>.

L'amour, sublimé dans les premiers films, s'exprime dans Une chambre en ville de façon charnelle et physique. La nudité y est affichée de façon provocante par le personnage d'Édith, qui traverse le film nue sous son manteau de fourrure et racole de façon explicite<ref name="p339">Modèle:Harvsp</ref>. La passion devient obsessionnelle et destructrice comme en témoigne le personnage du mari malheureux, pitoyable et méprisable. Là où la Geneviève des Parapluies de Cherbourg s'arrangeait finalement, malgré ses menaces initiales de dépérissement<ref>Modèle:Citation chante-t-elle quand Guy lui annonce son ordre de mobilisation pour l'Algérie.</ref>, de la longue absence de son amant contraint de partir pour la guerre d'Algérie, la mort devient ici Modèle:Citation.

Notes et références

Modèle:Références

Annexes

Bibliographie

Vidéographie

Éditions vidéo

Reportages documentaires et vidéos

Articles connexes

Liens externes

Modèle:Liens

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